1 CALME n. m. est emprunté (1418), probablement par l'intermédiaire d'une langue ibérique plutôt que par celui de l'italien calma, au grec kauma « chaleur brûlante » (notamment du soleil, de la fièvre, etc.), dérivé de kaiein « brûler, mettre le feu à », mot sans étymologie établie (→ chômer) qui ne paraît pas lié au latin calere. On constate que calma « absence de vent » est aussi ancien en italien que dans les langues ibériques (espagnol 1320-1355, portugais XVe s., catalan 1496) et que ces trois langues attestent le sens étymologique de « forte chaleur ». S'agissant d'un terme maritime, la langue intermédiaire a pu être le catalan, malgré l'attestation tardive dans cette langue.
❏  Dans la langue maritime, le mot seul exprime l'absence de vent, ainsi que dans calme plat (1704), passé dans l'usage courant. Par métaphore, il s'est répandu à propos de l'absence d'agitation sur un plan moral, psychologique (1671), et de l'absence de bruit, de mouvement ; emploi très usuel.
❏  L'adjectif 2 CALME (1585), d'abord carme (1450-1500 en ancien picard), est probablement une adjectivation du substantif, évolution remarquée dans les autres langues romanes. Le mot qualifie d'abord la mer et le temps sur mer (1501-1506) avant de s'étendre à la description d'une personne ou d'une manifestation physique, psychologique, exempte de souffrance ou de nervosité (1601). ◆  Un équivalent argotique en -os est CALMOS adj. et adv. (1972), « calme, tranquille » et « doucement, sans hâte ».
■  De l'adjectif sont dérivés CALMEMENT adv. (1552), employé en parlant d'un navire, puis en général (1611), et CALMER v. tr. (1450-1500), terme maritime passé dans l'usage général (XVIe s.) où il réfère fréquemment à l'action de diminuer l'intensité de la douleur, des mouvements de l'âme (XVIIIe s.). ◆  Le participe présent CALMANT, ANTE est adjectivé et spécialement employé en médecine pour qualifier (1726) puis, par ellipse, désigner un remède apaisant la douleur. ◆  La variante CALMIR v. intr. (av. 1627), d'abord en usage sur les côtes de la Manche, est passée de la langue des marins dans l'usage littéraire en parlant de la tempête, du vent, du temps qui s'apaise.
■  Elle a produit une forme composée en a-, sur le modèle d'embellie, ACCALMIE n. f. (1783), terme de marine qui s'est bien implanté dans l'usage commun à propos de l'interruption momentanée d'un état d'agitation, d'une activité bruyante et violente (1866). Un doublet accalmée n. f., fait symétriquement (1845) sur calmer, n'est qu'une variante stylistique.
S'ENCALMINER v. pron. (XXe s.), annoncé dès 1856 par le participe passé adjectivé ENCALMINÉ, ÉE, est un autre dérivé verbal de calme, employé dans la langue nautique en parlant d'un bateau qui s'immobilise à l'abri par temps calme.
■  Le participe passé connaît une variante ACCALMINÉ, ÉE adj. (1928), influencé par accalmie (ci-dessus).
CALÓ ou CALO n. m. s'est employé en français pour « gitan » (1847, Calós dans Mérimée). C'est un mot gitan, passé en espagnol d'Andalousie.
❏  Le mot désigne aujourd'hui un argot espagnol qui contient des emprunts à la langue des Roms.
CALOMNIE n. f. est emprunté (XIVe-XVe s.) au latin calumnia « chicane, fausse accusation » d'abord en contexte juridique. Celui-ci vient, probablement par une forme participiale °calumnus, du vieux verbe déponent calvi « chicaner, tromper » dans la langue du droit. On a rapproché depuis longtemps le grec kêlein « charmer » (péjorativement « séduire, corrompre ») et le gotique holon « calomnier » sous l'idée commune d'« enchantement par des chants et des formules ».
❏  Le mot désigne une imputation mensongère contre qqn. Par métonymie, il désigne quelquefois ceux qui se livrent à cet acte (1689).
❏  Les mots de la famille de calomnie sont tous empruntés au latin : CALOMNIER v. tr. (1541 ; calumpnier, 1375) à calumniari, CALOMNIATEUR, TRICE n. (v. 1226-1250) à calumniator « chicaneur, faux accusateur » employé en latin chrétien pour désigner le diable et CALOMNIEUX, EUSE adj. (1565 ; 1312 dans l'expression calompnieuse denunciacion) repris au bas latin calomniosus « faux, trompeur » (d'un inanimé). De ce dernier est dérivé CALOMNIEUSEMENT adv. (av. 1380).
CALOR-, CALORI-, élément de composition scientifique, est tiré du latin calor « chaleur » (→ chaleur), devenu productif en physique à la suite des travaux de Lavoisier et de Laplace au XVIIIe siècle. Ces savants reconnurent dans la chaleur une « grandeur susceptible d'accroissement et de diminution », donc accessible à la mesure.
❏  CALORIFIQUE adj. était déjà apparu dans le vocabulaire de la médecine (v. 1560, Paré) comme un emprunt du latin calorificus « qui échauffe » de calor et -ficus, de facere (→ faire). ◆  Il a été repris en physique (1779), se répandant au XIXe s. dans le vocabulaire de l'alimentation et de la diététique.
■  Il a produit CALORIFICATION n. f. (1860), terme relatif à la production de chaleur par un corps animal.
CALORIQUE n. m. et adj. est dérivé savamment (1787) du latin calor, comme nom de la chaleur considérée comme un fluide pondérable dérivé du feu platonicien, selon une théorie de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Cette acception archaïque relève de l'histoire des sciences (calorique libre, combiné, spécifique, chez Lavoisier, 1789). ◆  De nos jours, le mot s'emploie adjectivement (1864) pour qualifier ce qui est propre à la chaleur et, en physiologie puis en diététique, comme un synonyme courant de calorifique, d'où les préfixés ACALORIQUE, HYPOCALORIQUE, HYPERCALORIQUE, adj. devenus relativement courants avec la vogue de la diététique. ◆  En est dérivé CALORIQUEMENT adv. (1911).
L'élément calori- a servi à former une série de mots : CALORIMÈTRE n. m., (1789, Lavoisier) désigne un instrument qui mesure la quantité de chaleur absorbée ou dégagée lors d'une réaction chimique.
■  CALORIFÈRE adj. (1807), vieilli, est devenu courant comme nom masculin, dénomination d'un appareil de chauffage en concurrence avec chaudière*.
■  CALORIFIANT, ANTE adj. est rare.
■  CALORIE n. f. (entre 1819 et 1824, répandu apr. 1845), terme de physique, désigne une unité de mesure de chaleur. Le mot a été repris et est devenu très usuel avec la mode de la diététique. Il a des composés, tel KILOCALORIE n. f.
■  CALORIFUGE adj. (1846), forgé en physique, donne lieu à des emplois techniques assez courants en qualifiant un matériau qui empêche la déperdition de chaleur. Il a produit CALORIFUGER v. tr. (1926) dont est tiré CALORIFUGEABLE adj. (1932).
■  Au XXe s., l'élément calori- a servi à former CALORISER v. tr. (1927) « enduire (une surface métallique) d'une mince couche d'aluminium », d'où CALORISATION n. f. (1927).
1 CALOT n. m., enregistré par Furetière en 1690, est un terme d'origine dialectale (notamment Centre, Ouest), dérivé avec le suffixe -ot du moyen français cale « noix » (1603), lui-même issu avec aphérèse de écale* « brou de la noix ».
❏  Le sens de « coquille de noix, noix écalée », apparu dans la langue générale au XVIIe s., dénomination enfantine et campagnarde, se limite aujourd'hui à un usage régional. Par métaphore, le mot désigne (1836) une grosse bille servant à des jeux d'enfants, sens qui a probablement servi d'intermédiaire au sens argotique d'« œil » (1846) aujourd'hui vieilli, surtout dans des locutions comme boiter des calots (1866) « loucher », sortie d'usage, rouler les calots, etc.
❏ voir 2 CALOT, CALOTTE.
? 2 CALOT n. m. est dérivé (1627) de l'ancien français cale « filet pour retenir les cheveux, coiffe » (XIIe s.) puis « bonnet » (1374), terme du nord-est du domaine gallo-roman (Champagne, Bourgogne, Franche-Comté). Ce mot est d'origine obscure, peut-être issu par métonymie de l'ancien français écale* au sens de « brou, enveloppe extérieure de la noix » (→ 1 calot, calotte).
❏  Le mot est attesté au XVIIIe s. en confiserie comme nom d'une calotte de chapeau, dans laquelle les faiseurs de dragées au moule mettaient les dragées lors de la fabrication. Il s'agit d'une spécialisation technique d'un mot dialectal. ◆  Puis il a désigné un fond de chapeau (1803), la partie supérieure et à peu près plane d'un shako (1838). Il s'est fixé dans l'usage courant comme nom d'une coiffure féminine en forme de bonnet ou de toque (1854), de la coiffure des policiers (1879), puis du « bonnet de police » du soldat (1883).
? CALOTTE n. f. est emprunté (1394) à l'ancien provençal calota (attesté au XIIIe s. par le latin médiéval de même forme) d'origine obscure : on peut y voir un dérivé diminutif, avec le suffixe -ota, de l'ancien français cale « filet, sorte de bonnet », dérivé de l'ancien écale* « brou, enveloppe extérieure de la noix », parce que le genre de coiffe désigné par calotte évoque le brou de la noix qui, à maturité, se détache de la coquille par le bas tout en y restant collé vers le haut (→ 1 et 2 calot). On peut aussi y voir un mot formé à partir du bas latin calautica (IVe s.), nom d'une coiffure féminine sans étymologie établie, avec assimilation de la finale au suffixe diminutif -otta.
❏  Calotte, « petit bonnet rond couvrant le haut du crâne », désigne spécialement la coiffe ecclésiastique, si bien que, par une métonymie irrévérencieuse, on a entendu sous ce terme le clergé (1750) et le cléricalisme, emploi répandu par l'anticléricalisme de la fin du XIXe s. (à bas la calotte !) ; Cf. ci-dessous calotin. ◆  Dans plusieurs usages régionaux de France (wallon, francoprovençal, normand) et par suite en français du Canada, calotte s'est employé pour « casquette (ronde) » (attesté en 1860 au Québec) : par exemple, calotte de baseball.
■  Familièrement le mot signifie « coup à la tête » (1756) comme synonyme familier de gifle, soufflet.
■  Par analogie de forme avec le premier sens, il a reçu des acceptions techniques en architecture (1690), en anatomie (1832, calotte crânienne) et en géographie physique (calotte glaciaire).
❏  CALOTIN n. m. est apparu (1717) comme nom d'un membre du Régiment de la Calotte, ordre imaginaire et burlesque qui distribuait des calottes, des gifles, à tous les personnages qui prêtaient le flanc à la critique. ◆  Le mot est devenu un nom péjoratif du prêtre (1780, calotins à la lanterne), appliqué par extension au partisan du pouvoir temporel des prêtres (1851).
DÉCALOTTER v. (1791) exprime l'action d'ôter une calotte d'où familièrement, par métaphore, d'enlever le bouchon d'une bouteille. En construction intransitive (déb. XIXe s.) ou transitive, il a pris le sens de « découvrir le gland en faisant glisser le prépuce vers la base de la verge ».
1 CALOTTER v. tr. (1808), d'abord avec le sens familier de « donner des coups sur la tête, gifler », est enregistré en 1845 avec son sens propre de « mettre une calotte, une gifle à qqn », demeuré rare. 2 CALOTTER v. tr. « voler, subtiliser » (1907) serait une métaphore de « mettre sous une calotte, faire disparaître ».
❏ voir 1 et 2 CALOT.
CALQUER v. tr. est emprunté (1642) à l'italien calcare « reproduire un modèle sur une surface contre laquelle il est appliqué » (1550, Vasari). Lui-même est issu du latin calcare, de calx, calcis « talon » (→ chausse, inculquer).
❏  Le mot, repris à l'italien comme terme de dessin, signifie par extension « imiter rigoureusement, reproduire » (1753), quelquefois péjorativement. ◆  À la fin du XIXe s. (1892), il est employé spécialement en linguistique avec le sens de « créer un mot par emprunt de sens ou de structure à une autre langue ».
❏  DÉCALQUER v. tr. est dérivé (1691) de calquer pour servir à ce dernier de doublet sémantique. ◆  Il a produit DÉCALQUE n. m. (1845), concurrencé par DÉCALCAGE ou DÉCALQUAGE n. m. (1870), et DÉCALCOMANIE n. f., avec l'élément -manie* (1840), mot mal formé qui désigne le procédé permettant de reporter et de faire adhérer des images sur un support lisse et surtout, par métonymie, l'image destinée à être reportée sur un support par ce procédé.
CALQUAGE n. m. (1766) désigne l'action de calquer, d'imiter et le résultat de cette action, sans réussir à concurrencer l'italianisme calque.
■  CALQUEUR, EUSE n. (1827) désigne la personne qui fait des calques.
CALQUE n. m. a été emprunté (1762) à l'italien calco, attesté depuis 1587 comme terme d'art et employé depuis le XVIIIe s. avec une valeur figurée ; c'est le déverbal de calcare.
■  Le mot correspond au verbe quant aux sens : il désigne la copie d'un dessin et, par métonymie, le procédé par lequel on obtient ces copies ainsi que le papier translucide servant à calquer. Il assume la valeur figurée de « reproduction fidèle » (1835) et s'emploie en linguistique à propos d'un procédé de création par emprunt de sens et de structure ou traduction mot à mot (1894), emploi distinct de emprunt.
CALTER ou CALETER v. intr. est formé par dérivation à partir de 1 caler au sens de « céder, reculer », d'où l'idée de « fuir ».
❏  Ce mot populaire, apparu chez les voleurs d'Orgères (1798) signifie « fuir, partir rapidement ». En injonction méprisante, caltez boudins ! (1904), caltez volailles !
CALUMET n. m. est la forme normanno-picarde (1609 ; sûrement antérieur à chalumeau*) avec substitution du suffixe -et à -eau.
❏  Le sens de « roseau servant à faire des tuyaux de pipes » est sorti d'usage, tout en se maintenant dans des dialectes. ◆  Par métonymie, le mot est devenu la désignation de la pipe à long tuyau fumée par les Indiens d'Amérique (1609, calumet de paix, v. 1682) ; l'imagerie traditionnelle a popularisé ce mot au XIXe s. dans des locutions comme fumer, offrir le calumet de la paix « faire la paix ».
CALVADOS n. m. est tiré (1884, Zola) du toponyme Calvados, nom du département français (en Normandie) où se fabrique cette eau-de-vie de cidre.
❏  Il a pour abrégé courant CALVA n. m. (attesté par écrit en 1950).
CALVAIRE n. m., d'abord Escalvaire (1130-1160), et cauvaire (fin XIIe s.), puis Calvaire (1704), est emprunté au latin ecclésiastique calvaria dans le syntagme calvariae locus littéralement « lieu du crâne », de calva « crâne » (→ calvitie). Le mot traduit le grec kranion qui lui-même traduit l'araméen gulgaltā « crâne » et « sommet », nom de la colline en forme de crâne au nord de Jérusalem, où le Christ fut crucifié. La forme originale est également passée en grec puis en français, comme nom propre (Golgotha). ◆  Le moyen français a employé calvaire au sens de « crâne » en chirurgie (av. 1546).
❏  Le mot, d'abord employé comme nom propre dans Mont Escalvaire, désigne — toujours avec une majuscule — le mont où le Christ fut crucifié. Par métonymie, il désigne aussi toute représentation plastique de la passion et de la crucifixion du Christ (av. 1778), ainsi qu'une croix dressée sur une plate-forme ou à un carrefour (1704, calvaires bretons). ◆  Il est entré dans l'usage commun (1838) au sens figuré de « épreuve longue et douloureuse », souvent banalisé par un emploi hyperbolique.
CALVITIE n. f. est emprunté (XIVe s.) au latin calvities « absence de cheveux », de calvus (→ calvaire, chauve).
❏  Il a éliminé l'ancien français chauvesse et progressivement chauveté, signalé par Furetière (1690), qui note que « les Médecins disent plus ordinairement calvitie ».
❏ voir CALVAIRE.
CALYPSO n. m., d'abord attesté au féminin en français (1957), est emprunté à l'anglais de la Jamaïque, d'après le nom propre féminin d'une chanson espagnole ancienne, correspondant au nom grec d'une nymphe. ◆  Le mot désigne une danse à deux temps, et l'air, la musique qui l'accompagne (un chanteur de calypsos).
CALZONE n. m., prononcé à l'italienne, est un emprunt à l'italien dans l'expression pizza calzone, ce mot correspondant au français chausson. C'est le nom d'une pizza repliée sous forme de chausson.
? CAMAÏEU n. m. a pris sa forme actuelle, camayeu (1676) puis camaïeu (1690), après camaü (fin XIIe s.), kamaheu (v. 1250), kamahieu (1275). Son étymologie est obscure et les premières attestations en anglo-normand peuvent être rapprochées d'un mot latin médiéval relevé dans le domaine anglais en 1222 sous la forme cameu. La chronologie du mot dans les langues romanes (italien cameo 1295, portugais camafeu 1297, catalan camafeu 1358, espagnol camafeo 1375) suggère à Corominas l'hypothèse d'un emprunt du mot français par les autres langues romanes et d'une origine germanique du français. Cette hypothèse est peu vraisemblable. Une origine envisagée est le latin °chamaephaeus (lapis) « pierre précieuse à fond sombre », composé de chamae- (grec khamai- « à terre, au sol ») et de phaeus (grec phaios « gris, sombre »), que confirmeraient les formes hispaniques en f ; mais elle manque de fondement. L'hypothèse arabe qamā῾il, pluriel de qum῾ūl(a) « bourgeon », avec un développement sémantique vers « pierre précieuse », parallèle à celui du latin gemma (→ gemme), est mise en doute par Wartburg.
❏  Le mot désigne une pierre fine taillée formée de deux couches de même couleur, mais de tons différents. Par analogie, il se dit d'un genre de peinture imitant le bas-relief, où l'on n'emploie que le blanc et le noir (1676). Il s'est répandu dans l'usage courant dans en camaïeu. Le sens figuré péjoratif de « œuvre artistique monotone », c'est-à-dire « ton sur ton », est sorti d'usage.
❏ voir CAMÉE.
CAMAIL n. m. est emprunté (fin XIIe s.-déb. XIIIe s.) à l'ancien provençal capmalh, capmail (XIIe s.) « tissu de mailles protégeant le cou et les épaules ». Ce mot est le dérivé régressif d'un verbe °capmalhar « revêtir la tête d'une cuirasse », de cap « tête » (de même origine que chef*) et de malhar « fabriquer des armures de mailles », attesté plus tardivement (v. 1240). Cette hypothèse est préférable du point de vue morphologique à celle d'une formation de capmalh à partir d'un gallo-roman °capimaclium, de °capum (→ chef) et d'un dérivé de macula (→ maille).
❏  D'abord terme d'habillement militaire, camail désignait une pièce de mailles portée sur ou sous le casque et protégeant le cou et les épaules. ◆  Il est passé dans l'habillement ecclésiastique à propos de la courte pèlerine portée par les dignitaires dans les cérémonies et par le clergé en hiver (1548), et dans l'habillement laïc pour un petit manteau sans manches, muni ou non d'un capuchon (1596). ◆  Par analogie avec le vêtement religieux, il désigne les longues plumes du cou et de la poitrine chez le coq (1922).
CAMARADE n. est emprunté (av. 1571) à l'espagnol camarada « chambrée » (1555), puis aussi « qui fait ou subit qqch. avec qqn » (1592), de cámara, correspondant du français chambre*. L'italien camerata (XVIe s.) a probablement influencé la forme camerade attestée en français aux XVIe et XVIIe siècles.
❏  Le sens d'emprunt « chambrée de soldats », de genre féminin, est sorti d'usage au XVIIe s. ; il s'est conservé en italien où le sens actuel du mot français est assumé par compagno (→ compagnon). ◆  Le sens de « personne qui partage le sort d'une autre » (1587) s'est dégagé dans un contexte militaire espagnol, probablement sous l'influence de camarada. Il s'est répandu dans l'usage, par exemple dans camarade de classe (1758), fournissant un appellatif familier aujourd'hui désuet.
Dans un contexte politique lié aux partis socialiste et communiste ainsi qu'aux syndicats ouvriers, c'est une appellation habituelle des membres du parti (en 1789, citoyen* a joué un rôle analogue). Dans le contexte soviétique, il traduisait le russe tovaritch, à la fois appellatif et désignatif.
❏  CAMARADERIE n. f., attesté chez Mme de Sévigné (1671), exprime la relation de familiarité qui existe entre camarades. Par extension, il s'applique au type d'entente existant entre des personnes ayant des intérêts communs (fin XIXe s.). ◆  Le verbe familier CAMARADER v. intr. (1844) « devenir camarades », de même que les formations argotiques et populaires CAMARO n. m. (1846) et CAMARLUCHE n. m. (v. 1850), dont le suffixe représente une altération euphonique de -muche, présents en argot 1900 (dans les chansons de Bruant, le texte des Pieds-Nickelés), sont sortis d'usage au XXe siècle.
Le terme italien CAMERATA est aujourd'hui familier aux mélomanes français pour être le nom d'une formation musicale (la Camerata de Boston). Le sens rare de « cercle, association » évoque le nom d'un célèbre mouvement poétique et musical de la Renaissance, la Camerata fiorentina.
CAMARD → CAMUS
CAMARILLA n. f. est emprunté à l'espagnol, langue où le mot, qui signifie « cabinet privé », est dérivé de camara (→ chambre). En français, il a désigné (1824) le parti absolutiste d'Espagne, formé de familiers du roi, puis toute coterie conservatrice, autour d'un personnage influent. Il a vieilli.