CAMÉRISTE n. f. est l'altération (1741), probablement sous l'influence de l'italien camerista, de camariste (1740-1755), emprunté à l'espagnol camarista « dame de la chambre d'une princesse » (1693), de cámara (→ chambre). Jusqu'au XIXe s., le français a également employé CAMÉRIÈRE n. f. (1665-1670), forme acclimatée de camerera (1598-1633), lui-même emprunté à l'espagnol camarera (1206) « dame d'honneur d'une princesse » et correspondant au français chambrière, de cámara.
❏
Le mot se réfère à une réalité historique espagnole. Par extension, il a désigné une femme de chambre dans un milieu socialement élevé.
CAMERLINGUE n. m., attesté sous la forme adaptée camerlin (1418), avant camerlingue (1572), est emprunté à l'italien camerlingo (XIVe s.), lui-même issu du germanique kamerling, lequel correspond au français chambellan*.
❏
Le mot est le titre du cardinal qui administre les affaires temporelles de l'Église pendant la vacance du Saint-Siège.
CAMEROUNAIS, AISE adj. et n. est dérivé de
Cameroun, nom donné par les navigateurs portugais à cette région d'Afrique, dont la partie littorale (golfe de Guinée) fut découverte peu avant 1475. L'embouchure du fleuve Wouri foisonnant de petits crustacés, Lopes Gonçalves nomma le fleuve
Rio dos Camarões, des « camarons ». Le nom apparaît sur les cartes en 1500. Le pays étant devenu protectorat allemand, il fut nommé
Kamerun ; sa majeure partie échut à la France après le Traité de Versailles et le nom de
Cameroun resta à la république indépendante en 1960.
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Le mot qualifie ce qui a rapport au Cameroun, et désigne ses habitants.
CAMFRANGLAIS n. m., mot-valise tiré de l'initiale de Cameroun et de franglais (ou de français et anglais), désigne la langue mixte urbaine mêlant des éléments d'une des langues véhiculaires camerounaises (bassa, bulo, douala, ewondo..., parmi plus de 200 langues), du français et de l'anglais.
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CAMION n. m. (1352, également chamion) est d'origine incertaine : un rattachement au radical du verbe provençal caminar « cheminer » (→ chemin) est peu satisfaisant d'un point de vue morphologique, de même qu'un rattachement au bas latin chamulcus « chariot bas », emprunté au grec khamoulkos de même sens. P. Guiraud, du fait que les acceptions techniques du mot tournent autour d'une idée de « petitesse » (« petit chariot », « petite épingle », « vase à délayer le badigeon ») y voit ingénieusement, mais sans preuves, une forme de chamion, chat-mion « petit chat ». Ces valeurs techniques peuvent correspondre à une autre origine.
❏
Le mot a désigné autrefois une espèce de charrette, spécialement un petit véhicule sans roue dans lequel les vinaigriers de Paris traînaient leur lie (1564), une charrette pour le transport de marchandises (1690) et une voiture à quatre roues pour transporter de lourdes charges (1751).
◆
Depuis 1915, il désigne un gros véhicule automobile qui remplit la même fonction, d'abord dans le syntagme camion-auto, puis seul et en emploi spécifié, du type camion-citerne, camion-benne.
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L'expression familière beau comme un camion figure chez René Fallet (1955).
❏
CAMIONNEUR n. m., attesté dès 1554 selon Bloch et Wartburg, depuis 1819 selon les autres sources, désignait autrefois un cheval de trait pour la charrette appelée
camion. De nos jours, il désigne un conducteur ou propriétaire de camion (
XXe s.). Cette acception, qui doit être à peu près contemporaine de
camionnage, est réservée à l'artisan qui possède au moins un camion ; le conducteur étant appelé
chauffeur ou
routier.
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CAMIONNAGE n. m. (15 décembre 1820) a été fait sur le modèle de voiturage pour désigner le transport par camion, d'abord hippomobile puis automobile.
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CAMIONNER v. tr. (1829) « transporter par camion » a connu un glissement de sens analogue en rapport avec l'évolution du référent.
◈
CAMIONNETTE n. f. (1917 ; fin
XIXe s. selon Bloch et Wartburg), fait d'après
voiturette, désigne un petit camion automobile rapide et léger. En français d'Haïti, se dit d'un véhicule de transport en commun.
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Le composé
CAMION-SIFFLEUR n. m. en français de Madagascar désigne par plaisanterie une blatte qui vit dans les débris végétaux et pousse un sifflement comparé au bruit des freins hydrauliques d'un camion.
CAMISARD n. m. et adj. est dérivé (1688) avec le suffixe péjoratif -ard du languedocien camiso (→ chemise). Cette dénomination des Calvinistes cévenols, qui se rebellèrent après la révocation de l'édit de Nantes (1685), fait référence à la chemise blanche qui leur servait à se reconnaître lors de leurs attaques nocturnes. Au XIVe s., d'après Mistral, Lou Camisard aurait été le surnom d'un condottiere provençal qui ravagea les Basses-Alpes.
❏
Le mot est un terme d'histoire.
CAMISOLE n. f. (1578), d'abord camizolle (1547), est emprunté au provençal camisola (1524), diminutif de camisa « chemise » (→ chemise), plutôt qu'à l'italien correspondant camiciola, de camicia.
❏
Le mot a désigné un vêtement à manches porté par les hommes sur la chemise, une blouse, puis un vêtement de nuit féminin (1849). Ces sens ont régressé en français central au profit du sens spécialisé, et heureusement archaïque dans son acception propre, de « vêtement de contention que l'on passe aux malades agités » (1832,
camisole de force), de là on dit familièrement
être bon pour la camisole pour « être complètement fou ».
■
Cependant, d'après les usages français des XVIIe et XVIIIe s., camisole désigne en français du Canada (1646) un sous-vêtement chaud, et s'emploie encore là où on dit maillot ou tricot de corps en français de France. En Afrique, en Belgique, en Suisse, le mot est aussi en usage dans ce sens ; en Louisiane, il désigne une chemise.
◆
D'après le sens ancien de « blouse », le mot, en français d'Afrique s'applique aussi à un vêtement de femme à manches courtes, et à une robe froncée sous la poitrine et ornée de volants.
❏
CAMISOLER v. tr. (1867) « mettre la camisole à qqn » et son dérivé CAMISOLAGE n. m. (1949, H. Bazin) sont tombés en désuétude avec cette pratique psychiatrique, remplacée par une chimiothérapie (on parle de camisole chimique) elle aussi critiquée.
CAMOMILLE n. f. est emprunté (1365) au latin médiéval camomilla (IXe-Xe s.), adaptation du latin impérial chamaemelon qui a donné un autre terme de botanique : cameline (ci-dessous) et qui est emprunté au grec khamaimêlon. Celui-ci signifie littéralement « pomme » (mêlon) « à terre » (khamai) [→ melon, caméléon], le parfum de la camomille évoquant pour les Grecs celui des pommes.
❏
Le mot désigne une plante connue pour ses vertus fébrifuges et digestives et, par métonymie, l'infusion que l'on en fait.
❏
CAMELINE n. f., d'abord écrit
kameline (1275), est emprunté au bas latin
chamaemelina (herba), féminin substantivé de l'adjectif
chamaemelinus, formé sur
chamaemelon (ci-dessus). Le latin médiéval emploie également
oleum chamaemelinum (déb.
Ve s.) et
oleum camelinum (
XIIe s.).
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Le mot désigne une plante ressemblant à la camomille (1393) dont on tirait une huile siccative utilisée en peinture et dans la fabrication des savons ; dès les premiers textes, il s'emploie en cuisine dans sauce cameline, peut-être parce que l'huile de cameline entrait dans cette recette.
CAMOUFLER v. tr., attesté tardivement (1836 ; 1821 à la forme pronominale), ne serait pas, comme on l'a cru, emprunté à l'italien camuffare « travestir, rendre méconnaissable » (fin XIIIe-déb. XIVe s.), « tromper » (XVe s.), mais formé sur le radical de camouflet*, la notion de « dissimulation » étant issue de celle de « fumée ».
❏
Le mot, d'abord argotique, signifie « déguiser » et « falsifier » (1878, par exemple une boisson). Il est employé spécialement au théâtre et depuis la Première Guerre mondiale dans la technique militaire (1916), avec des emplois figurés.
❏
CAMOUFLAGE n. m. (1887) a pris les valeurs successives du verbe avant la fin de la Première Guerre mondiale. Il est alors spécialisé pour « technique de dissimulation militaire », et employé au figuré.
■
CAMOUFLEUR n. m. est attesté en 1916.
CAMOUFLET n. m. est, sous sa forme actuelle (1611), une modification, sous l'influence du pseudo-préfixe péjoratif ca-, de chaumouflet (1611), agglutination de chault moufflet (XVe s.). Celui-ci est composé de chault, ancienne forme de chaud* et de mouflet, interprété au sens de « souffle » d'après le wallon moufler « enfler les joues », dérivé de moufle « gros visage aux traits épais (aux joues gonflées comme pour souffler) » (1536 en Normandie). Moufle est emprunté à l'allemand Muffel (→ mufle).
❏
De fait, camouflet désignait autrefois une fumée épaisse soufflée malicieusement au nez de qqn avec un cornet de papier enflammé. Peut-être par l'intermédiaire d'un sens de « pet » (1545), le mot a pris le sens moderne figuré de « vexation, affront » (1680), qualifié de familier depuis 1718.
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Par métonymie, le sens propre a donné en argot l'acception concrète de « objet dégageant de la fumée, chandelier, chandelle » (1836), également réalisé par la forme abrégée CAMOUFLE n. f. (1821). La plaisanterie a inspiré une technique d'intimidation militaire ancienne, consistant à souffler de la fumée sur l'adversaire pour l'étouffer (1752) et, par analogie avec le cornet de papier du farceur, le sens de « mine creusée pour détruire une galerie souterraine adverse » (1863).
❏ voir
CAMOUFLER.
L
CAMP n. m., d'abord can (v. 1450) puis camp (fin XVe s.), est probablement, plutôt qu'un emprunt à l'italien campo (XIIIe s., terme militaire), la forme normanno-picarde de champ* (→ campagne / champagne) pris dans son acception militaire.
❏
Attesté tout d'abord dans le syntagme
lit de can, il désigne (fin
XVe s.) le terrain sur lequel une armée s'établit d'où, par métonymie, le corps armé ainsi établi. Des expressions courantes sont originellement liées à ce contexte :
camp volant (1548) qui a pris une valeur figurée de « vie instable » (1833), puis, par métonymie, le sens de « personne qui se déplace sans cesse » (1834), dans l'usage régional de l'est de la France (hormis l'Alsace) à « vagabond », et notamment à « gitan de passage ». Une autre locution est
lever le camp (1671) devenu familièrement
ficher* et foutre* le camp (1836 ; abstraitement, depuis 1870 :
tout fout le camp). Par analogie, le mot désigne l'ensemble des installations nécessaires à une formation militaire aérienne (1921).
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Le syntagme camp de concentration est un calque de l'anglais concentration camp, employé d'abord pendant la guerre des Boers, en Afrique du Sud. Le mot s'est répandu en Europe (en Angleterre ; en France, ainsi nommé dès 1916) pour un camp regroupant des populations étrangères présumées hostiles. L'usage courant qui en est fait depuis 1945 s'applique aux camps d'extermination nazis ; on dit aussi très explicitement camp de la mort. L'expression camp de travail, compris au sens de « travail forcé », est dans Romain Rolland (1916).
■
Le sens ancien du pluriel les camps, « les armées », est périmé par l'acception moderne qui fait référence à un système policier forçant des personnes à vivre dans des conditions collectives inhumaines (selon le contexte : camp de travail, de redressement).
■
Par analogie avec la notion de « groupe qui en combat un autre », camp s'emploie dans les domaines de la politique (1813), des jeux et sports (1875, par ex. marquer contre son camp) et dans un conflit intellectuel (locutions être dans un camp, changer de camp, 1904).
■
Il arrive que, sans valeur militaire ou politique, le mot désigne un terrain aménagé pour camper (→ camping) ou un terrain réunissant une collectivité (camp de jeunesse, de vacances) d'où la locution feu* de camp. Camp s'emploie en français du Canada pour « petit bâtiment en bois, chalet », et ensemble d'abris de ce type (un camp forestier). En français de l'île Maurice, le mot camp s'applique aux logements des travailleurs d'une propriété sucrière.
❏
CAMPER v., relevé dans un texte de 1288 au sens de « placer » comme un dérivé dialectal (picard) de
camp « champ », apparaît au
XVe s. pour « établir des troupes dans un camp » (1465). Par extension, il entre dans l'usage avec le sens intransitif de « s'installer provisoirement » (1677).
◆
Par l'intermédiaire d'une spécialisation en escrime (1680) qui n'a pas vécu, la forme pronominale
se camper s'est répandue dans le langage familier avec le sens de « prendre une posture plus ou moins hardie » (1690).
◆
Le sens transitif de « placer, poser brusquement », qui réactive le sens primitif, a connu une certaine vitalité au
XVIIIe s., avec la locution
camper là qqn « le planter là » (1789) et au
XXe siècle. De nos jours, en dehors des locutions figurées
camper un récit, un personnage, le verbe se limite à un usage régional.
◆
D'abord employé dans le contexte de l'alpinisme (1889), le sens intransitif pour « coucher sous la tente » s'est répandu (1936), devenant l'emploi dominant ; dans ce sens, le substantif d'action est l'anglicisme
camping*.
◈
Le moyen français
escamper (v. 1360) a été supplanté par
DÉCAMPER v. intr. (1516,
descamper), ne survivant que dans son dérivé
escampette*. Décamper lui-même, d'abord au sens militaire de « lever le camp », est passé dans l'usage avec le sens figuré et familier de « partir lestement » (1667).
◆
Son dérivé
DÉCAMPEMENT n. m. (1611) est peu usité.
■
CAMPEMENT n. m. (1584) s'est en revanche bien répandu, moins comme substantif d'action de camper qu'avec les acceptions métonymiques concrètes de « lieu » et « matériel nécessaire à l'installation d'un camp » d'abord militaire, puis d'une expédition, enfin dans le contexte touristique du camping*. En français de l'île Maurice, c'est le nom d'une habitation en bord de mer, servant de résidence touristique ou de résidence secondaire. Il est synonyme de bungalow.
◆
En français d'Afrique, campement se dit d'une installation pour les hôtes de passage et campement de culture pour les abris destinés aux paysans.
■
CAMPEUR, EUSE n. (1913), très tardif, procède du sens sportif et touristique de camper et de camping.
❏ voir
CAMPING.
L
CAMPAGNE n. f., d'abord campaigne (1536), est la forme provençale ou, plus probablement, normanno-picarde correspondant à l'ancien français champaigne, champagne* « vaste étendue de pays plat », qu'elle a progressivement éliminé en ce sens. Le mot vient du bas latin campania (VIe s.), pluriel neutre substantivé et pris comme un féminin singulier de l'adjectif bas latin campaneus « de la plaine, champêtre », dérivé de campus (→ camp, champ).
❏
Longtemps, la campagne se définit essentiellement par sa platitude et son terrain découvert, donc dans le voisinage très étroit de
plaine* : la campagne par excellence est d'ailleurs la Beauce ou la
Champagne. La campagne s'oppose à la mer, mais surtout à la montagne, réactivant l'opposition latine
campus-mons.
◆
L'expression
rase campagne apparaît (1671) au moment où le mot commence à désigner spécialement les champs et terres cultivées (sens aujourd'hui archaïque) et où se dessine l'opposition
campagne-ville (déjà présente en latin). En tant que désignation d'un milieu non urbanisé, le mot, d'abord connoté négativement dans le discours des gens de la ville, a pris des valeurs positives avec le préromantisme (Rousseau). Dans un monde contemporain très urbanisé, il est synonyme de détente
(maison de campagne), d'authenticité, de naturel
(pain, pâté de campagne).
■
Campagne a également pris de bonne heure (sous l'influence de l'italien campagna) le sens de « terrain d'opération militaire », d'abord attesté (1587) dans l'expression se mettre en campagne « sur le pied de guerre ».
◆
Depuis le XVIIe s. (1671), il signifie « état de guerre, combats », « expédition » (les campagnes d'Italie), sens ayant donné un emploi figuré (1836, dans la locution plan de campagne).
■
Par analogie, le mot est employé dans divers domaines au sens de « période d'action, de propagande » (1798), de campagne parlementaire (1813) à campagne électorale ou publicitaire (XXe s.). Des emplois dans d'autres contextes concernent une période d'activité agricole. Ainsi en Afrique, dans l'océan Indien, le mot spécifié (campagne sucrière, campagne café) désigne la période de récolte et de commercialisation.
■
Des syntagmes comme maison, propriété de, à la campagne, ont sans doute produit le sens, en français régional des rives de la Méditerranée, de « maison de campagne » et aussi « propriété agricole ou viticole ».
❏
Le dérivé CAMPAGNARD, ARDE adj. et n., d'abord campaignard (1611) « qui vit à la campagne » et « que l'on trouve à la campagne », a parfois, dès ses premiers emplois (1654, sentir le campagnard), une valeur péjorative de rusticité.
❏ voir
CAMPAGNOL, CHAMPIGNON.
CAMPAGNOL n. m. est l'adaptation par Buffon (1758) de l'adjectif italien campagnoli, au pluriel, appliqué aux rats qui vivent à la campagne (1637), dérivé de campagna (→ campagne, champagne). Campagnoli avait été présenté à tort par les naturalistes J. Th. Klein en 1751 et M. J. Brisson en 1756, sources de Buffon, comme le nom italien du rat des champs.
❏
Le mot désigne un petit mammifère rongeur, au corps plus ramassé que celui du rat, à queue courte et velue.
CAMPANE n. f. est un emprunt, soit au latin tardif, soit à l'italien campana (→ campanile, campanule).
❏
Le mot a d'abord désigné en général la cloche (emploi où le mot d'origine celtique cloche l'a remplacé), puis s'est spécialisé régionalement pour « sonnaille du bétail », techniquement au figuré, en architecture, ébénisterie, ornementation, pour « forme de cloche renversée ».
❏
Parmi les dérivés de campana, CAMPANAIRE adj. (1636) « relatif aux cloches », par exemple dans art campanaire « fonderie des cloches », et, plus spécifique, « art musical par des cloches » (l'art campanaire chinois, des carillons...), et CAMPANISTE n. « spécialiste qui conçoit, construit, entretien, répare les cloches, carillons et horloges publiques », mot qui paraît récent (2004).
CAMPANILE n. m., d'abord campanil (1586) puis campanile (1732), est emprunté à l'italien campanile « clocher », employé par métonymie à propos de la tour bâtie dans le voisinage d'une église et servant de clocher (XIVe s.), ce dès 978 dans le latin médiéval campanile. Le mot italien est dérivé de campana « cloche », du latin campana (→ campanule).
❏
Le mot désigne, dans un contexte italien, la tour bâtie à proximité de l'église et servant de clocher. Par analogie de fonction, il a donné son nom à un petit clocher à jour élevé au-dessus d'un édifice et contenant une cloche (1787).
❏ voir
CAMPANULE.
CAMPANULE n. f. est emprunté (1694) au latin médiéval campanula, proprement « petite cloche », spécialisé en botanique aux VIIIe-IXe s., diminutif du bas latin campana « peson, balance romaine » et « cloche ». Ce dernier est à l'origine un neutre pluriel dont l'étymologie n'a pas été établie ; il est représenté en espagnol et en italien (campana) mais son représentant français a été éliminé définitivement au XVIIe s. (→ campane) par le mot celtique cloche, subsistant seulement dans les parlers méridionaux et dans le vocabulaire des arts (architecture, ébénisterie, mode).
❏
Le mot désigne une plante herbacée dont les fleurs sont en forme de clochettes (Cf. clochette).
❏
La dérivation consiste en CAMPANULÉ, ÉE adj. (1778) « en forme de clochette », employé en description botanique et architecturale (1884), et CAMPANULACÉES n. f. pl. (1809), nom d'une famille de plantes dont la campanule est le type.
❏ voir
CAMPANILE.
CAMPHRE n. m. est emprunté (XIIIe s.) au latin médiéval camphora « substance blanche d'odeur caractéristique extraite d'un arbre de la famille des Lauracées » (XIIe s.), attesté depuis le IXe s. sous la forme non nasalisée cafora. Le mot est emprunté, en même temps que le produit, à l'arabe ḳāfūr, avec un déplacement de l'accent sur la première syllabe.Ḳāfūr note lui-même le vieux perse kāpūr d'origine sanskrite (prakrit kappūram, sanskrit karpūram). Les emprunts romans se répartissent entre formes nasalisées (en provençal, italien, espagnol, portugais) et formes non nasalisées (ancien français cafour [XIIIe s.], ancien italien cafúra).
❏
Le mot désigne la substance extraite du camphrier, utilisée notamment comme antimite et en médecine comme antispasmodique et énergétique. Par extension, il est employé à propos d'une substance extraite de divers végétaux, ayant des propriétés analogues, et il a servi en argot à désigner l'eau-de-vie (1876).
❏
CAMPHRÉ, ÉE adj. (1564) et
CAMPHRER v. tr. (1564), dont la forme pronominale a eu le sens de « s'enivrer » (av. 1854), datent du
XVIe siècle.
■
CAMPHRIER n. m., nom de l'arbre dont on extrait le camphre, est attesté dans l'Encyclopédie en 1751.
■
L'élément CAMPHO-, tiré du radical de camphre, a servi à former quelques termes de chimie, notamment au XIXe s. (camphoroïde adj., 1845), et de botanique (camphorine n. f., 1865).
CAMPING n. m. est l'adaptation (1905) d'un mot anglais qui signifie d'abord « action de loger dans des tentes au cours d'une guerre, d'une expédition », « campement » (1572) avant de prendre son sens moderne (fin XIXe s.). Les Anglais furent les premiers à pratiquer cette activité liée à l'avènement du scoutisme. Camping, en anglais, est le substantif verbal de to camp, lui-même emprunté (1543) au français camper*.
❏
Le mot désigne l'activité qui consiste à vivre en plein air sous la tente ou dans une caravane ; par métonymie, il désigne le terrain aménagé pour pratiquer cette activité (en anglais camping place). On trouve aussi terrain de camping. Plusieurs syntagmes (camping sauvage, au sens actif ; un camping aménagé, au sens concret, etc.) sont en usage.
❏
CAMPING-CAR n. m. (1974) est un faux anglicisme composé de
camping et de l'anglais
car « voiture, véhicule »
(→ car). Le mot a évincé les formations voisines
AUTO-CAMPING n. m. et
VOITURE-CAMPING n. f. (1969), ainsi que
CAMPING n. m. (1952 dans ce sens).
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CAMPING-GAZ n. m. (v. 1960) est un nom de marque déposée formé de
camping et de
gaz*, désignant un petit réchaud portatif à gaz butane pour le camping.
CAMPO ou CAMPOS n. m. est un emprunt de l'argot scolaire ancien à la locution latine dare campos « donner les champs », c'est-à-dire « permettre d'aller jouer ».
❏
Les expressions donner, avoir campo, campos, apparues au XVe siècle, se sont employées au moins jusqu'au milieu du XXe siècle pour « donner, avoir congé ».
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CAMUS, USE adj., attesté comme surnom (1221), puis comme adjectif (fin XIIe-déb. XIIIe s.), est d'origine discutée. Il est probablement dérivé, à travers l'ancien provençal camus pris au sens figuré de « niais » (XIIe s.), d'un gaulois °kamusio formé à l'aide d'un suffixe -usio, fréquent dans les anthroponymes, sur le radical °kam- « courbe » attesté en celtique. Cette hypothèse, qui suppose pour expliquer le k- initial un intermédiaire provençal, permet de rendre compte de l'antériorité de celui-ci. On a également proposé une formation sur l'ancien °mus « museau » (→ museau) avec le préfixe péjoratif ca-. P. Guiraud rattache camus à l'étymon latin camus « muselière », du grec dorien kamos, à côté de kêmos (lui-même sans étymologie), plus précisément à un doublet roman °camoceus, camuseus, tiré de l'adjectif cameusis « muselé ».
❏
Le mot qualifie et désigne une personne ayant le nez court et aplati ainsi que ce nez. Par extrapolation sur l'expression prêtée à un visage au nez écrasé, il a développé le sens de « penaud, désappointé » (1410) dans lequel on peut voir réactivée la valeur péjorative du préfixe ca-, et qui est aujourd'hui archaïque.
❏
Sur camus a été formé, par substitution de suffixe, CAMARD, ARDE adj. et n. (1534), de même sens. Substantivé (1584), il a fourni au féminin camarde, dénomination métaphorique de la mort (1653), par allusion au squelette dont le nez, réduit à une arête osseuse, semble aplati.
CANADA (le français au) → QUÉBEC (encadré).