CANADIEN, IENNE adj. et n. est tiré au
XVIe s. du toponyme
Canada, mot amérindien (huron) signifiant « village », nom donné par Jacques Cartier à la Nouvelle France en 1535.
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Le mot signifie « du Canada » et « habitant, originaire du Canada », spécialt en tant que pays fédéral. Les expressions Français canadien et Canadien français apparaissent vers la fin du XVIIe s. (respectivement 1685 et 1695). → aussi Québécois. Ces expressions sont synonymes du composé FRANCO-CANADIEN, IENNE adj. et n. Canadien anglais est synonyme du composé ANGLO-CANADIEN, IENNE adj. et n.
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CANADIENNE n. f. désigne en français de France (1928) un long canot à pagaie, et plus couramment une veste doublée ou encore (1934) un type de tente (d'abord appelée
tente canadienne, 1929).
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La forme écrite
CANAYEN, ENNE adj. et n., d'après la prononciation, s'est appliquée aux descendants des premiers colons de la Nouvelle-France, à leur mode de vie traditionnel et, comme nom masculin, à leur langage. Le mot, en français du Canada, évoquait l'authenticité des Canadiens français « pure laine ».
❏ voir
aussi ACADIEN, CADIEN, CAJUN.
CANAILLE n. f. et adj. est emprunté (v. 1470) à l'italien canaglia (XIIIe-XIVe s.) « troupe de chiens », dérivé avec un suffixe péjoratif de cane « chien », du latin canis (→ chien).
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Canaille, employé comme désignation péjorative du « bas peuple », a remplacé son correspondant français chienaille, chenaille (av. 1195), encore usité au XVIe siècle. Le sens moderne de « personne malhonnête, méprisable » (1639) est aujourd'hui d'un usage soutenu, le mot étant surtout employé sur le ton de la gronderie affectueuse envers un petit enfant (Cf. polisson, fripon). L'adjectif (1867) est généralement invariable, encore senti comme une adjectivation elliptique du nom.
❏
ENCANAILLER v. tr., composé parasynthétique, est surtout employé à la forme pronominale
s'encanailler (1660), avec le sens de « frayer avec le bas peuple », d'où « fréquenter des gens de mœurs douteuses ». Le sens de « perdre sa qualité, devenir méprisable » (1663) appartient à l'usage classique. De nos jours, les signes de transgression sociale s'étant déplacés, le mot est généralement employé par plaisanterie.
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CANAILLOCRATIE n. f. est une formation révolutionnaire plaisante (1793), d'après aristocratie et démocratie.
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CANAILLERIE n. f. (1821), d'un usage soutenu, et CANAILLEMENT adv. (1870) sont rares.
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CANAILLOU n. m. « petite canaille » (1957) est un emprunt à l'occitan.
CANAL, AUX n. m. est emprunté (av. 1150) au latin canalis, dérivé de canna (→ canne). Le mot était employé depuis Plaute à propos du caniveau se déversant dans la Cloaca Maxima à Rome et, depuis César, à propos de toute conduite d'eau. Il avait développé un sens figuré (Pline) et plusieurs acceptions analogiques de nature technique, en anatomie (« trachée-artère ») et en architecture (« filet creusé dans la volute ionique »).
❏
Le mot a été introduit en géographie à propos du bras ou du lit d'un cours d'eau, sens en voie d'extinction sauf lorsqu'il s'applique à un bras de mer resserré entre deux rivages (1549). Il s'est répandu dans l'usage courant en parlant d'un cours d'eau artificiel, surtout lorsqu'il est navigable (1538), par exemple dans
grand canal (1606,
canal de Venise). Au
XVIe et au
XVIIe s., il a repris les sens techniques connus du latin
canalis en architecture (1538) et en anatomie (av. 1680), s'étendant à un conduit d'écoulement pour les eaux (1690) et acquérant le sens figuré de « moyen, voie d'accès » (1679, M
me de Sévigné). Ultérieurement, il devient un terme de description botanique (1813), puis anatomique (
canal cholédoque, etc.).
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Sous l'influence de l'anglais channel — repris d'une forme ancienne de chenal* —, il est passé dans le langage de la communication pour l'ensemble des moyens sensoriels par lesquels une information est transmise, et dans l'audiovisuel à propos du domaine de fréquence occupé par une émission de télévision (exemple : Canal plus), normalement nommé en français chaîne.
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L'emploi du mot en économie (canal de distribution) rend l'anglais channel.
❏
CANALISER v. tr., attesté une première fois en 1585 au sens de « enfermer comme dans un canal », a été repris au
XIXe s. avec ceux d'« ouvrir des canaux dans un pays » (1829), et « rendre (un cours d'eau) navigable en convertissant en canal » (1842). Le verbe s'est répandu dans l'usage avec le sens figuré de « diriger dans une voie, un sens déterminé » (1838). Il a donné immédiatement ses quelques dérivés.
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CANALISATION n. f. lui sert de substantif d'action (1823) et désigne concrètement l'ensemble des conduits destinés au transport des fluides, par exemple le gaz de ville (1829, surtout au pluriel).
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CANALISATEUR, TRICE adj. et n. (1831) et CANALISABLE adj. (1836) s'emploient au propre et au figuré.
CANAPÉ n. m. est l'altération avec changement de sens (1648) de l'ancien conopé (v. 1180) « rideau de lit » encore utilisé en histoire ancienne au sens de « moustiquaire », du latin conopeum, conopium, proprement « moustiquaire », d'où « sorte de lit entouré d'une moustiquaire », emprunt au grec tardif de même sens kônôpeôn, kônôpion, dérivé de kônôps, -ôpos « moustique ». Kônôps, dont l'origine est discutée, est peut-être un emprunt à un mot égyptien signifiant « mouche ».
❏
Le meuble que l'on connaît est mis à la mode comme le sofa
(→ sofa) au
XVIIe siècle. Le
XIXe s. a créé par combinaison
canapé-lit (1867), antérieurement
lit-canapé (1857).
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Par analogie de forme, on appelle canapé (1787) une préparation de pain, etc. sur laquelle repose un mets (canapé de caviar, œufs sur canapé).
CANAQUE adj. et n. est une graphie française (1852) d'un mot d'origine polynésienne (kanaka à Hawaï) signifiant « homme ». La forme KANAK, AKE aussi ancienne (1844) s'est imposée à la fin du XXe siècle, à l'exception d'emplois adjectifs comme pomme canaque, qui désigne un fruit en Nouvelle-Calédonie. En effet, le mot canaque était devenu très péjoratif, sinon raciste.
❏
Sous la forme KANAK, le terme est courant en français de Nouvelle-Calédonie, pour « Mélanésien de Nouvelle-Calédonie », et « relatif à ces Mélanésiens ». Il peut être invariable (l'école populaire kanak) ou s'accorder (la terre kanake). Le four kanak est un four traditionnel fait de pierres chauffées placées dans un trou du sol. En français de Nouvelle-Calédonie, Kanak et Mélanésien sont synonymes, le premier étant plus naturel.
?
CANARD n. m. est un sobriquet expressif dérivé (1199) du même radical onomatopéique que l'ancien verbe caner « caqueter » (1204). Il est formé avec un suffixe -art, -ard d'après malard (v. 1200), la plus ancienne désignation du canard mâle (→ mâle). L'hypothèse d'une dérivation de cane* (ci-dessous) qui serait en ce cas issu du croisement entre l'ancien français ane* (v. 1175) et le radical de l'ancien verbe caner, semble moins probable du point de vue chronologique.
❏
Le mot, d'abord donné en surnom à un homme réputé bavard, caqueteur, est devenu au
XIIIe s. le nom du volatile, probablement pour lever l'ambiguïté existant entre l'ancien nom
ane* et celui d'un autre animal domestique, l'
âne. À moins d'une détermination, par exemple
canard sauvage, canard renvoie surtout à l'oiseau domestique destiné à l'alimentation humaine. Les particularités physiques du palmipède, son comportement ont inspiré plusieurs locutions familières, de
mouillé comme un canard (1696) à
marcher en canard « en boitant, en penchant alternativement d'un côté puis de l'autre ». Prenant place à côté de
canard boiteux (calque de l'anglais selon l'abbé Féraud, 1787, citant Beaumarchais), l'expression
vilain petit canard fait directement allusion au titre d'un conte d'Andersen.
Froid de canard « froid intense » vient de ce que les vols de canards sauvages ont lieu lors des grands froids.
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Le sens figuré archaïque de « fausse nouvelle lancée dans la presse » (v. 1750), peut-être issu d'une expression d'origine inconnue bailler un canard à moitié « tromper » (1584), a donné lieu par extension à celui de « journal de peu de valeur » puis « journal quelconque » (le Canard enchaîné, nom d'un journal satirique).
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Familièrement, canard désigne une fausse note (1834) par allusion au cri peu harmonieux du palmipède (on dit aussi couac).
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Canard se dit aussi (1840) d'un morceau de sucre « trempé » (comme un canard) dans le café.
❏
Par dérivation régressive,
canard a produit
CANE n. f. (
XVe s. ; 1355,
quanes) « femelle du canard », dans lequel est sensible l'influence de l'ancien mot
ane. L'expression figurée
faire la cane « fuir » (
XVIe s.) peut concerner un autre mot. De
cane vient le nom du petit de la cane, nommé
1 CANETTE n. f. (1461) d'où, par changement de suffixe,
CANETON n. m. (v. 1600 ; 1530,
cannetton). La réputation de poltronnerie attachée à l'animal
(Cf. poule, autruche) a peut-être suscité
1 CANER v. intr. (1821) « se dégonfler » (on disait déjà
faire la cane aux
XVIe-
XVIIe s.). L'influence de
1 caler est probable.
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CANARDEAU n. m. est relevé une fois en 1547 et repris depuis 1820.
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CANARDER v. tr. (1578) signifie familièrement « tirer d'un lieu couvert » (comme dans la chasse aux canards).
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Pris au sens de « mauvais cheval » — ayant probablement motivé la locution
ne pas casser trois pattes à un canard, peut-être par déformation de
cagnard (→ cagne), variante probable de
cagneux —
cane ou
canard a servi à former, avec un suffixe péjoratif,
CANASSON n. m. « mauvais cheval » (1866), resté courant.
❏ voir
1 et 2 CANCAN, CANICHE.
1 CANARI n. m., d'abord canarin sous l'influence de serin* (en usage de 1576 à 1851), est emprunté à l'espagnol canario (1582-1583), lui-même métonymie du nom du pays d'origine de l'oiseau, les îles Canaries. Celles-ci devraient leur nom (latin Canarias) au fait que le roi numide Juba II y aurait rencontré des chiens gigantesques (latin canis [→ chien]).
❏
Le mot désigne un serin de couleur jaune vif, et, par métonymie, s'emploie comme adjectif de couleur (seul ou dans jaune canari).
2 CANARI n. m. est un emprunt fait au XVIIe siècle (1664, écrit canary, 1673) à une langue amérindienne d'Amérique du Sud, le galibi, où le mot signifie « terre de potier » et « poterie ».
❏
Le mot, employé en français dans les pays tropicaux, est resté vivant en français d'Afrique pour « récipient », à l'origine en terre cuite.
1 CANCAN n. m. (mil. XVIIe s., av. 1641), d'abord quanquan (1554), graphie encore relevée en 1821 par figure étymologique, puis quanquam (1584), est l'emprunt, francisé d'après l'ancienne prononciation, de la conjonction latine quamquam. Celle-ci, issue de quam (→ que) par réduplication, s'employait souvent, avec son sens de « quoique, de toute manière, pourtant », dans les disputes d'école.
❏
En passant en français, le mot a pris par métonymie le sens de « harangue universitaire », par exemple dans quanquan de collège. Avant la fin du XVIe s., son origine n'étant plus sentie, il a reçu la valeur expressive de « grand bruit autour d'une chose qui ne le mérite pas » dans la locution faire quanquam (1584). Au XVIIe s., quand le mot est entré dans l'usage courant, il s'est rattaché au verbe cancaner*, d'après lequel il a pris le sens de « médisance » (1821, journal des quanquans).
❏
1 CANCANER v. intr. (1654) semble avoir été créé, non pas d'après cancan, mais d'après une onomatopée homonyme évoquant le cri du canard et de certaines volailles (→ canard) et d'après cane, cancan, nom enfantin du canard. Il s'est surtout répandu à partir du XIXe s. avec l'idée de « médire » (1829), produisant CANCANAGE n. m. « médisance » (1834).
◆
À la même époque sont apparus CANCANIER, IÈRE adj. et n. (1834) et CANCANNERIE n. f. (1836), ce dernier plus rare.
2 CANCAN n. m. est formé (1829), par réduplication du radical can-, du radical de canard* et de cancaner, par comparaison de la danse en question avec la démarche du volatile.
❏
Le mot désigne une danse tapageuse et excentrique en vogue dans les bals populaires des années 1830-1840. À la Belle Époque, la danse exécutée dans les cabarets de Montmartre a particulièrement séduit les anglophones qui l'ont baptisée French-cancan, à moins que ce nom ne soit une création publicitaire pour cette clientèle. Ce nom lui est resté en français (1935).
❏
2 CANCANER v. intr. (1838) « danser le cancan » a été éliminé pour son homonymie avec 1 cancaner*.
CANCER n. m. vient (1372) du latin cancer, cancri (→ cancre, chancre, crabe) qui traduit, en en reprenant les sens, le grec karkinos « crabe », « chancre », également « pinces », « paire de compas ». Les deux mots appartiennent, avec le grec karkaros « dur » et le sanskrit karkaṭa « crabe », à une même racine indoeuropéenne.
❏
Le mot a été introduit comme nom d'un signe du zodiaque. Le sens médical de « tumeur maligne » (1478) a donné un emploi figuré (av. 1755) et s'est spécialisé (fin XIXe s.) pour désigner le néoplasme. Puis, l'idée de « tumeur » n'étant plus essentielle, le mot a désigné tout état pathologique caractérisé par des lésions résultant d'une prolifération cellulaire non contrôlée par l'organisme (cancer des os, du sang). Le cancer est à ce point considéré comme le fléau, la maladie du XXe s. par excellence (comme l'était la peste au moyen âge), que des journalistes ont récemment défini le sida comme le cancer du XXIe siècle.
❏
Les dérivés procèdent du sens médical.
◆
CANCÉREUX, EUSE adj. et n. est emprunté (1743) du bas latin
cancerosus « atteint par une tumeur maligne », dérivé de
cancer.
◆
Le mot, employé également comme substantif (1845), a produit
ANTICANCÉREUX, EUSE adj. (1777).
◈
CANCÉRISATION n. f., antérieur à
CANCÉRISER v. tr. puisqu'il apparaît dès 1865, ne se répand cependant qu'après 1920, lorsque l'on commence à relever
CANCÉRISÉ, ÉE adj. (1920-1924) puis
CANCÉRISANT, ANTE adj. (1936), avant la forme pronominale
SE CANCÉRISER (1965).
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Plusieurs composés en CANCÉRI-, CANCÉRO- sont créés à partir de 1920 : CANCÉROLOGUE n. (1920-1924), spécialiste du cancer ; CANCÉROLOGIE n. f., CANCÉRIGÈNE adj. (1920-1924), CANCÉROSE n. f. (1929).
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CANCRE n. m., attesté une fois au
XIIIe s. puis à partir de 1552, est emprunté comme
cancer* au latin
cancer, cancri « crabe »
(→ crabe).
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Le sens propre de « crabe tourteau », encore relevé chez Bernardin de Saint-Pierre, est sorti d'usage au profit d'extensions métaphoriques diversement motivées.
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En référence à la démarche lente et difficile du crabe, le mot est entré dans l'argot scolaire à propos d'un élève nul (1662).
◆
Les sens de « pauvre diable » (1651, La Fontaine), « homme méprisable pour sa rapacité » (1740, par allusion aux pinces du crabe) sont sortis d'usage.
■
CANCRERIE n. f. (1885) désigne familièrement la nullité d'un élève ; à la différence de cancre, il a vieilli au profit de synonymes.
❏ voir
CHANCRE ; CANCRELAT.
CANCRELAT n. m. est la réfection, sous l'influence de cancre* (1775, cancrelas), du plus ancien cackerlac (1704). Celui-ci est emprunté au néerlandais kakkerlak « blatte d'Amérique », lui-même originaire d'Amérique du Sud (par l'espagnol) ou d'Espagne et attesté depuis 1675 (mais antérieur, à en juger par le bas allemand attesté dès 1524).
❏
Le mot désigne un insecte qui infeste les navires et les denrées alimentaires. Par métaphore, il désigne péjorativement une personne sournoise, répugnante, envahissante, avec une valeur voisine de celle de cloporte.
CANDÉLABRE n. m., d'abord chandelabre (XIe s.), est emprunté (XIIIe s.) au latin candelabrum, dérivé de candela (→ chandelle).
❏
Nom donné à un grand chandelier à plusieurs branches, candélabre a aussi désigné un dispositif d'éclairage des voies publiques avant d'être supplanté par lampadaire. Par analogie de forme, il s'emploie en architecture à propos d'un motif ornemental (1694) et en arboriculture (1867) pour une taille d'arbre ou d'arbuste.
CANDEUR n. f. est emprunté (1330-1334) au latin candor « blancheur éclatante », « éclat », appliqué au domaine moral au sens de « pureté, probité ». Le mot est dérivé du verbe candere « être enflammé, brûler », de là « être chauffé à blanc », puis « être d'une blancheur éclatante ». Ce verbe d'état a son pendant dans le verbe d'action candere attesté dans plusieurs composés (→ incendier). On en a rapproché le grec kandaros « charbon de bois », le sanskrit candráḥ « brillant », ainsi que des mots celtiques.
❏
Le sens propre de « blancheur, clarté » s'est effacé au XVIIe s. devant le sens figuré et moral de « pureté » (1546) appliqué à une langue puis à l'âme (1558), quelquefois avec une valeur ironique de « naïveté un peu niaise ». Le sens originel (présent dans l'ancien provençal candor) survit comme archaïsme littéraire (la candeur de l'aube).
❏ voir
CANDÉLABRE, CANDIDAT, CANDIDE, CHANDELEUR, CHANDELIER, CHANDELLE, ENCENSER, INCANDESCENT, INCENDIE.
CANDI adj. m. est emprunté (1256) à l'arabe qandī, adjectif de qand, qanda « sucre de canne » (Xe s.). Ce mot est originaire de l'Inde, à rapprocher du sanskrit khaṇḍa « morceau » et « sucre en morceaux cristallisés », du verbe khaṇḍ « briser ». Il ne paraît pas nécessaire pour des raisons chronologiques d'avoir recours à l'intermédiaire de l'italien zucchero candi.
❏
Le mot, presque exclusivement employé dès les premiers textes dans le syntagme sucre candi, qualifie le sucre qui, après dépuration et liquéfaction, s'est cristallisé.
❏
CANDIR v. (1595) exprime l'idée de se cristalliser, en parlant du sucre, et, construit transitivement, de revêtir d'une couche de sucre candi.
■
De là l'emploi substantivé du participe passé CANDI, au pluriel, pour désigner des fruits candis (1723).
◆
CANDISATION n. f., mentionné par la plupart des dictionnaires des XIXe et XXe s., est un mot technique rare.
CANDIDAT, ATE n. est emprunté (1284) au latin candidatus, dérivé de candidus (→ candide), dont le sens propre, « vêtu de blanc », se rencontre seulement à l'époque impériale. À l'époque classique, candidatus est spécialisé comme substantif, désignant celui qui brigue une fonction (parce qu'il revêt pour cela la toge blanche, toga candida).
❏
Le mot, introduit comme terme d'histoire romaine (soldat d'élite), désigne depuis 1546 le postulant à une place, à un titre et spécialement la personne qui se présente à un examen ou à un concours (1718, pour les étudiants postulant au doctorat). En Belgique, le mot s'applique à un étudiant qui a terminé sa candidature (ci-dessous). L'usage du féminin candidate est encore flottant aujourd'hui et l'on dit souvent en français de France — mais pas au Québec — elle est candidat aux élections.
❏
CANDIDATURE n. f. (1816), « action de se porter candidat », sert spécialement en Belgique à désigner le premier cycle d'études universitaires comprenant deux ou trois ans, au terme duquel on est candidat. L'abréviation CANDI n. f. est courante (il a réussi sa candi). Les deux formes s'emploient dans les anciennes colonies belges d'Afrique.
❏ voir
CANDEUR, CANDIDE.
CANDIDE adj. est emprunté (XVe s.) au latin candidus « éclatant (de la neige, des astres) », employé abondamment au figuré avec les valeurs de « heureux, favorable », de « loyal » et aussi « limpide (d'un présage, du style) ». Il est dérivé de candere « être éclatant » (→ candeur).
❏
Le mot a modelé son évolution sémantique sur celle de candeur* : le sens propre « éclatant » a disparu au XVIIe s. au profit du sens figuré de « bon, bienveillant » (1549), en particulier « spontané, sincère » (1611), devenu archaïque après le XVIIIe siècle.
◆
Depuis le XVIIe s., candide qualifie une personne naïve et pure, souvent avec une nuance péjorative, « innocent par inexpérience » (1668).
❏
CANDIDEMENT adv. (1561) signifie dès les premiers emplois : « sincèrement », d'où « avec bienveillance » (1611), puis « naïvement ».
❏ voir
CANDEUR, CANDIDAT.
CANDOMBLÉ n. m. est un emprunt (1858) à un mot portugais du Brésil, lui-même pris à une langue africaine, pour désigner un culte proche du vaudou*, pratiqué par des communautés brésiliennes, ainsi que les lieux de ce culte.