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CANER v. intr., attesté au XIXe s. (1821) au sens argotique de « céder, lâcher pied », est probablement en rapport avec faire la cane (XVIe s.), de même sens, mais dont le rapport avec cane* est obscur.
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Le verbe est devenu familier dès le milieu du XIXe s. ; il a vieilli. Par son sens, il s'est rapproché de canner, lui aussi argotique.
❏ voir
2 CANNER.
CANETILLE ou CANNETILLE n. f., d'abord canetille (1535), écrit avec deux n (1547) d'après canne*, est emprunté à l'espagnol cañutillo « fil de métal retordu servant à des travaux de broderie » (1492). Il est dérivé de cañuto « tuyau », lui-même dérivé, par l'intermédiaire du mozarabe qannût de même sens, du latin canna « roseau » (→ canne).
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Le mot désigne un fil de métal utilisé en broderie pour la composition de fleurs artificielles. En musique, il désigne un fil de laiton argenté entouré en spirale sur un boyau pour former les grosses cordes de violons, violoncelles et contrebasses.
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CANNETILLER v. tr., « orner de cannetilles », apparaît au milieu du XVIe s. (av. 1571).
1 CANETTE → CANE (art. CANARD)
2 CANETTE ou CANNETTE n. f., d'abord canete (E. Boileau, 1267-1268), puis cannette (1407), est emprunté au dialecte de Gênes cannetta « petite bobine de fil », diminutif de canna (→ canne) ; cette origine est confirmée par les premiers emplois du mot en français qui concernent le fil d'or et d'argent fabriqué à Gênes et importé pour servir à l'ornementation des habits aux XIVe-XVe siècles.
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Le mot, d'abord relevé dans l'emploi métonymique soie canete « soie plate et simple tissée au moyen d'une petite bobine », désigne normalement une petite bobine sur laquelle est enroulé le fil dans la navette d'un métier à tisser, puis également d'une machine à coudre. Il a dû être assez vite senti comme un dérivé de canne* (Cf. 3 cannette).
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L'emploi de l'expression jouer à la canette « aux billes », en français de Madagascar, pourrait relever de ce mot ou de 3 cannette, par transfert de l'idée d'un petit cylindre à une petite sphère.
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Les dérivés CANETER ou CANNETER v. intr. (XIXe s.) « enrouler du fil sur une cannette » ; CANETIER ou CANNETIER, IÈRE n., surtout employé au féminin comme nom d'ouvrière et de machine (1867), et CANETAGE ou CANNETAGE n. m. (1948) sont des termes techniques.
CANEVAS n. m. est issu (1509) du croisement de l'ancien français chenevas, chanevas « fait de toile », d'où « grosse toile » (XIe s. en judéo-français), avec l'ancien picard canevach (1281, attesté jusqu'en 1539). Tous deux sont les dérivés suffixaux du radical c(h)anev- du latin médiéval canapus (→ chanvre).
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À partir du sens de base, « grosse toile écrue », le mot s'est spécialisé, désignant une grosse toile servant de support aux ouvrages de tapisserie (1584). De là, le sens figuré « ébauche d'une œuvre littéraire » (av. 1630), « musicale » (1680), « dramatique » (1832), en concurrence avec esquisse, schéma...
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Par ailleurs, des emplois métonymiques mettant l'accent sur le dessin de la broderie sur toile (1798), la broderie elle-même (1867).
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CANEVASSER v. tr., « quadriller comme d'un canevas » (1936), est peu usité.
CANGE n. m. est un emprunt, dans l'océan Indien, au tamoul
kanji, qui désigne l'amidon du riz. Le mot, attesté en 1563, est courant en français mauricien, pour « amidon », la
poudre de cange étant employée pour empeser les tissus. Au figuré, le riz
en cange est trop cuit, collant.
CANGER v. tr. se dit dans l'île Maurice pour « amidonner, empeser ».
CANGUE n. f. est emprunté (1687) au portugais canga « carcan » (1640 ; ganga, 1635), lequel est probablement formé à partir des mots chinois K'ang « portant sur les épaules » et hia, nom de cet instrument de torture. L'étymon gaulois canga « joug » ou le celtique °cambica « bois courbe », dérivé de cambos « courbe », ne conviennent évidemment pas, les plus anciennes attestations portugaises ne désignant que l'instrument de torture d'Extrême-Orient.
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Le mot se réfère à un ancien instrument punitif extrême-oriental où l'on enserrait la tête du condamné pour l'exposer, utilisé notamment dans la Chine ancienne et, par métonymie, désigne le supplice infligé avec cet instrument.
CANICHE n. m. est le dérivé inattendu (1743) de cane* avec -iche, suffixe probablement dialectal (correspondant à -isse) entrant dans la construction de mots familiers auxquels il confère une valeur affective (→ bourriche, potiche). Le chien a été ainsi nommé parce que, comme les canes et les canards, il va volontiers à l'eau.
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Le mot désigne un chien de la race des barbets, à poils frisés et généralement très fidèle (suivre qqn comme un caniche).
CANICULE n. f. est emprunté (fin XVe s.) au latin canicula, diminutif de canis « chien » (→ chien ; canin). Le mot latin, signifiant littéralement « petite chienne », est employé depuis Varron comme terme d'astrologie désignant Sirius, l'étoile principale de la constellation du grand Chien, d'après le grec kuôn, kunos « chien » (→ cynique).
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Le sens de « chienne » est un latinisme qui n'a pas vécu.
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Le mot s'est spécialisé en astronomie (1539, constellation de la Canicule). Par métonymie, il s'est dit de la période de chaleur pendant laquelle cette étoile se lève et se couche en même temps que le soleil (1660). Par extension, il s'est répandu au sens de « très forte chaleur », son origine étant oubliée, et la première syllabe pouvant évoquer celle du latin calor.
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CANICULAIRE adj. (1478) est emprunté au bas latin canicularis « de la canicule », de canicula. Il a suivi l'évolution de canicule et se dit assez couramment d'une chaleur extrême.
G
CANIF n. m., indirectement attesté par son ancien diminutif canivet (apr. 1150 ; encore en 1690), puis lui-même sous la forme quenif (1441), canif (1611), est probablement issu de l'ancien bas francique °knif, reconstitué d'après l'ancien nordique knîfr « couteau », d'où l'anglo-saxon tardif cnif et de là l'anglais knife « couteau ». Cette famille germanique est d'origine obscure.
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Avant de désigner un couteau de poche à lame repliable, canif a longtemps désigné un petit morceau d'acier tranchant muni d'un manche et servant à tailler les plumes d'oie. Il est passé dans le langage technique pour désigner (1752, knif, peut-être par réemprunt à l'anglais) un outil de graveur sur bois.
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Canif entre (1808) dans la locution populaire figurée donner des coups de canif dans le contrat « commettre une infidélité conjugale ».
CANIN, INE adj. et n. f. est emprunté (v. 1390) au latin caninus « relatif au chien », employé spécialement en anatomie, appliqué aux dents pointues, très saillantes chez le chien. Il est dérivé de canis (→ chien). Le type savant a évincé l'ancien français chienin (XIIe s.), chenin.
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Le mot qualifie ce qui est propre, relatif au chien.
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Il s'est spécialisé et, par ellipse de dent canine, le féminin CANINE est substantivé (1541) comme nom des dents pointues, entre les incisives et les prémolaires.
❏ voir
CANICULE.
CANISSE ou CANNISSE n. f. est emprunté (1600, sous sa double graphie) au provençal canisso « claie de canne, natte de roseaux sur laquelle on élève les vers à soie et où l'on fait sécher les fruits ». Ce mot, qui n'est pas attesté dans les dictionnaires avant Mistral, est issu, de même que l'espagnol canizo et l'italien canniccio de même sens (XIVe s.), du bas latin cannicius, de canna (→ canne).
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Ce mot régional du sud-est de la France, surtout employé au pluriel, désigne — récemment en français central — un roseau souple et résistant fendu en deux et dont on fait des claies ou des rideaux protecteurs.
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CANNISSIER n. m. (1859) désigne le vannier qui travaille spécialement les canisses.
❏ voir
CANIVEAU.
CANIVEAU n. m. (1694) est d'origine incertaine : une formation avec le préfixe ca- sur niveau* ou un rattachement à la famille de canif* sont peu probables. Deux attestations de la forme caniseau (1453, 1502) avec le même sens appuient l'hypothèse d'un rattachement au latin canna « roseau » par l'intermédiaire de °cannicius (→ canisse) et, pour caniveau, par l'intermédiaire d'un type °canabellum, variante du bas latin canabula « canal de drainage ». Cette hypothèse pose des problèmes phonétiques.
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Le mot a désigné la pierre creusée en rigole pour l'écoulement de l'eau puis, couramment par extension (1867), une bordure pavée le long du trottoir et la dépression qu'elle borde.
G
CANNE n. f., d'abord attesté sous la forme chane (v. 1160) puis canne (1180-1190), est issu du latin canna « roseau », emprunté au grec kanna (→ 2 canon) qui a connu de nombreux sens techniques tels que « tuyau d'instrument de musique », « mesure de longueur » (IIe s.), puis « bec verseur de forme allongée » désignant aussi des récipients (VIe s.) ; son dérivé kanôn, à l'origine de 2 canon, a aussi des valeurs techniques. Une partie des acceptions a dû passer en français par l'intermédiaire du provençal cana qui les possède avant lui. Le mot latin, transmis aux domaines ibérique et italien, s'est aussi transmis aux langues germaniques au sens de « pot » (allemand Kanne).
❏
Le sens de « cruche de forme allongée » est passé le premier en français, mais s'est éteint au
XVe s., comme les extensions métonymiques « contenu d'une cruche » (v. 1180) et « mesure pour les liquides » (1286). Cette acception s'est maintenue dans les dialectes de l'Ouest, du Nord-Ouest, en Bourgogne, en franco-provençal et en français même, dans certains dérivés.
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Divers sens secondaires, issus de la valeur initiale du latin, « roseau », d'où « tube creux », sont bien représentés en ancien français, par exemple « hampe de lance » (1180-1190), « colonne vertébrale » (
XIIe s., en ancien picard), « trachée-artère » (1380), tous sortis de l'usage, comme le nom d'une mesure de longueur (av. 1266).
Le sens originel de « roseau » (v. 1250) s'est implanté durablement, notamment dans le syntagme canne à sucre (1721 ; d'abord canne de sucre, v. 1560) et la variante abandonnée canne de Provence (1845). De ce sens vient sucre de canne. Par métonymie, canne a désigné le bois des roseaux dont on fait des flûtes et des meubles (1305).
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L'expression canne à sucre est propre au français d'Europe et d'Amérique du Nord ; dans les régions productrices, on dit canne (exemples, en français mauricien, jeune canne, paille de canne, « feuilles »). En français d'Afrique, à Madagascar, canne désigne aussi une autre graminée dont on consomme la moelle sucrée.
Un usage particulier du bois (à l'origine de
roseau) a promu le sens de « bâton léger sur lequel on s'appuie en marchant » (1596), devenu le sens dominant du mot aux
XIXe et
XXe siècles. La locution familière
casser sa canne « rompre son ban » (1852) puis « mourir »
(Cf. casser sa pipe) a vieilli ; le second sens est en rapport avec le verbe argotique
2 canner.
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Selon les usages particuliers de l'objet, on emploie les syntagmes lexicalisés
canne-épée (1867,
canne à épée),
canne-fusil (1867). Les béquilles où l'on s'appuie sur l'avant-bras sont appelées
cannes anglaises.
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Par analogie, le mot sert à nommer une gaule portant une ligne de pêche, notamment dans canne à pêche (1636) et, techniquement, la sarbacane du souffleur de verre (1704). C'est aussi la dénomination du bâton flexible utilisé pour un sport de combat proche de l'escrime (1882) et un club de golf (1933).
Le mot a pris par métaphore le sens familier de « jambe » (av. 1885), surtout au pluriel cannes.
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Le diminutif
1 CANNELLE n. f., outre sa spécialisation en botanique par un cheminement mal éclairci (ci-dessous), semble exister de bonne heure comme l'indique le dérivé
canneler, attesté v. 1100. Il désignait un petit tube, un petit tuyau et de nos jours, dans l'usage technique, un petit robinet adapté à une cuve, à un tonneau (1496).
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Le dérivé
CANNELER v. tr., d'abord
caneler (v. 1100), exprime l'idée de « munir de petits sillons circulaires », sens qui s'est affirmé en architecture en relation avec l'italianisme
cannelure* (1545).
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Par analogie, le participe passé
CANNELÉ, ÉE est employé adjectivement dans la description d'une étoffe de soie couverte de saillies parallèles (1751), après avoir servi à décrire une pièce de blason dont les bords présentent des nodosités suivant une ligne régulière (1690).
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Comme nom masculin,
CANNELÉ (1937) désigne une petite pâtisserie cannelée, spécialité bordelaise qui s'est fait connaître dans le reste de la France.
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3 CANNETTE n. f., d'abord
kanette (
XIIIe s.) puis
cannette (1723), souvent écrit
canette (1723), s'est souvent trouvé en concurrence avec l'autre diminutif de
canne, 2 cannelle. L'ancien sens de « vase, récipient », éteint au
XVIIe s., a été ranimé spécialement, en parlant d'une petite bouteille mince et longue pour la bière (1723), les jus de fruits, etc.
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En français du Canada, sous l'influence de l'anglais
can « boîte de conserve (pour les liquides) »,
cannette désigne ce type de récipient.
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Le mot a été reformé (1867), d'après un autre sens technique de canne, à propos d'un rouleau de papier couvert de poudre séchée servant à mettre le feu dans le trou des mines et des roches ; dans ce sens, le sémantisme est très proche de celui de l'homonyme 2 canette* (ou cannette).
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1 CANNER v. tr. (1613) a signifié « mesurer à la canne », sens disparu lorsque
canne a cessé d'être employé comme nom de mesure de longueur ; le verbe a pris le sens de « garnir de canne » (1867), dont procèdent ses dérivés
CANNAGE n. m. (1872,
Journal officiel) et
CANNEUR, EUSE n. (1877).
◈
2 CANNELLE n. f., d'abord
canele (av. 1150), est le diminutif de
canne* « tuyau » parce qu'en séchant, cette écorce se roule sous la forme de petits tuyaux. Cet emploi existe dans la plupart des langues romanes sans qu'il soit possible de déterminer son cheminement ; le latin médiéval
cannella ne semble pas attesté en ce sens avant le
XIIe siècle. L'intermédiaire du portugais est probablement à écarter, le Portugal ne semblant pas avoir pratiqué l'importation des épices aux
XII-
XIIIe siècles. L'intermédiaire du provençal ou de l'italien est vraisemblable.
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Le mot, désignant l'écorce aromatique d'un arbre, a donné son nom à une couleur (1728). Une ancienne locution mettre en cannelle « réduire en morceaux » (1619), d'où « ruiner », subsiste en Suisse avec avoir les jambes en cannelle « être fourbu ».
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CANNELIER n. m. est un terme créé par les voyageurs ou traducteurs des relations de voyages aux Antilles, d'abord employé adjectivement dans
arbre cannelier (1575), puis substantivé (1645) ; il s'est répandu au
XVIIIe siècle.
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CANIER n. m. (1394) est un dérivé de l'occitan
cana « roseau », du latin
canna comme
canne. La forme
cannière (1887) est un emprunt à l'occitan
caniera, dérivé de
cana. Ces mots désignent un lieu où poussent des roseaux (en français d'oil,
cannaie).
❏ voir
CALISSON, CANAL, CANETILLE, 2 CANETTE, CANISSE, CANNELLONI, CANNELURE, 1 et 2 CANON, CAÑON, CANULE.
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CANNEBERGE n. f., attesté en 1665, est d'origine inconnue. On peut avancer l'hypothèse d'une adaptation de l'anglais cranberry (XVIIe s.) ou de l'allemand Kranbeere, bas allemand kranebere, d'après les mots canne et berge, cette variété d'airelle poussant dans les marais. Le mot allemand auquel l'anglais a été emprunté par les colons d'Amérique est composé de Kran « grue », de même origine que le français grue*, et de Beere « baie », terme ayant des correspondants dans toutes les langues germaniques (anglais berry) et reposant peut-être sur la même racine que le vieil anglais basu « rouge ». Le nom de la plante signifierait littéralement « baie de la grue ».
❏
Le mot désigne l'airelle des marais, plante dont les baies sont utilisées, surtout au nord de l'Europe et en Amérique du Nord (son nom en français du Canada est atoca*), dans la confection de sirops et de confitures, ainsi qu'en cuisine.
CANNELLONI n. m. pl. est emprunté (1918, chez Apollinaire) à l'italien cannelloni, attesté comme terme de cuisine avant 1859, forme plurielle de cannellone « tube de grande dimension » (XVIe s.). Ce mot est un augmentatif en -one de cannello « petit tuyau », qui est lui-même le diminutif de canna « canne, roseau, tuyau » (→ canne).
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Le mot désigne un carré de pâte rempli de farce et roulé puis, industriellement, une grosse pâte alimentaire en forme de tube que l'on remplit de farce.
CANNELURE n. f., d'abord canneleüre (1545) puis cannelure (1547), est l'adaptation de l'italien cannellatura « moulure, rainure » (1561), dérivé de cannelato « cannelé », correspondant au français cannelé (→ canne). Cette origine est appuyée par l'existence de la forme empruntée cannelature (1545).
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Le mot, introduit en architecture, a reçu par analogie quelques acceptions techniques en botanique et en technique.
2 CANNER v. tr. argotique (1829, Vidocq) est en rapport avec
canne, soit par l'expression
jouer des cannes « des jambes », c'est-à-dire « fuir, partir », soit par
casser sa canne (attesté plus tard, cependant) ;
→ canne.
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Caner* « renoncer, céder », autre verbe, s'est confondu avec canner.
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Le verbe signifie « mourir ».