CANNETILLE → CANETILLE
2 CANNETTE → 2 CANETTE
CANNIBALE n. et adj. est emprunté, par l'intermédiaire de textes italiens (1515-1525) puis latins (1532), à l'espagnol caníbal (1492, Colomb). Celui-ci serait emprunté à l'arawak caniba désignant les Indiens Caraïbes des Antilles ; caniba serait une variante de la forme en car- qui a donné caraïbe, et dont le sens serait d'abord « sage, brave, fort », appliqué à cette ethnie dans sa langue.
❏  Le mot, d'abord appliqué aux anthropophages — ou supposés tels — des Antilles, prend rapidement une valeur générale (1532 chez Rabelais) sans distinction d'origine.
■  Par extension, nom et adjectif s'emploient par hyperbole au sens de « cruel, sauvage » (XVIIIe s.).
En français de Belgique, c'est le nom familier d'un toast à la viande hachée crue, assaisonnée (filet américain ; français de France steak tartare).
❏  Le nom a produit CANNIBALISME n. m. (1797) et CANNIBALESQUE adj. (1862). ◆  Les récents CANNIBALISER v. tr. et CANNIBALISATION n. f. (v. 1969) sont deux anglicismes respectivement empruntés à to cannibalize (1943) et cannibalization (1947), de cannibal, nés dans le vocabulaire de l'aviation vers la fin de la guerre par métaphore de l'alimentation d'une espèce animale qui se nourrit d'individus de la même espèce.
■  En français, ces mots concernent d'abord, comme en anglais, la réparation d'objets avec des pièces en bon état d'un objet de même type hors d'usage dans l'armée, puis, dans le commerce, l'élimination involontaire d'un objet ancien sur le marché en le remplaçant par un autre. Dans ce domaine, se cannibaliser, c'est, avec une valeur péjorative, « se faire concurrence à soi-même ».
❏ voir CARAÏBE.
CANOË n. m., attesté en 1867 dans le contexte d'un sport américain, est emprunté à l'anglais canoe (1719 ; canoa, 1555) qui provient, via l'espagnol, de l'arawak (langue indienne) des Bahamas canoa. Un emprunt direct au haïtien nous a valu la forme canoe (1519), mais celle-ci a été acclimatée en canot*.
❏  Le mot désigne un bateau léger et portatif, mû à la pagaie. Par métonymie, il se réfère au sport pratiqué avec ce type de bateau. En français du Canada, on emploie dans ce sens le mot canot*.
❏  CANOÉISTE n. est la francisation (1887) de l'anglais canoeist (1865), de canoe. ◆  Il a suscité la formation de CANOÉISME n. m. (1948).
CANOË-KAYAK n. m. (v. 1950) est composé de kayak (→ kayak).
❏ voir CANOT.
1 CANON n. m. recouvre deux formations distinctes. La plus ancienne, cannon (1282), est dérivée de canne* ; elle est concurrencée au XIVe s. par canon, terme d'artillerie emprunté à l'italien cannone (attesté seulement en 1585 dans ce sens, mais antérieur), augmentatif du latin canna (→ canne).
❏  Le mot réalise l'idée de base de « gros tube ». Il a désigné une bobine de fil (Cf. canette), un tuyau de fontaine (1448), le corps d'une seringue (1611), la partie d'une serrure qui reçoit la clé (1676), ainsi que la partie forée de la clé (1690). Depuis le XVIe s., canon a désigné (1578) la parure que l'on attachait au bas des chausses, mode répandue au XVIIe s., où la richesse et l'ornementation des canons étaient une marque d'élégance ; on trouve souvent le mot chez Molière, employé avec une certaine dérision. Enfin, il a désigné une mesure de capacité pour les liquides (voir ci-dessous). Ces acceptions se sont développées à partir du dérivé français.
■  L'italianisme, terme d'artillerie (1338), est devenu plus courant et a remodelé le sémantisme du mot, avec une phraséologie propre : poudre à canon (1548), au figuré chair à canon (Napoléon, selon Chateaubriand) « troupes vouées à la mort ». Les canons symbolisent une politique belliqueuse, l'armée (par exemple dans l'opposition : du beurre ou des canons).
■  Le mot désigne aussi, au croisement des deux sens, le tube qui dirige le projectile dans les armes à feu (1569) : le canon d'un fusil.
Par un ancien sens métaphorique de « mesure de capacité pour le vin » (1596), canon a pris le sens argotique, puis populaire de « verre de vin rouge » (peut-être par influence de coup de rouge, évoquant coup de canon). ◆  Le langage à la mode en a fait un intensif (c'est canon !) qui, après avoir vieilli, est redevenu à la mode dans une fille canon, d'où un canon, par l'idée d'effet intense et soudain (Cf. bombe). Le mot est aussi adjectif : elle est canon. ◆  Avec la valeur de « coup de canon », le mot s'emploie en français familier de Nouvelle-Calédonie pour « coup de poing », souvent avec les verbes envoyer, mouiller, péter. La locution mouiller son canon vaut pour « faire (qqch.) vite et fort, y aller fort » (mouiller ayant en français local le sens de « frapper »).
❏  Les dérivés se rapportent tous au domaine de l'artillerie. CANONNIER n. m. (1382) a désigné un fabricant de canons jusqu'au XVIe s. et s'est maintenu comme nom de celui qui sert une pièce de canon (1383).
CANONNIÈRE n. f. et adj. (1424), d'abord kannonire (1415-1416), a désigné une meurtrière pour canons ; de nos jours, il désigne et qualifie un navire léger à fond plat armé de canons (1834). ◆  Par analogie, le mot désigne un petit tuyau consistant en un bâton de sureau creux dans lequel un piston chasse, par la compression de l'air, des tampons (av. 1634).
CANONNER v. tr. (1534) exprime l'idée de tirer au canon sur..., et s'emploie spécialement en marine pour « enrouler (une voile) en forme de canon, de tube » (1829).
■  CANONNAGE n. m. (1771) est dérivé du verbe.
CANONNADE n. f. (1552) serait emprunté à l'italien cannonata, dérivé avec le suffixe -ata de cannone, mot attesté depuis 1518, plutôt qu'issu de canon.
■  Il désigne la décharge simultanée ou successive de plusieurs coups de canons.
2 CANON n. m., d'abord attesté par la forme cane « règle religieuse » (v. 1119) puis canon au XIIIe s. (1259), est emprunté au latin canon, employé avec le sens concret de « tuyau de bois dans une machine hydraulique » et surtout avec le sens figuré de « modèle, règle » en art, dans la langue administrative et juridique, puis en religion où il désigne l'ensemble des livres sacrés, un décret concernant la discipline ecclésiastique et la partie centrale de la messe. Le latin canon est emprunté au grec kanôn qui, à partir du sens de « baguette droite », a développé le même type de sémantisme que règle ; lui-même est probablement dérivé de kanna « roseau, baguette de jonc », repris par le latin canna (→ canne). Kanna est d'origine sémitique (akkadien qanu, punique qn', hébreu qanē).
❏  Le mot est repris dans sa spécialisation juridique et ecclésiastique de « règle, loi », qui a donné lieu à un emploi adjectivé dans droit canon (v. 1511). Par métonymie, il désigne spécialement la partie essentielle de la messe contenant les paroles de la Consécration (1295) d'où, concrètement, le tableau mobile placé au milieu de l'autel avec les paroles du canon (1550). Il désigne aussi une liste de livres sacrés faisant foi, le catalogue des saints (v. 1350) [Cf. ci-dessous canoniser], celui des livres sacrés (1690) de la religion chrétienne et, par extension, d'autres religions (bouddhisme, par ex.).
■  La spécialisation administrative de « redevance, loyer » (1587), reprise en droit coutumier, est sortie d'usage.
■  Avec le sens de « ensemble de règles », canon est passé dans le domaine musical, s'appliquant à une écriture en contrepoint plus simple que la fugue (1690). ◆  Dans le vocabulaire de la statuaire (1814, en référence aux sculpteurs grecs), puis de l'esthétique, il se dit des règles de proportion qui fondent la beauté, dans un système culturel donné.
❏  En dehors de CANONIAL, ALE, AUX adj. (v. 1165), « conforme à la règle », et de CANONISTE n. m. (déb. XVe s.), « homme d'Église spécialiste du droit canon », les mots de la famille sont directement repris au latin.
CANONIQUE adj. et n. f. est emprunté (1250) au latin canonicus « conforme aux règles, régulier », spécialement employé en musique et, chez les auteurs chrétiens, à propos des textes sacrés et des règles ecclésiastiques. Le mot latin est emprunté au dérivé grec kanonikos « relatif aux règles », spécialisé en musique, grammaire et astronomie, substantivé en se référant à la logique dans la philosophie d'Épicure.
■  Après une attestation isolée comme nom désignant un droit que l'on payait aux évêques en Orient, le mot est repris adjectivement avec le sens de « conforme aux canons de l'Église » (1321). ◆  L'expression âge canonique s'appliquait à l'âge requis pour exercer certaines fonctions ecclésiastiques, notamment la fonction de domestique féminin d'un homme d'Église (1783) ; l'expression est entrée dans l'usage général à propos d'un âge plus que respectable, alors qu'il s'agissait à l'origine de l'âge mûr (quarante ans). ◆  Des spécialisations techniques en art et en mathématiques, ainsi que l'emploi du féminin substantivé en histoire de la philosophie, en référence à la logique d'Épicure (1847), ont été repris au grec. CANONIQUEMENT adv. (1374) et CANONICITÉ n. f., attesté fin XVIIe s. (1696) avec le sens de « reconnaissance officielle fixant l'appartenance d'un livre au canon des livres inspirés », sont dérivés de canonique.
CANONISER v. tr., d'abord sous la forme canonisier (XIIIe s.), en usage jusqu'au XVe s., puis canoniser (v. 1360, avec deux n), est emprunté au latin ecclésiastique canonizare « mettre au nombre des livres canoniques » (IVe s.) et, à l'époque médiévale, « mettre dans le catalogue des saints » (XIIe s.). Ce verbe est emprunté au grec canonizein « mesurer, régler », puis « prescrire une règle » (VIe s.), de kanôn. Le verbe concerne le fait, pour l'Église catholique, de reconnaître un personnage (souvent déjà un « bienheureux ») comme saint ou sainte. Un sens extensif « louer, glorifier » a disparu.
■  En droit canon, il signifie aussi « déclarer (un texte) conforme aux canons de l'Église » (1495).
■  En sont dérivés CANONISATION n. f. (fin XIIIe s.), attesté dès le XIIIe s. sous la forme latine canonizatio, et CANONISABLE adj. (1601) dont le sens extensif « louable » a disparu.
❏ voir CANNE, CANONICAT, CHANOINE.
CAÑON ou CANYON n. m., d'abord écrit cagnon (1859) et canon (1877) puis cañon (1883) et canyon (1888), est emprunté, par l'intermédiaire de l'anglo-américain attesté sous les mêmes formes, surtout canyon, à l'espagnol cañon (1834), appliqué par les hispanophones du Nouveau-Mexique à un type de relief caractéristique de la sierra Nevada, des Rocheuses et des plateaux de l'ouest des États-Unis. Ce mot est généralement considéré comme le dérivé augmentatif de caña (→ canne) signifiant proprement « gros tube, gros tuyau » ; cependant, l'ancienne forme callón (1560-1575) conduit Corominas à y voir plutôt un dérivé de calle « chemin étroit », « route », du latin callis « piste de troupeaux, sentier tracé par les animaux », mot technique très ancien sans étymologie établie.
❏  Le mot désigne un type de relief en ravin étroit creusé par un cours d'eau dans une chaîne de montagnes. Par extension, il est employé en océanographie pour une longue dépression sous-marine formant une vallée à versants escarpés (1949).
CANYONING n. m. est un anglicisme pris au participe présent du verbe canyon (1869 au Colorado, dans ce sens), par exemple dans to go canyoning.
❏  Le mot (début des années 1990) désigne un sport de plein air qui consiste à parcourir (en général à descendre) des cours d'eau encaissés, en mêlant techniques d'escalade, de marche, de nage en eau vive, parfois de spéléologie.
❏  Une francisation partielle est CANYONISME n. m.
CANONICAT n. m. est emprunté (1611) au latin médiéval ecclésiastique canonicatus « bénéfice de chanoine » (XIIe s.), dérivé de canonicus (→ chanoine).
❏  Le mot, avec son sens de « bénéfice, dignité de chanoine », a évincé l'ancien chanoinie (XIIe s.), dérivé de chanoine. Par extension, il s'est employé au sens figuré de « sinécure, place lucrative peu fatigante » (1798), sorti d'usage.
CANOPE adj. et n. m. (1828 dans Champollion), est tiré du nom de la ville de Basse-Égypte (latin Canopus, grec Kanôbos) où l'on employait dans le culte du dieu Osiris des vases en terre ayant un couvercle surmonté d'une figure humaine.
❏  Le mot désigne et qualifie ce type de vase funéraire égyptien et, par analogie, étrusque.
CANOPÉE n. f. semble être la francisation de l'anglais canopy « dais », pris au grec konopeion « tente ».
❏  Le mot, diffusé dans les années 1980, le contexte étant l'écologie, désigne la partie supérieure d'une forêt, formée par la cime des grands arbres et son feuillage.
CANOT n. m. est la réfection graphique, à l'aide du suffixe -ot (1599), de canoe (1519), emprunt à l'espagnol canoa (1492), lui-même emprunté à une langue indienne des Bahamas, l'arawak (→ canoë).
❏  Le sens d'emprunt, concernant une pirogue indienne, a disparu au XVIIIe s., sauf au Canada, où le mot conserve les valeurs que possède canoe en français de France, de Belgique et de Suisse. En Europe, canot désigne, par adaptation culturelle (1677) et en concurrence partielle avec barque, de petites embarcations à rames, à voile ou à moteur, avec des syntagmes déterminés (canot de plaisance, canot de sauvetage, canot pneumatique). Les contextes d'emplois sont souvent maritimes et le mot, dans l'usage des marins, notamment en Bretagne, est souvent du féminin, se prononçant avec le t sonore. ◆  À Madagascar, en français de l'océan Indien, canot ou CANOTE n. m. s'emploie pour une embarcation légère, pontée à l'avant, destinée à la pêche côtière.
❏  CANOTIER n. m. semble un dérivé indépendant de l'ancien canautier (XVIe-XVIIe s.) qui désignait l'occupant d'un canot au sens initial. Repris au XIXe s. (1837), le mot désigne l'amateur de canot de plaisance. ◆  Ce sens a vieilli, mais le mot se maintient au sens métonymique de « chapeau de paille à bords étroits et fond plat » (1903, Colette), ce chapeau ayant été à la mode chez les amateurs de ce sport. Par métonymie, canotier a désigné dans les années 1900 les porteurs de ce chapeau, avec l'idée de loisir élégant.
CANOTER v. intr., « pratiquer la promenade en canot, en barque » (1858), et son dérivé probable CANOTAGE n. m., dont l'attestation en 1843 laisse présumer l'emploi antérieur du verbe, bien que caractéristiques des loisirs de la seconde moitié du XIXe s. et de la Belle Époque, sont restés en usage. ◆  Canoter et canotage existaient dans un tout autre contexte, celui des embarcations de style amérindien, en français du Canada, dès le XVIIe siècle (canoter, 1668 ; canotage, 1682) ; CANOTEUR (1670) désignait, à l'époque des coureurs de bois, un homme qui faisait métier de transporter en canot hommes et marchandises, y compris le portage.
CANTABILE adv., adj. et n. m. est emprunté (1757) à l'italien cantabile « facile à chanter, mélodieux, musical » (XVIe s.), substantivé comme terme de musique. Le mot, qui correspond au français chantable, est emprunté au bas latin cantabilis « digne d'être célébré », pris au sens de « destiné à être chanté, semblable à un chant », dérivé de cantare (→ chanter).
❏  Le mot, d'abord repéré comme nom, puis en emplois adjectif (1803), notamment dans moderato cantabile, et adverbial, désigne en musique un mouvement lent et expressif, souvent empreint de mélancolie.
CANTAL n. m., attesté en 1643 dans le titre d'un poème de Saint-Amant, est tiré du nom d'un massif volcanique et d'une région d'Auvergne où se fabrique ce fromage à pâte ferme et à croûte dure. Le nom de la région remonterait à une racine préceltique °canto « pierre, rocher », attestée par le basque cantal « pierre ».
CANTALOUP n. m. (1791), d'abord cantaloupe (1775), est issu d'un nom de lieu, probablement Cantalupo, nom d'une localité située près de Rome où cette variété de melon était cultivée. Cependant, le substantif étant inconnu en italien, on a aussi invoqué Cantaloup dans l'Hérault.
❏  Le mot désigne une variété de melon rond à côtes saillantes et chair orange très sucrée.
CANTATE n. f. est emprunté (1703) à l'italien cantata (fin XVIe s.), participe passé passif substantivé, au féminin, de cantare (→ chanter), mot formé comme ceux qui ont donné sonate et toccata.
❏  Le mot désigne un poème lyrique destiné à être mis en musique et chanté et, plus couramment, une pièce vocale, religieuse ou profane, composée de récitatifs, d'airs et de duos (les Cantates de Bach).
CANTATRICE n. f. est emprunté (1746) à l'italien cantatrice (XIIIe s.) « chanteuse », spécialisé au sens de « artiste lyrique ». Le mot italien est emprunté au latin cantatrix (comme son masculin cantatore l'est à cantator) « chanteuse » et aussi « magicienne », du verbe cantare (→ chanter).
❏  Le mot, introduit en parlant des chanteuses italiennes, désigne aujourd'hui toute artiste lyrique, virtuose du chant.
CANTHARIDE n. f. est emprunté (1314) au grec kantharis, -idos « scarabée » (probablement la cantharis vesicatoria utilisée en médecine), également nom de poisson et de plante. Ce mot, transcrit dans le latin cantharis (Pline), est dérivé de kantharos « scarabée », appliqué notamment au bousier, terme qui a développé de nombreux sens figurés : « coupe à boire », « barque », « sorte de poisson ». L'origine du mot est obscure : un rapprochement avec le nom de l'âne, kanthôn, a été proposé mais ce peut être aussi un terme de substrat.
❏  Le mot, désignant un coléoptère vert doré, a été introduit en médecine où, par métonymie, il désigne une préparation officinale à base de cantharides séchées et pulvérisées (1575). En référence aux vertus aphrodisiaques de cette préparation, le mot a été employé par métaphore au sens d'« allumeuse » (1911).
❏  En dehors de CANTHARIDIEN, IENNE adj. et n. (1838), dont le masculin pluriel a servi à dénommer une famille de coléoptères, les dérivés se rapportent à l'usage officinal de la cantharide : CANTHARIDINE n. f. (1832), CANTHARIDER v. tr. (1892), « saupoudrer de cantharide », et le participe passé CANTHARIDÉ, ÉE qui s'est employé adjectivement avec le sens de « leste, érotique » (1896), sorti d'usage.
CANTILÈNE n. f. est emprunté (apr. 1477) au latin cantilena « petit chant, refrain, air rebattu » et « chant, chanson ». Ce mot est dérivé de cantilare « fredonner, chanter », diminutif de canere « chanter » (→ chanter). Le correspondant italien du mot, cantilena, attesté dès le XIVe s. au sens de « chant, psalmodie » et depuis le XVe s. au sens de « mélodie monotone », a pu exercer une influence ou servir d'intermédiaire.
❏  Le mot a désigné un chant profane d'un genre simple, parfois opposé au motet, chant religieux. Il a dénommé un type de littérature musicale médiévale consistant en un chant monodique en langue romane, dérivant des séquences en latin (ces cantilènes, par exemple celle de sainte Eulalie [881], ont été ainsi désignées plus tard). ◆  Par extension, il a été repris au XIXe s. à propos d'une chanson, d'une romance simple et monotone (1817, Stendhal, dans un contexte italien).
CANTINE n. f. est emprunté (1680) à l'italien cantina « cave, cellier » (apr. 1250), dérivé de canto « angle » d'où « coin retiré, débarras » (→ canton, 2 chant).
❏  Le mot désigne d'abord un petit coffre utilisé dans l'armée pour transporter des bouteilles, puis une malle d'officier (1877) d'où, couramment, une malle solide, souvent en métal. ◆  Une autre valeur du mot, en français d'Afrique, est « récipient pour un repas, gamelle ». ◆  La valeur étymologique s'est développée, d'abord à propos d'un magasin fournissant les troupes en tabac (1720), puis en vin, en bière (1740). De là, par extension, le mot a développé son sens moderne en français d'Europe, « lieu où l'on sert à boire et à manger pour une collectivité » (1845), d'où cantine scolaire (familièrement cantoche) et cantine d'entreprise (auquel on préfère parfois le titre de restaurant). Cantine se dit familièrement d'un lieu public où l'on mange régulièrement (c'est sa cantine). ◆  En français québécois, cantine mobile se dit d'un service de restauration automobile faisant la tournée de chantiers, d'établissements, pour servir des repas rapides aux travailleurs. ◆  En français d'Afrique, de la Réunion, le mot s'applique au stand d'un commerçant ou (Réunion) au débit de boisson sur un marché.
❏  CANTINIER, IÈRE n. et adj. (1762) s'est employé comme nom, surtout féminin, jusqu'en 1914-1918 au sens de « personne qui suit les troupes en campagne pour leur vendre boisson et nourriture » : il survit par des chansons et allusions historiques. ◆  Son emploi au sens général de « personne qui tient une cantine » est sorti d'usage de même que son emploi adjectivé pour qualifier ce ou celui qui porte la cantine (1825).
■  CANTINER v. intr. est apparu dans l'argot du bagne (1927) pour « reverser une partie de ses gains pour constituer un pécule à sa libération », puis dans celui des prisons, où il signifie « faire des achats à la cantine ». Il s'est élargi à d'autres contextes.