CAPITATION n. f. est emprunté (1584) au bas latin capitatio, nom d'un impôt introduit dans l'Empire romain sous Dioclétien consistant en un impôt foncier puis également (IVe s.) en une taxe sur le travail, établie par groupe de trois hommes ou quatre femmes formant chacun un caput. Le mot est dérivé de caput « tête » dans ce sens abstrait (→ chef).
❏  Le mot a désigné un impôt féodal puis un impôt extraordinaire de guerre créé par Louis XIV en 1695, supprimé en 1698 et rétabli en 1701 de manière permanente ; il pesait sur tous les sujets pour une somme fixe avant d'être mieux proportionné à la fortune de chacun et de devenir un simple impôt annexe de la taille. Il a été supprimé avec d'autres impôts de l'Ancien Régime sous la Révolution.
CAPITEUX, EUSE adj., attesté jusqu'en 1740 sous la forme capitoux (fin XIVe s.), est emprunté à l'italien capitoso « obstiné ». Ce mot, attesté sous la forme capitosus en latin médiéval (1171), est dérivé du latin caput « tête » (→ chef).
❏  Le sens du mot s'est déplacé de l'idée d'« obstiné » (Cf. têtu, entêté) au sens moderne de « qui excite les sens », attesté une première fois au XVIe s. (v. 1588) en parlant d'une femme, repris au XIXe s. à propos d'un parfum, d'un alcool, et aussi d'une femme. Le rapport à l'étymologie (« qui monte à la tête ») ne s'y est jamais perdu, le mot ayant été synonyme d'entêté, puis d'entêtant.
CAPITON n. m. est emprunté (1386) à l'italien capitone « fil de soie de grosseur irrégulière, renflement dans un fil de soie » (fin XIIIe-mil. XIVe s.). Lui-même est dérivé, avec le suffixe augmentatif -one, du radical capit- du latin caput, -itis « tête » (→ chef), le sens propre de « grosse tête » faisant allusion aux renflements du fil.
❏  Capiton est un terme de tapisserie désignant une bourre de soie qu'on employait surtout pour le rembourrage des sièges. Par métonymie, il désigne chacune des divisions formées par la piqûre dans un siège rembourré et piqué (1857).
❏  CAPITONNER v. tr. a existé aux XVIe et XVIIe s. sous la forme pronominale se capitonner « se couvrir la tête » (1546). Repris en 1842, il signifie aujourd'hui « rembourrer un siège » et plus généralement « garnir confortablement » (comme ferait un capiton). Par métaphore, son participe passé s'applique adjectivement à une personne bien en chair (1861 ; d'abord argotique).
■  Du verbe est dérivé CAPITONNAGE n. m. (1871).
CAPITOUL n. m., d'abord capitoux (1389) puis capitoul (1513), est emprunté à l'ancien provençal capitol, issu par ellipse de l'expression languedocienne °senhor de Capitol, ce dernier terme étant attesté au sens de « assemblée municipale » (1221 pour Montauban). Il est issu du latin médiéval capitulum (→ capitulaire), dérivé diminutif de caput « tête » (→ chef), employé d'abord à propos d'une assemblée de moines ou de chanoines réguliers (IXe s.) et dès 1158 en parlant des officiers municipaux de Toulouse (indirectement par capitularii).
❏  Le mot s'applique au titre porté par les magistrats de Toulouse au moyen âge et jusqu'à la Révolution.
❏  CAPITOULAT n. m., réfection du XVIIe s. (av. 1626) de capitolat (1567), forme attestée jusqu'au XVIIe s., est l'adaptation du latin médiéval capitulatus, attesté au sens de « charge de capitoul de Toulouse » aux XIIIe et XIVe siècles. C'est un dérivé de capitulum.
■  Le mot désigne la charge de capitoul à Toulouse et, par métonymie, la circonscription territoriale régie par un capitoul (av. 1626), le temps pendant lequel durait cette fonction, et l'ensemble des capitouls.
CAPITULAIRE adj., d'abord capitulere (XIIIe s.) puis capitulaire (1486), est emprunté au latin médiéval capitularis « qui se rapporte au chapitre d'un couvent » (fin XIe s.), dérivé de capitulum « chapitre, assemblée de moines » (IXe s.), mot qui, dans un contexte laïque, a donné capitoul*.
❏  Ce terme de droit canonique qualifie ce qui se rapporte à un chapitre de chanoines, de religieux, spécialement dans acte (av. 1680), lettre (1838) et salle capitulaire (1843).
❏  CAPITULAIREMENT adv. « en chapitre » (une fois en 1403, capitulerement), repris à partir de 1611, est rare.
CAPITULE n. m. est emprunté (1721) au latin capitulum, diminutif de caput « tête » (→ chef), et s'est employé à basse époque à propos d'un chapitre, un article (surtout de la Bible) et, par métonymie, à propos de la lecture d'un chapitre de l'Écriture pendant l'office divin.
❏  Le mot a été repris simultanément comme terme de liturgie (1721) et, par retour au latin classique, en botanique pour désigner une inflorescence composée de fleurs nombreuses et serrées (1732).
CAPITULER v. intr. est emprunté (1370) au latin médiéval capitulare « énumérer, faire un rapport point par point » (778) et « stipuler dans une convention, convenir » (XVe s.), dérivé du latin classique capitulum « article », de caput « tête » (→ chef) qui a donné les termes religieux capitule* et capitulaire*.
❏  Le sens ancien de « diviser en parties » s'est perdu au XVIIe s. au profit de celui de « convenir d'un accord, d'un traité » (1540). ◆  Celui-ci s'est immédiatement spécialisé dans le domaine militaire (XVIe s.) où il a d'abord exprimé l'idée de traiter des conditions de reddition, puis de se rendre à l'ennemi (1751). Le sens métaphorique, « abandonner une position intransigeante » (av. 1696), est devenu « renoncer ».
❏  L'idée de « lâcheté » s'attachant au fait de « se rendre », le mot a produit, par suffixation péjorative, le dérivé CAPITULARD, ARDE n. m. et adj. (1871) « partisan de la reddition », d'abord dans le contexte de la guerre de 1870.
CAPITULATION n. f. est emprunté (av. 1528) au latin médiéval capitulatio « convention » (XVe s.), déjà attesté en bas latin au sens de « récapitulation », et dérivé du supin de capitulare, capitulatum.
■  Le mot, introduit au sens de « convention, pacte, accord », l'a conservé dans le vocabulaire du droit international (av. 1591) et dans certains emplois historiques. La spécialisation militaire pour « convention qui règle les conditions auxquelles se rend une place » (1636) s'est imposée comme le sens le plus courant. Il s'en est dégagé un sens figuré « abandon d'une position intransigeante » (1713), puis « renonciation ».
❏ voir RÉCAPITULATION, RÉCAPITULER.
CAPON, ONNE n., attesté depuis 1628, est probablement à considérer comme la forme provençale ou normanno-picarde correspondant à chapon*. Ses rapports avec le fourbesque (ancien argot italien) accaponi « mendiants couverts de fausses plaies » (1628) sont mal élucidés.
❏  Le sens argotique de « faux mendiant coupeur de bourse » puis « jeune fripon » (1690) est interprété par allusion aux ergots du chapon, mais cette image ne convainc pas ; comme pour l'argot italien, l'idée dominante semble être celle de tromperie. ◆  La reprise du mot au sens de « lâche, poltron » (1808) et, en argot scolaire, d'« élève qui dénonce ses camarades » (1808), ferait référence à la couardise prêtée au chapon, animal châtré (Cf. le sens de l'anglo-américain chicken) ; il a vieilli et ne s'emploie guère. Le sens ancien de « prêteur dans une maison de jeu » (1713) est obscur. Le mot est archaïque ou régional ; il est encore d'usage normal en français de la Réunion, de la Louisiane, de Saint-Pierre et Miquelon, là où on dirait peureux, lâche, en français d'Europe.
❏  CAPONNER v. (1704), apparu dans l'argot des écoliers pour « tromper ses camarades », s'est employé familièrement avec les sens de « dénoncer » (1808) et, transitivement, « flatter, flagorner » (1845) ; il est sorti d'usage. ◆  CAPONNERIE n. f. (1852) et CAPONNADE n. f. (XXe s.) ont parfois cours dans un style littéraire avec le sens de « poltronnerie ».
CAPONNIÈRE n. f. est emprunté (1671) à l'italien cap(p)oniera, attesté comme terme militaire au XVIIe s. ; les rapports avec le correspondant espagnol caponera, de même sens au XVIIe s., sont difficiles à établir. Le mot est issu, par métaphore, du sens de « cage où l'on engraisse les chapons », attesté au XIVe s. par la forme latine médiévale caponaria, de cappone (→ chapon).
❏  Le mot désigne, en termes de fortification, un chemin établi dans le fossé à sec d'une place forte pour communiquer d'un ouvrage à l'autre. Il a été repris en technique (chemins de fer) comme nom de la niche aménagée dans la paroi d'un tunnel pour s'abriter au passage d'un train (1905, in T. L. F.).
CAPORAL, AUX n. m. (av. 1520) fait partie de la vague d'emprunts de termes militaires italiens (comme colonel, cavalier, bataillon, fantassin, infanterie) dus, au XVIe s., à la nécessité technique du remplacement de l'ancienne chevalerie médiévale par une cavalerie purement militaire. Il est l'adaptation de l'italien caporale, proprement « principal », substantivé comme terme militaire (XIVe s.), dérivé de capo « tête » (→ chef).
❏  Vague au départ, et proche de celui des mots de même famille chef*, capitaine*, le sens de caporal s'est précisé (av. 1571) en « militaire ayant le grade le moins élevé » (le caporal-chef lui étant immédiatement supérieur). L'appellation de Petit Caporal fut donnée à Napoléon par les soldats d'Italie : ils avaient décidé de lui donner un nouveau grade à chacune de ses victoires, en commençant par le plus humble, qui lui resta. ◆  Concurremment avec le syntagme tabac de caporal (1841), caporal (1833) désigne un tabac ordinaire mais supérieur au tabac de troupe*.
❏  Le mot, avec une idée d'« autorité mesquine et tatillonne », a produit les dérivés CAPORALISER v. tr., d'abord intransitivement (1829) puis transitivement (1866), et CAPORALISME n. m. (1852, Hugo, dans Napoléon le Petit, qui stigmatise Napoléon III).
1 CAPOT, 1 CAPOTER → CAPE
2 CAPOT adj. et n., attesté en 1619, est d'origine inconnue, peut-être en rapport avec une série de verbes dialectaux de l'ouest de la France, caper, se caper, s'acaper « se cacher, se renfrogner », eux-mêmes dérivés de cape. Mais ce rapport avec 1 capot n'est pas certain.
❏  Le mot s'est employé en jeux de cartes pour qualifier la personne qui n'a fait aucune levée. Puis, il a pris le sens d'« humilié » (1690). ◆  Le mot a été pris par l'allemand kaputt « vaincu » (1652) d'où « tué ». Ce mot a été réemprunté par le français (1718), sans doute à l'occasion de la guerre de Trente Ans.
■  KAPOUT, aussi écrit CAPOUT, s'est dit des personnes tuées, vaincues et de choses détruites.
? 2 CAPOTER v. tr. est formé (1792) sur le terme de marine 1 capot n. m., uniquement employé (1689) dans faire capot « chavirer » (d'un navire). Cette expression vient elle-même soit du terme de jeu 2 capot (→ cape), soit d'une altération du provençal far caboto « saluer, faire la révérence », peut-être par une forme provençale intermédiaire °far capota « plonger la tête en avant » où capota est dérivé de cap « tête » (→ cabotin, cap). Sa relative fréquence a causé l'élimination de l'homonyme 1 capoter « mettre une capote à » (→ cape).
❏  Capoter, terme de marine, s'est répandu aux dépens de la locution faire capot. ◆  Par extension, il est employé en parlant d'une automobile (1907), d'un avion (1928) qui se renverse, se retourne, et au figuré avec le sens d'« échouer » (l'entreprise a capoté). ◆  En français québécois, le verbe s'emploie pour « s'affoler, perdre la tête ». Dans cette acception, il entraîne deux adjectifs participes, CAPOTANT, ANTE, « affolant, renversant », et CAPOTÉ, ÉE, « entiché » (il est capoté pour sa blonde).
❏  CAPOTAGE n. m. (1907) se dit d'un véhicule et (1928) d'un avion.
CAPPUCCINO → CAPUCIN
CÂPRE n. f., d'abord capre (1474) puis câpre (1762) pour noter l'allongement du a, est emprunté à l'italien cappero (1340) accentué sur la première syllabe, et désignant à la fois l'arbre et son bouton, issu du latin impérial de même sens capparis. Ce mot est emprunté au grec kapparis (encore en grec moderne), lui-même pris à une langue indéterminée.
❏  Le mot désigne le bouton à fleur du câprier confit dans le vinaigre. Par analogie de couleur avec le bouton brun olivâtre, il est employé aux Antilles à propos d'une personne métissée de noir et de mulâtre (1842 au féminin capresse, sans accent).
❏  L'ancien nom de l'arbre, cappier (1517), a été refait correctement en CÂPRIER n. m. (1562). Câpre a donné le nom d'une grosse variété de fraise, CÂPRON n. m. (1462) en référence à sa saveur aigre. On en a dérivé CÂPRONIER ou CÂPRONNIER n. m. (1796), nom d'une variété de fraisier très cultivée avant l'apparition des fraisiers à gros fruits hybrides.
CAPRICANT → CAPRIN
CAPRICE n. m. est l'adaptation (1558) de l'italien capriccio, dérivé de capo « tête » (→ chef) par une forme caporiccio « tête frisée, hérissée », qui a signifié « frisson d'horreur, de peur » (XIIIe s.) — peut-être parce que les cheveux se dressent sur la tête sous l'effet de la peur — avant de prendre au XVIe s. le sens de « désir soudain et bizarre qui monte à la tête » (Cf. capiteux), « idée fantasque », et de devenir un terme d'esthétique. Cette évolution de sens témoigne d'une influence probable du latin caper « bouc » (→ chèvre).
❏  Caprice recouvre à la fois la disposition d'esprit à des changements fréquents (le caprice) et l'effet de cette disposition (un caprice, les caprices d'un enfant). En l'absence de verbe correspondant, on emploie la locution faire un caprice, mais avoir un caprice s'entend spécialement au sens d'« avoir une amourette passagère ». ◆  Considéré négativement par l'idéologie classique qui y voit un dérèglement d'esprit (1690), le caprice est valorisé à l'époque romantique qui remet à l'honneur l'acception esthétique du mot entendu comme « œuvre d'art inspirée par le génie et s'écartant des règles ordinaires », idée qui était déjà au cœur de l'art baroque (XVIe-XVIIe s.) et qui commande des termes d'art comme arabesque, grotesque, baroque. La forme italienne a été reprise telle quelle dans le domaine musical où CAPRICCIO n. m. (v. 1800) désigne une pièce pleine de fantaisie, et parfois d'inspiration folklorique (le Capriccio italien de Tchaïkovski).
❏  CAPRICIEUX, EUSE adj. (1584) est l'adaptation de l'italien capriccioso « qui a des lubies ; personne à l'imagination riche et étrange » (XVIe s.), de capriccio.
■  L'adjectif est usuel en parlant des personnes, notamment d'enfants, et des actes. En art, il correspond au sens spécial de caprice. Il a produit CAPRICIEUSEMENT adv. (1612).
❏ voir CAPRICANT (art. CAPRIN).
CAPRICORNE n. m. est emprunté (1115-1130) au latin capricornus, de caper « bouc » (→ chèvre) et cornu (→ corne), formé sur le modèle du grec aigokereus « aux cornes de chèvre », de aix, aigos « chèvre » et keras « corne » (→ kératine). Ce terme désigne un animal fabuleux à tête et corps de chèvre, à queue de poisson, placé par Jupiter au ciel sous la forme de la constellation du même nom.
❏  Le mot, introduit comme terme d'astronomie (tropique du Capricorne) et d'astrologie, a été repris ultérieurement par les zoologistes pour servir de nom à un insecte à cornes (1753) et à une race d'antilope d'Asie (1803).
CAPRIN, INE adj. est emprunté (v. 1250) au latin caprinus, dérivé de capra (→ chèvre).
❏  Le mot a été repris pour servir d'adjectif à chèvre dans le langage didactique.
❏  Le radical latin a servi à la formation savante du terme générique CAPRINÉS n. m. pl. en zoologie (1907 dans les dictionnaires) ainsi que de CAPRICANT, ANTE adj., réfection tardive de caprisant (1589) d'après le c de caprice et la structure d'adjectifs comme mordicant, vésicant. Ce mot, utilisé dans le langage soutenu au sens propre de « qui procède par bonds saccadés », a pris, par rapprochement avec capricieux, le sens figuré de « fantasque » (1862).
CAPSULE n. f., d'abord casule (1478) puis capsule (1532), est emprunté au latin capsula « petit coffret », employé spécialement en anatomie à l'époque médiévale (1110-1120). Ce mot est le diminutif de capsa « boîte, caisse » (→ caisse, châsse).
❏  Le mot est introduit en anatomie pour désigner l'enveloppe ligamenteuse de certains organes ; en botanique, il dénomme l'enveloppe renfermant les graines de certaines plantes. ◆  Le sens plus général d'« objet creusé en forme de boîte » (1611) donnera lieu à divers emplois techniques, en chimie (1690), en armurerie (1834, « amorce ») et en pharmacie (1863). Le sens courant, « enveloppe métallique recouvrant le bouchon et le goulot d'une bouteille », est employé depuis le milieu du XIXe s. (Cf. capsuler).
❏  Le dérivé CAPSULAIRE adj. (1690) correspond aux emplois du substantif en anatomie et en botanique.
■  Sur CAPSULER v. tr., « munir d'une capsule le goulot d'une bouteille » (1845), ou sur capsule même, a été formé le composé plus courant DÉCAPSULER v. tr. (1929), d'où DÉCAPSULEUR n. m. (1929).