CAPTER v. tr. est emprunté (XVe s.) au latin captare « chercher à saisir » d'où « faire la chasse à, convoiter », dérivé itératif de capere « prendre », conservé uniquement dans ses dérivés (→ chasser) et lui-même évincé par prehendere (→ prendre).
❏  Le mot est d'abord employé au sens figuré de « gagner d'une manière insinuante » dans l'expression capter la bénévolence, calquée du latin captare benevolentiam et modifiée en capter la bienveillance. Déclaré vieilli par Furetière en 1690, il semble toutefois reprendre vie au XVIIIe s., élargissant la sphère de ses emplois (1762, capter les suffrages). C'est probablement dès cette époque (malgré le défaut d'attestation avant 1845) qu'il est employé en droit.
■  C'est aussi au XIXe s. que capter prend la valeur concrète et technique de « recueillir les eaux d'une ou plusieurs sources au moyen de tranchées, d'aqueducs » (1863), dont viennent par extension celles de « recueillir une source d'énergie » (→ capture) et, au XXe s., « intercepter un message, une émission » dans le contexte des techniques audiovisuelles.
■  Un sens figuré et familier récent est « comprendre, piger ».
❏  Capter n'a donné directement que CAPTAGE n. m., enregistré en 1863 par Littré et surtout employé dans le domaine technique, et CAPTABLE adj. (av. 1958).
■  Au XXe s. apparaît un dérivé savant du radical latin de captare, CAPTATIF, IVE adj. (1946), employé en psychologie pour caractériser un sujet qui cherche à accaparer autrui. ◆  Ce mot a pour dérivé CAPTATIVITÉ n. f. (1951).
CAPTATION n. f. est emprunté (XIVe s.) au dérivé latin captatio « action de chercher à saisir », surtout employé dans des syntagmes lexicalisés comme captatio verborum (Cicéron) « chicane de mots », benevolentiae captatio « manœuvres faites pour conquérir les bonnes grâces de qqn » et, en droit, captatio testamenti.
■  Les significations du mot français sont, comme en latin, caractérisées par une prédominance des emplois figurés. D'abord attesté occasionnellement dans le contexte de la rhétorique antique puis dans l'expression calquée du latin captation de benivolence (1520), le mot s'est répandu à partir du XVIIIe s. où il a reçu son acception juridique (1752). ◆  Le sens concret (1934), correspondant à celui de capter, ne réussit pas à concurrencer captage, recommandé officiellement, même dans son extension en techniques audiovisuelles, où la nominalisation de capter une émission, un programme n'est pas usuelle.
■  CAPTATOIRE adj. (1771) appartient au langage juridique.
CAPTATEUR, TRICE n., emprunt (1606) au dérivé latin captator employé (Horace) en contexte juridique, est peu usité sauf dans captateur d'héritage, de succession, en dépit de quelques emplois métaphoriques d'ordre littéraire.
CAPTEUR, EUSE adj. et n. est emprunté (1777-1783) au dérivé bas latin captor « celui qui prend » (saint Augustin). ◆  Ce sens d'emprunt a vieilli en dehors d'acceptions spécialisées en marine, à propos d'un navire qui s'empare d'un autre (1783), usage isolé par rapport à capter et à captation, et en droit (1842, capteur de la succession). ◆  Au XXe s., le mot a été repris comme nom d'un dispositif permettant de détecter un phénomène physique sous la forme d'un signal (v. 1960) et permettant d'emmagasiner de l'énergie solaire pour produire de l'énergie thermique. Cette acception technique semble avoir éliminé les autres.
❏ voir CAPTIEUX, CAPTIF et CAPTIVER, CAPTURE.
CAPTIEUX, IEUSE adj., d'abord écrit capcieux (1389), est emprunté au latin captiosus « trompeur », substantivé au neutre pluriel captiosa pour désigner les sophismes. Ce mot est dérivé de captio, substantif d'action de capere (→ captif, captation, chasser), spécialisé dans le sens péjoratif de « duperie, sophisme ».
❏  Le mot, avec le sens du latin, relève en français d'un usage soutenu. Il tend à vieillir comme qualificatif d'un nom de personne.
❏  CAPTIEUSEMENT adv. (XIVe s.) est didactique et rare.
CAPTIF, IVE adj. et n. est emprunté (1450) au latin captivus, dérivé du supin de capere « prendre » (→ capter, chasser). Le mot qualifie et désigne le prisonnier ; depuis Sénèque, il est également employé avec la valeur morale de « prisonnier de passions » ; celle-ci est fréquente chez les auteurs chrétiens en parlant de l'homme prisonnier du péché, spécialement chez saint Augustin, à propos de celui qui, prisonnier de Satan, ne peut se libérer par ses propres forces parce que la grâce lui manque. Ce développement explique l'évolution du mot latin vers la valeur psychologique de « malheureux, misérable » (IVe s.).
❏  L'hétérogénéité sémantique du mot latin est résolue dès l'ancien français : captif hérite du sens de « prisonnier » tandis que son doublet de formation populaire, chétif*, se spécialise au sens de « malheureux, à plaindre ». ◆  Le mot captif, comme adjectif, est assez littéraire (un oiseau captif). Comme nom s'appliquant aux humains, il est surtout historique, et moins courant que esclave ou que prisonnier. Dans l'histoire de l'Afrique, on appelle captif de case, un esclave attaché à une famille, et captif de la Couronne celui d'un souverain. Le mot captif (comme esclave) s'emploie encore en français d'Afrique pour désigner (sans hostilité ni même péjoration) un(e) descendant(e) d'anciens captifs. ◆  En français d'Europe, le mot a conservé le sens figuré « asservi moralement à qqn » (1488) et spécialement « dominé par ses passions » (1671), nuance aujourd'hui très littéraire. ◆  Au XIXe s. (1845), le mot a été repris pour qualifier des choses maintenues immobiles (ballon captif) et au XXe s. des particules intégrées à un système atomique ou nucléaire (opposé à libre).
❏  CAPTIVITÉ n. f. est emprunté (XIIIe s.) au latin captivitas « état de celui qui est prisonnier », de captivus. ◆  Il a éliminé l'ancien français chaitiveté de même sens, de formation populaire et signifié « état de captif », servant dès lors de substantif d'état à prisonnier, notamment dans le contexte de la guerre.
CAPTIVER v. tr. est emprunté (XVe s.) au dérivé bas latin captivare (IIIe-IVe s.) « faire prisonnier », au figuré « accaparer l'esprit », également « ruiner, dévaster » et « s'approprier une terre inculte ». ◆  Le verbe, employé en moyen français comme pronominal pour « se soumettre », disparu au XVIIe s., et comme transitif pour « faire captif » (1488), a supplanté l'ancien doublet populaire chaitiver (XIIIe s.) mais a lui-même décliné au profit de capturer*. ◆  Le sens figuré de « impressionner favorablement, séduire » (av. 1559) a alors pris son essor, consommant la séparation sémantique de captiver et de captif, captivité. La construction du verbe avec un nom de personne pour sujet et un nom de chose pour objet (captiver l'attention), relativement proche de capter*, est de nos jours stylistiquement marquée. Le verbe ne s'emploie plus guère qu'avec un nom de personne pour complément.
Le participe présent CAPTIVANT, ANTE, adjectivé (1842, proposition de Richard de Radonvilliers) au sens de « fascinant », est courant ; il est en concurrence partielle avec d'autres adjectifs (passionnant, etc.).
❏ voir CHÉTIF.
CAPTURE n. f. est emprunté (1406) au latin captura, substantif d'action de capere (→ capter), « action de prendre », d'où par métonymie « prise (à la chasse, à la pêche) » et aussi « gain d'un mendiant », « salaire ». En latin médiéval, le mot s'applique à une prise de corps (1064-1065).
❏  En français, le sens de « prise de butin » est sorti d'usage, sinon dans le contexte spécial de la marine corsaire (1787) et de la saisie douanière (1740). La valeur concrète de « prise » qui en découle par métonymie est surtout réalisée dans ces domaines, ainsi qu'en pêche et en chasse. ◆  À partir du XVIe s., le mot désigne juridiquement et couramment l'arrestation d'une personne. ◆  Sous l'influence de capter*, il désigne techniquement (attesté 1873) l'action de capter une vapeur, un gaz (en physique) et un fleuve (en géographie fluviale). La physique atomique utilise le mot assez couramment, en relation avec captif*, pour désigner le processus par lequel une particule s'intègre à un système (atome, noyau).
❏  CAPTURER v. tr. (XVIe s.) « appréhender, arrêter (qqn) » s'est également employé en marine (1835), en relation avec capture, et, d'une manière générale, dans le contexte de la guerre. D'après capter et capture, le verbe s'emploie aussi en physique.
CAPUCE n. m., d'abord capuzze (1600) puis capuce (1618), est emprunté à l'italien capuccio, attesté dès le XIIIe s. sous la forme dialectale capuzzo (d'où capuzze), puis sous les formes capucio (déb. XIVe s.), cappuccia (XIVe s.), et dérivé de cappa (→ cape).
❏  Le mot est immédiatement distinct de capuche* et de capuchon*, ne désignant que le capuchon taillé en pointe que portent certains moines (→ capucin).
❏  1 CAPUCINE n. f. est dérivé (1694) de capuce par allusion à la forme en capuchon de la fleur. Le mot désigne une plante herbacée, à fleurs de couleur vive, et cette fleur. Il fournit un nom de couleur (1785) et s'emploie dans une ronde enfantine (« dansons la capucine ») pour des raisons obscures (image des robes qui forment « capuche » lorsqu'on s'accroupit à la fin de la ronde ?). ◆  Par analogie, le mot est passé dans le vocabulaire de l'armement à propos de chacun des trois anneaux de métal reliant le canon et le bois d'une arme à feu (1829), donnant lieu à des locutions figurées, être enfoncé jusqu'à la troisième capucine, être gris jusqu'à la troisième capucine (1867), aujourd'hui disparues.
❏ voir CAPUCHE, CAPUCIN.
CAPUCHE n. f. est une variante régionale du Nord (1507, en picard) de capuce ou capuchon, dérivé de cape* et -uche. Le moyen français a eu avec le même sens la série capeluche (1594), capeluce, capeluchon (XVIe s.).
❏  Le mot, d'abord régional, s'est maintenu dans de rares dictionnaires dialectaux du Nord avec l'indication « archaïque » ; il est signalé dans plusieurs régions comme un terme incorrect pour capuce ou capuchon. Il s'est diffusé en français central au milieu du XIXe s., avant d'être enregistré par Littré (1863) comme nom d'une coiffe de femme en forme de capuchon se prolongeant sous forme de pèlerine. De nos jours, il se dit d'un petit capuchon de poche ou amovible pour protéger des intempéries.
❏  CAPUCHON n. m., attesté depuis 1542, peut-être dès le début du XVe s. (selon Dauzat), n'est pas emprunté à l'italien cappuccione, attesté tard, mais probablement dérivé de capuche avec le suffixe -on, peut-être sous l'influence du correspondant italien cappuccio, dérivé de cappa (→ cape), d'abord capucio (déb. XIVe s.), cappuccia (XIVe s.) et dès le XIIIe s. par la variante dialectale capuzzo. Les variantes françaises du XVIe s., cappution (1551), capussion (1552), capuçon (1574), semblent témoigner d'une telle influence.
■  Le mot désigne la partie supérieure d'un vêtement en forme de bonnet ; à partir du XVIIIe s., il a reçu diverses acceptions spéciales par analogie de forme avec le vêtement : en botanique il dénomme (1762) le prolongement en forme de sac des pétales et sépales de certaines plantes, en marine (1783) la coiffe goudronnée qui couvre les haubans, en technique la garniture de tôle sur un tuyau de cheminée. Au XXe s., il désigne couramment la pièce filetée fermant et protégeant un stylo.
CAPUCHONNER v. tr. (1575) a été supplanté par le préfixé ENCAPUCHONNER v. tr. (1571), repris au XIXe s. avec le sens de « couvrir d'un capuchon ». En chemin de fer, le verbe s'est dit de l'opération consistant à fermer un capuchon de cheminée de locomotive (1861).
■  DÉCAPUCHONNER v. tr. fait suite (1611) au type descapluchonner (1566) ; il est beaucoup plus rare qu'encapuchonner.
❏ voir CAPUCE.
CAPUCIN, INE n., d'abord écrit capussin (1542), est emprunté à l'italien cappuccino (XIVe s.), proprement « qui porte un capuchon », employé spécialement pour désigner le membre d'une branche d'un ordre franciscain (XVIe s.) en raison du vêtement à grand capuchon porté par ces religieux. Ceux-ci constituent une congrégation de l'ordre des Frères mineurs, érigée par bulle le 3 juillet 1528 et autorisée en 1574 à s'installer au-delà des monts. Cappuccino est dérivé de capuccio « capuchon », lui-même emprunté par le français capuce*.
❏  Le mot, attesté au XVIe s. sous la double forme capucin, capuchin (v. 1580), désigne le religieux et, au féminin 2 CAPUCINE (1622), la religieuse de cet ordre ; il est quelquefois employé adjectivement (1585). La réputation de dévotion naïve attachée à ces moines a inspiré l'expression à la capucine « avec une dévotion excessive » ; leur barbe non taillée a donné lieu à la locution parler comme un capucin « du nez ». Barbe-de-capucin désigne une salade blanche (1863).
❏  CAPUCINADE n. f. (1724) désigne un sermon naïvement moralisateur comme ceux que les capucins avaient la réputation de faire. Il est sorti d'usage, comme CAPUCINIÈRE n. f. (1762), mot familier désignant au XVIIIe et au début du XIXe s. une maison de capucins et, au figuré, une maison très dévote.
Le mot italien CAPPUCCINO n. m. est passé en français (1937) avec son sens spécialisé de « café au lait mousseux » par allusion à la couleur marron beige de la robe des capucins.
1 CAPUCINE → CAPUCE
2 CAPUCINE → CAPUCIN
? CAQUE n. f. est d'origine incertaine, probablement emprunté (v. 1264) à l'ancien norrois kaggi, kaggr, kakki « tonneau », que l'on trouve dans le composé vinkaggr « petit tonneau de vin ». Bien que le mot français ait été rapproché de caquer dès le milieu du XIVe s., l'hypothèse d'une dérivation régressive de ce verbe se heurte à des difficultés chronologiques. L'hypothèse d'un emprunt au moyen néerlandais kaak, trop tardif, est écartée.
❏  Le mot désigne le baril où on empile les harengs salés ; par extension un tonneau servant à entreposer du vernis (1389), du vin (1405-1449), de la poudre (v. 1430), de la poix (1606), du suif fondu (1832). Par analogie de forme, il s'est appliqué au fourneau des ciriers qui évoque une barrique (1730). Ces techniques ayant pour la plupart disparu, le mot est archaïque, sauf à propos des harengs, par des syntagmes (harengs en caque) et des locutions (être serrés comme des harengs en caque) et un proverbe (la caque sent toujours le hareng) « on se ressent toujours de ses origines ». ◆  Le genre du mot, longtemps hésitant (surtout masculin au XVIIe s.), est fixé au féminin depuis l'édition de 1718 du Dictionnaire de l'Académie.
❏  CAQUETTE n. f. (1677), « baquet dans l'eau duquel les marchands gardent le poisson vivant », a disparu.
CAQUELON n. m. est l'adaptation, par l'intermédiaire du territoire de Belfort, d'un terme de Suisse romande (XVIIIe s.). Celui-ci est dérivé, avec le suffixe -on, de kakel que l'on trouve attesté dans le canton de Neuchâtel au XVe s. au sens de « brique vernissée ». C'est un emprunt au mot dialectal alémanique de Suisse Kakel « casserole de terre », aussi alsacien. Ce mot correspond à l'allemand Kachel, de l'ancien haut allemand chachala « pot de terre », lui-même représentant un latin populaire °cac(c)ulus, variante de caccabus, emprunt au grec kakkabos « marmite, chaudron ». Ce mot, qui subsiste en grec moderne, est probablement un emprunt mais sa source est inconnue.
❏  Le mot, surtout usité en Suisse romande et, en France, dans le domaine francoprovençal (Savoie, etc.), désigne une marmite en terre utilisée pour la fondue.
❏ voir CATELLE.
CAQUER v. tr. est emprunté (1340) au moyen néerlandais caken « faire une incision dans la branchie gauche des harengs pour enlever une partie des viscères » (néerlandais moderne kaken). Ce mot est dérivé de kaak (néerlandais cake) « mâchoire, joue, ouïe, branchie » dont l'origine est obscure. L'opinion souvent avancée selon laquelle ce procédé aurait été inventé en 1384 par Willem Beukelszonn, citoyen de Biervliet, est en contradiction avec le fait que le moyen français caqueharenc « hareng préparé » est attesté dès 1332 et lui-même emprunté au moyen néerlandais caecharine.
❏  Le mot, d'abord attesté dans le syntagme harens cakés, se dit de l'action de couper les ouïes des harengs et de les saler pour les empiler dans des tonneaux. Vers le milieu du XIVe s., le mot a été rapproché de caque*, glissant vers l'idée de « mettre en baril les harengs ainsi préparés ». ◆  Par analogie, ce sens a donné celui de « mettre en baril (de la poudre, du salpêtre, du suif fondu) » (1832), les barils étant nommés caques.
❏  ENCAQUER v. tr. (v. 1600) partage avec caquer le sens de « mettre (des harengs) en caque ». Il s'est employé au figuré pour « entasser (des personnes, des choses) dans un espace restreint » (1718) sans s'imposer. Il a produit ENCAQUEMENT n. m. (1772) et ENCAQUEUR, EUSE n. (1781).
CAQUAGE n. m. a été formé (1730) pour servir de substantif d'action à caquer, CAQUEUR n. m. (1723) désignant celui qui prépare les harengs avant de les mettre en caque. Il a été reformé comme nom d'instrument pour le couteau servant à caquer les harengs (1863). ◆  CAQÛRE n. f. (av. 1877), mot technique et rare, désigne les débris de harengs provenant du caquage et employés comme engrais.
CAQUETER v. intr., indirectement attesté dès 1320 par caqueteresse « femme bavarde », puis à partir du XVe s., est dérivé du radical onomatopéique kak- évoquant le piaillement de certains oiseaux. Cf. par exemple le latin cacillare « caqueter » et cacabare « crier (de la perdrix) », adaptation du grec kakabizein.
❏  Le mot est d'abord employé au sens de « bavarder », avec une nuance péjorative (1450), avant de se dire également de certains oiseaux (fin XVe s.), spécialement de la poule qui glousse au moment de pondre (1690).
❏  En sont dérivés CAQUET n. m. (1450) « bavardage indiscret, importun » d'où l'expression rabattre (XVe s.), rabaisser le caquet de qqn (1539), les synonymes CAQUETERIE n. f. (1418), CAQUETAGE n. m. (1556), également appliqué aux gloussements de la poule (1842), et CAQUÈTEMENT n. m. (1572, caquettement).
■  CAQUETEUR, EUSE n. et adj. (1507) caractérise une personne qui bavarde de manière intempestive.
■  CAQUETOIRE n. f. (1522) a désigné un type de siège à dossier haut, commode pour la conversation.
L 1 CAR conj. de coordination est issu du latin classique quare, littéralement « par quelle », de qua, ablatif du pronom relatif féminin (→ qui) et de re, ablatif de res « chose » (→ rien). Le mot sert d'adverbe interrogatif (« pourquoi ») et d'adverbe causal (« c'est pourquoi »). Son usage comme interrogatif est à l'origine d'un emploi comme conjonction de coordination, répandu en latin populaire, supplantant le latin nam dans les langues romanes. L'ancien français a eu également les formes quar (1050) et quer (1050), également issues du latin quare, selon qu'il est atone ou tonique ; l'hypothèse, pour quer, d'un croisement avec que ne semble pas nécessaire.
❏  L'usage du mot comme conjonction de coordination exprimant la causalité, attesté dès les premiers textes, est le seul qui se soit maintenu en français moderne. ◆  L'emploi de car comme adverbe causal au sens de « c'est pourquoi, en conséquence » (1050) a disparu au XVIe s. ; de même que la particule introduisant un ordre avec l'impératif (1050), un souhait avec le subjonctif (1050). L'usage de car comme conjonction de subordination, d'abord dans l'ancienne locution pour ce car (v. 1120), synonyme de pour ce que, puis de manière autonome (1167-1170), a disparu au XVIe s. au profit de parce que. ◆  Un syntagme comme la raison est car (1295), encore en usage au XVIIe s., est à l'origine des critiques formulées par Malherbe contre car, auxquelles répondirent les plaidoyers de Vaugelas et de Voiture. ◆  L'emploi substantivé du mot commence à se rencontrer au XVIIe s. dans l'ancienne expression sans ni et sans car « sans condition » (1616-1620).
2 CAR n. m. est emprunté (1873) à l'anglo-américain car « véhicule sur rails » (1830), lui-même spécialisation de l'anglais car « voiture » (XIVe s.) emprunté au français char* sous la forme normanno-picarde car.
❏  Le sens de « voiture de tramway, matériel roulant », seulement attesté dans un contexte anglo-américain, ne s'est pas maintenu. Au Canada le mot char a servi à rendre le mot américain au sens de « voiture ». ◆  L'acception moderne usuelle de « grand véhicule pour transporter des passagers hors des villes » (1928) en contraste avec autobus et bus, en France, est issue d'une abréviation d'autocar (1910), emprunt à l'anglais autocar (1895) [→ auto-], qui ne signifiait en anglais que « automobile ». ◆  Cependant, en français d'Afrique, de Madagascar, le mot s'applique à divers véhicules de transports en commun et de tourisme ; car rapide se dit d'un petit autobus privé. Car-brousse, qui dessert les villages, s'emploie à Madagascar. ◆  Car postal, car PTT, est propre au français de Suisse où ce service, qui transporte aussi des passagers, joue un rôle important.
❏ voir CAR-FERRY (art. FERRY).
CARABE n. m. est emprunté (1668), probablement par l'intermédiaire du latin scientifique carabus, attesté ultérieurement comme nom d'un coléoptère (1735, Linné), au latin carabus. Ce mot, qui désigne un crustacé du genre langouste, est emprunté au grec karabos, employé aussi métaphoriquement à propos d'un bateau léger (→ caravelle), également comme nom d'un scarabée cornu (Aristote) et qui est à l'origine de scarabée*. Karabos est un terme méditerranéen certainement emprunté, comme le suggère l'alpha long initial en grec attique.
❏  Le mot désigne un insecte coléoptère carnivore, notamment dans carabe doré.
❏  En est dérivé CARABIQUE adj. « qui ressemble à un carabe », substantivé au pluriel comme terme de classification zoologique (1838), puis sorti d'usage.
❏ voir SCARABÉE.
CARABIN n. m., apparu au XVIe s. (1583-1590) pour désigner un soldat de cavalerie légère, est d'origine incertaine. Ce mot serait peut-être une altération du moyen français (e)scarrabin « ensevelisseur des pestiférés » (1521), mot du domaine occitan qui appartient probablement à la famille de escarbot, nom d'un insecte fouillant la terre, le fumier (→ scarabée).
❏  L'expression carabin de Saint-Côme s'appliquait (1650) à un chirurgien. L'évolution sémantique s'expliquerait par la réputation des soldats dits carabins de faire rapidement passer leurs victimes de vie à trépas, réputation ironiquement partagée par les chirurgiens de cette époque (peut-être ressemblaient-ils également à des soldats, enrôlés sous la bannière de saint Côme, leur patron). Le mot s'est diffusé au sens d'« étudiant en médecine » (1803).
❏  De carabin est issu CARABINER v. tr. (1611) « tirailler à la manière des carabins », qui a disparu mais dont le participe passé CARABINÉ, ÉE s'est séparé et adjectivé (1687) d'abord pour qualifier une brise marine violente, intermittente — comme le feu des carabins — puis en général au sens de « très fort, intense » (1836) et, ironiquement, de « très fort en son genre, remarquable », le plus souvent en parlant d'une chose pénible (un rhume carabiné).
CARABINE n. f. (1611), d'abord charabine (fin XVIe s.), désigne proprement l'arme des carabins, soit primitivement une petite arquebuse puis (1694) une arme à feu légère à canon rayé, sens demeuré usuel et donnant lieu à syntagmes (tir à la carabine).
CARABINIER n. m. (1634) est dérivé de carabine au sens de « cavalier armé d'une carabine ». Il s'est appliqué au soldat d'un corps de cavalerie et au grenadier de l'infanterie légère armé d'une carabine (1835). ◆  Au sens de « gendarme italien » (1846), le mot est emprunté à l'italien carabiniere « du corps de policiers fondé en 1814 », mot lui-même dû au français. Celui de « douanier espagnol » (1906) est emprunté au mot espagnol de même sens (XIXe s. ; « soldat armé d'une carabine » au XVIIIe s.), également emprunté du français carabine.
CARABISTOUILLE n. f. semble être un composé de bistouille, l'initiale pouvant faire allusion aux mots de la famille de caramboler.
❏  Ce mot plaisant appartient au français de Belgique, où il est employé (1955) au sens de « baliverne », ou encore, d'après carambouille, « petite escroquerie ». Il tend à être connu en français de France.
CARACAL n. m. semble emprunté (1750) de l'espagnol caracal, lui-même d'origine orientale probablement, comme l'indique une forme karacoulac attestée en français dans une relation de voyage (1664), du turc qara qûlâq. Celui-ci signifie littéralement « oreilles noires » comme les dénominations de l'animal en arabe et en persan (d'où « chat aux oreilles noires »).
❏  Le mot désigne une variété de lynx vivant en Afrique et dans le sud de l'Asie.
CARACO n. m., attesté depuis août 1774, est d'origine incertaine : un emprunt à l'hispano-américain caracol, proprement « coquille d'escargot » (→ caracoler), qui désigne au Mexique une sorte de blouse de femme, n'est pas exclu bien que ce sens, difficile à expliquer à partir d'« escargot », puisse être aussi bien dérivé du français. P. Guiraud y voit une forme provençale de caracon, doublet de caraquin (1690), forme ancienne de casaquin (→ casaque). Un rapprochement avec le turc karaki, keriki « manteau large à manches » est douteux.
❏  Le mot désigne un corsage féminin porté ample sur une jupe froncée. Il est passé du langage de la mode à un usage régional évoquant le passé, avant d'être repris (v. 1960-1970 ?) à propos d'un sous-vêtement féminin couvrant le buste. ◆  En français d'Haïti, le mot s'applique à une longue robe, très ample, portée à la campagne.