? CASAQUE n. f., attesté depuis 1413, également hazaque (1509), est d'origine obscure, probablement emprunté au turc quzzāk « aventurier, nomade, vagabond » ou ḳazaḳ, nom donné à un peuple turc de la côte septentrionale de la mer Noire (les Kazakhs), constitué en un corps de chevaliers légers par les Polonais au XIVe s., et appliqué ensuite par métonymie à leur vêtement. L'hypothèse d'un emprunt au persan qazāgand ou kažāgand « jaquette », par apocope de -and considéré comme suffixe, est moins plausible.
❏  Le mot a désigné en moyen français un vêtement masculin de dessus à larges manches puis, dans l'armée (1534), un uniforme porté sur l'armure et, spécialement au XVIIe s., le manteau des mousquetaires. Ce contexte explique la locution tourner casaque (XVIIe s.) « fuir », devenue l'équivalent d'expressions du type retourner sa veste*. ◆  Après s'être appliqué au XIXe s. à un manteau de femme, le mot n'est plus utilisé que pour la veste du jockey (1846) et parfois la blouse du chirurgien.
❏  Son dérivé CASAQUIN n. m. (1546, cazaquin), « petite casaque masculine », entre avec un emploi métonymique en locution familière tomber sur le casaquin « rouer de coups ».
CASBAH n. f., une première fois alcassabe avec agglutination de l'article arabe (1735), puis casauba (1830), pris à l'arabe classique, a été réemprunté sous la forme casbah (1836), est emprunté à l'arabe maghrébin qăṣbăh « forteresse ». Ce dernier correspond à l'arabe classique qăsăbăh, mot dérivé du verbe qăsăbăh « couper, retrancher ». Le mot s'est définitivement implanté après la conquête de l'Algérie entre 1840 et 1870.
❏  Le mot désigne le palais et la citadelle du souverain en Afrique du Nord et, par extension, les parties hautes et fortifiées d'une ville arabe. ◆  Il a été repris dans le langage populaire avec le sens de « maison, baraque » (1879), recevant dans l'argot des soldats celui de « maison close » (1916), spécialement « pièce où l'on choisit les filles » (1929) ; ces valeurs ont disparu.
1 CASCADE n. f. est emprunté (1640) à l'italien cascata, participe passé féminin substantivé de cascare « tomber » (→ 1 casquer), désignant un éboulement de pierres, de lave (XVe s.) puis aussi (XVIe s.) une chute d'eau.
❏  Le mot désigne une chute d'eau et au figuré une chute, une culbute (1648), sens qui réactive la valeur étymologique sans réussir à l'imposer. Les extensions modernes procèdent concrètement (XIXe s.) et abstraitement (cascade de rire) du sens de « chute d'eau ». ◆  En cascade loc. adv. caractérise une forme ou un mouvement de chute interrompue ou ondoyante.
❏  1 CASCADER v. intr., attesté une première fois en 1771, est repris (1860) au théâtre pour « faire ou dire des folies, insérer des facéties dans un texte », sens qu'il doit à un ancien sens de cascade, « saillie bouffonne au théâtre ». Par extension, il est employé au sens de « faire de grosses plaisanteries » (av. 1867), usage familier disparu. ◆  De nos jours, le verbe exprime un mouvement qui tombe en cascade (1867), spécialement dans le langage sportif.
■  Son dérivé CASCADEUR, EUSE adj. et n. (1859) a suivi la même évolution ; terme de théâtre, il est passé dans le domaine de l'acrobatie (1898) et de la doublure cinématographique, rejoignant le sens ancien de cascade « culbute », peut-être par influence de l'italien. ◆  De là un verbe 2 CASCADER et son déverbal 2 CASCADE n. f. « tournage de scènes dangereuses » ; « activités de cascadeur ».
❏ voir 1 CASQUER.
CASCO n. f., calque de l'allemand Kaskoversicherung, « assurance automobile », s'emploie en français de Suisse, et dans l'usage des compagnies d'assurance de Belgique et du Luxembourg, pour « assurance automobile ». Casco totale « assurance tous risques ».
CASE n. f. est emprunté (v. 1278) au latin casa, mot populaire d'origine inconnue. Cependant, le s entre voyelles fait supposer un emprunt ou un mot pré-indoeuropéen qui aurait désigné une habitation rudimentaire — hutte ou cabane de pâtre — puis une ferme. Casa a supplanté domus « maison » (Cf. dôme) dans les langues romanes : l'espagnol et l'italien casa signifient « maison ».
❏  L'évolution s'est faite par emprunts successifs. Au sens de « petite maison », case a été supplanté par maison* (du latin mansio), mais casa a laissé des traces dans la préposition chez* et dans des noms de lieux (la Chaise-Dieu « la maison de Dieu », dont chaise « siège » est seulement homonyme).
■  Le sens particulier de « maison en Afrique » (1637) est un emprunt au portugais casa « maison » utilisé en Afrique de l'Ouest, la diffusion du mot ayant été probablement favorisée par l'espagnol casa, également employé aux Antilles. En français d'Europe et d'Amérique du Nord, case désigne l'habitation traditionnelle africaine en matériaux légers. Dans ce sens, des expressions sont propres au français d'Afrique (case à impluvium ; case à fétiches ; jardin, mouton de case « proche de l'habitation, pour la culture et l'élevage »). ◆  En français d'Afrique, de Guyane, de l'océan Indien, du Pacifique, le mot peut désigner toute habitation. Case de passage : logement pour des visiteurs. ◆  Cependant, en Nouvelle-Calédonie, le mot ne désigne que les habitations traditionnelles kanak (case commune, case d'accueil, case de réunion, grande case, occupée par le personnage le plus important du village). ◆  À Madagascar, case se dit de toute maison modeste.
L'acception usuelle de « carré ou rectangle délimité sur une surface » (1650 au jeu de trictrac) est empruntée à l'espagnol casa « maison » et spécialement « compartiment d'un jeu d'échecs » (1611). Par analogie, le nom est passé à divers types de compartiments concrets (dans un meuble) et de divisions abstraites : imaginant le cerveau divisé en petites cases, on dit familièrement il lui manque une case « il est anormal ». ◆  Case postale en français de Suisse (attesté en 1851), au Québec, se dit là où on emploie plutôt en France boîte postale.
❏  CASER v. tr., attesté une fois en 1562 au sens de « loger (qqch.) », est repris en 1683 comme terme de jeu pour « mettre deux dames dans une case au trictrac ». Il se répand au XVIIIe s., glissant vers le sens familier de « ranger (qqch.) à sa place » (1796) et « trouver un emploi à (qqn) » (1820), la forme pronominale se caser prenant le sens de « s'établir » (1798), « se placer dans une maison pour y exercer sa profession » (1832) et aussi « trouver à se marier ».
■  Le participe passé CASÉ, ÉE est adjectivé avec les sens correspondants, propre et figuré.
■  CASEMENT n. m. (1866) ne s'est pas répandu.
❏ voir CASANIER, CASIER, CASINO, CHASUBLE.
? CASÉEUX, EUSE adj., longtemps caseux (1599, encore en 1840), puis caséeux (av. 1788) par adaptation plus étroite du latin, est dérivé savamment du radical du latin caseus « fromage ». Ce mot, sans étymologie établie, a été évincé en français par fromage (de forme) mais survit dans les autres langues romanes (italien cacio, espagnol queso) et dans les langues germaniques (allemand Käse, néerlandais kaas, anglais cheese).
❏  Le mot sert d'adjectif didactique à fromage, spécialement en chimie où il signifie aussi « formé de caséine », depuis l'introduction de caséine. Il sert, en médecine, à décrire un type de nécrose caractérisée par la production d'un pus jaunâtre et granuleux (Laennec).
❏  CASÉINE n. f. est dérivé savamment (1832) du radical du latin caseus, avec le suffixe -ine, pour désigner la substance protéique formant la base des fromages.
Il a produit les termes techniques CASÉINERIE n. f. (1907), « usine où l'on extrait du petit lait la caséine » et « industrie de la caséine », et CASÉINIER, IÈRE adj. et n. (XXe s.), ainsi que le terme de chimie CASÉINATE n. m. (1927), « dérivé métallique de la caséine ».
CASÉIFIER v. tr. (1906), attesté après le nom CASÉIFICATION n. f. (1871), est comme lui dérivé savamment du latin caseus. Tous deux sont relatifs au processus de coagulation du lait avec production de caséine et s'emploient spécialement en médecine à propos de la formation d'une dégénérescence caséeuse.
❏ voir CASIER.
CASEMATE n. f. est emprunté (1539) à l'italien casamatta (Machiavel), anciennement camata (à Modène), terme de fortification d'origine obscure. Certains y voient un représentant, introduit par jeu de mots dans l'argot des soldats, du grec khasma (pluriel khasmata) « gouffre, ouverture, bouche béante ». Ce mot est apparenté à khainein « s'ouvrir, s'entrouvrir », « ouvrir la gueule », « être bouche bée », ayant des correspondants dans d'autres langues indoeuropéennes. D'autres ont reconnu dans le mot, au moins sous sa seconde forme, le composé de casa « maison » (→ case) et d'un second élément obscur, peut-être matta, féminin de matto « fou », lui-même d'origine incertaine (un rapport avec le latin mattus « ivre » étant très contesté). Chasmate (1546), employé par Rabelais au sens de « fossé », est directement emprunté au grec.
❏  Le mot désigne le réduit d'un fort, généralement souterrain, à l'épreuve des bombes et des obus, spécialement un logement blindé contenant un canon sur le flanc d'un navire de guerre.
❏  CASEMATER v. tr., attesté une fois en 1578 en emploi figuré, est repris avec son sens propre, « munir de casemates », au début du XIXe s. (attesté 1838).
CASERNE n. f. est emprunté (av. 1547) à l'ancien provençal cazerna, quazerna « groupe de quatre personnes » (fin XIIIe s.), issu du bas latin °quaderna, altération de quaterna, pluriel neutre de quaterni « quatre chaque fois » (→ cahier). P. Guiraud préfère voir dans le mot provençal un dérivé de casa « maison » (→ case) sur le modèle de taverne*.
❏  Le mot, « abri pour les soldats (à l'origine quatre) de garde sur les remparts », a pris son sens moderne de « bâtiment pour loger des troupes » (1680) sur l'initiative royale de faire créer par Vauban des logements pour les soldats, jusque-là installés chez l'habitant. ◆  Par référence à l'architecture de ces logements, le mot est employé pour désigner un type d'immeuble peu plaisant et, par référence à la discipline qui y règne, un établissement scolaire rigoriste.
❏  CASERNER v. tr. (1718) signifie proprement « loger dans une caserne » et par extension (1822) « enfermer, soumettre au régime de l'internat ».
■  Son dérivé CASERNEMENT n. m. (1800) est surtout usité avec un sens concret collectif : « ensemble des bâtiments d'une caserne ».
■  CASERNIER, IÈRE adj. (1838) a désigné le gardien ou concierge d'une caserne (sens disparu) et qualifie (1876) ce qui est relatif à la caserne.
ENCASERNER v. tr. (1832 ; 1790 au p. p.) exprime à la fois le fait de mettre dans une caserne et, au figuré, de soumettre à une discipline quasi militaire. ◆  Il a produit ENCASERNEMENT n. m. (1899), très rare.
CASH n. m. est un emprunt à l'anglais cash « argent ».
❏  Le mot est pris au sens d'argent liquide, comptant. Il s'emploie aussi comme adverbe : payer cash.
CASHER, CAWCHER, CÂCHÈRE adj., accueilli par les lexicographes sous les graphies cawsher (1867, P. Larousse) ou casher (1929), est emprunté à l'hébreu kāšēr. Ce mot est employé dans l'Ancien Testament au sens de « qui convient, propre à », d'un verbe signifiant « convenir », dans Esther, VIII, 5 (« si la chose convient au roi ») et dans L'Ecclésiaste, X, 10 (« il y a profit à exercer comme il convient la sagesse »), XI, 6 (« car tu ne sais pas, de l'une ou l'autre activité, celle qui convient »). Ultérieurement, le mot est employé dans la littérature rabbinique au sens de « régulier, autorisé par la loi », en opposition à pasul et terefah, « qui n'est pas conforme, interdit ». Employé par extension dans le Halakah, il est passé dans l'usage courant, un verbe kāšēren étant formé pour exprimer le procédé, l'action qui rend la nourriture ou les ustensiles de cuisine propres à l'usage prescrit. Ainsi, le mot s'applique à l'acte de laver les plats lors de la Pâque, de les immerger dans un bain rituel lorsqu'ils ont été achetés par un non-juif et surtout à la préparation rituelle de la viande. Il sert également à qualifier, dans un contexte religieux, ce qui est correctement écrit, filé, construit, et s'applique aux témoins autorisés à témoigner en accord avec la jurisprudence talmudique. Récemment, il a pris dans l'usage courant des pays anglo-saxons le sens de « conforme à la loi ».
❏  Le mot, qui semble avoir été introduit en français par les milieux juifs de Lorraine (selon P. Larousse), qualifie ce qui est conforme aux prescriptions religieuses dans la religion juive, notamment en parlant de la chair des animaux et, par extension, de tout aliment. On parle de viande casher, de boucher et de boucherie casher, etc. De nombreuses graphies ont été employées. L'équivalent dans la religion musulmane est hallal.
CASIER n. m. est à l'origine (v. 1225, en picard) le masculin créé d'après l'ancien français chasiere n. f. « panier où l'on fait sécher le fromage », attesté comme nom de personne depuis le XIIe s. (av. 1137) puis au XIIIe s. comme nom commun. Chasiere est issu par abréviation d'un syntagme où l'adjectif casearia (féminin), dérivé de caseus « fromage » (→ caséeux), était précédé d'un substantif féminin tel que le latin forma « moule à fromage » (→ forme) ou sporta « panier, corbeille ». L'adjectif casearius, -a est attesté par Ulpien dans taberna casearia, « cabane où l'on prépare le fromage » ; en latin médiéval, casearia est substantivé comme nom du lieu où l'on fabrique et conserve le fromage (1198). L'hypothèse consistant à faire remonter directement le masculin chasier, casier à un syntagme latin composé d'un substantif masculin et de casearius est moins convaincante, parce que les noms masculins désignant des paniers, des corbeilles concernent plutôt le transport des denrées. L'évolution de l'ancien français vers le français casier est le résultat d'une contamination morphologique et sémantique avec case*.
❏  Le sens étymologique « panier où l'on fait sécher le fromage » (« vieux » depuis Trévoux, 1752) s'est effacé derrière le sens plus vague de « panier » (1268 sous la forme chasier). ◆  Ce sens, lui aussi disparu, a favorisé l'assimilation du mot à un dérivé de case* (1275), parfois avec une valeur collective (« ensemble de cases »). L'idée de « compartiment », de « rangement » s'est dégagée dans certains emplois d'abord très isolés (spécialement en ameublement, 1450) et répandus aux XVIIIe et XIXe siècles. Un emploi spécialisé correspond à « nasse presque fermée, pour prendre les gros crustacés » (casier à homards). Quasiment synonyme de case, le mot a développé le même type de sens figuré, « catégorie abstraite servant à classer » (1853).
■  Casier judiciaire (1860) désigne le répertoire officiel consignant par fiches les condamnations pénales de chaque personne ; de là casier vierge « sans condamnation » et absolument avoir un casier « un casier judiciaire portant des condamnations ».
Du sens de « nasse », ou du moins du radical de casier, vient CASEYEUR n. m. « bateau équipé pour la pêche aux crustacés ».
CASIMIR n. m., une première fois casinir (1686) puis casimir (1790), est emprunté, avec altération d'après le nom de personne Casimir, à l'anglais cassimer « étoffe de laine légère » (1774). Ce mot est issu du nom de la province de Cachemire, attesté au XVIIe s. (1665) sous la forme Cassimer (→ cachemire). L'hypothèse d'un emprunt à l'anglais kerseymere « tissu de fine laine » (1798), corruption de la forme anglaise cassimere sous l'influence du nom de la ville de Kersey (dans le Suffolk), n'est pas à retenir pour des raisons chronologiques.
❏  Le mot désigne un drap léger fait de laine croisée ou de coton, de dessins et de couleurs variés, qui fut surtout à la mode pendant la première moitié du XIXe siècle.
CASINO n. m. est emprunté tel quel (1740) à l'italien casino, diminutif de casa (→ case) « maison » (littéralement « petite maison »), attesté au sens de « maison de campagne ; maison de prostitution » (XVIe s.), puis (XVIIe s.) « maison de jeu ». Le mot désigne ensuite un établissement de luxe comprenant une maison de jeu dans une station thermale, par emprunt sémantique au français comme le montre l'attestation casinò (avec accentuation sur la finale comme en français). La forme francisée casin (1772) n'a pas eu de succès.
❏  Le mot, repris au sens de « maison de plaisance », a pris par spécialisation son sens moderne, « établissement public dans les stations thermales et balnéaires, avec salles de réunions, de spectacles (Casino de Paris) et de jeux » (1812). Le style architectural de ce genre d'établissement s'est fixé à partir du Second Empire, repris sous la IIIe République : palais grandioses, analogues aux grands hôtels, célébrant les divertissements du capitalisme international.
❏  Le dérivé familier CASINOTIER n. m. (v. 1980) désigne l'exploitant d'un casino.
CASOAR n. m., lorsqu'il apparaît pour la première fois sous la forme quessaoüarroé (1665) dans le récit d'un voyage à Londres, est emprunté à l'anglais cassawarway (1611), forme primitive de cassowary (1690), nom d'un grand oiseau coureur de la Nouvelle-Guinée et d'Australie dont la tête est surmontée d'une sorte de casque doré. Lui-même est emprunté à kasuwāri ou kasuāri, mot d'une langue de cette zone qui n'appartient pas au domaine malayo-polynésien de la Nouvelle-Guinée occidentale ou des Moluques. La forme française actuelle casoar (1733), annoncée par casouard (1677), est empruntée par l'intermédiaire du latin des naturalistes hollandais, casoaris (1631).
❏  Le mot, désignant un grand oiseau d'Australie voisin de l'autruche, est passé dans l'argot des élèves de Saint-Cyr au milieu du XIXe s. pour désigner le plumet rouge et blanc ornant le shako de la grande tenue (inauguré le 24 août 1855). Par métonymie, il désigne le shako lui-même.
❏ voir CASUARINA.
CASQUE n. m., dernier venu (av. 1578) dans le domaine des coiffes militaires, après le heaume médiéval et les salade, armet et morion (XVe s., aujourd'hui termes d'archéologie), est le terme qui, de tous, a eu la fortune la plus durable. Comme les deux derniers, casque est emprunté à l'espagnol. Casco (v. 1140) « armure de tête », également « crâne » (v. 1295) et « tesson » (v. 1495) est le déverbal de cascar « briser » (ce qui suppose que la valeur initiale est « tesson, débris »). Cascar est issu d'un latin populaire °quassicare, de quassare (→ casser).
❏  Le mot désigne surtout une armure de tête. Les extensions de sens, peu nombreuses, consistent en emplois analogiques et métaphoriques. Le sens familier de « crâne, tête » (1690) est surtout réalisé en locutions aujourd'hui archaïques : en avoir dans le casque (1690), s'en donner dans le casque (1863) « s'enivrer ». De là avoir le casque, se réveiller avec le casque « avec une migraine due à la boisson » (Cf. gueule de bois). ◆  Par analogie, casque désigne un ornement extérieur de l'écu qui se place en cimier (1690) et reçoit des acceptions figurées en botanique (1771), en zoologie (1895) et en géologie. Par métaphore, il désigne un type de coiffure féminine (un casque de cheveux ; Cf. Casque d'or, surnom d'une femme à la chevelure blonde, v. 1900). ◆  Par extension du premier sens, casque dénomme au XXe siècle des couvre-chefs de protection (casque de moto, casque intégral, casque de chantier...) ou des dispositifs couvrant la tête (casque sèche-cheveux). ◆  En outre, depuis le XVIIIe s., le mot, en français du Canada, s'applique à diverses coiffures souples, là où on dit bonnet en français d'Europe, surtout à propos du bonnet de fourrure, casque s'opposant alors à chapeau.
❏  CASQUÉ, ÉE adj. (1734) qualifie la personne qui est coiffée d'un casque.
■  CASQUETTE n. f. (1817) est d'emblée un terme d'habillement et s'applique à une coiffure à visière emboîtant bien la tête, très répandue dans les années 1830 et devenue le symbole de la condition ouvrière et de certains gradés militaires. Le mot, ne désignant que des coiffures en matières assez souples, a toujours été détaché par le sens de casque. ◆  Par métonymie, en avoir ras la casquette qui correspond à ras le bol, emploie le mot pour « tête ». ◆  La loc. fam. vas-y, allons-y casquette ! est attestée en 1911. ◆  Au figuré, avoir deux, plusieurs casquettes se dit pour « plusieurs fonctions ».
■  Casquette a servi à former CASQUETTER v. tr. (1850), CASQUETTIER, IÈRE n. (1867) et CASQUETTERIE n. f. (XXe s.) « fabricant », et « fabrication de casquettes ».
■  2 CASQUER v. tr., dérivé de casque ou de casqué, est attesté seulement depuis 1883.
1 CASQUER v. est emprunté (1835) à l'italien du Nord et du Centre cascare « tomber » (XIVe s.) [→ cascade], plus récemment cascarci (XVIIIe s.) « tomber dans le panneau ». Celui-ci est issu du bas latin °cassicare, fait sur le radical de casus (→ cas), participe passé du verbe cadere « tomber » (→ choir).
❏  Le mot, d'abord argotique puis familier, signifie « tomber dans le panneau », spécialement en payant d'avance, d'où « payer » (1844) au propre et au figuré, en construction intransitive, puis transitive (1867).
❏  CASQUEUR, EUSE n. (fin XIXe s.) désigne une personne qui paie ; il est peu employé.
2 CASQUER, CASQUETTE → CASQUE
CASSATION → CASSER
1 CASSE n. m. est emprunté (1675) à l'italien cassa, correspondant au français caisse*, qui, à partir du sens de « caisse » (XIIIe-XIVe s.), a pris diverses acceptions techniques dont celle de « meuble divisé en petites cases contenant les caractères typographiques » en imprimerie. Le mot est distinct de 3 casse, d'où vient casserole.
❏  Le mot, passé en français comme terme technique d'imprimerie, a donné les locutions haut de casse, bas de casse, employées par métonymie pour désigner des types de caractères d'après leur emplacement dans le meuble, en l'espèce des capitales (ou majuscules) et des minuscules.
❏  Casse a donné au vocabulaire de l'imprimerie les noms concrets 1 CASSEAU n. m. (1723) « compartiment spécial destiné à conserver le trop-plein des caractères », et CASSIER n. m. (1797), « armoire de rangement des casses ».
CASSETIN n. m. est emprunté (1552) à l'italien cassettino, dérivé avec double suffixation diminutive en -etto et -ino de cassa (→ caisse), et employé à la fois au sens de « cassette » et dans une spécialisation en imprimerie (XVIe s.).
■  Cassetin, repris au sens de « petit casier », est surtout utilisé avec ses acceptions techniques en imprimerie (1611) et en métallurgie, en parlant du réservoir recevant le métal en fusion (1863).
2 CASSE n. f., d'abord cassee (1256) puis cassie (1365), repris sous la forme régressive casse (av. 1382), est emprunté au latin cassia, également attesté à basse époque sous la variante casia. Ce mot est emprunté au grec kasia, kassia « plante aromatique, arbre à cannelle », lui-même emprunté à une langue orientale, l'étymon étant apparenté à l'hébreu qaṣī῾ā.
❏  Le mot désigne une longue gousse de légumineuse dont la pulpe a des propriétés laxatives et, par métonymie, cette pulpe. La casse fut un remède important (souvent associée au séné) dans la médecine ancienne, jusqu'au XVIIIe siècle.
❏  CASSIER n. m. (1512) désigne l'arbre qui produit la casse.
■  CASSIA n. m., mot du latin des botanistes, désigne une plante à feuilles composées, de la famille des Césalpinacées, qui compte plusieurs espèces dont le cassier, le séné. ◆  En français d'Afrique, cassia s'applique à une autre plante, un gommier appelé en botanique gonalkié.
❏ voir 1 CASSIS.