CATACLYSME n. m., d'abord cataclisme (1553), est emprunté au latin cataclysmos « déluge » et au figuré « destruction », lui-même pris au grec kataklusmos « inondation », déverbal de katakluzein « inonder ». Ce dernier vient de kata- (→ catastrophe) et kluzein « baigner (dans l'eau) », « verser (de l'eau) » (→ clystère), terme en rapport avec le latin cloaca (→ cloaque).
❏  Le mot, d'abord employé avec une valeur figurée, désigne un grand bouleversement causé par un phénomène naturel destructeur.
■  Par extension, il exprime l'idée d'un « profond bouleversement (social, économique, psychologique) » (1845) et s'emploie plaisamment à propos d'une personne causant de grands troubles.
❏  En est dérivé CATACLYSMIQUE adj. (1863) en géologie et dans l'usage général.
CATACOMBE n. f., d'abord cathacombes (1250-1300) puis cathacumbe (XVe s.) avant catacombes (1690), est emprunté au latin ecclésiastique catacumba (souvent au pluriel catacumbae) « cimetière souterrain », à propos des premières sépultures chrétiennes creusées à Rome, jusqu'au règne de Constantin et à sa conversion au christianisme. Le mot, primitivement employé comme nom d'un cimetière situé non loin de la voie Appienne, est composé du grec kata- « en bas » (→ catastrophe) et du latin chrétien tumba (→ tombe) ; on rencontre en effet catatumbas au VIe s. et la dissimilation est probablement due à l'influence de cumbere « être couché » ou de cumba (→ combe).
❏  Le mot est employé dans le contexte de l'histoire chrétienne et, par extension, à propos d'autres cimetières souterrains (1782), spécialement à propos des carrières de Paris transformées, à la fin du XVIIIe s., en dépôts d'ossements enlevés aux cimetières désaffectés (surtout celui des Saints-Innocents). ◆  Par métaphore, il est parfois pris au sens de « labyrinthe, dédale ».
❏  CATACOMBAL, ALE, AUX adj. (1886) qualifie ce qui est propre aux catacombes, s'y rapporte.
CATAFALQUE n. m. est emprunté à l'italien catafalco (XVIe s.), issu d'un latin populaire °catafalicum qui, par une autre voie, a donné échafaud*.
❏  Le mot a conservé le sens de son étymon italien : « construction en estrade dressée au milieu d'un lieu de culte ou d'une maison pour recevoir le cercueil pendant la cérémonie funèbre ». Au figuré, il se dit d'un monument, d'un meuble massif et sinistre (attesté XXe s.).
? CATALAN, ANE adj. et n. m. est emprunté (1338) au mot catalá, correspondant à Catalunya, nom de la région située au nord-est de la péninsule ibérique. Il vient du latin Catalania, de l'adj. catalanus, d'origine inconnue, malgré une hypothèse peu vraisemblable. On peut noter l'existence en basque d'un mot katalain « pente, colline », mais son origine est également inconnue.
❏  Le mot qualifie et désigne ce qui a rapport à la Catalogne. Le catalan n. m. s'applique à la langue romane proche de l'occitan, parlée sous des formes un peu différentes aux Baléares et dans la région de Valence (le valencien).
❏  CATALOGNE n. f., attesté en français classique (1635) est en usage au Québec pour une étoffe faite de bandes de tissus de diverses couleurs, et pour les couvertures, tapis confectionnés avec cette étoffe.
⇒ encadré : Catalan (la langue catalane)
CATALEPSIE n. f., réfection (v. 1580) de catalepse (1507), est emprunté au bas latin médical catale(m)psia (Ve s.), lui-même emprunté au grec katalêpsis, proprement « action de saisir, prise » d'où, en langue médicale, « attaque, paralysie », de katalambanein « s'emparer de ». Ce mot est composé de kata- (→ catastrophe) et de lambanein « prendre », d'un radical °labh- permettant un rapprochement avec le sanskrit lábhate « saisir » et quelques appellatifs baltiques.
❏  Le mot, employé en pathologie pour désigner une paralysie observée dans certains états hypnotiques et schizophréniques, est entré dans l'usage commun avec l'expression tomber en catalepsie, employée dans un sens extensif dans le vocabulaire de l'hypnotisme, du spiritisme.
❏  CATALEPTIQUE adj. (av. 1742) est emprunté au bas latin médical catale(m)pticus, lui-même emprunté au grec katalêptikos (→ épilepsie) du même radical grec.
CATALOGUE n. m. est emprunté (v. 1265) au bas latin catalogus « énumération, liste » (IVe s.), emprunté au grec de même sens katalogos, de katalegein « inscrire sur une liste, enrôler », proprement « nommer l'un après l'autre », composé de kata « de haut en bas » (→ catastrophe) et de legein « rassembler », « dire », apparenté au latin legere (→ lire).
❏  Le sens, « liste indicative des pièces composant une collection, énumération », a donné par extension et spécialisation celui de « brochure présentant en détail les articles proposés par un commerçant, un grand magasin ». Il a également donné le sens figuré de « liste d'éléments » d'où les locutions rayer de son catalogue (1863), faire le catalogue (1867).
❏  CATALOGUER v. tr., donné comme néologisme par Mercier en 1801, « classer, enregistrer sur une liste », s'est répandu dans l'usage avec le sens figuré péjoratif de « classer d'après un jugement péremptoire, qualifier » (d'un objet, de qqn) [1902].
■  Il a produit CATALOGAGE n. m. (1928) employé aux deux sens de même que le couple CATALOGABLE adj., INCATALOGABLE adj., qui semble récent. ◆  CATALOGUEUR n. m., proposé par Mercier en 1801, ne s'est pas répandu.
CATALPA n. m. est emprunté (1771) à l'anglais catalpa, nom d'un arbre découvert en 1726 en Caroline par le naturaliste anglais Mark Catesby qui atteste le mot en 1731-1748. Le nom de l'arbre est repris à une langue amérindienne de Caroline.
CATALYSE n. f. est l'adaptation (1836, Berzelius) du grec katalusis « dissolution (d'un gouvernement, etc.) », « décomposition ». Ce mot est dérivé de kataluein « dissoudre », composé de kata- (→ catastrophe) et de luein « délier, détruire, dissoudre », mot à rapprocher de la famille du latin luere « dégager » (Cf. les composés en -soudre) et de formes diverses en gotique et, lointainement, en sanskrit. Le mot grec a été choisi par le chimiste suédois Jöns Jacob Berzelius (1779-1848) en 1836 et il est parvenu en français peut-être par l'intermédiaire de l'anglais (1836, Berzelius) ou de l'allemand.
❏  Le mot est employé en chimie à propos de la modification de la vitesse d'une réaction chimique sous l'influence d'une substance capable de déclencher cette réaction, sans subir elle-même d'altération.
❏  Le mot a produit CATALYSER v. tr. (1838) qui, avec son dérivé CATALYSEUR n. m. (1884), s'est répandu dans l'usage avec un sens figuré « déclencher un effet », proche de celui du terme de chimie précipiter*.
CATALYTIQUE adj., introduit par Berzelius en même temps que catalyse (1836), est emprunté au grec katalutikos « propre à dissoudre ». L'anglais catalytic (1836) a pu servir d'intermédiaire.
■  Le mot qualifie ce qui est propre à la catalyse, l'entraîne.
CATAMARAN n. m., d'abord catamaron (1699) et catimaron, cantimaron (1702), est emprunté au tamoul kattumaram qui désigne une embarcation, un radeau fait de troncs assemblés. Le mot vient de katta « lier » et maram « bois ». La forme catamaran, plus récente (1907), est probablement reprise à l'anglais qui l'a depuis 1697.
❏  Le mot, d'abord lié à une réalité indienne de la côte de Coromandel, est devenu, par extension, le nom d'une embarcation à voiles ayant deux coques parallèles réunies par une armature rigide. Par analogie, il se rapporte à la disposition parallèle des deux flotteurs du train d'amerrissage des hydravions.
❏  Catamaran a servi, avec une coupe syllabique qui correspond d'ailleurs à la morphologie, mais avec un élément sémantiquement absurde, à former TRIMARAN n. m. (1958) avec le préfixe tri- « trois ». Le mot désigne un bateau à trois coques réunies transversalement par une armature rigide.
CATAPLASME n. m., d'abord cathaplasme (1390), est emprunté au latin cataplasma, emprunt savant au grec kataplasma « emplâtre », employé en médecine (Hippocrate), de kata- (→ catastrophe) et de plasma « ce qui est façonné » (→ plasma), du verbe plassein (→ plastique).
❏  Employé strictement en médecine et en horticulture (dans les soins des arbres), le mot a reçu une valeur figurée dans la locution un cataplasme sur une jambe de bois « une mesure inefficace », et comme désignation familière (1732) d'un aliment indigeste, épais, ou d'un épais paquet (de billets, de feuilles).
CATAPULTE n. f. est emprunté (v. 1355) au latin catapulta, lui-même pris au grec katapaltês « engin de guerre », de kata- (→ catastrophe) et d'une forme dérivée du verbe pallein « brandir, secouer », terme encore vivant en grec moderne au sens de « vibrer ». L'étymologie de ce verbe est discutée, mais il est sans doute apparenté au latin pellere « pousser » (pulsum au supin → pulsation).
❏  Ayant longtemps désigné une ancienne pièce d'artillerie servant à lancer des projectiles, le mot s'applique aussi à l'engin de propulsion d'un avion ou d'un hydravion sur un navire de guerre (1927).
❏  CATAPULTER v. tr., de formation récente (déb. XXe s.), a le sens général de « lancer très loin » et le sens figuré de « placer brusquement (qqn) à un poste de haute responsabilité ». ◆  En revanche, ses dérivés CATAPULTAGE n. m. (déb. XXe s.) et CATAPULTABLE adj. (1951) sont surtout employés en aéronautique militaire.
CATARACTE n. f. a fait l'objet de deux emprunts, sémantiquement distincts, en moyen français (v. 1340 et 1479), au latin cataracta. Celui-ci est attesté depuis l'époque impériale au sens de « chute d'eau », d'abord en parlant du Nil ; à basse époque (VIe s.), il a reçu une spécialisation médicale, désignant une affection de la vue, soit par l'image de la chute d'eau, soit de la porte qui s'abat, le malade ayant l'impression d'une porte qui s'abat devant son œil. Le mot latin est emprunté au grec katarraktês qui désigne des êtres, des choses qui s'abaissent ou tombent plus ou moins brusquement : oiseau de mer fondant sur sa proie et, plus tard, chute d'eau, herse d'un pont ou d'une porte, écluse. C'est un composé de kata- « de haut en bas » (→ catastrophe) et d'un dérivé de rhêgnunai « briser, faire éclater » que l'on rapproche de verbes signifiant « briser, arracher » dans des langues indoeuropéennes, notamment le lituanien et le vieux slave.
❏  Le mot a été introduit avec sa spécialisation médicale. ◆  Il a été repris au latin dans l'expression biblique cataractes du ciel (1479), calquée du latin chrétien cataractae caeli « les écluses du ciel » à propos du déluge. Le sens de « chute d'eau violente sur le cours d'un fleuve » n'apparaît qu'au XVIe s. (1549) donnant par extension celui de « trombes de pluie » (1803) et quelques emplois figurés en parlant des larmes, de la lumière, exprimant une profusion soudaine, comme cascade, vis-à-vis duquel il joue le rôle d'intensif.
❏  Le terme médical a produit CATARACTÉ, ÉE adj. (1752) « affecté de la cataracte ».
CATARRHE n. m. est emprunté (v. 1370) au bas latin médical catarrhus (fin IVe-Ve s.), lui-même repris au grec katarroos, katarrous dans sa spécialisation au sens de « rhume » (depuis Hippocrate). Ce mot, employé plus généralement pour « flux d'humeurs », est la substantivation d'un adjectif signifiant littéralement « qui coule vers le bas », de katarrein « couler d'en haut », « découler », « tomber », composé de kata- (→ catastrophe) et de rhein « couler » (→ -rrhée). Le mot a eu les formes cathar (fin XIVe s.), quaterre (1491) et caterre au XVIe s., la forme moderne étymologique triomphant tardivement.
❏  Ce terme médical, « inflammation d'une muqueuse suivie d'un écoulement », a connu un grand succès et est passé dans la langue commune dès le XVe s. avec le sens de « flux d'humeurs peccantes qui s'écoule par le nez, supposé provenir du cerveau ». Au XIXe s., cette étiologie, d'où provient rhume de cerveau (encore usuel), étant abandonnée, catarrhe devient un terme général pour énoncer toute espèce d'inflammation muqueuse, précisée par une épithète : catarrhe convulsif « coqueluche », guttural « angine », intestinal « entérite », nasal « rhinite », oculaire « conjonctivite », de l'oreille « otite », pulmonaire « bronchite », urétral « urétrite », vaginal « leucorrhée », vésical « cystite ». Au début du XXe s. on appelait encore la bronchite capillaire catarrhe suffocant ; ce terme est aujourd'hui limité à l'histoire médicale.
❏  Le dérivé CATARRHAL, ALE, AUX adj. (1503) a vieilli avec catarrhe.
CATARRHEUX, EUSE adj. et n. est emprunté (1478) au dérivé bas latin catarrhosus et a été usuel pour « sujet au catarrhe », en particulier pour qualifier un vieillard.
CATASTROPHE n. f. est emprunté (1552) au latin catastropha, du grec katastrophê « bouleversement, fin, dénouement » et, tardivement, au théâtre, « dénouement de l'intrigue » d'où le sens correspondant pour le latin catastropha (IVe s.). Le grec est formé sur strophê « action de tourner, volte, évolution » (→ strophe) avec l'élément kata- qui a joué un grand rôle en composition (→ cataclysme, etc. à l'ordre alphabétique) avec les valeurs de « vers le bas », « en réponse à », « en concordance avec », « contre », également avec l'idée d'atteindre, de revenir et pour exprimer l'achèvement de l'action. Cet élément est tiré d'un emploi adverbial et prépositionnel de kata « vers, conformément à », « du haut de », « vers le bas » (encore en grec moderne). Cette forme, corroborée par le hittite et les langues celtiques, est peut-être indoeuropéenne.
❏  Le mot a été repris avec le sens du latin, « fin, dénouement, conclusion », les emplois dans la vie (en parlant d'une maladie, d'un événement) étant souvent sentis au XVIe s. et au XVIIe s. comme des métaphores du sens théâtral. Le dénouement souvent sanglant des tragédies classiques l'infléchit négativement en « événement fâcheux », renforcé en « funeste et malheureux » (1690). C'est de là que provient le sens moderne courant de « désastre brusque et effroyable », spécialement à propos d'un accident causant de nombreuses victimes (catastrophe aérienne) ou d'un événement lourd de conséquences pour la collectivité (catastrophe économique). Son usage tend à être fréquemment hyperbolique, tant dans l'interjection catastrophe ! que dans la locution en catastrophe « en risquant le tout pour le tout » ou « de façon bâclée ». La langue familière l'abrège (1978) en CATA n. f. (c'est la cata !)
■  Sa spécialisation en mathématiques, où la théorie des catastrophes (1972, René Thom) désigne l'analyse de situations entraînant des modifications de la stabilité morphologique d'un objet, réactive le sens étymologique de « bouleversement ».
❏  La dérivation est tardive. CATASTROPHIQUE adj., enregistré en 1845 comme mot nouveau, s'est répandu au XXe s., à la fois dans ses emplois hyperboliques familiers et dans sa spécialisation scientifique stricte (point catastrophique).
■  CATASTROPHISME n. m., également donné comme nouveau en 1845, a eu une vocation plus didactique, autrefois en géologie et, de nos jours, en politique, peut-être d'après son correspondant anglais catastrophism, comme l'indique le contexte de son emploi en 1896.
■  CATASTROPHER v. tr. (1896) relève d'un usage oral ou familier, de même que l'adjectif tiré de son participe passé CATASTROPHÉ, ÉE (XXe s.) « consterné comme par une catastrophe », usuel.
CATATONIE n. f., relevé la même année (1888) que son correspondant anglais katatonie, est emprunté à l'allemand Katatonie (1874). Ce mot, introduit par le médecin allemand K. Kahlbaum dans ses descriptions cliniques de la démence précoce, est formé savamment à partir des éléments grecs kata- « en dessous » (→ catastrophe) et tonos « tension » (→ ton, tonus), comme contraire de hypertonie.
❏  Le mot se réfère en psychologie à une forme de schizophrénie caractérisée par des périodes de passivité et de négativisme alternant avec des excitations soudaines ; cet emploi a quelque peu vieilli. Par extension, il est employé dans le style littéraire pour décrire l'état d'une personne totalement immobile et inactive.
❏  CATATONIQUE adj. et n. (1903) lui sert d'adjectif et s'emploie substantivement pour désigner un malade atteint de catatonie.
CATCH n. m. est issu (1919), par réduction à son premier élément, de l'appellation catch as catch can (1899), elle-même empruntée à l'anglais catch-as-catch-can, nom d'un style de lutte introduit dans le Lancashire en 1752 et où la plupart des prises sont autorisées. Cette appellation, attestée en 1889, est issue de la locution catch as catch can (1764), anciennement catch that catch may (1617), littéralement « attrape comme tu peux ». Cette expression est formée avec catch, impératif de to catch « saisir, attraper » (v. 1205), verbe emprunté à l'ancienne forme picarde cachier correspondant au francien chacier, chassier (→ chasser). Les auxiliaires modaux may et can expriment la possibilité.
❏  Le mot et le sport qu'il désigne se sont répandus peu avant la Seconde Guerre mondiale, sous l'influence de la pratique de cette lutte aux États-Unis. Sa mode doit beaucoup à la retransmission des matchs à la télévision, le catch relevant plus aujourd'hui du spectacle que du sport.
❏  CATCHEUR, EUSE n. (1924) et CATCHER v. intr. (1952) sont dérivés de catch.
CATÉCHINE → CACHOU
CATÉCHISME n. m., réfection savante (1560, Calvin) de cathezime (1374), catecisme (XIVe s.), est emprunté au latin ecclésiastique catechismus, attesté depuis saint Augustin au sens de « instruction religieuse » et, par métonymie, « livre d'instruction religieuse », les premières formes reproduisant la graphie cathecismus du latin médiéval. Le mot calque un type grec °katêkhismos, substantif d'action de katêkhizein « instruire oralement », lequel est le dérivé factitif de katêkhein « résonner » et « inculquer, instruire oralement ». Ce verbe est composé de kata- « vers le bas, complètement » (→ catastrophe) et de êkhein « résonner, sonner » (→ écho) ; il est seulement attesté dans le Nouveau Testament, son dérivé étant introduit plus tard avec une acception didactique dans la langue ecclésiastique.
❏  Le mot désigne l'enseignement oral de la doctrine et de la morale chrétiennes et, par métonymie, le livre contenant cet enseignement (1636). ◆  Dans la seconde moitié du XVIIIe s. apparaissent une extension de nature didactique, en parlant de l'exposition abrégée d'une science (1773), avec le même développement figuré que credo (1778), et la valeur péjorative de « leçon destinée à endoctriner » (1762). ◆  Le mot désigne aussi par métonymie (1832) une assemblée d'enfants réunis pour recevoir l'instruction religieuse, la classe, l'enseignement organisé de la doctrine chrétienne, avec l'abréviation scolaire le caté.
❏  CATÉCHISER v. tr., d'abord cathezizier (1374) et catheciser (1566) refait en catéchiser (1583), est emprunté au latin chrétien catechizare (lui-même pris au grec), attesté depuis saint Augustin au sens d'« instruire », spécialement « instruire lors de l'adhésion au christianisme ».
■  Le mot a suivi le même type d'évolution que catéchisme, développant, par extension du sens propre « instruire dans la religion chrétienne », la valeur figurée « endoctriner » (fin XVIe s.), « tâcher de persuader (qqn) de qqch. » (1694), emploi de nos jours familier.
■  En sont dérivés, outre un emploi adjectivé et substantivé du participe passé CATÉCHISÉ, ÉE, CATÉCHISEUR, EUSE n. (1584) et CATÉCHISATION n. f. (1787).
CATÉCHUMÈNE n., d'abord cathecumin (1374), puis cathecumène (1610), catécumène (1680) et catéchumène (une fois en 1578, puis XIXe s.), est emprunté au latin chrétien catechumenus (saint Jérôme), lui-même calqué du grec katêkhoumenos « celui qui a reçu l'instruction religieuse en vue du baptême », participe moyen-passif de katêkhein. ◆  Le mot désigne proprement la personne qui reçoit l'enseignement religieux pour se préparer au baptême et a pris le sens figuré d'« aspirant à une initiation » (1844).
■  Il a produit CATÉCHUMÉNAT n. m. (av. 1733) et CATÉCHUMÉNIE n. f. (1732) « maison ou lieu où l'on instruisait les catéchumènes » et « galerie des catéchumènes dans une église », terme didactique sorti d'usage.
CATÉCHISTE n. est emprunté (1578) au latin chrétien catechista « personne chargée d'enseigner la religion chrétienne » (saint Jérôme), lui-même pris au grec katêkhistês. Le mot, comme son dérivé CATÉCHISTIQUE adj. (1752), est didactique, avec des emplois figurés rares très littéraires.
CATÉGORIE n. f. est emprunté (1564) au bas latin categoria (IIIe s.-IVe s.), pris au grec katêgoria « accusation » et, chez Aristote, « qualité attribuée à un objet, attribut ». Ce mot est dérivé de katêgorein qui signifie à la fois « parler contre, accuser, blâmer » et « énoncer, signifier, affirmer » spécialement dans la logique aristotélicienne. Lui-même est composé de kata- « contre » (→ catastrophe) et de agoreuein « parler dans une assemblée, en public », « déclarer, proclamer », de agora (→ agora).
❏  Passé en français comme terme de logique aristotélicienne, le mot fera fortune dans le vocabulaire philosophique, notamment dans le système kantien (1801) où il désigne un concept fondamental de l'entendement. ◆  Il s'était répandu dans l'usage courant (1668) à propos d'une classe d'objets ou de personnes de même nature, comme dans catégorie socio-professionnelle, en sports (champion toutes catégories) et en alimentation (1855 en boucherie, morceau de veau de seconde catégorie), sans perdre pour autant sa vocation scientifique : on parle de théorie des catégories en mathématiques (v. 1950) et de catégories grammaticales, logiques, etc. en linguistique.
❏  Les dérivés directs sont apparus dans le langage didactique moderne : CATÉGORISER v. tr. (1845), « classer par catégories » (en logique, linguistique), a donné à son tour CATÉGORISATION n. f. (1853) et CATÉGORISABLE adj. (1919). ◆  CATÉGORIEL, IELLE adj. (1929), est quelquefois concurrencé par CATÉGORIAL, IALE, IAUX adj. (dès 1945, Merleau-Ponty), et qualifie ce qui est relatif aux catégories en philosophie et dans quelques vocabulaires didactiques (linguistique, psychologie).
CATÉGORIQUE adj. est emprunté (1495) au bas latin categoricus (fin IIIe s.-déb. IVe s.), lui-même pris au grec katêgorikos « affirmatif » (Aristote).
■  Repris dans un emploi substantivé qui ne s'est pas maintenu, le mot qualifie ce qui se rapporte aux catégories (1542) en philosophie, spécialement en référence au système d'Aristote, puis à Kant (1838, impératif catégorique), et par extension dans l'usage didactique. ◆  Dès le XVIe s. (1552) l'adjectif s'utilisait dans l'usage commun avec le sens d'« absolu, clair et précis », développant progressivement la valeur accessoire de « tranchant, qui ne souffre pas l'objection », quelquefois péjorative.
CATÉGORIQUEMENT adv. (1552) correspond aux sens courants de l'adjectif, notamment « de manière tranchante ».