CÉANS adv. (1140, çaenz) est formé de çà et de l'ancien français enz « dedans », issu du latin intus (→ intérieur).
❏  Le mot s'est employé jusqu'au XVIIIe s. (encore au XIXe s. régionalement) pour « ici, à l'intérieur (de la maison, etc.) ». Il s'est maintenu dans des syntagmes comme le maître, la maîtresse de céans, avec une nuance de plaisanterie.
CÈBE n. f. est un emprunt (XVIe s.) à l'occitan ceba (XIIIe s.), qui vient du latin caepa, cepa « oignon » (→ ciboule, civet). Ce mot régional du sud de la France désigne l'oignon.
❏  CÉBETTE n. f., emprunt à l'occitan cebeta, diminutif de ceba, désigne l'oignon nouveau, vert.
CECI, CELA → 1 CE
CÉCITÉ n. f. est emprunté (1223) au latin caecitas « perte de la vue » et, au figuré, « aveuglement de l'esprit », dérivé de l'adjectif caecus « aveugle », objectivement « invisible », « où l'on ne voit pas » et « secret », « bouché, sans issue », employé en poésie à propos de sensations autres que visuelles, peut-être à l'imitation du grec tuphlos. Le mot, qui présente un vocalisme radical a et un suffixe -ko- comme d'autres adjectifs désignant des infirmités, a des correspondants (irlandais caech, gallois coeg, gotique haihs) mais au sens de « borgne ». Il a eu un représentant français cieu, ciu « aveugle, obscur » qui a coexisté dans l'ancienne langue avec deux autres mots d'origine latine : orb (de orbus « privé de », puis [IIe s.] « aveugle ») et le mot actuel aveugle*, qui a triomphé définitivement au XVIe siècle.
❏  Le mot, qui conserve les valeurs du mot latin, le sens figuré de « aveuglement de l'esprit » (1374) étant marqué comme littéraire, s'est maintenu à côté d'aveuglement qui, en français moderne, le concurrence uniquement avec son sens abstrait.
❏  Il reste une trace de caecus — si l'on excepte le prénom Cécile, du nom d'une sainte Caecula, dérivé de son diminutif caeculus « myope » — dans le composé (mal formé) CÉCOGRAPHIE n. f. (XXe s.) de caecus et de -graphie, « méthode d'écriture pour les non-voyants ».
CÉDER v. tr. et intr. est emprunté (1377) au latin cedere, originellement « marcher, aller », souvent avec la nuance de « se retirer » (peut-être employé par litote dans la langue militaire par opposition à stare → être, station), d'où « être inférieur à », « faire concession, concéder » moins fréquent que le composé concedere en ce sens. L'étymologie du mot n'est pas claire, mais il pourrait être apparenté à cadere « tomber » (→ choir).
❏  Le sens « s'affaisser sous une pression » (d'un objet) semble avoir été abandonné à l'époque classique et repris à partir de 1798. Avec un sujet désignant un animé, le sens de « renoncer à » s'est fait jour au XVIe s., d'abord en construction prépositionnelle (1511, céder à), puis en construction transitive dans un cadre juridique (1534) avec la valeur de « céder un droit », « abandonner une propriété à ». ◆  Avec une notion spatiale, le mot signifie « laisser la place à » (1537) et, avec une idée de compétition, « ne plus résister, s'effacer devant une puissance supérieure » (v. 1580), spécialement dans le domaine militaire. Il se répand dans l'usage au XVIIe s., donnant les locutions céder le pas à qqn (1671) et, avec une valeur figurée, le céder à qqn, ne le céder en rien à qqn (1671) « être inférieur, ne pas être inférieur », cette dernière aujourd'hui archaïque ou littéraire. ◆  Il prend en même temps le sens figuré de « se soumettre » en construction absolue (1673) et le sens concret de « abandonner qqch. à qqn pour un temps » (1690). Au XIXe s., se développe la valeur spéciale de « s'abandonner à un homme » en parlant d'une femme (1890). La locution figurée céder le haut du pavé, le pavé « laisser la première place », est attestée av. 1866.
❏  Exception faite de CÉDANT, ANTE adj. participe présent substantivé au masculin avec le sens juridique de « personne qui transfère son droit » (1673), la dérivation directe de céder est inexistante.
CESSION n. f. a été emprunté (1266-1267) au latin juridique cessio « action de céder », du supin cessum de cedere, pour fournir un substantif d'action en droit (commercial, international). ◆  Il a produit à son tour CESSIONNAIRE n. (1520) qui a perdu le sens primitif de « personne qui fait cession » pour le sens de « personne à qui l'on fait une cession » (1675).
CESSIBLE adj., formé en droit (1607) sur le radical du supin latin, qualifie ce qui peut être cédé ; d'où CESSIBILITÉ n. f. (1845) et l'antonyme INCESSIBLE adj. (1576) d'où INCESSIBILITÉ n. f. (1819).
❏ voir ACCÉDER, CESSER, CONCÉDER, DÉCÉDER, EXCÉDER, INTERCÉDER, PRÉCÉDER, PROCÉDER, RÉTROCÉDER, SUCCÉDER.
CEDEX n. m. est l'acronyme (1966), en France, de Courrier d'Entreprise à Distribution EXceptionnelle.
❏  Le mot, surtout d'usage écrit sur les adresses, désigne en France un système de distribution postale qui permet aux entreprises d'avoir leur courrier très tôt le matin (à charge pour elles de les faire prendre au bureau de poste).
CÉDILLE n. f., enregistré sous la forme altérée cerille en 1611, puis cédille (1654-1655), est emprunté à l'espagnol cerilla (1492) puis cedilla (1558), proprement « petit z » (interprété ensuite comme « petit c » à cause de la forme du signe), diminutif de zeda, emprunté au latin zeta. Lui-même est emprunté au grec zêta « sixième lettre de l'alphabet grec », emprunté au sémitique (hébreu zajit, araméen zētā).
❏  Le mot désigne un signe graphique, introduit en 1531 dans l'imprimerie par G. Tory, et qui transforme le c dur [k] devant a, o, u, ou en [s].
CÉDRAT n. m., d'abord cedriac (1600) puis cédrat (1680), est emprunté à l'italien cedrato (XVIIe s.) « fruit plus gros que le citron » et (av. 1708) « arbre portant un tel fruit ». Cedrato est dérivé, avec une valeur superlative, de cedro « citron » (1250-1300). Lui-même est issu du latin citrus désignant deux arbres très différents, le thuya d'une part et le citronnier, le cédratier de l'autre. Ce mot n'est pas emprunté directement au grec kedros (→ cèdre) qui désigne le cèdre, le genévrier et dont le composé en -mêlon « fruit » (→ melon), kedromêlon, sert à désigner le cédrat en concurrence avec kitrion (→ citron). Le grec et le latin, peuvent être des emprunts à une langue non indoeuropéenne, le latin peut-être par un intermédiaire étrusque : le fruit fut introduit en Grèce après les conquêtes d'Alexandre (IVe s. av. J.-C.) ; il était tellement estimé pour sa beauté et ses propriétés médicales que l'on a vu dans les pommes d'or des Hespérides des cédrats.
❏  Le mot français semble s'être répandu à partir du provençal comme l'indique la glose « Cedriac [espece de limon] ainsi appelé en Provence ». Il a d'abord désigné l'arbre, le fruit étant appelé cèdre (1545), par emprunt à l'italien cedro, jusqu'au XVIIIe s., dans aigre de cèdre « liqueur à base de jus de cédrat et d'eau-de-vie ». ◆  Cédrat s'emploie essentiellement de nos jours comme nom du fruit (1723) et, par métonymie, de l'essence tirée de ce fruit (1809).
❏  CÉDRATIER n. m. (1823) désigne l'arbre, originaire de l'Inde, cultivé pour ses fruits en Asie tropicale et dans les régions méditerranéennes.
CÈDRE n. m. est emprunté (v. 1120) au latin cedrus, lui-même pris au grec kedros « cèdre » et « genévrier », mot toujours vivant en grec moderne. L'étymologie en est obscure, le rapprochement habituellement fait avec le nom balte du genévrier kadagỹs n'étant satisfaisant que pour la première syllabe.
❏  Le mot désigne un conifère de grande taille et, par métonymie, son bois utilisé en ébénisterie, menuiserie et construction navale.
❏  Son dérivé CÉDRAIE n. f. (déb. XXe s.), rare, désigne une plantation de cèdres.
CÉDULE n. f. est emprunté (fin XIIe s.) au bas latin scedula « petite feuille de papier », également écrit schedula en latin médiéval, diminutif de sceda (ultérieurement scheda) « feuillet, page ». Ce mot est d'origine inconnue : sur la base de la graphie scida (Cicéron), on a pensé le rattacher à scindere « fendre, séparer » (→ scinder) mais cette formation étant sans autre exemple, il vaut mieux voir dans cette leçon une graphie seconde sous l'influence du grec skhizein « séparer » (→ schizophrène) et du latin scindere. Schedula est passé dans la plupart des langues romanes et germaniques : provençal cedula, cedola, espagnol cédula, portugais cedula, italien cedola, moyen haut allemand zedele, zetele (allemand Zettel), moyen néerlandais cedule (néerlandais cedel), suédois sedel, danois seddel, islandais seðill. Du français, il est passé dans l'anglais schedule (1397, sedule), « horaire ».
❏  Le mot français apparaît dans le langage juridique à propos d'un billet consignant un engagement, une reconnaissance de dette (1314). La plupart de ses emplois sont sortis d'usage, en dehors des expressions juridiques cédule de citation, cédule hypothécaire et, en droit fiscal, du sens « feuillet utilisé pour la déclaration d'impôt par catégories d'origine » (XXe s., av. 1949). ◆  La reprise du mot d'après l'anglais schedule lui donne en français québécois la valeur de « programme, calendrier » (la cédule d'une équipe de hockey), avec un verbe CÉDULER tr., pour « programmer ».
❏  CÉDULAIRE adj., cité en 1796 comme néologisme, a qualifié en droit fiscal ce qui est relatif aux cédules, spécialement (en France) un type d'impôt, supprimé en 1948, qui n'atteignait qu'une catégorie de revenus.
CÉGEP n. m. est l'acronyme (1965) au Québec, de Collège d'enseignement général et professionnel, situé entre l'enseignement secondaire et l'université. L'adjectif correspondant est collégial. Cégeps régionaux à plusieurs campus. Le mot correspond aux dernières classes des lycées, en France, des gymnases, en Suisse.
❏  CÉGÉPIEN, IENNE n., « élève d'un cégep ».
L CEINDRE v. tr. est issu (v. 1050) du latin cingere « entourer, envelopper » et techniquement « écorcer », également « retrousser par une ceinture », sens repris par son dérivé succingere (→ succinct). Cingere est un terme technique, probablement indoeuropéen, dont on rapproche le sanskrit kañcate « il lie », kañcukah « cuirasse, camisole », kāñcī « ceinture », le lituanien kinkýti « atteler (une bête) », en supposant une alternance k / g en fin de racine.
❏  Le mot, d'abord attesté dans l'expression espede ceindre « revêtir l'épée » et à la forme pronominale (v. 1165), exprime l'idée d'« entourer une chose d'une autre ». Il possède une valeur solennelle, que n'ont pas ses synonymes entourer*, ceinturer*, et entre dans des locutions où le geste physique a une portée symbolique, le complément désignant soit une partie du corps, ceindre ses reins (1853), signifiant « se préparer à la guerre », soit un objet noble : ceindre la tiare (1691) « devenir pape », ceindre le diadème (1740) « devenir roi » et, dans un contexte moderne, ceindre l'écharpe (municipale) « devenir maire ». ◆  Le langage soutenu l'emploie également au sens d'« encercler un espace » (1165) et spécialement « entourer une ville de remparts » (1582).
❏  Il est probable que son participe passé adjectivé CEINT, EINTE a été gêné par son homonymie avec saint, ainte*, car on lui préfère entouré ou cerné. Il a en tout cas perdu son ancien emploi substantivé comme terme de fortification (1211-1214) au profit du composé enceinte (→ enceindre).
❏ voir CEINTURE, CINGLER, CINTRE, ENCEINDRE, ENCEINTE, SANGLE.
L CEINTURE n. f., d'abord écrit ceingture (déb. XIIe s.), puis ceinture (v. 1175), est issu du latin impérial cinctura, dérivé rare de cinctus « action de ceindre » et « ceinture » (masculine, par opposition à cingillum « petite ceinture féminine »), du verbe cingere (→ ceindre).
❏  Le mot, qui désigne une bande de matière souple destinée à serrer la taille, entre dans quelques locutions dont se serrer la ceinture « se priver » et, proverbialement, bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée « remplie d'or », qui rappelle la locution archaïque avoir de l'or dans sa ceinture par allusion culturelle au fait que la ceinture était aussi une bourse longue ceinte autour des reins. L'expression ceinture fléchée s'emploie en français du Canada pour une large ceinture multicolore à motifs fléchés, en laine, arborée dans des fêtes folkloriques. ◆  Ceinture de grossesse, en français d'Afrique, se dit d'un cordon garni d'amulettes, porté par des femmes enceintes pour protéger l'enfant et elles-mêmes des maléfices. ◆  L'expansion sémantique du mot commence en moyen français avec le sens analogique de « pourtour » (1415), vivant dans quelques acceptions spécialisées et en parlant de l'enceinte d'une ville (1676). On parle encore à Paris de Petite Ceinture (P. C.), appellation pour la ligne d'autobus (autrefois de chemins de fer) desservant le tour de Paris. ◆  Par métonymie, le terme d'habillement désigne la partie du corps où se place la ceinture, surtout dans des expressions désignant un niveau (avoir de l'eau jusqu'à la ceinture). Par une métonymie seconde, il désigne une prise de combat consistant à étreindre son adversaire à la taille (1898). Un autre emploi où ceinture s'applique au milieu du corps est, en français d'Haïti, l'expression (être) en pleine ceinture, « (être) enceinte de plusieurs mois, de manière visible ». ◆  Quelques emplois déterminés s'appliquent à des objets qui s'attachent comme une ceinture (ceinture de sécurité). De l'usage d'un tel dispositif en avion, en voiture, viennent des emplois de type : attachez vos ceintures, « préparez-vous au départ ». ◆  Par ailleurs, des ceintures peuvent avoir une valeur symbolique telles celles que portent les judokas, ceinture noire désignant par métonymie la personne qui a droit à cette distinction.
❏  CEINTURER v. tr., d'abord ceincturer (1549), rare entre 1636 et 1866, s'est répandu dans la seconde moitié du XIXe siècle. Du sens propre procède la valeur analogique de « entourer de ses bras comme d'une ceinture » (1859), le plus souvent avec l'intention de neutraliser.
CEINTURON n. m. (1579) conserve la valeur augmentative du suffixe -on, désignant une grosse ceinture, notamment dans l'uniforme militaire.
■  Il a servi à former CEINTURONNIER n. m. (1800), nom d'ouvrier désignant celui qui fait ceintures et ceinturons.
CÉLADON n. m. est tiré (1617) du nom d'un personnage de l'Astrée, roman pastoral d'Honoré d'Urfé (1607), amant délicat et passionné dont le costume de berger était agrémenté de rubans verts. Le nom de ce héros est repris par allusion littéraire au latin Celadon, nom d'un guerrier dans les Métamorphoses d'Ovide. Le mot latin est calqué du grec Keladôn, proprement « le retentissant », employé comme nom d'un fleuve, substantivation de l'adjectif de même forme dérivé de kelados « bruit, clameur » dit de gens qui se battent, se disputent, de cris, de la lyre. Ce mot, avec une suffixation en -dos que l'on retrouve dans des termes de sens voisin, peut se rattacher à kelaruzein « bruire », kelôr « cri, voix » et, hors du grec, au latin calare « appeler », clamare (→ clamer).
❏  En référence à la couleur des rubans du costume du berger Céladon dans l'Astrée, le mot exprime une nuance de vert tendre, comme adjectif et substantif, s'employant par métonymie comme nom d'une porcelaine de cette couleur. ◆  En référence au tempérament du héros, le mot a désigné familièrement, souvent par ironie, un amoureux fidèle, sentimental (1686).
CÉLÈBRE adj. est emprunté (1532) au latin celeber « nombreux, en grand nombre », surtout en parlant d'un lieu, « fréquenté » (souvent joint à frequens dont il est synonyme, → fréquent). Le mot s'est employé notamment à propos des jours de fête religieuse attirant une grande affluence et, de là, par l'intermédiaire d'emplois du verbe (celebrare sacra, celebrare aliquid, aliquem), a développé le sens de « fameux, vanté », « illustre », surtout en poésie et peu fréquent avant l'époque impériale. La formation du mot rappelle celle de funebris (→ funèbre) ; le rapprochement avec le grec kelomai « je pousse, j'excite » est incertain.
❏  Le sens d'emprunt, « solennel, éclatant », « somptueux », a décliné après le XVIIe s. ; il est encore mentionné dans le dictionnaire de Trévoux en 1771. Le sens moderne, « dont le nom est partout vanté », serait attesté dès 1532 (Rabelais) selon certains, mais n'entre véritablement dans l'usage qu'au XVIIe s. (1636), quelquefois en mauvaise part (tristement célèbre).
❏  La dérivation directe se limite à CÉLÉBRISSIME adj., mot tardif (XXe s.), d'emploi ironique ou familier.
CÉLÉBRER v. tr. est un emprunt précoce au latin classique celebrare (de celeber) « visiter en foule » puis « fêter solennellement (un jour, un rite, une fête) », impliquant l'idée d'une participation nombreuse et d'une assemblée solennelle. C'est la première valeur du mot (1119) d'où, par héritage du latin d'église, « célébrer la messe » (1174 ; en emploi absolu, 1299). De bonne heure, il signifie également « marquer un événement par une cérémonie » (1160) et « honorer qqn, le louer publiquement » (v. 1160) d'où « faire l'éloge de qqn, qqch. » (célébrer la mémoire de qqn).
CÉLÉBRATION n. f. est emprunté (v. 1175) au latin classique celebratio « solennité, action de célébrer », spécialement en latin chrétien « action de célébrer la messe » (Ve s.).
■  Le mot désigne l'action de célébrer une cérémonie, une fête, d'abord en parlant du Christ au moment de la Passion.
CÉLÉBRITÉ n. f. est emprunté (XIVe s.) au latin celebritas « cérémonie solennelle » et « caractère de ce qui est vanté ».
■  Le mot est d'abord le doublet sémantique de célébration, jusqu'à la fin du XVIe siècle. ◆  Il s'en distingue ensuite en gardant uniquement le sens de « qualité de ce qui est connu » (1508-1517) qui, lorsqu'il est appliqué à un lieu, réactive la valeur étymologique « qualité de ce qui est très fréquenté ». Les sens de « solennité » (1680) et « caractère de ce qui est fréquenté » (1548) ont disparu. ◆  Par métonymie, le mot désigne une personne célèbre (1831), surtout au pluriel. Il est resté vivant, malgré la banalisation de people.
L CELER v. tr. est hérité (v. 980) du latin celare « cacher », mot ancien et usuel appartenant à une racine indoeuropéenne °kel-, représentée dans un grand nombre de mots latins (→ cellule, cil, clandestin, couleur, occulte) et dans le celtique celim « je cache », l'ancien haut allemand helan « cacher », l'ancien islandais háll « rusé », en grec même, sous la forme élargie kaluptein « couvrir, cacher ». Voir aussi le schéma.
❏  Le mot, qui signifie « tenir caché, dissimuler », a pâti de la concurrence de cacher dans l'usage courant et fonctionne de nos jours comme son doublet stylistiquement noble et archaïque.
❏  Les préfixés sont beaucoup plus vivants que le verbe simple.
■  RECELER v. tr. (v. 1170), composé préfixal de celer, a évolué vers le sens de « détenir » dans l'usage courant et la langue juridique (1398) ; en est sorti le sens figuré de « posséder (une qualité, un vice) » (1680).
■  Il a pour déverbal RECEL n. m. (1180), ancien synonyme de « secret », qui a pris le sens local concret de « cachette » (v. 1460) et reçu son sens courant, « fait de conserver illégalement un bien volé », dans le cadre du droit pénal (1810, Code pénal).
■  RECELEUR, EUSE n. (1324) a suivi la même évolution vers une spécialisation juridique.
DÉCELER v. tr. (1188), « dévoiler ce qui est caché », est surtout répandu avec le sens figuré de « être l'indice de, faire connaître » (1564).
■  Il a donné DÉCÈLEMENT n. m. (1546), substantif d'action peu usité, et DÉCELABLE adj. (1897), auquel répond un antonyme INDÉCELABLE adj. repéré antérieurement (1833).
⇒ tableau : Celer
CÉLERI n. m., d'abord scellerin (1419) puis seleris (1651), est emprunté au lombard seleri (forme au pluriel correspondant au toscan sèdano) issu du bas latin selinon « persil », « céleri », calqué sur le grec selinon, terme encore usité en grec moderne dont on ignore s'il est autochtone ou emprunté. Le dérivé de ce dernier, Sélinous, est un toponyme attesté en Sicile (Sélinonte) et, avec un autre suffixe en mycénien, proprement « lieu riche en céleri ».
❏  Le mot désigne une plante dont deux variétés sont cultivées, l'une pour ses pétioles, l'autre pour ses racines. La première est dite céleri en branches, l'autre céleri-rave (attesté 1782). Par métonymie, le mot désigne ces parties comestibles : salade de céleri, céleri rémoulade.
CÉLÉRITÉ n. f. est emprunté (1358) au latin classique celeritas « rapidité (du corps, de l'esprit, etc.) », de celer « prompt, rapide, hâtif », usuel mais plus rare en bas latin, qui a fourni en français l'adjectif rare CÉLÈRE (1520 comme latinisme ; puis fin XVIIIe s.). Celer évoque, pour le sens, le grec kelês « cheval de course, bateau de course », dérivé en -êt- d'un thème verbal (kellein « mettre en mouvement »), et le sanskrit kā̆layati « pousser ».
❏  Le mot, avec le sens de « promptitude dans l'exécution », appartient à l'usage littéraire ou écrit. Il est passé dans le langage scientifique (1751) pour désigner la vitesse d'un corps en mouvement, la vitesse de propagation d'une onde.
❏  Du radical du latin celer est tiré, avec l'élément -fère du latin ferre, CÉLÉRIFÈRE n. m., nom (1794) d'une voiture publique rapide, repris pour désigner un cycle à deux roues mû par la pression des pieds sur le sol, ancêtre de la bicyclette, à la mode sous le Directoire, comme la draisienne.
CÉLESTE adj. est emprunté (v. 1050) au latin caelestis « du ciel », « qui se rapporte aux dieux », au figuré « excellent, exquis », employé par les auteurs chrétiens (depuis saint Hilaire) au sens de « venant de Dieu, divin » et substantivé comme appellatif de Dieu et, au pluriel, des cieux ou des bienheureux. Il est dérivé de caelum (→ ciel).
❏  Le mot est introduit avec sa valeur religieuse, d'abord dans l'expression seignour céleste, en parlant de Dieu. Il s'implante dans le vocabulaire mystique avec des mots comme époux, pain, lumière. Jusqu'au XVIIe s., il est substantivé au sens d'« ange ». ◆  Par une extension hyperbolique (1534), il qualifie toute chose ou personne présentant des caractères de la perfection surnaturelle.
■  Spécialement, en vertu de la qualité de l'empereur de Chine, considéré comme d'essence divine, l'ancienne Chine reçut le nom de Céleste Empire et les Chinois l'appellation familière les Célestes. ◆  Le sens littéral neutre de « relatif au ciel » (1534, Rabelais) a bientôt été réservé au style poétique, sauf dans voûte céleste « firmament ».
❏  CÉLESTEMENT adv. (1544) n'a cours que dans le style littéraire et poétique.
CÉLESTA n. m., mot créé par Auguste Mustel (1886), à partir de l'adj. céleste, désigne l'instrument à percussion et à clavier, de son cristallin, dont Mustel était l'inventeur.
❏ voir CÉLESTIN.