CÉSURE n. f. est emprunté (1537) au latin impérial caesura « coupure, taille », spécialisé en métrique depuis le IVe s., de caesum, supin de caedere « couper » (→ césarienne, ciseau).
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Le mot est spécialisé en métrique française puis également (1680) en métrique antique. Par analogie, il désigne un repos dans une phrase musicale. Le style littéraire l'utilise parfois au sens de « suspension » (de parole).
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CÉTACÉ, ÉE n. m. et adj. d'abord cetacée (1542 ; encore en 1771), puis cétacé (1611), est d'origine incertaine, probablement issu d'une forme latine cetacea (seulement attestée au XVIIIe s., av. 1779) dérivée de cetus « cétacé, thon ». Celui-ci est un emprunt latinisé au grec kêtos « monstre marin », qui désigne tout animal énorme vivant dans l'eau (baleine, crocodile, hippopotame). Kêtos, dont l'étymologie est inconnue, a pris chez Aristote le sens de « cétacé » qu'il conserve en grec moderne.
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On emploie d'abord l'expression poisson cetacée pour désigner les « tiburons », « orques », « physetères » (baleines et cachalots), les « narvals », etc., le concept de poisson correspondant alors à « animal marin de forme fuselée ». Le mot est substantivé dès le XVIe s. (1556) pour désigner ce genre de « poissons ».
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La valeur moderne du substantif correspond à la constitution d'un ordre placé à la fin du XVIIIe s. parmi les mammifères (Cuvier, Lamarck).
CÉTEAU n. m. est un emprunt à un dérivé du latin sagitta « flèche », à cause de la forme du poisson.
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Ce mot régional de la côte atlantique française, au sud de la Loire, désigne un très petit poisson de mer de la famille de la sole, parfois appelé langue de chat.
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CÉTOINE n. f. est emprunté (1790) au latin des naturalistes cetonia (1775, Fabricius), lui-même d'origine inconnue. Pierre Guiraud propose l'étymon savant ceton, variante de seton « crin, soie », du latin seta (→ soie) ; d'autres évoquent une formation irrégulière sur le grec kêtos « monstre marin » (→ cétacé), que le sens du mot n'autorise guère.
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Le mot désigne un insecte coléoptère dont une espèce (cétoine dorée) vit en France dans les fleurs.
CÉVICHE (prononcé cévitché) n. f. est un emprunt, par l'espagnol, à un mot péruvien d'origine incertaine, diffusé par l'usage mexicain du mot.
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Il désigne une préparation de poisson cru mariné au citron.
C. F. A., sigle de Communauté financière africaine, s'emploie en apposition dans franc C. F. A. et comme nom masculin, pour l'unité monétaire de plusieurs pays d'Afrique.
C. F. P., sigle de Communauté du Franc Pacifique, s'emploie comme nom et en apposition (franc C. F. P), comme synonyme de franc pacifique, unité monétaire de cette zone de la francophonie (Nouvelle-Calédonie, Polynésie).
CHABICHOU n. m. est l'altération d'un mot dialectal occitan du Limousin, chabrichou, dérivé de chabro, forme qui correspond à chèvre.
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Le mot désigne un fromage de chèvre du Poitou.
❏ voir
CABÉCOU.
CHÂBLE n. m., apparu au XIVe siècle sous la forme chaible, est le résultat d'un emprunt latin au grec katabole « lancement ».
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Le mot désigne, en Savoie et en Suisse, un passage en pente rapide, déboisé, où l'on fait passer les troncs d'arbres, les billes de bois.
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CHÂBLER v. tr. se dit pour « faire glisser le bois dans un châble » ; le dérivé CHÂBLAGE n. m. est aussi en usage.
CHABLER v. tr. (1386), d'abord attesté au participe passé sous la forme ca- (bosc cablé, 1251), est dérivé de l'ancien français chaable, issu du latin populaire catabola (→ câble) du grec kata (→ catapulte) et ballein « lancer ».
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Ce verbe, devenu d'usage régional, signifie d'abord « abattre, faire tomber » et spécialement « gauler » (chabler des noix).
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Il a pris au XIXe s. (1863) une valeur figurée et familière « frapper, battre », aussi comme intransitif, « barder » (ça va chabler).
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Son dérivé 1 CHABLIS n. m., d'abord adjectif (1600 bois chablis), désigne le bois, les arbres abattus par le vent.
❏ voir
2 CHABLIS.
2 CHABLIS n. m. est la réduction métonymique (1789 ; Chably 1718) de l'expression vin de Chablis, beaucoup plus ancienne (v. 1223 vin de Chablies), formée avec le nom d'une localité de l'Yonne, en Bourgogne, centre de la région de production de ce vin blanc sec réputé. Le nom vient de 1 chablis, désignant un lieu où le bois est fréquemment abattu par le vent.
❏ voir
CHABLER.
CHABLON n. m. est un emprunt (1904) du français de Suisse à l'allemand Schablone, du moyen néerlandais. C'est l'équivalent suisse romand du français de France pochoir (peindre au chablon). Les chablons, en horlogerie, sont les pièces qui, assemblées, formeront le mouvement d'une montre.
CHABROL, CHABROT → CHÈVRE
CHABOT n. m., attesté par écrit en 1554, mais dès l'ancien français (1220) sous la forme cabot, est comme l'ancien provençal cabotz, issu d'un latin populaire capoceus, dérivé de caput « tête » (→ chef).
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De même que cabot, le mot désigne plusieurs poissons à grosse tête, certains de rivière, d'autres de mer, de petite taille, non comestibles.
CHACAL n. m., d'abord ciacale, graphie italienne, (1646), schakal (1655), chacale (1676) puis chacal (1686), est emprunté au turc çakal, lui-même emprunté au persan s̆ikāl qui le tient du sanskrit sṛgālá « le hurleur ». Le nom grec de l'animal était thôs, repris par le latin thos, mot d'origine obscure pour lequel on a posé hypothétiquement « le dévoreur » en le rapprochant de toinê, thôsthai « festin offert ». Le mot est attesté en anglais depuis 1603 sous la forme jackalles et dans un texte latin en 1631 sous la forme Iackals' d'où des formes françaises iachals, iackal (1663) et jachal chez Furetière (1690).
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Le mot désigne un animal carnivore (en Afrique, en Orient), se nourrissant surtout de cadavres, et au figuré un homme au comportement sournois et impitoyable.
CHA-CHA-CHA n. m., prononcé à l'espagnole (tcha...), provient d'une onomatopée ponctuant le rythme de cette danse d'origine mexicaine et désigne la danse, dérivée de la rumba et du mambo, qui fut à la mode en Europe dans les années 1950 et ensuite.
CHACONNE n. f. est emprunté, sous la forme chacone (1619) à l'espagnol chacone (1592), nom d'une danse populaire à trois temps, très animée et accompagnée de castagnettes, souvent tenue pour originaire du Mexique mais en fait européenne, et probablement venue du Portugal, où chacota est ancien. Le mot reposerait sur l'onomatopée tchak imitant le bruit des castagnettes.
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La danse populaire a évolué au XVIIe s. en danse de cour au tempo plus lent et c'est pour désigner celle-ci, très en vogue aux XVIIe et XVIIIe s., que le mot s'est répandu en français et dans d'autres langues. Par métonymie, il inclut l'air sur lequel on danse la chaconne (1674) et se rapporte à la pièce instrumentale ou vocale inspirée de cette danse. Composée pour elle-même ou intégrée dans une suite (de danses) ou une partita, la chaconne figure dans les ballets du temps de Louis XIII, les opéras de Lully ; sa structure (variations sur un thème de quatre mesures répété à la basse) a inspiré Rameau (Dardanus), Bach, puis Beethoven et Brahms.
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CHACUN, UNE pron. indéf., d'abord cascune (v. 1050) puis chacun (XIIe s.), est issu du latin populaire cascúnum, issu par croisement de quisque (unus) « chaque (un) », de quisque, du groupe de quis (→ qui), et de catúnum, contraction de (unus) cata unum, littéralement « un à un ». Catúnum, formé de cata emprunté au grec kata (→ catastrophe) et de unus (→ un), a donné cadhun (XIe s.), chaün, supplanté par chacun.
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Le mot est employé comme adjectif jusqu'au XVIIe s. (1668, La Fontaine), avant d'être condamné par Vaugelas et définitivement remplacé par chaque. Il conserve sa fonction de pronom (1080).
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De ses anciens emplois ne demeurent que les expressions chacun avec sa chacune (av. 1250) et tout un chacun, archaïsmes passés dans la langue familière.
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CHAQUE adj. indéf., d'abord écrit
chasque (v. 1176), est dérivé de
chacun par analogie avec
quelque / quelqu'un. Il devient usuel au
XVe s., se substituant progressivement à
chacun, adjectif. Il tend à usurper la place de
chacun dans un emploi irrégulier de la langue commerciale
(vingt francs chaque), condamné par les puristes. Ce tour est normal en français québécois (
c'est dix dollars chaque, pour « chacun, chacune »), où l'on emploie plutôt
à chaque fois que
chaque fois.
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CHACUNIÈRE n. f. s'emploie plaisamment par archaïsme littéraire, toujours en relation avec
chacun ou
chaque, dans des locutions comme
chacun s'en va dans sa chacunière (1532, Rabelais) « chez soi ».
CHADOUF n. m., emprunt à un mot arabe, désigne un dispositif traditionnel à balancier pour tirer l'eau d'un puits, courant en Égypte et en Afrique subsaharienne. En français, c'est un mot introduit par les géographes (XXe s.).