1 CHARLOTTE n. f. est issu (1804) du prénom féminin Charlotte, pour des raisons inconnues. L'hypothèse d'une dénomination en l'honneur de la reine d'Angleterre Charlotte, épouse de George III, manque de preuves suffisantes. Toutefois, le mot est attesté en anglais dès 1796.
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Le mot désigne un entremets fait de marmelade de pommes (et, par la suite, d'autres fruits) entourée de tranches de pain grillé et frit, puis de biscuits.
2 CHARLOTTE n. f. est emprunté (1905) au prénom de Charlotte Corday, célèbre pour avoir assassiné Marat et qui portait cette coiffure à bords froncés, garnie de rubans et de dentelles.
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Le mot désigne cette coiffure féminine.
L
1 CHARME n. m. est issu (v. 1160) du latin carmen, -inis, (→ carminatif) apparu dans la langue religieuse et juridique au sens de « formule rythmée, notamment magique » et entré en langue littéraire au sens élargi de « chant ». Le mot est apparenté à canere (→ chanter) peut-être par dissimilation d'une forme °canmen.
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L'histoire du mot en français est celle d'un affadissement progressif du sens initial de « formule magique » et, par métonymie de l'effet pour la cause, de « puissance magique », ou par extension d'« objet magique » (
XVIe s.). Cette valeur forte s'est en partie conservée dans les locutions
sous le charme, état de charme (dans l'hypnose),
se porter comme un charme (comme sous l'effet d'un charme bénéfique) et dans l'emploi poétique, pour « influence vague, mystérieure »
(le charme est rompu). Tout en se spécialisant favorablement,
charme s'est banalisé en « attrait, qualité qui a le pouvoir de plaire » (
XVIIe s.), notamment dans le vocabulaire de la séduction, depuis
les charmes (1578,
amoureux charmes) qui désignaient en langue classique les attraits physiques d'une femme, jusqu'à
avoir, faire du charme (1817) et à
...de charme.
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Le mot est passé en physique (1964) pour rendre l'anglais charm et désigner une propriété des quarks et particules qui détermine leur comportement (d'où particule charmée).
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Ses dérivés présentent la même évolution, l'usage jouant parfois de l'ambiguïté entre le sens fort et le sens courant :
CHARMER v. tr. (v. 1150), « soumettre à une opération magique », a glissé au
XVIe s. vers les sens modernes « plaire, séduire » (1560) et, avec un complément abstrait, « apaiser, calmer » (1560,
charmer l'ennui des ans).
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Son participe présent CHARMANT, ANTE est adjectivé (1550), d'abord au sens magique puis au sens courant de « qui séduit, plaît beaucoup » (1629-1630), affaibli en français moderne en « très agréable, séduisant », d'une personne — notamment dans l'expression empruntée aux contes de fées, le Prince charmant — et, par extension, d'un comportement.
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CHARMEUR, EUSE n. et adj., d'abord au féminin sous la forme ancienne charmeresse (1279, avec un n), encore utilisée par Chateaubriand et G. Sand, désignait proprement la personne qui pratique la magie, valeur forte conservée dans charmeur de serpents. La mutation vers les valeurs modernes de « celui qui séduit, fascine » (1560, adj. ; 1624, n.) a amorcé l'affaiblissement en « personne aimable, adorable », cependant plus fort que charmant. Les CHARMEUSES n. f. pl. désignent plaisamment (1928) les moustaches.
L
2 CHARME n. m. est issu (v. 1170), du latin carpinus, nom d'arbre présentant la même finale que fraxinus (→ frêne), taxus « if », sappinus (→ sapin). L'italien carpino et l'espagnol carpe remontent au même étymon.
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Le mot désigne un arbre à bois dur et blanc, très répandu en France.
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CHARMAIE ou
CHARMOIE n. f., d'abord attesté comme toponyme (1257,
la Charmoye) puis nom commun (1611), désigne un lieu planté de charmes.
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Il subit la concurrence de
CHARMERAIE n. f. (1938).
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CHARMILLE n. f. (1669) a désigné une plantation, une pépinière de jeunes charmes, puis a pris le sens moderne, « allée, haie, palissade, tonnelle de charmes » (1732) et, par extension, « berceau de verdure ou de fleurs » (
XIXe s.).
Charmille désigne, en Bourgogne et dans l'est de la France (des Vosges à la Savoie), le charme et son bois.
CHARMU n. m., mot dialectal de Suisse romande, transcrivant une prononciation de charmur (1263 dans le toponyme Charmurs de Palais), est composé de mur et d'un élément char- que les étymologistes rapportent au latin calvus (→ chauve).
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En français de Suisse, le mot désigne une terrasse de vigne placée entre deux murs de soutènement. Synonyme : tablar.
L
CHARNIER n. m. est issu (1080) du latin carnarium « croc à suspendre la viande, garde-manger », attesté dans les textes médiévaux au sens d'« ossuaire » (VIIIe s.), dérivé de caro, carnis (→ chair).
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Le sens d'« endroit où l'on met les morts », passé le premier en français, s'est affirmé comme dominant. Par extension, le mot signifie « endroit où s'amoncellent de nombreux cadavres » (av. 1848), avec des emplois métaphoriques. Parallèlement, le sens d'« endroit, récipient où l'on conserve la viande » (1174-1191) a décliné.
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Par métonymie, le mot a désigné en marine une barrique contenant une réserve d'eau douce, sens dans lequel l'ancienne idée de « garde-manger de chair animale » s'est effacée.
CHARNIÈRE n. f., d'abord carnière (XIIe s.), est probablement dérivé de l'ancien substantif charne, attesté au début du XIIe s. sous la forme anglo-normande carne « pivot, pilier », lui-même issu du latin cardo, -inis, mot technique signifiant « gond, pivot, pôle », « point cardinal » (→ cardinal) et, au figuré, « point essentiel ».
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Le mot, d'abord employé dans le nord-est du domaine d'oïl (Picardie, Wallonie), désigne une attache articulée et connaît de nombreux sens techniques, en anatomie (v. 1560 ; 1611, charnière du genou), en reliure (« articulation des plats et du dos de la reliure ») pour désigner l'articulation des valves d'un coquillage et un outil de graveur de pierre (1676).
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À date plus récente, il est employé au sens figuré de « point délicat et primordial, de jonction » d'abord en stratégie militaire puis dans d'autres domaines abstraits et, en apposition (1936), dans date, époque charnière. En français de Madagascar, le mot est appliqué à la période précédant la commercialisation de la nouvelle récolte de riz, lorsque le riz de la récolte précédente vient à manquer (Cf. soudure).
L
CHAROGNE n. f. est issu (v. 1119) d'un latin populaire °caronia, probablement dérivé de caro (→ chair). Un étymon identique, issu par dissimilation de °carionia dérivé de caries « pourriture » (→ carie), fait difficulté du point de vue morphologique.
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Le mot désigne la chair de cadavre, la viande avariée (avec une valeur nettement plus péjorative que carne*) et, par métonymie, un cadavre d'homme, d'animal en décomposition (1154-1173). Le mot est entré en poésie avec Baudelaire.
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Familièrement, il désigne de manière injurieuse un homme vil, ignoble (1606).
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Si l'on excepte
CHAROGNEUX, EUSE adj. (v. 1500), d'usage rare et littéraire, la dérivation est tardive :
CHAROGNERIE n. f. (1861) a le sens figuré péjoratif de « caractère d'une personne infecte moralement » ;
CHAROGNER v. intr. (1883) procède des deux sens de
charogne, tout comme
CHAROGNARD n. m. (1894), dont le sens figuré « exploiteur sans scrupule, qui profite des malheurs d'autrui »
(Cf. vautour), d'abord « patron dur », est attesté un peu avant le sens propre « oiseau de proie se nourrissant de cadavres, vautour » (1899) ou « animal sauvage se nourrissant de cadavres ».
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2 CHARRETTE n. f. est un euphémisme pour
charogne, employé en français de Suisse, depuis la fin du
XIXe siècle. En interjection et comme appellatif légèrement injurieux, parfois amical, le mot correspond à « canaille, filou » (
cette charrette de Jean : « ce sacré Jean »). L'exclamation correspondrait à « zut !, crotte ! ». Le mot, semble-t-il, est un peu désuet.
CHARPENTE n. f., d'abord charpante (1563), est soit tiré de l'ancien français charpent « stature du corps » d'où « corps » (v. 1119) soit, étant donné que charpent ne semble pas attesté après le XIIIe s., tiré de charpenter. L'ancien français charpent est issu du latin carpentum « chariot à deux roues » d'origine gauloise (ce chariot étant constitué par un assemblage de pièces de bois).
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À partir du sens d'« assemblage de bois servant de structure à une construction », le mot est aussi employé au sens d'« ossature du corps » et, au sens abstrait, de « structure » (1726, la charpente d'un sermon).
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CHARPENTER v. tr., antérieur à
charpente (1172-1175), est soit dérivé de l'ancien français
charpent, soit issu d'un latin vulgaire
°carpentare, dérivé de
carpentum ; plus probablement encore, il pourrait être dérivé du radical de
charpentier, comme
charcuter de
charcutier.
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Le verbe exprime l'action de tailler et assembler du bois pour une construction et, par une extension figurée, « taillader, malmener » (v. 1200) ; sens aujourd'hui disparu. Par analogie, il est employé en parlant d'une œuvre abstraite (discours, écrit) avec le sens de « construire » (déb.
XIVe s., dans un contexte religieux ; de nouveau au
XIXe s.).
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CHARPENTIER n. m., d'abord
carpentier (1174-1176), est issu du latin
carpentarius, dérivé de
carpentum, « relatif aux voitures », substantivé comme appellation du charron et, dans les textes tardifs, de l'artisan qui façonne les bois et les assemble (
Ve-
VIe s.). L'évolution sémantique est confirmée par le composé
carrocarpentarius attesté dans les gloses du
IXe et du
Xe s. ;
carro- de
carrum (→ char) serait inutile si le mot avait gardé le sens premier.
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Le mot désigne l'artisan travaillant le bois et possède quelques emplois métaphoriques dans le domaine de la création artistique et littéraire. Le féminin charpentière (1278, carpentière) ne s'est pas maintenu.
L
CHARPIE n. f., étant donné sa datation relativement tardive (v. 1300), est probablement la substantivation du participe passé charpi au féminin, de charpir (XIe s.) « démêler de la laine à la main » et (XIIIe s.) « déchirer, mettre en pièces », plutôt que la continuation du bas latin carpia, attesté comme terme de médecine au IIIe s. (Oribase) et dont la formation, à partir de carpere, est obscure. Charpir est quant à lui issu d'un latin tardif °carpire, modification par changement de conjugaison de carpere « cueillir, arracher, lacérer », employé spécialement en parlant de la laine que l'on file (dès Catulle), également au figuré « choisir » et « jouir de, goûter ». Ce mot est rapproché de l'ancien haut allemand herbist et du vieil anglais haerfest (anglais harvest), du grec karpos « fruit » (→ -carpe, carpo-).
❏
Le sens médical, « amas de fils permettant de faire des pansements », a vieilli du fait de l'usage de gaze et de coton ; le mot est surtout vivant, avec une idée de « menus morceaux » (1300, en art culinaire), dans la locution figurée en charpie précédée des verbes mettre, réduire, s'en aller.
❏
Le verbe CHARPIR, vieilli et rare, a toutefois produit écharper*.
❏ voir
CARPETTE, ÉCHARPER.
L
CHARRÉE n. f. d'abord carrée (v. 1280), est dérivé, de même que l'ancien provençal, d'un terme simple (carre, charre ?) attesté par le limousin chadro. Ce mot est issu du bas latin cathara (sous-entendu aqua) « (eau) propre, qui purifie », attesté au VIe s. dans une traduction d'Oribase. L'adjectif est emprunté du grec katharos « pur, propre, sans tache » (→ cathare, catharsis). L'usage des cendres dans l'eau de lavage du linge, connu des Grecs et des Romains, ainsi que le mot, ont pu se répandre à partir des colonies grecques du sud de la Gaule.
❏
Le mot désigne la cendre de bois employée pour la lessive et dont le résidu est utilisé pour l'amendement des sols et la fabrication de certains verres.
L
CHARRUE n. f. est issu (1180-1200) du latin carruca, dérivé de carrus « chariot » (→ char, charger), qui a d'abord désigné un type de char luxueux, un carrosse puis simplement une voiture quelconque à deux roues (fin IIe-déb. IIIe s.). Le mot s'est spécialisé en Gaule au IXe s. pour désigner l'instrument de travail agricole, lui aussi à deux roues, importé par les Francs, distinguant ainsi cette innovation technique de l'instrument de labour sans roues des Romains, et supplantant le représentant latin aratrum qui a donné araire.*
❏
Le mot, désignant l'instrument de travail agricole à traction animale ou mécanique destiné au labour, a donné quelques locutions figurées. Toutes sont vieillies à l'exception de atteler (mettre) la charrue avant les bœufs (d'abord : devant les bœufs, 1675) « faire les choses dans un mauvais ordre », réfection d'une ancienne variante en usage aux XVe et XVIe siècles.
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Charrue s'emploie familièrement en français québécois pour « chasse-neige ».
❏
CHARRUER v. (1339) a été éliminé par labourer. Son dérivé CHARRUAGE n. m. (XIIIe s.), d'abord « étendue de terre de labour » puis aussi « action de labourer » (1907), est demeuré rare.
L
CHARTE n. f. est l'altération (av. 1338) par dissimilation ou d'après le latin charta, de chartre (1050). Ce dernier est issu du latin classique chartula « petit écrit » et, en bas latin et latin médiéval « acte, document ». Ce mot est le diminutif de carta ou charta, emprunt ancien au grec khartês (→ carte, pancarte et, par l'italien, → carton, cartouche, cartel) « feuille de papyrus préparée pour l'écriture », par métonymie « lettre, écrit » puis (au pluriel) « acte, document d'archive ».
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Tout au long du moyen âge, le mot a désigné un titre de propriété, de vente, de privilège octroyé. C'est en ce sens qu'il est encore utilisé dans École nationale des chartes, école fondée en 1821 et préparant des spécialistes des documents anciens.
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Il s'est spécialisé au sens d'« ensemble des lois constitutionnelles établies par un souverain » (1771) en parlant de la Grande Charte d'Angleterre établie en 1215 (en anglais chart) ou de la charte constitutionnelle de la Restauration (1814). Par extension, il désigne tout ensemble de principes fondamentaux d'une institution officielle (d'un syndicat, des Nations unies), parfois avec la valeur figurée de « règle essentielle » (1826).
❏
Le mot a produit
CHARTE-PARTIE n. f. (1372,
chartre partie), formé avec le participe passé de
partir* et qui désigne un acte constatant un contrat d'affrètement : les deux expéditions de l'acte, faites sur la même feuille, étaient ensuite séparées quand le notaire coupait le document en deux, de manière à éviter toute falsification.
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L'ancienne forme chartre demeure dans le dérivé CHARTRIER n. m. (1370) « dépôt ou recueil des chartes » et (1690) « gardien des chartes ». Bien que formé en français, ce mot a subi l'influence du latin médiéval chartularium (972-980) de sens concret, et de chartularius « archiviste » (dès 354).
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CHARTISTE n. (av. 1824) a été créé en politique, d'après la charte de 1814, au sens de « partisan de la charte », sous l'influence de l'anglais
chartist ; il est devenu également un terme d'histoire anglaise (1845), avant de désigner aussi l'élève de l'École des chartes (1899).
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CHARTISME n. m. (1846), terme d'histoire anglaise, est l'adaptation de l'anglais chartism, nom d'un mouvement réformiste (1838-1848), dérivé de (People) Chartes, nom donné au document réformiste publié le 8 mai 1838.
❏ voir
CARTULAIRE, CHARTE-PROGRAMME*.
CHARTER n. m. est un emprunt (v. 1950) à l'anglais charter, de to charter « affréter, noliser ».
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Le mot désigne un véhicule collectif et surtout un avion loué en entier, pour garantir son occupation totale (et des prix plus bas). En apposition, on emploie vol, billet charter.
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Dans le contexte de l'expulsion d'immigrés en situation irrégulière, le mot a reçu des connotations policières en général péjoratives (la politique des charters, etc.).
CHARTREUSE n. f., d'abord chartrouse (v. 1200), est issu du toponyme Grande-Chartreuse, lieu près de Grenoble où saint Bruno fonda en 1084 le premier monastère de cet ordre. Ce nom, en latin médiéval Cartousia (XIe s.), d'où cartuseria (XIIIe s.) puis cartusia, semble correspondre à cato- ou caturissium, peut-être à rattacher à Caturiges, nom d'une ethnie gauloise, du gaulois catu « combat » et riges, pluriel de rix « roi » (Cf. Vercingétorix).
❏
Le nom, qui désigne un couvent de chartreux, toujours construit en un lieu solitaire, a été donné par métonymie à la liqueur fabriquée dans ses murs (1857). Dès 1755, il était employé comme terme d'art culinaire
(lotte à la chartreuse) à propos d'un mélange de légumes.
Chartreuse a désigné une petite maison de campagne, et s'emploie encore en Aquitaine pour une maison basse et longue, en général ancienne.
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CHARTREUX, EUSE n. et adj., d'abord chartrous (1330) « moine d'une chartreuse », est aussi devenu le nom d'une race de chat à poil gris (1723) parce que les chartreux ont été les premiers à élever ces chats.
CHARYBDE n. m., d'abord Caribdis (v. 1278) et Caryde (1552), est emprunté, par l'intermédiaire du latin, au grec Kharubdis, nom d'un monstre marin et d'un dangereux tourbillon situé dans le détroit de Messine près des côtes de la Sicile. Kharubdis est un nom mythique sans étymologie connue, souvent associé à Skulla, nom d'un autre monstre marin, désignant un écueil sur lequel se brisaient les navires en voulant éviter le tourbillon Kharubdis. Skulla appartient, comme le pensaient déjà les Anciens, au groupe de skulax « jeune chien », également attesté comme anthroponyme, terme expressif que l'on a rapproché, avec un autre vocalisme, du lituanien skalīkas « chien de chasse aboyant » et kalẽ « chienne ». Meillet rapproche plutôt de Kharubdis l'arménien c̣ul « jeune taureau » dont le sens diffère, à moins que le radical indoeuropéen, très hypothétique, n'ait correspondu à « jeune animal ».
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Le mot, apparu comme nom propre, est exclusivement employé dans l'expression proverbiale tomber de Charybde en Scylla (d'abord de Scylle en Caryde, 1552) « tomber dans un mal plus grand que celui auquel on voulait échapper ».
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CHAS n. m., d'abord chäas (déb. XIIIe s.), puis cas (XIIIe s.) et chas, est d'origine incertaine, peut-être à rapprocher, comme l'ancien français chas « corps de bâtiment » et l'ancien provençal cas « caisson, ballot » (1467), du latin capsus « caisse d'une voiture, cage » (→ caisse, châsse), par le sens de « bulle » (IIe s.) qui aurait permis de dégager l'idée d'un petit objet creux, puis d'une cavité. La forme chäas (deux syllabes), dans deux attestations au XIIIe s., reste inexpliquée. Un étymon °cavaceum, adjectif substantivé au neutre, dérivé de cavum « creux, cavité » (→ cave), ne peut être retenu car il n'explique ni le provençal cas, ni le français cas, le v placé entre deux a ayant dû régulièrement se maintenir.
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Le mot désigne le trou percé à l'extrémité d'une aiguille à coudre. L'expression proverbiale passer par le chas d'une aiguille fait référence à une phrase de l'Évangile devenue proverbiale, selon laquelle « il est plus aisé pour un chameau de passer par le trou (chas) d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu » (Matthieu, XIX, 24).