CIPAILLE n. m., mot du français du Canada, attesté en 1906 au sens de « ragoût », en 1914 pour « pâté », est la francisation de sea pie (1751), par emprunt aux marins anglais par les forestiers anglo-canadiens. Le passage au français est entièrement oral, est sea pie oublié. La variante cipâte témoigne d'une volonté de motivation. Le mot désigne surtout un grand pâté aux pommes de terre et à la viande. Il a d'autres significations, dans certaines régions du Québec (tourte, tarte...).
CIRAGE → CIRE
CIRCON-, CIRCUM- est un élément préfixal emprunté au latin circum, accusatif de circus « cercle » (→ cirque), employé anciennement comme préposition avec le sens propre de « en cercle, autour de ».
❏  Circum, qui ne traduit que le sens concret de la préposition grecque peri (→ péri-) — le sens figuré « relativement à, à propos de » étant réservé à circa —, est employé dans de nombreux juxtaposés verbaux, souvent calqués du grec, de sens propre et figuré (→ circoncire, circonférence, circonflexe, circonlocution, circonscrire, circonspect, circonstance, circonvenir). En français même, il se combine à un adjectif ou à un substantif, le plus souvent sous la forme savante circum-, décrivant la situation autour du lieu ou de l'objet caractérisé par cet adjectif ou l'action, la qualité exprimées par ce substantif.
CIRCONCIRE v. tr., d'abord circumcis au participe passé (v. 1120) puis circuncire à l'infinitif (1170), est un emprunt adapté au latin circumcidere. Celui-ci, composé de circum « autour » (→ circon-) et de -cidere, de caedere « couper » (→ ciseau), signifie « couper autour ». Il a d'abord été employé en jardinage au sens de « rogner, tailler » et a reçu en rhétorique le sens figuré de « réduire, supprimer ». À l'époque chrétienne, il s'est spécialisé pour désigner l'opération rituelle d'excision du prépuce dans la religion hébraïque.
❏  Le mot, passé en français dans les textes religieux et les traductions de la Bible, signifie « enlever rituellement le prépuce de l'enfant mâle ». Le sens figuré de « corriger, amender » (1351), déjà réalisé dans l'expression biblique circoncire le cœur de qqn (v. 1235), ne s'est pas répandu en dehors du langage mystique.
❏  CIRCONCIS, ISE, le participe passé de circoncire, est employé adjectivement (1170) et substantivement (1604), notamment comme équivalent de « juif » ou de « musulman » (1604) et les religions juive et musulmane prescrivant la circoncision.
CIRCONCISION n. f., d'abord circumcisiun (1170), est emprunté au latin chrétien circumcisio « excision du prépuce » et, au figuré, « vraie foi, foi nouvelle », spécialement dans le syntagme circumcisio cordis « purification du cœur, morale ». Le mot, qui désigne l'excision du prépuce, a été plus long que le verbe à se répandre dans le langage mystique avec le sens figuré de « purification morale » ; après une attestation de circoncision de pensée (1258), le syntagme, emprunté au latin circoncision de cœur, reparaît dans les Pensées de Pascal (v. 1660). Il a disparu dans ce sens. En français d'Afrique subsaharienne, le mot est employé avec deux extensions : d'une part, il désigne l'ensemble des rites et fêtes accompagnant l'initiation des jeunes garçons (comprenant une circoncision) ; d'autre part, il peut désigner aussi l'excision féminine. Dans le même contexte géolinguistique ainsi qu'en français du Maghreb, le nom d'agent CIRCONCISEUR n. m. s'emploie exclusivement pour la circoncision masculine. Le mot existait en français d'Europe (1680) à propos du rite judaïque.
INCIRCONCIS, ISE adj. est emprunté, d'abord au figuré (cœur incirconcis, XVe s.), au latin religieux incirconcisus, préfixé antonyme de circoncisus. Il signifie « non circoncis » et, depuis le XVIe s. (1541, Calvin), « qui n'appartient pas à la religion juive ». Le sens figuré, « pécheur, personne qui refuse la circoncision du cœur », s'est employé aux XVIIe et XVIIIe s. dans la langue religieuse.
■  INCIRCONCISION n. f., emprunt (1530) au latin incirconcisio, est demeuré plus rare dans la langue classique que incirconcis, puis est sorti d'usage.
CIRCONFÉRENCE n. f. est emprunté (1267) au latin impérial circumferentia « cercle », de circumferre « mouvoir circulairement, faire le tour de », composé de circum « autour » (→ circon-) et de ferre « porter » (→ -fère).
❏  Le mot, introduit en géométrie comme dénomination de la courbe qui limite la surface d'un cercle ou d'une sphère (v. 1275), s'est répandu dans l'usage au XVIIe siècle. Il désigne le pourtour d'un lieu (1680), d'un corps (1690) et la surface délimitée s'étendant autour d'un point (déb. XVIIIe s.).
❏  CIRCONFÉRENTIEL, IELLE adj. (1858), réintroduit après une première attestation de la forme circonferencial (v. 1390) à l'imitation du latin médiéval circumferentialis (fin XIIe s.), est d'usage scientifique ou technique.
CIRCONFLEXE adj. et n. m., d'abord circunflect (1529) puis circonflexe (1550), est emprunté au bas latin circumflexus (sous-entendu accentus), tiré du participe passé de circumflectere « décrire une courbe » en parlant des chars dans l'arène, spécialisé en grammaire au sens de « prononcer une syllabe longue ». Ce verbe est composé de circum (→ circon-) et de flectere « courber, ployer » (→ fléchir). Le substantif latin a servi à rendre le grec perispômenê (prosôdia), lui-même dérivé du verbe perispan qui désigne l'action de modifier brusquement la tension d'une corde pour faire entendre deux sons de suite.
❏  Le mot est d'abord employé pour désigner un signe d'accentuation grec (῀) puis, par analogie (1559-1574), le signe français (ˆ) qui apparaît à la Renaissance pour marquer l'allongement de certaines voyelles (as-, es- seront remplacés par â-, ê-). Il est parfois employé par plaisanterie pour qualifier des objets en forme d'accent circonflexe (1654). En anatomie, il est substantivé au masculin et au féminin (1805) pour dénommer des vaisseaux et des veines au trajet sinueux.
❏  CIRCONFLEXION n. f., « forme en accent circonflexe » (1922), est littéraire et rare.
CIRCONLOCUTION n. f., d'abord circonlocuciom (XIIIe s.), est emprunté au latin circumlocutio « détour de langage », de circum « autour » (→ circon-) et locutio (→ locution), et calque le grec tardif periphrasis (→ périphrase).
❏  Le mot désigne les détours de langage visant à masquer la pensée ou à adoucir ce que l'on veut dire. Il concurrence circuit* (aujourd'hui archaïque en ce sens) et circonvolution*.
CIRCONSCRIRE v. tr. est emprunté (v. 1370), avec adaptation, au latin circumscribere « tracer un cercle autour » d'où « enclore, limiter, borner », de circum « autour » (→ circon-) et scribere (→ écrire).
❏  Le verbe est introduit avec le sens abstrait de « définir les limites de » (en philosophie). ◆  Le sens concret « limiter un espace par une ligne » a été repris à la Renaissance (1550) et spécialisé en géométrie (1690). De l'acception médicale (1792, tumeur circonscrite) procède, par métaphore, le sens d'« empêcher (une chose néfaste) de se propager » (1790). Le sens administratif de « délimiter (un territoire) », correspondant à circonscription, est attesté au XIXe s. (1835).
❏  CIRCONSCRIPTION n. f. a été emprunté avant le verbe (fin XIIe s.), au dérivé latin circumscriptio « cercle tracé, corps limité, borne ». Le mot désigne ce qui délimite l'étendue d'un corps et, spécialement en géométrie, l'action de circonscrire une figure à une autre (1690). Aux divers sens correspondant à ceux du verbe, il ajoute celui de « division territoriale » (av. 1835, Académie), spécialisé en « division électorale » (seul ou en emploi qualifié par électorale).
CIRCONSCRIPTIBLE adj. a été dérivé (v. 1400) du radical du latin circumscriptus, participe passé de circumscribere avec le suffixe -ible, probablement d'après le latin médiéval circumscriptibilis (v. 1150).
■  Le mot, employé au XVe s. sous la forme circunscriptible, a été repris au XIXe s. après une proposition de Richard de Radonvilliers (1845).
CIRCONSPECT, ECTE adj., d'abord circunspect (v. 1282), est emprunté au latin impérial circumspectus « prudent, réfléchi », participe passé adjectivé de circumspicere, proprement « regarder (→ spectacle) autour » (→ circon-).
❏  Le mot qualifie une personne et, par métonymie, un comportement (1572, prudence circonspecte) faisant preuve de prudence.
❏  CIRCONSPECTION n. f. est emprunté en même temps que l'adjectif (av. 1250) au latin circumspectio, du supin de circumspicere, pour désigner une attitude de retenue prudente.
CIRCONSTANCE n. f. est emprunté (v. 1220) au latin circumstantia « action d'entourer » et, au figuré, « situation, occasion », substantivation du participe présent au pluriel neutre, pris pour un féminin, de circumstare, littéralement « se tenir autour », de circum (→ circon-) et stare (→ état).
❏  Le sens concret, « ce qui est autour », réalisé dans l'expression juridique circonstances et dépendances (1345), « parties d'immeubles accompagnant l'habitation principale », est sorti d'usage au XVIe siècle. ◆  Le mot s'est alors limité (1265) à son sens figuré de « particularité accompagnant un événement », souvent réalisé au pluriel circonstances, spécialement dans un contexte juridique (circonstances atténuantes) et en rhétorique (1863). ◆  Par extension, l'accent étant mis sur l'adéquation d'un fait et d'un moment donnés, il a pris le sens de « conjoncture, occasion » (1668), devenu le plus usuel et donnant lieu à la locution adverbiale de circonstance « en rapport avec une occasion particulière » (1809).
❏  CIRCONSTANCIÉ, ÉE adj. (v. 1460), « exposé avec toutes les circonstances » (d'une chronique, d'un récit), a glissé vers le sens plus vague de « très détaillé ». Il s'est confondu avec le participe passé du verbe CIRCONSTANCIER v. tr. (1586), formé ultérieurement.
■  CIRCONSTANCIEL, IELLE adj. (1747) exprime, en relation avec deux autres sens du verbe, une notion grammaticale « qui exprime une circonstance » et, dans l'usage général, une relation de fait « qui dépend des circonstances » (1801).
CIRCONVENIR v. tr., d'abord circunvenir (v. 1355) puis circonvenir (v. 1370), est emprunté au latin circumvenire. Ce verbe signifie proprement « venir (→ venir) autour (→ circon-) » d'où « entourer, cerner » et, au figuré, « assiéger, opprimer » et « abuser (qqn) en l'entourant d'artifices ».
❏  Le sens propre, « entourer de tous côtés », a vieilli après l'époque classique. Le sens figuré, pris au latin en même temps que le sens propre « séduire, tromper par des ruses et des artifices » (v. 1370), s'est maintenu dans le registre soutenu, spécialement avec la nuance de « se concilier une personne par des manœuvres habiles ».
❏  Le participe passé CIRCONVENU, UE est employé adjectivement au sens, légèrement péjoratif, de « séduit ». ◆  CIRCONVENTION n. f. (1269), ni CIRCONVENTEUR n. m. (1570), empruntés au latin, et ont disparu.
CIRCONVOLUTION n. f. est un emprunt (XIIIe s.) au latin circumvolutio, variante de circumvolutatio, de circum « autour » et volutatio, dérivé de volvere « rouler » (→ dévolu, révolu, révolution, volute, voûte).
❏  Le mot, au sens propre d'« enroulement autour d'un point central », est demeuré très didactique ; il s'est spécialisé en anatomie (les circonvolutions intestinales, cérébrales). Au figuré, il s'est employé pour « paroles complexes et détournées », quasi synonyme de circonlocution*.
CIRCUIT n. m., d'abord circuite au féminin (v. 1220), forme encore en usage au XVe s., puis circuit (1257), est emprunté au latin circuitus « action de faire le tour ; marche circulaire », d'où concrètement « enceinte » et, au figuré, « circonlocution ». Le mot est dérivé de circuire de circum « autour » (→ circon-) et ire « aller » (Cf. errer et le futur d'aller, irai...), « aller autour, parcourir », verbe dont le représentant moyen français circuier (v. 1350) a été définitivement supplanté au XVIIe s. par circuler*.
❏  Désignant d'abord le chemin à parcourir pour faire le tour d'un lieu, le mot s'applique à un chemin courbe et sinueux (1543), autrefois également avec une valeur figurée (1560), elle aussi latine, qui en faisait le synonyme de circonlocution, périphrase. Au XXe s., s'est ajoutée l'idée d'un parcours organisé, au terme duquel on revient au point de départ, en particulier en sport (en course automobile [1902] et en tourisme [1932]). Le mot a aussi pénétré le langage technique comme dénomination d'une suite ininterrompue de conducteurs électriques (XIXe s. ; 1865 dans les dictionnaires), repassant dans l'usage commun sous forme de métaphore (être hors circuit « ne plus être impliqué ») ; il désigne également un ensemble de tuyauteries assurant l'écoulement d'un fluide (circuit de refroidissement). L'acception technique d'électricité et de magnétisme (1854) est devenue usuelle et a évolué avec le développement de l'électronique : circuit imprimé, « ensemble miniaturisé dont les connexions sont réalisées par des bandes conductrices incorporées à une plaque isolante ». Circuit intégré. Circuit logique. Circuit magnétique. ◆  Le mot s'emploie aussi dans la théorie des graphes. ◆  Enfin, par analogie, circuit est entré dans le vocabulaire de l'économie, désignant une succession d'opérations qui reviennent au point de départ (circuit de distribution, circuit parallèle, v. 1970).
❏  La dérivation consiste en deux composés techniques.
■  COURT-CIRCUIT n. m. (1858), terme d'électricité bientôt entré dans l'usage courant, signifie aussi au sens figuré « voie plus courte que la normale » (1933). ◆  Il a produit COURT-CIRCUITER v. tr. (1917) au propre et au figuré (1953).
■  MICROCIRCUIT n. m. (1961) désigne, en électronique, un circuit électrique imprimé et miniaturisé (→ micro-).
CIRCULAIRE adj. et n. f., d'abord écrit circulere (v. 1265), puis circulaire (1314), est emprunté au bas latin circularis « qui décrit un cercle », spécialisé en mathématiques où circularis numerus désigne un nombre carré. Circularis est dérivé de circulus (→ cercle). En ancien français, circulaire a supplanté les types circuler (XIIIe s.) et circulier (v. 1278), ce dernier probablement issu d'une forme à suffixe -arius (alternant parfois avec -arus dès le latin).
❏  Le mot, introduit par le langage didactique, qualifie ce qui décrit un cercle (v. 1265, mouvements circulaires), ce qui a la forme d'un cercle (1314, en description anatomique). À partir du XVIIe s., il s'emploie abstraitement en logique pour qualifier un raisonnement (1678, argument circulaire), puis dans d'autres domaines, reprenant la spécialisation mathématique du mot en latin (1753, nombre circulaire), usage disparu et remplacé par d'autres emplois (algèbre, trigonométrie). Une autre métaphore concerne un type de délire nommé folie circulaire (1869). L'emploi de l'adjectif en parlant d'un chemin, d'une rue qui se déploie autour d'un lieu est attesté à partir de 1846. ◆  Sous l'influence de circuler, le mot a développé au XVIIe s. le sens de « qui circule de main en main » (1534 Peiresc, lettre circulaire). Cet emploi a débouché sur la substantivation une circulaire (1787) dans le langage administratif et courant. Au Québec, le mot s'est spécialisé pour « publicité imprimée » ou « prospectus ». En médecine, après avoir désigné l'os en forme d'anneau sur lequel est tendue la membrane dans l'oreille des enfants (1732), le mot s'emploie au pluriel (les circulaires du cordon) à propos des enroulements du cordon ombilical autour du cou du fœtus pendant la grossesse.
❏  CIRCULAIREMENT adv. dont la forme actuelle (1377) a remplacé circulierement (1314) correspond à « de façon circulaire » au propre et au figuré et, dans la description spatiale, à « en forme de courbe ».
■  CIRCULARITÉ n. f. dont la forme savante (XVIe s.) a pu être modelée sur le latin médiéval circularitas (1248-1256) n'est pratiquement pas attesté (une seconde fois en 1740) avant 1866.
■  SEMI-CIRCULAIRE adj., introduit (1314) dans la description anatomique, alterne avec DEMI-CIRCULAIRE adj. (1690), d'abord en anatomie puis dans un emploi moins restrictif (1832). Les deux adjectifs correspondent au substantif demi-cercle (→ cercle).
CIRCULER v. intr. est emprunté (v. 1361) au latin circulari « former groupe », « faire le colporteur, le charlatan » d'où « aller de côté et d'autre », de circulus (→ cercle). La forme circulare, à côté de circulari, est uniquement transitive.
❏  Le sens de « décrire un mouvement circulaire, faire le tour de qqch. » (1361) est sorti d'usage au profit de sens particuliers ou figurés qui se sont développés à partir du XVIIe s. : circuler signifie « passer dans un circuit » (1680), d'abord en anatomie en parlant du sang, après la découverte de Harvey, puis de tout fluide. Depuis le XVIIIe s., il exprime l'action de « passer de mains en mains » en parlant de choses, spécialement de biens, capitaux, marchandises, dans un contexte économique (1718). Appliqué à des choses abstraites (idées, nouvelles), il signifie « se répandre, se propager » (av. 1778) et appliqué à une personne, à un être vivant, « aller d'un lieu à l'autre, se déplacer » (1782), sens développé à propos des véhicules.
❏  CIRCULATOIRE adj. est probablement dérivé (1549) de circuler et non pas emprunté au bas latin circulatorius qui a seulement le sens de « charlatanesque », de circulator « charlatan qui rassemble les badauds ». ◆  Le mot a été employé en chimie jusqu'au XIXe s. avec le sens de « qui sert à faire la distillation ». Le sens de « relatif à la circulation du sang », apparu tard (1805), est devenu son sens dominant.
CIRCULATION n. f. est emprunté (v. 1371) au latin circulatio « orbite, circuit d'un astre », de circulari. Il est possible que le substantif latin ait été confondu à basse époque avec circumlatio, nom d'action de circumferre (→ circonférence), employé pour « action de porter, de conduire autour » et « action de se mouvoir en cercle ».
■  Introduit en français au sens de « mouvement circulaire », le mot a développé la plupart de ses sens au XVIIe siècle. Il est passé, en parlant du mouvement circulaire des choses concrètes, d'un fluide, en technique (1611), en biologie végétale (1690), en astronomie (Bossuet), en économie financière (1694). En anatomie, circulation (du sang) est repris (av. 1660, Pascal) au latin circulatio, employé par Harvey, son découvreur, dès 1628. Parallèlement, le mot s'est répandu dans l'usage général avec le sens abstrait d'« action d'être propagé (d'idées, de nouvelles) » (XVIIe s.). Son emploi postérieur à propos du mouvement des véhicules (1829) est concurrencé par l'anglicisme récent trafic*.
L CIRE n. f. continue (1080) le latin cera « cire », en particulier « cire à cacheter », par métonymie « tablette à écrire, page », « statue de cire » et « peinture encaustique ». Ce mot, analogue au grec kêros (→ cérat, céruse), serait emprunté dans les deux langues à une source non déterminée.
❏  Le mot désigne une substance grasse produite par les abeilles et par certains végétaux, utilisée pour la fabrication de cachets (1080), surtout ensuite dans l'expression cire à cacheter. Quelques locutions, dès l'ancien français, exploitent les caractéristiques de cette substance, sa couleur jaune (déb. XIIIe s.) puis sa consistance malléable (XVIe s.-XVIIe s.) qui donne lieu à l'époque classique à des métaphores exploitées en philosophie (Descartes). Au XVIIIe s., le nom s'est étendu à des substances analogues puis au XIXe s., à des préparations à base de cire pour l'entretien du cuir, des parquets (1835). ◆  Par analogie, il sert à désigner la sécrétion jaunâtre des oreilles (1573). Celle-ci est nommée proprement CÉRUMEN n. m. (XVIIIe s.), mot du latin médiéval dérivé de cera.
❏  CIRER v. tr. (fin XIIe s.) « enduire de cire » a pris, sous l'influence du sens concret de son dérivé cirage, le sens d'« enduire de cirage » (1680). Par calque de l'anglais to wax, le verbe, en français du Canada, s'applique aux skis (farter en France). ◆  Son participe passé CIRÉ, ÉE, adjectivé de bonne heure comme qualificatif d'un nom d'objet (1180), en particulier dans toile cirée (XIIIe s.), a été substantivé (1906) comme dénomination d'un imperméable de marin.
■  CIRAGE n. m., substantif d'action de cirer (1557), a pris par métonymie un sens concret plus particulier que celui de cire, désignant la composition servant à nettoyer et à lustrer le cuir (1680). ◆  Il est passé dans l'usage populaire où, par synonymie avec noir, il signifie « ivresse » (1915), spécialement dans la locution être dans le cirage (1930), reprise dans l'argot des aviateurs au sens de « ne rien voir » d'où « être en difficulté » (1935) et « en péril de défaite » en sport (1945, football).
■  CIREUR, EUSE n. (1837) désigne, lorsqu'il n'est pas déterminé, la personne qui cire les chaussures (d'abord cireur de bottes). ◆  Le féminin, plus rare en ce sens, désigne une femme qui cire les parquets (1866, cireuse de parquets) et une machine qui accomplit cette tâche (1953, cireuse électrique).
■  CIREUX, EUSE adj. est dérivé (1561) de cire, sur le modèle du latin cerosus « riche en cire », et qualifie ce qui a la consistance, l'aspect ou la couleur de la cire ; il a cessé d'être employé au XVIIe s. pour être repris dans la seconde moitié du XIXe s. (1856, Goncourt).
CIRON n. m., d'abord seiron (v. 1100), cirun (v. 1200) puis ciron, est emprunté au francique °seuro que l'on déduit à partir du moyen néerlandais siere (zier, en langue moderne) et du moyen bas allemand sūre, ancien haut allemand suiro.
❏  Le nom de ce très petit insecte, qui se développe dans les vésicules de gale de l'homme, la farine et le fromage, a été rendu fameux par le fragment 72 des Pensées de Pascal, qui le prend comme symbole de l'extrême petitesse, mais le mot a été abandonné par la zoologie et a vieilli. ◆  Il en va de même du sens métonymique « pustule que le ciron provoque sur la peau » (v. 1278) et du sens métaphorique « être humain d'une extrême faiblesse » (1869), d'ailleurs très littéraire.
❏  Le mot survit dans le dérivé CIRONNÉ, ÉE adj. (1710, sironné, contracté en serné, 1639) en français de Suisse, pour « vermoulu, rongé par les larves ». Cette forme et d'autres (chironné, chirouné) existent dans les dialectes et le français régional de Lyon à la Franche-Comté.
CIRQUE n. m. est emprunté (v. 1355) au latin circus « cercle » qui, supplanté en ce sens par son dérivé circulus (→ cercle), s'est spécialisé au sens d'« enceinte circulaire où on célèbre les jeux ». Circus est emprunté au grec kirkos, forme secondaire pour krikos « anneau, bague, cerceau », terme technique appartenant à une racine indoeuropéenne °(s)qer- « courber » (→ courbe).
❏  Le mot a été repris comme terme d'histoire romaine. Par analogie de forme, il a reçu le sens géographique de « plaine circulaire dans un massif montagneux » (fin XVIIIe s., pour le cirque de Gavarnie). ◆  Le sens courant, désignant une forme de spectacle, est un emprunt à l'anglais circus désignant la piste circulaire où avaient lieu des exercices hippiques, bientôt agrémentés d'intermèdes comiques avec clowns*. Les écuyers anglais firent leurs premières exhibitions en France sous Louis XVI, et c'est pendant le Premier Empire que les spectacles de cirques s'imposèrent sur le continent. Ils s'enrichirent au XIXe siècle. Le mot, avec le développement de ce divertissement, entraîne tout un vocabulaire propre (chapiteau, clown, etc.). ◆  Il a donné la valeur figurée de « désordre tumultueux » (1946) où il est le synonyme familier et partiel de scène, cinéma et aussi de bordel. ◆  Par métonymies successives, à côté de un, des cirques, « lieu de spectacle » et « entreprise qui le donne », le cirque désigne le genre spectaculaire lui-même, la profession, les techniques et l'art concernés, sur le même plan que théâtre, cinéma ou music-hall.
❏ voir CERCEAU, CERNE, CHERCHER, CIRCULER.
CIRRHOSE n. f. a été dérivé savamment (1819, Laennec) du radical du grec kirros « fauve, orange », mot d'origine obscure, avec le suffixe -ose*. Le mot, déjà attesté en 1805 selon le Larousse de la langue française, serait une création de Laennec (1781-1826), médecin français qui étudia cette maladie caractérisée par une production granuleuse de couleur rousse dans le foie.
❏  Le mot désigne une affection du foie qui empêche les fonctions de l'organe et qui est souvent due à l'alcoolisme chronique, d'où les connotations du mot. Par extension, il est employé avec un déterminant en parlant de la sclérose diffuse de certains organes.
❏  CIRRHOTIQUE adj. et n. (1892), au lieu de la forme attendue °cirrhosique, qualifie et désigne (1904) une personne atteinte de cirrhose, dans le langage médical (alors que cirrhose est courant).
CIRRUS n. m. est un emprunt didactique, en météorologie (1830), au latin cirrus « boucle de cheveux, frange », mot populaire d'étymologie inconnue, d'après la forme de ces nuages.
❏  Le mot désigne un nuage haut et léger en forme de boucle ou de filament.
❏  Dès 1830, Le Résumé complet de météorologie de C. Bailly de Merlieux atteste également les noms composés CIRROCUMULUS n. m. et CIRROSTRATUS n. m., formés par combinaison de l'élément cirro- (de cirrus) et des noms de nuages cumulus, stratus (→ strate).