CISALPIN → ALPES, CITÉRIEUR
L
CISEAU n. m. est issu au XIIe s. (1155-1160) du latin °cisellum, altération, d'après les dérivés en -cidere de caedere « trancher, couper » (occisus, incisus), de °caesellum. Celui-ci est formé sur le radical caes- du participe passé ou d'une forme fréquentative (°caesare) de caedere ; son suffixe -ellum se serait substitué à un pluriel ancien -ulum (→ sangle). Caedere, passé en français par ses nombreux composés et dérivés, n'a pas de correspondant exact hors du latin ; il est tentant de le rapprocher de cadere (→ choir), sans certitude, et d'autres formes populaires comme le sanskrit khidáti « il déchire », le grec skhizein « fendre » (→ schizophrénie), le latin scindere (→ scinder). Mais une famille indoeuropéenne reste hypothétique.
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Le mot apparaît d'abord au singulier pour désigner un outil d'acier servant à travailler le bois, le fer, la pierre, grâce à son extrémité tranchante ; ce sens technique, resté vivant, a donné des emplois métonymiques pour le sculpteur, l'ouvrier utilisant cet outil (1690) et la manière de sculpter (1718). En français d'Afrique,
ciseau palmiste désigne un instrument utilisé pour la récolte des noix de palme.
Le pluriel a servi à nommer un instrument à deux lames réunies en leur milieu par un pivot (1178, un ciseau) ; il a concurrencé et éliminé au XVIe s. force(s), forcette(s), représentant du latin forfex, mot distinct de forceps, qui désignait un type d'instrument en U utilisé pour tondre les moutons, tailler les arbres ; cet instrument était beaucoup moins précis que les ciseaux modernes qui furent perfectionnés par les anneaux dès le moyen âge. Le sens général ancien est réalisé en français du Canada par l'emploi de ciseaux là où on dirait cisailles en français d'Europe (des ciseaux à tôle).
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Par analogie, le mot décrit une certaine disposition des voiles d'un bateau (1831, voiles en ciseaux) et un mouvement croisé des jambes dans certains exercices physiques (1934, en danse ; en saut).
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CISELER v. tr. (déb.
XIIIe s.) signifie d'abord « travailler avec le ciseau », sens à l'origine d'emplois techniques en sculpture et en orfèvrerie, et, par transposition, au figuré « travailler minutieusement » (1835), en art. Le sens, correspondant au pluriel
ciseaux, « couper avec des ciseaux » (1611), est appliqué spécialement en art culinaire (1831) et en viticulture (1876).
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Les dérivés du verbe procèdent de son sens « travailler au ciseau » au propre et au figuré. Ce sont CISELURE n. f. (1307), CISELEUR n. m. (fin XVIe s., adjectivement) et CISELÉ, ÉE adj.
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CISELAGE n. m. (1611) et son quasi-synonyme CISÈLEMENT ou CISELLEMENT n. m. (1637) se sont maintenus en prenant au XIXe s., sous l'influence du verbe, la spécialisation en viticulture d'« action de couper avec des ciseaux les grains atrophiés » (1876, cisellement des grappes).
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CISELET n. m. (1491) désigne un petit ciseau utilisé pour le travail du bois, du métal.
L
1 CISAILLE n. f. est issu (1214) d'un latin populaire
°cisacula « instrument pour couper », altération de
°caesacula, neutre pluriel collectif devenu féminin singulier, de
°caesaculum, lui-même dérivé du même radical
caes- que
°caesellum qui a donné
ciseau (ci-dessus).
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Le mot a pris place à côté de
ciseau avec un sens très voisin, au singulier comme au pluriel (av. 1285,
cisailles de barbier) ; la différenciation s'est opérée par celle des domaines d'application technique des deux instruments, distingués également par leur taille ; la terminaison en
-aille jouant le rôle d'un quasi-augmentatif.
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La séparation est très nette entre ciseler et le dénominatif de cisaille, CISAILLER v. tr. (1450) « couper avec une ou des cisailles », dont les sens figurés procèdent de l'idée de « couper grossièrement », voire « déchiqueter » et aussi « rompre, interrompre », spécialement en termes militaires.
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Malgré le décalage chronologique, il est tentant de considérer 2 CISAILLE n. f. (1324), « rognure de métal », comme le déverbal de cisailler, lequel a également produit les noms d'action, CISAILLEMENT n. m. (1635) et CISAILLAGE n. m. (v. 1950), ce dernier avec la valeur technique d'« action de cisailler (une feuille de métal) selon un tracé donné ».
CISTE n. m., attesté (1572) après l'orthographe étymologique cisthe (1557), est emprunté au latin cisthos, lui-même emprunté au grec kisthos, nom d'un arbrisseau à fleurs blanches ou roses des régions méditerranéennes, probablement mot d'emprunt mais d'origine inconnue.
❏
Le mot français a conservé le sens de l'étymon.
CISTERCIEN, IENNE adj. et n. est emprunté (1447) au latin médiéval cisterciensis (av. 1134, Usus antiquiores ordinis cisterciensis), dérivé de Cistercium « Cîteaux », nom d'un hameau situé non loin de Beaune, en Côte-d'Or. Saint Robert de Molesme y fonda en 1098 une abbaye appelée « le nouveau monastère » pour vivre intégralement la règle de saint Benoît, trop souvent détournée de son esprit : retour à la simplicité dans la vie quotidienne, le culte et l'art, rupture avec le monde dans la tradition des Pères du désert, pauvreté, silence et travail manuel. Après des débuts difficiles, Cîteaux a connu, avec l'arrivée de saint Bernard et de ses trente compagnons, en 1111, une période de prospérité qui lui permit de fonder quatre abbayes — La Ferté (1113), Pontigny (1114), Clairvaux (dont saint Bernard était l'abbé) et Morimond — et d'essaimer en couvrant l'Europe de nombreuses filiales. Au cours des siècles, l'ordre s'est scindé en deux familles encore très florissantes : le saint ordre de Cîteaux (ou commune observance) et l'ordre des Cisterciens (ou stricte observance) ; Cf. trappiste.
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L'adjectif, aussi substantivé, qualifie ce qui concerne l'ordre de Cîteaux, et notamment, l'art roman très simple préconisé par son fondateur.
CISTRE n. m. résulte du croisement (1559) de deux noms d'instruments de musique. Le premier est le moyen français citre, cithre (av. 1566), de genre féminin, nom d'une variété de cithare des Anciens, représentant le latin cithara (→ cithare, guitare). Le second est le moyen français sistre (1527), emprunté au latin sistrum, lui-même repris au grec seistron (→ sistre).
❏
Le mot, qui a adopté le genre masculin de son homonyme sistre, est plus proche par le sens de citre, cithare, désignant un instrument à cordes pincées, à table ovoïde ou piriforme et à fond plat, employé aux XVIe et XVIIe siècles.
CITADELLE n. f. est emprunté (1495) à l'italien cittadella « petite cité » (av. 1363) diminutif de cittade, forme ancienne de città « ville » (→ cité, citadin).
❏
Terme de fortification désignant la forteresse destinée à protéger une ville, citadelle est appliqué, par métonymie, à la ville fortifiée et spécialement à une forteresse servant de prison. Depuis le XVIIe s., il connaît le même type d'emploi figuré que forteresse (1685, servir de citadelle ; citadelle assiégée).
CITADIN, INE n. et adj. est emprunté (déb. XIVe s.) à l'italien cittadino « habitant de la cité » (déb. XIIIe s.), dérivé de cittade, forme ancienne de città (→ cité, citadelle).
❏
Avec le sens d'« habitant de la cité »,
citadin est synonyme de
bourgeois et de
citoyen jusqu'au
XVIIe s., date à laquelle
citoyen se spécialise en politique et
bourgeois dans le vocabulaire social. Depuis,
citadin subit lui-même, dans son emploi adjectif, la concurrence d'
urbain et il a perdu son antonyme
contadin (de l'italien
contadino « paysan ») qui s'est employé aux
XVIe-
XVIIe siècles.
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Le féminin citadine, elliptiquement pour voiture citadine, a désigné une voiture de place en usage dans les grandes villes (1830).
❏ voir
CITÉ, CITOYEN.
L
CITÉ n. f., d'abord ciutat (v. 980), ciptet (1050) puis cité (1080), est issu du latin civitas. Ce mot a eu le sens abstrait de « condition de citoyen », « droit de cité » ; par métonymie, il s'est appliqué à l'ensemble des citoyens et, par suite, au siège d'un gouvernement. Il a ainsi désigné la ville en tant que corps politique, l'État, traduisant le grec polis (→ police, politique). Il est ensuite devenu le nom donné concrètement à la ville en général, se substituant à basse époque à urbs (→ urbain) et à oppidum (→ oppidum) et passant dans les langues romanes : italien città, espagnol ciudad, portugais cidade. Civitas est dérivé de civis « membre libre d'une cité » (→ civil, civique).
❏
Le mot, dès l'ancien français, a été concurrencé par
ville*, de sorte qu'au
XIVe s., il ne désigne plus que la partie la plus ancienne de la ville (v. 1360) : on en garde trace dans
l'île de la Cité à Paris et dans l'emprunt anglais
City, appliqué à la partie centrale de Londres où se trouvent de grandes banques. À Pékin, la
Cité interdite est, au centre de la ville, le palais impérial, aujourd'hui transformé en musée et ouvert au public.
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Par analogie avec la notion de noyau urbain généralement entouré d'une enceinte,
cité désigne aujourd'hui une agglomération habitée tirant son unité d'une situation (1829) ou de sa destination pour un groupe particulier de personnes, dans les locutions
cité ouvrière (1878),
cité jardin (1904),
cité universitaire...
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Dans les années 1980, le mot
cité, surtout au pluriel, est venu concurrencer
banlieue(s), avant de l'être par
quartier(s).
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À partir du XVe s., le mot a renoué avec la vocation politique de civitas dans quelques emplois particuliers : en histoire antique et médiévale (v. 1460), dans l'expression avoir (le) droit de cité (1829) « avoir titre à figurer », d'après les anciens privilèges accordés aux membres de la cité, les bourgeois, et chaque fois que l'on désigne l'État sous son aspect juridico-politique. C'est d'ailleurs le terme utilisé par la tradition du récit utopiste pour désigner la société idéale (av. 1360) et la communauté catholique (la cité céleste, 1690). La distinction entre ville et cité peut impliquer aussi pour ce dernier terme l'idée de « grand centre urbain », renforcée par l'anglais city.
❏
CITOYEN, ENNE n., dérivé de
cité sous la forme
citeain (1154-1173) et refait en
citoien (apr. 1250) est pendant tout le moyen âge et jusqu'au
XVIIe s., le doublet sémantique de l'italianisme
citadin* « habitant d'une ville ».
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Au
XVIIe s., il s'est spécialisé dans le vocabulaire politique au sens de « membre d'une communauté politique organisée », d'abord par référence au modèle civique ancien et aux concepts romains de
civis, civitas. C'est dans ce contexte que l'on rencontre déjà au
XVIIe s. (Voiture) l'expression
citoyen du monde, reprise au
XXe siècle.
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Le mot s'est acclimaté dans le vocabulaire des institutions françaises (1751), répandu par les philosophes, notamment Rousseau, puis par la Révolution de 1789, à la suite de laquelle le mot fut adopté comme titre et appellatif pour remplacer
monsieur, madame (1790).
Citoyen actif, passif s'est dit à cette époque, et
citoyen actif s'emploie aujourd'hui en français officiel de Suisse, correspondant à
électeur. En France, le mot a conservé de l'usage révolutionnaire, en partie à cause d'emplois célèbres et cités
(aux armes, citoyens !), un contenu affectif fort, lié à l'idée de
patrie et
patriote, et souvent retourné par ironie. Parallèlement à sa spécialisation politique, il est passé dans le langage familier avec le sens, légèrement péjoratif, d'« individu » (1694), aujourd'hui fortement en recul au profit de
type, mais encore vivant dans des locutions
(un drôle de citoyen).
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Son emploi adjectif (1174-1178) avait vieilli sous la concurrence de
citadin. Un nouvel emploi adjectif est apparu dans les années 1990 dans le vocabulaire de la gauche devenue majoritaire, avec un sens distinct de
civique, mais assez voisin.
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De citoyen ont été tirés CONCITOYEN, IENNE n. (1580), forme moderne pour l'ancien français concitein (1290), lui-même modelé sur le latin tardif concivis, d'où CONCITOYENNETÉ n. f. (1845).
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CITOYENNETÉ n. f., dérivé de citoyen à la veille de la Révolution (1783), a d'abord les mêmes connotations patriotiques que citoyen, mais est devenu au XIXe s. un terme juridique, affectivement neutre.
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ÉCOCITOYEN, ENNE adj. (1990) qualifie, avec l'emploi de
citoyen pour « responsable sur le plan de la vie en commun », ce comportement en ce qui concerne le respect de l'environnement, l'écologie.
ÉCOCITOYENNETÉ n. f. attesté en 1993, désigne ce comportement. Ces mots ne sont pas d'usage courant.
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Le mot anglais, correspondant à
citoyen, citizen a été repris dans
CITIZEN BAND n. f., emprunt altéré (1971) de l'anglo-américain
citizen's band « bande de fréquence radio réservée à des communications privées ». Cet anglicisme, surtout abrégé en
C. B., qui a donné le dérivé
CIBISTE n. (1980) d'après la prononciation anglaise de
C.B., concerne les radioamateurs. La francisation en
bande publique n'est utilisée qu'au Québec.
CITER v. est emprunté (XIIIe s.-XIVe s.) au latin citare, usité à l'époque républicaine dans la langue politique et juridique au sens de « convoquer (le Sénat), convoquer en justice » d'où « invoquer le témoignage de (qqn) » et de là « mentionner ». C'est surtout à l'époque impériale que le verbe a le sens étymologique de « mettre en mouvement », « exciter, provoquer » et, dans la langue rustique, « pousser, produire ». C'est la forme fréquentative généralisée de ciere, cire « mettre en mouvement » d'où « faire venir, appeler, invoquer ». Ciere, cire vient d'une racine indoeuropéenne exprimant le mouvement (→ cinéma, kinésithérapie, du grec), représentée dans le sanskrit cyávate « il se met en mouvement », l'arménien č̣u « départ » et č̣ogay « je suis allé ».
❏
Après un emploi isolé au sens de « pousser (qqn) à faire qqch. », repris au latin (Cf. inciter), le mot est employé en droit (XIVe s.) au sens de « sommer de comparaître en justice », en locution citer en justice.
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C'est seulement au XVIIe s. qu'il reprend au latin son sens courant de « mentionner les paroles, les écrits d'un auteur à l'appui » (av. 1618). En procède celui de « signaler à l'attention pour ses qualités » (1704), de nos jours dans la locution citer en exemple.
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Il reste une trace du sens étymologique dans le vocabulaire de la tauromachie, où citer la bête (1903), de l'espagnol citar de même origine, signifie « l'appeler à soi ».
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CITABLE adj. (v. 1290),
CITATEUR, TRICE n. (1696) ou
CITEUR (av. 1688) et le composé
PRÉCITÉ, E adj. (1829) « qui a été cité auparavant ; dont il a déjà été question » sont formés en français.
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CITATION n. f. (v. 1355) est emprunté au latin
citatio, formé sur le supin de
citare au sens de « proclamation », « action de convoquer en justice ».
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Le mot, introduit dans le langage juridique avec le sens d'« action de citer en justice », d'où « assignation » (1567), s'est répandu dans la rhétorique et dans l'usage courant au sens de « passage rapporté d'un auteur » (d'où, à l'oral, le syntagme fin de citation, marquant que le locuteur reprend la parole à son compte).
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En relation avec une spécialisation de citer, il est employé dans le domaine militaire au sens de « mention honorable d'un militaire » (1790).
❏ voir
EXCITER, INCITER, RÉCITAL, RÉCITER, RESSUSCITER, SUSCITER.
CITÉRIEUR, EURE adj. est l'emprunt didactique (av. 1505) du latin citerior « qui est plus en deçà », employé en géographie dans l'appellation Gallia citerior « la Lombardie » parce que cette région, où s'établirent les Celtes à partir du IVe s. av. J.-C., était située en deçà des Alpes par rapport aux Romains. Le mot signifiait aussi « plus rapproché », dans le temps et dans la sphère des choses intimes. Citerior est le superlatif de citer « qui est en deçà », adjectif dérivé de la préposition cis « en deçà », « avant dans le temps » et « dans la limite de », terme surtout en usage chez les historiens et les juristes ainsi que dans quelques composés dont cisalpinus « en deçà des Alpes » d'où l'emprunt cisalpin, ine adjectif (1596) (→ alpes). Cis appartient à un groupe de démonstratifs indiquant l'objet rapproché dans différentes langues indoeuropéennes : gotique hi-, vieux slave sĭ, arménien kāš « ici ».
❏
Le mot s'est moins répandu que son antonyme ultérieur. À la différence de ce dernier, il est surtout employé avec une valeur géographique (Espagne citérieure) et non temporelle.
CITERNE n. f., d'abord cisterne (v. 1170), graphie en usage jusqu'au XVIIe s., puis citerne (v. 1300), est l'adaptation du latin cisterna « réservoir pour recueillir l'eau », dérivé technique de cista « panier d'osier », « coffre », « corbeille religieuse ». Ce mot, emprunté au grec kistê « corbeille » (→ chistera), lui-même probablement emprunté, aurait été introduit à Rome par l'Étrurie où ce type de corbeille sacrée était très fréquent.
❏
Désignant d'abord le réservoir des eaux de pluie, le mot s'est étendu à des cuves contenant d'autres liquides que l'eau, dénommant par métonymie un petit navire portant de l'eau douce aux bâtiments (1783). Il s'emploie aussi comme second élément de composés (1881), du type camion-citerne, cargo-citerne.
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Par analogie, il est passé en anatomie comme désignation de parties du corps considérées comme des réservoirs de fluides lymphatiques (1752), spécialement dans citerne de Pecquet (1814).
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CITERNEAU n. m., d'abord cisterneau (1694), diminutif de citerne, désigne un petit réservoir communiquant avec une citerne et où les eaux pluviales s'écoulent et se filtrent ; il est demeuré technique.
CITHARE n. f. est emprunté (v. 1370) au latin cithara, lui-même emprunt au grec kithara nom d'un instrument à cordes proche de la lyre, perfectionné par Terpandre qui lui aurait donné sept cordes. Le mot, qui subsiste en grec moderne, n'a pas d'étymologie connue, mais un emprunt oriental est probable. Au XIIIe s., on rencontre une forme kitaire, empruntée à l'espagnol quitarra, lui-même de l'arabe qītāra (→ guitare).
❏
Le mot désigne un instrument à cordes de l'antiquité, forme perfectionnée de la lyre. Par extension, il s'applique à tout instrument à cordes sans manche et, spécialement, à un instrument d'Europe centrale à caisse trapézoïdale.
❏
CITHARISTE n. est emprunté (1220,
cistariste) au latin
citharista, lequel transcrit le grec
kitharistês « joueur de cithare ». Le mot semble s'être appliqué aussi au joueur de harpe au moyen âge avant de se restreindre au seul joueur de cithare, valeur attestée au
XVIe s. puis de nouveau au
XIXe s. (1838).
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Il est distinct de CITHARÈDE n. (1562), emprunt isolé puis diffusé à partir de 1838, du latin citharoedus, transcription du grec kitharôdo, composé de khitara et de aoidos « chanteur » (→ aède).
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Le radical du latin
cithara a servi de base pour la formation de
CITOLE n. f. (v. 1200), nom d'un instrument de musique à corps allongé et manche très court dont on pinçait les cordes avec le plectre au moyen âge, également attesté en ancien espagnol (
citola, 1220-1250) et en ancien provençal (
cithola, av. 1350).
❏ voir
CISTRE, GUITARE.
CITRON n. m. est emprunté (XIIIe s.), soit au bas latin citrum « fruit du cédratier », lui-même du latin classique citrus désignant à la fois le thuya (en grec thuia ou kedros, → cèdre) et le cédratier, soit au latin médiéval citrus qui avait acquis par métonymie le sens de « fruit du cédratier » (XIe s.). Ce mot latin, qui a donc servi à désigner deux arbres tout à fait différents, n'est pas emprunté directement au grec kedros qui désigne d'ailleurs le cèdre (→ cèdre) et le genévrier, tout en se différenciant de thuia (→ thuya), mais dont le dérivé kedromêlon désigne le cédrat. Les mots latin et grec pourraient être des emprunts parallèles à une langue non déterminée. À son tour, le grec a emprunté le mot latin, sous la forme kitrion « cédratier » (IIe s.) et « cédrat », et a formé kitromêlon pour nommer spécifiquement le fruit.
❏
Le mot désigne le fruit du citronnier ; par métonymie, il est employé comme adjectif de couleur, en apposition (1680) et en comparaison, à propos d'un teint maladif (1795,
jaune comme un citron).
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La locution
presser le citron, au figuré « exploiter entièrement » (1835, Balzac), s'est employée à la forme pronominale
se presser le citron « se torturer les méninges », d'après le sens argotique puis familier de
citron « tête » (1878). Une analogie de forme plus précise fait du mot un synonyme de
grenade offensive, dans l'argot militaire.
En français québécois, le mot (depuis 1959), d'après l'anglo-canadien lemon (attesté dans ce sens aux États-Unis, seulement en 1973), se dit d'une chose de mauvaise qualité, surtout d'une automobile (voir aussi bazou), mais aussi d'un objet mal fabriqué, d'un mauvais film (ou émission de télévision). Citron ! Citron noir ! est une exclamation de surprise, de dépit, attesté en 1953.
❏
De
citron sont issus
CITRONNIER n. m. (1486),
CITRONNÉ, ÉE adj. (1621),
CITRONNADE n. f. (1856), passé de « jus de citron » à « boisson parfumée au goût de citron », et le composé
PRESSE-CITRON n. m. (1877).
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CITRONNELLE n. f. (1601) désigne plusieurs plantes, notamment une armoise à odeur citronnée et (1704) une liqueur parfumée aux zestes de citron.
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Le terme latin citrus sert de dénomination scientifique à tous les arbres à agrumes.
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Son radical a servi à former des termes de chimie : CITRIQUE adj. (1782), CITRATE n. m. (1782).
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CITRIN, INE adj. est un emprunt ancien (v. 1150) au latin médiéval
citrinus « qui a la couleur du citron » (
VIIe s.-
VIIIe s.), substantivé pour désigner plusieurs matières de couleur citron. Le mot qualifie ce qui rappelle la couleur du citron et son féminin
CITRINE, substantivé (fin
XIIe s.), une pierre semi-précieuse de couleur jaune.
❏ voir
CÉDRAT, CITROUILLE.
CITROUILLE n. f. est l'altération (1675), par analogie avec les mots français en -ouille, de citrole (1256). Celui-ci, étant donné l'origine des premières attestations en français et en latin, est un emprunt au latin médiéval du domaine italien citrolus (1178), citrul(l)us (1176-1187), latinisations de l'italien du Sud citrulo, correspondant au type toscan citriulo (XIVe s.). Ce dernier est le dérivé en -eolus (-iulo) du bas latin citrium « variété de citrouille », issu du latin citrus (→ citron) d'après la couleur jaune de cette citrouille.
❏
Le mot désigne une plante potagère dont le fruit jaune orangé est de forme sphérique ou oblongue.
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Il a pris dans l'usage populaire la valeur figurée péjorative de « personne épaisse, grossière et ridicule » (1675, d'une femme ; 1713, en général) et, comme d'autres noms de fruits renflés, est devenu une dénomination argotique puis familière de la tête.
CIVET n. m. est la réfection, par substitution de suffixe (1636) de l'ancien français civé (apr. 1250). Lui-même est dérivé de CIVE n. f., antérieurement chive (fin XIIe s.), nom d'une plante à racines bulbeuses employée dans la salade et dans les ragoûts, principalement ceux de gibier.
◆
Ce mot est, avec son diminutif CIVETTE n. f. (1549), un nom régional de la ciboule et est hérité du latin caepa, cepa « oignon », terme emprunté d'origine inconnue.
❏
Le mot désigne un ragoût de lièvre, lapin ou chevreuil dont les morceaux sont sautés, mouillés de vin rouge et assaisonnés de cives et d'oignons. Par extension, il désigne un tel ragoût préparé avec un gibier à plume, une volaille, un poisson. Aujourd'hui, le civet connote plutôt le vin rouge que l'assaisonnement impliqué par l'étymologie du mot.
1 CIVETTE n. f. (1542), d'abord cyvete (1401), est emprunté, probablement par l'intermédiaire du catalan civetta « substance odorante sécrétée par les glandes d'un animal d'Afrique ou de l'Inde », à l'arabe zabād. Ce mot désigne l'écume et la substance écumeuse à forte odeur de musc que sécrète un animal et, par abréviation de qaṭṭ az-zabād « chat à civette », cet animal lui-même. L'intermédiaire de l'italien zibetto (XVe s.), nom de genre masculin, est moins probable. L'ancien français a eu une forme isolée zabadec (1249-1272), empruntée de l'arabe par l'intermédiaire d'une traduction latine.
❏
Le mot, introduit au XIIIe s. à propos de l'animal, s'est surtout répandu comme nom de la substance odorante qu'il sécrète (1401), laquelle fut longtemps objet d'un commerce considérable avec l'Inde et l'Afrique par l'intermédiaire de Venise et d'Alexandrie. On en tirait un liquide employé en pharmacie et en parfumerie, d'où l'emploi métonymique du mot au sens de « parfum » (1542). De nos jours, la consommation de cette substance par ces deux industries a beaucoup diminué au profit de substances moins coûteuses, obtenues par synthèse.
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CIVIÈRE n. f. (XIIIe s.) est d'origine douteuse. Une origine latine populaire °cibaria « véhicule servant au transport des provisions » fait difficulté des points de vue phonétique, ne pouvant expliquer certaines formes romanes, et sémantique, la civière semblant d'abord destinée au transport du fumier. °Cibaria est la substantivation du féminin de l'adjectif cibarius dérivé de cibus « sac à provisions », « provisions » et, par suite, « nourriture », mot dont l'étymologie n'est pas éclaircie.
❏
Le mot désigne un appareil muni de brancards, destiné à transporter des fardeaux (fumier, grosses pierres) puis, en particulier, des blessés, acception aujourd'hui dominante.