L + 1 CLOCHER v. intr., réfection (v. 1200-1220) de clocier (v. 1120), clochier (v. 1170-1175), est issu d'un latin populaire °cloppicare « boiter », dérivé de cloppus « boiteux » qui a tendu à remplacer claudus (→ claudication). Le mot contient la gémination expressive caractéristique des adjectifs marquant une difformité (lippus « chassieux ») et la même consonne initiale que son synonyme claudus.
❏  Ce verbe, signifiant « boiter », a été gêné par la concurrence de boîter. Il s'est surtout répandu avec un sens figuré : « être défectueux » (v. 1200-1220). Il est passé dans l'usage familier, surtout comme impersonnel.
❏  En sont dérivés CLOCHEMENT n. m. (1363) et CLOCHE-PIED (À) loc. adv. et n. m. (v. 1400), et par suffixation péjorative : CLOCHARD, ARDE n. (1895) qui s'est mis à désigner un type social important de marginal des grandes villes, notamment Paris. Clochard est quelquefois modifié en CLODO ou CLODOT (1926), peut-être avec l'élément -dot de cradot.
■  Le mot a produit le déverbal 2 CLOCHE n. f. (1898), de être à la cloche (1882) désignant à la fois un clochard et, collectivement, l'ensemble des clochards.
■  Dans la seconde moitié du XXe s., clochard a servi à former CLOCHARDISER v. tr. (1957) et CLOCHARDISATION n. f. (1957) la symbolique du clochard, assez folklorique, étant passée à l'évocation d'un sous-prolétariat. Par ailleurs, on a évoqué le déverbal 2 cloche pour expliquer le sens figuré de 1 cloche « personne incapable ».
❏ voir CLOPIN-CLOPANT.
2 CLOCHER → 1 CLOCHE
L CLOISON n. f. est issu (v. 1170-1180) d'un latin populaire °clausio « fermeture », formé sur clausus, participe passé de claudere (→ clore).
❏  Le sens d'« enceinte », spécialement « enceinte fortifiée », est propre à l'ancien et au moyen français. Encore répertorié en 1611, il a disparu au profit du sens de « paroi légère séparant deux pièces » (1534). ◆  Par analogie, le mot est passé dans le langage de la description didactique (anatomie, biologie) pour « ce qui divise naturellement une cavité » (1732). Il a développé les mêmes valeurs figurées que barrière.
❏  Le nom a servi à former plusieurs dérivés. ◆  CLOISONNÉ, ÉE adj. (1752), CLOISONNER v. tr. (1803), d'où CLOISONNEMENT n. m. (1845), et le didactique CLOISONNISME n. m. (v. 1950) « style pictural où les zones de couleurs sont cernées, comme chez Gauguin ».
■  Le préfixe dé- a servi à former DÉCLOISONNER v. tr. (1963), d'où DÉCLOISONNEMENT n. m. (1963), employés en architecture et abstraitement.
L CLOÎTRE n. m., d'abord cloistre (v. 1100), clostre (v. 1165), est issu du latin claustrum (surtout au pluriel claustra), de claudere (→ clore) qui signifie « verrou, barrière » puis, par métonymie, « lieu clos », et s'est spécialisé en latin chrétien en « enclos de monastère », désignant parfois le monastère lui-même. L'évolution -o- > -oi- est probablement due à l'influence de cloison*, la forme régulière étant clostre (→ clôture, art. clore*).
❏  Le mot a été introduit avec sa spécialisation chrétienne, désignant à la fois la partie du monastère interdite au profane, spécialement la partie d'une maison religieuse constituée de galeries couvertes à colonnes autour d'une cour intérieure (v. 1100), et, par métonymie, le monastère lui-même (XIIIe s.). Une autre métonymie de nature abstraite lui donne la valeur de « fait de vivre reclus ».
❏  Le dérivé CLOÎTRIER, IÈRE n. et adj., d'abord cloistrer (1170-1180) puis cloistrier (1181-1187) « religieux cloîtré », n'est plus employé que par archaïsme littéraire (Huysmans). ◆  Le dénominatif CLOÎTRER v. tr. (1623), « faire entrer qqn dans un couvent fermé », possède aussi la valeur figurée de « enfermer, mettre à l'écart » (notamment à la forme pronominale : se cloîtrer).
❏ voir CLAUSTRAL, CLAUSTRATION, CLAUSTRER.
CLONE n. m. est emprunté (1953) à l'anglais clon (1903) puis clone (1905, C. L. Pollard), emprunt en botanique au grec klôn « jeune branche, rameau », « pousse ». Ce dernier est probablement la contraction d'un °klaôn, dérivé de klaein « briser, casser », terme apparenté à klados « branche, rameau », au centre d'une famille de mots relatifs à la taille de la vigne ; hors du grec, on rassemble des formes verbales indoeuropéennes de structure et de sens différents.
❏  Le mot se rapporte en biologie à un mode de descendance par multiplication végétative ou parthénogenèse. Par métonymie, il désigne l'individu ainsi obtenu, sens qui a essaimé dans l'usage figuré, en particulier dans le contexte de la science-fiction et en informatique, par réemprunts à l'anglo-américain. ◆  L'obtention effective de clones animaux après 1990 (vaches, brebis...), alors que le clonage est une pratique ancienne en botanique, a donné au mot et à ses dérivés une importance majeure dans le débat sur la bio-éthique (problème du clonage humain).
❏  Clone a produit CLONAL, ALE, AUX adj. (1961) et CLONER v. tr. (seulement attesté en 1979 mais antérieur), ce dernier pour traduire l'anglais to clone (1959). ◆  Le verbe et son dérivé CLONAGE n. m. (1970) se sont répandus hors de leur acception scientifique à propos d'un mode de reproduction par stricte conformation à un modèle.
❏ voir les mots en -clase, -claste (au premier élément), CLÉMATITE.
CLOPE d'abord n. f. et m. est tiré (1902) de l'argot ancien ciclope, de cigare, cigarette, l'élément -clope étant inexpliqué.
❏  Le mot désigne d'abord un mégot de cigare, et au masculin, de cigarette, puis, à nouveau au féminin, une cigarette (un paquet de clopes). Au figuré, des clopes signifie « presque rien, des choses insignifiantes ».
❏  De là le dérivé CLOPINETTES (1925) pour « presque rien »
■  Clope a été repris avant 1980 pour « cigarette » (fumer une clope, un paquet de clopes) avec pour dérivé CLOPER v. intr. (attesté 1983) « fumer la cigarette ».
? CLOPET n. m. est un mot des dialectes francoprovençaux d'origine inconnue, passé en français de Suisse (1820) pour « petit somme, sommeil bref » (pousser, piquer un clopet).
CLOPIN-CLOPANT loc. adv. est une formation attestée à l'époque classique (1668, La Fontaine) du type cahin-caha, couci-couça avec l'ancien français clopin « boiteux » (1267-1268), demeuré en jersiais sous la forme cliopin, dérivé de l'ancien français clop, représentant du latin cloppus « boiteux » (→ clocher). Le second élément est le participe présent clopant du moyen français cloper (1534), du même clop.
❏  D'abord « en boitant, en tirant la jambe », le mot signifie par extension « dans un état souffreteux », au figuré « de manière indécise ».
❏  Si clop a disparu, son dérivé verbal est resté vivant. CLOPINER v. intr., d'abord clopigner (1155) puis clopiner (1330-1332), dérivé de l'ancien clop, a supplanté le verbe cloper, moins expressif. ◆  Il a produit CLOPINEMENT n. m. (1877) et CLOPINARD n. m. (1947), formé par la même image et avec le même suffixe que clochard, auquel il sert de synonyme plus rare.
■  CLAMPIN n. m. (fin XVIIe s., clanpin) est l'altération de clopin, peut-être sous l'influence d'un mot comme lambin* dont il a repris (1832) le sens de « lent, paresseux », spécialisé dans l'argot militaire en « traînard » (1833).
❏ voir ÉCLOPER.
CLOPORTE n. m. est d'origine incertaine (XIIIe s.), probablement composé de clore* et de porte*, littéralement « celui qui clôt sa porte », par allusion à l'habitude qu'a ce petit crustacé isopode de s'enrouler sur lui-même dès qu'on le touche (Cf. bernard-l'hermite). Une altération d'un type °croteporque, littéralement « porc de grotte », déduite du provençal porquet de crota « cloporte », est douteuse.
❏  Cloporte a donné quelques emplois métaphoriques péjoratifs se référant au comportement rampant de l'animal et aux milieux qu'il fréquente, peu accessibles et sales.
■  Par jeu de mots sur sa fonction (il ou elle « clôt » la « porte ») ou par allusion à l'obscurité de sa loge, il est devenu une désignation populaire du concierge (1862).
CLOQUE n. f., attesté tardivement (1750), est la forme normanno-picarde de cloche* qui, en picard, signifie spécialement « espèce d'ampoule qui se forme sur l'eau quand il pleut ».
❏  Le mot est apparu en arboriculture à propos de la boursouflure qui s'attaque aux feuilles du pêcher. Par analogie, il est passé dans le vocabulaire technique des verriers et fabricants de porcelaine pour désigner une boursouflure dans le verre ou l'émail (1848). Il s'est répandu tardivement avec le sens d'« ampoule sur la peau », d'abord populaire (1866) avant d'évincer cloche, attesté en ce sens depuis 1640. Par la métaphore du gonflement (Cf. avoir le ballon), il est passé en argot dans la locution (mettre, être) en cloque « enceinte » (1901).
❏  CLOQUER v. tr., précédé par la forme adjectivée CLOQUÉ, ÉE (1832) confondue ultérieurement avec son participe passé, est un terme technique exprimant l'idée de « boursoufler » et « se couvrir de cloques », en arboriculture et en peinture. Cloqué se dit aussi d'un tissu, d'un papier.
■  CLOQUAGE n. m. (1866) est surtout dit de l'apparition d'une boursouflure dans une couche de peinture.
L + CLORE v. tr. est issu (av. 1150) du latin claudere « fermer », mot appartenant à la famille de clavis « clef » (→ clef) et clavus « cheville » (→ clou), à base clau-, ensemble de formes dont la parenté est douteuse, et que l'on a rapproché du vieux slave ključǐ « clef ».
❏  Le mot, très usuel en ancien et moyen français, au sens propre et au sens figuré de « se terminer » (1405, se clore), a été presque entièrement éliminé par fermer*, probablement en raison de l'homonymie de certaines de ses formes avec celles de clouer. Le sens spécial, « entourer d'une enceinte » (av. 1150), a été supplanté par les dérivés enclore et clôturer. Certains correspondants (anglais to close, italien chiudere) sont restés usuels.
❏  À la différence de clore, les dérivés se sont bien maintenus : CLOS, CLOSE p. p. a été adjectivé (1130) et est entré dans quelques syntagmes à valeur figurée (à la nuit close, maison close, euphémisme pour bordel, 1931). De bonne heure, le masculin CLOS a été substantivé (v. 1150), probablement d'après le latin médiéval clausum (721), participe passé neutre substantivé de claudere, pour désigner un terrain cultivé clos de haies. Le mot, pour « terrain, champ, pré », a vieilli en français d'Europe, mais s'emploie normalement au Québec, pour « enclos ; champ », notamment « pâturage » (le clos des moutons). Au figuré, prendre le clos se dit pour « sortir de la route (d'une voiture) » (Cf. en France, aller dans la nature, dans le paysage).
■  CLOSIER, IÈRE n. (1225-1230) « gardien d'un clos », peut-être tiré de clos d'après le latin médiéval closarius, attesté dans les pays de Loire au sens de « métayer » (fin XIe-déb. XIIe s.), est sorti d'usage, tout comme le diminutif CLOSEAU n. m. (1309).
■  Seul CLOSERIE n. f. (1449, clouserie), « petit clos contenant une maison d'habitation », est encore employé spécialement dans l'Ouest en parlant d'une exploitation rurale sans bœufs de labour. Il reste une trace de l'ancien sens de « jardin consacré à des amusements publics » en usage à Paris au XIXe s., par exemple dans Closerie des lilas, nom d'un célèbre café parisien.
CLÔTURE n. f., d'abord closture (v. 1155), continue le bas latin clausura « extrémité » (IVe s.), « action de fermer », « instrument pour fermer » (Ve s.), lui-même dérivé du participe passé de claudere. Closture correspond à un type °clausitura, d'après les verbes à participe passé en -itus, au lieu de clausus, et suffixe -ura. ◆  Le mot a supplanté l'ancien type closure (XIIe s.), se répandant avec le sens concret d'« enceinte » et avec le sens figuré « action de mettre un terme à qqch. » (1415), dans le langage administratif et juridique. Clôture s'emploie surtout pour la fermeture matérielle d'un espace, empêchant le bétail d'en sortir. Au Québec, clôture à neige se dit d'un ensemble de lattes de bois servant à protéger des arbustes. ◆  D'une spécialisation en architecture religieuse, « enceinte d'un monastère » (1344), proviennent des emplois métonymiques : « partie d'un couvent interdite aux laïcs » et « obligation dans laquelle sont les religieux de ne pas sortir du monastère ». ◆  Dans un tout autre contexte, le mot s'emploie au Québec, à côté de bande, pour l'enceinte à hauteur d'appui qui entoure la patinoire, au hockey.
■  Le dérivé CLÔTURER v. tr. (1787), apparu simultanément avec le sens figuré et le sens propre (1795), tend, trop souvent au goût de l'Académie, à remplacer clore dans des expressions comme clôturer un débat, une séance, un congrès.
De tous les préfixés verbaux de clore, seul FORCLORE v. tr. (v. 1120, forsclore) a été formé en français, de l'ancienne préposition fors* (938-950, foers) « hors de, dehors », et de clore. Le mot a été supplanté par exclure (d'une formation latine comparable, de ex- et claudere), mais s'est maintenu avec sa spécialisation juridique : « enlever à (qqn) la possibilité de faire un acte ou d'agir en justice après l'expiration d'un délai » (1466).
■  Son nom d'action FORCLUSION n. f., formé (1446) d'après exclusion, est un terme de droit réintroduit en psychanalyse par Jacques Lacan pour traduire l'allemand Verwerfung « rejet », employé par Freud en relation avec la psychose ; le mot concerne le rejet primordial d'un « signifiant » fondamental hors de l'univers symbolique du sujet. Ce mécanisme, distinct du refoulement, serait à l'origine de la psychose.
ENCLORE v. tr. (1050) continue le latin populaire °inclaudere, réfection d'après claudere du latin classique includere (→ inclure) « enfermer ».
■  Le verbe, employé au propre et, dans le style soutenu, au figuré, a servi à former ENCLOS n. m. (1283) « espace entouré d'une clôture ».
■  ENCLOSURE n. f. est un anglicisme repris (1804) à l'anglais enclosure (1538) « action d'enclore », spécialisé comme terme de course (XIXe s.) et lui-même emprunté à l'ancien français enclosure n. f. (1270), dérivé d'enclos. Repris en turf, le mot est aussi employé en géographie à propos d'une parcelle de terrain enclose de haies ou de murs, en Angleterre.
❏ voir CLAUSE, CLAUSTRAL, CLIGNER, CLOISON, CLOÎTRE, CLOVISSE, CLUSE, CONCLURE, ÉCLORE, ÉCLUSE, EXCLURE, INCLURE, OCCLUSION, PERCLUS, RECLUS.
L CLOU n. m. est issu (1080) du latin clavus « cheville (de bois puis de fer) » et est employé avec divers sens techniques dans la langue nautique, médicale (« bouton, cor »), agricole (« nœud dans les arbres »). Le mot appartient à une famille de termes techniques assez obscure à radical clau- (→ clef, clore).
❏  Passé en français avec le sens de « petite tige métallique à tête servant à fixer, à décorer », le mot a pris dès le XIIe s. les sens analogiques de « furoncle » (1170) puis de « bouton floral en forme de clou » dans clou de girofle (1225-1230). Au sens initial, le mot entre dans l'expression cogner des clous pour « somnoler », en français québécois.
■  Il a connu un grand développement dans la langue populaire et argotique du XIXe s. : le sens de « mont-de-piété » (1823) vient de ce qu'on y suspendait les objets mis en gage à des clous, son emploi argotique pour « prison » (1835) repose sur l'idée d'« enchaînement, immobilité » par comparaison implicite avec la fonction du clou. ◆  Avec une valeur dépréciative, il désigne un objet usagé (1865), une mauvaise bicyclette (1898, d'où biclou « bicyclette »), un mauvais véhicule (1908) et, en locution des clous, « rien ». ◆  Le sens réalisé dans clou du spectacle (1878) fait exception, l'idée étant peut-être que l'objet suspendu au clou attire l'attention.
❏  Du nom ont été dérivés deux verbes avec leurs dérivés : CLOUER v. tr., d'abord cloer (1170-1185) qui a aussi le sens figuré de « réduire (qqn) à l'immobilité » (1680), et CLOUTER v. tr., d'abord cluter (v. 1290) qui, d'après la fonction décorative du clou, signifie « garnir de clous ». La forme du mot suppose une dérivation, non de clou, mais de son diminutif clouet (v. 1205), clauet en ancien wallon, avec conctraction de clouet- en clout-. Le participe passé clouté, parmi ses emplois adjectifs, est lexicalisé dans passage clouté (1932), nom d'un passage réservé aux piétons et marqué par deux lignes parallèles de larges têtes de clous sur la chaussée (procédé plus tard remplacé par des bandes).
■  CLOUTERIE n. f., d'abord claueterie (1202) en ancien wallon, et CLOUTIER n. m. (1228) sont deux termes de métier dérivés du diminutif clouet, sorti d'usage.
■  L'influence de ce groupe de dérivés en t- a fait reformer l'ancien français clouyère n. f. (1382-1384) en CLOUTIÈRE (1676), mot technique désignant une pièce qui sert à former les têtes des clous et, avec une autre valeur accordée au suffixe, une boîte à compartiments pour ranger les clous (1771).
ENCLOUER v. tr., d'abord enclöer (fin XIIe s.), a vieilli dans l'usage général au profit de clouer, mais s'est maintenu dans des spécialisations techniques, en médecine vétérinaire pour « blesser un cheval avec un clou en le ferrant » (v. 1205), en artillerie pour « mettre (un canon) hors d'usage en faisant pénétrer dans la lumière un gros clou d'acier » (1461-1466).
■  ENCLOUURE n. f., encore vivant avec le sens figuré de « difficulté, épine » (1174-1175, encloëure), désigne la blessure du cheval encloué (1600, encloueure).
■  ENCLOUAGE n. m., enregistré dans l'Encyclopédie (1755), constitue le nom d'action dans les deux spécialisations.
DÉCLOUER v. tr. (fin XIIe s.) correspond à « défaire, détacher (ce qui était cloué) » ; RECLOUER v. tr. est lui aussi très ancien (XIIe s.).
CLOVISSE n. f. enregistré une première fois sous la forme clouïsse (1611), puis repris sous la forme clovis (1838) modifiée en clovisse (1846), est emprunté au provençal clauvisso « petit mollusque comestible à coque bivalve ». Ce mot est une altération (XVIIe s.) de clausisso (XVIIe s.) dérivé de claus, participe passé de claure, correspondant du français clore*.
❏  Le mot, noté par Cotgrave comme marseillais, est un nom régional (Provence) de la palourde.
CLOWN n. m., d'abord claune, forme citée comme la « prononciation exacte du mot anglais » (1817), puis clown (1823), est emprunté à l'anglais clown. Ce mot, apparu au XVIe s. sous les formes cloyne, cloine (1563), puis clowne (1567) et cloune (1570) d'où clown, a de nombreux correspondants dans les langues germaniques : frison klönne, klünne « homme rustique, pataud », klündj « lourdaud », islandais klunni « balourd », néerlandais kleun n. f. « fille robuste » et kloen n. m. donné comme équivalent de l'anglais clown en 1766. On est donc en présence d'un mot germanique. Celui-ci, signifiant originellement « motte de terre, masse, morceau », s'est appliqué par métaphore à une personne balourde, mal dégrossie. Certains, à la suite de Ben Jonson, ont vu dans clown le représentant du latin colonus « habitant » (→ colon), mais cette hypothèse manque de fondement. Le mot anglais a d'abord désigné un paysan et, avec une valeur péjorative, un rustre (1565). Avant la fin du XVIe s., il est passé dans le vocabulaire du théâtre comique où, par extension, il a évolué de « bouffon campagnard » en « bouffon quelconque » (chez Shakespeare) et, ultérieurement, « personnage comique de la pantomime ou du cirque » (XVIIIe s.).
❏  Le mot est attesté en français dans un ouvrage sur le cirque de M. Franconi comme nom d'un comique équestre, mais il ne s'impose pas immédiatement à côté de grotesque et paillasse, termes en usage pour désigner le bouffon du cirque. Il semble que ce soit Jean-Baptiste Auriol (1806-1881) qui ait assuré au clown sa primauté parmi les comiques de la piste (sauteurs, polichinelles, mimes) et l'ait acclimaté après 1830, muni du costume conforme à la tradition du bouffon anglais. Le personnage s'élabore avec l'apport des clowns britanniques sur la scène française et l'apparition du nouveau type, l'auguste (→ auguste), englobé par l'usage courant sous le même terme que le véritable clown, dit clown blanc. ◆  Par extension, le mot se répand dans l'usage avec le sens de « personnage qui fait rire » (1858), notamment dans faire le clown.
❏  CLOWNERIE n. f. (1842), d'abord avec l'ancien sens collectif « ensemble de clowns », désigne des actes, des manières de clown (1853).
■  CLOWNESQUE adj. (1878) qualifie ce qui est propre au clown et, par extension, évoque le comportement d'un clown.
■  CLOWNESSE n. f. (1884) n'a pas réussi à s'imposer devant femme-clown après les années 1900 où il connut une certaine vogue.
■  CLOWNISME n. m. et CLOWNIQUE adj. servirent à Charcot et aux médecins de la fin du XIXe s. à décrire la crise d'hystérie, mais ont disparu.
CLUB n. m. recouvre deux mots distincts empruntés l'un au XVIIIe s., le second à la fin du XIXe s. au même terme anglais club. Celui-ci, d'abord clubbe, clobbe (v. 1205), est issu de l'ancien norrois klubba (d'où suédois klubba, klubb, norvégien et danois klubbe, klub), issu par assimilation de klumba « massue, bâton ». La racine à laquelle appartient ce mot est la même que celle de l'anglais clump « massif, bouquet d'arbres » ; certains l'ont rattachée à la racine indoeuropéenne représentée en latin dans globus (→ globe) avec l'idée d'une masse compacte. Le mot anglais désigne une massue, un gourdin et, par spécialisation de fonction, un bâton utilisé dans divers jeux de balle, en particulier au golf (v. 1450). Le développement du sens de « réunion de personnes » (1648) serait né de celui de « masse, agrégat » (1450), peut-être d'après le verbe to club attesté depuis le XVIIe s. au sens de « mettre ensemble, agréger, regrouper » d'où « mettre en association ».
❏  Le mot est introduit en 1698 pour décrire une société anglaise qui se réunit périodiquement pour boire et discuter. Il est encore rare en France au XVIIIe s. pour désigner ce type de groupement (1724-1731, club de l'Entresol) et se répand avant la période révolutionnaire (1774) avec le sens spécifique de « société politique » passé dans l'histoire (par ex. le club des Jacobins). Il se répand au XIXe s. en parlant d'un cercle où se réunissent des gens qui ont des buts communs, surtout dans le domaine sportif. ◆  Un réemprunt à l'anglais a fourni le sens métonymique de « large et profond fauteuil de cuir » (1934), seul et surtout en apposition à fauteuil (1953), en référence à un type de siège confortable répandu dans les clubs anglais. ◆  Ultérieurement, d'autres composés tel club sandwich (ci-dessous) sont passés en français (également cravate club pour une cravate à rayures obliques).
Le second emprunt de club est le terme de sport (1882) qui désigne une canne utilisée au polo puis surtout au golf.
❏  Seul le sens d'« association » a produit des dérivés et surtout des composés. Dès la période révolutionnaire, il a donné CLUBISTE n. (1784) et ANTICLUBISTE (1793), pour un partisan, un adversaire d'un club, CLUBIQUE adj., CLUBICULE n. m., CLUBINER v. intr., CLUBINOMANIE n. f., CLUBOCRATIE n. f., CLUBOCRATE n., CLUBOMANIE n. f. (tous en 1793), dont on devine aisément la valeur polémique. La plupart se sont éteints avec l'institution politique révolutionnaire. ◆  Le développement du club, comme institution dans le domaine des loisirs au XIXe s., a donné les composés vivants AUTOMOBILE-CLUB n. pr., AÉRO-CLUB n. m. (1903), TENNIS-CLUB n. m. (1934), CINÉ-CLUB n. m. (1920), ce dernier étant plus courant.
CLUBARD, ARDE adj. et n. est employé en français d'Algérie à propos de partisans exaltés d'un club sportif (Cf. supporter, supporteur).
CLUB SANDWICH n. m., anglicisme des États-Unis (1903) courant en français du Canada (depuis 1951, l'abréviation club étant déjà attestée dans ce sens en 1905), est connu et répandu en français d'Europe, pour un sandwich de trois tranches (ou plus) de pain de mie grillé, au poulet, à la dinde, au jambon, à la laitue, aux tomates, avec une sauce d'assaisonnement. En français du Québec, on dit courament un club.
❏ voir NIGHT-CLUB.
L CLUSE n. f. est issu (1538) du latin médiéval clusa « col, gorge, défilé », attesté du VIe s. au milieu du XIe s., participe passé féminin substantivé du latin cludere « fermer », forme parallèle à claudere (→ clore).
❏  Jusqu'au XIXe s., le mot est uniquement d'usage régional (notamment dans les Alpes) au sens de « défilé ». En 1832, il est repris par J. Thurmann (Essai sur les soulèvements jurassiques du Porrentruy) d'après les toponymes jurassiens pour dénommer une rupture géologique transversale caractéristique du Jura.
❏  La variante régionale CLUE n. f. (1956) est quelquefois employée à propos d'une cluse en canyon (Provence).
❏ voir ÉCLUSE.
CLYSTÈRE n. m., d'abord clistere (1256) puis clystere (1478), est emprunté au latin impérial clyster, lui-même repris au grec klustêr, terme médical désignant un lavement et, par métonymie, la seringue servant à pratiquer cette injection. Le mot est dérivé de kluzein « baigner (en parlant de la mer qui baigne la côte) », « verser de l'eau pour nettoyer, rincer » (→ clystère) et, au passif, « se répandre, être lavé », lui-même apparenté au latin cloaca (→ cloaque, égout), au verbe cluare cité par Pline comme synonyme de purgare (→ purger), ainsi qu'à des formes germaniques et celtiques.
❏  Depuis son remplacement par lavement, le mot appartient à la médecine ancienne et à l'histoire de la médecine. Avec le sens métonymique de « seringue », il a été immortalisé par Molière qui en a fait l'attribut du médecin de ses comédies.
❏  Du radical de kluzein ont été dérivés deux noms d'instruments servant à administrer des lavements : CLYSOIR n. m. (1834) et CLYSOPOMPE n. m. (1836), ce dernier avec pompe*, qui se réfèrent également à une pratique médicale ancienne.
CNIDAIRES n. m. pl., attesté en français avant 1884, est emprunté au latin zoologique cnidarius, formé sur le grec knidê « ortie ».
❏  Le mot désigne en zoologie un embranchement d'animaux à symétrie radiale, dont la cavité digestive n'a qu'un seul orifice et dont l'embryon ne possède que deux feuillets. L'ordre comprend les Hydrozoaires (hydraires, hydrocoralliaires, siphonophores) et les Anthozoaires (octo- et hexacoralliaires). Les méduses, les polypes sont classés parmi les cnidaires. Les cnidaires et les cténaires ont remplacé les cœlentérés.
CO- est le préfixe tiré de la préposition latine cum et du préverbe correspondant com-, con- et co- (suivant la nature du phonème suivant). Cum signifie « avec » ; souvent joint à des adverbes marquant l'égalité ou la simultanéité, il marque lui-même l'idée temporelle de « simultanéité », le moyen ou les circonstances qui accompagnent l'action. Avec certaines expressions, le sens est proche de celui de contra (→ contre), le partenaire étant aussi l'adversaire (à la guerre, dans une compétition). Employé comme préverbe, cum marque la réunion concrète, et souvent, sert seulement à modifier l'aspect du verbe, indiquant que le procès arrive à son terme (conficere signifiant « achever », à côté de facere « faire ») ; cette nuance a eu tendance à s'affaiblir et la forme préfixée à se substituer sans valeur spéciale à la forme simple. Cum a été conservé dans les langues romanes (italien con, espagnol con, portugais com, roumain cu), sauf en français (→ avec). Il a des correspondants dans les parlers italiques (osque com, con, ombrien cum) et les dialectes celtiques (gaulois, vieil irlandais com-, co-, gallois cyf-, cyn-, cy-) mais tout rapprochement en dehors de ce domaine demeure hypothétique : le védique kám, le vieux slave se construisent seulement avec le datif pour indiquer la destination.
❏  En français même, où il figure dans d'innombrables emprunts, le préfixe est formateur de nombreux mots dont la liste reste ouverte, principalement de substantifs désignant souvent des personnes, d'adjectifs ou de participes passés, plus rarement de verbes. Il est notamment très productif dans les domaines du droit, de la politique et dans le vocabulaire exprimant un état, une condition, une fonction, un métier.
Les composés se trouvent, soit à l'ordre alphabétique, soit au second élément.
COACH n. m. est pris à l'anglais coach en plusieurs emprunts successifs.
❏  Le mot a désigné (1926) une automobile à deux portes et quatre places. Ce sens a disparu. ◆  Le mot anglais avait pénétré en français dans le vocabulaire des sports (1888) à propos d'entraîneurs d'une équipe. Avec l'apparition de dérivés du verbe anglais to coach « entraîner », il a pris le sens plus large de « mentor, conseiller ». Il est usuel en français du Québec et a envahi l'usage européen depuis les années 1980, bien au-delà du domaine sportif.
❏  Dans les années 1980, apparaissent en français les mots COACHER v. tr. (attesté 1984) et COACHING n. m. (1987) qui concernent non seulement l'entraînement sportif, mais l'accompagnement professionnel dans différents domaines. Tous ces anglicismes sont critiqués, en France comme au Québec, où coaching s'emploie aussi dans l'enseignement, pour « cours préparatoire ».