COAGULER v. est emprunté, d'abord sous la forme participiale coaugulé (av. 1300), au latin coagulare « figer en masse plus ou moins solide » en parlant du lait puis, en latin médiéval, du sang, également à l'origine du doublet non savant cailler*.
❏
Le mot a été introduit par les médecins du moyen âge à la fois en parlant du lait (froumage coaugulé) et du sang (1314). Ultérieurement (XIXe s.), il a pris la valeur figurée de « faire prendre, cristalliser ».
❏
Du verbe sont issus au
XIXe s.
COAGULANT, ANTE adj. et n. m., adjectivation (1827) et substantivation (1845) du participe présent, et
COAGULATEUR, TRICE adj. (1854).
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ANTICOAGULANT, ANTE adj. (1896) et
n. m. s'applique à ce qui retarde ou empêche la coagulation du sang.
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COAGULATION n. f., antérieur (XIVe s.), est un emprunt au latin impérial coagulatio, substantif d'action dérivé du supin de coagulare.
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COAGULUM n. m., d'abord francisé en coagule (1610), est emprunté au latin coagulum « présure ». Il a été relatinisé (1700) avec le sens de « masse coagulée », fonctionnant comme un doublet de caillé, caillot.
COALITION n. f., attesté au XVIe s. (1544), est soit emprunté au latin médiéval coalitio « réunion » (VIIe s.), soit formé avec le suffixe -ition sur le radical du latin coalitum, supin de coalescere. Ce verbe, signifiant étymologiquement « grandir ensemble » d'où « s'unir en croissant », est composé de co- « avec » (→ co-) et de alescere « se nourrir » d'où « grandir », inchoatif de alere « nourrir » au propre et au figuré (→ haut).
❏
Après une attestation isolée au XVIe s. au sens de « réunion, croissance », dans un contexte théologique, le mot a été repris au XVIIIe siècle. Il est alors emprunté (1718) au langage politique anglais (coalition of parties, 1715) où il est une spécialisation du sens de « réunion » (1612). D'abord employé dans un contexte anglais à propos des whigs et des tories, puis franco-anglais (1776), il s'est acclimaté en politique française. La spécialisation d'« entente entre ouvriers ou entre patrons dans un but professionnel ou économique » (1836) est sortie d'usage au profit d'autres termes comme syndicat. Le sens concret d'« agrégation de plusieurs substances » en physique (1753) puis, par métaphore, dans le style littéraire du XIXe s., est également sorti d'usage. La valeur la plus active est diplomatique et concerne les alliances dans un conflit, notamment dans des circonstances historiques précises (les coalitions successives contre Napoléon).
❏
COALISER v. tr. a été tiré de
coalition avec le suffixe
-iser (1790, M
me de Staël) et a produit à son tour
COALISATION n. f. (1791), resté rare, et
COALISEUR, EUSE adj. (1904).
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Le participe passé
COALISÉ, ÉE a été adjectivé et substantivé, notamment en diplomatie où il a fréquemment, comme le verbe, une valeur péjorative.
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COALESCENCE n. f., formé savamment en médecine (1537) sur le radical du latin
coalescere « s'unir », est employé spécialement en parlant des éléments formant un mot et des lèvres d'une plaie en voie de cicatrisation. Le mot a est passé avec les deux spécialisations du verbe latin, en médecine et en phonétique (1548). Il est passé en chimie pour dénommer le phénomène de réunion de particules en suspension.
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Le nom a pour dérivé l'adjectif didactique
COALESCENT, ENTE (1850).
COALTAR n. m. est un emprunt à l'anglais, où le mot est composé de coal « charbon » et tar « goudron ».
❏
Attesté en français en 1850, ce mot technique désigne un goudron obtenu par distillation de la houille. Ses utilisations vont du traitement du bois à la thérapeutique. Par allusion à la noirceur et à l'épaisseur de la substance, la locution être dans le coaltar signifie « être hébété, ne plus avoir d'idées claires ».
COASSER v. intr., d'abord coacer (1554), est emprunté au latin coaxare, lui-même formé à partir du grec koax, onomatopée du cri de la grenouille.
❏
Le verbe s'emploie, pour « crier », en parlant de la grenouille et du crapaud et a développé le sens figuré péjoratif d'« émettre des sons, des propos désagréables » (av. 1720).
❏
COASSEMENT n. m., d'abord écrit croaxement (1600) et coässement (1677), sert de nom d'action à coasser, au propre puis (1832, Hugo) au figuré.
COATI n. m. est emprunté (1558) par le portugais, au tupi coati. C'est le nom d'un carnivore d'Amérique du Sud, à très long museau (famille des Procyonidés).
COB ou KOB n. m., mot diffusé par Buffon (1764), est un emprunt au wolof (principale langue du Sénégal). Il désigne une antilope des savanes africaines, dont le mâle seul porte des cornes. Qualifié, le mot sert à dénommer plusieurs espèces. Cob de Buffon dit antilope-son en Afrique, cob onctueux ou waterbuck ; cob des roseaux.
COBALT n. m. est emprunté (av. 1564) à l'allemand Kobalt, Kobolt « minerai gris clair » (1526, Paracelse), tiré de Kobold, nom propre d'un lutin malicieux hantant les anciennes mines et qui avait la réputation de voler le minerai d'argent pour le remplacer par ce minerai, alors jugé inutilisable. Cette étymologie, comparable à celle de nickel*, est cohérente avec l'ancienne représentation germanique du monde souterrain comme séjour d'esprits malfaisants, tels les Nibelungen.
❏
Le mot désigne d'abord un minerai gris clair, utilisé en particulier dans la fabrication d'aciers spéciaux et de colorants, le plus souvent bleus (d'où le syntagme bleu de cobalt). Le mot sert ensuite (mil. XVIIIe s.) à désigner le métal extrait de ce minerai, isolé dès 1733 par le chimiste suédois Brand, avec de nombreux syntagmes chimiques et des composés. Les thérapeutiques au cobalt radioactif donnent lieu à des expressions comme bombe au cobalt.
❏
Le mot a produit depuis le milieu du
XIXe s. quelques termes de minéralogie et de chimie :
COBALTIQUE adj. (1845),
COBALTEUX, EUSE adj. (1868, Wurtz), des noms de minéraux comme
COBALTINE n. f. (1868, Wurtz) ou
COBALTITE n. f. (
XXe s.), et des composés :
COBALTHÉRAPIE ou
COBALTOTHÉRAPIE n. f. RADIOCOBALT n. m. désigne un isotope radioactif du cobalt (attesté dans les années 1950).
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Le nom allemand
KOBOLD a lui-même été emprunté comme nom d'un lutin germanique, introduit en 1835 par Nerval dans sa traduction du
Faust de Goethe. Antérieurement, on rencontre les formes
cobolde et
coballes dans
Les IV Livres des spectres (édition de 1586) et
kobalde (1671), donné comme mot islandais.
❏ voir
GOBELIN.
COBAYE n. m. est la francisation (1820) du latin scientifique (cavia) cobaya (1760, Buffon), probablement emprunté au tupi sabúya par l'intermédiaire du portugais cobaya (1643 en latin moderne), d'abord écrit çabuyâ (encore en 1795).
❏
Nom d'un petit mammifère rongeur, le mot a pris, par allusion à l'utilisation de ce mammifère en laboratoire, le sens figuré de « sujet d'expérience » (XXe s.).
COBRA n. m. est issu, par abréviation (1866), de la dénomination cobra capel (1587) et cobra de capelo (1701), empruntée au portugais cobra de capel, de capello, proprement « couleuvre à capuchon », parce que la peau du cobra forme sur sa tête une sorte de capuchon. Cobra, qui signifie en effet « couleuvre », est issu (XIVe s.) d'un latin populaire °cŏlŏbra pour cŏlŭbra (→ couleuvre) ; capello « capuchon » représente le bas latin cappellus (→ chapeau).
❏
Le mot désigne un grand serpent venimeux du genre naja, dont le cou se gonfle lorsqu'il est irrité.
COCA n. m. est emprunté (1558) à l'espagnol coca (v. 1550), lui-même emprunté à l'aymara, langue indienne du Pérou où le mot semble majoratif et désignerait la plante par excellence. La coca, arbrisseau poussant dans les vallées humides des Andes, était dès la plus haute Antiquité la plante sacrée des Incas.
❏
Le mot désigne l'arbuste andin et, par métonymie, sa feuille que les Indiens mâchent pour son action stimulante (1598), puis la substance extraite de ces feuilles.
❏
De
coca est dérivé
COCAÏNE n. f. (1856, La Châtre), nom d'un alcaloïde extrait des feuilles de la coca et découvert par M. Niemann, pris par métonymie pour désigner la substance préparée à partir de cet alcaloïde, à usage médical ou utilisée comme stupéfiant.
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Le mot est abrégé familièrement, dans le langage des trafiquants et de leurs clients, en
coco (1922), vieilli,
coca et
2 COKE n. f. (dès 1908 en anglais, aux États-Unis).
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À la fin du XIXe s., cocaïne a produit une série de termes didactiques : COCAÏNOMANIE n. f. (1886), COCAÏNOMANE n. (1886) qui a perdu son sens premier de « médecin soignant par la cocaïne » pour celui de « personne intoxiquée à la cocaïne » (1905), COCAÏNIQUE adj. (1891), COCAÏNISATION n. f. (1896) et COCAÏNISER v. intr. (1911), COCAÏNISME n. m. (1897).
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COCA-COLA n. m. est emprunté (1928, dans la traduction de
Manhattan Transfer de J. Dos Passos) à l'anglo-américain
Coca-Cola, nom de marque déposée aux États-Unis en 1886 et répandue dès 1887. Le nom est composé de
coca et de
cola (→ cola) en référence aux ingrédients entrant initialement dans sa formule. Cette boisson s'est répandue massivement dans presque tous les pays après la Seconde Guerre mondiale, les occurrences du mot se multipliant à partir des années 1940 en français. Symbole du mode de vie américain, le Coca-Cola a été adopté en France et répandu après 1950. Il est abrégé couramment en
COCA (1966) et
COKE, réemprunt à l'anglo-américain où cette forme est attestée dès 1909.
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COCAGNE n. m., attesté depuis le milieu du XIIIe s., est d'origine discutée. Les rapports de ce mot — qui est à l'origine de l'italien cuccagna (XIVe s.), de l'espagnol cucaña (XVIIe s.), de l'anglais cokaygne, cockaigne (déb. XIVe s.) — avec le moyen français cocagne « pastel en pâte » (1463, quoquaigne) sont obscurs. Le moyen français est lui-même emprunté au provençal cocanha, coucagno de même sens. Il est notable que la culture du pastel engendra une grande prospérité dans le Haut-Languedoc. Le provençal est lui-même d'origine douteuse, rapproché par certains du provençal coca « coque » (v. 1350) [→ coque] ou du provençal de même forme coca « gâteau » (1391, coga), lui-même d'étymologie incertaine, peut-être préromane. On a aussi évoqué, sans parvenir à la conviction, l'étymon germanique °kōka d'origine onomatopéique (allemand Kuchen, anglais cake « gâteau » → cake), le pays de Cocagne étant proprement le pays des friandises. L'intermédiaire aurait été soit le moyen bas allemand kokenje, soit un °kokania formé sur le modèle de Germania « Germanie ». Le moyen néerlandais cockaenge « pays des merveilles », de coek « gâteau », semble confirmer une hypothèse de ce genre.
❏
Le mot est apparu comme le nom d'un pays imaginaire où tout est riant et en abondance (pays de cocagne, 1533). Employé anciennement au sens de « fête, réjouissance », « cause de réjouissances », le mot survit dans mât de cocagne ou pour connoter une abondance facile.
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En français de Provence, des Hautes-Alpes, un sens enregistré dans son Dictionnaire critique par le jésuite Féraud, qui enseignait à Marseille à la fin du XVIIIe s., est celui d'« agréable, facile » (en attribut, c'est cocagne). Cocagne ! est aussi une exclamation de surprise agréable.
COCARD, COQUARD, COQUART n. m., enregistré dans un dictionnaire d'argot en 1867, est d'origine douteuse, probablement dérivé, avec le suffixe péjoratif -ard, de coque* d'après l'idée d'« objet rond et globuleux » également illustrée dans coquar, cocard, quoquart « œuf » (→ coco « œuf ») et, dans l'argot, coquillard « œuf ».
❏
Le mot est une désignation argotique de l'œil, surtout employée à propos d'un œil tuméfié (1883), spécialisation à mettre en relation d'une part avec œil à la coque et coque « coup, contusion » et, d'autre part, avec cocarde* désignant un œil tuméfié et une gifle.
+
COCARDE n. f., d'abord coquarde (1468) puis cocarde (1552), est le féminin substantivé de l'adjectif moyen français coquard, arde « sot, vaniteux » (av. 1350), dérivé de coq*, avec le suffixe péjoratif -ard, d'après un caractère communément prêté à l'animal (faire le coq, coq de village).
❏
Le mot, d'abord dans
coiffée à la cocarde, bonnet à la cocarde (1532), a désigné une coiffe ornée de plumes de coq ou de rubans ressemblant à une crête de coq redressée. Il s'est spécialisé dans la décoration militaire (1732), désignant un nœud de ruban porté sur leur coiffure par les soldats, de couleur différente selon leur corps. Sous la Révolution, la cocarde devient un insigne identique marquant le ralliement à un parti politique (1789), selon sa couleur (
cocarde blanche royaliste,
cocarde tricolore, nationale des révolutionnaires). Par analogie, il a désigné l'ornement en forme de ruban ou de rosace sur le chapeau des femmes (1835). Il se dit en tauromachie de la rosace placée sur le front de l'animal.
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Probablement par attraction de coque*, il a pris en argot le sens de « tête » (1858), exprimant, par métaphore, l'ivresse dans avoir sa cocarde « avoir le vin qui monte à la tête » (1861), à rapprocher de avoir son panache, son pompon, son aigrette qui évoquent tous le visage rubicond et la « tête prise » des buveurs.
❏
De
cocarde ont été dérivés, au
XIXe s.,
COCARDEAU n. m. (1843) nom régional de la giroflée,
COCARDIER, IÈRE n. et adj. (1858) « qui porte la cocarde », surtout employé avec une valeur figurée : « d'un patriotisme exacerbé » (1881), en emploi substantif puis aussi adjectif (1896), et
COCARDER v. tr. « orner d'une cocarde », sorti d'usage, puis, d'après le sens métaphorique d'
avoir sa cocarde, se cocarder (1877) pour « se soûler ».
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COCASSE adj. est une formation, par dérivation de sens et substitution de suffixe (1742), sur le moyen français
coquard « vaniteux, fat » qui a pris le sens de « d'une étrangeté bouffonne ».
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Il a produit COCASSERIE n. f. (1836) et COCASSEMENT adv. (1894).
COCCINELLE n. f. est l'adaptation (1754) du latin scientifique coccinella (1740, Linné) formé sur le latin impérial coccinus « écarlate », calque du grec kokkinos « insecte donnant une teinture écarlate » (la cochenille) d'où « écarlate », mot encore vivant en grec moderne. Kokkinos est dérivé de kokkos « noyau, pépin d'un fruit », lui-même conservé au sens de « graine » en grec moderne (→ coque).
❏
Le mot dénomme un insecte à élytres bombés, rouges à points noirs, communément appelé bête à bon Dieu et, localement, vache à Dieu, cheval de la Vierge ou Catherinette.
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Par analogie de forme, il a servi de dénomination familière pour une voiture populaire de la marque allemande Volkswagen (1968 ; p.-ê. calque de l'allem. Käfer « coléoptère » [Bernet-Rézeau ; INALF]).
COCCYX n. m. est emprunté (1541) au grec kokkux « coucou », employé spécialement en anatomie comme dénomination du petit os triangulaire terminant le bas de la colonne vertébrale en raison de sa ressemblance avec le bec d'un coucou. Le mot, conservé en grec moderne, est dérivé de kokku, cri du coucou qui repose sur une onomatopée, et semble être dissimilé de °kuku. On observe des formes analogues dans plusieurs langues : sanskrit kokilá « coucou », latin cuculus, français coucou*, qui correspondent à une matrice onomatopéique évoquant le cri répétitif de l'oiseau.
❏
Le mot, employé en anatomie, est passé dans l'usage où l'expression tomber sur le coccyx fournit un équivalent euphémistique de tomber sur le derrière.
❏
En est dérivé l'adjectif didactique COCCYGIEN, IENNE (1753).
?
1 COCHE n. f. (1176) est d'origine obscure, peut-être d'un latin vulgaire °cocca que l'on peut aussi déduire de l'italien cócca « entaille (sur une flèche) » (XIVe s.) et du provençal encocar « encocher » (av. 1250). D'après Corominas, il pourrait s'agir d'un radical préroman. Un rattachement au latin coccum « excroissance (sur une plante) » d'où, par analogie, « cran au bout d'une flèche » est assez peu satisfaisant. L'hypothèse de P. Guiraud, postulant un latin vulgaire °codica, d'après codex « souche », d'où « morceau de bois sur lequel on fait des entailles pour tenir un compte » (→ code) et, par métonymie, « entaille », n'est pas appuyée sur des preuves.
❏
Le mot désigne une entaille faite dans un corps solide, en particulier une arbalète, une flèche et, par analogie, une entaille servant notamment de signe pour des comptes. Il se fait rare en français d'Europe, en dehors des dialectes et patois, mais reste vivant au Québec, tant au sens propre (faire des coches sur du bois « des encoches ») qu'au figuré (monter d'une coche « d'un cran »).
❏
1 COCHER v. tr. (1305-1310), proprement « faire une entaille », ne vit plus guère qu'avec l'extension analogique de « marquer d'un repère, d'un trait ».
◈
Au sens propre, le verbe a été éliminé par le préfixé
ENCOCHER v. tr. (1160) dont le déverbal
ENCOCHE n. f. (1542), qui a lui-même évincé
coche de l'usage, est devenu usuel, notammant pour désigner une entaille dans un mécanisme (serrurerie, armurerie, etc.). Le mot a aussi un emploi technique en géomorphologie.
◈
DÉCOCHER v. tr. (v. 1175), dès les premiers textes, a été employé avec le sens figuré de « se lancer, se propulser », d'abord intransitivement puis à la forme pronominale, de « lancer un trait, une flèche », allusion à la
coche servant à arrêter la corde quand on bande l'arbalète et à celle qui maintient la flèche de l'arc. Une métaphore courante, assimilant la parole à une arme, a donné au verbe le sens de « lancer (une critique, une pointe) » (1648).
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Des acceptions techniques (textile, fonderie) se sont greffées sur le sens propre, produisant les noms d'action
DÉCOCHEMENT n. m. (1556) et
DÉCOCHAGE n. m. (1929) « démoulage ».
?
2 COCHE n. m., d'abord koge (1243) puis coche (1249), est un terme d'aire gallo-romane attesté dans les domaines d'oïl (Picardie, Normandie) et d'oc (XIVe s.). Les rapports entre les représentants romans, français, provençal, catalan coca (XIIIe s.), italien coca (XIVe s.) et les représentants germaniques, moyen néerlandais cogge, cocge, néerlandais kogge, moyen bas allemand kogge « navire de commerce de la Hanse », sont obscurs : le mot a probablement été véhiculé à partir du domaine germanique à la faveur du commerce hanséatique et des croisades. Une hypothèse voit dans le type primitif ancien français koge l'emprunt d'un prototype ancien frison °kogge, attesté indirectement dans cogsculd (949). Celui-ci, étant donné son ancienneté, est considéré par certains comme autochtone mais rattaché par les autres à un mot roman : latin vulgaire °cocca, peut-être de conqua « coquillage » (→ conche). Une autre hypothèse fait de l'ancien français coche la forme primitive qui serait issue d'un bas latin caudica, désignant une embarcation, et qui aurait été altérée en coge, cogge sous l'influence du néerlandais ; les vocables germaniques seraient eux-mêmes issus du représentant gallo-roman du bas latin. Le mot, féminin jusqu'au XVIIe s., est devenu masculin sous l'influence de 3 coche* « voiture ».
❏
Le mot désigne un chaland halé par des chevaux qui servait au transport des voyageurs d'une ville à l'autre, surtout dans le syntagme coche d'eau, rendu nécessaire pour lever l'ambiguïté par rapport à 3 coche.
3 COCHE n. m. est emprunté (1545) soit au hongrois kocsi « grande voiture couverte » dérivé de Kocs, nom d'un relais de poste sur la route entre Vienne et Pest (1495, curriferdekoch en latin médiéval), soit, mais l'hypothèse est moins vraisemblable, au tchèque koczi (1440). Il aurait pénétré en France à la fois par l'intermédiaire du vénitien cochio (d'où la réfection toscane cocchio, XVIe s.) et de l'allemand Kutsche (XVIe s.), féminin, ce qui expliquerait l'hésitation entre les deux genres. Dans le cas d'un seul intermédiaire vénitien, le féminin s'expliquerait par l'influence de 2 coche « bateau de transport », d'abord féminin.
❏
Le nom de cette grande voiture publique, tirée par des chevaux et réservée aux gens moins fortunés (les autres ayant leur carrosse personnel), a vieilli quand le véhicule a été remplacé par la diligence. Il s'est pourtant maintenu dans des locutions : manquer, rater le coche « manquer une occasion » et faire la mouche du coche « s'agiter inutilement », par référence à la fable de La Fontaine où une mouche prétend aider « six forts chevaux » épuisés à tirer un coche.
❏
2 COCHER n. m. (1560) se dit de tout conducteur de voitures hippomobiles transportant des personnes.
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COCHÈRE adj. f., dérivé de coche (1611) avec le suffixe -ier, -ière réduit à -er, -ère après -ch-, s'emploie exclusivement avec porte. Porte cochère se dit d'une porte dont les dimensions permettent l'entrée d'un coche puis d'une voiture, carrosse, de nos jours automobile, dans la cour d'une maison. Il est demeuré usuel.