COLIMAÇON n. m., d'abord colimasson (1529), est l'altération, sous l'influence de coque*, du normanno-picard calimachon, lequel est composé de écale* et limaçon* ; l'ancien normand caillemasson (1390) était composé d'écaille et de limaçon.
❏  Le mot au sens d'« escargot » a souffert de la concurrence de limaçon ; en revanche, il a supplanté ce dernier dans l'acception de « spirale », analogie avec la forme de la coquille de l'animal. Ce sens est courant dans l'expression en colimaçon (1829, escalier en colimaçon) ; cet emploi a engendré un nouvel usage du mot, elliptique pour « escalier en spirale » (1928).
❏  Le dérivé COLIMAÇONNER v. intr. « avoir la forme d'une spirale » (1892) ne s'est pas répandu.
COLIN n. m. est issu (fin XIVe-déb. XVe s.), par réfection du second élément, du néerlandais koolvis ou de l'anglais coalfish, littéralement « poisson charbon » à cause de la couleur de son dos. Dans l'une et l'autre langue, le mot est composé du nom germanique du charbon, d'un °kolam, °kolon que certains rapprochent du sanskrit jval « lueur », et du nom germanique du poisson, °fiskaz apparenté au latin piscis (→ poisson). Colin peut aussi être dérivé, avec suffixation en -in, du moyen français de même sens cole (fin XIVe s.), emprunté au néerlandais kole, forme abrégée de kolvis. Dans le premier cas, l'influence formelle du prénom Colin (→ colin-maillard) est vraisemblable.
❏  Le mot est resté propre au nord de la France ; le même poisson porte d'autres noms, parmi lesquels merlu dans la zone occitane.
COLIN-MAILLARD n. m. est composé (1534, Rabelais) de deux noms propres : Colin, variante de Colas, diminutif de Nicolas, souvent employée par péjoration (dans se moquer comme de colin-tampon), et Maillard, nom propre usuel, proprement « l'homme au maillet ». Cet élément peut être également dérivé de mail* dans l'hypothèse où le joueur aveugle chercherait ses partenaires avec un bâton (maillet).
❏  Le mot a d'abord désigné le joueur aux yeux bandés chargé d'attraper et d'identifier un autre joueur. Par métonymie, il est devenu le nom du jeu.
COLIN-TAMPON n. m. est formé (1578) du nom propre Colin (→ colin-maillard) et de tampon* employé par plaisanterie pour tambour* et peut-être par référence à la corpulence des soldats suisses.
❏  Le nom, d'abord donné aux soldats suisses, a désigné le tambour de ces soldats et, par métonymie, une ancienne batterie de tambour des régiments suisses (v. 1600). Il ne vit plus que dans la locution se soucier, se moquer de qqch. comme de colin-tampon (1695) « n'en faire aucun cas » dont l'origine est inconnue, le mot lui-même n'étant plus compris.
COLIQUE n. f. est emprunté (v. 1250) au latin médiéval colica (XIIe s.), issu par ellipse du bas latin colica passio (→ passion) « maladie du côlon ». Colica est le féminin de l'adjectif colicus, lui-même emprunté au grec médical tardif kôlikos « qui souffre de la colique », de kôlon (→ côlon).
❏  Le mot désigne une douleur violente du côlon et, plus généralement, de la cavité abdominale. Par extension, il est employé couramment au sens de « diarrhée », entrant dans l'expression avoir la colique avec l'idée figurée de « grande peur » (1852), par une métaphore courante (Cf. trouille). Une autre extension concerne en médecine des douleurs analogues, sans rapport avec le côlon (coliques néphrétiques, coliques hépatiques).
❏  Colique a produit COLIQUEUX, EUSE adj. (1579), « de la nature de la colique » et (1580) « sujet à la colique », et COLIQUARD n. m. (déb. XXe s.), formé populairement avec le suffixe péjoratif -ard, au sens de « poltron ».
COLIQUE adj. (1475) a été repris à l'adjectif latin dans colique passion, calqué du latin et sorti de l'usage au XVIIe siècle. Le mot a conquis son autonomie au XVIIIe s., qualifiant une veine et une artère du côlon.
COLITE n. f., formé en latin savant (colitis) puis passé en français (1824), est devenu assez courant comme dénomination d'une inflammation du côlon, du fait des connotations familières ou scatologiques de colique.
COLIS n. m. est emprunté (1723) à l'italien colli, pluriel de collo « chargement que l'on porte sur le cou », sens issu par métonymie de celui de « cou » (→ cou).
❏  Le mot, d'abord attesté comme terme de négoce en usage à Lyon, s'est répandu en France par Marseille (1785) et Lyon. Il désigne un objet emballé en vue de son transport, donnant lieu à des syntagmes comme colis postal (1880). ◆  Le sens figuré de « personne encombrante », dans le langage familier, n'a pas suffi à assurer à colis le chemin métaphorique de ballot*.
COLLABORER v. intr. est un emprunt tardif (1830) au bas latin collaborare « travailler avec qqn », de cum (→ co-) « avec » et de laborare « travailler » (→ labourer).
❏  Repris avec le sens propre de « travailler avec », le mot a développé, sous l'occupation allemande de 1940-1945, la valeur particulière de « coopérer avec l'ennemi » en emploi absolu (v. 1940).
❏  COLLABORATION n. f., antérieur au verbe, est emprunté (1753) au latin médiéval collaboratio dit, en droit, de la possession acquise par les époux par un travail commun (821). Le mot est dérivé de collaborare au sens tardif de « travailler en commun pour gagner des bénéfices » (VIIe s.). Collaboration a été introduit en jurisprudence à propos des travaux communs de l'époux et de l'épouse, puis s'est répandu au sens d'« action de travailler en commun » (1829), recevant sous l'occupation allemande la spécialisation politique (1940) avec laquelle il a produit COLLABORATIONNISTE adj. et n. (1941), péjoratif pour « partisan de la collaboration » et aussi adjectif.
■  COLLABORATEUR, TRICE n., dérivé directement (1755) du radical du verbe latin collaborare, désigne la personne qui travaille avec qqn. Sa spécialisation politique liée à l'occupation allemande (v. 1940) a donné lieu à l'abréviation COLLABO n. (v. 1940). Cette valeur n'a pas évincé le sens neutre de « personne travaillant avec une autre » (1867).
COLLAGÈNE → COLLE
COLLATÉRAL, ALE, AUX adj. est emprunté (v. 1275) au latin médiéval collateralis « qui se trouve à côté de » (v. 1100), substantivé au sens de « parent en ligne directe » (fin XIe s.), de cum « avec » (→ co-) et de lateralis (→ latéral).
❏  Le mot a été repris en droit, désignant et qualifiant un parent indirect d'où (1522) ligne collatérale. ◆  L'adjectif a reçu plusieurs acceptions spéciales avec la valeur de « situé de côté, par rapport à autre chose » (déb. XIVe s.), en architecture religieuse (1526), usage où il est substantivé en parlant des bas-côtés d'une église (1740), en anatomie (v. 1560) et en géographie (1740, points collatéraux).
❏  COLLATÉRALEMENT adv., relevé une première fois au sens isolé de « côte à côte » (1585), a été repris au XVIIe s. dans un contexte juridique relatif à la parenté (1628) ; il s'est répandu au XIXe s. (1835).
■  COLLATÉRALITÉ n. f., lui aussi attesté une première fois en 1611, est repris comme nom de qualité correspondant à collatéral et figure dans Littré (1863).
COLLATION n. f. est emprunté (v. 1200) à plusieurs reprises et avec diverses acceptions, au latin collatio, substantif d'action formé sur collatum, supin de conferre « échanger des propos, s'entretenir avec » (→ conférer). Collatio a eu en latin classique le sens de « comparaison, confrontation » d'où en bas latin celui de « comparaison, confrontation de textes ». Il a signifié aussi à basse époque « action de conférer (une dignité, un honneur) » et, en latin médiéval, « action de conférer un bénéfice » (1167). En latin chrétien, il a désigné une réunion de moines, un entretien et, par l'intermédiaire du sens de « conférence lue le soir au cours du repas dans les monastères » (d'où le titre Collationes, œuvre de Cassien, 426-429), a pris celui de « repas du soir dans un monastère » (813).
❏  Introduit par la traduction de l'ouvrage de Cassien, le mot a désigné les entretiens et conférences du soir dans les monastères et le repas des moines (XIIIe s.). Par extension, il est employé en parlant d'un repas léger pris le soir (1453), spécialement le repas léger fait par les catholiques en période de jeûne (1580). L'aire d'emploi du mot a régressé au profit de goûter, pique-nique, souper, en-cas ou réveillon, dont il était à peu près synonyme au XVIIe siècle. Il correspondait alors particulièrement au repas de fruits fait le soir d'un jour de jeûne ou aux confitures que l'on prenait au coucher avec un doigt de vin. ◆  Dans l'ouest de la France et dans le centre, le mot s'emploie à propos du goûter en milieu d'après-midi (faire collation).
■  Au sens d'« action de conférer un bénéfice, un office », collation appartient à un usage vieilli ou historique. Par extension, le mot exprime le fait de conférer un grade universitaire, un titre de capacité (1808).
■  Le sens du latin classique a été repris au XIIIe s., collation désignant la comparaison d'une chose à une autre jusqu'au XVIe siècle ; mais la spécialisation pour « action de comparer des textes » (1375), s'est maintenue.
❏  COLLATIONNER v. tr. (1345) a gardé le sens de « comparer une copie avec l'original afin de s'assurer de sa conformité » et reçu une acception spéciale en imprimerie (1851) : « vérification des épreuves par comparaison avec le manuscrit ». ◆  En ce sens, il a produit COLLATIONNEMENT n. m. (1861) et COLLATIONNEUR n. m. (v. 1950). ◆  Son autre sens, « faire un repas léger » (1549), a vieilli.
COLLE n. f. est emprunté (1268, cole), par l'intermédiaire d'un latin vulgaire °colla, au grec kolla « gomme, colle », que l'on rapproche de termes indoeuropéens (vieux slave kleijǐ, russe klej « colle »).
❏  Le mot désigne une substance qui fait adhérer deux surfaces l'une à l'autre et, par extension, toute matière visqueuse qui adhère. D'après l'idée de « chose qui englue », il a pris divers sens figurés et familiers à connotations péjoratives : « mensonge, faux-semblant » (1455, dans l'argot des Coquillards) puis « chose ennuyeuse, personne dont on ne peut se défaire », notamment dans colle de pâte, n. et adj. et dans pot de colle. ◆  L'argot scolaire, au XXe s., lui a donné trois sens : « exercice d'interrogation » (v. 1842), « question embarrassante » et, depuis 1880, « punition retenue », tous probablement motivés comme déverbaux de coller. Il en va de même de colle dans la locution familière vivre à la colle « en concubinage » (1880).
❏  COLLER v. tr. (1320), « faire adhérer au moyen de colle », a précédé colle dans le développement de sens figurés. Dès le XVIe s., il exprime le fait de « rester fixé sur qqch. » (Ronsard) et celui de « mettre, placer » (1585), deux sens passés dans l'usage familier. Au XIXe s., il se dit pour « priver de congé » dans l'argot de polytechnique (v. 1855), d'après l'idée de coller au piquet (1828), et par ailleurs de « se mettre en concubinage » (1878, se coller). Il y ajoute l'idée de « s'infliger qqch. de pénible » et, d'après l'idée d'une adhérence réussie, le sens de « bien aller, marcher » (1906) : ça colle, ça ne colle pas. Coller qqn s'emploie aussi avec la valeur « poser une question à (qqn qui n'a pas la réponse) », sens repris dans INCOLLABLE adj. (mil. XXe s.), qui qualifie la personne capable de répondre à toutes les questions. L'adjectif a aussi le sens concret d'« impossible à coller ».
■  En ont été dérivés COLLAGE n. m., COLLEUR, EUSE n. (tous deux en 1544), ce dernier passant dans l'argot scolaire des classes préparatoires et le féminin servant à dénommer un instrument (XXe s.).
■  Le participe présent COLLANT, ANTE a été adjectivé (1572), à propos d'une substance, d'un objet qui colle. Au figuré, il se dit d'une personne dont on ne parvient pas à se débarrasser. En français québécois, il se dit d'un temps chaud et humide ; il a alors un synonyme, COLLEUX, EUSE. ◆  Comme nom masculin, collant s'est spécialisé comme terme d'habillement (1812 comme adj. ; n. m. v. 1880) pour désigner un maillot. Le sens courant de « sous-vêtement » s'est imposé entre 1950 et 1970, le collant féminin remplaçant progressivement la gaine et les jarretelles avec des bas. ◆  Le participe présent féminin une COLLANTE a été substantivé (v. 1930) dans le jargon scolaire pour désigner une convocation à un examen, d'après le sens de coller « recaler ».
Sur coller, ont été formés les composés : RECOLLER v. tr. (1382) « coller de nouveau », spécialement en médecine (1579), a développé au XIXe s. le sens familier de « mettre qqch. ou qqn dans, sur » (1874). Il a pour dérivés les substantifs d'action RECOLLEMENT n. m. (1834) et RECOLLAGE n. m. (1894).
■  DÉCOLLER v. tr. (1382) a pris en emploi intransitif (v. 1910), comme son dérivé DÉCOLLAGE n. m. (1847), le sens métaphorique de « quitter le sol, pour un avion » (v. 1910), rapidement débarrassé de sa connotation familière première. Une autre métaphore fait qu'on parle du décollage de l'économie (1961). ◆  Sans métaphore, décoller a également produit DÉCOLLEMENT n. m. (1635) et DÉCOLLABLE adj. (1912), postérieur à INDÉCOLLABLE adj. (1845). ◆  ENCOLLER v. tr. est formé (1324) de en-, colle et suffixe verbal, pour « enduire de colle » et, par extension, traiter (le papier) par un apprêt. Il a pour dérivé ENCOLLAGE n. f. (1771), et ENCOLLEUR, EUSE n. (1832), encolleuse n. f. (1873) désignant la machine à encoller. ◆  CONTRECOLLER v. tr. (1955) signifie « coller entre elles (plusieurs feuilles ou plaques d'un matériau rigide) ». Le participe adjectif CONTRECOLLÉ, ÉE s'applique à ces matériaux.
■  Le terme de biochimie COLLAGÈNE adj. et n. m. (→ gène) est attesté depuis 1867 pour qualifier et désigner une substance produisant de la colle ou de la gélatine, spécialement la protéine constituant l'essentiel de la substance intercellulaire du tissu conjonctif.
■  AUTOCOLLANT, ANTE adj. et n. m. (1971) qualifie et désigne ce qui adhère de soi-même à une surface. Ce mot est usuel pour désigner les motifs que l'on peut coller sur diverses surfaces ; il traduit souvent l'anglais sticker.
❏ voir COLLODION, COLLOÏDE ; COPIER, COUPER (COPIER-COLLER, COUPER-COLLER).
COLLECTE n. f., d'abord collete (av. 1250), est emprunté au latin collecta, participe passé féminin substantivé de colligere « rassembler, recueillir » (à l'origine de cueillir* et de colliger*). Le nom a désigné l'écot, la quote-part en latin classique et a pris, en latin chrétien, le sens de « quête, réunion des fidèles ».
❏  Le sens liturgique de « courte prière lue entre le Gloria et l'Épître », attesté dès les premiers textes, vient de ce qu'avant la procession, le prêtre récitait une prière au nom de toute l'église : oratio ad collectam. Au sens de « levée des impositions » (1395), le mot a éliminé l'ancien coillotte, cueillote, qui venait d'un sens spécialisé de cueillir « percevoir, quêter » ; le sens usuel, « action de recueillir des dons », est apparu au XVIIe siècle. ◆  D'après une autre destination, il désigne aussi l'action de ramasser des produits pour les traiter (collecte des ordures).
❏  COLLECTER v. tr., d'abord au passif « être assujetti à une contribution » (1320), exprime l'action de recueillir de l'argent, des dons (1774). La forme pronominale se collecter est employée en pathologie à propos d'un liquide organique qui s'amasse dans une cavité du corps et y produit un certain effet (1924).
■  COLLECTEUR, TRICE adj. et n., emprunté au bas latin collector, est apparu en 1315. En emploi adjectif, il a reçu quelques sens techniques (1862) par exemple dans égout collecteur (aussi substantivé).
■  COLLECTIF, IVE adj. (XIIIe s.) représente avec les mêmes sens le latin collectivus « qui groupe, rassemble », également terme grammatical. Depuis 1802, l'adjectif est substantivé au masculin et désigne, spécialement dans collectif budgétaire, l'ensemble des dispositions d'un projet de loi de finances. ◆  Par influence du russe, un collectif (1901) désigne aussi un groupe de travail, puis un groupe d'action. ◆  En ont été dérivés COLLECTIVEMENT adv. (1568), COLLECTIVITÉ n. f. (1836).
■  COLLECTIVISME n. m. est probablement forgé par C. Pecqueur en 1839 ; il était précédé par collectisme n. m. (Saint-Simon, 1802), les deux mots étant opposés à individualisme. ◆  Collectivisme reste rare avant 1869 (congrès de la Ire Internationale) où apparaît COLLECTIVISTE adj. et n.
■  COLLECTIVISER v. tr. semble plus tardif (fin XIXe s.). ◆  Il a pour dérivé COLLECTIVISATION n. f. (1871), ce qui implique pour le verbe des emplois probables à cette époque.
COLLECTION n. f. est emprunté au latin collectio « action de réunir », « ce qui est recueilli ensemble », employé comme terme de médecine à époque impériale ; c'est d'abord au sens médical d'« amas de pus » (1300) que le mot français est attesté. Il passe dans l'usage général au sens de « cueillette des fruits » (1371), que lui dispute cueillette, et, au XVIIe s., désigne une compilation et ce que l'on nommerait aujourd'hui une anthologie. ◆  Son sens moderne de « réunion d'objets ayant un intérêt esthétique, historique ou scientifique » est plus tardif (v. 1775). Depuis, le mot a pris aussi les sens particuliers d'« ensemble de publications formant une unité » et d'« ensemble de modèles de couture présentés en même temps ». ◆  Le sens de « réunion d'objets d'art » a produit COLLECTIONNER v. tr. (1840), d'où on a tiré COLLECTIONNEUR, EUSE adj. et n. (1828) mot usuel, et COLLECTIONNABLE adj. (1939), rare.
COLLECTOR n. m. est un emprunt tronqué à l'anglais collector's item, « pièce de collectionneur », qui semble se diffuser en français vers la fin des années 1980.
❏  Ce faux anglicisme transmet publicitairement un faux sens, en conférant à des objets sans rareté, produits en quantité prétendument limitée, le statut de « pièce pour collectionneur ».
COLLÈGE n. m. est emprunté (v. 1308) au latin collegium « ensemble, corps (de magistrats, de prêtres) » et, au moyen âge, « communauté de laïcs ou de religieux ». Le mot, apparenté à collega (→ collègue), est dérivé de lex (→ loi).
❏  Collège désigne un corps de personnes revêtues de la même dignité, spécialement dans le cadre d'une confrérie religieuse (v. 1308). Ultérieurement dans un contexte juridique, il se dit de l'ensemble des électeurs appartenant à une même circonscription ou à une même catégorie, convoqués en vue d'une élection, seul ou dans collège électoral (1812). ◆  La spécialisation de collège dans le domaine de l'éducation lui vaut le sens local de « lieu pour enseigner lettres et sciences » (1462). De là son emploi dans les noms Collège royal (1610) puis Collège de France (1795), dénominations successives d'un établissement fondé par François Ier. De là également quelques emplois figurés comme sentir le collège « prendre un air pédant » (1678) et, ultérieurement, le sens usuel d'« établissement du premier cycle du second degré » (1848), le mot prenant des valeurs variables selon les systèmes pédagogiques successifs et les lieux (Belgique, Canada, France).
❏  COLLÉGIAL, IALE, IAUX adj. (1350) est emprunté au dérivé bas latin collegialis « qui appartient à une communauté, un collège », spécialement dans collegialis aedes « maison du collège des chanoines » (av. 1183). ◆  Le mot réalise le sens de « relatif à un collège de chanoines ». Le sens de « relatif à un collège d'enseignement secondaire » (XIXe s.) n'a pas réussi à s'implanter en France, tandis que la première acception donnait lieu, par extension, à une valeur politique, « où le pouvoir de décision appartient à un conseil restreint ». Cependant collégial est au Québec l'adjectif qui correspond à cégep*, et le mot est substantitvé dans le collégial « l'enseignement des dernières années du secondaire ». ◆  De l'emploi extensif et politique vient le dérivé COLLÉGIALITÉ n. f. (milieu XXe s.).
■  COLLÉGIEN, IENNE adj. et n. (1743) se rattache à collège comme terme d'éducation et a suivi son évolution. En France, le mot a reculé par rapport à élève et à étudiant, sauf au figuré, pour « adolescent naïf » (une attitude de collégien).
COLLÈGUE n. est emprunté (av. 1520) au latin collega « celui qui exerce la même charge dans une magistrature », « compagnon, camarade ». Ce mot latin, comme collegium (→ collège), se rattache à lex (→ loi), peut-être par son dérivé legere (→ léguer), le collègue étant celui qui a reçu, en commun avec un ou plusieurs autres, un pouvoir.
❏  Le mot désigne une personne qui est revêtue de la même charge ou de la même fonction que d'autres, à l'intérieur d'une institution publique ou privée. Le sens de « camarade de jeu, de plaisir » (1872, Daudet), appartenant à l'usage familier, semble s'être développé sous l'influence du provençal, en français de Marseille et de sa région, où il est aussi un appellatif amical. Avec ce sémantisme, le mot s'emploie pour « camarade » en français d'Afrique.
COLLERETTE → COLLIER
COLLETER → COL
COLLEY n. m. est emprunté (1877) à l'anglais colley, variante de collie, colly « chien de berger écossais », attesté depuis 1651, peut-être même déjà au XIVe s., comme nom propre de chien, sous la forme Colle. L'origine de ce mot, dans lequel on a cru reconnaître un dérivé de coal « charbon » (→ colin) à cause des taches foncées de certains de ces chiens, est incertaine. L'hypothèse d'une origine gaélique, à partir de cuilean « chien » et de cuilidh « chien errant », semble la plus sûre.
❏  Le mot est passé en français sous les trois formes anglaises ; collie (1877, J. Verne), colley (1898) et colly (1922), mais semble s'être stabilisé en colley.
COLLIER n. m., attesté en ancien français sous deux formes concurrentes jusqu'au XVe s., coler (1160-1190) et colier (1268), est issu du latin collare et, pour la forme qui a prévalu, d'une altération en collarium (Ve s.). Collare est dérivé de collum (→ cou), le collier étant ce qui entoure le cou.
❏  Le collier n'avait à l'origine qu'une fonction utilitaire, désignant l'objet que l'on passe au cou d'un animal et (1268) une partie du harnais (d'où l'expression donner un coup de collier). Les métaphores d'origine rurale, du type attelage, collier, joug..., ont d'ailleurs développé des valeurs différentes. ◆  Le sens de « bijou » apparaît en 1389, d'après une mode nouvellement introduite de Byzance, sans continuité avec les torques des Anciens. Il désigne à la fois une distinction honorifique des hommes (chevaliers, ordres militaires) et une parure de femme qui devint surtout fréquente à partir du XVe s., avec la découverte de la taille du diamant. ◆  Par analogie, collier désigne aussi une partie de couleur différente autour du cou de certains animaux (1694), une pièce de boucherie (1690, collier de bœuf), une marque circulaire au cou (collier de Vénus) ou une barbe rejoignant les cheveux aux tempes (en apposition : barbe collier).
❏  Un dérivé, sur la forme ancienne coler, coller, COLLERETTE n. f. est attesté depuis 1309 ; il concerne le vocabulaire de l'habillement et non celui de la joaillerie.
COLLIGER v. tr. est emprunté (1539) au latin colligere « recueillir » (→ cueillir) d'où également « inférer, conclure ».
❏  Emprunt du langage didactique, ce verbe exprime l'idée de « rassembler, recueillir » avec des extensions dans le domaine de l'activité intellectuelle ou scientifique. Le sens de « déduire, inférer » (1548), repris en logique au latin, n'a pas vécu.
❏  COLLIGEUR n. m. (1866), « celui qui collige », ne s'est pas répandu.
COLLIGATION n. f. est emprunté (1313) au dérivé latin colligatio « lien, liaison » au propre et au figuré. ◆  Le mot a eu le sens concret d'« alliance, ligue entre personnes » et s'est maintenu avec celui d'« action d'unir, d'enchaîner » dans le domaine intellectuel. ◆  Sous l'influence de l'anglais colligation, employé comme terme de logique inductive par Whewell (1837), il désigne une opération réunissant en une conception synthétique unique un ensemble de faits séparément observés.