CONFIDENCE n. f. est emprunté (v. 1370) au latin confidentia (par ailleurs adapté en confiance*) « confiance, assurance » d'où aussi, par péjoration, « outrecuidance », de confidere (→ confier).
❏  Confidence a eu jusqu'au XVIIe s. le sens de « confiance intime (entre amis) », conservé par l'anglais confidence, lui-même emprunté à l'ancien français. ◆  Concurrencé et éliminé par confiance* en ce sens, il a pris alors son sens moderne de « communication d'une chose sous le sceau du secret » (1647), notamment après les verbes faire, échanger (une, des confidences), mettre dans (la confidence), correspondant alors pour le sens à confier.
❏  CONFIDENT, ENTE n., d'abord confedens (v. 1450) puis confident (1555-1559), est emprunté à l'italien confidente (XIVe s.) « sûr, fidèle », « qui reçoit les confidences de qqn » et « confiant », lui-même emprunté au participe présent latin confidens de confidere. ◆  Le mot a été employé comme adjectif, aux sens de « confiant », « en qui l'on peut avoir confiance » (vieillis au XVIIe s.) et aussi « confidentiel ». ◆  L'usage moderne en a fait le nom de la personne à qui l'on confie ses pensées intimes (av. 1630). Dans le théâtre classique, il désignait spécialement le personnage secondaire qui reçoit les confidences du héros.
■  L'adverbe confidenment (XIIIe s.), « avec assurance », a été refait en CONFIDEMMENT (v. 1661).
■  De confidence a été dérivé CONFIDENTIEL, IELLE adj. (1775), lequel évoque par sa forme le latin médiéval confidentialis « audacieux, plein d'assurance » (v. 1318). Il a pour dérivé CONFIDENTIELLEMENT adv. (1775). À la différence de confidence et de confident qui restent littéraires et de connotation psychologique, confidentiel est employé en termes administratifs, comme une variante atténuée de secret.
■  De même, le mot didactique CONFIDENTIALITÉ n. f., qui concerne le domaine administratif (avec les systèmes informatisés), est entré récemment dans l'usage français (att. 1970), par calque de l'anglais confidentiality, de confidential « confidentiel ».
CONFIER v. tr. est la réfection (1357), par attraction de fier*, du plus ancien confider (v. 1300) qu'il a éliminé av. 1600 (→ confiance / confidence). Le verbe a été emprunté au latin confidere, de cum (→ co-) et fidere (→ fier) « mettre sa confiance dans (qqn, qqch.) ».
❏  C'est au XVIIe s. que confier s'est détaché du sens latin « mettre sa confiance dans qqn » pour prendre l'acception moderne de « remettre qqn ou qqch. à la garde de (qqn auquel on se fie) » (1601). En procède le sens figuré de « livrer à l'action, à l'influence de qqch. » (1753). ◆  En corrélation avec confidence, confier a pris (mil. XVIIe s.) le sens de « communiquer qqch. à qqn sous le sceau du secret », également à la forme pronominale (1680).
❏  L'adjectif CONFIANT, ANTE (XIVe s., confient), tiré du participe présent, n'a pas suivi l'évolution du verbe ; il est resté vivant pour « qui a confiance » et, par métonymie, « qui exprime la confiance » (1810) ; il n'a pas gardé la nuance de « présomptueux » (1740).
■  Il forme un couple avec CONFIANCE n. f., d'abord confience (XIIIe s.), emprunté au latin classique confidentia (→ confidence) et adapté d'après le vocalisme de l'ancien français fiance, de fier (→ 1 fier). ◆  Le mot, autrefois doublet de confidence, désigne le fait de croire avec assurance, de se fier à qqn ou à qqch. Par rapport à foi, il est laïc et psychologique ; il a plus d'analogie avec espérance et implique un sentiment de sécurité. Au début du XVIIe s. (1611), il a pris la nuance d'« assurance », notamment dans confiance en soi.
CONFIGURER v. tr., attesté depuis le XIIIe s. (XIIe s., selon Bloch et Wartburg), a été emprunté au latin impérial configurare, de cum (→ co-) et figurare (→ figurer), « donner une forme, modeler » et, en latin chrétien, « façonner à l'image de ».
❏  Le mot a été introduit avec le sens religieux de « façonner à la ressemblance de, rendre semblable à », encore dans les sermons de Bossuet au XVIIe siècle. Le sens laïc, « donner une forme » (1798), est archaïque.
❏  Le nom correspondant, CONFIGURATION n. f. est relativement plus courant. Il a été emprunté au XIIIe s. au dérivé latin chrétien configuratio, « action de façonner à la ressemblance de », et s'est fixé (v. 1370) avec le sens métonymique de « forme extérieure ». ◆  Depuis, il s'est répandu au sens large de « figure, aspect » et s'est aussi spécialisé en sciences, par exemple chimie, astronomie, géométrie, sciences sociales, avec le sens de « disposition relative d'éléments », très voisin de celui de structure.
■  Les dérivés CONFIGURATIF, IVE adj. (1869, Lautréamont) et CONFIGURATIONNEL, ELLE adj. (XXe s.) sont très didactiques.
CONFINS n. m. pl. est emprunté (v. 1308) au latin confinium, pluriel confinia, substantif neutre issu de l'adjectif confinis « contigu, voisin », de cum (→ co-) et finis (→ fin). Confinium signifiait « limite commune à des champs, à des territoires » d'où, par métonymie, « voisinage » et, au figuré, « état intermédiaire ».
❏  Le mot désigne proprement une partie de terres situées à l'extrémité, à la frontière ; il a pris par extension le sens de « bout, espace éloigné », et a repris au latin le sens figuré de « passage intermédiaire entre deux situations » et de « point extrême » (XVIIe s.).
❏  CONFINER v., d'abord écrit confinner au sens ancien d'« enfermer » (v. 1225-1230), réalise l'idée voisine de « forcer (qqn) à rester dans un espace limité » (1477) et, avec un sujet désignant un objet inanimé, de « borner, limiter (qqch.) à » (fin XVIIIe s.). La forme pronominale se confiner, d'abord employée pour « être proche par la parenté » (1466), correspond ensuite à « se limiter à un espace restreint » avec des emplois figurés. ◆  Dès le moyen français, le verbe signifie aussi « être situé sur les confins de » (1468), « être contigu à ». En procède un emploi pour « être très proche de ».
■  CONFINEMENT n. m., après une première attestation au sens de « terrain confiné » (1481), est devenu le nom d'action de confiner. Il participe surtout de l'idée d'« enfermement », d'abord dans le contexte pénal de l'emprisonnement (1579), puis dans celui de l'isolement d'un captif (XIXe s.). De nos jours, il indique surtout le fait d'enfermer et d'être enfermé dans certaines limites, concrètes ou, surtout, abstraites.
■  CONFINÉ, ÉE p. p. est adjectivé avec les différentes valeurs du verbe, en particulier dans air confiné (1880-1884).
L + CONFIRE v. tr. est issu (v. 1176) du latin conficere, dérivé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de facere (→ faire), littéralement « faire entièrement, achever » d'où « réaliser, façonner, élaborer » ; le i est dû au participe passé confit, du latin confectus.
❏  Le mot a eu en ancien français le sens général de « préparer » (par ex. une potion), encore attesté au début du XVIIe siècle. Il en reste la trace en tannerie, où confire s'applique à une étape de préparation des peaux, plongées dans un bain de macération. Progressivement, il s'est restreint à la préparation des aliments et, plus spécialement, des fruits (1226), la préparation passant au second plan derrière la conservation et le mode spécifique de la préparation (XIVe s., confire au miel).
❏  Le participe passé CONFIT, ITE a été substantivé en peausserie, en parlant du bain de macération des peaux pendant le chamoisage (v. 1268). ◆  Il s'est répandu dans son acception culinaire de « viande cuite et conservée dans sa propre graisse » (1867), à partir du Sud-Ouest. Bien que l'adjectif tiré du participe passé ait toutes les valeurs du verbe, y compris celle de « pénétré de » (1538, confit en), il évoque couramment le sucré, du fait du syntagme lexicalisé fruits confits. On entend parfois par là des fruits parfaitement mûris dans leur suc sur l'arbre (emploi courant dans le sud de la France) [XVIIe s.], et surtout des fruits préparés dans le sucre.
CONFITURE n. f. a désigné, depuis ses premiers emplois (fin XIIIe s.) et jusqu'au milieu du XIXe s., des aliments confits dans le sucre — fruits au sirop, pâtes de fruits, fruits confits et fruits cuits dans du sucre — avant de se limiter à cette dernière préparation et de se distinguer de compote. Par analogie d'aspect, il a fourni la locution familière en confiture (1866) ; Cf. bouillie, compote, marmelade.
■  Il a donné CONFITURIER, IÈRE n. (1584), « personne faisant les confitures », qui a suivi l'évolution de confiture. ◆  Au masculin le mot a désigné (1760) un meuble puis un récipient où l'on met des confitures (1752 à Québec).
■  CONFITURERIE n. f. (1776 à Québec) a pâti de la concurrence de confiserie tout en se maintenant pour désigner la préparation des confitures et le local où on les fait.
■  La resuffixation populaire du radical de confit(ure) en -ote, et, peut-être l'influence de la finale de compote ont abouti au mot populaire CONFIOTE n. f. « confiture ».
CONFISEUR, EUSE n., dérivé du participe présent confissant (d'où la graphie primitive confisseur, 1600), a concurrencé puis évincé confiturier dont il était synonyme, désignant toutefois plutôt l'artisan que le commerçant. Progressivement, il s'est détaché de son origine pour désigner la personne ou l'entreprise qui fabrique et vend des sucreries (bonbons, chocolats).
■  CONFISERIE n. f. (1753) a suivi la même évolution. Désignant la fabrication des produits confits au sucre, le mot a reçu les extensions métonymiques normales, « magasin » et, surtout au pluriel, « produit ou ensemble des produits de la confiserie » (av. 1866).
C'est au sens général du latin que se rattache l'ancien verbe DÉCONFIRE v. tr. (1080) « défaire un ennemi », qui s'est seulement maintenu dans son participe passé adjectivé DÉCONFIT, ITE « battu, défait » (XIIIe s.) et dans DÉCONFITURE n. f. (XIIe s.), « défaite » et spécialement « faillite ». Cette série est complètement détachée, par le sens et les emplois, de confire et de ses dérivés, sauf si l'on tient compte de la nuance comique de déconfiture, causée par la paronymie.
❏ voir CONFETTI.
CONFIRMER v. tr. est emprunté (v. 980) au latin confirmare, de cum (→ co-) et firmus « stable » (→ ferme), « affermir, rendre plus stable », « certifier, garantir », spécialisé comme terme de liturgie chez les auteurs chrétiens.
❏  Confermer, fréquent jusqu'au XVIe s., a été éliminé par la forme refaite savamment sur le latin. Le mot a été introduit (Xe s.) dans l'expression confirmer qqn en vérité « lui donner l'assurance qu'il est dans la vérité », réalisant l'idée de « rendre (une chose, une personne) plus assurée ». ◆  Cependant, en parlant d'une personne (v. 1120), il s'est restreint à un usage soutenu et à la spécialisation liturgique reprise au latin ecclésiastique (v. 1174). En parlant d'une chose, le mot s'est d'abord employé dans un contexte juridique ou officiel (v. 1174) avec la valeur de « ratifier » ; il s'est répandu pour « établir avec plus de certitude », fréquemment au pronominal (1680, la nouvelle se confirme) et au passif.
❏  CONFIRMATEUR, TRICE adj. et n. (fin XVe s.), peu attesté aux XVIIe et XVIIIe s., a été repris artificiellement par les dictionnaires au XIXe siècle. CONFIRMATOIRE adj. (1863) se limite lui-même à un usage didactique ; l'adjectif le plus courant étant CONFIRMÉ, ÉE, tiré du participe passé du verbe, avec ses différentes valeurs.
■  CONFIRMATION n. f., emprunté, sous la forme francisée confermeison (v. 1174), au latin confirmatio, exprime l'action de ratifier un acte, de fonder avec plus de certitude la réalité d'une chose. ◆  Moins courant en parlant d'une personne, il a repris sa spécialisation théologique de « sacrement dans la grâce et la foi du baptême » (1541, Calvin) au latin chrétien (Ve s.). De là, le sens de « cérémonie où les enfants sont confirmés dans la grâce du baptême ».
■  CONFIRMATIF, IVE adj. (1473), emprunt au latin médiéval juridique confirmativus (1116), est restreint à un emploi didactique juridique.
❏ voir INFIRMER.
CONFISQUER v. tr. est emprunté (1331) au latin impérial confiscare, de cum (→ co-) et fiscus (→ fisc), littéralement « faire entrer dans le trésor impérial ».
❏  Le mot, jusqu'au XVIe s., était uniquement employé dans le contexte juridique d'une saisie officielle d'un bien pour l'attribuer au fisc ou à des particuliers. Il s'est répandu avec le sens large d'« accaparer une chose » (1585), « une personne », notamment pour « retirer provisoirement (qqch.) », par exemple à un enfant.
❏  Son dérivé CONFISCABLE adj. (1481) et CONFISCATION n. f. (1380 ; 1358, confiscacion), emprunté au latin confiscatio, ont gardé un usage plus spécialisé.
CONFITURE → CONFIRE
CONFLAGRATION n. f. est emprunté (v. 1375) au latin conflagratio « incendie, embrasement », nom d'action dérivé à basse époque du latin impérial conflagrare. Le verbe est le composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de flagrare « flamber, brûler, être enflammé », au propre et au figuré (→ flagrant).
❏  Le mot, d'usage littéraire, a repris le sens propre de « grand incendie, embrasement », fonctionnant comme un doublet à valeur intensive de déflagration. Son emploi figuré, à propos d'un cataclysme, d'un grand bouleversement dévastateur, date de l'époque révolutionnaire (av. 1791, Mirabeau) et a trouvé des applications avec les guerres mondiales, par influence paronymique de conflit.
CONFLIT n. m. est emprunté (fin XIIe-déb. XIIIe s.) au latin impérial conflictus, us « choc, lutte, combat » au propre et au figuré. C'est le nom d'action qui correspond au verbe confligere « heurter, combattre » composé de l'archaïque fligere « battre » (→ affliger, infliger).
❏  Le mot, signifiant « action d'être aux prises, combat physique », a vieilli lorsqu'il concerne un affrontement entre personnes ; il s'est maintenu en parlant d'une lutte armée entre peuples, États, servant d'euphémisme pour guerre. Son extension dans le domaine de l'opposition morale (dès les premiers textes), d'abord à propos d'un combat intérieur, s'élargit à partir du XVIIe s. aux relations avec autrui. ◆  Il faudra la spécialisation du mot en psychanalyse (1949, liquidation d'un conflit) pour que se retrouve l'idée de « violent dualisme intérieur ». Le XVIIe s. avait situé l'antagonisme sur le plan abstrait entre forces intellectuelles, morales, affectives, sociales (1686) et l'a placé sur le terrain du droit (av. 1680, conflit de juridiction).
❏  L'adjectif moderne CONFLICTUEL, ELLE (1958 chez Lévi-Strauss), dérivé savant du radical latin, appartient à l'usage didactique (psychologique, social) tout en étant devenu courant, tant à propos des conflits armés que des antagonismes de toute nature. De là CONFLICTUALITÉ n. f. (attesté 1979).
CONFLUER v. intr. est emprunté (v. 1317-1340) au latin confluere, de cum « avec » (→ co-) et fluere « couler » (→ flux), littéralement « couler ensemble (de deux cours d'eau) » et, par métaphore, « affluer, arriver en foule ».
❏  Le mot a été repris avec le sens métaphorique d'« arriver en nombre sur un même lieu », sens repris à partir de 1848 mais demeuré rare, face à affluer. Depuis 1835, il est aussi employé comme terme de géographie fluviale.
❏  CONFLUENT n. m. a été emprunté deux fois au participe présent latin confluens : comme nom en 1511, avec le sens demeuré vivant de « lieu où deux cours d'eau se rejoignent », et comme adjectif CONFLUENT, ENTE en 1734, alors d'usage didactique (notamment en médecine, en parlant du point de rencontre de deux vaisseaux, de conduits qui se rejoignent) ou très littéraire.
■  CONFLUENCE n. f. (v. 1460) a été emprunté au dérivé bas latin confluentia « afflux de sang » (chez Macrobe) et, en latin médiéval, « affluence de personnes » (Xe s.). ◆  Le mot a signifié « apport massif », sens où affluence l'a remplacé. Sorti d'usage dès le XVIe s., il a été repris d'après confluent avec le sens de « jonction de cours d'eau » (1638), concurrençant confluent lorsqu'il est employé par métonymie avec une valeur locale. Par métaphore, il exprime une idée de convergence, dans l'usage littéraire. ◆  Il a été repris en pathologie en parlant d'un rassemblement de pustules ou taches dans les maladies éruptives de la peau (1896).
❏ voir AFFLUER.
CONFONDRE v. tr., d'abord cunfundre (v. 1080), est emprunté au latin confundere, de cum (→ co-) et fundere « répandre » (→ fondre), proprement « verser avec » d'où « mêler », « rendre confus, troubler » et, en latin chrétien, « humilier, couvrir de honte ».
❏  Le développement sémantique de confondre est lié à celui de confusion (→ confus), attesté lui aussi en 1080. Le sens propre, « anéantir, détruire (un adversaire) », d'abord dans un contexte guerrier, est sorti d'usage avant les XVe-XVIe siècles. Le sens psychologique de « troubler en déconcertant » (v. 1160), très vivant au XVIIe s., y compris à la forme pronominale se confondre « s'embrouiller », « s'humilier », est plus limité dans l'usage moderne : on y parle surtout de confondre un coupable ou de se confondre en excuses. Au XVIe s., le sens latin de « mêler, fondre ensemble » (1538), dont découle celui de « prendre une chose pour une autre » (v. 1580, Montaigne), résulte d'un nouvel emprunt savant. Devenu plus courant que les valeurs anciennes du verbe, il les a rendues quelque peu archaïques.
❏  L'adjectif CONFONDU, UE, tiré du participe passé, a perdu l'ancien sens fort de « fatigué, fourbu, détruit, ravagé » au profit de la valeur morale de « troublé, démasqué ». ◆  Le participe présent adjectivé CONFONDANT, ANTE (1845) réalise le sens psychologique, avec une idée de « stupéfaction » plus active aujourd'hui que dans le verbe.
CONFORMER v. tr. est emprunté (1190) au latin conformare, de cum (→ co-) et formare (→ former), « donner une forme définitive à » et, au figuré, « adapter, modeler ».
❏  Outre les valeurs du latin, le verbe a pris le sens figuré de « mettre en accord, en harmonie avec », également au pronominal réfléchi (1204, soi conformer à, puis se conformer).
❏  Le mot n'a guère produit en français que l'adjectif, tiré du participe passé, CONFORMÉ, ÉE, surtout employé comme qualificatif physique du corps (1740, bien, mal conformé) et le nom technique CONFORMATEUR n. m. (1611), désignant un appareil de chapelier servant à prendre les mesures de la tête (1845).
■  CONFORME adj. est emprunté (1372) au bas latin conformis « semblable » ; il a en outre pris le sens de « en accord avec » (v. 1460), seul ou avec un complément prépositionnel (à) ; il a reçu des acceptions techniques en mathématiques et en topographie. ◆  Il a pour dérivé CONFORMÉMENT (à) adv., attesté depuis 1503.
■  CONFORMITÉ n. f. est emprunté (v. 1370) au dérivé bas latin conformitas « ressemblance, imitation ». Il exprime la qualité de ce qui est identique ou en accord avec qqch. ou qqn, donnant la locution prépositionnelle en conformité de (1665), puis en conformité avec. Un sens particulier, « état de soumission » (av. 1662, Pascal), a vieilli.
■  NON-CONFORMITÉ n. f. a été emprunté (1704) à l'anglais non-conformity (1618), nonconformity, terme de religion antonyme de conformity qui désigne la conformité de croyance et de rites avec la doctrine et les règles de l'église d'Angleterre. Cette valeur religieuse a disparu.
CONFORMATION n. f. est emprunté (1575) au dérivé latin conformatio « forme, disposition, arrangement, adaptation ». Il s'est immédiatement spécialisé en science, à propos de la disposition des parties d'un corps animé, d'un organe (Cf. configuration). Il a été repris en chimie, à propos de la diversité des formes que peut prendre une molécule soumise au principe de la libre rotation autour des liaisons interatomiques simples, produisant en ce sens CONFORMATIONNEL, ELLE adj. (1964), formé sur le modèle de nombreux anglicismes en -onal.
CONFORMISTE n. et adj. est l'adaptation (1666) de l'anglais conformist, attesté depuis 1634 à propos de celui qui se conforme aux doctrines et aux rites de l'Église anglicane, dérivé de to conform, lui-même emprunté au verbe français. ◆  Introduit dans le contexte de l'Église anglicane, le mot a pris, par l'intermédiaire de l'antonyme NON-CONFORMISTE adj. et n., repris à l'anglais non-conformist (1619), nonconformist, comme terme d'histoire religieuse anglaise (1791), le sens extensif et courant de « qui se conforme passivement aux coutumes, aux usages établis » (déb. XXe s.). Cette valeur était déjà réalisée dans la première moitié du XIXe s. par non-conformiste (v. 1830), mais ne s'est imposée qu'au début du XXe s., produisant CONFORMISME n. m. (1904), NON-CONFORMISME n. m. (1877) et, plus récemment, ANTI-CONFORMISTE n. et adj. et ANTI-CONFORMISME n. m. (tous deux v. 1950), aujourd'hui écrits anticonformisme, -iste.
+ CONFORTER v. tr. est emprunté (v. 980) au latin chrétien confortare « renforcer » et « consoler, réconforter », également employé dans le domaine médical, de cum (→ co-) et fortis (→ fort).
❏  Le verbe, après une attestation isolée au sens d'« encourager (qqn) à faire qqch. », effet d'une confusion entre confortare et cohortari, s'est employé en ancien français au sens de « soutenir moralement » (v. 1050) avant de sortir d'usage au XVIe ou au XVIIe s. sous la concurrence de réconforter. ◆  Il a été repris récemment avec les sens de « donner des forces à (un régime, une thèse) » et « raffermir (qqn) dans sa position » (v. 1970) qui bénéficient d'une grande vogue dans le discours politique ou journalistique. L'origine d'un tel regain est obscure : réfection régressive à partir de réconforter, influence (peu probable) de l'anglais to comfort, allusion vague à l'ancien français ; l'effet est une recherche d'élégance rapidement tournée à la prétention.
❏  CONFORT n. m., le déverbal (v. 1050) de conforter, est lui aussi sorti d'usage, plus tard semble-t-il que conforter. Richelet (1680) le dit « vieilli » au sens moral de « consolation, soutien ».
■  Sa reprise, dans un sens tout différent (il s'agit d'un autre mot, en fait), date du XIXe s. et d'un emprunt (1815) à l'anglais comfort, lui-même emprunté (v. 1225) à l'ancien français confort. Le mot anglais, tout en conservant le sens moral, en était venu à désigner un état de bien-être physique et matériel (1814), et, par métonymie, les conditions objectives nécessaires à cet état (1848). Il a pénétré en français sous la double graphie confort / comfort (résolue v. 1850 au profit de confort) et s'est surtout répandu avec le sens objectif, d'abord en concurrence avec le confortable. Cet emploi a connu un grand succès en raison de la nouveauté du concept auquel il renvoyait. Le confort est longtemps resté, dans l'esprit des Français, un des éléments de la civilisation britannique (Cf. aussi cosy).
CONFORTABLE adj. est emprunté (1786) à l'anglais comfortable « fortifiant, consolant, secourable » (v. 1400), après que celui-ci eut glissé vers les sens de « où l'on se sent à l'aise » (1769) et, pour les personnes, « qui est à l'aise » (1770). Il s'agit là aussi d'une réactivation d'un mot français, l'anglais ayant emprunté comfortable à l'ancien adjectif verbal confortable « qui conforte » (v. 1120), encore employé dans son ancien sens chez Joseph de Maistre (1806-1807). ◆  Le français a repris à l'anglais les emplois avec des noms de choses, alors que les emplois où le nom désigne un animé ne se sont jamais répandus et font aujourd'hui figure d'abus. Comme substantif, le confortable (1788) a été éliminé par le confort (ci-dessus).
■  Le dérivé CONFORTABLEMENT adv. (1817 ; av. 1750, selon Dauzat) s'emploie, par extension, avec la valeur de « largement » (1872), comme à l'aise.
■  CONFORTABILITÉ n. f. (1826), création française en dépit des apparences, et CONFORTABILISME n. m., qu'on lit dans le Traité de la vie élégante de Balzac (1830), témoignent de l'engouement suscité par ce concept d'importation anglaise sous la Restauration.
INCONFORTABLE adj., fait (1865) sur confortable d'après l'anglais uncomfortable, lui-même employé par Flaubert (1851) et INCONFORT n. m., création française (1896) correspondant à l'anglais discomfort, se sont bien répandus, de même que l'adverbe correspondant INCONFORTABLEMENT (XXe s.).
■  L'ancien sens moral de conforter, confort, confortable et CONFORTATIF, IVE adj. et n. m., terme de médecine (fin XIIe-déb. XIIIe s.) emprunté au bas latin confortativus « fortifiant », ne subsiste que dans la série des composés en re-.
RÉCONFORTER v. tr. est une réfection du XVIIe s. de reconforter, employé au sens moral et (fin XIIe s.) physique pour « redonner des forces ». Ces deux valeurs sont passées en français moderne, l'acception morale glissant vers l'idée de consolation, de soutien dans l'adversité ou devant la lassitude.
■  Le déverbal RÉCONFORT n. m. (v. 1175, reconfort) s'est spécialisé au sens moral, où il correspond à « soutien, consolation » alors que RÉCONFORTANT, ANTE adj. (reconfortant, 1430), vieilli au sens physique où il était aussi substantivé (remontant l'a plus ou moins remplacé), s'est diffusé au sens moral, semble-t-il tardivement (1875).
CONFRATERNEL → FRATERNEL
CONFRÉRIE n. f. est la réfection (av. 1260), sous l'influence de frère*, de confrarie (v. 1190), lequel continue le latin médiéval confratria (IXe s.) « association de laïques se proposant, sous un patronage religieux, un but charitable ». Celui-ci est peut-être calque du grec phratria (→ phratrie) à l'origine de l'ancien nom frérie (déb. XIIIe s.).
❏  Distinctes des congrégations, les confréries apparurent au XIIIe s., contemporaines de la fondation des grands ordres mendiants. Il s'en développa de tous genres, les plus considérables étant celles des pénitents. Elles furent abolies en France par la loi du 18 août 1792 et leurs biens mis en vente, mais elles reparurent au XIXe s., tolérées sans avoir été rétablies par un acte législatif ou administratif. Dès le XIIIe s. (v. 1260), on classait parmi les confréries les corporations d'arts et métiers. ◆  Le mot s'est conservé en français de Suisse, pour une corporation laïque, une société de professionnels, d'artistes, et plus largement, une société réunissant des personnes autour d'une activité (confréries bachiques, vineuses ; confréries gastronomiques, emploi connu aussi en France). ◆  À propos de l'islam soufi, on emploie confrérie pour désigner un groupe sous la conduite d'un maître religieux, avec un adjectif CONFRÉRIQUE, s'agissant des formes de l'islam organisées en confréries.
❏  CONFRÈRE n. m. (v. 1260) est le dérivé régressif de confrérie, sur le modèle de frère, ou le représentant du latin médiéval confrater, de frater (→ frère). Contrairement à confrérie, ce n'est pas seulement un terme historique désignant les membres des confréries, mais un mot courant au sens de « personne appartenant au même corps, à la même société ». Il est notamment employé dans les professions libérales (avocats, médecins). S'il a normalement pour féminin consœur (→ sœur), il est parfois employé lui-même en parlant de femmes, au masculin ou au féminin. Aux XVe et XVIe s., on disait confréresse pour les membres des confréries religieuses et professionnelles.
■  On a formé le substantif didactique CONFRATERNITÉ n. f. (1283) d'après fraternité*, peut-être sous l'influence du latin médiéval confraternitas « confrérie » (XIe s.) et « corporation de marchands » (1267). Le mot est moins solidaire de confrérie et de confrère que de fraternité, désignant les relations unissant des confrères et surtout, par extension, des personnes ayant des conditions ou des situations analogues.
■  Quant à confraternel, il est formé sur fraternel (→ fraternel).
CONFRONTER v. tr. est emprunté (1344) au latin juridique médiéval confrontare (1289 en Gascogne) « confiner à », composé de cum (→ co-) et de frons « le front » (→ front).
❏  Le verbe signifie d'abord, comme en latin, « confiner, être situé auprès », puis (1371) « déterminer les limites de (un terrain) », sens encore répertorié en 1878 et qui ne s'est maintenu que dans certains parlers régionaux. De là, on est passé par métaphore et influence de confrontation, déjà employé figurément en ancien français, au sens de « déterminer par un face-à-face » et au sens moderne de « comparer » (1538). Celui-ci comprend souvent une idée d'opposition, de conflit (XVIe s.), déjà en germe dans la spécialisation du mot en droit pénal (1585, confronter des témoins).
❏  CONFRONTATION n. f. a été emprunté (1341) au dérivé latin médiéval confrontatio « partie limitrophe de deux propriétés » (1080), sens disparu au XVIe s., puis au figuré « collationnement de deux choses en vue d'une comparaison » (XIIIe s.). ◆  Il est passé en droit pénal (1585, confrontation de témoins) et dans l'usage courant (1690) avec l'idée moderne de « mise en présence pour apprécier par comparaison, face-à-face avec affrontement ». ◆  Il semble avoir empêché le développement du dérivé CONFRONTEMENT n. m. (XVIe s.), nom d'action tiré de confronter.
CONFUS, USE adj., d'abord cunfus (v. 1120), est emprunté au latin confusus, participe passé de confundere (→ confondre).
❏  Le mot est d'abord attesté avec le sens psychologique de « embarrassé, couvert de honte », dont la valeur tend à se dévaluer (1640), le mot entrant dans des formules de politesse. Le sens fort de « perdu, tué, ruiné » (v. 1180) a décliné au XVe s. comme le sens correspondant de confondre. Confus qualifie aussi une chose dont les éléments sont mêlés (1292) et, par extension, qui n'est claire ni pour les sens (1549), ni pour l'intellect (1671).
❏  En est dérivé CONFUSÉMENT adv. (1573), réfection de la forme plus ancienne confusement (1213).
CONFUSION n. f., d'abord confusiun (1080), est emprunté au dérivé latin confusio « désordre, trouble », chez les auteurs chrétiens, « honte » et « destruction » (→ confondre). Ce dernier sens semble dû à un calque du grec sunkhusis « action de verser ensemble, mélange » et, au figuré, « confusion, trouble de l'esprit », « destruction ».
■  Le sens de « destruction » (1080) est rapidement sorti d'usage, laissant le mot exprimer l'idée de « trouble » (fin XIIe-déb. XIIIe s.) dans le domaine de la pensée, et de « honte » (v. 1120) dans celui des affects. Cette valeur a eu tendance à s'atténuer comme le montre la locution à la confusion de qqn (apr. 1550), souvent pure clause de style. Cependant, les emplois affaiblis du mot, par exemple pour nommer un manque de clarté dans les idées (1691), coexistent avec des emplois où il conserve sa force : on n'est pas loin, dans l'emploi qu'en fait la psychiatrie (1895, confusion mentale), de l'ancienne notion de chaos (av. 1250), elle-même souvent relative à l'épisode biblique de la tour de Babel (XIIIe s., confusio dels lengatges en ancien provençal). L'influence de confondre est sensible quand le nom signifie « fait de prendre deux choses l'une pour l'autre » (1668) et, en droit politique, « fait de réunir deux responsabilités en une seule » (1690).
■  En sont dérivés quelques termes d'usage didactique : CONFUSIONNISME n. m. (1907 chez Péguy) et, en psychiatrie, CONFUSIONNEL, ELLE adj. (1900) et le composé CONFUSO-ONIRIQUE adj. (v. 1960).
■  CONFUSIONNER v. tr. (1743-1744 au Canada), « rendre qqn honteux, plein de confusion », a disparu, senti comme un doublet de confondre.
CONGA n. f., emprunt (1937) à un mot espagnol des Caraïbes, lui-même d'origine probable africaine, désigne un tambour allongé et une danse cubaine rythmée par ce tambour.
CONGAÏ n. f., d'abord noté congaye (1908), est un emprunt au vietnamien con gaï « la fille », pour désigner une femme annamite, du temps de la colonisation française. Le mot était moins raciste que niakoué au féminin, pour « vietnamienne ».