CONTESTER v. tr. est emprunté (1338), peut-être par l'ancien provençal contestar (1140), au latin juridique contestari. Celui-ci, formé de cum (→ co-) et de testari « témoigner » (de testis « témoin » → test), signifie proprement « plaider en produisant des témoins des deux parties », d'où « commencer un débat judiciaire ». La signification juridique du verbe latin est passée dans l'ancien et moyen français litiscontester « engager un procès » (XIVe s.), calquée sur le latin juridique litem contestari.
❏  Contester, apparu avec le sens de « refuser à qqn le droit de prétendre disposer d'une chose », a pris par extension le sens plus courant de « mettre en doute, en discussion » (1540), en construction absolue ou transitive. ◆  Depuis les événements de mai 1968, l'emploi absolu, qui pouvait avoir autrefois la valeur de « discuter » (1540), tend à être entendu avec le sens fort de « mettre en question l'ordre établi ».
❏  Les dérivés datent pour la plupart des XVIe et XVIIe siècles.
■  Le déverbal CONTESTE n. f. (1584), d'abord attesté dans le domaine suisse, a désigné un débat, une dispute ; réputé « vieux » dès 1694, il ne s'est maintenu que dans la locution sans conteste (1656) « sans contradiction », plus rarement hors de conteste.
■  Au XVIIe s. sont apparus CONTESTÉ, ÉE adj. et CONTESTABLE adj. (1611) auxquels correspondent INCONTESTÉ, ÉE adj. (1650) et INCONTESTABLE adj. (1611), ce dernier plus employé que son contraire et qui a la valeur positive de « sûr, certain » (Cf. indiscutable). ◆  L'adverbe dérivé INCONTESTABLEMENT (1660) est notablement plus répandu que CONTESTABLEMENT adv. (1611).
■  Deux dérivés sont contemporains des événements de mai 1968 : CONTESTATEUR, TRICE adj. et n., après une attestation à titre de proposition chez Richard de Radonvilliers (1842), s'est en effet diffusé en 1968 et, peu auparavant, en emploi adjectif (1966). ◆  CONTESTATAIRE adj. et n. a fait son apparition dans la presse en juin 1968 ; il est demeuré courant.
CONTESTATION n. f. est emprunté (1411), probablement par l'ancien provençal, attesté dès la fin du XIIIe s., au bas latin juridique (litis) contestatio « ouverture d'un procès par appel des témoins », à l'origine du moyen français liti(s) contestation (XIVe-XVIe s.). ◆  Introduit comme terme de procédure, le mot s'est répandu dans l'usage courant (1479) et connaît une nouvelle vitalité depuis 1968, formant alors une série cohérente avec contester et contestataire.
CONTEXTE n. m. est emprunté (1539) au latin contextus « assemblage, réunion », spécialement « ensemble des relations organisées entre les éléments significatifs d'un discours ». Le mot est dérivé de contexere, proprement « ourdir, entrelacer », d'où « assembler, rattacher », de cum (→ co-) et texere (→ tisser).
❏  Le mot est essentiellement employé en parlant d'un fait de langage, autrefois en droit à propos du texte d'un acte public ou sous seing privé (1754) et au XXe s. en linguistique à propos de l'environnement d'une unité de discours. ◆  Depuis 1869, à la suite d'une traduction de l'allemand Context au sens qu'il a dans la Critique de la raison pure (Kant), il se dit aussi d'un ensemble de circonstances dans lesquelles s'insère un fait. Cet emploi, critiqué par les puristes, s'est répandu (1920) et est devenu très fréquent vers 1960, notamment dans la presse écrite et parlée (le contexte politique, social, etc.).
❏  Le dérivé CONTEXTUEL, ELLE adj. (1963) appartient au vocabulaire de la linguistique, ainsi que le dérivé CONTEXTUALISER v. tr., d'où CONTEXTUALISATION n. f. (1973).
CONTEXTURE n. f. « organisation des parties d'un tout complexe », est soit le dérivé savant du latin contextus, soit le dérivé de contexte par attraction de texture* (1552 ; peut-être XIVe s.). Il a perdu son ancien emploi, pour « organisation de la personnalité, du caractère », et tend à être supplanté par structure* en parlant d'un ouvrage de l'esprit. Il a désigné aussi une structure matérielle et celle d'un texte, d'un discours (1690). Il est surtout employé en parlant d'un tissu (1754).
CONTIGU, adj. est emprunté (v. 1377) au latin contiguus « qui touche à » (au sens spatial et, à basse époque, temporel), dérivé de contingere, de cum (→ co-) et tangere « toucher » (→ tangible), « atteindre » et « toucher à, être en relation avec » (→ contagion, contingent).
❏  Le mot a repris au latin la valeur spatiale de « qui touche à, voisin ». Depuis 1790, il est également employé avec une valeur abstraite dans les domaines temporel et relationnel. À partir du XIXe s., le sens spatial a été repris dans les vocabulaires scientifiques (en biologie, géologie, physique et informatique).
❏  Le nom qui lui correspond, CONTIGUÏTÉ n. f. est emprunté (XVe s.) au dérivé bas latin contiguitas. Rare avant le milieu du XVIIe s. (1674), il a suivi la même évolution que contigu.
1 CONTINENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1160) au latin classique continens « joint à », « continu » (→ 2 continent) et moralement « sobre, tempérant », spécialement « abstinent » chez les auteurs chrétiens (IIIe s.). L'adjectif latin est le participe présent de continere « maintenir lié » et, moralement, « réprimer, réfréner » (→ contenir).
❏  Le mot a été repris avec sa spécialisation religieuse, « qui s'abstient de rapports sexuels ; chaste ». Il est difficile de déterminer si le sens figuré de « sobre, tempérant » en est l'extension ou est une réactivation d'un sens figuré latin antérieur. ◆  Le vocabulaire médical l'a repris (v. 1560, fieire continente) au latin continens « continu, ininterrompu », mais ce sens, rare avant 1756, a vieilli.
❏  CONTINENCE n. f. (fin XIIe s.) est emprunté au latin continentia « contiguïté », « contenu, contenance » et « modération », avec sa spécialisation chrétienne d'« abstinence de rapports charnels » (IIIe s.).
■  Les antonymes INCONTINENT, ENTE adj. (v. 1350) et INCONTINENCE n. f. (XIIe s.) sont empruntés respectivement aux mots latins incontinens et incontinentia, à la fois avec l'idée morale d'« incapacité à restreindre ses désirs » et le sens physique d'« incapacité à retenir l'urine ».
■  L'adverbe INCONTINENT (XIIIe s.), « sur le champ », est issu de la formule juridique latine in continenti (sous-entendu tempore) « dans le temps qui suit immédiatement », de continens au sens temporel de « suivant ».
2 CONTINENT n. m. est emprunté (1532) au latin continens, participe présent adjectivé (→ 1 continent) de continere (→ contenir), pris au sens de « maintenir, continuer ». Continens a été substantivé par ellipse de continens (terra) « terre ferme qui se tient ».
❏  Le mot, signifiant « grande étendue de terre limitée par un ou plusieurs océans », désigne aussi couramment une partie du monde. On oppose ainsi, depuis le XVIIe s., l'Ancien Continent (Europe et Afrique) au Nouveau Continent (les deux Amériques). C'est le XVIIe s. qui a défini continent, non seulement par opposition à océan, mais aussi à île (1665) : en ce sens, l'Angleterre est considéré comme le continent par rapport à l'Irlande, la France par rapport à la Corse, etc. Depuis le XVIIIe s. (attesté 1735), le terme s'applique à l'Europe par rapport aux îles Britanniques, peut-être par emprunt à l'anglais continent (1590, en ce sens).
❏  C'est de ce dernier sens que procède l'adjectif CONTINENTAL, ALE, AUX (1773), probablement calqué sur l'anglais continental : on en a une trace dans le terme d'histoire blocus continental. ◆  Dans la seconde moitié du XXe s., on parle en français de petit déjeuner continental, parfois opposé au breakfast (anglais) ; motivée en anglais d'Angleterre (continental breakfast), cette expression perd sa valeur première en anglais des États-Unis, où elle est usuelle, et bien entendu en français, où, malgré son absurdité, elle appartient au vocabulaire de l'hôtellerie. ◆  Depuis 1781, continental est l'adjectif de continent en géographie et en climatologie, pour qualifier le climat propre à ces grandes étendues, par opposition à océanique. ◆  Il est substantivé pour désigner l'habitant du continent, par opposition à insulaire.
■  En ont été dérivés le substantif didactique CONTINENTALITÉ n. f. (v. 1950) et les composés INTERCONTINENTAL, ALE, AUX adj. (1867) et TRANSCONTINENTAL, ALE, AUX adj. (1872).
■  SOUS-CONTINENT n. m., attesté en 1965 dans les dictionnaires, semble postérieur à sous-continental, aux adj. (1893). Le nom s'applique à une zone géographique importante et différenciée, faisant partie d'un continent (par ex. l'Inde).
CONTINGENT, ENTE adj. et n. m. est emprunté (1370) au latin impérial contingens, participe présent de contingere, proprement « toucher, atteindre » (→ contigu) et spécialement « arriver par hasard », d'où « échoir en partage ». En bas latin, contingens est spécialisé en philosophie et substantivé au sens de « ce qui peut être ou ne pas être », traduisant le grec to endekhomenon.
❏  L'adjectif est apparu avec le sens de « qui arrive, mais pas nécessairement », développant une spécialisation philosophique et le sens courant de « non essentiel ». Au XVe s., il s'est spécialisé en droit avec le sens de « qui échoit à » (1459) et a été substantivé (1509) comme dénomination de la part qui échoit à qqn (celle-ci étant fonction de multiples facteurs en partie imprévisibles). ◆  Au XVIIe s., le contingent n. m. est passé dans l'usage commun, en parlant de la part que chacun apporte à une œuvre commune et, en particulier, du nombre des soldats d'une même tranche d'âge appelés en même temps sous les drapeaux (1690). ◆  Le XXe s. a vu s'étendre l'emploi du mot au droit commercial international, pour désigner la quantité de denrées dont l'importation ou l'exportation est autorisée pour une durée donnée (1922), emploi concurrencé par quota.
❏  Au XXe s., contingent a servi à former CONTINGENTER v. tr. (1922), terme d'économie exprimant le fait de limiter par une mesure administrative la quantité d'un produit qui pourra être importée, exportée ou distribuée. ◆  Celui-ci a produit à son tour CONTINGENTEMENT n. m. (1922) et CONTINGENTAIRE adj. sur le modèle d'autres adjectifs en -aire utilisés en économie.
CONTINGENCE n. f. est emprunté (1340) au bas latin contingentia, terme de philosophie. Le mot, repris dans cette acception philosophique, est passé dans l'usage courant relativement tard (1896), désignant, surtout au pluriel (des contingences), des événements fortuits, imprévisibles. Son acception spéciale en mathématiques, dans angle de contingence (1704), relève du sens propre du latin contingere « qui atteint, qui touche à ».
CONTINUER v. est un emprunt ancien (1154-1173) au latin continuare « prolonger dans l'espace, joindre de manière à former un tout sans interruption », « faire succéder dans le temps », « poursuivre ce qui est entrepris » et « prolonger » (continuare magistratum). Le mot est dérivé du supin de continere (→ contenir).
❏  Le verbe est d'abord employé dans le domaine de la durée temporelle, exprimant le fait de poursuivre (une action entreprise) et, absolument, de durer (v. 1370). Le sens spécial de « prolonger (qqn) dans ses fonctions » (1467) décline après le XVIIIe siècle. Le mot exprime aussi, avec l'idée d'interruption, le fait de reprendre une tâche interrompue, laissée inachevée (1690). ◆  À partir de 1611, il est attesté avec une valeur spatiale, le sujet pouvant être un nom de chose ou le nom de la personne qui entreprend de prolonger un objet dans l'espace (1690).
❏  Sur le radical de continuer est formé CONTINUATEUR, TRICE n. (1579). Les autres mots du même groupe sont directement empruntés au latin. ◆  CONTINU, UE (v. 1306 ; après contenu, fin XIIIe s.) représente continuus, participe passé adjectivé de continere (→ contenir). Il est employé sur le plan spatial et temporel, spécialement dans fièvre continue (1306) et, en musique, dans basse continue (av. 1690). ◆  Il est à l'origine de CONTINÛMENT adv. (1302, continuement), de CONTINUITÉ n. f. (v. 1380) et de CONTINUEL, ELLE adj. (v. 1160) réservé à la seule valeur temporelle. Cet adjectif courant, passé de sa valeur stricte à celle de « sans cesse répété », a servi à former l'adverbe CONTINUELLEMENT (1393 ; 1160, continuelement) de valeur moins active que continûment.
■  CONTINUATION n. f. (1331 ; 1283, en droit dans continuacion de jour « remise d'une cause à l'audience suivante de la même assise ») est emprunté au latin classique continuatio « succession ininterrompue » dans l'espace et dans le temps. Depuis 1370, continuation signifie particulièrement « fait de durer, prolongation ». ◆  L'emploi général comme substantif de continuer donne lieu à l'expression encourageante : bonne continuation.
■  Au XXe s., la langue didactique a repris CONTINUUM n. m. (1905) au latin, les mathématiciens employant à basse époque (IVe-Ve s.) continuus par opposition à discretus. Le mot recouvre le concept d'un espace ininterrompu, intégrant spécialement, en philosophie, une dimension temporelle (1935, le continuum espace-temps).
La série des antonymes préfixés par dis- représente une série du latin médiéval : DISCONTINU, UE adj. (v. 1370) est emprunté à discontinuus (1250) ; il a servi à former DISCONTINUITÉ n. f. vers 1751 (le latin médiéval avait déjà discontinuitas, 1233).
■  DISCONTINUER v. intr. et tr. (1393 ; 1314, descontinuer, « inciser » médicalement) est emprunté à discontinuare « interrompre » (1267), et la locution sans discontinuer correspond à « continûment ». ◆  Le verbe a d'abord eu le sens concret de « diviser, inciser » en médecine, avant de prendre la valeur de « cesser, ne pas continuer de », littéraire en emploi transitif, plus courant en intransitif, par exemple dans sans discontinuer. ◆  DISCONTINUATION n. f. (1377) est l'adaptation du dérivé latin médiéval discontinuatio (1233).
CONTONDANT → CONTUSION
CONTORSION n. f. est emprunté (XIVe s.) au latin contorsio, graphie tardive du classique contortio « action de tourner », « entortillement » (notamment en parlant d'une expression obscure). Celui-ci est formé sur le radical du supin contortum de contorquere, composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de torquere « tourner » (→ tordre).
❏  Le mot, apparu dans le syntagme contorsion de nerfs, a désigné un mouvement violent de torsion, en parlant d'un être humain, et, à l'époque classique, une déformation par torsion (au propre, 1611, et au figuré, 1664). Il est surtout vivant au sens figuré d'« attitude outrée et affectée » (1666), le sens physique étant lui-même réalisé avec la même idée d'excès, en parlant d'une attitude acrobatique au cirque.
❏  SE CONTORSIONNER v. pron. (1771), « affecter une attitude outrée », est tombé dans l'attraction de contorsion au cirque (XIXe s.). ◆  C'est à celle-ci que se rattache CONTORSIONNISTE n. (av. 1867), désignant l'acrobate qui effectue des exercices acrobatiques de souplesse.
L CONTOURNER v. tr., attesté au XIVe s. sous la forme contorner (1311), mais certainement vivant dès le XIIIe s. comme l'indique son déverbal contour (v. 1200), est issu d'un latin populaire contornare, attesté seulement au VIIIe s., de cum (→ co-) et tornare (→ tourner).
❏  Le mot, en ancien et moyen français, a signifié « être située (d'une terre) » (1311) et « tourner, se tourner vers ou contre (un homme, une chose) » (1360 et jusqu'au XVIIe s.). Le sens concret, « entourer de ses bras, embrasser » (1512), s'est perdu mais annonce l'extension moderne pour « faire le tour de » (1761, dans un contexte d'agression ennemie). ◆  Celui de « déformer en courbant » (1548) est surtout vivant dans son participe passé adjectivé CONTOURNÉ, ÉE (1605, « dirigé vers »), appliqué à des formes artistiques compliquées et employé au sens figuré péjoratif de « tarabiscoté, inutilement compliqué » (1803). ◆  Le sens artistique de contourner « tracer les contours de (une figure) » (1651) serait repris à l'italien contornare, de même origine.
❏  CONTOUR n. m. (v. 1200), déverbal régressif de contourner, est passé du sens d'« enceinte » à celui de « détour » (1548), qui ne s'est pas maintenu en France, puis à celui de « ligne délimitant une surface » (1651) en art, d'après l'italien contorno. C'est à cet emploi que se rattachent les emplois techniques du mot en géométrie, sylviculture, optique, art militaire, médecine et acoustique. Sous l'influence de contourné, contour désigne également l'aspect de ce qui est contourné, en forme de courbe complexe, spécialement, au figuré, l'aspect d'une chose abstraite compliquée. ◆  Le sens de « tournant » ou de « détour » est vivant en français de Suisse (attesté en 1840), de Franche-Comté, et aussi en français du Liban et de l'océan Indien (La Réunion, Maurice). Au figuré, attendre qqn au contour a en Suisse la même valeur que ...au tournant en France.
■  CONTOURNEMENT n. m. (1544), de valeur plus dynamique, désigne l'action de contourner une chose, au propre et au figuré, ainsi que ce qui contourne un lieu, notamment une route.
■  INCONTOURNABLE adj., non attesté au sens prévisible de « que l'on ne peut pas contourner », s'est imposé (v. 1980) dans le langage journalistique et le jargon à la mode avec le sens figuré d'« inévitable, obligatoire ».
CONTRACEPTION n. f. est emprunté (1929) à l'anglais contraception (1886), formation anormale d'après contra- (→ contre) et -ception, de conception (→ conception).
❏  Le mot désigne les mesures visant à empêcher la conception d'un enfant lors des rapports sexuels. La lutte en faveur de la contraception se développa dans les années 1920 en Angleterre et seulement vers 1960 en France : le mot s'est diffusé à cette époque, éliminant l'anglicisme birth control (1933), traduit par contrôle des naissances. Cependant, la pratique de la limitation des naissances est très antérieure à l'apparition de ces mots : aux XVIIIe et XIXe s., il s'agissait encore d'une pratique empirique bien que l'on commencât, au XIXe s., à mettre au point des procédés mécaniques de contraception (Cf. condom, préservatif). La limitation des naissances préconisée par Malthus se fonde, elle, sur la chasteté du couple. La technique contraceptive s'est véritablement développée au XXe s. avec l'industrie chimique et l'industrialisation du caoutchouc, puis, après 1920, avec la mise au point d'une méthode fondée sur l'observation du cycle féminin (Cf. pilule).
❏  CONTRACEPTIF, IVE adj., emprunté (v. 1955) à l'anglais contraceptive (1891), a en partie éliminé anticonceptionnel. Substantivé au masculin, il désigne tout dispositif de contraception.
■  CONTRACEPTEUR, TRICE adj., « qui pratique la contraception » (1961), est peu répandu.
1 CONTRACTER v. tr. est dérivé savamment (1370) du latin contractus n. m. « resserrement » (→ 2 contracter) avec la spécialisation juridique d'« accord, convention ». Lui-même est dérivé du participe passé de contrahere, de cum (→ co-) et trahere « tirer » (→ traction, traire), proprement « tirer ensemble », d'où « faire venir à soi (une maladie, un mariage, des dettes) » et aussi « réduire, serrer » et « avoir des liens serrés avec qqn ».
❏  Le verbe a été introduit en droit avec le sens de « prendre un engagement vis-à-vis de qqn » (d'où contracter mariage, 1559). À partir de 1572, il reprend le sens latin de « faire venir à soi » dans le même type de contextes abstraits, avec les syntagmes contracter une maladie, des dettes (1675), contracter une mauvaise habitude (1680).
❏  Son participe présent CONTRACTANT, ANTE est employé comme adjectif (1472). ◆  Il pour préfixé COCONTRACTANT, ANTE, adj. et n. (XVIe s.) « personnes qui sont ensemble parties à un même contrat ».
CONTRAT n. m., d'abord contract (1370), est emprunté au bas latin juridique contractus « convention, pacte, accord », dérivé de contrahere « prendre engagement » (ci-dessus contracter). La forme savante a évincé la forme plus populaire contraut (1254), encore relevée au XVIe siècle. ◆  Le mot, qui désigne l'accord de deux ou plusieurs volontés en vue de créer une obligation, est souvent accompagné d'un adjectif ou d'un complément de détermination précisant la nature du contrat (contrat de mariage, 1672). Employé par métonymie pour désigner l'acte écrit enregistrant le contrat, il entre dans la locution figurée donner des coups de canif dans le contrat (1877). ◆  Par analogie, l'expression contrat social, qui semble créée par J.-J. Rousseau (1762), sert à désigner la convention (implicite) entre gouvernants et gouvernés, membres d'une même société (Cf. pacte) ; très employée au XVIIIe s., elle fait aujourd'hui allusion à Rousseau. ◆  Un calque probable de l'anglo-américain a donné à contrat le sens spécial d'« engagement pris par un tueur à gages d'assassiner quelqu'un » ; par métonymie, le mot désigne la victime.
QUASI-CONTRAT n. m. est l'emprunt juridique (1675) du latin quasi contractus, de quasi (→ quasi) et contractus.
CONTRACTUEL, ELLE adj. (1596) est dérivé du latin contractus. Depuis 1953, le substantif est couramment employé en France par ellipse d'agent contractuel « qui coopère avec un service public ». Substantivé, il désigne plus spécialement (1959) l'agent de police chargé de relever les infractions aux règles de stationnement. ◆  CONTRACTUELLEMENT adv. (1838) est d'usage juridique.
2 CONTRACTER v. tr. est le doublet étymologique de 1 contracter, formé ultérieurement (1732) sur le radical du latin contractus « resserré, réduit », spécialement en grammaire et en rhétorique ainsi que pour qualifier l'âme, le cœur. Le mot a été créé sous l'influence de contraction (ci-dessous).
❏  Le mot exprime l'idée concrète de « diminuer de volume » (également à la forme pronominale). Il concerne spécialement le resserrement d'un muscle (1732) et, par extension, la crispation des traits du visage (1824, visage contracté), des cordes vocales. Par transposition du physique au moral, il exprime le fait d'être crispé, tendu nerveusement (XIXe s.). ◆  Il est passé en physique et en chimie pour « diminuer de volume par rapprochement des molécules », en parlant de corps solides ou gazeux (av. 1752). Il a repris la spécialisation grammaticale (1835) déjà connue en latin.
❏  Les dérivés français de contracter sont tardifs et peu nombreux ; il correspondent à l'idée de « tension des muscles, des traits » et à la tension morale ou psychologique que celle-ci exprime : CONTRACTÉ, ÉE adj. (1824) ; DÉCONTRACTER v. tr. (1860), employé en médecine et par extension avec le sens psychologique de « détendre » (1936) ; DÉCONTRACTÉ, ÉE adj., devenu très usuel avec le sens psychologique de « détendu, insouciant » (1955).
CONTRACTION n. f. (XVe s.) succède à la forme francisée contraicion (1256) et est emprunté au dérivé latin contractio « action de resserrer » et « état résultant d'un resserrement », employé en physiologie, en grammaire et au sens moral d'« anxiété, trouble ». ◆  Le mot, outre ses nombreux emplois en physiologie, est utilisé par extension (1813) au sujet de la tension des traits du visage et (1823) d'une crispation de tout l'individu. Dès 1560, il a repris au latin sa spécialisation en grammaire.
■  Son antonyme DÉCONTRACTION n. f. (1892) est tombé dans l'attraction de décontracter, décontracté, exprimant l'aisance, la détente.
■  Au XVIIIe s. sont apparus les termes de physiologie CONTRACTILE adj. (av. 1755), dérivé savant de contractus, et CONTRACTILITÉ n. f. (1735).
CONTRACTURE n. f. (1611) est emprunté au latin contractura, dérivé de contractus, terme d'architecture et, à basse époque, de pathologie. D'abord synonyme de contraction, le mot s'est distingué en reprenant au latin ses spécialisations en architecture (1676) et en pathologie (1808). L'ancien français avait déjà formé contraiture « contraction des nerfs » à partir de contrait « paralysé » (1150), lui-même issu du latin contractus (→ contrefait).
■  Au XIXe s., contracture a produit CONTRACTURER v. tr. (1837), verbe employé en pathologie et (1845) en architecture.
CONTRADICTEUR, CONTRADICTION → CONTREDIRE
L CONTRAINDRE v. tr. est issu (v. 1120) du latin constringere « lier ensemble », « enchaîner » et, au figuré, « réprimer, contenir ». Le mot est composé de cum « ensemble » (→ co-) et de stringere « serrer, presser » (→ strict).
❏  Contraindre a longtemps eu le sens physique de « peser sur, presser, serrer », Furetière parlant encore, en 1690, de gens contraints dans leurs vêtements ou leurs chaussures ajustés. ◆  La signification abstraite, aujourd'hui dominante, s'est dégagée dès le XIIe s. à la forme pronominale pour « empêcher (qqn) de suivre son penchant naturel, obliger à se gêner » (v. 1174). ◆  Elle a régressé mais demeure relativement répandue dans le participe passé adjectivé CONTRAINT, AINTE (XIVe s.) « gêné, mal à l'aise ». ◆  L'usage a privilégié pour le verbe le sens d'« obliger (qqn) à agir contre sa volonté » (1253), spécialisé en droit pour « obliger (qqn) par voie de droit, par justice » (1283).
❏  CONTRAINTE n. f., substantif issu (XIIe s.) du participe passé féminin de contraindre, a suivi l'évolution du verbe ; il a perdu le sens physique de « gêne dans des vêtements trop étroits », ainsi que celui de « retenue, gêne » (encore dans quelques emplois comme la locution sans contrainte, 1263), pour ne plus signifier que « action de contraindre qqn à agir contre sa volonté ; obligation » (XIIe s.), avec des spécialisations en droit, comme contrainte par corps.
■  CONTRAIGNANT, ANTE adj. (1265, contreignant) et l'adjectif juridique CONTRAIGNABLE (1382) procèdent du sens moderne du verbe.
Le préfixé PRÉCONTRAINT, AINTE adj. (1928) qualifie un matériel tel que le béton, qui a subi un traitement augmentant sa résistance, la PRÉCONTRAINTE n. f. (1948).
❏ voir CONSTRICTION.
CONTRAIRE adj. et n. m. est emprunté (1080) au latin contrarius « en face de, du côté opposé » d'où « ennemi, hostile » et « en contradiction avec », dérivé de contra (→ contre).
❏  En ancien et moyen français, le substantif désignait un tort, un dommage infligé à qqn (1080). L'usage moderne a privilégié la notion d'opposition aux dépens de celle d'hostilité, et l'adjectif signifie « qui présente l'opposition la plus radicale » (1160-1174). L'usage soutenu y ajoute parfois l'idée d'une chose qui, en s'opposant, gêne le cours d'une chose (vent contraire, v. 1167). ◆  Le mot est substantivé, entrant dans la phraséologie usuelle avec tout le contraire (v. 1175), au contraire (v. 1370) « d'une manière radicalement différente » puis « inversement » (1495), et au contraire de (v. 1450). ◆  En français de Belgique, l'adjectif s'emploie à propos de personnes pour « hostile, contrariant », et de choses pour « qui ne convient pas, faux », opposé à vrai (une date contraire). Substantivé et en locution, que du contraire, dans le même usage, correspond à tout au contraire.
❏  CONTRAIREMENT adv. (XVe s.) a cessé d'être employé au XVIIe s. et a été repris au début du XIXe s. avec la locution contrairement à (1821).
■  CONTRARIER v. tr. est emprunté (1080) au dérivé bas latin contrariare avec le sens de « s'opposer verbalement ; contredire ». D'abord construit intransitivement au sens de « s'opposer par la parole, se quereller », il s'est généralisé en emploi transitif pour « aller contre qqch., qqn » d'après contraire (1150). Il est surtout usuel avec la valeur psychologique (v. 1775) de « causer du dépit, du mécontentement à (qqn) ». ◆  Ses participes ont été adjectivés en CONTRARIÉ, ÉE et CONTRARIANT, ANTE (1361) avec les divers sens du verbe.
■  CONTRARIÉTÉ n. f. (v. 1170) est un emprunt au bas latin contrarietas « opposition », « choses contraires », « contraste », « dommage ». Apparu au pluriel avec le sens de « choses contraires » (en parlant du chaud et du froid), il a longtemps exprimé, au singulier, l'opposition de deux choses contraires, avant d'être supplanté par antinomie et contradiction. Si on le rencontre parfois pour « ce qui contrarie le cours des choses » (av. 1200), il est surtout réservé par l'usage moderne (dep. 1793) au sens psychologique de « déplaisir causé par une opposition », puis de « déplaisir » en général.
A CONTRARIO loc. adv. et adj. est un emprunt, attesté tardivement (1792), au latin scolastique, où l'expression signifie « par la raison des contraires ». ◆  Elle s'emploie à propos d'un raisonnement qui, à partir d'une opposition dans les hypothèses, conclut à une opposition dans les conséquences. Passé dans l'usage général, a contrario s'emploie pour « dans l'hypothèse du contraire ».
CONTRALTO → ALTO
CONTRARIER → CONTRAIRE
CONTRASTER v. tr. et intr. est la réfection (1541), sous l'influence de l'italien contrastare (av. 1250) « contredire, contester », de l'ancien et moyen français contrester (1080-1660) « résister ». Ce verbe est, comme le mot italien, issu du bas latin contrastare, de contra (→ contre) et stare « se tenir », « s'opposer » (→ station).
❏  Contraster avait au XVIe s. le sens fort de « lutter contre » (en construction transitive ou avec la préposition à). Il a pris au XVIIe s. la valeur plus faible de « s'opposer d'une manière tranchée » (surtout en parlant de choses) à partir de son emploi dans le domaine pictural (1669), probablement d'après l'italien. Sa construction indirecte avec la préposition avec (1740) est aujourd'hui la plus courante.
❏  Du verbe ont été tirés les adjectifs CONTRASTÉ, ÉE (1669, en art) et CONTRASTANT, ANTE (1787).
■  Le nom correspondant CONTRASTE n. m. a suivi la même évolution. C'est la réfection (1580), d'après l'italien contrasto (XIVe s.) « discussion », de l'ancien et moyen français contrest « querelle, contestation » (XIIIe s.), déverbal régressif de contrester (ci-dessus). Employé anciennement pour « contestation, discussion », il a acquis son sens moderne d'après son emploi en art (1669) sous l'influence de l'italien contrasto, attesté dans ce sens depuis 1519. Tout comme le clair-obscur (Cf. clair-obscur), le contraste, décrit par Furetière comme « la plus grande beauté d'un tableau », est très prisé au XVIIe siècle. On le goûte particulièrement dans la variété des attitudes et des positions des figures dans un tableau. ◆  L'usage moderne du mot, peut-être sous l'influence de sa spécialisation en optique au XIXe s., semble plutôt privilégier une opposition de nature chromatique ou lumineuse. Il est également utilisé en médecine et, d'après l'anglais contrast, en linguistique.
■  CONTRASTIF, IVE adj. (v. 1970), terme de linguistique, est emprunté à l'anglo-américain contrastive (1949 en ce sens) du verbe to contrast, de même origine.
CONTRAT → 1 CONTRACTER