CONVIVE n. est emprunté (XVe s.) au latin conviva « invité d'un repas », dérivé de convivere « vivre ensemble » d'où « manger ensemble », de cum (→ co-) et vivere (→ vivre).
❏
Après un essai d'introduction au XVe s., convive s'est installé au XVIIe s. après la disparition de son homonyme convive « festin » (1165), emprunté au latin convivium « repas, festin » (→ convier).
❏
CONVIVIAL, ALE, AUX adj., d'abord
convival (1612), est emprunté au latin impérial
convivalis, convivialis, issu de
conviva.
◆
Il s'est répandu sous l'influence de l'anglais
convivial, de même origine, et a pris récemment, d'après
convivialité, des connotations mélioratives que n'avait pas son emploi traditionnel.
■
CONVIVIALITÉ n. f., apparu en 1816 dans un récit de voyage en Angleterre, est emprunté à l'anglais conviviality « goût des réunions et festins », dérivé de convivial. Il a été repris en 1973, dans la traduction d'un texte en anglais d'Ivan Illitch, au sens d'« ensemble des rapports entre personnes au sein de la société ou entre les personnes et leur environnement social, considérés comme autonomes et créateurs ».
◆
Convivial et convivialité sont spécialement employés en informatique, en parlant d'un système informatique d'accès facile ; il s'agit alors d'un américanisme.
■
CONVIVIAT n. m. (1825, Brillat-Savarin), « qualité de convive », resté à l'écart de la vogue de convivial, convivialité, a vieilli.
L
CONVOITER v. tr., d'abord convoitier (v. 1280), convetier (1289), est la réfection, par confusion de la première syllabe avec le préfixe con- (du cum latin) du plus ancien coveiter (av. 1155). Ce verbe est lui-même issu, par évolution phonétique, du bas latin °cupidietare « désirer ardemment », dérivé de °cupidietas, forme altérée — sur le modèle de noms abstraits comme anxietas, medietas — du classique cupiditas (→ cupidité).
❏
Le mot ne s'est pas éloigné du sens initial de « désirer avec avidité ». Bien que qualifié de « vieux » en 1680, il s'est maintenu dans l'usage courant, avec le sens de « désirer le bien d'autrui », voisin de celui du verbe envier. De même que convoitise, convoiter exprime en particulier le désir sexuel.
❏
En ont été dérivés CONVOITISE n. f. (v. 1150, coveitise), courant avec la même valeur péjorative que convoiter, CONVOITEUR, EUSE adj. et n., réfection (XVIe s.) de l'ancien français covoitiere (av. 1257), et demeuré rare.
◆
Ce mot a eu du mal à s'imposer : il a été repris au XVIe s. puis au XIXe s., mais a toutefois doublé l'adjectif CONVOITEUX, EUSE, d'abord coveitus (v. 1155) encore employé dans le style littéraire, probablement issu (vu l'existence de l'ancien provençal cobeitos, fin XIIe s.) d'un latin médiéval °cupidietosus.
◆
Convoiteur et convoitise ont conservé l'idée générale latine de « désir ardent » (avec une péjoration), tandis que les mots apparentés cupide et cupidité sont entrés dans l'usage commun avec la spécialisation de « désir de richesses, d'argent ».
❏ voir
CONCUPISCENT, CUPIDE, CUPIDON.
CONVOLER v. intr. est emprunté (1417) au bas latin juridique convolare « se remarier », dans la formule convolare ad secondas nuptias « se marier une seconde fois » (VIe s., Code Justinien). Le sens en est proprement « voler ensemble », de cum « avec » (→ co-) et volare (→ voler).
❏
Le mot a été repris dans son acception juridique (convoler aux secondes noces traduisant littéralement la locution latine). Il n'est plus employé que plaisamment, dans la locution convoler en justes noces, et absolument convoler (1673, Molière), au sens de « se marier ».
◆
Une remotivation, au sens de « se rendre en toute hâte quelque part » (1510) d'où, abstraitement, « passer à autre chose » (1636), est archaïque.
❏
Ni CONVOLANT, substantivation du participe présent (av. 1614), ni CONVOL n. m., déverbal désignant l'action de contracter un second mariage, ne se sont répandus.
CONVOQUER v. tr. est emprunté (v. 1355) au latin convocare « appeler, réunir ; faire venir à soi », de cum (→ co-) et vocare « nommer, appeler », lui-même dérivé de vox (→ voix).
❏
Le verbe, au sens propre, signifie « appeler à se réunir de manière impérative ». Il a été repris au XIXe s. pour « inviter à venir près de soi » sans idée d'ordre ni d'autorité (1835). La langue littéraire l'utilise aussi, par retour au sens latin, au sens de « rassembler des choses abstraites » et, sous l'influence probable d'invoquer, de « faire intervenir (un thème, une idée) dans une œuvre » (XXe s.).
❏
Le dérivé français
CONVOCATEUR, TRICE adj. et n. (av. 1755) est rare, sauf en emploi adjectif (1900) réservé au style administratif.
◈
CONVOCATION n. f. est emprunté (1341) au latin
convocatio, formé sur le supin de
convocare, signifiant proprement « action de convoquer » ; il est plus courant dans le contexte écrit (
lettre de convocation, 1693) et au sens métonymique de « feuille, acte par lequel on est convoqué » (1899).
L
CONVOYER v. tr., d'abord conveier (v. 1130-1160), est issu d'un latin populaire °conviare, de cum « avec » (→ co-) et du bas latin viare « faire route », lui-même dérivé de via (→ voie).
❏
L'aire d'emploi du verbe s'est restreinte. Le sens propre de « conduire, accompagner » s'est limité à « escorter pour protéger un convoi militaire » (v. 1360). En ancien et moyen français, convoyer s'employait également dans les expressions convoyer une lance (dans un tournoi) et convoyer des yeux « suivre des yeux ».
❏
Le déverbal
CONVOI n. m. (v. 1165,
conveiz), « fait d'accompagner qqn, qqch. », s'est également limité à certains emplois particuliers. Après avoir désigné un cortège (de grand personnage, de noces), il s'est restreint au transport d'un défunt à l'église et au cimetière (1531 écrit
convoit, convoi depuis 1538, surtout
convoi funèbre).
◆
Plus couramment, il désigne (1680) l'ensemble des véhicules militaires ou des navires qui font route sous la protection d'une escorte armée. Par analogie, il se dit aussi (1825) de la suite de véhicules roulant ensemble sur une voie ferrée, alors synonyme de
train, puis (1877) de tout groupe (véhicules, puis personnes) qui s'achemine vers une destination.
◆
En français des Antilles, le mot peut faire allusion à un travail collectif obligatoire, sur « invitation », où les travailleurs étaient nourris, mais non rémunérés.
■
CONVOYEUR, EUSE n. et adj., d'abord conveiëor (v. 1195) « celui qui accompagne, qui escorte », s'applique spécialement à un navire d'escorte (1777), puis à l'agent chargé de surveiller un transport de marchandises, matériel ou personnes (1907). Il désigne aussi (v. 1950) un transporteur automatique, tel un tapis roulant.
◆
CONVOYAGE n. m. (1926) n'est usuel qu'en marine, et dans quelques techniques.
CONVULSER v. tr. et pron. est dérivé (1578) du radical du latin convulsus « arraché d'un bloc, ébranlé », spécialisé en médecine pour « pris de spasmes, contracté ». Lui-même est le participe passé de convellere, composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de vellere « arracher, extirper, tirer ». Ce mot appartient à une racine indoeuropéenne °wel- que l'on retrouve dans le gotique wilwa « pillard, rapine », un mot arménien signifiant « toison de laine », et peut-être dans le latin lana (→ laine).
❏
Le verbe est repris en médecine où, sous la forme du participe passé adjectivé convulsé, il s'applique à une personne contractée par des spasmes. Il est surtout fréquent à la forme pronominale (1808) en parlant d'une personne et, dans le style littéraire, en emploi métaphorique (1869).
❏
CONVULSÉ, ÉE a été aussi substantivé (v. 1877) au sens de « personne qui semble agitée de convulsions », à l'époque du développement de l'observation clinique de l'hystérie.
◈
CONVULSION n. f. est emprunté (1538) au dérivé latin impérial
convulsio avec sa spécialisation médicale de « crampe » ; il est entré dans l'usage courant (av. 1654) désignant un mouvement violent et désordonné, prenant, au pluriel
convulsions, la valeur figurée d'« agitation, trouble » (1661), spécialement en parlant des troubles politiques et sociaux qui agitent un État (1756).
■
Convulsion a pour dérivé CONVULSIONNER v. intr. (1783), lequel est à l'origine de l'adjectif CONVULSIONNAIRE (1732), substantivé depuis 1754, et désignant alors les jansénistes fanatiques pris de convulsions sur la tombe du diacre Pâris (mort en 1727) au cimetière Saint-Médard à Paris.
◈
CONVULSIF, IVE adj., formé sur le radical de
convulsion, est plus ancien (1546) et reprend tous les sens du verbe.
■
Il est à l'origine de CONVULSIVEMENT adv. (1803) et des termes médicaux CONVULSIVANT, ANTE adj. puis n. m. (1865), ANTICONVULSIVANT, ANTE adj. et n. m. (av. 1960) et CONVULSIVOTHÉRAPIE n. f. (1932).
COOL adj., n. m. inv. est un emprunt graphique et phonétique (1952) à l'anglais cool, anciennement col (v. 1000) « frais », appliqué à des personnes au sens de « calme, tempéré » (v. 1440) et « froid » (1593), à propos du caractère. Ce mot, qui correspond au moyen néerlandais kol (néerlandais koel), vient d'un germanique °koluz, dérivé de la racine °kol-, °kal- que l'on retrouve dans l'anglais cold « froid » et qui est d'origine indoeuropéenne (→ gel). Aux États-Unis, cool s'est spécialisé dans le vocabulaire du jazz par opposition à hot « chaud », en parlant d'un jazz calme, détendu (en 1947, Charlie Parker enregistra un disque intitulé Cool Blues).
❏
Le mot a été introduit par le vocabulaire musical en parlant d'une tendance nouvelle du jazz, succédant au bop, lancée par Miles Davis ; cool est d'abord adjectif, puis (1954) nom.
◆
Par extension ou réemprunt, il est appliqué aux personnes et aux attitudes (v. 1970), emploi massivement répandu dans l'usage général, notamment chez les jeunes où il concurrence relax (cool, Raoul !). L'expression baba*-cool est plus récente.
◆
Dans l'usage familier, à partir des années 1970-80, l'adj. cool s'emploie pour « agréable, bon, excellent », perdant tout rapport sémantique avec sa source anglo-saxonne.
COOLIE n., d'abord sous les formes colles (1638), colys (1668), coulis (1791) au pluriel, est d'origine incertaine : on peut l'identifier avec le bas gujrati et le marathe kūli, nom d'une peuplade du nord de Bombay dont les membres, paysans, pauvres, étaient réputés pillards. Les Portugais, qui attestent le mot dès 1554 comme ethnique, et dès 1581 au sens de « portefaix », l'ont véhiculé au sud de l'Inde et en Chine, parages où il a peut-être été emprunté par l'anglais (1609, comme nom ethnique ; 1638, comme nom commun). La forme initiale colles (1638) est portugaise, les autres ont probablement été empruntées par l'intermédiaire de l'anglais coolie, emprunté au XIXe s. par écrit (1857).
❏
D'abord attesté comme nom d'une caste de la région de Gudjerat, à l'ouest de l'Inde, le mot, employé au sens de « porteur, travailleur chinois ou indien », peut aussi s'appliquer à une femme ; il reste lié au colonialisme. En français des « îles », notamment en Guadeloupe, en Martinique, à Maurice, on a appliqué le mot aux travailleurs venus de l'Inde (puis aussi du Pakistan) pour les travaux effectués auparavant par les esclaves. Aux Antilles françaises, le mot s'applique parfois aux métis d'Indien et de Noir ; il est alors péjoratif.
COOPÉRER v. intr. est emprunté (1470) au latin chrétien cooperari « faire qqch. conjointement avec qqn » (en parlant de Dieu, de la prière), composé de cum (→ co-) et de operari, forme déponente de operare (→ opérer).
❏
Le mot est introduit en théologie avec le sens de « répondre à l'action de la grâce par un effort personnel », d'abord au participe présent dans grâce coopérante « grâce qui se joint à l'effort personnel ». Il est passé dans l'usage commun au sens laïc d'« opérer conjointement avec qqn » (1525).
❏
Son participe présent adjectivé
COOPÉRANT, ANTE, apparu avant le verbe dans un contexte théologique, a été substantivé (v. 1960) dans le cadre de la coopération économique et culturelle (notamment, dans l'enseignement) entre États : il est ainsi très courant en français d'Afrique.
■
COOPÉRATION n. f. (av. 1435) a été emprunté comme terme de théologie au dérivé latin chrétien cooperatio « part prise à une œuvre commune » (en parlant de Dieu).
◆
Entré, comme le verbe, dans l'usage courant (1488), il a pris ultérieurement (1828) sa spécialisation économique par calque de l'anglais cooperation. Ce dernier est un terme employé par le réformateur Robert Owen (1771-1858) pour désigner sa méthode de gestion des entreprises, fondée sur la répartition du profit en fonction de la participation de chacun. Depuis 1965, le mot s'entend aussi de la politique par laquelle un pays apporte sa contribution au développement d'un autre pays, souvent décolonisé. C'est le nom d'institutions internationales, comme la Coopération économique Asie-Pacifique (l'acronyme APEC est celui de la désignation anglaise).
■
COOPÉRATIF, IVE adj. est emprunté (1550) au bas latin cooperativus. Attesté une première fois en médecine dans le syntagme cause coopérative au sens ancien de « secondaire », il a été repris (1829) en économie politique, lors de la diffusion en France des idées de Robert Owen, par calque de l'anglais cooperative (1821). Son sens plus récent de « qui est prêt à donner sa contribution » (v. 1964) est également un anglicisme.
◆
Le féminin COOPÉRATIVE a été substantivé (1901) par ellipse de société coopérative, syntagme déjà ancien (1838), à l'exemple du modèle anglo-américain. Fondée en 1810 par R. Rapp à Harmonie (Indiana), la première coopérative fut rachetée en 1824 par R. Owen, parti aux États-Unis après l'échec de ses projets de « villages de coopération » en Angleterre (1817). En France, les entreprises coopératives sont apparues dans l'ambiance et sous l'influence du socialisme associationniste et parfois du christianisme social. La première coopérative de production a été fondée en 1834 par quatre ouvriers de Paris : l'Association chrétienne des bijoutiers en doré. Le mot et la notion se sont étendus à l'agriculture, au commerce. Les coopératives de consommation ont donné naissance, dans les années 1930, à des chaînes de magasins appelés coopé(s).
◆
Sur le radical de coopératif, a été formé le terme économique COOPÉRATISME n. m. (1870) « doctrine économique favorable aux coopératives de production et de consommation » et, plus récemment, l'adjectif féminin a fourni COOPÉRATIVEMENT adv. (v. 1950).
■
COOPÉRATEUR, TRICE n. et adj. (1516) est emprunté au latin tardif cooperator « personne agissant et travaillant avec une autre ». Lui aussi introduit en théologie, notamment par la Réforme (1541, coopérateur de Dieu, Calvin), il s'est répandu au XIXe s. avec un sens général et s'est spécialisé au XXe s. en économie (1928), sous l'influence de l'anglais cooperator (1828-1830, époque de la publication, par l'économiste anglais W. King, du mensuel The Cooperator propageant les idées de R. Owen).
COOPTATION n. f. est emprunté (1639) au latin cooptatio « élection pour compléter un collège », dérivé de cooptare « choisir pour compléter un corps, un collège », de cum (→ co-) et optare (→ opter).
❏
Le mot est passé de l'idée d'« admission exceptionnelle d'un membre » à l'idée moderne (fin XIXe s.) de « nomination d'un nouveau membre par ceux qui font déjà partie du groupe ».
❏
De
cooptation a été dérivé
COOPTATIF, IVE adj. (v. 1950).
◈
COOPTER v. tr. est emprunté (av. 1721) au latin
cooptare ; son évolution est la même que celle de
cooptation.
COORDINATION n. f. est emprunté (1361) au bas latin coordinatio « arrangement, agencement logique des parties d'un tout », de cum « ensemble » (→ co-) et ordinatio « mise en ordre », lui-même dérivé du supin de ordinare (→ ordonner).
❏
Le mot, qui désigne l'agencement des parties d'un tout selon un plan logique pour une fin donnée, est rare avant le milieu du XVIIIe s. (1762). Au XIXe s., il entre spécialement dans les syntagmes coordination des mouvements (1822) et, en grammaire, conjonction de coordination (1888).
❏
En ont été dérivés
INCOORDINATION n. f. (1867), le terme de chimie
COORDINANCE n. f. (1963 ;
coordinence, 1953) et
COORDONNATEUR, TRICE adj. (1863). Ce dernier, utilisé comme adjectif (1878) puis comme nom (av. 1892) en médecine, en parlant du système nerveux, est également employé en parlant d'une personne en termes administratifs ou politiques.
◆
On emploie aussi
COORDINATEUR, TRICE, d'après le radical latin, tout en réservant à
coordonnateur un sens plus fort, probablement sous l'influence du double sens d'
ordonner, « mettre en ordre » et « donner des ordres ».
◈
COORDONNER v. tr. résulte de la soudure de
co-ordonner (1771), composé de
co-* et d'
ordonner*, d'après
coordination. Le verbe signifie « disposer des éléments en vue d'une fin » et, spécialement en grammaire, « relier à l'aide d'un mot coordonnant ».
■
Son participe passé adjectivé COORDONNÉ, ÉE (attesté 1713) est particulièrement pris, depuis 1967, comme synonyme d'assorti et substantivé, au pluriel, au sens de « tenue vestimentaire d'éléments assortis ».
◆
INCOORDONNÉ, ÉE adj. (1882) est littéraire.
◈
Le nom féminin
COORDONNÉES, attesté dès 1754 comme terme de géométrie, est directement composé sur
ordonné(e). Par analogie, il est employé en astronomie, géographie, et dans l'argot des grandes écoles, au sens d'« éléments permettant de situer précisément qqch., qqn ». Ce sens est passé dans l'usage familier avant de devenir courant pour « éléments, adresse, téléphone, etc. permettant de retrouver, de joindre qqn » (mil.
XXe s.).
COPAIN n. est la forme dénasalisée (1838) de l'ancien et moyen français compain (→ compagnon), déjà relevé après 1450 (Molinet) sous la forme coppin. Un exemple isolé (1708), avec un sens peu explicable, « homme grand, sot et niais », ne représente peut-être pas le même mot. La graphie actuelle s'est imposée définitivement au XXe s. au détriment de la forme compaing (1883), compain (1919). La graphie copin, attesté par copine, copinage... semble avoir disparu au début du XXe siècle.
❏
Le mot est un terme du registre familier désignant un bon camarade, avec une nuance affective qui le situe entre le simple camarade et l'ami. Il est parfois pris avec une idée péjorative de « complice » (les copains et les coquins). Il fournit (1895), comme petit ami, une désignation euphémistique d'« amoureux », « amant » mais, par ailleurs, s'oppose à amoureux dans la locution en copain. Il est employé comme adjectif attribut après des verbes d'état (notamment dans être copain-copain).
◆
Le mot s'emploie parfois en appellatif ; il est usuel en français de Nouvelle-Calédonie.
❏
En sont dérivés le féminin COPINE (av. 1883), qui signifie aussi « petite amie, maîtresse », et également « homosexuel » dans l'usage des homosexuels (un dérivé péjoratif COPAILLE n. f. est à l'origine de lope*), et, au XXe s., COPINER v. intr. (1774, répandu au XXe s. : 1928).
◆
Copiner est à l'origine de COPINERIE n. f. (1936) et COPINAGE n. m. (1960). Ces mots sont parfois employés par péjoration, en particulier en parlant de certains usages complaisants dans la presse (spécial copinage).
COPAL n. m. est un emprunt de la Renaissance (1588) à l'espagnol, lui-même pris au nahuatl (langue amérindienne du Mexique) copalli.
❏
Le mot désigne la résine que fournissent certains conifères tropicaux, utilisée dans la fabrication de vernis. En apposition, vernis copal (dans le Journal de Delacroix, 1847).
❏
COPALIER n. m. désigne l'arbre de la famille des Césalpinacées qui fournit le copal.
L
COPEAU n. m. est attesté sous sa forme moderne seulement depuis 1680, après coispel, cospel (1170-1180) et coipel (1213), puis coipeau (1637 ; encore en usage dans le domaine normand). Cospel et coispel viennent probablement de formes diminutives en -ellus du latin cuspis « extrémité d'un objet pointu » pour le premier, et d'un collectif °cuspia pour le second. Cuspis, employé à propos de lances, d'épieux, est probablement un terme emprunté, comme beaucoup de noms d'armes.
❏
En français, on est passé du sens initial de « garniture à l'extrémité de l'étui d'un couteau », sorti d'usage au XVe s., au sens moderne d'« éclat de bois » attesté simultanément (1170-1180). La locution vieillie vin de copeaux « vin nouveau dans lequel on fait tremper des copeaux pour l'éclaircir », est attestée depuis 1600.
◆
Plus tard, copeau a pris quelques significations argotiques, par analogie de forme (« langue », « crachat », 1880) et de valeur (« chose insignifiante », dans l'argot des taxis « petite course », 1935).
COPIE n. f. est emprunté (XIIIe s.) au latin copia « abondance » (→ copieux) qui, au sens médiéval de « reproduction d'un écrit » (v. 1219), serait le déverbal du verbe dérivé copiare « reproduire (un écrit) » (v. 1330), à partir de l'idée de transcrire en quantité, multiplier. Cette hypothèse suppose que ce verbe ait existé au moins au début du XIIIe siècle.
❏
Le sens du latin classique, « grande quantité », encore attesté par Cotgrave (1611), est propre à l'ancien et au moyen français. Il a été éliminé par le sens du latin médiéval, « reproduction d'un écrit » (apr. 1250). Au XVIIe s., ce dernier a reçu une spécialisation en imprimerie, désignant le texte définitif destiné à la composition (1623) ; le mot s'est alors employé pour désigner la reproduction d'une œuvre d'art (1636) et, glissant de l'idée de « reproduction » à celle d'« imitation », l'imitation d'une œuvre littéraire (1690, pâle copie) s'appliquant par extension à une personne ressemblant à une autre par ses traits ou son attitude (av. 1680, La Rochefoucauld).
◆
Sa spécialisation scolaire pour « devoir qu'un élève remet à son professeur » (1828) a entraîné l'extension métonymique de « papier destiné à la rédaction » (1863).
◆
Son emploi, en parlant de l'exemplaire d'un film (1915), est peut-être né sous l'influence de l'anglais copy qui a en général le sens d'« exemplaire (d'un livre, etc.) », acception qui a existé en français pour copie (1666), mais ne s'est pas implantée. Elle a réapparu par emprunt à l'anglais, courante quand le français est en contact avec l'anglais, notamment au Canada, mais aussi en français d'Europe. Mettre (qqn) en copie s'emploie dans l'usage professionnel, en informatique, pour « envoyer à (qqn) la copie d'un message ».
◆
L'expression familière être en mal de copie, dite d'un journaliste en manque de sujets d'articles, est attestée en 1918.
❏
COPIER v. tr. est emprunté (1339) au latin médiéval
copiare « reproduire un écrit ». Comme
copie, il a connu une grande expansion au
XVIIe s. pour « reproduire (une œuvre d'art) » (1636) et pour « imiter la nature » (1694), dans la théorie classique de l'imitation
(mimesis), ou « l'œuvre d'autrui » (1658), « les manières de qqn » (1656). Sa spécialisation scolaire (1863) réalise la valeur péjorative quelquefois attachée au mot, ici avec une idée de « fraude ». De là le belgicisme
copion, ci-dessous.
◆
Dans le contexte de l'informatique, le composé
COPIER-COLLER n. m. inv. désigne l'opération qui consiste à reproduire un texte ou une image et à l'insérer dans un autre contexte, dans le même document ou un autre.
■
COPIEUR, EUSE n. et adj. (av. 1488, coppieur) a eu en moyen français le sens de « moqueur, railleur », sorti d'usage au XVIe s., d'après les emplois correspondants de coppier « contrefaire par moquerie » et coppieux « moqueur, railleur », d'abord propres à l'Anjou puis répandus chez les écrivains comme Rabelais et d'Aubigné. Il a été repris péjorativement à propos de la personne qui copie servilement l'œuvre d'autrui (1884) et de l'élève qui copie frauduleusement (1953 dans les dictionnaires français ; 1926 en Suisse romande), ses emplois neutres, notamment à propos d'une machine à reproduire les textes, sont rares et postérieurs.
■
COPISTE n. (apr. 1450), « celui qui reproduit un écrit », tend, depuis l'invention de l'imprimerie, à prendre la même valeur péjorative, désignant l'imitateur d'autrui, le plagiaire (1644, Poussin).
■
COPION n. m., dérivé du verbe copier, s'emploie en français de Belgique pour « document utilisé clandestinement au cours d'un examen » (il permet de « copier », voir le verbe ci-dessus).
◈
RECOPIER v. tr. (1362), signifiant « copier une seconde fois » et plus souvent (1809) « réécrire, copier sa propre écriture »
(recopier au propre), a produit
RECOPIAGE n. m. et
RECOPIEUR, EUSE n. et adj. au
XXe s., surtout en contexte scolaire.
■
Les autres composés préfixés, PHOTOCOPIER v. tr. (1907 ; répandu v. 1960), POLYCOPIER v. tr. (1923) et AUTOCOPIER v. tr. (1922), sont contemporains de la grande expansion des techniques de reproduction.
◆
Ils ont été formés à la suite des composés de -copie, PHOTOCOPIE n. f. (1894), POLYCOPIE n. f. (1890) et AUTOCOPIE n. f. (1917), et ont donné à leur tour les noms d'appareils PHOTOCOPIEUR, EUSE n. (1966), POLYCOPIEUSE n. f. et AUTOCOPIEUSE n. f. (XXe s.).
◈
L'anglicisme
COPYRIGHT n. m. (1830) reprend l'anglais
copyright (1767), littéralement « droit de copie », probablement d'après son emploi dans la terminologie américaine de l'édition (attesté 1788).
COPIEUX, EUSE adj. est emprunté (1365) au latin copiosus « riche, abondant en qqch. », employé au figuré en parlant d'un style, dérivé de copia « abondance, ressource, secours », spécialement (au pluriel) « forces militaires ». Copia (→ copie) est dérivé de °cops, °copis (uniquement attesté à l'accusatif et à l'ablatif singulier) « abondamment fourni de, riche », lui-même rare et détrôné par le dérivé copiosus. °Cops est dérivé de ops, opis « abondance, richesses », « aide, assistance » (→ opulent), mot supplanté par copia.
❏
L'histoire du mot est celle d'une restriction de sens et d'usage. Seul le sens d'« abondant » s'est maintenu, sa spécialisation péjorative de « prolixe » (1549) ayant disparu. Le sens psychologique de « généreux » (notion liée à l'abondance) et l'emploi du mot avec un complément de détermination introduit par de, en, sont sortis d'usage.
❏
Outre COPIOSITÉ n. f., qui n'a pas vécu, copieux a produit COPIEUSEMENT adv. (XIVe s.), utilisé au propre et au figuré avec la valeur d'« intensément » (après des verbes exprimant l'ennui).
COPPA n. f., mot répandu en France et dans les pays francophones à partir des années 1950, est un emprunt à un mot italien, de la même famille que le français
couper.
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C'est le nom d'une préparation d'échine de porc fumée, spécialité italienne et corse.
COPRAH n. m. est emprunté (1602) au portugais copra (1563), à son tour emprunté au malayalam (langue dravidienne du sud de l'Inde) koppara. Après la forme latinisée copra (1602, traduction de la version latine d'un texte portugais) et la forme francisée copre (de 1845 à 1892), c'est coprah (1869), sous l'influence de l'anglo-indien coprah, qui s'est imposé en français.
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Le mot désigne l'amande desséchée de la noix de coco, et l'albumen qu'elle contient, employé en pâtisserie et dont on extrait une huile pour l'alimentation, la fabrication du savon.