COPRIN → COPRO-
COPRO- est un élément préfixant tiré du grec kopros « excrément, fumier, étable ». Ce mot, apparenté au mot de sens voisin skôr, génitif skatos (→ scato-), est le dérivé thématique d'un neutre indoeuropéen en °r / n conservé dans le sanskrit śákr̥t, śakn-áḥ et, probablement, le lituanien šìkti « déféquer ».
❏  COPROPHAGE adj. et n. m. pl. est soit composé (fin XVIIIe s.) avec cet élément et l'élément -phage*, soit emprunté directement au grec koprophagos « qui se nourrit d'excréments ». ◆  En est dérivé COPROPHAGIE n. f. (1884), employé à propos des mœurs de certains insectes et d'une tendance pathologique humaine.
COPROLITHE n. m., composé (1845) avec l'élément -lithe*, est employé en paléontologie pour désigner les excréments pétrifiés d'animaux fossiles et, en médecine (1929), à propos de matières fécales présentant des concrétions pierreuses.
COPROLOGIE n. f., formé (1842) avec -logie*, dénomme l'étude des matières fécales en médecine et dans l'industrie des engrais.
COPROMANIE n. f., formé (1895) avec -manie*, est un autre terme de psychopathologie humaine, quelquefois employé par métaphore pour caractériser le style d'un écrivain (L. Daudet l'emploie à propos de Zola, Goffin à propos de L. Bloy, de même que Claudel use de stercoraire à propos du roman policier).
COPROLALIE n. f. est formé (1885) de copro- et -lalie, du grec lallein « parler », pour désigner une tendance pathologique à la parole ordurière.
COPRIN n. m. est directement emprunté (1820) au grec koprinos, « qui vit dans les excréments », pour désigner un champignon comestible à feuillets noirs qui pousse sur des excréments, des matières organiques en décomposition.
COPTE adj. et n., d'abord écrit cophte au XVIIe s., graphie employée jusqu'au XIXe s., puis copte (1732), est un emprunt au latin moderne coptita (1583), puis coptus (1636). Ce mot était lui-même pris à l'arabe qubt, nom donné aux chrétiens d'Égypte par les Arabes, au VIIe siècle. Le mot arabe est pris, soit à la langue liturgique de cette communauté, soit au grec Aiguptos (→ égyptien).
❏  Le mot qualifie ce qui est relatif aux chrétiens d'Égypte ou d'Éthiopie, appartenant à l'origine à une secte monophysite. Comme nom et adjectif, il désigne et qualifie un membre de cette communauté. ◆  Le copte n. m. désigne la langue dérivée de l'ancien égyptien, conservée par la liturgie chrétienne des Coptes.
COPULE n. f. est emprunté (1482) au latin classique copula « lien, union », spécialement « liaison de mots » et, en latin chrétien, « lien moral », « union dans le mariage », (→ couple) issu par composition d'un °co-apula dérivé en cum « avec » (→ co-) de apere « attacher » (→ apte).
❏  Le mot a eu le sens d'« accouplement charnel » qu'il a cédé à copulation. ◆  Il s'est spécialisé (1752) en logique linguistique en parlant du verbe d'un jugement exprimant une relation entre le sujet et le prédicat et d'un mot qui lie le sujet et le prédicat.
❏  Les autres mots du même groupe, si l'on excepte le terme de grammaire COPULATIF, IVE adj. (1370 ; XIVe s., en grammaire), emprunté au latin chrétien grammatical copulativus, ont tous trait à l'idée d'« union charnelle ».
■  COPULER v. intr. (1450) est emprunté à copulare, « s'unir charnellement » (chez les auteurs chrétiens), et COPULATION n. f. (1342) au dérivé latin copulatio pris au sens chrétien d'« union charnelle ».
? + 1 COQ n. m., attesté dans le Bestiaire de Philippe de Thaon (v. 1121), est d'origine incertaine. On le considère classiquement comme une formation onomatopéique, attestée dès le VIe s. en bas latin sous la forme coccus. Mais l'onomatopée est plutôt celle du cri de la poule (→ coque), le latin ayant cocococo (Pétrone) pour le cri du mâle (Cf. cocorico). P. Guiraud y voit plutôt un mot picard et anglo-normand, probablement issu du germanique cocke « tas » et croisé avec le latin coccum « couleur écarlate » (→ coccinelle, coque).
❏  Coq a supplanté l'ancien français jal, représentant du mot usuel latin gallus, qui s'est maintenu dans d'autres langues romanes (espagnol, italien gallo) [→ gallinacé], ainsi que des formes masculines correspondant à poule, tel pouil (dans fier comme un pouil, devenu par confusion ...comme un pou). ◆  Le sens premier, « mâle de la poule de basse-cour », a été étendu à d'autres mâles de gallinacés ou d'oiseaux : cocq bruerece (1317, en wallon) d'où coq de bruyère, coq d'Inde (→ dindon), coq de roche, expression appliquée à un oiseau passériforme de plumage orangé chez le mâle, et portant une huppe en forme de cimier (comparée à la crête du coq). Coq de pagode, en français d'Afrique, désigne encore un autre oiseau, voisin du coucou, le coucal. Quant au mâle de la poule, il est, sur le plan culinaire, moins utilisé que le poulet* (voir aussi coquelet, ci-dessous) mais donne lieu à des recettes spécifiques (coq au vin, notamment). ◆  Le mot a développé de nombreux emplois par comparaison avec l'un des attributs de l'oiseau : forme, couleur, cri, comportement. Il désigne en particulier toute représentation imagée de l'animal, du coq gaulois, emblème national de la France, par un jeu de mots latins sur gallus « gaulois » et gallus « coq », au coq du clocher, girouette formée par un coq représenté de profil. Il entre dans des comparaisons (rouge comme un coq), des locutions (être comme un coq en pâte, 1672, avec un sens douteux, aujourd'hui « être bien traité, mener une vie douillette »), et des dénominations ironiques : ainsi, un homme se donnant des airs d'importance se voit taxer de coq, et plus précisément de coq de village (1549). La plupart de ces emplois sont péjoratifs, en référence à l'instinct de domination virile du coq. ◆  Coq a aussi reçu quelques sens spécialisés : il est employé en botanique (1393), où il donne son nom à une plante aromatique, probablement par déformation de l'ancien français cost (1150). Il est également employé en horlogerie (1641) pour un pont de balancier. ◆  Depuis 1924, il est employé en boxe dans poids coq, qui a remplacé l'anglicisme plus ancien poids bantam. ◆  Par emprunt à l'anglais cock, ancien dans ce sens, le mot a le sens figuré de « sexe masculin, pénis » en français de l'île Maurice.
❏  Comme nom d'animal, le mot a produit les noms du jeune coq COCHET n. m. (déb. XIIIe s.), COCHELET n. m. (variante régionale du précédent) et, plus récemment (1790), COQUELET n. m. Ce dernier est surtout utilisé à propos de l'animal destiné à être mangé ; usuel dans la restauration, il y est plus valorisé que poulet et ne désigne pas toujours ce qu'il devrait, à savoir le jeune coq non châtré.
■  COQUARD n. m., d'abord quoquart (v. 1300), est l'ancien nom du vieux coq, spécialisé aujourd'hui en « oiseau issu du croisement du faisan et de la poule ».
■  Le nom du coq demi-châtré est COCÂTRE ou COQUÂTRE n. m. (1450, comme adjectif ; 1690, comme nom avec son sens moderne).
■  Pour désigner le cri du coq, on a formé sur coq l'onomatopée COQUERICO (1547, coquerycoq ; av. 1550, coquelicoq) refaite au XIXe s. en COCORICO (1862). ◆  Coquerico a servi à former le verbe COQUERIQUER v. intr. (1771 ; 1625, coqueliquer) avec la variante ancienne coqueliner (1752 ; 1611, autre sens), auxquels s'ajoute COQUETER v. intr., dès le XVIe s., « caqueter, de la poule », directement dérivé de coq.
Coq a aussi produit deux noms de métiers : le désuet COQUETIER n. m. « marchand d'œufs et de volailles en gros » (1307 ; aussi coquassier, 1546) et un nom plus récent, apparu dans le nord de la France, COQUELEUX n. m. (1876) refait en COQUELEUR (1935), « éleveur de coqs de combat ».
D'autres dérivés font référence au comportement de l'animal et s'appliquent aux personnes : il s'agit de COQUEBIN n. m. (1425, coquebert ; cokebert, au XIIIe s.) « jeune garçon naïf et niais », qui empiète sur les emplois figurés de coquelet et de coquard. ◆  COQUET, ETTE adj. et n. est un diminutif beaucoup plus courant de coq. Ce dérivé est enregistré en 1611 au féminin (COQUETTE n. f.) pour désigner une femme bavarde, une commère polissonne ; son masculin coquet est attesté peu après (1643, Scarron) à propos d'un homme qui cherche à plaire, à séduire. Depuis, le mot a été utilisé au féminin (du XVIIe au XIXe s.) avec le sens péjoratif de « femme intrigante et frivole » ; au théâtre, on appelait spécialement coquette ou grande coquette le principal rôle féminin de séductrice et d'intrigante dans les comédies de caractère (Célimène dans Le Misanthrope et Elmire dans Tartuffe de Molière, Rosine dans les pièces de Beaumarchais). Au XVIIIe s., on appelait aussi la coquette la « mouche » que les élégantes se fixaient sur la lèvre. Dès 1643 (Scarron), le mot, adjectivé, qualifie celui ou celle qui cherche à plaire. ◆  Le sens moderne de coquet, « séduisant par sa mise, élégant » est apparu vers 1743 ; par métonymie, il qualifie un lieu, un objet et, par une extension analogue à celle de joli, beau, il prend la valeur intensive d'« important » (somme coquette). ◆  Il a lui-même produit COQUETTEMENT adv. (1770), COQUETER v. intr. (1611), « se pavaner, comme le coq parmi les poules » puis (1638) « faire des coquetteries, flirter » (aujourd'hui vieilli ou littéraire) et COQUETTERIE n. f. (1651). Ce mot est passé du sens de « souci de se faire valoir pour plaire notamment aux personnes de l'autre sexe » (1651) au sens plus courant de « goût de plaire par ses vêtements, sa mise » (1672).
■  Coq, dans ses acceptions techniques, a produit le terme de botanique COQUERET n. m. (1545) « physalis », d'après la couleur rouge de son fruit (→ coquerelle, à coque), et son homonyme le terme d'horlogerie COQUERET n. m. (1804, à Neuchâtel).
■  Par une métaphore assez obscure, le dérivé 2 COQUERELLE n. f. s'emploie en français québécois (attesté en 1867) pour « insecte marcheur des habitations, notamment, blatte, cafard ». On peut y voir une déformation de l'anglais cockroach.
■  Quant à COQUELOURDE n. f., « anémone pulsatille » (1539), mot qui avait désigné en ancien français une personne niaise (1328) ainsi qu'un gobelet (XVe s.), il est difficile de dire s'il se rattache à coq ou à coque (pour cloque*, à cause des variantes herbe aux cloques, cloquelourde).
■  Le composé COQ-À-L'ÂNE n. m. est apparu au XVIe s. et vient de la locution saillir du coq à l'âne (1370), refaite au XVe s. en sauter du coq à l'âne. Au XVIe s., on a donné ce nom (1536) à une épître satirique et burlesque dont l'invention est attribuée à Marot (1531, Épistre du Coq en l'Asne).
❏ voir COQUECIGRUE, COQUELICOT.
2 COQ n. m. est emprunté (1671) au néerlandais kok « cuisinier », à l'époque de la suprématie de la navigation hollandaise. Comme le français queux (1080, cous ; XIIe s., queu), kok est issu du latin cocus, altération tardive de coquus « cuisinier », dérivé de coquere (→ cuire).
❏  Coq désigne le cuisinier à bord d'un bateau. À la différence de l'anglais cook, de l'allemand Koch et de l'italien cuoco, le mot et son doublet synonyme queux sont quasiment inusités (sauf plaisamment dans maître-queux) depuis la généralisation de cuisinier.
❏  COQUERIE n. f. (1831), dérivé de coq peut-être sous l'influence de l'anglais cookery « lieu où l'on cuisine » (XVIe s.), est un mot technique pour la cuisine aménagée dans un port, qui permet aux coqs de cuisiner pour l'équipage.
? COQUE n. f. (v. 1278) est d'origine obscure. L'hypothèse la plus communément admise est celle d'une évolution sémantique du latin impérial coccum qui désigne le kermès, cochenille parasite des rameaux de certains arbres, formant une petite excroissance globuleuse ressemblant à une graine ; par analogie avec celle-ci, le mot aurait servi à désigner divers objets arrondis (→ coccinelle). Une seconde hypothèse fait venir coque du latin cocca, attesté au XIe s. au sens de « coupelle, vase hémisphérique » et considéré comme une altération graphique de concha (→ conque). Enfin, il ne faut pas exclure l'hypothèse d'une formation expressive selon laquelle coque serait l'onomatopée enfantine du cri de la poule et aurait servi à l'origine à désigner l'œuf (→ aussi 1 coq).
❏  Le mot, désignation de l'enveloppe rigide de certains fruits (noisettes, etc.), s'est bientôt étendu à l'enveloppe calcaire de l'œuf (1306). L'usage a longtemps hésité entre coque et coquille : coquille*, en parlant de l'œuf et des fruits, s'est imposé mais coque reste obligatoire dans œuf à la coque et possible dans coque de noix au sens figuré de « chose sans valeur », « petit bateau ». ◆  Au début du XIVe s., le mot s'applique à un coquillage marin mais le contexte ne permet pas de dire s'il s'agit du coquillage que nous nommons encore ainsi (1751 ; peut-être 1611). ◆  Par emprunt à l'ancien occitan languedocien coga, le mot s'est employé dans le sud-ouest de la France à propos d'une pâtisserie ovale, parfois en couronne (une coque aux pignons). À Lyon, dans le Rhône, d'après les dialectes franco-provençaux, le mot désigne (1785) une tranche de pain trempée dans du lait et des œufs, puis frite (ailleurs appelée pain perdu). ◆  Plusieurs sens analogiques sont apparus au XIXe s., notamment en habillement où coque désigne un ornement de vêtement ou de chapeau constitué de plusieurs nœuds (1828) et, en coiffure, une boucle de cheveux formée en coque (1832). ◆  À la même époque (1834), coque s'emploie à propos de la carcasse d'un navire, puis, par extension au XXe s., de celle d'autres véhicules : l'avion (1929) et l'automobile (1951), avec les composés MONOCOQUE, MULTICOQUE adj. et n. m., qualifiant et désignant des bateaux (voir aussi catamaran).
❏  COQUETIER n. m. (1524), avec intercalation d'un t d'après les suffixés dans lesquels le t appartient au radical, a évincé les formes légèrement plus anciennes coquatière, cocatière et la forme féminine coquetière (1558). Le mot désigne l'ustensile de table servant à manger les œufs à la coque et, par analogie, une chose ayant la même forme.
■  COQUETIÈRE n. f. a été reformé (1786) pour désigner l'ustensile servant à cuire les œufs à la coque, et COQUETIER a été recréé au XXe s. avec le sens de « pêcheur de coquillages appelés coques ».
■  1 COQUERELLE n. f. (1600) se rattache peut-être en partie à coq comme terme de botanique (→ coqueret), mais procède certainement de coque pour son sens de « noisette dans sa capsule verte » auquel se rattache son emploi en héraldique (1673) pour une figure représentant trois noisettes dans leur capsule.
■  Enfin, coque a fourni le second élément de plusieurs composés en botanique (dicoque, tricoque, tétracoque, multicoque, etc.).
❏ voir COCARD, COCON, COQUECIGRUE.
? COQUECIGRUE n. f., apparu en 1532 chez Rabelais (au pluriel coques cigrues) qui l'emploie aussi dans Gargantua (1534) dans la locution à la venue des coquecigrues « jamais », est d'origine obscure. On y reconnaît peut-être les noms d'animaux coq, grue, voire le ci- de cigogne. Selon P. Guiraud, il viendrait de coque au sens de « coquille, objet sans valeur », synonyme du latin ciccum « pellicule de grenade, zeste » d'où « rien », et, pour la finale, de l'ancien français gruer « attendre » : une coquecigrue serait proprement « l'attente de rien ». L'hypothèse d'une adaptation du latin médiéval coccygna, représentant le terme de botanique du latin classique coccygia désignant un arbre, n'est étayée par aucun fait précis.
❏  Le mot a désigné un oiseau imaginaire monstrueux. Comme chimère, il a reçu le sens figuré de « illusion, fantasme » d'où, spécialement, « baliverne » (avec une extension métonymique pour « personne qui raconte des sottises »). Il relève d'un usage archaïsant ou burlesque.
COQUELICOT n. m., d'abord coquelicoq (1545), coquelicoz (au pluriel, 1547), est la variante de l'ancien français coquerico qui est lui-même l'ancienne forme de cocorico, l'onomatopée du cri du coq. Coquerico, d'abord utilisé pour désigner le coq (1339) a aussi servi à désigner la fleur rouge des champs (XVIe s.) pour sa ressemblance avec une crête de coq.
❏  Le mot a repris et gardé le sens de « fleur rouge vif » qu'avait coquerico. Par comparaison ou métonymie, il est employé pour des objets caractérisés par leur rougeur, en particulier les joues et, en argot ancien, un œil poché par un coup de poing.
? COQUELUCHE n. f. (1414) est d'origine obscure : on ne peut guère y voir une altération d'après capuche* de l'ancien coquille, indirectement attesté au sens de « coiffe » par son dérivé coquillier (du XIIIe au XVIe s.), compte tenu de l'origine et de la date d'apparition de capuche. Il est cependant possible que coqueluche soit formé d'après coque* ou coquille*, mais au terme d'un processus inexpliqué.
❏  Le passage du sens ancien, « sorte de capuchon », au sens moderne de « maladie infectieuse caractérisée par un rhume, des maux de tête et par une toux tenace » (av. 1453) n'est pas plus clair que l'étymologie du mot : d'après les premiers témoignages, on peut supposer que le nom de la maladie lui vient de ce qu'elle s'en prend directement à la tête et que de nombreux malades se couvraient d'un capuchon, ou bien la sentaient lourde et chaude comme s'ils avaient porté un capuchon. En tout cas, une étymologie populaire est intervenue, appelant cette sorte de toux chant du coq. Quant à déterminer s'il s'agit bien, dès 1453, de la maladie infectieuse infantile que nous nommons coqueluche (clairement définie en 1792), cela n'est pas établi. Il semble que Richelet (1680) décrive bien la maladie moderne, alors également appelée quinte. ◆  À partir de 1625, le mot a développé le sens figuré de « personne dont tout le monde s'éprend » dans être la coqueluche de... (on disait aussi prendre la coqueluche pour qqn « en être amoureux »), sens où coqueluche signifie « capuchon » et qui procède du même emploi métaphorique que être coiffé, toqué de (Cf. coiffe, toque).
❏  L'ancien sens de coqueluche s'est prolongé dans COQUELUCHON n. m. (fin XVe s.) « petit capuchon », quelquefois employé, après une description métaphorique de Buffon, à propos des plumes recouvrant la tête des oiseaux (fin XVIIIe s.).
■  Le sens médical a produit COQUELUCHEUX, EUSE adj. et n. (1869), « atteint de la coqueluche ».
COQUEMAR n. m. pourrait venir du bas latin cucuma, mais l'existence du mot néerlandais kookmoor a été aussi évoquée.
❏  Le mot désigne depuis le moyen âge (1280) une bouilloire à anse. Le mot est devenu archaïque, sauf dans quelques régions et en français d'Acadie, où il s'emploie pour « bouilloire », en général.
❏  COQUELLE n. f. (1750) semble tiré du radical de coquemar, pour désigner dans le Centre et dans la zone franco-provençale une cocotte en fonte ou une casserole.
COQUERET → 1 COQ
COQUET → 2 COQ
COQUILLE n. f., d'abord corquille (v. 1170) puis coquille (1267-1268), est issu d'un latin vulgaire °conchilia, neutre pluriel pris comme féminin du latin classique conchylium « coquillage » et « pourpre » en particulier. Le mot est emprunté au grec de même sens konkhulion, diminutif de konkhê (→ conque), et croisé avec le latin coccum (→ coque).
❏  Apparu avec l'ancien sens figuré de « chose sans valeur », coquille désigne proprement (1267-1268) un mollusque et sa coque. La dénomination particulière coquille Saint-Jacques s'explique par le fait que les pèlerins allant à Saint-Jacques-de-Compostelle fixaient une valve de ce coquillage à leur manteau et à leur chapeau (usage imité par ceux de Saint-Michel et par les coquillards [voir plus loin]). Comme conque, coquille désigne par métonymie le motif ornemental et architectural représentant une coquille. Par l'intermédiaire de locutions comme en coquille, il s'est étendu à tout objet de forme analogue (1376 ; dès 1362, en latin médiéval coquilhia) et, par métonymie, à un mets servi dans une coquille ou dans un récipient creux portant ce nom. ◆  Moins par analogie de forme que de destination, coquille désigne un appareil de protection du bas-ventre dans les sports de combat. ◆  Dans le règne naturel, l'appellation s'est étendue à d'autres animaux que les mollusques (1393), puis, par confusion avec coque*, aux œufs (1393) et aux enveloppes dures de certains fruits : il y est de moins en moins concurrencé par coque, qu'il a quasiment éliminé.
■  Le sens figuré inattendu de « faute d'imprimerie » (1723) s'expliquerait soit par l'ancienne locution (1350) vendre ses coquilles « tromper » (en vendant des choses sans valeur), soit par allusion aux fausses coquilles Saint-Jacques de prétendus pèlerins ou, encore, à la forme de certaines lettres retournées ; aucune de ces explications n'est sûre.
❏  COQUILLETTE n. f. (fin XIIIe s.), employé en ancien français au sens de « petite coquille », a été repris (déb. XXe s.) à propos de pâtes en forme de petites coquilles creuses.
■  Avec un autre suffixe, on a formé 1 COQUILLARD n. m. (1455, coquillar). Historiquement, le mot désignait un mendiant qui se faisait passer pour un pèlerin de Saint-Jacques en fixant des coquilles à son vêtement. C'est peut-être là l'origine du nom donné aux malfaiteurs (XVe s.) appartenant à une bande ayant ses apprentis, son maître et son chef, nommé Roi de la Coquille. Entre autres méfaits, les coquillards mettaient en gage des bijoux truqués, c'est pourquoi on a aussi voulu voir dans leur nom un dérivé de coquille au sens de « chose fausse, tromperie ». ◆  Un homonyme 2 COQUILLARD, ancien nom de l'œil en argot (encore dans se tamponner le coquillard, 1878), serait issu par métaphore de coquille. L'argotier Rigaud en fait une variante de cocart-cocard et certaines hypothèses le rattachent à d'anciens sens obscènes de coquille « membre viril » et « sexe de la femme ».
■  COQUILLIER, IÈRE adj. (1571), « en forme de coquille », assume également les sens de « qui contient des coquilles » (1752), spécialt dans calcaire coquillier, « contenant des coquilles fossiles », et par ailleurs celui de « qui concerne les coquillages comestibles ». Il est substantivé au masculin pour une collection de coquilles (1743).
■  COQUILLAGE n. m. (1573) fait défaut à sa vocation de collectif pour désigner, tout comme coquille, des mollusques (et par métonymie sa chair comestible) et la coquille seule, employée à des fins d'ornement. Il est devenu plus usuel que coquille, dans cet emploi.
■  COQUILLART n. et adj. (1723) est le nom donné en géologie à un calcaire renfermant des coquilles fossiles.
■  Le verbe COQUILLER v. intr. s'est dit (1845) d'un tissu formant des boursouflures, puis du pain, le mot demeurant technique. ◆  COQUILLÉ, ÉE adj. (XIXe s.) se dit seulement d'un tissu.
❏ voir COQUELUCHE.
? COQUIN, INE n. et adj., apparu au XIIe s. comme nom (1174-1191) est d'origine obscure : il est en effet difficile d'envisager comme étymon l'adjectif latin coquinus « de la cuisine » qui aurait été substantivé au sens de « marmiton ». Cette hypothèse est pourtant recevable d'un point de vue sémantique si l'on pense que l'ancien français cuistron, coistron désignait à la fois un marmiton et, par péjoration, un bâtard, mais elle ne repose que sur une attestation isolée de coquinus en un sens péjoratif (Plaute) ; en outre, le nom médiéval coquinus « mendiant » semble une latinisation du français. D'un point de vue morphologique, il faut ajouter que coquin supposerait une formation demi-savante, peu en accord avec les formations toutes populaires des mots français issus de dérivés du latin coquere (→ cuire). L'hypothèse soutenue par Wartburg d'une dérivation de coq* fait difficulté d'un point de vue sémantique, et celle de coque* pris pour coquille* au sens de « mendiant, coquillard » pose un problème de chronologie.
❏  Quoi qu'il en soit, coquin est utilisé tout au long du moyen âge pour désigner un gueux, un mendiant, quelqu'un de très basse condition. Au XVIe s., toujours selon l'idée dominante d'une extrême pauvreté, il est employé au figuré pour désigner qqn ou qqch. qui manque de tout, ne possède rien en propre. Dès le XVIe s. (1548), il est aussi employé comme simple dépréciatif (coquins de vieillards !) et avec le sens moderne affadi de « celui qui a commis une petite faute, espiègle » (dans petit coquin, v. 1550). Ce sens semble avoir disparu de l'usage classique et avoir été repris au XXe siècle. ◆  Le XVIIe s. développe une conception différente du coquin, qui cesse de se caractériser par sa condition sociale pour se définir par des actions viles, infâmes (1611). Le passage de l'idée d'extrême pauvreté, de mendicité à celle de malfaisance est aussi réalisé par truand*. Coquin fonctionne alors comme synonyme de poltron ou de libertin, et, au féminin, de garce avec des connotations érotiques (1611). Il entre dans la construction coquin de, servant à qualifier ce qui est jugé malicieux, avec une idée soit de séduction, soit de tromperie. Le sud de la France l'utilise en particulier dans la locution coquin de sort !, qui semble avoir vieilli.
■  L'emploi adjectif de coquin, apparu vers 1547, suit l'évolution sémantique du nom : du sens premier de « digne d'un gueux », il passe dès le XVIe s. aux sens modernes de « enclin à la sexualité » (1548) et simplement « espiègle, malicieux » (v. 1550).
■  Cependant, la connotation principale de coquin est celle de la malhonnêteté, notamment en matière d'argent ou en politique (les copains et les coquins).
■  COQUINE possède, plus que le masculin, une connotation d'« enjôleuse » sous l'influence de son emploi substantif, et par attraction de coquette. Ce féminin a connu des valeurs argotiques autour de l'idée de transgression sexuelle (masculine) : « homosexuel » (1873), d'où l'idée de traîtrise, avec le sens de « dénonciateur », Cf. donneuse.
❏  COQUINERIE n. f. (1330-1332) est passé de l'ancien sens de « mendicité » au sens moderne de « malice, fourberie » (1578) avec des connotations de tromperie ou de libertinage érotique. On rencontre parfois COQUINISME n. m., quasi-synonyme, de valeur plus active. COQUINEMENT adv. (1576) et COQUINET, ETTE n. (1761) sont peu usités. ◆  Le verbe COQUINER, intrans. « agir en coquin », s'emploie en Acadie pour « tricher (au jeu, en affaires) ».
Le composé ACOQUINER v. tr. (1530), de a- et -coquin, a eu, dans l'usage classique, le sens de « donner de mauvaises habitudes à qqn » (en construction transitive). L'usage moderne emploie surtout la forme pronominale, non plus au sens ancien de « vivre en concubinage », mais de « se lier à une personne peu recommandable » (1690). Ses dérivés ACOQUINANT, ANTE adj. (1762) et ACOQUINEMENT n. m. (1858 dans Richard de Radonvilliers) sont tombés en désuétude.
L COR n. m., d'abord corn (1080), est issu du même mot latin que corne*, mais celui-ci provient de corna, singulier collectif, réduction de cornua, pluriel neutre de cornu, alors que corn (plus tard cor) est issu du singulier individuel cornu « corne », d'où « objet en corne, en forme de corne », spécialement « corne du pied des animaux » et « instrument de musique à vent ». La différenciation de sens s'est effacée, et corne et cor se sont trouvés en concurrence (Cf. pour le même type de phénomène, feuille et feuil qui n'a survécu que dans cerfeuil).
❏  Cor a été supplanté par corne au sens de « corne d'animal ». Cependant, la langue de la chasse, qui offre des archaïsmes remarquables, l'a conservé pour désigner les andouillers du cerf dans l'expression cerf dix cors, utilisée pour déterminer l'âge de l'animal (six ans, en l'occurrence). ◆  Le mot s'est en revanche maintenu au sens d'« instrument de musique » : il apparaît dans la Chanson de Roland pour désigner l'olifant de Roland, taillé en forme de corne et dans une « corne » (défense d'éléphant). Dans le vocabulaire de la chasse à courre, il a été éliminé par trompe (de chasse), mais la langue courante n'emploie guère que l'expression cor de chasse. De cet emploi vient l'expression usuelle à cor et à cris « à grand bruit ». On notera l'emploi parallèle de corne* pour des instruments qui servent de moyens d'appel. Dans des syntagmes, le mot désigne en outre plusieurs instruments de musique classique : cor d'harmonie (en ut), cor chromatique (en fa), appelé simplement cor dans les orchestres. ◆  Cor anglais ne désigne pas un cuivre mais un hautbois alto ; il correspond à l'anglais English horn (1838), terme qui s'oppose à French horn « cor d'harmonie » et à l'italien corno inglese ; l'origine de cor anglais, enregistré par Bescherelle (1845), n'est pas élucidée.
■  Si la métonymie désignant la matière des cornes d'animaux s'est portée en général sur corne, cor est resté comme dénomination des indurations qui affectent les pieds (1575). Au total, cor, hors trois sens isolés, a été largement supplanté par corne.
❏ voir CORON.
CORA ou KORA n. f. est un emprunt à un mot largement répandu dans plusieurs langues d'Afrique de l'Ouest.
❏  Ce mot désigne un instrument de musique à cordes pincées, à long manche, et dont le résonateur est une calebasse tendue d'une peau (L. S. Senghor écrit kora).
L CORAIL, AUX n. m., d'abord coral (av. 1150), puis courail (1328) avant corail (1416), est issu du bas latin corallum, altération du classique corallium. Ce dernier est un emprunt au grec korallion (également kouralion et kôrallion), mot lui-même probablement emprunté. On a proposé d'y voir une dérivation de korê alos « fille de la mer », par calque sémantique d'une expression indienne analogue ou bien un emprunt sémitique, sur la base du mot hébreu gȯrāl « petite pierre ». La forme française actuelle en -ail est une réfection de l'ancien coral à partir du pluriel en -aux, qui ne l'emportera définitivement qu'au XVIIIe siècle.
❏  Le mot désigne un organisme marin des mers chaudes qui sécrète un squelette calcaire arborescent, longtemps assimilé à tort à un végétal, et surtout, par métonymie, la matière calcaire qu'il sécrète, employée en bijouterie. Il est aussi employé (1549) comme nom de couleur, spécialement dans serpent corail, elliptiquement corail (1775). ◆  Une spécialisation due à la couleur applique le mot à la substance rouge des coquilles Saint-Jacques et des oursins. ◆  En français de Polynésie, soupe de corail se dit d'un matériau fait de débris coralliens et de sable, utilisé comme revêtement.
❏  Il a servi à former CORAILLEUR, EUSE adj. et n. (1679), « personne qui pêche le corail » et (1869) « bateau utilisé pour la pêche au corail », par ellipse de navire corailleur (1829).
■  L'ancienne forme coral est à la base de l'adjectif littéraire CORALLIN, INE (1509), « rouge corail », et de CORALLIEN, IENNE adj. (1866), « formé de coraux ».
■  CORALLINE n. f. (1567), qui désigne une algue marine rouge à concrétion calcaire, est l'adaptation du latin scientifique corallina (1536), dérivé savant de corallum. Il est passé en chimie comme dénomination d'une substance colorante rouge (1835).
■  CORALINE n. f. (1694) est un autre nom de bateau affecté à la pêche au corail.
CORAN n. m. est emprunté (XIVe s.) à l'arabe qur᾿ān « lecture », spécialement « la lecture par excellence, soit le livre sacré de l'Islam ». Le mot est dérivé d'un verbe qara᾿a signifiant « lire, réciter ». Le moyen français a eu la forme alchoran et alcoran (fin XVe s.), avec soudure de al- qui représente l'article arabe (→ alchimie, alcool, algèbre), peut-être d'après l'espagnol alcoran (XIIIe s.). Par suppression de al-, le XVIIe s. a introduit la forme moderne koran (1657) puis coran.
❏  Le mot désigne le livre sacré des musulmans. Par le même type d'extension figurée que bible, mais dans une moindre mesure, il est employé littérairement au sens de « livre de chevet, code moral ou religieux ».
❏  CORANIQUE adj. a été refait à partir de coran (1877, Renan), longtemps après l'abandon du moyen français alcoranique (1575).
L CORBEAU n. m., d'abord corbiaus (XIIe s.), est issu par voie orale d'un latin populaire °corbellus, diminutif d'un °corbus lui-même à l'origine de l'ancien français corp, au pluriel cors (v. 1120), que corbeau a évincé. Ce °corbus pourrait être une variante dialectale du latin classique corvus (qui a donné l'italien corvo, le portugais corvo, le castillan cuervo) et aurait été importé en Gaule par des colons originaires des régions d'Italie où l'on relève ce passage de -rv- à -rb- (Toscane). Corvus, de même origine expressive que cornix (→ corneille), désigne en latin non seulement l'oiseau mais, par analogie de couleur, un poisson noir et, par analogie avec le bec de l'oiseau, un scalpel et une machine de guerre en forme de grappin.
❏  Le mot, non pas en ornithologie mais dans la langue commune, désigne plusieurs oiseaux de la même famille (freux, corneille, etc.), le grand corbeau étant devenu très rare en France aujourd'hui. ◆  Par analogie avec le bec de l'oiseau, il désigne (1230) en architecture une grosse pierre faisant saillie sur un mur et destinée à supporter une partie qui dépasse, dite encorbellement (ci-dessous). Par latinisme (1567, en antiquités romaines), il se dit aussi d'un grappin d'abordage utilisé autrefois sur les galères. ◆  Au XIXe s., le symbolisme de l'oiseau se chargeant de valeurs négatives (oiseau noir, de mauvais augure), il a reçu dans la langue populaire plusieurs significations péjoratives : il désigne un prêtre en soutane noire (1829), sens diffusé par l'anticléricalisme militant à la fin du XIXe s., puis un croque-mort, voire un homme sans scrupule acharné au gain (1882) et, spécialement (XXe s.), un auteur de lettres ou coups de téléphone anonymes.
❏  L'ancien synonyme de corbeau, CORBIN n. m. (XIIe s.), hérité de l'adjectif latin corvinus « du corbeau », a seulement survécu comme terme technique dans bec de corbin et comme adjectif, pour qualifier un nez ou un bec. ◆  Son féminin CORBINE n. f. (XVIIIe s., Buffon) a désigné la corneille dans certaines régions.
■  Le petit du corbeau est appelé CORBILLAT n. m. (XVIe s.) ou CORBILLOT (d'usage rare). ◆  D'après l'ancienne forme de corbeau, corbel, pris comme terme d'architecture, on a formé encorbellement*.
■  Le synonyme populaire de corbeau, CORBAC n. m. a surtout été employé pour « prêtre », puis a vieilli.
❏ voir CORMORAN, ENCORBELLEMENT.