COSAQUE n. et adj. est un emprunt à l'ukrainien Kozak, passé en français par le polonais, et originaire du türk.
❏
Cet ethnique concerne une population de nomades guerriers du S.-E. de la Russie et de l'Ukraine (Dniepr, Don), puis (1606) des cavaliers de ce peuple dans l'armée russe. Répandu après les guerres du Ier Empire, le mot s'est employé au XIXe s. comme n. et adj., pour « brutal, violent » (Cf. hussard).
COSMÉTIQUE adj. et n., une première fois commatique (1363), repris sous sa forme moderne au XVIe s. (1555), est emprunté au grec kosmêtikos, adjectif dérivé de kosmos (→ cosmos) dans son sens d'« ornement ». Kosmêtikos, « apte à orner, propre au soin de la parure », est également substantivé en kosmêtikê (sous-entendu tekhnê) « art de la parure, de la toilette ».
❏
Le mot, relevé une fois chez les médecins médiévaux, est repris au
XVIe s. en emploi adjectif pour « ornemental ». Il est substantivé avec l'idée de « ce qui entretient la beauté, embellit la peau, les cheveux », désignant, d'abord au masculin, un tel produit, en particulier au
XIXe s. une pommade qui fixe les cheveux et les moustaches.
◆
Le féminin substantivé (1754,
Encyclopédie) désigne la partie de l'hygiène traitant de l'usage des cosmétiques.
■
Un sens figuré emprunté à l'anglais correspond à « superficiel, destiné à être perçu plus qu'à avoir des effets réels », et s'applique à des mesures, à une activité annoncée...
❏
Dans cet emploi, le mot est concurrencé par le composé scientifique
COSMÉTOLOGIE n. f. (v. 1845) dont on a tiré
COSMÉTOLOGUE n. (1896).
■
De cosmétique ont été dérivés le verbe rare COSMÉTIQUER v. tr. (1876), « enduire de cosmétique », et le nom de métier COSMÉTICIEN, IENNE n. (v. 1950).
COSMOPOLITE adj. et n. est emprunté (1560) au grec kosmopolitês, proprement « citoyen du monde », de kosmos (→ cosmos) et politês « citoyen » (→ police).
❏
Le mot a longtemps gardé le sens de « personne qui se déclare citoyen du monde ». L'usage moderne l'emploie surtout adjectivement (1784), spécialement en botanique pour une espèce largement répartie puis couramment (1825) pour ce qui subit, comprend les influences de divers pays, les personnes qui s'accommodent de tous les pays, de mœurs nationales variées (1831, mais antérieur). Retenant cette valeur mais y ajoutant le concept originel d'internationalisme, le mot a été utilisé par la droite politique (Barrès, Maurras) en opposition péjorative à nationaliste.
❏
COSMOPOLITISME n. m. (1823), évinçant COSMOPOLISME n. m. (1739) « doctrine cosmopolite », évoque plutôt un mode de vie brillant emprunté à diverses sociétés internationales, avant d'être employé péjorativement, en opposition à nationalisme, pour caractériser l'attitude de l'élite internationale, non sans connotations xénophobes et antisémites, sur le thème de la ploutocratie bancaire (fin XIXe s., notamment). Ces valeurs péjoratives tendent à disparaître.
1 COSMOS n. m. est emprunté (1847), par l'intermédiaire de l'allemand Kosmos, au grec kosmos exprimant originellement une idée d'ordre, de mise en ordre, diversement réalisée dans les sens d'« ornement », « forme, organisation d'une chose », notamment avec des valeurs militaires, politiques (« organisation », « constitution ») et, moralement, au sens de « gloire, honneur ». D'autre part, par le même processus observé pour le latin mundus (→ monde), kosmos désigne, chez les philosophes, l'ordre du monde, l'univers et, en grec tardif, le monde habité, les humains. L'origine du mot est obscure ; malgré la difficulté phonétique, le rapprochement le moins improbable concerne le latin censere « être d'avis, conseiller » (→ censeur), le sanskrit çáṃsati « il récite ».
❏
Seul le sens d'« univers » a été repris par le français, d'abord dans la traduction de l'ouvrage de Humboldt,
Essai d'une description physique du monde.
◆
Depuis 1959, d'après le russe de même origine
kosmos, cosmos désigne l'espace extraterrestre où se déplacent les engins spatiaux.
Un autre sens du mot grec, « ornement », est la base du terme de botanique 2 COSMOS (1838), nom d'une plante ornementale, d'abord formé en latin scientifique par le botaniste espagnol A. J. Cavanilles (1745-1804).
❏
1 Cosmos a fourni, avec
cosmo-, le premier élément de nombreux composés savants. Les plus anciens,
COSMOGRAPHIE n. f. (1512),
COSMOLOGIE n. f. (1582), par le latin scientifique
cosmologia, et
COSMOGONIE n. f. (1595), sont introduits au
XVIe s., par emprunt à des composés grecs.
◆
Cosmogonie s'applique surtout aux théories mythiques ou intuitives de la formation de l'univers.
Cosmographie désigne l'astronomie descriptivede position.
Cosmologie, sous l'influence de l'anglais a pris au
XXe s. le sens de théorie générale de la matière dans l'espace-temps. La
cosmographie moderne étudie la structure géométrique globale de l'espace-temps.
◆
Les adjectifs
cosmologique (1582),
cosmogonique (1542) sont en usage.
◈
D'autres composés sont apparus en nombre au
XXe s., tels
COSMOBIOLOGIE n. f. (
XXe s.),
COSMO-TELLURIQUE adj. (1928),
COSMOVISION n. f. (
XXe s.),
COSMOGENÈSE n. f. (1955).
■
COSMONAUTE n. (1934), COSMODROME n. m. (1961) ont été formés sous l'influence du russe, cosmonaute étant employé pour les expériences soviétiques et concurrencé par astronaute.
◈
L'adjectif correspondant à
cosmos, COSMIQUE, est plus ancien. Il est emprunté (v. 1380) au dérivé grec
kosmikos. Terme d'astronomie, il a reçu dans le style littéraire, le sens figuré hyperbolique de « universel, hors des normes terrestres » (1862, Hugo,
amour cosmique).
■
En sont dérivés COSMIQUEMENT adv. (v. 1380), les termes didactiques COSMICITÉ n. f. (1957) et COSMICIEN n. m. Ce dernier s'est employé v. 1900 à propos des physiciens qui, étudiant les rayons cosmiques, abordaient le domaine subatomique (on parlera plus tard d'atomistes et de physiciens nucléaires).
❏ voir
COSMÉTIQUE, COSMOPOLITE, MACROCOSME, MICROCOSME.
COSSARD, ARDE adj. et n., terme familier d'introduction tardive (1898, Almanach du Père Peinard), est probablement dérivé de cossu (→ cosse) par changement de suffixe, le cossu étant suffisamment riche pour se permettre de ne pas travailler et d'être fainéant.
❏
2 COSSE n. f. « paresse » (1900) est probablement le dérivé régressif de cossard sur le modèle de flemme qui provient de flemmard. Selon Esnault, il serait plutôt dérivé de COSSON n. m. (v. 1100, kuçun) « coléoptère vivant sous l'écorce de certains arbres », de nombreux noms d'insectes exprimant la paresse ou l'inactivité (bourdon, cafard, grelot) mais cette hypothèse n'est pas appuyée sur un usage figuré de cosson au XIXe siècle. Cosson est hérité d'un bas latin °cossone, dérivé du latin impérial cossus « ver du bois », mot sans étymologie connue.
?
1 COSSE n. f. d'abord kuss (fin XIe s.) puis cosse (v. 1225), est d'origine douteuse, probablement d'un bas latin °coccia, forme altérée de cochlea ou coclea (→ cuiller) « colimaçon » et « objet en forme de colimaçon ». Ce dernier est emprunté, avec changement de genre, au nom grec de même sens kokhlias, dérivé de kokhlos, nom de coquillages gastéropodes marins qui se rattacherait lui-même à konkhê (→ conche, conque). P. Guiraud voit plutôt dans cosse le représentant d'un gallo-roman °costeus dérivé de costa « côté, flanc » (→ côte).
❏
Le mot désigne l'enveloppe contenant les graines des légumineuses et, par extension, d'autres végétaux comme la châtaigne, le genêt, l'ajonc (fin
XIVe s.). Son emploi comme dénomination d'un anneau métallique en marine (1552) serait un emprunt distinct au néerlandais
kous, lui-même emprunté à l'ancien picard
cause, correspondant à
chausse* « bas ».
■
L'évolution est obscure ; on a proposé d'expliquer le sens technique d'après l'idée que l'anneau « chausse » le cordage qui y passe. Toutefois la coexistence en cosse de deux homographes d'origine différente n'est pas certaine, la métaphore passant de l'enveloppe des graines à l'anneau de protection paraissant au moins aussi naturelle.
◆
D'ailleurs le mot réalise d'autres sens techniques fondés sur l'idée d'objet enveloppant ; il désigne la couche supérieure d'une carrière (1751) et, en électricité, la pièce métallique en forme d'anneau, fixée à l'extrémité d'un fil électrique et qui, serrée à une borne, permet la connexion de l'un avec l'autre (1925).
❏
COSSU, UE adj. (1378) apparaît avec son sens figuré usuel de « riche » dès la première attestation. Le sens propre, « qui a beaucoup de cosses », est attesté ultérieurement (1580) et s'est moins bien maintenu que le sens figuré, repris après 1718, et étendu par métonymie à une chose qui indique la richesse (1830).
■
L'ancien diminutif COSSETTE n. f. (fin XVe s.) « petite cosse », sorti d'usage au XVIe s., a été repris au XIXe s. avec le sens technique de « lamelle de betterave à sucre » (av. 1869).
◈
Sur le sens propre de
cosse, on a formé le composé
ÉCOSSER v. tr., « ôter la cosse » (1200), usuel en contexte culinaire
(écosser des petits pois), d'où
ÉCOSSEUR, EUSE n. (1560) et l'adjectif
ÉCOSSÉ, ÉE, tiré du participe passé.
COSTUME n. m., d'abord coustume (1641) puis costume (1662), est une spécialisation de coutume*, par emprunt à l'italien costume « coutume » (1260), employé avec le sens restreint de « manière de marquer les différences d'âge, de condition, d'époque, des personnages » (XVIe s.).
❏
Le mot apparaît en français comme terme d'art (Correspondance de N. Poussin) avec un sens voisin de « couleur locale », et est encore vivant dans cet emploi vers 1850 (Balzac, Delacroix...) avant d'être supplanté par couleur locale.
◆
Au XVIIIe s., l'une des caractéristiques les plus immédiatement perceptibles d'un groupe social étant sa manière de s'habiller, on passe au sens de « manière de s'habiller conforme à la condition sociale, à l'époque » (1747) et, par métonymie, à « ensemble des vêtements (d'une personne) » (1777, costume de théâtre). Le mot s'insère alors dans le champ sémantique de vêtement, habit.
◆
Le sens usuel de « vêtement masculin formé d'une veste, d'un pantalon et parfois d'un gilet taillés dans le même tissu » est apparu au XIXe s., avec la généralisation de ce type de vêtement en tissu sombre, comme habit du bourgeois (d'inspiration anglaise). On dit aussi costume trois pièces, costume cravate.
◆
En français de Belgique, de Suisse, du Québec, l'expression costume de bain, vieillie en France au bénéfice de maillot* de bain, est en usage.
◆
En français du Québec, le mot s'emploie à propos de vêtements de sport (costume de tennis, de base-ball...) et aussi de ce qu'on nomme tailleur en France, pour les femmes (costume de printemps).
❏
À la fin du
XVIIIe s., apparaissent les dérivés
COSTUMIER, IÈRE n. (1799) et
(SE) COSTUMER v. tr. pron. (1787), d'abord attesté au participe passé adjectivé
COSTUMÉ. Ces mots ne sont pas relatifs au costume considéré comme manière de s'habiller, mais en tant qu'habillement de circonstance (théâtre, bal).
■
Le mot familier COSTARD n. m. (1926) est dérivé du radical de costume par ajout du suffixe -ard. D'abord attesté en argot pour « habit du forçat », il s'est généralisé pour désigner le complet bourgeois (1928).
COSY adj. et n. m. est emprunté (1902) à l'adjectif anglais cosy ou cozy, d'abord colsie (1709), « douillet », mot d'origine inconnue, probablement originaire du nord de l'Angleterre, peut-être scandinave. Le mot anglais est également employé comme nom pour désigner un canapé de coin (XIXe s.) et un couvre-théière.
❏
Le mot s'est introduit en français dans deux acceptions : le syntagme
tea causey [sic] (
Femina, 1.III, 1902), de l'anglais
tea-cosy « couvre-théière », ne s'est pas répandu en dehors de milieux anglophiles adeptes des rites du thé anglais.
■
En revanche cosy-corner (L'Illustration, 3.V, 1902), littéralement « coin douillet, confortable », d'abord traduit en siège de coin, désigne l'encoignure meublée d'un divan accompagné d'une étagère et, par métonymie, le divan et l'étagère placés dans cette encoignure (v. 1922). La forme composée, non attestée en anglais, tend ensuite à être remplacée par cosy (1946), qui a joui d'une certaine vogue entre les deux guerres, désignant aussi l'endroit d'un studio où l'on couchait. Après 1950, le mot paraît désuet.
◆
L'emploi de l'adjectif cosy (1910), au sens de « confortable, douillet », anglicisme d'occasion, semble avoir repris un certain usage après 1980.
COT COT, onomatopée répétée, a succédé à d'autres formes, tel coc coc (v. 1525) pour suggérer le caquètement de la poule. Il peut être répété plusieurs fois, en concluant la série par l'onomatopée CODAC.
COTE n. f., d'abord écrit quote (1390), est emprunté au latin médiéval quota, substantivation pour quota-pars « part qui revient à chacun » (XIIIe s.), féminin de l'adjectif quotus (→ quota). Celui-ci, qui signifie, « en quel nombre » (dans une énumération, un partage), est dérivé de quot « combien » (→ quotidien), qui appartient à la même racine indoeuropéenne que le groupe de l'interrogatif indéfini quis, quae, quod (→ que).
❏
Cote est introduit en droit fiscal avec le sens de « part imposée à chaque contribuable », également réalisé par le composé quote-part (XIVe s., quote-partie) calqué du latin. Au XVIIe s., il a pris le sens de « lettre ou chiffre qui sert de marque » (av. 1615), peut-être d'après le chiffre exprimant la part de chaque contribuable qui était porté en face de son nom sur les registres.
◆
De là, il a développé par analogie plusieurs sens au cours du XVIIIe siècle : en géographie, il désigne le chiffre indiquant un niveau (en topographie) (1755), entrant dans la locution cote d'alerte qui, à l'origine, désigne le niveau d'un cours d'eau au-delà duquel commence l'inondation, et qui est devenue usuelle avec une valeur figurée. Il est utilisé techniquement pour le chiffre indiquant une dimension dans un plan d'architecte, une machine (1799).
◆
Depuis 1784 (Necker), il désigne également la constatation officielle du prix des cours, notamment en Bourse avec quelques extensions métonymiques. Par analogie, il se dit du cours officieux de marchandises (d'occasion). D'après l'idée de « valeur », il est entré dans l'usage courant au sens de « note » (particulièrement : « note mise à un devoir »), emploi normal et courant en français de Belgique, et fournissant les locutions cote d'amour, cote de popularité et avoir la cote.
◆
Cote a le sens de « valeur évaluée » dans cote d'écoute, au Québec (en France, taux d'écoute).
❏
De
cote ont été tirés deux verbes. Le premier est
COTER v. tr. (
XVe s.) qui reprend tous les sens du nom et est à l'origine de dérivés spécialisés, tels
COTATION n. f. (1527,
quottation), employé dans les domaines techniques de la documentation et de la Bourse (1929),
COTABLE adj. (av. 1866 ; 1606, « qui mérite d'être noté ») et
COTEUR n. m. (1891), en finance.
■
Coter a deux préfixés spécialisés en finance, SURCOTER v. tr. (déb. XXe s.), qui a développé également un sens figuré (1923) et produit le déverbal SURCOTE n. f. (v. 1950), et DÉCOTER v. tr., qui semble postérieur à décote, pour « faire baisser la cote de ». DÉCOTE n. f. s'applique d'abord (1952) à une réduction d'impôt, de cotisation, puis, en finances (années 1960), à la différence négative entre la valeur nominale d'un titre, la valeur officielle d'une monnaie et son cours réel sur le marché. Au figuré, le mot correspond à « baisse de popularité ».
◈
L'autre dérivé verbal de
cote, COTISER v. intr. (1513), a perdu son sens premier d'« imposer une quote-part », sauf au Canada ; il est employé pour « payer volontairement sa part, dans une dépense collective » (1549), d'abord à la forme pronominale et, depuis 1877, en construction indirecte
cotiser à.
■
En sont issus COTISATION n. f. (1515) et COTISANT, ANTE (1948), participe présent adjectivé et substantivé, devenus très courants comme l'emploi correspondant du verbe, avec le développement des assurances puis de la Sécurité sociale.
L +
1 CÔTE n. f., d'abord coste (XIe s.), continue le latin costa, qui désigne à la fois le côté et l'os de la cage thoracique. Par analogie, le mot désigne les saillies ou nervures de certains végétaux ; à basse époque, il dénomme le rivage marin (d'où 2 côte, ci-dessous) et le flanc de la colline, par la même transposition métaphorique que flanc. Son origine n'est pas connue ; on évoque un rapprochement avec le vieux slave kosti « os », lui-même inséparable du groupe du latin os (→ os), du sanskrit ásthi.
❏
Le mot est introduit en anatomie au sens très général de « côté », disparu sauf dans
côte à côte (1160-1185), et dans le sens précis d'« os de la cage thoracique ». Dans ce sens, l'expression familière
avoir les côtes en long (1867) s'emploie encore pour « être paresseux, inactif ». S'agissant des animaux de boucherie, le mot s'emploie à propos des bovins
(côte de bœuf, de veau), à la différence de
côtelette (ci-dessous).
◆
Il a repris au latin le sens analogique de « longue saillie à la surface des fruits et légumes » (v. 1250,
côtes de laitues), s'étendant par analogie aux saillies séparant certains motifs d'architecture (1676).
■
Parallèlement, dès le XIIe s., côte a repris du latin le sens de « pente d'une colline » (1160-1185), appliqué spécialement à un versant de colline planté de vignes ; par métonymie, il désigne le vin qu'on y récolte, notamment dans côtes-du-rhône, formant un nom composé appliqué à une famille de vins français récoltés le long du Rhône, comprenant de grands crus et se terminant au sud près d'Avignon, avec le Châteauneuf-du-Pape. Ce nom est abrégé dans les cafés (un verre de côtes).
■
Au sens de « partie comestible d'une viande de boucherie, près des côtes anatomiques », le mot s'emploie un peu différemment en français du Canada (1880) et en français de France, du fait de la coupe nord-américaine de la viande. La côte a le sens extensif (correspondant à l'anglais rib) de « partie la plus tendre du dos de la bête », par exemple dans bout de côtes, bout des côtes (correspondant à peu près au plat de côtes du français de France, pour le bœuf) ou encore côtes croisées, calque de l'anglais cross ribs. Une expression courante, pour la viande de porc, est côtes levées (qui correspond à travers de porc et à l'anglais spare ribs).
■
2 CÔTE n. f. correspond aussi (1530, 1502 en gascon) à « rivage marin », souvent qualifié (côte rocheuse, plate...) et située (les côtes atlantiques). C'est un emploi absolu d'un sens ancien, issu du bas latin costa, qui avait déjà pris cette valeur (voir 1 côte). On a donné le nom de Côte d'Azur à la Riviera méditerranéenne, aujourd'hui dans la région dite Provence Côte d'Azur (PACA). Le mot est entré dans la désignation du département breton des Côtes-du-Nord, devenu en 1990 Côtes d'Armor. Il désigne aussi la partie de la mer proche du rivage (côte dangereuse), avec des expressions de la navigation, faire côte « s'échouer », aller à la côte « être poussé vers la terre ». De là, une expression figurée, être à la côte (dans Balzac) pour « être sans ressources ». Absolument, en référence aux côtes des Caraïbes, Frères de la côte fait allusion aux pirates et boucaniers de cette région.
◆
En français du Canada, dès 1582 (écrit coste), le sens venant de France de « rive (d'un cours d'eau) » s'est étendu à « territoires entre la rive et l'intérieur », dans de nombreux toponymes des Hautes, Moyennes et Basses Côtes (du Saint-Laurent). La côte du Nord et la côte du Sud s'appellent (1750) Côte-Nord, Côte-Sud, plus tard divisées en Haute, Basse Côte-Nord, -Sud.
◆
Depuis 1645, côte devient le nom d'un territoire appartenant à une « seigneurie » et longeant le Saint-Laurent ou l'un de ses affluents. Ce territoire était divisé en parcelles confiées à des colons. Cette notion a été remplacée par celle de rang, postérieure, mais le nom côte s'est conservé dans des appellations (la Côte-des-Neiges, à Montréal), de même que le sens (disparu) de « chemin qui longe la rive » (la Côte-de-Liesse, aussi à Montréal).
◆
Au sens de « région côtière, près de la mer », le mot s'emploie dans différents contextes géographiques, exprimés ou sous-entendus. En emploi absolu (passer ses vacances sur la Côte) le mot, en France, s'applique souvent à la Côte d'Azur (ci-dessus). D'autres appellations ont cours, telle Côte d'Opale (nord de la France).
◆
En français de Madagascar, le mot désigne toute la partie côtière de l'île, par rapport aux plateaux du centre.
❏
Chacun des sens du mot est lié à un ou deux dérivés spécifiques.
CÔTOYER v. tr. (v. 1131), d'abord
costeier, signifie proprement « aller côte à côte avec qqn ». Il dépend donc de
côte « côté », même s'il est surtout répandu avec les sens de « aller le long de » (
XIIe s.), « être en contact (avec qqn) » (1606) et, au figuré, « être tout proche de qqch. sans y atteindre » (1845,
côtoyer le ridicule). Cet ensemble de sens a absorbé celui d'« aller le long des côtes » (
XIIe s.), en parlant d'un navire ou d'une personne, sens qui a vieilli mais dont le pouvoir métaphorique est sensible dans les autres emplois.
■
En revanche, le préfixé verbal ACCOSTER v. tr., proprement « placer côte à côte, aborder, approcher » (XIIe s.), tout en développant par extension le sens péjoratif d'« aborder (qqn) » (1573), notamment à propos d'une prostituée dans la rue (1866), est tombé dans l'attraction de côte « rivage », s'appliquant à un navire qui s'approche du rivage (1402), Cf. arriver. Cependant, ses autres emplois en marine, « aborder un autre bâtiment pour l'attaquer » (av. 1600) et « se placer à côté d'un navire » (1694), procèdent bien du sens de « côté ». Du point de vue morphologique, il semble que le s, normalement amuï dans accoter, a été réintroduit au XVIe s. sous l'influence de l'italien accostare ou du provençal acostar.
◆
Les dérivés ACCOSTABLE adj. (XVIe s.), ACCOSTE n. f. (1845) et ACCOSTAGE n. m. (1872) « fait d'accoster », sont rares.
◈
COTEAU n. m., d'abord
costels au pluriel (v. 1160), puis
costal (
XIIe s.),
couteau (1599) et
coteau (1611), bien que démotivé graphiquement par l'absence d'accent circonflexe, se rattache à
côte « pente d'une colline ». Employé pour une petite colline, il est, comme
côte, spécialement associé à la culture du vignoble (1564).
◈
CÔTELÉ, ÉE adj. (
XIIe s.) vient de
côte « nervure », qualifiant moins souvent un végétal que, par analogie, une arme, un outil pourvu d'arêtes en métal longues et aiguës puis également un tissu
(velours côtelé).
■
CÔTIÈRE, COSTIÈRE n. f. (v. 1170), qui s'est maintenu avec deux graphies, se partage entre deux sens : d'abord employé au pluriel pour les côtes de la mer, il est resté en géographie la dénomination du versant d'une montagne (av. 1200), Cf. côte et coteau, passant en horticulture pour désigner une planche de jardinage à bonne exposition, où l'on cultive les primeurs (1690).
■
D'autre part, le mot a été synonyme de côté jusqu'au XVIIIe s. et en a gardé des spécialisations techniques : il est employé en construction pour un encadrement de pierres en saillie autour d'un four, d'une cheminée (1757) et, au théâtre, pour une rainure ou une trappe servant à faire passer les décors dans le plancher de la scène (1869).
■
L'adjectif CÔTIER, IÈRE (v. 1250) est d'abord dérivé de coste au sens de « côté », au figuré pour « parent en ligne collatérale ». Le sens moderne de « relatif au littoral » (1376) vient de côte « rivage ».
◈
CÔTELETTE n. f., d'abord
costelette (v. 1393), n'a pas de valeur diminutive générale ; le mot s'est immédiatement spécialisé en boucherie à propos d'une côte de porc, de mouton (plus petites, en effet, que les
côtes de bœuf) destinée à la consommation.
■
Ultérieurement, le mot a reçu quelques emplois imagés dans l'usage populaire, désignant des favoris (1869) et entrant dans les expressions manger des côtelettes « être comblé d'applaudissements » (1869), côtelette de vache « morceau de fromage » (1869), toutes deux oubliées, et, en argot (1862), pisser une (sa) côtelette « accoucher », ou encore l'emploi pour « côtes humaines » dans travailler les côtelettes, « rosser » (1793) ou planquer ses côtelettes, « se mettre à l'abri ».
■
ENTRECÔTE n. f. (1746), considéré comme masculin jusqu'au XXe s., appartient lui aussi au domaine de la boucherie, « morceau de viande bovine entre deux côtes ».
■
COTIS ou CÔTIS n. m. (1582 chez le Dijonnais Tabourot des Accords) désigne en français régional, de la Bourgogne à l'Alsace, les côtes de porc coupées en travers (travers de porc), fraîches à cuire ou salées.
◈
COSTAUD, AUDE adj. et n. (fin
XVIIIe s., Restif) s'est longtemps écrit
costeau, d'où
costel (1846), avant de changer de suffixe sous l'influence d'adjectifs en
-aud, le
s s'expliquant peut-être par une influence occitane (provençal
costo « côte »). Le mot signifie proprement « qui a une forte cage thoracique », comme
costatus en latin (Varron) ; il a évolué vers le sens de « vigoureux ». D'usage populaire ou familier, il a servi de dénomination argotique pour le souteneur (1846), revêtant des valeurs de « fort », « intelligent », « coriace ».
◈
COSTAL, AUX adj. est un terme médical emprunté savamment (v. 1560) au latin médical tardif
costalis.
■
En sont tirés INTERCOSTAL, ALE, AUX adj. (1536), SUBCOSTAL, ALE, AUX adj. (v. 1560).
❏ voir
CÔTÉ ; (de 2 CÔTE) GARDER (GARDE-CÔTE).
L
CÔTÉ n. m. est issu (1080) d'un latin populaire °costatum, restitué par ses aboutissements en espagnol, italien, et lui-même dérivé de costa « côte » et « côté » (→ côte). Cette forme est d'autant plus sûre que l'adjectif costatus s'est employé en latin classique (Varron) pour désigner un bœuf « à bonnes côtes », c'est-à-dire « fort » (Cf. l'évolution de costaud, → côte). Le latin classique utilisait latus (→ lé) dont le représentant ancien français lez a été éliminé par côté au XVe s. et dont un dérivé a donné latéral.
❏
Le mot a d'abord désigné la partie latérale de la cage thoracique et, par extension métonymique, celle du corps humain entier (1080). Ce sens, vivant jusqu'au XVIIe s., s'est maintenu dans l'expression point de côté « douleur (piqûre) au côté ».
◆
Dès le XIIIe s. le mot désigne la partie latérale d'une chose (v. 1260, Rutebeuf, au figuré), à la fois dans l'usage commun et en géométrie (XIIIe s.).
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L'accent quelquefois mis sur la partie d'une chose par opposition à d'autres parties (v. 1360), a motivé le développement des sens figurés : « ensemble de personnes par opposition à d'autres, parti » (1409) et, le côté d'une chose étant ce qui se présente au regard, « aspect » (1664, chez La Rochefoucauld). Diverses valeurs sont réalisées dans les locutions usuelles du côté de, « dans la direction de », illustrée par Proust (Du côté de chez Swann), à côté (1580), à côté de (1690), regarder de côté (1690) et laisser de côté (1787, Féraud), cette dernière exprimant à la fois l'abandon et la mise en réserve.
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Construit avec un substantif en apposition, coté cour, côté jardin se dit au théâtre pour le côté droit, le côté gauche de la scène, vus de la salle.
❏ voir
BAS, BASSE (BAS-CÔTÉ).
COTER v. est une forme dialectale issue du latin accubitare qui a donné accoter*. Cotter « étayer » est attesté tant en français (Centre, surtout Est) qu'en occitan. Le verbe s'est maintenu en Savoie, Franche-Comté et Suisse, où il est attesté en 1540. Du sens initial « étayer, soutenir », il est passé à « fermer à clé ».
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Au figuré, en intransitif, il s'emploie pour « hésiter, s'arrêter (en parlant) ».
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COTE adj. (v. 1830) se dit en Suisse pour « arrêté, immobilisé », au figuré « embarrassé, déconcerté », et aussi « rassasié, repu ».
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DÉCOTER v. tr. « ouvrir, déverrouiller ».
COTERIE n. f. (1376), précédé par le latin médiéval coteria (1255), de coterius (ci-dessous), est le dérivé en -erie (suffixe exprimant le lieu où s'exerce un droit, une action) du radical de cotier au XIIIe s. (v. 1283), après la forme latine coterius (1086) « tenancier d'une petite tenure rurale », adjectivé pour qualifier un cens payé pour cette tenure. Cotier et sa latinisation viennent de l'ancien français °cote « cabane » que l'on restitue d'après des toponymes normands (Vaucottes, Caudecottes, Brocottes, etc. et d'après le dérivé cotin « maisonnette »). °Cote représente le francique °kot « cabane » et le correspondant ancien nordique de même forme (→ aussi cottage).
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Le mot a désigné une tenure rurale modeste (1376, terre tenue en coterie), sens limité aux coutumiers picards. Par métonymie, il a pris le sens collectif d'« association de paysans tenant d'un même seigneur une tenure roturière » (1611).
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Le mot se diffuse au milieu du XVIIe s., désignant alors une réunion de personnes soutenant ensemble leurs intérêts (1660), prenant une valeur péjorative de « petit groupe, clique » (1808). Il continue néanmoins à désigner parallèlement, sans péjoration, une association de personnes qui se fréquentent familièrement sur la base de goûts, d'intérêts communs (ainsi, le salon Verdurin, chez Proust, s'appelle la petite coterie).