COUNTRY n. f. est un emprunt à l'anglais country « campagne », dans country music. On a d'abord employé en français country music (1972), l'expression n'étant abrégée en anglais (des États-Unis) qu'à partir de 1973. La country, en français, est attesté en 1978.
❏  Le mot désigne une forme de musique populaire des États-Unis, dérivée des chansons et airs de guitare du sud-ouest du pays. En apposition, un chanteur country.
L + COUP n. m., aboutissement (1268) de colp (v. 881), cop et col, est issu du bas latin colpus, l'une des formes populaires (avec colopus) de la forme écrite colaphus « taloche, coup de poing ». Ce dernier est la transcription savante du grec de même sens kolaphos, mot populaire d'origine obscure dans lequel on a proposé de voir le dérivé de kolaptein « entailler, piqueter » avec une aspiration expressive peut-être influencée par krotaphos « tempe (emplacement du coup mortel) ». Kolaptein, qui s'applique aux coups de bec, est rapproché du lituanien kalù, kalti « forger, marteler » et, en grec même, de kelios « pic vert » (→ clématite).
❏  Le mot est apparu avec son sens usuel de « mouvement par lequel un corps en heurte un autre » et a aussi celui de « choc qui divise, sépare » (d'où couper*). Il est souvent qualifié dans des syntagmes du type coup de, au propre et au figuré. Il s'applique spécialement aux diverses façons de toucher l'adversaire dans les exercices de combat et notamment en escrime où des syntagmes, du type coup fourré, ont pris une valeur métaphorique (1585). De même, l'expression moderne coup bas, courante au sens figuré d'« attaque déloyale », vient du vocabulaire de la boxe où elle désigne le coup porté au-dessous de la ceinture (1927). Le mot est devenu un des termes-clés dans de nombreux sports, notamment de balle ou de ballon, avec des spécifications en tennis, au football (où le sens se marie à celui de coup de pied). Dans le langage du base-ball, on distingue au Québec le coup sûr, qui permet d'atteindre le premier but, du coup de circuit qui permet au joueur de faire le tour des buts sans être arrêté. ◆  Par métonymie, coup désigne aussi l'effet produit par le heurt au propre et au figuré (v. 1250), ainsi dans coup au cœur (1606) « blessure morale ».
■  D'après le même sémantisme de base, qui met en œuvre les notions de « mouvement rapide » et de « choc qui en résulte », coup a reçu de nombreuses valeurs concrètes et abstraites, auxquelles correspondent chaque fois de nombreuses locutions. ◆  Depuis le XIVe s., il désigne la décharge d'une arme à feu, sens réalisé dans l'expression figurée coup double, issue du vocabulaire de la chasse au sens de « coup qui abat deux pièces de gibier ». ◆  Par métaphore de ce sens, il a pris familièrement le sens de « rapport sexuel (expéditif) », surtout du point de vue du mâle (tirer un coup). ◆  Plus généralement, il se dit d'une action brusque, soudaine, violente, en parlant d'un élément ou du temps (1200, coup de tonnerre), dans des syntagmes comme coup de soleil, de foudre, etc. également utilisés avec une valeur figurée. En français québécois, recevoir un, son coup de mort, « attraper une maladie mortelle ». ◆  Pris abstraitement, il désigne un événement subit, heureux ou, plus souvent, malheureux (v. 1190) dans des locutions (1538, coup du sort) appartenant quelquefois à l'usage familier (en prendre un coup). ◆  Un coup de..., en français néo-calédonien, s'emploie pour « une certaine quantité, un peu de » (un coup de café) et vaut comme un article (un, des).
Une seconde série de sens exprime l'idée d'un « mouvement (allant du geste à l'acte) », sans impliquer nécessairement l'idée d'un choc. Elle a fourni son contingent de syntagmes nominaux figés, dont coup de chapeau (1634) et coup de main* avec une valeur figurée. ◆  Coup désigne aussi (XIIIe s., coup [de dés]) un acte effectué selon les règles d'un jeu, d'un sport, en dehors des exercices de combat (ci-dessus), dans des emplois parfois plus ou moins démotivés, comme c'est le cas pour à coup sûr (lexicalisé en locution adverbiale), attraper le coup (1841) ou valoir le coup « valoir la peine, l'effort ». ◆  Il s'applique également à une action due à une force extérieure, dans coup de chance, coup d'essai (1532), coup de théâtre (1743). Très souvent, le mot désigne particulièrement une action ou suite d'actions nuisibles, notamment dans un contexte politique, une manœuvre violente (coup d'État*) et, dans l'usage général, une manœuvre malveillante (un coup tordu).
■  En outre, avec une acception très restreinte, coup signifie couramment « quantité de liquide que l'on boit en une fois » (v. 1375) ; il entre alors dans des expressions, du type boire, payer un coup, un petit coup, un coup de rouge, etc. En français québécois, prendre un coup « se soûler » ; en Nouvelle-Calédonie, lever un coup. ◆  Avec l'idée d'entreprise, souvent délictueuse (monter un coup), le mot entre au XXe s. dans des expressions très courantes, comme être dans le coup (1926), hors du coup (milieu XXe s.) ; mettre (qqn) au coup reste plus marqué. ◆  À partir de l'idée confusément temporelle de « fois », qui émerge dès le XIIIe s., il a produit de nombreuses locutions adverbiales d'un seul coup (v. 1320), tout à coup (v. 1450), après coup (v. 1470, après le coup). ◆  Le mot est l'un des plus fertiles en locutions, souvent traitées au second élément. Voir, après la série de couper, les composés de coup et, à l'ordre alphabétique beaucoup*.
❏  Le dérivé COUPER v. tr. (XIe s., colper), dont le développement sémantique est riche, est surtout remarquable par l'écart dont il témoigne par rapport au nom. Ce dernier correspond au sémantisme du choc, du heurt, alors que le verbe, dès l'origine, évoque la division ou l'entaille avec un instrument tranchant. Son succès vient de ce que le français avait besoin d'un verbe usuel de ce sens, le latin secare (→ section) s'étant spécialisé dès l'époque latine (→ scier).
■  À partir de l'idée de « diviser, morceler », couper a développé plusieurs valeurs concrètes qui vont de « blesser en entamant la peau », d'où se couper, à « séparer en plusieurs parties », « récolter, cueillir en sectionnant » (couper des fleurs), sens dont procède la locution couper l'herbe sous le pied (1611). Couper s'emploie pour « cueillir », d'usage courant en français de Belgique (par exemple couper des haricots). ◆  En français d'Afrique, couper un palmier, « l'inciser pour recueillir la sève ». ◆  Malgré la fréquence de syntagmes où coup a pour complément un instrument tranchant (couteau, sabre, épée), couper est rapidement démotivé de coup et ne transmet plus que l'idée de trancher, avec de nombreuses spécialisations. Une des plus anciennes concerne la chirurgie (déb. XIIe s.), un sens plus spécial étant « châtrer » (1678), d'autres la taille des cheveux et diverses tailles techniques. Absolument, le verbe signifie « être tranchant » (1539).
■  Les extensions concernent l'intersection, l'interruption, la traversée (absolt couper à travers champs, couper au plus court, spécialement « prendre un virage court, en conduisant »), le fait de supprimer, d'enlever, comme transitif (couper un texte) et intransitif (couper dans un texte). ◆  Avec un nom signifiant « voie, chemin, passage », couper correspond à « arrêter, interrompre », d'où la locution figurée couper les ponts (v. 1300, couper le pont) et, avec un complément exprimant une idée financière, « supprimer » (couper les vivres, les fonds...). ◆  Couper a pris le sens d'« interrompre [une communication téléphonique] » (1911), par exemple dans l'injonction ne coupez pas !, qui ne s'emploie plus, alors qu'on dira encore ça a coupé, pour une communication interrompue. ◆  Couper à (qqch.) correspond à « éviter, ne pas subir » (1861) ; couper dans, à « croire, en étant dupe ». Couper court à qqch., dès le moyen français, s'emploie pour « mettre un terme, de manière tranchée » (v. 1460). ◆  En contexte concret, le verbe a pris par extension diverses valeurs liées à un domaine précis : couper, « donner à (une balle) un effet qui la ralentit et en modifie la trajectoire », s'emploie au jeu de paume (1637) puis en tennis (1903). Le sens de « diviser (un jeu de cartes) » apparaît au début du XVIIe s. (1606) ; celui de « mélanger (un liquide) » semble plus récent (antérieur au début du XIXe s., où est attesté le dérivé coupage).
■  Outre ses valeurs concrètes, le pronominal se couper correspond au figuré à « se contredire » (1567) avec l'image de l'interruption de la logique d'un récit par un élément incompatible.
Couper a de nombreux dérivés et composés. Le dérivé le plus ancien semble être COUPON n. m. (v. 1223), employé couramment au sens de « ce qui reste d'une pièce d'étoffe qui a été débitée » (1466). Il ne semble pas être spontanément rattaché au verbe couper. ◆  Depuis 1718, le mot désigne spécialement en finance le feuillet détaché d'un titre et, dans divers domaines, la carte correspondant à l'acquittement d'un droit (1911, coupon-réponse). En français de Belgique, il était utilisé jusqu'aux années 1970 pour désigner le billet de chemin de fer. ◆  Le mot s'applique aussi à une carte correspondant à l'acquittement d'un droit. L'expression coupon-réponse (1911) désigne la partie détachable d'une annonce publicitaire, à remplir et à renvoyer à l'annonceur pour une commande. C'est dans ce sens qu'apparaît le dérivé COUPONNAGE n. m. (années 1970), pour le procédé commercial qui consiste à envoyer des coupons-réponses pour obtenir une certaine proportion de commandes, d'abord exprimé par l'anglicisme COUPONING, ou COUPONNING n. m. ◆  Le préfixé RECOUPONNER v. tr. est formé sur coupon au sens boursier (1923), pour « regarnir de coupons (une valeur monétaire), lorsque ses coupons ont été tous utilisés ».
COUPEUR, EUSE, nom d'agent, apparaît dès le XIIIe s. (coupeeur, v. 1230) mais n'est plus employé en français moderne que dans des syntagmes spéciaux (coupeur de bourse, à côté de coupe-bourse, coupeur de têtes) et avec des valeurs professionnelles, la plus connue étant « personne qui coupe les étoffes, les cuirs, etc., en confection » (1845). ◆  Coupeur de canne, « ouvrier agricole qui récolte les cannes à sucre », s'emploie en français des Antilles où l'instrument utilisé s'appelle coupe-cannes (ci-dessous, en composé).
Le déverbal 2 COUPE n. f. (1283) compte de nombreux emplois lexicalisés issus de son sens courant d'« action d'abattre les arbres dans la forêt », de coupe sombre et coupe claire (aujourd'hui mal compris) à coupe réglée (1690). En français de Madagascar, de la Réunion, de l'île Maurice, coupe désigne la récolte de la canne à sucre et son produit (une belle coupe). ◆  Il est employé spécialement en couture (1640) et en coiffure (coupe des cheveux, 1763) et au figuré, à propos de versification (1549). ◆  Par métonymie, il désigne ce qui a été coupé, notamment la représentation graphique d'un objet que l'on suppose coupé par un plan (1732), sens en rapport avec la vogue des coupes des bâtiments en montrant l'intérieur, à la suite du roman de Lesage, Le Diable boiteux (1707). ◆  La spécialisation au jeu de cartes (1660), qui correspond au sens équivalent du verbe, est à l'origine de la locution être sous la coupe de qqn (1690), proprement « être le premier à jouer après celui qui a coupé le paquet », qui a pris son sens figuré moderne au siècle suivant (av. 1755), et n'est plus comprise aujourd'hui.
■  Couper a produit deux autres noms d'action. L'un, COUPAGE n. m. (1364, « action de couper »), s'est spécialisé dans l'usage moderne (1836) au sens de « mélange de liquides (vins) pour en atténuer ou en augmenter la force ». ◆  L'autre, COUPEMENT n. m. (v. 1350) est réservé au sens technique d'« action de couper à la scie ».
COUPURE n. f., d'abord copeure (v. 1279), coupeure (1393), a plusieurs sens se rattachant à l'idée d'« action de couper à l'aide d'un instrument tranchant » et de « résultat de cette action », au propre (en parlant d'une blessure, d'une ouverture géologique) et au figuré, en parlant d'une séparation nette et brutale. ◆  Par abstraction, coupure désigne (v. 1580) la suppression d'une partie (dans un texte, une œuvre) et, par métonymie, un passage supprimé dans une œuvre (1834). Une autre métonymie, moins prévisible, l'emploie pour « billet de banque d'une valeur relativement faible, correspondant à une fraction de la somme de référence » (1792).
■  L'idée de séparation a produit, dans l'usage populaire, le sens de « tromperie, mensonge » (1890), « fausse apparence » (saisir, comprendre la coupure, début XXe s.), parfois aussi « information confidentielle ».
Couper a également produit les deux noms d'instruments COUPERET n. m. (XVIe s.) et COUPOIR n. m. (1690), ce dernier plus technique.
■  Deux noms d'usage spécialisé viennent par substantivation du participe passé coupé : COUPÉ n. m. (1661), d'abord « pas de danse » (d'après couper pris comme terme de danse), a servi à désigner un carrosse à deux places, par ellipse de carrosse coupé (v. 1660). À partir de là, il s'est dit d'un compartiment de chemin de fer à une banquette, emploi disparu, et (1906) d'une voiture à deux portes ressemblant à une voiture de sport, sens aujourd'hui usuel. ◆  En français d'Afrique, un coupé peut désigner une culotte courte, un short. ◆  Le féminin COUPÉE n. f. (1783), apparu au sens d'« ouverture dans la muraille d'un navire », est également employé au sens de « lieu où l'on a coupé les arbres ».
La famille de couper s'enrichit depuis le moyen français de nombreux composé en COUPE-, d'abord avec le sens concret du verbe, « trancher », puis avec l'une ou l'autre de ses valeurs extensives ou figurées.
■  COUPE-CHOUX n. m. apparaît (mil. XIVe s.) dans frère coupechou « moine travaillant au potager » ; il sera repris (1831) pour désigner un sabre court et familièrement (XXe s.) un rasoir à lame.
■  COUPE-GORGE n. m., attesté au XIIIe s. comme nom de lieu (v. 1210, cope-gorge), concernant un passage fréquenté par des malfaiteurs, a désigné (XIIIe s.) un coutelas, mais c'est le sens de « lieu dangereux » (XIIIe s.) qui a prévalu. ◆  Une formation voisine COUPE-TÊTE n. m. (copeteste, déb. XIVe s. ; forme moderne, 1660), « bourreau », a disparu de l'usage.
■  COUPE-JARRET n. m. (1587, -jaret) s'est spécialisé pour désigner un bandit, un assassin, puis une personne cruelle ; il est archaïque. ◆  Dans un registre voisin, COUPE-BOURSE n. m. (XIVe s., copeborse) « voleur », pourtant bien motivé, est lui aussi sorti d'usage.
■  Les composés plus récents désignent des instruments qui coupent : COUPE-RACINES n. m. (1832) est technique. COUPE-PAPIER n. m. (1842) est demeuré usuel, alors que COUPE-LÉGUMES n. m. (1845) est rare ; COUPE-CIGARE n. m. (1869) est encore en usage. COUPE-ONGLES n. m., COUPE-PAILLE n. m., COUPE-PÂTE n. m. — celui-ci pour un instrument de boulanger —, plus techniques, ne semblent pas en usage avant le XXe siècle. COUPE-CANNES n. m., nom de l'instrument employé pour couper les tiges de canne à sucre, avant broyage, est en usage en français des pays producteurs (Antilles, océan Indien).
■  D'autres composés des XIXe et XXe s. utilisent des valeurs extensives du verbe. COUPE-VENT n. m. désigne (1893, en sports) un dispositif pour réduire la résistance de l'air. ◆  Ailleurs, couper est pris au figuré, par exemple dans COUPE-FILE n. m. (1869) « carte officielle de priorité », COUPE-FEU n. m. (1861) « espace, obstacle pour empêcher un incendie de se propager », ou encore COUPE-FAIM n. m. « produit alimentaire conçu pour supprimer la faim ». ◆  COUPE-FROID n. m. s'emploie au Québec à propos d'une bande faite d'un matériau isolant et garnissant le cadre d'une porte ou d'une fenêtre. ◆  Avec le sens de couper « interrompre (le courant électrique) » ont été formés COUPE-CIRCUIT n. m. (1890), COUPE-BATTERIE n. m. (XXe s.).
■  Sur un modèle différent, par un redoublement évoquant le « français colonial », on a formé COUPE-COUPE n. m. (1895) « sabre pour couper la végétation, machette ».
L'informatique associe le verbe avec coller (qui sert aussi à former copier*-coller) pour désigner l'opération qui consiste à détacher un élément pour le placer dans un nouveau contexte ; mais COUPER-COLLER n. m. semble moins employé que copier-coller.
Couper a produit un dérivé verbal avec le familier COUPAILLER v. tr. (1870). Il a aussi donné naissance à des verbes préfixés qui ont leurs dérivés propres.
DÉCOUPER v. tr. (1150, descolper), « couper en morceaux » et (1268) « couper en suivant un tracé », a pris au pronominal se découper le sens de « (se) détacher sur un fond » (1803) ; depuis 1917, il est utilisé comme terme de cinéma, d'après découpage.
■  Son dérivé DÉCOUPAGE n. m. (1497, decoppaige) est rarement attesté avant 1838 ; il désigne par métonymie une figure découpée (1868) ou destinée à l'être et, spécialement (1917), la division d'un scénario de cinéma en scènes numérotées.
■  Dès l'ancien français, le verbe est doté d'un nom d'agent, DÉCOUPEUR, EUSE n. (XIIe s. ; selon Bloch et Wartburg, 1268) « ouvrier qui découpe » (découpeuse, au féminin depuis 1754), et d'un nom d'action, surtout affecté à la désignation du résultat, DÉCOUPURE n. f. (1379, décopure). ◆  PRÉDÉCOUPÉ, ÉE adj. se dit (années 1960) d'un produit qui a été découpé avant d'être commercialisé.
RECOUPER v. tr. (1549 ; v. 1150, « réduire »), proprement « couper de nouveau » et « retrancher, enlever en coupant » est, de même que couper, employé comme terme de jeu (1690, absolt) et techniquement au sens de « mélanger un vin par un coupage » (1832). Son sens figuré courant de « coïncider en confirmant » est récent (XXe s.). Le dérivé RECOUPEMENT n. m. (v. 1190, « action de retrancher un membre ») est employé techniquement en construction (1676). Depuis 1873, il exprime également le fait de se recouper, en parlant de lignes, de tracés et, de là, au figuré, la rencontre de renseignements coïncidants, de sources différentes (1923).
■  Le déverbal RECOUPE n. f. (1225, « morceau coupé ») a développé de nombreux sens techniques encore usités : « morceau qui tombe lorsqu'on taille une matière » (1379), « farine grossière qu'on tire du son remis au moulin » (XVIe s. ; recoppe, 1398), « seconde coupe de foin » (1832) et « eau-de-vie issue d'un mélange d'alcool et d'eau » (1869). ◆  RECOUPETTE n. f., diminutif (1732) de recoupe, désigne la farine tirée du son des recoupes, qui servait à fabriquer l'amidon.
ENTRECOUPER v. tr. (v. 1175), d'abord employé à la forme pronominale s'entrecouper « se couper mutuellement », a pris ses sens actuels de « interrompre par intermittence » (1240-1280) et, ultérieurement, « entrecroiser » (1622 ; 1674 à la forme pronominale).
■  ENTRECOUPEMENT n. m., employé par Ronsard (1564) avec le sens d'« arrangement de choses entrecoupées », a aussi une valeur active (1864) mais est peu employé.
SURCOUPER v. tr., terme de jeu de cartes (1730), a pour déverbal SURCOUPE n. f. (1875).
À ce très important groupe de couper s'ajoutent les composés de coup, tels CONTRE-COUP n. m. (1561) au propre et (1665) au figuré « événement contraire en retour » ; COUP-DE-POING n. m. (1783) désignant une arme ; À-COUP n. m. (1835) « secousse », au concret et à l'abstrait.
❏ voir BEAUCOUP.
L COUPABLE n. et adj., d'abord corpable (1172), est hérité du latin chrétien culpabilis « qui a commis une faute », dérivé de culpa « faute » (→ coulpe).
❏  Le mot, d'usage courant à la différence de coulpe, qualifie celui qui a commis une faute aux yeux de la loi et, par métonymie, une action condamnable (1667, Molière, Tartuffe). Il est également employé comme substantif, quelquefois avec la valeur affaiblie de « responsable » (par plaisanterie).
❏  COUPABLEMENT adv., d'abord corpablement (1573), relève d'un usage plus soutenu.
■  CULPABILITÉ n. f., dérivé tardivement (1791) du radical du bas latin culpabilis, exprime à la fois l'état de celui qui est coupable et le caractère de ce qui est coupable (1863). ◆  Il a reçu des acceptions spéciales dans le vocabulaire de la psychologie et de la psychanalyse (complexe de culpabilité) où il a produit CULPABILISER v. tr. (1946), CULPABILISATION n. f. (1968) et DÉCULPABILISER v. tr. (v. 1968), DÉCULPABILISATION n. f. (1966).
L 1 COUPE n. f. est issu, d'abord sous la forme cupe (v. 1155), du latin cuppa, variante de cupa « tonne, barrique » (→ cuve) qui a pris le sens de « coupe » à basse époque. Le latin, rapproché à titre d'hypothèse du sanskrit kūpaḥ « trou, puits » et du grec kupê « verre à boire », est à l'origine de l'allemand Kufe et de l'anglais cup.
❏  Le mot s'applique à un verre à boire plus large que profond, reposant sur un pied et, par analogie, à d'autres types de récipients. Il est employé métaphoriquement (1564, coupe de + nom abstrait), entrant aussi dans plusieurs locutions (la coupe est pleine, il y a loin de la coupe aux lèvres) restées vivantes, bien que verre soit devenu le mot usuel pour désigner le récipient à boire. ◆  Sa spécialisation en sport, pour un trophée consistant en une coupe de métal précieux (1872), est un emprunt sémantique à l'anglais cup, terme de sport connu dès le XVIIe siècle. En procède un emploi métonymique désignant la compétition elle-même : la Coupe Davis (1900 ; calque de l'anglais cup), surtout dans les sports d'équipe de ballon : la Coupe de France de football (1917), la Coupe des coupes, la Coupe du monde, etc.
❏  COUPEAU n. m., diminutif masculin d'abord attesté sous la forme coupel, cupel (1174), a désigné le sommet d'une colline, par analogie avec la forme d'une coupe renversée. Ses sens techniques « éclat de bois », « tronçon de bois », archaïques, le rattachent à copeau* et à couper*.
■  COUPELLE n. f., diminutif féminin de coupe (1431), « petite coupe », s'est spécialisé à propos du creuset utilisé pour isoler l'or, l'argent contenus dans un alliage (XVe s.). ◆  Il a produit à son tour COUPELLER v. tr. (1621) d'où COUPELLATION n. f. (1771) dans ce domaine.
Le composé SOUCOUPE n. f. (1666 ; soute couppe, 1615 ; sous-couppe, 1640) est l'adaptation de soutecoupe (1640), lui-même emprunté à l'italien sottocoppa, de sotto (→ sous) et coppa (→ coupe). ◆  Après avoir désigné un bassin plat, une large coupe à pied où l'on servait verres et carafes, le mot désigne (1762) une petite assiette sur laquelle on place aujourd'hui les tasses (d'où le synonyme mieux motivé, en français de Belgique, qu'est sous-tasse). ◆  Le syntagme soucoupe volante (1947) est un calque de l'anglais flying saucer. ◆  Très courant au début des années 1950, il a donné lieu à la création de dérivés : SOUCOUPISTE n. (av. 1972), SOUCOUPISER v. tr. (1952). Depuis, il semble détrôné par le sigle O.V.N.I. Sur ce modèle a été formé soucoupe plongeante (1974), demeuré rare.
❏ voir COUPOLE, CUPULE, CUVE.
2 COUPE → COUP
COUPER → COUP
? COUPEROSE n. f. est d'origine obscure, peut-être adapté (v. 1280) du latin médiéval cuperosum (v. 1215), cuprosa, cuperosa (av. 1250) attesté dans le domaine anglais et, par les variantes coporosa, cupurosa, dans le domaine germanique. Le mot latin est soit composé du radical de cuprum (→ cuivre) et de rosa (→ rose), la buée du cuivre en fusion évoquant les couleurs de certaines roses, soit, moins probablement, issu par altération d'après rosa de coprosa (dans coprosa aqua), féminin d'un adjectif dérivé de cuprum. L'existence du grec khalkanthon « fleur de cuivre », d'où « couperose », fait pencher en faveur de la première hypothèse, ce mot ayant pu servir de modèle au latin. Les rapports du français avec les correspondants germaniques sont difficiles à établir : le moyen néerlandais coperrose (1577, coperose) semble être un emprunt au moyen français, mais le moyen français de type coperost n. m. (XIVe-XVIe s.) ne peut qu'être emprunté au moyen néerlandais copperrost. Le vieil anglais coperose (v. 1440), de même que l'espagnol caparrosa (1495) et l'italien copparrosa (XVIe s.), sont probablement empruntés au français.
❏  Ce terme de chimie ancienne, associé à un adjectif de couleur (couperose blanche, bleue, verte), désignait différents sulfates, respectivement de zinc, de cuivre, de fer. ◆  Par analogie d'apparence, le mot s'est spécialisé en médecine (1530) pour une affection cutanée d'origine circulatoire caractérisée par des taches rougeâtres.
❏  Le mot a servi à former COUPEROSÉ, ÉE adj. (1546 ; XVe s., d'après Bloch et Wartburg), courant pour désigner par extension un teint présentant des zones rouges, évoquant souvent l'excès de boisson, et COUPEROSER v. tr. (1585), plus rare.
L + COUPLE n. m. et f., d'abord cuple (1146-1170), est issu du latin copula n. f. « lien, chaîne », « groupe de deux personnes unies par l'amitié ou l'amour » et, à époque impériale, « groupe de deux choses » (→ copule).
❏  En français, couple est surtout usité au masculin, désignant couramment la réunion d'un homme et d'une femme et, par extension, un groupe de deux personnes ou de deux entités (v. 1150), ultérieurement la réunion du mâle et de la femelle chez les animaux (1789). ◆  Au XVIIe s., avec l'idée de « paire », il est entré dans le vocabulaire technique de la marine pour désigner (1643) chacun des éléments de la charpente d'un navire qui va de la quille aux barrots du pont, produisant le composé MAÎTRE-COUPLE n. m. (1765) et la locution à couple « bord à bord » (de deux navires). ◆  Au XIXe s., couple s'est spécialisé en mécanique pour « ensemble de deux forces égales et de sens contraire » (1827 ; 1905, couple moteur). Il est entré dans le vocabulaire de l'algèbre (1903).
■  Le féminin une couple s'est maintenu au sens concret, spécialisé en vénerie, de « lien servant à attacher deux animaux » (v. 1170). Quelques parlers et dialectes conservent le sens d'« ensemble de deux choses, de deux animaux de même espèce réunis accidentellement » (v. 1230), sens concurrencé puis supplanté par le mot paire. Par les emplois régionaux de l'ouest de la France, une couple de... est usuel en français du Canada, pour « un petit nombre de ; quelques ».
❏  COUPLET n. m. (fin XIIIe s.) est dérivé de l'ancien français couple, de même sens (1218-1243, couble), mot que l'on a rapproché de l'ancien espagnol copla « suite de vers de même rime » (av. 1140) et de l'ancien provençal cobla « chanson, couplet » (apr. 1150). D'abord employé au sens de « groupe de deux vers de même rime », couplet a pris son sens moderne de « strophe de ballade, de chanson » (v. 1360), et s'est spécialisé au théâtre avec le sens de « réplique, fragment formant un ensemble » (1501). ◆  L'ancienne forme féminine couplete, qui désignait, comme couplet, deux vers qui riment (v. 1360), a produit COUPLETER v. tr., une première fois « assembler en coupletes » (v. 1360), repris pour « écrire des couplets contre qqn » (1712), et COUPLETIER n. m. (1778) « chansonnier, vaudevilliste ».
COUPLER v. tr. est issu (v. 1173, cupler) du dérivé latin copulare « lier ensemble, attacher » (à l'origine de l'emprunt savant copuler). Le verbe réalise à la fois le sens général d'« unir deux à deux » et, en vénerie (1655), une valeur spéciale, « attacher deux animaux avec une couple ». Il a reçu quelques acceptions spécialisées en turf (1877) et aussi en blanchisserie où coupler le linge signifie « l'attacher en le cousant pour le donner à blanchir ».
■  En sont dérivés deux substantifs : COUPLAGE n. m. (1754), « partie d'un train de bois » puis généralement « action de coupler » et terme d'électricité (1904) pour « associer (en couple) deux circuits », d'où DÉCOUPLAGE n. m. « élimination d'un couplage parasite entre deux émissions radio » (v. 1950), et COUPLEMENT n. m. (1860) « réunion d'éléments producteurs ou utilisateurs de courant » et « action d'amarrer deux bateaux bord à bord ».
■  COUPLEUR n. m. (1890) est un mot technique, spécialement utilisé en informatique (av. 1974).
■  Le participe passé COUPLÉ a été substantivé en sport hippique (1949), moins courant que tiercé.
Par préfixation, coupler a produit ACCOUPLER v. tr. (1165), spécialement depuis le XVIe s. au pronominal s'accoupler « copuler, du mâle et de la femelle ».
■  Ce verbe a pour dérivé ACCOUPLEMENT n. m. qui apparaît (1270) au sens astrologique de « conjonction d'astres », puis au sens général « fait de réunir » (1538) et « mariage » (XVIIe s.), valeur où apparaît un contenu sexuel, lequel prédomine dans l'usage moderne pour « conjonction du mâle et de la femelle », parfois « union sexuelle » (dès le XVe s.) avec des connotations péjoratives. ◆  Les autres dérivés sont rares : ACCOUPLAGE n. m. (1580), « action de s'accoupler avec », s'est restreint au sens technique de « fait de faire fonctionner ensemble des mécanismes » (1839). ACCOUPLE n. f. (déb. XIVe s.) a désigné le lien utilisé en vénerie.
■  Sur accoupler a été formée la série antonymique DÉSACCOUPLER v. tr. (déb. XIIIe s.), et DÉSACCOUPLEMENT n. m. (1636), rare sinon en mécanique (1951).
L'autre préfixé verbal de coupler, l'antonyme DÉCOUPLER v. tr. (v. 1160), est un terme de vénerie, lié au sens spécial de couple n. f., et qui signifie « détacher les chiens pour qu'ils courent après la bête », parfois au figuré, « lancer à la poursuite de qqn ».
■  Son participe passé adjectivé DÉCOUPLÉ, ÉE s'est répandu avec le sens figuré de « qui a de l'aisance dans les mouvements », glissant de là vers le sens moderne (1690) de « qui a un corps souple, agile », surtout dans bien découplé.
■  Le déverbal DÉCOUPLE n. f. (1561) est exclusivement un terme de chasse, concurrencé par l'usage de l'infinitif substantivé, le DÉCOUPLER n. m.
COUPLET → COUPLE
COUPOLE n. f. est emprunté (1666) à l'italien cupola, terme d'architecture (1348-1363) lui-même emprunté, avec changement de sens, au bas latin cupula « petite cuve, tonnelet », diminutif de cupa (→ coupe), à l'origine de cupule.
❏  Le mot désigne une voûte hémisphérique ou ovoïde en forme de coupe renversée et, par métonymie, l'institution abritée par un édifice à coupole, essentiellement l'Institut de France à Paris et, en particulier, l'Académie française (d'où entrer à la Coupole : « être élu académicien »). ◆  La Coupole du Rocher désigne la mosquée élevée à Jérusalem par le calife omeyyade Abd-el-Malik en 688-691 sur le site ruiné du Temple de Salomon. ◆  Par analogie de forme, le mot s'emploie pour les observatoires astronomiques et le dôme de canons de marine (ou tourelle).
❏  Un terme technique anglais, altération probable de cupola ou de coupole, est revenu au français sous la forme CUBILOT n. m. (1841) ; il s'agit de cupilo (1716), forme dialectale de Sheffield de cupola, de cupola furnace « fourneau en forme de coupole », en métallurgie.
COUPON → COUPER (à COUP)
COUQUE n. f. est un emprunt, d'abord attesté en français de Picardie (1790), au néerlandais koek « gâteau ; pain d'épice ». Il s'emploie dans le nord de la France et en français de Belgique pour une pâtisserie briochée ou feuilletée, et pour ce qu'on appelle en français central pain d'épices.
L COUR n. f., qui succède (v. 1352) à la forme cort, curt (v. 980), est issu du bas latin curtis (VIe s.) qui possède déjà en germe tous les sens du français : « cour de ferme » et aussi « enclos, maison et jardin, tenure », « exploitation agricole » (XIIIe s.), « résidence royale » et « assemblée (curia) d'un prince, surtout dans sa fonction de tribunal » (1000). Curtis est lui-même dérivé du latin classique cohors, cohortis « enclos », spécialisé dans le domaine militaire (→ cohorte), entre autres pour désigner l'état-major d'un général, les conseillers d'un gouverneur de province. Cour a probablement pris sa graphie moderne sous l'influence du latin médiéval curia attesté avec des sens analogues, tandis que l'ancienne graphie court (XIIIe s.) [empruntée par l'anglais, → 2 court] s'est maintenue dans courtois* et dans les noms de localités remontant à d'anciens domaines de nobles francs (Nord, Est, par ex. Harcourt).
❏  Le premier sens est rural : c'est celui d'« espace découvert entouré de murs, de bâtiments » réalisé dans cour de ferme, par opposition à BASSE-COUR (XIIIe s.), expression réservée à l'espace où l'on élève des volailles, d'où par métonymie « ensemble des volailles d'un élevage », dans ARRIÈRE-COUR (1586) et AVANT-COUR (1564). Le mot cour peut être opposé à jardin, dans la mesure où la cour n'est en général pas ou est peu plantée, et est entourée de bâtiments. C'est ce qui se produit dans le langage du théâtre, avec l'expression côté* cour. Mais cette valeur n'est pas toujours réalisée en français, hors d'Europe. En Afrique, cour peut désigner un ensemble de cases dans un enclos commun (synonyme partiel : carré, concession). En français de l'océan Indien, le mot s'applique à un espace clôturé, souvent planté, entourant une maison (on dirait jardin en français d'Europe). ◆  Par extension, du fait que les toilettes étaient placées dans les cours, cour se disait en Belgique, au Luxembourg, pour « toilettes » (aller à la cour).
■  Par analogie, le nom de cour a été donné à une impasse entourée de murs et d'habitations à Paris (cour des Fermes, cour du Commerce) ; de là, l'appellation cour des Miracles donnée avant 1616 au quartier des truands parce que les infirmités des mendiants y disparaissaient comme par miracle. ◆  Quant aux sens de « ferme d'exploitation féodale » (XIIIe s.) et de « territoire d'un prince », ils ne se sont maintenus qu'en histoire médiévale, mais ils sont liés à une acception importante de cour, « lieu de résidence du roi et de son entourage », « entourage du souverain », attestée dès les premiers textes (v. 980). En france, la cour du roi capétien prolonge la cohorte du général ou gouverneur romain, mais alors, l'entourage royal est indifférencié, sans distinction entre les fonctions politiques concernant les intérêts du royaume et les fonctions domestiques attenant à la personne royale. La cour se compose du connétable, du sénéchal, du chancelier, du chambrier et du bouteiller, et, spécialement, la cour pleinière (XIIe s.) désigne l'ensemble des vassaux convoqués par le roi. ◆  Peu à peu, s'est effectuée une spécialisation des fonctions. Les premières à conquérir leur autonomie furent les fonctions juridiques (XIIe s.) : la cour le roi (« du roi ») fut la première forme de parlement et le nom de cour est resté attaché aux tribunaux supérieurs, en France : cour d'assises (jugeant les crimes), cour d'appel (jugeant les appels formés contre les décisions de juridictions inférieures), Cour de cassation (instance suprême). Par métonymie, le mot désigne (XIIIe s.) l'ensemble des magistrats qui rendent la justice dans un tribunal ; cette acception donne lieu à de nombreux noms d'institutions, dont, au début du XIXe s., Cour des comptes (1830), le corps administratif chargé du contrôle de la comptabilité publique. ◆  Cour suprême (1801) est calqué de l'angl. Supreme Court à propos des États-Unis. Par calques d'expressions anglaises, cour figure dans la désignation d'institutions juridiques mauriciennes, comme cour inférieure, cour intermédiaire (faisant partie des cours inférieures, mais au-dessus de la cour de district), cour suprême, la plus haute instance judiciaire. Cour industrielle désigne une juridiction sociale, chargée des litiges en matière de travail. Cour, cour de justice est plus courant que tribunal en français de l'île Maurice. ◆  Cour entre dans la désignation d'institutions internationales, comme la Cour internationale de justice (1945) qui siège à La Haye, et arbitre des conflits entre États, ou la Cour européenne des droits de l'homme (1959).
Quant à l'emploi historique du mot, dès le XIIe s., l'entourage des rois capétiens et de leurs grands vassaux, d'abord assez rude, s'affine et devient plus mondain. C'est alors que commence à poindre l'idéal de distinction qui se développe par exemple à la cour de Champagne et s'exprime dans l'évolution sémantique de courtois* et courtoisie. La Cour, désormais inséparable de la majesté royale, prend un grand éclat sous François Ier et l'accompagne de château en château. Elle est devenue, à côté de son rôle politique, un entourage mondain où les femmes jouent un grand rôle, largement pourvu de charges honorifiques. Sous Louis XIV, à Versailles, son importance s'accuse encore par la volonté royale de contrôler les plus grandes familles, de sorte qu'elle devient le centre de la vie du royaume : la langue diplomatique parle de la cour de France, d'Angleterre... pour désigner le gouvernement du pays, tant cet entourage mondain semble tout entraîner dans son orbite. En France, la Cour s'identifie alors à un lieu, Versailles, et s'oppose à la ville depuis Louis XIV jusqu'à Louis XVI. Il s'y développe le bon usage et le jargon des courtisans : ils visent à être bien en cour et pour cela, font leur cour au roi (1539) ; il est important de savoir la cour « les manières en usage à la Cour ». Ce sens du mot, en France, a disparu avec la monarchie, a réapparu avec l'Empire, puis la Restauration et le Second Empire, et, à partir de la IIIe République, la cour, encore employé par dérision en France pour « l'entourage du président », n'est plus utilisé qu'à propos de régimes monarchiques. ◆  Au figuré, on continue d'employer faire la cour dans le vocabulaire amoureux (1651) et cour d'admirateurs (d'après le sens de « cercle de personnes empressées autour de qqn », 1690).
❏  Le diminutif de cour, COURETTE n. f. « petite cour intérieure », est attesté depuis 1797.
■  Les composés basse-cour, arrière- et avant-cour ont été signalés plus haut. COURÉE n. f. (1845) s'emploie dans le nord de la France et en Flandres, pour désigner une petite cour, commune à plusieurs logements ou immeubles.
❏ voir CORTÈGE, 2 COURT, COURTILIÈRE, 1 COURTINE, COURTISAN, COURTOIS et aussi HORTI-, HORTENSIA, JARDIN, ORTOLAN.
COURAGE → CŒUR
COURBACH → CRAVACHE
L COURBE adj. et n. f. est la réfection (1699) de l'ancien adjectif corbe (XIIIe s.), antérieurement corb, curb (apr. 1170) au masculin. Celui-ci est issu d'un latin populaire °curbus, altération du mot classique curvus « courbe, recourbé » qui se rattache, avec élargissement en °-wo, à la racine indoeuropéenne °kor- « courbe » (→ couronne).
❏  Le mot qualifie ce dont la forme, la direction ne comportent aucun élément droit ou plan, couramment et spécialement en géométrie. Il est employé comme substantif (une courbe) depuis la fin du XVIIe s. avec son sens moderne, après une attestation au XIIe s. pour « branche tordue » et une autre vers 1250 pour « morceau de jante ». De ses spécialisations en géométrie (1699) et en mathématiques lui vient le sens particulier de « ligne représentant la loi, l'évolution d'un phénomène » (courbe de température), parfois pris dans une acception métaphorique (courbe des sentiments). Il compte aussi quelques emplois techniques en marine.
❏  COURBER v. est issu (v. 1170) du latin populaire °curbare, altération du classique curvare « rendre courbe » (→ l'emprunt incurver), de curvus (→ courbe). Le verbe, lorsqu'il est employé à propos d'une partie du corps, signifie « pencher, incliner » et, dans quelques emplois particuliers, exprime la soumission (courber la tête), l'assujettissement (courber qqn). L'usage de la construction intransitive au sens de « devenir courbe » et, abstraitement, « se soumettre », est plus littéraire, sauf dans la locution courber sous le poids de. Cet emploi est concurrencé par la forme pronominale se courber (autrefois également : « s'incliner pour saluer »). ◆  Le sens de « faire une courbe » est réalisé en français de Suisse, où le verbe correspond à « prendre un virage ; tourner ». ◆  L'argot collégien suisse l'emploie pour « ne pas aller en classe, à un cours », là où on dit sécher en français de France, brosser en français de Belgique.
■  Courber a produit des dérivés d'usage restreint, voire technique : COURBET n. m. (1390) « grande serpe à couper les branches », COURBEMENT n. m. (1478), « action de courber ; état de ce qui est courbé, rendu courbe », ultérieurement COURBAGE n. m. (1863), plus couramment COURBURE n. f. (XVe s.) « forme, disposition de ce qui est courbe ou courbé » et COURBETTE n. f. (1558). Ce dernier est à l'origine un terme de manège, employé par analogie en parlant d'un geste humain exprimant la déférence (av. 1585). Par extension, il a pris, surtout au pluriel, le sens péjoratif de « marque servile et obséquieuse de déférence » (1623, Sorel). ◆  Son dérivé COURBETTER v. intr. (apr. 1500) n'est qu'un terme de manège.
Le préfixé verbal RECOURBER v. tr., d'abord recorber (v. 1155), est moins souvent employé avec une valeur itérative qu'avec la valeur déterminée de « courber à l'extrémité », également sous la forme pronominale se recourber (v. 1560). Ses propres dérivés RECOURBEMENT n. m. (XVe s.) et RECOURBURE n. f. (1875 ; 1600, recourbeure) sont rares.
❏ voir CURVILIGNE (art. LIGNE), INCURVÉ.
COURÇON → COURT, adj.
L COURGE n. f., aboutissement (v. 1350) de cohourge (XIVe s.), est une forme dialectale (surtout Ouest) issue d'un latin tardif °cucurbica, altération du latin classique cucurbita « courge, gourde ». Ce mot présente le même redoublement syllabique que les mots de sens voisin cucutia, cucumis « concombre » et cicirbita. La forme classique a donné coorde, cohourde (1246), forme conservée dans de nombreux patois. En outre, elle a échangé son suffixe contre d'autres suffixes diminutifs comme -ula (d'où l'ancien provençal cogorla, l'ancien français courle, le lorrain cohole, etc.) [→ aussi gourde]. ◆  Quant à COUGOURDE n. f. (1673), forme moderne de coucourde (1273), aujourd'hui usité dans le sud-est de la France, il est issu de l'ancien provençal cogorda, de cucurbita. Dans les parlers septentrionaux, le terme dominant est citrouille.
❏  Courge, nom de plante, est couramment employé pour désigner le fruit de certaines variétés, utilisé comme légume. Il est parfois employé avec le sens péjoratif d'« imbécile » par référence, dit-on, au vide interne du fruit.
❏  Il a produit le terme régional COURGERON n. m. (1852) « petite courge », en usage en Suisse romande, et COURGETTE n. f. (1929, d'abord en Bourgogne) « fruit d'une variété de courge consommée jeune », rapidement devenu usuel, cet état du légume étant plus courant en cuisine que la courge elle-même.
CUCURBITACÉES n. f. pl. a été formé savamment, d'abord comme adjectif (1721), sur le radical du latin cucurbita comme terme de classification botanique.
L COURIR v. tr. et intr., aboutissement de curir (1080), qui provient, par changement de conjugaison, de curre (v. 1050), est issu du latin currere « se mouvoir rapidement à toutes jambes », employé à propos des hommes, des animaux et, par extension, des inanimés. Ce verbe se rattache à un ancien groupe italo-celtique et germanique relatif aux chars (→ char, car) et aux chevaux (en anglais horse, de la même série) dont l'importance était essentielle dans le monde indoeuropéen. La forme initiale courre, issue par évolution phonétique, a été éliminée par courir (Cf. le même phénomène avec quérir), mais s'est maintenu dans le syntagme figé chasse à courre (ci-dessous).
❏  Courir, intransitif au sens propre, réalise, en fonction du contexte, des valeur spécifiques, telle « se hâter » (v. 1265) ou « courir dans une compétition » (1559) ; il entre dans la construction où il est suivi de l'infinitif (1160) pour « aller vite dans un but précis » (courir faire qqch.). En parlant de choses, il signifie « passer d'un lieu à l'autre, se répandre » (v. 1225), parfois « couler vite », et surtout au figuré « se diffuser » à propos d'une rumeur, et « se dérouler, suivre son cours » en parlant du temps (par les temps qui courent). ◆  Il est employé au sens d'« être compté à partir d'une certaine date », en parlant d'une somme d'argent due, et « s'étendre, se prolonger vers » sur un plan spatial (1690).
■  Plusieurs emplois transitifs se sont répandus à partir du XIIIe s., tel « poursuivre (qqn) à la course », d'abord dans le domaine de la chasse (v. 1225), d'où le dicton on ne court pas deux lièvres à la fois. Par extension, le verbe exprime le fait de poursuivre qqn (1434-1438), sens aujourd'hui archaïque mais prolongé métaphoriquement dans le langage populaire moderne (1901) pour « importuner » : tu commences à me courir. ◆  L'autre extension métaphorique, « rechercher ardemment » (1585), en particulier dans le domaine de la galanterie (1690), connaît une grande vitalité, en concurrence avec courser* (courir les femmes, voir ci-dessous coureur) ; dans ce sens, on emploie absolument courir. ◆  Certaines locutions, telles que courir un risque, un danger, réalisent l'idée de « s'exposer à » (av. 1558). Suivi d'un nom de lieu, courir signifie « parcourir fréquemment » (courir les rues), au propre et au figuré (1547). ◆  Courir, avec pour complément un nom ou une expression désignant une fête traditionnelle, signifie en français du Canada « participer activement », par exemple, en Acadie, courir la Chandeleur, la Mi-Carême (« faire la quête », dans le premier cas ; « aller de maison en maison en dansant et en chantant », dans le second) ; en « cadien » de Louisiane, courir le Mardi gras. ◆  Au Québec, courir le poisson d'avril s'emploie pour « subir la plaisanterie du poisson d'avril », et courir la galipote équivaut à courir le guilledou en France.
❏  COURU, UE p. p. adj. ne reprend que certains sens transitifs du verbe. Il signifie « recherché (par qqn, qqch.) », la locution c'est couru (d'avance) [1901] faisant allusion soit au chasseur qui poursuit sa proie, soit à une course de chevaux.
■  Le participe présent adjectivé 1 COURANT (déb. XVe s., 1413), d'abord curant (1080) « qui court », figure dans de nombreux syntagmes lexicalisés tels chien courant (1270), écriture courante (1752), main courante (av. 1873) et eau courante. ◆  Transposé sur le plan temporel, il signifie aussi « qui a cours au moment où l'on parle » (1623), dans année courante et affaires courantes (1772) « affaires à traiter normalement, de manière régulière ». ◆  À partir du XVIIe s., l'adjectif prend la valeur de « normal, habituel et fréquent » ; il s'applique à l'usage de la langue (mot courant) et à une réalité économique et commerciale (1669) : on parle ainsi de prix courant, compte courant, etc.
■  Courant a produit l'adverbe COURAMMENT (fin XIIe s., curranment) et deux noms : COURANTE n. f., attesté en 1515 au sens de « danse ancienne » (dès le début du XIVe s., il signifie « diarrhée » mais il s'agit peut-être d'une erreur de lecture pour courance, attesté en ce sens du XIIe au XVIe s.), et 2 COURANT n. m. (1210), développé à partir du sens particulier de courir : « couler » (d'un liquide). Ce nom désigne essentiellement le mouvement d'un cours d'eau, le déplacement des eaux dans les océans (comme stream en anglais), puis celui de l'air (1749, courant d'air) et de l'électricité (1788, Buffon courant électrique ; courant continu 1829), devenant alors un quasi-synonyme usuel pour électricité (mettre, couper le courant). L'expression familière se déguiser en courant d'air signifie « filer, disparaître » (1894). ◆  Le XVIIe s. a développé des valeurs figurées, désignant par courant le mouvement des passions, des sentiments (v. 1655) et celui qui entraîne l'opinion (1653). Le sens de « course du temps » (1690) a seulement été conservé dans la locution dans le courant du (mois). Depuis 1832 (Hugo), le mot désigne par métaphore littéraire un mouvement de foule. ◆  La locution très usuelle au courant « informé » (1780) fait référence à ceux des emplois de courant qui impliquent une idée de « familiarité », de « connaissance habituelle ». ◆  Courant a produit le composé CONTRE-COURANT n. m. (1783), au figuré dans la locution à contre-courant (1852), et quelques termes scientifiques récents (COURANTOLOGIE n. f. 1974, COURANTOMÉTRIE n. f. 1972) se référant à l'étude des courants marins.
L'ancien infinitif de courir, COURRE, s'est maintenu dans le langage de la vénerie au sens de « poursuivre une bête » (1225) et surtout dans l'expression courante chasse à courre. ◆  COURRERIE n. f. s'emploie en Belgique pour « courses, démarches, allées et venues fatigantes ou fastidieuses ».
Courir a produit aussi COUREUR, EUSE n. (1160), notamment utilisé en sport (1559), avec des syntagmes et spécialisations liés à ceux de course*, dans le contexte militaire (XVIIe-XVIIIe s.), puis (XIXe s.) en sport (coureur de fond, etc.). ◆  Coureur des bois ou coureur de bois, expression apparue dans les dictionnaires français avec l'édition de 1727 du Furetière, y reçoit la définition suivante : « on appelle coureur de bois dans le Canada, des gens qui vont porter les marchandises dans le fond du pays, pour trafiquer [commercer] avec les Sauvages ». Coureur de bois est attesté au Canada dès le XVIIe s. (1672), d'abord péjorativement, à propos de ceux qui faisaient la contrebande des pelleteries et vivaient souvent à la manière des Amérindiens. À ce sens historique ont succédé des valeurs positives — ceci dès 1686 — pour « aventurier muni d'un congé des autorités pour commercer », d'où vient l'emploi du syntagme à propos d'une « figure héroïque, mythique et folklorique de l'histoire nord-américaine, symbole d'errance, de liberté, d'esprit d'aventure et de métissage avec les autochtones » (Dictionnaire historique du français québécois). Ce personnage fut parfois éclaireur, guide, voire combattant dans les guerres coloniales. Les différentes connotations du mot coureur en français de France, entre « débauché, libertin » et la valeur militaire ancienne (XIIe s.-XVIIIe s.), « éclaireur », ont joué pour ces fluctuations sémantiques. Avec ses valeurs historiques, l'expression est passée en anglo-canadien.
Une autre valeur de coureur correspond au sens galant du verbe, péjoratif au masculin (c'est un coureur) et plus encore au féminin, une coureuse étant très péjoratif. Tous ces emplois ont vieilli.
■  Par suffixation péjorative, il a produit COURAILLER v. tr. (1732) et de là, dans un contexte galant, COURAILLEUR, EUSE n. (1860 ; 1845, « enfant qui court partout ») et COURAILLERIE n. f. (1892).
■  Par composition, il a produit AVANT-COUREUR n. (XIVe s.) et adj. (1637) à propos de ce qui se produit et semble annoncer une suite analogue (des signes avant-coureurs de...).
COURATER v., attesté à Genève en 1560, est formé sur courir avec l'infixe fréquentatif -at. Il s'emploie en français de Suisse pour « courir, aller çà et là, sans but », à peu près comme vadrouiller en France. Comme transitif, il vaut pour « courir après » et surtout « pousuivre (un partenaire érotique) », aussi absolument, comme courailler. ◆  COURATE n. f. en est le déverbal (1903), par exemple dans avoir la courate « la bougeotte », et dans des emplois spéciaux, « fait de courir les filles, les garçons », ou encore « jeu de poursuite », Cf. chat perché.
■  COURATIER, IÈRE n. et COURATEUR, EUSE n. sont aussi en usage dans la zone franco-provençale.
COURT-PAS n. m. désigne en français mauricien une espèce d'escargot. Cette formation plaisante semble d'origine créole.
ACCOURIR v. tr. (v. 1050) vient du latin accurere, proprement « courir vers », de ad et curere. Le verbe a conservé la valeur du composé latin en ad « aller vite vers un but », « venir en courant, en allant vite », d'où au figuré, d'une chose, « arriver rapidement » (au XVIe s., chez Baïf).
PARCOURIR v. tr. (XVe s. ; v. 1155, parcorre) est l'adaptation du latin percurrere « traverser l'espace dans toute son étendue » ; depuis 1675, il est employé avec un nom de chose mobile pour sujet au figuré. Dès le XVIe s., il est employé à propos du regard, au sens de « lire en diagonale » (Montaigne) d'où (1669) « regarder rapidement ».
■  PARCOURS n. m. (1268), issu du bas latin percursus et francisé d'après cours*, est à l'origine un terme de droit féodal désignant la convention entre habitants de seigneuries, qui leur permet de résider sur l'une ou l'autre sans perdre leur franchise. Juridiquement, le mot désigne, entre le XVe s. et le 9 juillet 1789 (date de son abolition), le droit permettant de faire paître le bétail sur la vaine pâture de la commune voisine et réciproquement. ◆  Le sens moderne courant « chemin, trajet », lié à parcourir, est seulement attesté depuis 1865, avec des spécialisations en sport et dans un contexte militaire.
❏ voir CONCOURIR, CONCURRENT, CORRIDA, CORRIDOR, CORSAIRE, COURRIER, COURS, COURSE (et COURSER), COURSIVE, COURTIER, CURRICULUM, CURSIF, CURSUS, CURULE, DISCOURIR, ENCOURIR, EXCURSION, OCCURRENT, PRÉCURSEUR, RECOURIR, RÉCURRENT, SECOURIR, SUCCURSALE.
? COURLIS n. m. est la réfection (XVIe s.) de corlieu (XIIIe s.) — les dictionnaires répertorient encore courlieu — et de corlys (1555). Ces formes, d'origine obscure, sont en général considérées comme une création expressive d'après le cri de l'oiseau, et l'on cite à l'appui de cette thèse la variété des formes régionales (corlu, corleru en picard, courreli en provençal, etc.). Mais la nature expressive du mot n'exclut pas une origine plus précise, peut-être le latin cornix (→ corbeau, corneille).
❏  Le mot désigne un oiseau aquatique migrateur, échassier de taille moyenne au long bec arqué.