L
COUSSIN n. m. est l'aboutissement, par les formes cuisin (av. 1150), coissin (v. 1160), cousin (v. 1178), du bas latin coxinus, dérivé du latin impérial coxa « hanche » (→ cuisse), la première fonction du coussin étant de garnir les sièges. La finale est peut-être due à l'influence de pulvinus « coussin, oreiller », mot d'origine inconnue.
❏
Ce terme courant d'ameublement a développé plusieurs sens spéciaux par analogie de destination, en médecine, marine, dentellerie et en mécanique avec coussin d'air. Il est utilisé en sciences naturelles dans la locution en coussin décrivant ce qui rappelle le caractère souple et ventru d'un coussin. Le mot, en français de Belgique et du Luxembourg, peut s'employer pour « oreiller ». Cette valeur existe en Suisse depuis le XIVe s. et long coussin s'est dit pour « traversin » (emploi disparu).
◆
Coussin gonflable est employé en français québécois, évitant l'anglicisme du français d'Europe, airbag.
◆
En français d'Afrique, coussin de tête se dit de la torsade de tissu ou de fibre destinée à supporter les fardeaux portés sur la tête.
❏
Le diminutif
COUSSINET n. m. (v. 1285) désigne proprement un petit coussin et a lui aussi quelques emplois spécialisés, en architecture (1676, « partie remplie d'un chapiteau ionique »), mécanique (1863), et surtout en anatomie où il désigne un petit bourrelet (de chair).
◆
En français d'Afrique, il est synonyme de
coussin de tête (ci-dessus).
■
COUSSINIÈRE n. f. (v. 1550, couissinière, de la variante couissin, coissin) est utilisé dans le domaine occitan pour désigner l'étoffe recouvrant un coussin.
L
COUTEAU n. m., d'abord coltel (v. 1130) puis couteau (1316), est issu du latin cultellus, diminutif de culter, désignant toutes sortes d'objets tranchants (rasoir, couteau, coutre de la charrue). Tandis que culter, cultri a donné au français le terme technique COUTRE n. m. (1220 ; 1150, cultre) désignant la partie tranchante du soc de la charrue, son diminutif a été introduit au sens général de « couteau » (italien coltello, espagnol cuchillo). Culter semble venir d'une racine indoeuropéenne °kel- alternant avec °skel- que l'on a dans le grec skalis « houe », le vieil islandais skalm « couteau » ; cette racine serait peut-être la même que celle de caro (→ chair).
❏
Introduit avec son sens usuel, le mot est entré dans la locution figurée
être à couteaux tirés avec qqn (1680 ; 1586, sous une forme un peu différente) et dans quelques proverbes aujourd'hui tombés en désuétude. L'un d'eux faisait référence au couteau à pain d'une famille, transmis de génération en génération, et dont on changeait alternativement la lame et le manche (
le couteau de Jeannot, expression qui se trouve dans Balzac). On ne sait s'il faut lui rattacher les expressions venues de l'argot du théâtre,
second, troisième couteau (1959 dans Esnault), pour « personnage secondaire ». L'expression est péjorative.
◆
Il a donné une phraséologie descriptive comprenant
couteau de poche (1680),
de table (1680),
de cuisine (1690). Depuis le
XVIIe s., par analogie de fonction, il désigne un outil métallique tranchant dans divers domaines techniques (agriculture, médecine vétérinaire).
■
Par analogie de forme, il désigne un mollusque bivalve à coquille allongée (1611) et, depuis le XIXe s., l'arête du prisme triangulaire qui porte le fléau d'une balance (1863).
❏
Dès le
XIIe s.,
coltel, coutel a produit
COUTELER v. (1160) « frapper avec un couteau » et « couper au couteau », spécialisé en mégisserie (1407) et peu répandu (cependant, il est employé par Chateaubriand).
■
COUTELIER, IÈRE n. (v. 1170), « personne qui fait ou vend des couteaux », a pour féminin COUTELIÈRE n. f. (XIIIe s.), ancien nom de l'étui où l'on range les couteaux.
■
COUTELLERIE n. f. (v. 1268) désigne l'industrie, la technique de la fabrication des couteaux, ciseaux et rasoirs, et, par métonymie (1611), le lieu de fabrication et de vente de cette industrie.
◆
Au Québec, il s'est dit pour « service de table complet présenté dans un coffret » (ménagère en français de France).
■
COUTELAS n. m. (1560), « grand poignard », est issu par changement de suffixe du moyen français coutelasse n. f. (1410 ; XIVe s., coutelesse), lui-même dérivé de l'ancien français coutel « grand couteau de combat » ; cette hypothèse semble préférable à celle d'un emprunt à l'italien coltellaccio qui n'a pris le sens de « poignard » qu'au XVIIIe siècle. Le radical de couteau est à l'origine d'un autre nom d'arme, aujourd'hui disparu, COUTILLE n. f. (1351), « épée large et tranchante fixée à une hampe » (d'où coutilier, v. 1450, « soldat armé d'une coutille »).
■
Ultérieurement, couteau a fourni le premier ou le second élément de COUTEAU-SCIE n. m., d'abord couteau à scie (1723), pour une scie à main servant à scier les pierres tendres, et de PORTE-COUTEAU n. m. (1869). Il s'agit d'un ustensile de table sur lequel on pose la lame des couteaux pour éviter de salir la nappe.
◆
En argot, le mot s'applique à un personnage de second rang, au service d'un malfaiteur. Cf. porte-flingue.
L
COÛTER v. intr. et tr., d'abord coster (v. 1165), continue le latin constare « se tenir ferme, fixé » (→ constat), « être composé, consister en » (→ consister) et, avec un ablatif instrumental de prix, « être mis en vente moyennant un prix, valoir » au propre et au figuré. Cette valeur seule est passée en français.
❏
Coûter a repris à la fois un sens propre, « entraîner des dépenses » (1172), et le sens figuré de « causer une peine, un effort à qqn » (1165), réalisé dans la locution coûte que coûte (1802, coûte qu'il coûte).
◆
D'abord intransitif (seul emploi correct pour Littré), coûter a depuis le XVIIe s. des emplois transitifs ; à côté de coûter cher, beaucoup, peu, et des compléments internes (coûter cent euros), de nombreuses locutions comportent un complément direct, comme coûter les yeux de la tête, coûter la peau des fesses, en Belgique coûter un os. Au figuré, à côté des emplois intransitifs anciens (ci-dessus), le verbe correspond à « causer (une peine, une perte) », par exemple dans cela lui a coûté bien des ennuis, des tracas, une forme figée étant coûter la vie (à qqn) : faire mourir.
◆
Selon l'Académie le participe passé ne s'accorde que dans les emplois transitifs au figuré.
❏
Le déverbal
COÛT n. m., d'abord
cust (v. 1155), désigne le prix de revient d'une chose (
coût de fabrication, etc.) et, au figuré, la conséquence désagréable d'une erreur, d'une action.
■
COÛTEUX, EUSE adj. (v. 1185) réalise dès les premiers emplois une double valeur propre « qui coûte cher », et figurée.
◆
Il a pour dérivé COÛTEUSEMENT adv. (1769).
■
COÛTANT, ANTE p. pr., autrefois adjectivé au sens de « dispendieux » (XIIIe s.) et au sens figuré de « pénible » (XIIIe s.), ne fonctionne plus que dans l'expression prix coûtant (1679).
■
Le composé récent SURCOÛT n. m. (1978) est un terme d'économie.
L
COUTUME n. f., d'abord custume (1080) et costume (v. 1135), puis coustume (XVe s.), est issu du latin consuetudo (accusatif consuetudinem) « habitude », « genre, manière d'agir propre à un peuple ». Ce nom est formé sur le supin de consuescere, composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) du verbe plus rare suescere « habituer », lequel appartient à un groupe de mots issus de la racine indoeuropéenne °swe-, °se- marquant l'appartenance de l'individu à un groupe (→ désuétude, mansuétude, sœur, soi, et les mots d'origine grecque éthique, ethnique). Par ailleurs, une spécialisation de l'idée d'« habitude » a produit costume*.
❏
Coutume, apparu au sens général de « manière d'agir habituelle », subit depuis le XVIe s. la concurrence d'habitude, mais se maintient comme semi-synonyme moins courant, notamment dans des locutions : avoir coutume (v. 1170), de coutume (1467), qui a pris en français canadien la valeur étendue de « à l'ordinaire, d'habitude ».
◆
Dès le XIIe s., il désigne plus spécialement une manière d'agir fixée par l'usage et recouvre aussi la manière d'agir à laquelle une collectivité se conforme, et, dans une acception juridique, les habitudes collectives transmises de génération en génération, alors en concurrence avec mœurs.
❏
Son importance dans la pensée juridique médiévale (surtout au nord de la France, le Sud étant pays de droit écrit romain) se mesure à l'ampleur de son groupe de dérivés en ancien et moyen français, avec les synonymes
costumance n. f. et
costumée n. f., le verbe
costumer « accoutumer », « payer la redevance appelée
costume »,
costumerie « lieu où l'on payait l'impôt »,
costumel et
costumable, enfin
custumier (ci-dessous
coutumier).
■
Le seul dérivé qui s'est maintenu, si l'on excepte la variante démotivée costume*, est apparu avec la nécessité de fixer la coutume par écrit : c'est l'adjectif COUTUMIER, IÈRE (v. 1160, custumier) « qui a l'habitude de », spécialisé juridiquement dans droit coutumier et substantivé au masculin (1394) au sens de « recueil des règles de coutume » (voir ci-dessous ses autres emplois).
◈
Le mot
coutume, tant dans la langue scientifique (ethnologie, sociologie...) que dans les usages francophones des cultures de tradition orale (Afrique subsaharienne, océan Indien, Polynésie...) revêt une importance particulière et des connotations différentes, de même que
coutumier. Spécifiquement, le mot, en français de Nouvelle-Calédonie, désigne les rites et les cérémonies à accomplir à l'occasion d'un événement concernant la communauté.
Faire la coutume, faire un échange, un cadeau à ces occasions.
◆
Quant à
coutumier, il s'emploie à propos de tout ce qui concerne la coutume, la tradition, en Afrique (
mariage coutumier, tribunal, conseiller coutumier, « qui assiste un fonctionnaire pour assurer le respect de la coutume »), en Nouvelle-Calédonie
(échanges coutumiers ; affaires coutumières, aire coutumière, autorités coutumières...), en Polynésie. Nombre d'institutions sont ainsi qualifiées
(conseil, sénat, tribunal... coutumier).
◈
Par préfixation,
coutume a produit
ACCOUTUMER v. tr. (1170 ; d'abord
acostumer, 1160, « s'habituer à qqch. ») dont le participe passé
ACCOUTUMÉ, ÉE adj., « habituel », a été substantivé au féminin dans la locution
à l'accoutumée « à l'ordinaire », avec un dérivé
ACCOUTUMANCE n. f. (1160,
acostomance) qui désigne encore le fait de s'accoutumer, de s'habituer à des conditions d'existence, tant en parlant des humains que des animaux ou même des plantes.
Accoutumance s'est spécialisé à propos de l'habitude et de l'attachement à un produit chimique, tabac, drogue.
■
Avec un préfixe négatif ont été formés les antonymes DÉSACCOUTUMER v. tr. (fin XIIe s.) et DÉSACCOUTUMANCE n. f. (v. 1265), spécialisés comme accoutumance à propos du tabac, des drogues.
◆
INACCOUTUMÉ, ÉE adj. (1380, inacoustumé), rare jusqu'au XVIIe s. est redevenu assez courant pour « inhabituel ».
■
Le préfixe re- exprimant l'itération a servi à former RACCOUTUMER v. tr. (1538), refait en RÉACCOUTUMER v. tr. (v. 1600) « accoutumer de nouveau ».
❏ voir
COSTUME.
L
COUTURE n. f., d'abord custurae (v. 980), puis costure (v. 1150) et cousture (fin XVe s.), est issu d'un latin populaire °co(n)sutura, formé sur le supin consutum de consuere (→ coudre), de la même façon qu'on a formé sutura (→ suture) sur le verbe simple suere.
❏
Le mot désigne une suite de points assemblant une étoffe, sens réalisé dans les locutions figurées sous toutes les coutures et battre à plate couture (XVe s.), laquelle fait probablement allusion au fait que le tailleur devait autrefois aplatir les coutures neuves en les battant avec une latte.
◆
Dès l'ancien français, couture sert également de nom d'action à coudre (v. 1150) et s'applique spécialement à l'art de coudre (1690).
◆
Par métonymie, après s'être appliqué à un atelier de couturière (1680), il désigne la profession de couturier, entrant dans le composé haute couture.
◆
Très tôt (1155), il a développé un emploi analogique en marine, où il désigne la jointure de deux bordages d'un navire qu'on remplit d'étoupe goudronnée.
◆
Familièrement, il se dit d'une cicatrice (av. 1243), sens concurrencé par balafre et qui a vieilli, mais qui survit par le dérivé couturé (ci-dessous).
◆
En architecture, on appelle aussi couture le pli fait sur le rebord de deux tables de métal et par lequel on les assemble (1676).
❏
COUTURIÈRE n. f., d'abord
costurere (v. 1150) et
cousturière (v. 1200), désigne d'abord une femme qui fait de la couture, professionnellement ou non, et, en français moderne, une ouvrière de la couture, avant de désigner spécialement la femme qui dirige une maison de couture (dep. 1837). Son emploi au théâtre (
XXe s.) est issu par ellipse de
répétition des couturières « répétition pendant laquelle les couturières font les dernières retouches aux costumes ».
■
Le masculin correspondant, COUTURIER n. m. (v. 1213 ; dès 1115, en latin médiéval costurarius), « homme dont le métier est de coudre », a connu une grande expansion au XIXe s. en parlant de la personne (d'abord un homme) qui crée des modèles (1863), seul ou dans le syntagme grand couturier (1874), en relation avec haute couture. En français d'Afrique, le mot est employé là où on dirait tailleur en français d'Europe.
■
COUTURER v. tr., autrefois « coudre » (XVe s.), a été repris avec son sens moderne d'après COUTURÉ, ÉE adj. (1787) « balafré de cicatrices ».
■
Vers 1955, on a formé COUTUREUSE n. f., nom spécifique pour l'ouvrière qui monte certains travaux ou objets par des coutures, hors de la technique appelée couture.
❏ voir
ACCOUTRER.
COUVENT n. m., d'abord convent (v. 1120), forme attestée jusqu'en 1718, puis cuvenz (1155), cuvent (1160-1174) et couvent, est emprunté avec adaptation au latin conventus « assemblée, réunion », nom d'action correspondant au verbe convenire, à côté d'un autre nom d'action, conventio (→ convenir, convention). À l'époque chrétienne, conventus s'est spécialisé pour « assemblée de moines, congrégation » d'où le sens de « cloître » qui s'est répandu à partir du nord de la France, le Sud conservant monasterium (→ monastère).
❏
Le sens de « réunion, compagnie », repris au latin classique, a disparu au XVIe siècle. Le sens religieux de « lieu où vivent les membres d'une communauté religieuse » (1155) l'a éliminé, aussitôt étendu par métonymie à l'ensemble des religieux qui y vivent (v. 1165).
◆
Ce n'est qu'après 1718 que la graphie actuelle a définitivement évincé convent, passé à l'anglais convent (XIIIe s.) et réemprunté par le français CONVENT n. m. au sens d'« assemblée générale des francs-maçons » (1886).
◆
Après avoir désigné (XVIIIe s.) un lieu de retraite des femmes du monde tenu par des religieuses, couvent désignait particulièrement (1863, Littré) un pensionnat de jeunes filles tenu par des religieuses. Ce sens, disparu en français général, s'est conservé à l'île Maurice. Il est parfois employé au sens figuré de « lieu contraignant et austère ».
◆
En français d'Afrique, couvent dénomme un lieu pour les cérémonies rituelles, par exemple, l'initiation.
❏
Le dérivé
COUVENTINE n. f., « religieuse vivant au couvent » et « élève d'un pensionnat religieux », est attesté depuis la fin du
XIXe siècle.
◈
L'adjectif
CONVENTUEL, UELLE, d'abord
conventual (1249), est emprunté, avec maintien étymologique du vocalisme
-on-, au latin médiéval
conventualis (1188) « propre aux règles d'une communauté religieuse ».
❏ voir
CONVENTICULE, CONVENTION.
L
COUVER v. tr. et intr. continue (v. 1121) le latin cubare « être couché, alité » dont les formes — on ne sait pourquoi — ont remplacé les formes verbales de la racine °legh-, qui s'est en revanche maintenue dans les formes nominales (→ lit).
❏
En français, tandis que le sens de « s'étendre » a été attribué au représentant de
collocare (→ coucher), couver s'est spécialisé au sens de « rester posé sur les œufs pour les faire éclore », d'après un sens tardif de
cubare qui a supplanté son composé
incubare (→ incubation, incube). Cette spécialisation agricole rappelle celle de
traire (d'abord « tirer »).
◆
Par extension, le verbe réalise l'idée figurée de « protéger, entourer de soins attentifs » (v. 1175, en parlant de la louve pour ses louveteaux) à laquelle se rattache aussi la locution métaphorique
couver des yeux (1649, Descartes).
■
Dès le XIIe s., couver est aussi employé au sens intransitif d'« être caché de façon à éclore le moment venu », avec une insistance sur la dissimulation, s'appliquant notamment au feu sous la cendre (1175) ou bien sur la manifestation à venir (en parlant d'une maladie, v. 1350).
❏
Le participe passé féminin
COUVÉE est substantivé (v. 1100,
covede) comme nom d'action et employé par métonymie pour l'ensemble des œufs couvés en même temps. Il lui arrive de s'appliquer par métaphore à des enfants appartenant à la même famille (apr. 1250), de nos jours plutôt ironiquement.
■
COUVI adj. m., d'abord couveis (fin XIIe s.) et couvis (fin XVe s.), qualifie un œuf gâté parce que couvé ou conservé trop longtemps.
■
COUVAIN n. m. (av. 1350, couvin) est réservé spécialement à l'ensemble des œufs et des larves d'insectes vivant en société (abeilles, notamment).
■
Par substitution de suffixe, a été formé COUVADE n. f. (1539, faire la couvade « rester inactif »), sorti de l'usage après 1636 et repris en 1807 comme terme d'ethnologie en relation avec la coutume qui donne à l'homme une participation symbolique à l'accouchement.
■
COUVAISON n. f. (1542), dérivé français à rapprocher pour la forme du latin cubatio « fait d'être couché », signifie « action de couver » et est employé concurremment avec couvée, avec une valeur plus active.
■
COUVEUSE (1542 d'après Wartburg ; ou 1600), d'abord employé en parlant d'une poule, comme nom et adjectif (poule couveuse), s'est employé en parlant d'une femme, au sens figuré de couver.
◆
Comme nom féminin, il est devenu (1838) un nom d'appareil, en particulier (1890) celui d'un appareil utilisé en pédiatrie pour les enfants nés avant terme (aussi couveuse artificielle, incubateur). De là être élevé en couveuse.
■
Le mot a supplanté son synonyme COUVOIR n. m. (1564) « endroit où l'on fait couver les poules » et (1842) « appareil pour l'incubation artificielle ».
❏ voir
CONCUBIN, INCOMBER, INCUBER, SUCCOMBER, SUCCUBE.
L
COUVERCLE n. m. est issu (v. 1160) du latin impérial de même sens cooperculum, dérivé de cooperire « couvrir de tous les côtés » (→ couvrir ; opercule).
❏
Le mot, introduit pour « dispositif amovible servant à recouvrir, à fermer un contenant », a reçu des sens analogiques spécialisés en anatomie (couvercle du larynx) et en mécanique. La langue populaire l'utilise encore parfois comme dénomination métaphorique du crâne et du chapeau (1764), mais ces valeurs figurées ont vieilli, alors que le mot demeure très courant dans son emploi premier, avec diverses spécialisations usuelles et techniques.
L +
COUVRIR v. tr., d'abord covrir (v. 980), est issu du latin cooperire « couvrir entièrement » au propre et au figuré, composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) qui a remplacé le verbe simple operire (→ opercule, ouvrir), dans ce sens.
❏
Dès l'ancien français, l'idée essentielle de « revêtir par superposition » reçoit diverses applications en fonction du but poursuivi : cacher, orner, protéger, etc. Dès les premiers textes,
couvrir exprime l'action de cacher une chose en en mettant une autre dessus, l'objet pouvant être concret ou abstrait (1172), comme dans l'expression
à mots couverts (1176,
par moz coverz).
◆
Le succès de ce verbe dans le domaine psychologique a été tel que la langue classique l'a utilisé comme un synonyme de « dissimuler (des idées, des sentiments) ». Ultérieurement, il se dit d'un bruit qui en masque un autre de moindre intensité (1835).
■
Dès le XIe s. est apparue la nuance d'« être répandu en abondance sur (qqch.) » (v. 1050), qui ajoute l'idée d'étendue à celle de superposition, et a suscité plusieurs extensions : couvrir se rapporte en particulier aux nuages qui obscurcissent le ciel (aussi au pronominal, se couvrir, 2e moitié du XIIIe s., au participe passé, ciel couvert) et, au figuré, au fait de répandre des paroles, éloges ou injures sur qqn (1657).
◆
Sans cette idée d'abondance, le verbe exprime aussi le fait de disposer qqch. sur, et, en intransitif, d'être disposé sur (v. 1050) ; cette valeur, concurrencée par recouvrir, subsiste surtout dans le participe passé substantivé couvert (ci-dessous).
◆
Plus couramment, couvrir indique le fait de revêtir un espace, une ouverture d'un couvercle (1172), d'une couverture (toit, etc.). Il se dit spécialement à propos de deux animaux qui s'accouplent, le mâle montant sur la femelle (1372).
◆
Une valeur temporelle correspond à « se dérouler sur un certain intervalle de temps », tandis qu'une autre valeur, spatiale, se réalise dans l'expression vieillie couvrir du chemin (1921).
■
Dès l'ancien français, le but poursuivi peut être la protection, couvrir signifiant alors « protéger », en particulier d'une personne dans son être physique, le verbe se rapprochant sémantiquement de revêtir, vêtir et, à la forme pronominale, de se vêtir (v. 1230). En français moderne, se couvrir a plusieurs valeurs, « se protéger du froid » et « mettre, remettre un chapeau », et se distingue dans l'usage de s'habiller et se vêtir. L'idée de protection s'est aussi appliquée aux personnes, sur le plan moral (v. 1475). Du sens physique procède un emploi spécial dans un contexte militaire ; du sens moral une spécialisation en administration, en finance (1793), par exemple couvrir un emprunt.
◆
Le sens apparu au XXe s., en journalisme, d'« assurer le récit, le commentaire de (un événement) » est emprunté à l'anglais to cover.
❏
Le participe passé
COUVERT, ERTE, outre ses emplois adjectivés avec tous les sens du verbe, est substantivé dans le
COUVERT n. m. (
XIIe s.), d'abord au sens de « retraite, logement », sorti d'usage. Toujours avec l'idée de « ce qui couvre », le mot a pris le sens de « toit » au
XVIe s., réalisé dans la locution
donner le vivre et le couvert, encore usuelle mais souvent mal interprétée. Il désigne aussi l'abri que donne le feuillage d'un arbre (1285) et, par métonymie, les arbres qui donnent de l'ombre.
◆
D'autres sens se limitent à des emplois en locutions prépositionnelles :
sous le couvert de (1669), « sous le nom de qqn », et
à couvert de (adverbialement
à couvert) « sous la protection de ».
■
Depuis le XVIe s., couvert désigne couramment et collectivement ce dont on couvre la table pour manger (nappe, ustensiles). L'expression mettre le couvert est attestée en 1631. Le mot désigne plus spécialement les ustensiles à l'usage de chaque convive (1616) [par ex. mettre le couvert, 1631 ; ajouter un couvert] et, surtout, l'ensemble constitué par le couteau, la fourchette et la cuillère, selon l'évolution des manières de table au cours du XVIIe s., sous l'influence de l'Italie au début du siècle. Au figuré, la locution populaire remettre le couvert « recommencer », s'applique aux relations sexuelles (milieu XXe s.).
◆
En français du Canada, le mot se dit pour « couvercle » (le couvert d'un pot), et aussi pour « couverture (d'un livre, d'un cahier) ».
■
Le féminin COUVERTE (XIIe s.) désignait anciennement une couverture de lit, notamment la couverture en laine à l'usage des soldats ; il a été utilisé en ce sens dans la locution familière passer à la couverte, « faire sauter sur une couverture ».
◆
Par dérivation du verbe, couverte a un sens technique « émail revêtant la faïence, la porcelaine ».
◆
Le sens qui correspond à couverture est vivant en français du Canada, où l'on dit une couverte de laine, etc. et avec des locutions figurées : sous la couverte « en secret, en sous-main » ; tirer la couverte de son bord, qui équivaut à tirer la couverture à soi en français d'Europe « prendre le bénéfice d'une situation, d'une action », signifie en outre « prendre pour soi la meilleure part, le profit ».
◈
COUVERTURE n. f. (v. 1120) a pu subir l'influence du bas latin
coopertura « ce qui recouvre, voile », employé au propre et au figuré. Il désigne ce qui sert à couvrir, en particulier la pièce de tissu que l'on étend sur un lit (v. 1180) — sens dominant en français moderne — et aussi le toit d'une maison (v. 1160-1170) dans le langage du bâtiment. Il s'applique aussi à ce qui recouvre un livre (1386) et s'emploie avec différentes acceptions en anatomie, horticulture et ornithologie.
■
Dès le XIIe s., il reprend les sens figurés de couvrir, désignant une feinte, une dissimulation (1160-1170).
◆
Ce sens psychologique a disparu après l'époque classique, mais une autre valeur figurée est apparue au XIXe s., dans le domaine financier, à propos d'une somme destinée à garantir, à protéger (1835). Ce sens de « protection » est repris pour « fausse raison sociale cachant des activités délictueuses » (1902) et dans le contexte médical.
■
Couvrir a produit quelques dérivés de sens technique ou spécialisé avec COUVREUR n. m. (déb. XIIIe s.) « celui qui fait et répare les toitures » et COUVRANT, ANTE adj. (1901), dit d'une peinture qui recouvre sans aucune transparence. Le féminin COUVRANTE n. f. fournit un mot argotique pour « couverture ».
◈
Sous la forme
COUVRE- le verbe a fourni le premier élément d'un certain nombre de substantifs composés, certains détachés du sens du second élément
(→ chef, feu), d'autres demeurant motivés, comme :
COUVRE-CHAUSSURE n. m., terme du français canadien (1914) pour « protection mise en hiver sur les chaussures » (on dit surtout
claque) ;
COUVRE-JOINT n. m. (1845) ;
COUVRE-LIT n. m. (1853) ;
COUVRE-LIVRE n. m. (1936) ;
COUVRE-OBJET n. m. « mince lame de verre recouvrant les objets examinés au microscope » (déb.
XXe s.) ;
COUVRE-PIED n. m. (1696), dessus de lit épais ;
COUVRE-PLAT n. m. (1688) « couvercle, cloche dont on recouvre un plat, pour le servir, le garder au chaud » ;
COUVRE-SOL adj. et n. m. « (plante) qui se développe près du sol, s'étale sans croître en hauteur ».
◈
Par préfixation, il a produit
RECOUVRIR v. tr. (
XIIe s. ; 1130,
recovrir) qui a rarement le sens itératif de « couvrir de nouveau » mais correspond à la valeur déterminée qu'assumait le latin
cooperire par rapport à
operire. Il signifie surtout « couvrir entièrement » (v. 1155) « cacher, masquer » (
XIIIe s.) et au figuré « contenir, renfermer » (
XXe s.).
◆
Son dérivé
RECOUVREMENT n. m. (1627), rarement utilisé avec le sens général, est surtout un terme d'usage technique, appliqué à des éléments dont la fonction est de recouvrir (fin
XVIIIe-déb.
XIXe s.).
◆
RECOUVRABLE adj. (1546) est assez usuel, mais le nom d'action
RECOUVRAGE n. m. (1877) est peu usité.
❏ voir
APÉRITIF, APERTURE, COUVERCLE, COVER-GIRL, DÉCOUVRIR, OPERCULE, OUVRIR.
COUZE n. f. est le nom d'une rivière, sous-affluent de l'Allier, d'origine incertaine mais très ancien, peut-être antérieur au gaulois (préceltique), qu'on rapporte à un radical cos-, cosa-, « courant ». Les géographes, suivant l'usage régional, ont pris ce nom pour désigner une rivière de régime torrentiel, dans le bassin de l'Allier (la couze Chambon, la couze d'Ardes...).
COVER-GIRL n. f. est emprunté (1946) à l'américain cover girl « jeune fille qui pose pour les photos des magazines, en particulier en couverture ». L'expression anglaise est formée de cover « couverture » (XIVe s.), du verbe to cover, lui-même emprunté (XIIIe s.) à une ancienne forme de couvrir*, et de girl « fille » (→ girl).
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Le mot a pénétré en français avec les autres emprunts de la photo et du journalisme ; il a gardé le sens du mot américain, les équivalents proposés (mannequin, modèle) ne proposant pas une bonne équivalence.
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L'équivalent masculin COVER-BOY n. m. (1950, écrit « cover boy ») n'a pas eu la même diffusion.
COW-BOY n. m. est emprunté (1839) à l'anglais cowboy (déb. XVIIIe s.) « vacher, bouvier », qui a pris aux États-Unis le sens de « gardien de troupeaux de bovins élevés sur un vaste territoire » (attesté 1866). Le mot est formé de cow « vache » (v. 800, cuu), lequel appartient, par l'intermédiaire d'un type germanique commun °kouz, °kōz, au même groupe indoeuropéen que le latin bos (→ bœuf) et le grec bous (→ boulimie, bucolique), et de boy « garçon » (→ boy).
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Le mot fait toujours référence au personnage essentiel de la légende de l'Ouest américain, monté à cheval, vêtu d'un costume typique, et armé pour lutter à la fois contre les Indiens et contre ses pareils. Il a été diffusé avec les récits populaires d'aventures à la fin du XIXe s., puis avec le cinéma (westerns). En français du Canada, le mot s'applique à un homme imprudent, qui affecte de se moquer du danger, alors qu'en français d'Europe, jouer les cow-boys et d'autres expressions s'appliquent à un comportement agressif usant d'armes à feu et de brutalité et aussi à des manières prétentieuses, un habillement voyant. Selon les contextes locaux (Afrique, océan Indien, Pacifique...), le mot sélectionne les divers aspects du personnage de western (en français de Vanuatu, d'un homme dont le comportement aventureux met en péril l'ordre coutumier). En Nouvelle-Calédonie le mot, péjoratif, désigne (aussi comme adjectif attribut) une personne démodée, ridicule, et spécialement un, une adepte des voitures voyantes et ornées de nombreux accessoires (habitude appelée par anglicisme le tuning).
COYOTE n. m., d'abord coyoté par faute d'impression (1869), est emprunté à l'espagnol d'Amérique du Sud coyote (1532), lui-même emprunté au nahuatl (langue indienne d'Amérique centrale) coyotl.
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Le mot désigne un canidé sauvage d'Amérique du Nord, notable par ses mœurs de prédateur nocturne. Il a parfois un sens figuré péjoratif, « individu fourbe et malfaisant », par une métaphore commune à celle de hyène, chacal.
CRABE n. m. (v. 1119) est, comme homard, un terme apporté par les pêcheurs de la mer du Nord. Ses premières attestations en Normandie (crabe en jersiais au féminin, grappe à Bayeux au féminin) et dans le Nord (crape en wallon, crabo, crape en picard) font supposer un emprunt par deux voies différentes : le normand l'aurait pris à l'ancien norrois krabbi, nom masculin, et le wallon-picard au moyen néerlandais crabbe, nom féminin, ceci expliquant l'hésitation de genre, encore au XVIIe s. (la crabe, 1690). Le mot, avec toutes ses variantes, appartient à un groupe germanique (→ écrevisse) dont certains représentants désignent un crochet, des serres, des animaux qui serrent : le crustacé aurait été nommé d'après ses pinces.
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Comme nom de crustacé,
crabe a supplanté
cancer, d'ailleurs plutôt réservé à l'écrevisse, et aussi
chancre ; carabe, représentant du nom latin du crabe, s'étant spécialisé en entomologie. De nombreux syntagmes et noms, selon les régions de la francophonie et les espèces, dénomment ces décapodes. Outre le
tourteau, l'étrille, l'araignée de mer, on connaît en français d'Europe les expressions
crabe vert, crabe coureur, et, en français régional du Sud, le mot
favouille.
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En français du Canada,
crabe des neiges (Chionœcetes opibio). En français d'Afrique,
crabe des cocotiers le « crabe de terre » des côtes d'Afrique,
crabe violoniste (vivant dans les mangroves),
crabe des lagunes, comestible. En français de Nouvelle-Calédonie,
crabe désigne le
Scilla serrata, gros crabe des mangroves (appelé
crabe de Calédonie dans d'autres îles). Plusieurs espèces sont désignées par des expressions ayant cours aussi en Afrique, et par d'autres encore (
crabe batailleur, crabe carton « crabe mou dont la carapace commence à durcir »,
crabe de palétuvier...).
Crabe mou se dit (aussi aux Antilles) des crabes comestibles après la mue.
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En Océanie,
crabe des cocotiers désigne un pagure à l'état adulte, vivant sur terre parmi les cocotiers.
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Par allusion au comportement des crabes entre eux, le mot entre dans la locution figurée panier de crabes. Marcher en crabe s'emploie fréquemment pour « sur le côté, obliquement ».
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Comme chancre et cancer, mais secondairement, crabe s'est spécialisé en pathologie (1806) pour le chancre de la plante du pied.
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En relation avec les locutions métaphoriques, il désigne une personne âgée ridicule (un vieux crabe). Un autre sens argotique est « porte-monnaie » (1928).
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En est dérivé CRABIER n. m. (1690), « animal se nourrissant de crabes », nom d'un héron et d'un phoque des mers australes.
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En français de Guyane, le mot s'applique à un piège pour prendre les crabes.
CRAC interj. onomat. (1492), d'origine onomatopéique, doit être bien antérieur à son apparition dans un texte écrit.
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Dans ce contexte écrit, le mot est d'abord attesté à propos du cri d'un faucon malade (en 1690, Furetière répertorie le nom crac comme terme de fauconnerie pour une maladie du faucon). Il a commencé à prendre ses valeurs modernes au XVIe s., d'abord comme interjection exprimant la soudaineté, la promptitude (1536), puis comme nom désignant le bruit d'une chose qui se rompt (1611), et comme interjection imitant le bruit d'une chose qui craque.
❏ voir
CRACHER, CRAQUER, CRIC-CRAC ; par l'anglais, CRACK, CRACKER ; par le néerlandais, CRAQUELIN.
L
CRACHER v. intr. et tr., d'abord crachier (v. 1125), est issu d'un latin populaire °craccare, dérivé d'un radical onomatopéique krakk- qui est représenté à la fois dans le domaine roman et dans le domaine germanique (→ crac, craquer).
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Cracher, construit intransitivement (1178), signifie « rejeter des mucosités, de la salive par la bouche » et compte des emplois littéraires ou familiers exprimant l'idée péjorative de « mépriser » dans cracher sur (Cf. conspuer). Par analogie, il se dit d'une chose qui émet des projections et, au figuré, réalise la valeur familière de « payer » (1536), notamment dans cracher au bassinet, emploi métaphorique d'une locution médicale (XVe s.). En construction transitive (XIIe s.), il possède les mêmes valeurs propre et figurée, et signifie « dire avec mépris » (apr. 1450), « payer » (1759) et « avouer » (1836 Vidocq).
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Se cracher, d'un avion, d'un véhicule, correspond à « être détruit par un accident » ; c'est l'adaptation déplaisante de crasher, anglicisme. → crash.
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Le sens particulier et moderne de son participe passé
CRACHÉ, adjectivé dans
tout craché « ressemblant » (
XVe s.), s'explique probablement par un ancien symbolisme assimilant l'acte de cracher et l'acte de génération.
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Cracher a produit plusieurs noms.
CRACHAT n. m. (v. 1260) au sens concret de « mucosité crachée », employé par dérision depuis la Révolution pour « décoration » (1789).
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CRACHEMENT n. m. (
XIIIe s.), employé au sens analogique de « projection » (1859) et
CRACHEUR, EUSE adj. et n. (1538) ainsi que le nom d'ustensile
CRACHOIR n. m. (1546), très répandu au
XIXe s., archaïque aujourd'hui, l'hygiène imposant de ne pas cracher en public.
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Cracheur, en français d'Afrique, est le nom courant du cobra à cou noir
(Naja nigricollis), qui crache son venin à distance (aussi
serpent cracheur).
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CRACHIN n. m. (1880), mot dialectal de l'Ouest, probablement bien antérieur aux attestations écrites, se dit d'une petite pluie serrée ; on en a tiré le verbe impersonnel CRACHINER (1908).
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CRACHIS n. m. (1929) se range derrière cracher « projeter », désignant un groupe de petits points ajoutés à certaines parties d'une lithographie par éclaboussure.
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En français de Suisse,
CRACHE n. f. « salive » et « crachat » (1820) est d'usage familier et enfantin.
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CRACHÉE n. f. s'emploie en Savoie et en Suisse (attesté déb.
XXe s.) pour « chute de neige », et aussi « grande quantité »
(une crachée de fruits, d'enfants).
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Par suffixation,
cracher a produit le diminutif
CRACHOTER v. tr. (1660 ; 1578,
cracheter) dont sont tirés
CRACHOTEMENT n. m. (1694) et
CRACHOTANT, ANTE adj. (
XXe s.), ces deux derniers n'étant guère employés qu'avec la valeur de « bruit interrompu et désagréable », prise par le verbe
crachoter, et appliqués notamment aux parasites sonores de la radio.
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Un autre dérivé péjoratif CRACHOUILLER v. tr. (1924), d'usage dialectal et familier, a produit CRACHOUILLIS n. m. (1954) qui répond au béarnais crachoutis.
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RECRACHER v. tr. (
XVe s.) exprime régulièrement l'idée de « cracher à nouveau » et celle de « cracher ce qu'on a mis dans la bouche ».