CURSUS n. m. est l'emprunt d'un mot latin médiéval signifiant « cours » (XIIe s.), dérivé de currere (→ courir).
❏  Il s'est employé en rhétorique (1868) pour « prose rythmée ». Utilisé en histoire antique (cursus honorum, 1900), en médecine pour « cours d'étude », il s'est généralisé (v. 1970) à l'ensemble des études, surtout universitaires.
CURRICULUM n. m. ou CURRICULUM VITAE n. m. est emprunté (1902) au latin, au sens de « course, cours de la vie ».
❏  Le mot est devenu usuel pour « indications sur le cours de la vie, des études, des situations professionnelles (d'une personne) ».
CURULE adj. est emprunté (XIVe s., selle curule) au latin curulis, adjectif de currus « char (de triomphe) », de currere → courir.
❏  Terme d'antiquité, il s'applique au siège d'ivoire qui était réservé aux premiers magistrats romains (dignes du triomphe) et à ces magistrats.
CURVILIGNE → LIGNE
CUTANÉ, ÉE adj. est une formation savante (1546) tirée, d'après les composés bas latins intercutaneus et subcutaneus, du nom latin de la peau, cutis, évincé par peau. Cutis, mot ancien de la langue populaire, assez rare sauf chez les écrivains techniques, appartient à une racine indoeuropéenne °(s)keut-, °(s)kut- « peau », représentée en grec par skutos « peau travaillée » et kutos « enveloppe » et « cavité » (qui a fourni au français l'élément cyto*-, -cyte, « cellule »), par des mots germaniques. Sa valeur initiale doit être « enveloppe extérieure (d'un fruit, de la terre) », le sens de « cuir que l'on découpe » étant réservé à corium (→ cuir).
❏  Le mot qualifie ce qui a rapport à la peau, est situé au niveau de la peau ou est formé de peau, spécialement en anatomie et médecine.
❏  Outre cutané et SOUS-CUTANÉ, ÉE adj. (1753), le radical de cutis a servi à former les terme didactiques CUTICOLE adj. (XXe s.) et CUTINE n. f. (1878).
■  Son diminutif cuticula « petite peau » a été emprunté antérieurement sous la forme CUTICULE n. f. (1532) « petite membrane très mince ».
■  Un autre composé formé sur cuti- est CUTIRÉACTION n. f. (1907), désignant une vaccination préventive par incision superficielle de la peau, qualifiée selon la réaction de positive ou négative, d'où l'abréviation familière CUTI n. f. (1946) devenue usuelle et entrant dans la locution figurée virer sa cuti « acquérir une nouvelle attitude ; accepter de nouvelles habitudes, par l'expérience » et notamment, changer d'opinions politiques.
❏ voir COUENNE.
CUTE adj., emprunt graphique à l'anglais, prononcé kioute, est usuel en français familier du Québec, pour « mignon, mignonne ». Le mot anglais abrège acute, « aigu » et est attesté au XVIIIe s. pour « aigu », intellectuellement (Cf. acuité). Il a évolué dans l'usage familier, correspondant à « plaisant, agréable », sens qui apparaît dans l'argot étudiant des États-Unis, en 1834. Cet anglicisme ne s'est pas répandu en français d'Europe.
CUTTER n. m. est un emprunt (adapté en cutteur, 1971) à l'anglais cutter, dérivé (1671) du verbe cut « couper ».
❏  Le mot s'est répandu en français pour désigner un instrument formé d'une lame tranchante insérée dans un manche, souvent de matière plastique, utilisé pour couper le papier, le carton.
L CUVE n. f. est issu du latin cupa « grand récipient en bois ; tonneau, souvent en sapin, pour conserver des liquides et parfois des grains ». Ce mot latin, dont une variante géminée cuppa est à l'origine de coupe*, a été rapproché hypothétiquement du sanskrit kū́paḥ « trou, puits » et du grec kupellon « verre à boire ».
❏  Le mot désigne un grand récipient en bois fabriqué comme un tonneau mais de forme ronde ou ovale. Du XIIe au XVIIe s. (le bois étant remplacé au XVe s. par du cuivre), la cuve servait à prendre le bain, avant d'être remplacée par la sabotière, puis la baignoire. Dans la liturgie catholique ancienne, elle servait au baptême par immersion. ◆  Cuve reste d'usage courant dans le domaine de la fabrication et la conservation du vin. ◆  Par analogie, le mot désigne de grands récipients remplissant une fonction particulière (en photographie, gravure, chimie, etc.).
❏  Le dérivé CUVELER v. tr. (v. 1100), après avoir exprimé le fait de blanchir du linge (dans une cuve ?), s'est spécialisé en mines (1758) au sens de « revêtir les parois d'un puits de mine de planches, de solives », produisant CUVELAGE n. m. (1756) et CUVELLEMENT n. m. (1776).
■  CUVEAU n. m. (XIIe s., cuvel) est, de même que sa variante CUVELLE n. f., en usage dans le nord de la France et en Belgique. ◆  CUVAGE n. m. (1559 en Auvergne) désigne en français régional de Bourgogne, de la vallée du Rhône et d'Auvergne le local où l'on range le matériel viticole, parfois le pressoir.
L'autre diminutif, CUVETTE n. f. (v. 1200) possède, en plus de son sens courant « récipient pour l'eau des ablutions » (1630), puis « partie d'un dispositif hygiénique recevant l'eau », de nombreux emplois spécialisés ; par analogie de forme, il se dit par exemple de la plaque de métal qui couvre en arrière le mouvement de certaines montres (1784), d'un petit récipient où plonge la partie inférieure du tube d'un baromètre et, par métonymie, à cette partie inférieure (1835), de la partie concave d'un élément de l'espace géographique (1906).
■  Cuve a servi à former un autre nom de récipient, CUVIER n. m. (v. 1200), limité à un usage régional au sens de « cuve pour la lessive », ou à une acception technique.
■  Avec le suffixe -ée, introduisant une idée de « contenance », on a formé CUVÉE n. f. (v. 1220) qui, dans la construction de ...cuvée, donne une information de qualité concernant d'abord le vin, puis figurément divers produits.
■  Le dénominatif CUVER v. tr. (1373) possède, à côté d'un sens intransitif technique en viticulture, le sens transitif plus courant de « dissiper son ivresse » (cuver son vin), au figuré « se calmer ». ◆  À son tour, il a produit quelques dérivés dont le substantif d'action CUVAGE n. m. (XIIIe s., cuvaige), spécialisé en viticulture et attesté avant le verbe. Les autres dérivés suffixés, CUVAISON n. f. (1843) et CUVEUR n. m. (1867) sont apparus bien après les préfixés verbaux ENCUVER v. tr. (v. 1400) et DÉCUVER v. tr. (1611, descuver), ce dernier ne se répandant qu'après 1800.
❏ voir COUPE, COUPOLE, CUPULE.
CYAN-, CYANO- est un élément tiré du grec kuanos qui désigne un émail de couleur bleu foncé. C'est un mot d'emprunt à rapprocher sans doute du hittite kuwanna « azurite ».
❏  Cyan- s'est d'abord manifesté en minéralogie avec CYANITE n. f. (1792) emprunté à l'allemand, en médecine avec CYANOSE n. f. (1814), désignant une maladie où le teint bleuit, et qui a donné CYANOSER v. tr. (1854), surtout au participe passé CYANOSÉ, ÉE adj. et n. (1835), et CYANOTIQUE adj. (1863).
■  CYANURE n. m. (1815) désigne un sel toxique, plus tard identifié comme provenant de l'acide cyanhydrique, d'où CYANURÉ, ÉE adj. (1846).
■  CYANOGÈNE n. m., gaz formé d'azote et de carbone, a été ainsi dénommé par Gay-Lussac (1815).
CYANHYDRIQUE adj. (1840), de -hydrique, a remplacé prussique dans acide cyanhydrique.
En botanique, le composé CYANOPHYCÉES n. f. pl. (1885), de phukos « algue », est le nom savant des algues bleues, d'où CYANOPHYTIQUE adj. (XXe s.). ◆  CYANOBACTÉRIES n. f. pl. est le nom, dans un remaniement de la taxinomie, qui remplace celui de Cyanophycées.
CYBERNÉTIQUE n. f. est emprunté (1834) au grec kubernêtikê « art de gouverner », substantivation du féminin de l'adjectif kubernêtikos, dérivé de kubernan « piloter, diriger » (→ gouverner).
❏  Le mot a été repris par Ampère au sens étymologique d'« étude des moyens de gouvernement », mais celui-ci ne s'est pas répandu. Il est réapparu au milieu du XXe s. pour désigner l'étude des processus de contrôle et de communication chez l'être vivant et la machine (décembre 1948), par emprunt à l'anglais cybernetics ; ce mot, de même origine que le français, venait d'être proposé (1948) par le mathématicien américain N. Wiener (1894-1964). Sans être vieilli, le mot, comme nom féminin et comme adjectif, semble être sorti de mode au bénéfice d'autres innovations techniques de nature « informatique ».
❏  Cybernétique a pour dérivé CYBERNÉTICIEN, IENNE n. (1953).
❏  D'après l'anglo-américain, CYBER- est devenu (1993-94) un élément de mots composés à la mode, avec l'idée d'automatisme informatique, de robotique. ◆  Il s'applique surtout par calque de l'anglo-américain, mais aussi avec des formations spécifiques au français. Les composés anglo-américains s'appliquèrent d'abord aux automatismes : cyborg, de cyber- et org(anism), signifie « organisme électronique humanoïde ». Puis ils se spécialisent dans le domaine de la « toile » (le web ; Internet). CYBERESPACE n. m., calque de cyberspace ; CYBERNAUTE n. empr. à l'américain, de cyber- et (astro)naute, pour « personne qui se déplace [“surfe”] dans le cyberespace » a été supplanté par internaute*. ◆  CYBERCAFÉ n. m., « café où des ordinateurs sont connectés au réseau Internet », est un composé français. À l'exception de ce dernier, de CYBERDÉLINQUANCE, CYBERCRIMINALITÉ n. f., les composés en cyber- sont peu usités ; c'est surtout l'élément anglo-américain e- (prononcé i-, en général), pour electronic, qui désigne les activités diverses sur Internet.
CYCAS n. m., emploi en français (1803) du latin des botanistes cycas, pris au grec kuis, kuikos « palmier d'Égypte », désigne une plante tropicale et subtropicale, à port de palmier, type de la famille des Cycadées. ◆  Le mot, alors prononcé cika, est plus courant en français de Nouvelle-Calédonie, pour cet arbuste, dont le fruit produit une farine alimentaire.
CYCLAMEN n. m., d'abord écrit ciclamen (XVe s. ; encore en 1798) puis cyclamen (1579), est emprunté au latin impérial de même sens cyclaminos, transcription du grec tardif kuklaminos. Celui-ci est dérivé de kuklos « roue, cercle » (→ cycle) d'après la forme des bulbes de la racine de la plante.
❏  Ce nom de plante ornementale est employé par métonymie pour une couleur rose-mauve, fréquente dans les fleurs du cyclamen (1894, comme adjectif ; 1924, comme nom).
1 CYCLE n. m., avec 2 cycle — ci-dessous — recouvre deux mots introduits en français à plusieurs siècles d'intervalle (XVIe et XIXe s.), le premier par emprunt au bas latin cyclus, le second par emprunt à l'anglais cycle. Ces deux mots remontent au grec kuklos « roue, cercle », employé par extension pour des formes rondes telles que remparts, assemblées, joues, orbite... Kuklos représente une racine indoeuropéenne °kwel- « tourner en rond », bien représentée en latin (→ quenouille) et en grec et conservée par le nom de la roue dans plusieurs langues (le sanskrit cakrá-, l'anglais wheel, par l'anglo-saxon hwēol).
❏  Cycle a d'abord été introduit (1534) en astronomie par emprunt au bas latin cyclus « cercle », lui-même spécialisé en médecine et en astronomie. Le mot désigne la période dont le terme correspond au retour de certains phénomènes astronomiques : cycle du Soleil, puis cycle solaire, lunaire (1690) (Cf. Révolution). Par analogie, cycle se rapporte à une succession de phénomènes présentant un caractère de périodicité dans le temps (plus rarement dans l'espace), sens qui a connu divers développements en science, spécialement en thermodynamique (1872), en économie où il correspond à « succession d'états successifs tendant à se reproduire », un cycle typique étant celui qui fait se succéder expansion, prospérité, récession, crise (ou dépression). En physique, chimie, le mot s'applique à un ensemble de transformations subies par un corps, un système, qui le ramène à un état identique à l'état initial, en passant par des états différents (cycle de l'azote, du carbone). Spécialement, en chimie, « chaîne fermée d'atomes formant le schéma d'une molécule complexe, dite cyclique ». ◆  Sans conserver l'idée d'une identité entre l'état initial et l'état final, cycle s'est appliqué aux divisions d'années d'étude dans l'enseignement secondaire et supérieur français (1902), d'où premier, second, troisième cycle. ◆  L'ancienne valeur concrète de « cercle » (1564), disparue au XVIIe s., a resurgi dans la spécialisation en botanique, pour la portion de spirale décrite par les points d'intersection des feuilles alternés sur une tige (1865, cycle folial ou foliaire). ◆  Cette valeur de « cercle » est réalisée sur un plan abstrait à propos d'un ensemble complet d'œuvres centrées sur un même thème ou un même personnage (1798), notamment dans des syntagmes tels que cycle épique, cycle de cantates.
❏  CYCLIQUE adj. (1583) a été emprunté au latin cyclicus « du cycle épique » et « périodique (d'une maladie) » pour traduire par cyclique escrivain l'expression d'Horace cyclicus scriptor « poète épique racontant les légendes des temps héroïques ». De là, il est entré dans poème, poète cyclique (1752). ◆  À la suite de cycle, l'adjectif est passé dans les vocabulaires didactiques, en astronomie (1679), chimie (1918), mathématiques, etc.
■  Il a produit les antonymes ACYCLIQUE adj. (1933), en chimie, à propos des composés qui ne comportent pas de cycles, et ANTICYCLIQUE adj. (1958).
■  Au XXe s., il a fourni l'élément 2 CYCLO- entrant dans la formation de composés savants en chimie où il indique que la molécule forme une chaîne saturée. ◆  Cet élément est présent dans des composés usuels en chimie et en pharmacologie, comme CYCLOHEXANE n. m. (1905), de hexane, et CYCLOHEXÈNE n. m. (1903), CYCLANE n. m. (1946 dans les dictionnaires généraux) pour « hydrocarbure cyclique saturé », CYCLAMATE n. m. (1957), terme plus courant désignant un édulcorant de synthèse, CYCLOSPORINE n. f., etc.
RECYCLER v. tr. (1960) et RECYCLAGE n. m. (1960) ont d'abord été employés au sens d'« orienter vers un nouveau cycle d'études », avant de s'étendre à toute carrière professionnelle et de se spécialiser en technique dans la fabrication (papier, verre). Le recyclage d'objets usagés, dont la matière peut être récupérée, est une forme de récupération. Le papier recyclé est à la mode depuis les années 1980. ◆  RECYCLEUR n. m. désigne (1975) un dispositif qui recycle l'air expiré par un plongeur ; RECYCLEUR, EUSE n. s'applique à un professionnel du recyclage, qui utilise la matière récupérée, traitée comme une « matière première secondaire ».
CYCLITE n. f. (1865), terme de médecine pour l'inflammation du corps ciliaire de l'œil, est directement formé sur le radical du grec kuklos pris au sens concret de « cercle ».
2 CYCLE n. m. « véhicule à deux ou trois roues » (1887), est un emprunt à l'anglais cycle, abréviation familière (1881) des mots bicycle, tricycle et de même origine que le français 1 cycle. ◆  Le mot, de sens général, a vieilli par rapport aux termes spécifiques, souvent des composés, et n'a guère d'usage en dehors de la langue administrative. ◆  Il est moins usité que ses dérivés et composés, si l'on excepte CYCLER v. intr. (1892) « pédaler, aller à vélo » qui n'est plus utilisé, mais dont il reste le dérivé CYCLABLE adj. (1893), qui a éliminé véloçable (1870), pour qualifier une voie, une piste.
■  De cycle sont issus CYCLISME n. m. (1886) et CYCLISTE (1883, n. ; 1902, adj.), très courant en l'absence de dérivés vivants de vélo et de bicyclette, bicycliste étant rare et vieillli, et utilisé aussi en apposition (coureur cycliste), ainsi qu'un grand nombre de mots dont cycle est le premier ou le second élément : BICYCLE n. m. (1869, anglicisme), TRICYCLE n. m. (1834), plus vivant, spécialisé pour le cycle destiné aux enfants (très distinct de triporteur), CYCLO-CROSS n. m. (1927), forme de cross à vélo, CYCLORAMEUR n. m. (1936) qui fut à la mode jusqu'aux années 1950, CYCLOMOTEUR n. m. (1939), courant et administratif, d'où CYCLOMOTORISTE n., CYCLO-TOURISME n. m. et CYCLOTOURISTE n. (1893 ; 1890, avec un trait d'union).
■  À côté de deux ou trois anglicismes, aujourd'hui sortis d'usage, le français a emprunté à l'anglais CYCLE-CAR n. m. (1914 ; 1913, cyclecar) « voiturette à pédales », formé sur le mot car « voiture » (→ car). ◆  CYCLOPOUSSE n. m. (attesté dans les années 1960) est formé d'après pousse-pousse et en concurrence avec vélopousse (→ pousser) pour « pousse-pousse tiré par un cycliste » d'abord en Extrême-Orient.
Outre cyclisme et cycliste, deux diminutifs se dégagent par leur fréquence de la série des dérivés et composés de 2 cycle.
■  BICYCLETTE n. f. est le diminutif (1880) de bicycle, ce dernier, nommé en anglais en 1868 (the French bicycle), désignant un véhicule inventé en 1855 et nommé d'après tricycle. Le bicycle était un vélocipède à roues inégales, dont le perfectionnement, et notamment la propulsion par pédales, a correspondu à un allègement, d'où probablement le diminutif. Ce dernier, avec le succès de l'appareil (attesté dans les années 1880 par l'apparition des mots cycliste et cyclisme), a dû correspondre à des connotations sympathiques, le mot prenant une valeur affective (Cf. la petite reine, surnom de l'appareil). Le mot est devenu moins courant à cause de la concurrence de vélo et de l'apparition de synonymes familiers comme bécane (1890, dans ce sens), et le dérivé populaire biclo (1907), devenu BICLOU n. m. (1951) par attraction de clou. ◆  Un dérivé de bicycle, BICYCLISTE n. (1869) est tombé dans l'attraction de bicyclette avant de vieillir au profit de cycliste, les autres types de cycles étant périmés (à part la moto).
■  Parallèlement à bicycle-bicyclette, et un peu plus tard, la famille de cycle s'est enrichie de motocycle*-motocyclette, qui ont vieilli au profit de moto.
❏ voir 1 CYCLO-, CYCLONE, CYCLOPE, ENCYCLOPÉDIE.
1 CYCLO- est un élément préfixal tiré du grec kuklos « roue, cercle » (→ cycle) pour former, au XIXe et XXe s., des mots exprimant l'idée de « cercle » et, plus rarement, de « cycle ».
❏  Il a servi à former le terme de géométrie CYCLOÏDE n. f. (1638), le terme de zoologie CYCLOSTOME n. m. avec le grec stoma « bouche », pour un mollusque dont la coquille présente une ouverture arrondie (1801).
■  CYCLOTHYMIE n. f. a été formé en allemand (1882) sur le grec thumos « état d'esprit », désignant l'âme, le cœur en tant que principe de la vie et siège des passions, notamment de la colère, d'où le grec moderne thumos « colère ». Il est souvent rapproché du sanskrit dhūmá, du latin fumus (→ fumée), du vieux slave dymŭ « fumée », mais ces rapprochements sont très éloignés pour le sens. Le rapport avec le verbe grec thuein « s'élancer avec fureur » et, par là, avec la racine indoeuropéenne °dhū semble plus vraisemblable. ◆  Cyclothymie tend, comme le dérivé CYCLOTHYMIQUE adj. (1907), à prendre dans une langue non technique la valeur de « qui a une humeur très instable ».
CYCLOTRON n. m. (v. 1930), formé avec le suffixe d'électron*, désigne un accélérateur circulaire (cycl-) de particules lourdes. Cf. aussi 2 cyclo-, dérivé de cyclique et de cycle. ◆  De là SYNCHROCYCLOTRON n. m. (1950), contracté en SYNCHROTRON n. m. (1949) « cyclotron synchronisé » (le second d'après l'anglais synchrotron, 1945).
CYCLONE n. m. est emprunté (1860) de l'anglais cyclone, introduit par H. Piddington pour désigner indistinctement des perturbations atmosphériques dans lesquelles le vent a un mouvement circulaire (dans un ouvrage de 1848). Le mot a été formé par cet auteur sur le grec kuklos « cercle, mouvement circulaire » (→ cycle). Il a été adopté par plusieurs langues.
❏  Cyclone, terme de météorologie, domaine où il désigne une zone de basses pressions (alors opposé à anticyclone), est employé couramment à propos de tempêtes violentes donnant une impression de tourbillon. Par métaphore, il exprime un phénomène de violence historique, politique ou économique. ◆  Par analogie, il désigne un appareil à pièces mobiles qui entraîne violemment dans un fluide des déchets, particules, etc.
❏  Avec son premier sens, cyclone a produit CYCLONAL, ALE, AUX adj. (1863) et CYCLONIQUE adj. (1875), « relatif aux cyclones », soit au sens scientifique, soit au sens courant, ainsi que CYCLONOMIE n. f., CYCLONOMIQUE adj. (1863) et CYCLOGENÈSE n. f. (1950).
■  ANTICYCLONE n. m. (1870) désigne une zone de hautes pressions, ne retenant dans cyclone que l'aspect de la pression et non les effets violents. ◆  Il a pour dérivé ANTICYCLONIQUE adj. (1897) qui semble plus courant que ANTICYCLONAL, AUX adj.
Un dérivé du sens courant de cycle, « ouragan », est employé en français de l'océan Indien, à Madagascar : CYCLONÉ, ÉE adj. « détruit par un cyclone » ou « exposé aux cyclones » (une maison cyclonée). Il est aussi substantivé, à propos des victimes de cyclones.
Le sens technique d'« appareil » pris par cyclone a produit CYCLONAGE n. m. (1973), « séparation d'éléments par la force centrifuge ».
CYCLOPE n. m., d'abord écrit ciclope (1372) puis cyclope (fin XVe s.), est emprunté au latin Cyclops, transcription du grec Kuklôps qui, au singulier, désigne Polyphème (dans l'Odyssée d'Homère), et au pluriel, les géants n'ayant qu'un œil rond au milieu du front. Le mot est interprété très probablement comme « celui qui a un œil (ôps) rond (kuklos) », alors que logiquement c'est le fait de l'œil unique qui importe ; ôps « œil » (→ myope).
❏  Le mot a été repris comme terme de mythologie grecque (l'ancien français avait déjà cyclopien, v. 1190). Par extension, il a désigné un borgne (1732) et, en zoologie, un petit crustacé dont les yeux sont si rapprochés qu'il semble n'en avoir qu'un (1801). ◆  L'accent étant mis sur une autre caractéristique du géant mythique, forgeron, il est parfois employé, comme titan, à propos d'une personne qui forge un travail considérable, sens induit par celui de l'adjectif cyclopéen (ci-dessous).
❏  Le dérivé CYCLOPÉEN, ENNE adj. (1808) se partage entre des emplois didactiques (mythologie, archéologie) et littéraires (1823, Hugo), alors avec une valeur figurée de « colossal, immense ».
L CYGNE n. m. est la réfection en cigne (v. 1250) puis cygne (1546), d'après le latin classique, de la forme antérieure cisne (1170), cine. Celle-ci est issue du bas latin cicinus, forme attestée dans la Loi salique et chez Oribase et passée dans les langues romanes, issue du latin classique cycnus ou cygnus, cignus. Ce mot latin, d'usage savant et poétique, est emprunté au grec kuknos et a remplacé le nom latin usuel de l'oiseau, olor. Le mot grec, que l'on peut rapprocher du sanskrit śócati « luire » et śuk-rá « clair, lumineux, blanc », signifierait proprement « le blanc ».
❏  Le mot, qui entre dans des syntagmes (comme cygne noir, la plupart étant blancs), se prête à quelques emplois figurés par allusion aux qualités symboliques attribuées à l'oiseau (pureté, grâce) ; il est entré dans l'expression le chant du cygne (1546), d'où au figuré chanter le chant du cygne (1640), d'après la tradition selon laquelle le cygne exhale un chant d'une douceur admirable avant de mourir. Cette tradition soutient le sens métaphorique de « poète » (1630), le cygne de Mantoue désignant Virgile. ◆  Les syntagmes techniques col de cygne et bec de cygne désignent des instruments, en référence à la forme du cou et du bec de l'oiseau. ◆  En terme de modes, du cygne a désigné (dep. 1806) la peau avec son duvet.
❏  Les adjectifs synonymes CYCNOÏDE (1866) et CYCNIFORME (1913) sont formés savamment sur le radical latin de cycnus.
CYLINDRE n. m., d'abord chilindre (v. 1380), refait en cylindre (1606), est emprunté au latin cylindrus, lui-même emprunté au grec kulindros par la langue scientifique, comme terme de géométrie, et par la langue rustique pour désigner un rouleau. Kulindros est dérivé de kulindein « rouler », qui se rattache à la racine indoeuropéenne °kwel- « tourner en rond », bien représentée en latin (→ quenouille) et en grec dans kuklos (→ cycle) et polos (→ pivot, pôle).
❏  Le mot a été introduit en géométrie comme nom d'un solide engendré par une droite qui se déplace parallèlement à un axe. Par référence à un autre emploi du mot grec ou par figure, il désigne un rouleau permettant de soumettre certains corps à une pression uniforme, en agriculture (1549), un rouleau utilisé dans un mécanisme à mouvement régulier (1801), spécialement en musique (1814), en horlogerie. ◆  D'après la forme et l'utilisation du volume intérieur, il désigne un corps creux servant de contenant, spécialement en mécanique l'enveloppe de métal dans laquelle se meut le piston d'une machine à vapeur, puis d'un moteur à explosion (v. 1900) ; de là, son emploi métonymique, au masculin (1903) puis au féminin (1914) pour désigner une automobile d'après le nombre de ses cylindres (une quatre, une six cylindres) ; d'où cylindrée (ci-dessous).
❏  CYLINDRIQUE adj. (1596) qualifie ce qui est en forme de cylindre, cependant que CYLINDROÏDE adj. et n. m., avec un sens voisin, désigne un solide approchant du cylindre (1709) et qualifie, dans le langage didactique, ce qui présente cette forme (av. 1814, en médecine).
■  CYLINDRER v. tr. (1772), employé techniquement en blanchisserie et en tannerie pour « passer qqch. sous un cylindre », réalise aussi l'idée de « mettre sous forme de cylindre » (1829). ◆  Il a produit CYLINDRAGE n. m. (1765), CYLINDREUR n. m. (1817) et CYLINDRÉ, ÉE adj., lequel a développé de manière inattendue le sens figuré familier de « loufoque » (v. 1960).
■  CYLINDRÉE n. f. a été dérivé directement (1886) de cylindre pour désigner le volume aspiré par la course du piston dans un cylindre de pompe ou de moteur à explosion. Il dispute à cylindre le sens métonymique d'« automobile » (1945, grosse cylindrée), d'usage familier.
CYMBALE n. f. est emprunté (1154-1173, cimbale) au latin cymbalum, surtout utilisé au pluriel cymbala. Lui-même est emprunté au grec kumbalon « instrument à percussion », dérivé, avec le même suffixe que krotalon (→ crotale), de kumbê « coupe, vase », rapproché du sanskrit kumbhá « pot » et de l'avestique xumba- de même sens, par analogie de forme ; mais kumbê n'est pas avec certitude un mot indoeuropéen.
❏  Le mot, qui a éliminé l'ancienne forme francisée cymbles (v. 1120) et l'ancien masculin cymbals (XIIe s.), a d'abord désigné, au pluriel, une sorte de tympanon, instrument à cordes frappées. Ce sens ayant été assumé par la suite par clavicembalum (→ clavecin), cymbale a désigné un instrument à percussion (v. 1278). ◆  Ce sens a donné un emploi figuré aujourd'hui disparu, évoquant un bruit vain et sonore (1695) et, au singulier, par référence à Paul, I Cor, 15.1, un individu vain, futile (1830). ◆  Le singulier se rapporte aussi, concrètement, à des tuyaux d'orgue de la famille des jeux de mutations composées (1680) lorsqu'il ne désigne pas un des disques des cymbales à percussion (1863).
❏  La dérivation consiste dans les mots peu répandus CYMBALETTE n. f. (XVIe s., repris au XXe s.), CYMBALIER n. m. (1671) ou CYMBALISTE n. m. (1845) et CYMBALER v. intr. (1838).
■  Le nom d'instrument folklorique CYMBALUM, CZIMBALUM n. m. (1887) est un emprunt au hongrois czimbalom, lui-même issu du latin cymbalum par l'intermédiaire d'une langue romane (peut-être l'italien cembalo).