D

DA interj., d'abord attestée sous la forme diva (du début du XIIe s. à v. 1356), cette ancienne interjection est composée des impératifs de dire* et aller* : dis et va. À la suite de son emploi interjectif, diva s'est altéré en dia (XIVe s.), puis en dea (1396), da (1606).
❏  D'abord employés seuls, dea puis da ont servi à renforcer l'affirmation (1396, oïl dea ; 1606, ouy da) [→ oui] et la négation. L'usage du mot a décliné, mais certains patois l'utilisent comme exclamation, isolément et généralement en fin de phrase, pour renforcer une affirmation.
? DAB(E) n. m., d'abord dabo (1579) puis dabe (1725), est d'origine obscure. On a évoqué (Oudin, 1642) un emprunt au latin dabo « je donnerai », première personne du futur de l'indicatif de dare « donner » (→ donner), mais le développement sémantique n'est pas clair : Esnault l'accepte pour le sens de « souffre-douleur, dupe » (Vosges, Nord), mais le refuse pour celui de « maître ». Il préfère évoquer une parenté avec dâbre, dabier « paysan », usité en Vendée, Anjou et dans le Maine. Le mot a pu être emprunté à l'italien (Larivey, qui l'atteste le premier, est italianisant) qui a dabo au XVIe s. comme terme de jeu.
❏  Le sens de « maître, patron » et celui de « roi » (XVIIIe s.), spécialement « roi de cartes » (1835), ont disparu au profit de celui de « père » (1725). Le mot a aussi été employé pour « amant, entreteneur » (1878) par décalque de l'emploi de papa. ◆  Le pluriel dabes s'applique aux deux parents, père et mère (1889), le singulier s'entendant aussi, au féminin, de la mère (1883) ; cet emploi est archaïque.
❏  Des formations suffixées plus ou moins synonymes sont apparues, l'une au XVIIe s., DABUCHE n. m. (1630) anciennement « roi » puis « père » (1848) et « grand-père », (1876) dénommant aussi, au féminin, la mère (1835), les autres au XIXe s. : DABIER n. m. (1847), DABMUCHE n. m. (1878), GRAND-DABE n. m. (1847), « grand-père », et des substantifs féminins DABICHE (1899), DABONNE (1847), DABESSE (1836). Toute cette série argotique est archaïque.
D'ABORD → ABORD
D'ACCORD → ACCORD
DACTYL(O)- élément préfixal, est tiré du grec daktulos « doigt », qui est aussi le nom d'une mesure de longueur (la plus petite en Grèce) et sert à désigner différents objets présentant une analogie avec le doigt (→ datte). Les autres langues indoeuropéennes possèdent des formes qui ressemblent à daktulos sans s'en rapprocher directement, comme le gotique tekan « toucher », le vieil islandais taka « prendre » (Cf. l'anglais to take), le latin digitus (→ doigt).
❏  En français, dactyl(o)- entre dans la composition de noms et d'adjectifs didactiques dont certains sont devenus courants. Il y indique une analogie avec le doigt, dans des termes de zoologie (dactylopodite, dactylozoïde), et l'utilisation des doigts, spécialement pour créer un langage.
❏  C'est le cas de DACTYLOGRAPHE n., composé avec l'élément -graphe* (1832) pour désigner un clavier destiné à transmettre au moyen du toucher les signes de la parole dans la communication avec les sourds-muets aveugles. Le sens moderne (1900) de « personne chargée d'écrire des textes à la machine à écrire » est devenu usuel ; il est couramment abrégé en dactylo (1923), surtout au féminin.
■  Par changement de suffixe, le mot a produit DACTYLOGRAPHIE n. f. (1832) qui a suivi une évolution parallèle, prenant le sens d'« action d'écrire à la machine » (1900), et donnant à son tour DACTYLOGRAPHIQUE adj. (1832), attesté avec son sens moderne depuis 1900, et, au second sens, DACTYLOGRAPHIER v. tr. (1912).
■  DACTYLOLOGIE n. f. (1797) désigne le langage digital élaboré par l'abbé de l'Épée à l'intention des sourds-muets, ancêtre du « langage des signes » actuel.
Le mot grec est également représenté sous la forme du second élément -DACTYLE, -DACTYLIE dans un certain nombre de mots savants (le premier élément indiquant le nombre ou une particularité des doigts).
■  Quant à DACTYLE n. m., il est emprunté, altéré en daptille (v. 1370), puis restitué en dactyle (1550), au latin dactylus, lui-même emprunté au grec daktulos comme terme de métrique (par allusion aux trois phalanges du doigt) et comme terme de botanique (par allusion à l'aspect de la plante). Introduit en versification, le mot s'est spécialisé ultérieurement en botanique (1803).
■  L'adjectif DACTYLIQUE, d'abord daptilique (1466) puis dactylique (1581), est emprunté au latin dactylicus, lui-même calqué sur le grec tardif daktulikos.
? DACHE (À) loc. adv.,dache est traité comme un nom de lieu, mais pourrait bien représenter des formes rattachées à diable, repérées dans le nord de la France et la région Rhône-Alpes, diache, diachena, au XIXe siècle.
❏  L'expression signifie « très loin », avec la même valeur que au diable. Elle fut courante en argot, de la fin du XIXe siècle à celle du XXe.
DADA n. m. est une formation onomatopéique du langage enfantin désignant le cheval (1508). Il a servi à traduire (1776, traduction de Tristram Shandy de L. Sterne) l'anglais hobby-horse « manie, sujet favori ». Ce dernier, désignation du cheval aubin, a été appliqué par métonymie à un cheval de bois (XVIe s.) et, par l'intermédiaire de la valeur affective de « jouet favori », a pris le sens figuré de « passe-temps favori » (1676). Le calque dada s'est mieux répandu que les emprunts ultérieurs hobby (début XIXe s.) et hobby-horse (1815).
❏  Le mot désigne le cheval chez les enfants et, au figuré, une manie (1776), employé seul ou en locutions (enfourcher son, un dada), accompagné d'autres termes figurés du même champ sémantique.
■  Dada est devenu au début du XXe s. le nom d'un mouvement artistique créé en 1916 (14 juillet, Tristan Tzara, Le Manifeste de M. Antipyrine), protestant par la dérision et l'irrationalité contre l'absurdité universelle. Dada a été choisi comme un terme volontairement dépourvu de sens, illustrant la volonté du mouvement de se libérer des idées reçues. Le mot avait été trouvé au moyen d'un coupe-papier glissé au hasard dans les pages d'un dictionnaire Larousse par T. Tzara et Huelsenbeck, le 8 février 1916, à Zurich, au café Terrasse. Il est employé comme adjectif et comme nom.
❏  Le terme artistique a produit DADAÏSME n. m. (attesté en 1917 chez Courteline) et DADAÏSTE n. et adj. (1918, Tzara).
DADAIS n. m. est formé (1642) à partir du radical onomatopéique dad- exprimant l'étonnement. Les patois possèdent de nombreux mots de sens analogue (Cf. aussi dadée « enfantillage, babiole », XVIe s.).
❏  Le mot désigne familièrement un jeune homme niais et gauche, souvent dans un grand dadais.
? DAGUE n. f. (1229) est d'origine obscure. L'hypothèse d'un emprunt à un latin tardif °daca, féminin substantivé tiré de daca spatha « épée dace », par l'intermédiaire de l'italien ou du provençal daga, se heurte au fait que ni l'italien ni le provençal ne sont attestés avant le XIVe siècle. D'autre part, l'expression daca spatha (ou daca ensis) n'est pas attestée en latin. L'ancienneté du mot sur le territoire anglais (1200, dagger ; XIIIe s., latin médiéval daca chez le grammairien anglais J. de Garlande) conduirait à chercher un étymon celtique, que l'on ne peut toutefois identifier avec certitude.
❏  Le mot désigne un poignard ou une épée courte en usage au moyen âge et jusqu'au XVIIIe siècle. Par analogie (forme, fonction), il désigne en zoologie (surtout au pluriel) le premier bois qui pousse sur la tête du cerf ou du daim (av. 1573).
❏  Le dérivé DAGUER v. s'est d'abord dit en vénerie (1572) d'un cerf ou d'un daim dont les bois commencent à pousser ; il est encore employé avec le sens de « s'accoupler » (du daim, du cerf). L'autre sens, « frapper à coups de dague », également attesté dès la fin du XVIe s. (1581, au pronominal), n'est plus guère employé qu'en termes de chasse. En Suisse, le mot est employé au sens intransitif figuré de « pester, enrager ».
■  DAGUET n. m., diminutif de dague (1655), désigne en vénerie le jeune cerf qui pousse son premier bois (antérieurement dénommé dagard, XVIe s.).
■  DAGUETTE n. f. « petite dague » (1886, Moréas) est une rareté littéraire.
DAGUERRÉOTYPE n. m., attesté pour la première fois en 1839 dans le Rapport de M. Arago sur le Daguerréotype, et dans le Journal de Michelet sous la forme daguerrotype, est composé du nom de Daguerre (1787-1851) et de l'élément suffixal -type*.
❏  Daguerre est, avec Niepce de Saint-Victor, l'inventeur de ce procédé de reproduction : en 1838, ils obtinrent une matérialisation indélébile de l'image latente qui se forme au dos d'une chambre noire ; l'année suivante, Daguerre lance l'invention sous le nom de daguerréotype. Le procédé consiste à placer dans une chambre noire une plaque argentée, polie et traitée par des vapeurs d'iode. Elle est ensuite exposée à la lumière pendant quelques minutes. L'image latente invisible se révèle en positif quand on l'attaque par des vapeurs de mercure ; un lavage à l'eau chaude salée arrête le développement et rend l'image définitive. Le portrait assura le triomphe du daguerréotype. Malgré son éclat et son extrême finesse, il fut rapidement abandonné au profit de la photographie*, car il présentait l'inconvénient d'être unique et de ne pouvoir être reproduit facilement. Le mot concerne aujourd'hui l'histoire de la photographie.
❏  Les dérivés DAGUERRÉOTYPER v. tr. (1839) et DAGUERRÉOTYPIE n. f. (1847, Balzac) ont décliné avec l'usage du procédé.
DAHLIA n. m., terme de botanique, est dérivé (1804), avec la finale -ia, du nom du botaniste suédois Andréa Dahl (1751-1789) qui apporta cette plante du Mexique en Europe à la fin du XVIIIe siècle.
L DAIGNER v. tr., d'abord degnier (v. 881) et deignier, est issu du latin tardif dignare, lequel provient par changement de conjugaison du latin classique dignari « juger digne » puis, suivi d'un infinitif, « vouloir bien », chez les poètes puis en latin chrétien. Il est dérivé de dignus (→ digne).
❏  Le verbe, introduit avec le sens de « vouloir bien, consentir à », est, dès les premières attestations, construit avec un infinitif. D'usage soutenu ou ironique, il est souvent en tournure négative.
❏  Le préfixé DÉDAIGNER v. tr., d'abord attesté sous la forme du participe présent desdeinanz (av. 1150) avec le sens ancien de « qui s'indigne », a reçu sa valeur moderne « repousser, mépriser » (1165-1176), s'opposant à daigner, en particulier dans la construction plus tardive dédaigner de et infinitif, « refuser de », avec une idée de mépris (1579).
■  Alors que le verbe simple n'a pas de dérivés, dédaigner a produit le déverbal DÉDAIN n. m. (v. 1155, desdein) qui signifie d'abord « attitude méprisable », éliminé au profit du sens actif de « mépris » (1172).
■  DÉDAIGNEUX, EUSE adj. (1165-1170, desdeignos), de sens actif, a donné DÉDAIGNEUSEMENT adv. (1220, desdaigneusement).
■  DÉDAIGNABLE adj., après avoir eu le sens actif, « qui témoigne du mépris » (av. 1270), a reçu comme la plupart des adjectifs en -able le sens passif « qui mérite le dédain » (1588, Montaigne) ; il est demeuré rare.
L DAIM n. m., d'abord dain (v. 1170) et deyme (1320-1350), est issu du bas latin damus (ou dammus) de même sens, type masculin en -us créé pour remplacer l'ancien mot classique dama (damma), surtout de genre masculin (féminin chez Horace). Le mot est d'origine étrangère, peut-être celtique (irlandais dam allaid « cerf », de dam « bœuf »), un rapport avec domare « dompter » (→ dompter) étant écarté, faute d'une relation de sens.
❏  En français comme en latin, daim est le nom d'un cervidé. Le mot désigne couramment, par analogie avec la peau traitée de l'animal, un cuir souple dit aussi veau retourné, ou « suédé » (exemple veste en daim, de daim). Son emploi figuré, en parlant d'un homme élégant, vaniteux et crédule, d'un homme stupide, niais et servant de dupe, du beau monde, est propre au XIXe siècle.
❏  Le féminin DAINE (d'abord deyme v.1320) et le nom du petit de l'animal, DANEAU n. m. (1700) sont peu usités ; pour le second, on emploie faon.
L DAIS n. m., qui l'a emporté (XVIe s.) sur ses multiples variantes antérieures deis (1165-1170), dois (av. 1350), ders (1525), est issu, par évolution phonétique, du latin discus « disque, plateau, cymbale » (→ disque).
❏  Du sens de « plateau où l'on disposait les mets », le mot est passé en français avec le sens de « table d'honneur dressée sur une estrade », en usage du XIIe au XVIe siècle. Une évolution analogue est constatée dans l'italien desco « table, établi », l'ancien provençal desc « table » (à l'origine de l'anglais desk « bureau ») et dans l'allemand Tisch « table » ou, par une autre métonymie, l'anglais dish « plat », ces deux derniers étant empruntés au latin. Par l'intermédiaire de l'idée de « table surmontée d'une tenture », on est ensuite passé au sens de « plafond, toit » (av. 1350) d'où, avec une spécialisation honorifique, le sens moderne de « baldaquin » (1525). Celui-ci a donné quelques extensions analogiques, notamment dans des expressions.
? DAL ou DALLE n. m., d'abord dail (1829), est d'origine obscure : un rattachement à dalle* n'est guère concevable du point de vue sémantique. Esnault écarte aussi les homonymes (à dal « à gauche » dans le Nord) et propose de remonter à ne dire que daye dan daye, que la chanson de daye dandaye (Scarron, 1644), onomatopée équivalente à lon-laire, en y joignant éventuellement dailler « muser, dire des blagues » (lorrain, vieilli).
❏  Le mot, d'abord argotique, s'est répandu dans l'usage familier, dans n'entraver que dalle (1829, je n'entrave que le dail) « ne rien comprendre » et que dalle « rien du tout » (1884). Le seul emploi vivant demeure que dalle, souvent avec les verbes argotiques signifiant « comprendre » (piger, etc.).
DALAÏ-LAMA → 2 LAMA
1 DALLE n. f. est un mot d'origine normande, d'abord attesté en Normandie (1331), probablement emprunté (peut-être comme terme de marine si l'on en juge par le dérivé dalot) à l'ancien nordique daela « rigole pour l'écoulement des eaux à bord d'un navire ». Le sens premier aurait pu être celui de « pierre légèrement creusée, servant d'égout ». C'est un mot technique qui a surtout circulé comme terme de marine (anglais dale, espagnol dala « tuyau d'écoulement pour la pompe d'un navire »).
❏  Le premier sens attesté, « évier », est sorti d'usage au XVIIe s. mais s'est maintenu en Normandie. Par analogie, dalle a pris en moyen français son sens argotique puis familier de « gosier, gorge » (XVe s., apr. 1450) dans des locutions comme avoir la dalle en pente (1879), se rincer la dalle « boire » (1869).
■  Le sens moderne de « pierre plate pour paver », indirectement attesté par daller (1319), est attesté depuis 1676. Le mot, d'abord appliqué aux pierres plates servant à paver le toit d'un édifice et d'où l'eau s'écoule par les gargouilles et les gouttières, désigne une plaque de pierre ou de matière dure utilisée pour le pavage, et spécialement la pierre tombale fermant une sépulture. Par analogie de forme, dalle s'est dit d'une tranche mince de poisson (XVIIe s.). Cf. darne. ◆  Les valeurs anciennes du mot se sont conservées en français régional du Sud-Ouest et du Québec, où le mot a le sens de « gouttière » depuis le XVIIe s.
❏  Le dérivé (dénominatif) DALLER v. tr., après une première attestation en 1319, n'est employé de manière usuelle que depuis 1800.
■  Il a produit DALLAGE n. m. (1835) « recouvrement de dalles » et « action de daller » (1838).
Avec son ancien sens normand, dalle a donné dès le XIVe s. le terme de marine DALOT n. m. (1382, à Rouen) désignant l'ouverture pratiquée dans le bordage pour l'écoulement des eaux embarquées. Le mot a conservé au Canada certains emplois d'origine normande, notamment « évier » et « linge entortillé protégeant un doigt malade » ; comme dalle, il y signifie « gosier ».
? 2 DALLE (QUE), au sens de « rien du tout », pourrait venir d'un emploi argotique de dal, dalle pour « argent » (1815) ; on le rattacherait, dans cette hypothèse, à l'allemand, une dalle s'étant employé (1587) à propos d'une monnaie allemande (→ thaler).
❏  Que dalle « rien », est devenu usuel au XXe siècle dans la langue familère, notamment avec comprendre et ses synonymes (on n'y pige que dalle). Il s'emploie aussi seul, en réponse.
DALTONISME n. m. est un mot créé avant 1841 (date où l'on relève le mot en anglais, emprunté en français) par le professeur Pierre Prévost de Genève, qui l'a tiré (probablement d'après l'adjectif daltonien) du nom du célèbre chimiste et physicien anglais J. Dalton (1766-1844). Ce dernier décrivit ce trouble de la perception des couleurs, dont il était lui-même atteint, dans une communication à la Société littéraire et philosophique de Manchester (1794).
❏  Le mot désigne une affection de la vue caractérisée par l'incapacité à distinguer certaines couleurs.
❏  DALTONIEN, IENNE adj. et n. est lui aussi dérivé (1827, P. Prévost) du patronyme Dalton.
+ DAM n. m. est emprunté très anciennement (842, damno) au latin damnum « dommage, préjudice », « perte » et « dépense », souvent associé à sumptus « dépense, frais » (→ somptueux), jactura « perte, dommage » et detrimentum (→ détriment). Damnum était spécialement employé dans un contexte juridique pour désigner les dommages et intérêts payés pour une perte matérielle et, par extension, l'amende (le mot propre étant multa) ou la peine (à côté de poena). Quoi qu'on ait dit, aucun rapport n'est senti en latin entre damnum et dare « donner » (→ donner) et l'expression damnum dare « causer un dommage » ne réalise pas une « figure étymologique ». Damnum est peut-être un ancien terme de la langue religieuse, à rapprocher de daps, dapis n. f. (pluriel : dapes) « sacrifice », « repas rituel qui suit le sacrifice ». Ces deux mots latins ont été rapprochés de l'arménien tawn « fête », du vieil islandais tafn « bête destinée au sacrifice », suggérant l'existence d'une famille indoeuropéenne.
❏  En français, dam, avec son sens de « dommage, préjudice de qqn », s'est effacé à partir du XVIe s. pour ne plus s'employer que dans l'expression à mon (ton, son, leur) dam (1450, à nostre dam) elle-même disparue, le dernier usage subsistant étant aujourd'hui au grand dam (de qqn). ◆  Le mot a eu le sens spécial de « châtiment éternel qui prive les réprouvés de la vue de Dieu », dans le vocabulaire théologique (1579) [→ damner].
❏  Dam a été progressivement remplacé par son dérivé DOMMAGE n. m. dont la forme primitive damage (1080) a été modifiée en domage (v. 1160), dommage, probablement sous l'influence de l'ancien français dongier (→ danger). La forme première est conservée par l'anglais damage qui l'a empruntée au français. Le mot, complètement démotivé, d'usage juridique et courant, est particulièrement employé dans la locution c'est dommage que (1160, ce est domage que) et dans l'expression juridique dommages et intérêts (1690).
■  Il a produit DOMMAGEABLE adj. (1349), antérieurement damageable (1309), ainsi que deux verbes préfixés.
ENDOMMAGER v. tr. (1165, endamagier) signifie « faire subir des dommages, des dégâts à (qqch.) ». ◆  Il a donné à son tour ENDOMMAGÉ, ÉE adj. et ENDOMMAGEMENT n. m. (XIIIe s.), nom d'action rare depuis le XVIe s., mais encore répertorié par les dictionnaires généraux.
■  DÉDOMMAGER v. tr. (1262) se partage entre un emploi juridique et le sens figuré usuel de « donner en compensation » (1665), tout comme son dérivé DÉDOMMAGEMENT n. m. (1309, desdamagement), dont la diffusion dans l'usage courant est attestée à partir de 1723.