DÉDALE n. m. est l'emploi comme nom commun (1543) du nom propre Dédale (av. 1260, Dedalu), emprunté par l'intermédiaire du latin Daedalus au grec Daidalos. Ce dernier est le nom d'un Athénien appartenant à la famille royale et représentant dans la mythologie le type de l'artiste universel, tour à tour architecte, sculpteur et inventeur de moyens mécaniques (inventeur des premières statues et du labyrinthe). Ce nom, qui présente un redoublement avec dissimilation de dal-, se rattache au verbe daidallein « façonner avec art », d'usage poétique. Le groupe appartient peut-être à une racine que l'on a pensé retrouver dans quelques langues indoeuropéennes, dont le latin dolare « tailler, façonner le bois », peut-être le sanskrit dár-darī-ti « fendre ». Mais ce pourrait être aussi un terme méditerranéen, ce qu'appuierait dans une faible mesure le rapport de Daidalos avec le labyrinthe.
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Le mot, sous la forme latinisante dedalus (1543), puis francisé en dédale, désigne un labyrinthe, par allusion au labyrinthe de Crète construit par Dédale à la demande du roi Minos qui y enferma le Minotaure. Par extension, le mot est employé en parlant d'un ensemble formant un circuit compliqué d'éléments dans lesquels on risque de se perdre, au propre et au figuré (1585, le dédale des tourments).
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Son dérivé DÉDALÉEN, ÉENNE adj. est attesté chez cet amateur de mythes qu'est Victor Hugo (1832) ; il est d'usage très littéraire.
DÉDICACE n. f., d'abord altéré en dicaze (fin XIIe s.), puis écrit dedicasse (1273-1280), est emprunté au latin dedicatio « consécration, inauguration d'un temple, d'un théâtre », puis en latin chrétien « consécration d'une église » et « fait de dédier un livre à qqn ». Dedicatio est le nom d'action correspondant à dedicare qui a donné dédier*.
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Le mot désigne la consécration d'une église, d'un oratoire et, par métonymie, la fête annuelle commémorant cette consécration (1273-1280). Par extension, il concerne la consécration d'un édifice quelconque. Il s'est en outre spécialisé dans le domaine artistique pour l'action consistant à dédier une œuvre à qqn (1613). Ce sens est devenu le plus courant, se disant aussi de l'envoi manuscrit fait par l'auteur, l'usage bibliophilique distinguant les deux mots.
❏
Le dérivé
DÉDICACER v. tr. est attesté une première fois au
XVe s. (av. 1449) dans un contexte religieux ; il a été repris (1819) avec le sens de « pourvoir une œuvre d'une dédicace » et, par extension, « offrir une œuvre avec une dédicace manuscrite ».
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DÉDICATOIRE adj., dérivé savamment (1542) du radical du supin
dedicatum du verbe
dedicare avec le suffixe
-oire pour servir d'adjectif à
dédicace* dont il a suivi le développement sémantique.
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Ultérieurement, a été formé DÉDICATAIRE n. (1890, Verlaine) sur le radical du supin latin, avec le suffixe -aire, pour la personne à qui est dédié un ouvrage.
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DUCASSE n. f., attesté en moyen français (1391), est une forme dialectale (Nord de la France) de l'ancien français
dicasse (fin
XIIe s.), réduction de
dédicace au sens religieux (ci-dessus). Le mot est demeuré d'usage courant, régionalement (Hainaut, Belgique, Nord de la France) pour « fête patronale », « fête publique » — équivalent non marqué :
kermesse — et, en français de Belgique, « réjouissances inhabituelles ».
DÉDIER v. tr. est un semi-emprunt (v. 1130) au latin dedicare, verbe de parole signifiant « déclarer, révéler », spécialisé au sens de « consacrer (un temple, un lieu) », et au figuré « faire hommage de (un texte, un livre) à qqn ». Ce verbe latin est composé de de- (→ de) et de dicare (→ dire). Dans le passage du latin au français, le -c- est tombé par analogie avec les verbes en -ficare (→ édifier).
❏
Dédier a suivi le développement sémantique de dédicace*, qui lui sert de nom d'action, et signifie « consacrer (une église) », puis « faire hommage de (une œuvre) à qqn ».
DÉDUIRE v. tr. est emprunté (v. 1050) avec francisation, d'après conduire* et l'ancien français duire, au latin deducere, proprement « emmener », d'où au figuré « retrancher, soustraire » et « détourner de ». Ce verbe est composé de la particule de exprimant la séparation (→ dé-) et de ducere « mener » qui a donné l'ancien français duire (→ conduire).
❏
Le mot a eu en ancien français le sens de « mener, conduire » (pronominalement se déduire « s'éloigner ») et surtout, au figuré, celui de « divertir, distraire », comme pronominal (1172) et comme transitif. Au XIVe s., il a repris au latin le sens abstrait de « retrancher une somme » (1363), aujourd'hui courant. Au XVIe s., alors qu'on le trouve au sens d'« énumérer, exposer en détail, discourir sur qqch. » (av. 1544), il a pris sa valeur moderne en logique (av. 1560), d'après déduction (ci-dessous).
❏
Son participe passé
DÉDUIT a été substantivé (v. 1160) pour désigner le divertissement, se spécialisant à propos du divertissement amoureux, notamment l'amour physique. Le mot, archaïque depuis le
XVIIe s., est encore enregistré par les éditions du
Dictionnaire de l'Académie en 1694, puis de 1798 à 1878 ; ce n'est plus qu'une allusion médiévale.
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DÉDUCTION n. f. est emprunté (1355) au latin
deductio, nom formé sur le supin
deductum de
deducere. Deductio désigne le fait d'emmener, spécialement le fait d'emmener l'épouse au domicile conjugal. Au figuré, il exprime l'idée de retranchement et, dans l'usage scolastique du moyen âge (v. 1300), désigne un raisonnement par lequel on fait sortir d'une supposition admise comme une vérité la conséquence logique qu'elle contient implicitement. Le mot français désigne un retranchement, une soustraction (dans
en deduction de la somme, 1355) ; il est également employé comme terme de logique (1370, Oresme). Son développement sémantique a été parallèle à celui de
déduire (ci-dessus).
■
Le radical du supin latin deductum a servi à former les adjectifs DÉDUCTIF, IVE (1842), employé notamment en logique (raisonnement déductif), et DÉDUCTIBLE (1931), qui ont donné les adverbes correspondants DÉDUCTIVEMENT (1832) et DÉDUCTIBLEMENT (rare), ainsi que le nom DÉDUCTIBILITÉ n. f. (1943, Sartre). En français du Québec, le déductible se dit d'une somme en franchise.
DÉFAITE (et DÉFAIRE) → FAIRE
DÉFALQUER v. tr., d'abord deffalquer (1384), est emprunté au latin médiéval defalcare « déduire d'une somme » (1288), plutôt qu'à l'italien diffalcare qui n'a ce sens que depuis 1494, et qui signifie d'abord (1351-1374) « diminuer ». Defalcare est probablement formé de de- (→ 2 dé-) et °falcare (→ faucher).
❏
Repris au sens du latin médiéval, défalquer s'emploie toujours ainsi, les extensions figurées étant littéraires et rares.
❏
Le nom correspondant, DÉFALCATION n. f., est emprunté semble-t-il avant le verbe (1307) au dérivé latin médiéval defalcatio (1287).
◆
Il a évincé le dérivé DÉFALQUEMENT n. m.
DÉFAUT n. m. est probablement issu (v. 1165) de l'ancien français défaute n. f. (déb. XIIe s.) « manque, faute », dérivé de défaillir (→ faillir) d'après faute*.
❏
Moins fréquent que
défaute en ancien et moyen français,
défaut l'a supplanté par la suite parce qu'il se distinguait mieux de
faute. Il a d'abord le sens de « pénurie, manque » à partir duquel se développent ses principales nuances, au
XVIe et au
XVIIe s. :
défaut est employé dans un contexte juridique pour l'action de ne pas comparaître devant un juge (1540), entrant dans les locutions
condamner par défaut (1573) et
être en défaut (1668 au figuré). Il s'est spécialisé en vénerie à propos de la perte de la voie par les chiens (1561).
◆
Au
XVIe s. encore, apparaît la locution
au défaut de (1579), aujourd'hui vieillie au profit de
à défaut de.
◆
À partir du sens métonymique d'« endroit où se termine, où manque qqch. », il a pris la valeur d'« endroit le plus faible » (1652), de nos jours presque exclusivement dans la locution figurée
le défaut de la cuirasse.
■
Un autre groupe de sens, lui aussi dégagé au XVIe et au XVIIe s., se rapporte non plus à l'idée de manque, mais à celle d'imperfection : le mot, qui déjà en moyen français indiquait la partie imparfaite d'un objet (1357), s'applique à une imperfection physique (1561), à celle d'une œuvre d'art (1585), et enfin à une imperfection morale, sens d'abord relevé chez Corneille (1651-1652) et devenu très usuel ; il s'oppose alors aussi nettement à faute que (ne pas) être s'oppose à (ne pas) faire, faute concernant une action ou son résultat, alors que défaut s'applique à une tendance, à un trait de caractère.
DÉFECTIF, IVE adj. est emprunté (1314) au bas latin defectivus « défectueux », employé en grammaire, formé sur le supin defectum de deficere « faire défaut » (→ défection, défectueux, déficit).
❏
Le sens initial, « qui présente des défauts », est sorti d'usage, au profit de défectueux, défectif se spécialisant dans des emplois didactiques, en linguistique (1680, voire 1629 selon Bloch et Wartburg), par exemple dans verbe défectif, et en musique.
DÉFECTION n. f. est emprunté (v. 1170, defectiun) au latin defectio « désertion (d'un parti) », « éclipse (d'un astre) », « cessation, disparition, épuisement », « faiblesse » et en grammaire « ellipse ». Ce mot est formé sur le supin defectum, de deficere qui possède les sens correspondants (→ défectif, défectueux, déficient, déficit).
❏
Le mot a pénétré en français avec le sens aujourd'hui disparu de « défaillance, défaut ». La valeur moderne, « action d'abandonner ce à quoi on était lié (parti, opinion, cause) », est enregistrée en 1680. Par extension, défection se dit du fait de ne pas se trouver là où l'on est attendu (av. 1850, d'après Larousse 1959).
◆
Le sens particulier correspondant à « éclipse », enregistré par la plupart des dictionnaires généraux des XIXe et XXe s., est aujourd'hui abandonné.
❏
De défection est dérivé DÉFECTIONNAIRE adj. (1843), « qui fait défection », vieilli ou historique.
❏ voir
DÉFECTIF, DÉFECTUEUX, DÉFICIENT, DÉFICIT ; INDÉFECTIBLE.
DÉFECTUEUX, EUSE adj. est emprunté (1336) au latin médiéval defectuosus (seulement attesté en 1393) « qui présente des imperfections », formé sur le nom d'action defectus, us « abandon, manque », qui correspond au verbe deficere « faire défaut » (→ défectif, défection, déficient, déficit).
❏
Le mot, d'usage courant, est employé spécialement en parlant d'actes juridiques (1690) et de faits de langue, d'expression. Avec sa valeur générale, il qualifie surtout des systèmes matériels, appareils ou instruments.
❏
Il a produit
DÉFECTUEUSEMENT adv. (
XVe s.).
■
DÉFECTUOSITÉ n. f., d'abord écrit avec deux f (1486), est probablement emprunté au latin scolastique supposé °defectuositas, formé sur defectuosis ; il a évincé la forme parallèle défectueusité (av. 1494), faite sur défectueux avec le suffixe -ité.
L
DÉFENDRE v. tr. est issu (v. 980) du latin defendere « repousser, écarter l'ennemi » d'où « protéger », employé dans le langage de la Bible pour traduire le grec ekdikein « venger, punir » et, à basse époque, aux sens de « revendiquer un droit », « interdire », en contexte juridique et seulement dans l'aire gallo-romaine. Ce verbe est formé de de- (→ 2 de) et d'un simple °fendere dont le sens devait être originellement « frapper, heurter » et qui ne s'est conservé que par ses composés (→ offense). Le présent -fendo, sur lequel est bâti tout le groupe des formes latines, est le substitut d'un ancien radical athématique conservé en indo-iranien (védique hánti « il frappe ») et en hittite. À ce groupe se rattachent aussi le grec theinein, le slave ženǫ « je chasse, je poursuis », l'irlandais gonim « je blesse, je frappe ».
❏
Dès les premières attestations, le verbe exprime l'idée de « protéger contre », d'abord à la forme pronominale et transitivement (dans un contexte militaire, 1080, Chanson de Roland). Par suite, il s'emploie aussi pour « protéger contre les effets nuisibles (d'une chose) » [1180-1185, pronominalement]. Par métaphore du sens militaire, on dit en français de Belgique défendre sa thèse (devant un jury) là où le verbe soutenir est utilisé en France. Mais défendre ses idées, une proposition, un projet se dit dans toute la francophonie. Le sens de se défendre de, « nier verbalement ce dont on est accusé » (v. 1150), s'applique spécialement à un contexte juridique (1559, transitivement). Par extension, se défendre s'est dit ultérieurement avec un nom de chose pour sujet et correspond à « être valable, justifié » (1843), familièrement dans ça se défend. Avec un nom de personne pour sujet (argot des prostituées, 1920), il signifie familièrement « se débrouiller habilement dans qqch. ».
◆
L'autre sens du verbe, « interdire », est également connu dès l'ancien français en construction transitive (1080) et (1180-1185) pronominale.
❏
Outre l'adjectif tiré du participe passé
DÉFENDU, UE « protégé » et « interdit »,
défendre a donné l'adjectif
DÉFENDABLE (fin
XIIIe-déb.
XIVe s.), d'abord employé dans un contexte militaire et, par suite, avec toutes les valeurs correspondantes du verbe.
■
L'antonyme INDÉFENDABLE adj. (1663), formé par préfixation, a supplanté les formes plus anciennes indéfensable et indéfensible (XVIe s.), faites sur le radical de défense. Indéfendable a pris le sens moral de « trop mauvais pour pouvoir être défendu, excusé » (Cf. inacceptable, insoutenable).
■
De la même façon, DÉFENDEUR n. (av. 1150), fait sur défendre, subit la concurrence de défenseur (→ défense) ; il lui a cédé le sens général (non attesté après 1611), se réservant le sens juridique de « celui qui se défend en justice, contre lequel est intentée une action judiciaire » (v. 1200). Dans cet emploi, le féminin est DÉFENDERESSE.
❏ voir
DÉFENSE.
DÉFENSE n. f. est emprunté (v. 1150) au bas latin de même sens defensa, participe passé féminin substantivé de defendere (→ défendre).
❏
Le mot a été introduit en droit pour désigner l'action de se défendre en justice, par métonymie les moyens employés pour défendre sa cause (1249) et ultérieurement, par une autre métonymie, concrète, l'accusé et ses avocats (1851), symétriquement à
accusation. Avant la fin du
XIIe s., il exprime le fait de se défendre d'un sentiment (1176), l'action de se défendre dans un contexte militaire (1177-1178), sens qui lui vaut aujourd'hui d'être un quasi-euphémisme pour
guerre (dans
Ministère de la Défense), et, par métonymie, ce qui sert à se défendre (1176, des créneaux).
◆
Dès la même époque, il est employé pour « injonction de ne pas faire qqch. » d'après un autre sens du verbe (1177), une acception à peine antérieure, « objection », (1165-1170), étant sortie d'usage.
Parmi ses nombreux emplois métonymiques, il faut mentionner celui qui a servi à nommer la longue dent saillante de certains mammifères, et notamment de l'éléphant (1585, Paré), valeur concrète et autonome qui en fait un véritable homonyme.
❏
Dans le cas particulier d'une interdiction faite au concessionnaire d'une forêt d'y pratiquer des coupes, de l'interdiction du droit de parcours ou de pacage, on emploie encore quelquefois le vieux mot
DÉFENS ou
DÉFENDS n. m. Celui-ci, qui a en ancien français le sens général de « défense, interdiction » (1119), s'est spécialisé au début du
XIIIe s. ; c'est un emprunt au latin
defensum, participe passé neutre substantivé de
defendere, employé en latin médiéval au sens de « terrain clôturé » (1023).
◈
SELF-DÉFENSE n. f., cité comme mot anglais (1869), puis emprunté en français (1873), désigne un procédé de combat défensif sans armes, notamment au cours d'un entraînement utilisant les arts martiaux, les sports de combat.
◆
Il est alors en concurrence avec
AUTO-DÉFENSE n. f. (1836).
◈
DÉFENSIF, IVE adj. et n. est emprunté (
XIVe s.) au latin médiéval
defensivus « propre à la défense » (1270), formé sur le supin
defensum de
defendere. Le moyen français a employé le masculin pour désigner en médecine un dispositif protecteur d'une partie du corps. Ce sens, sorti d'usage après 1598, est repris dans l'édition de 1732 du Dictionnaire de Trévoux.
◆
Défensif est employé comme adjectif avec le sens latin depuis 1444, et substantivé au féminin pour désigner une attitude qui s'organise en vue de la riposte (1587,
se mettre sur la défensive) ; cette expression qualifie aussi, par extension (1805), l'attitude d'une personne qui manque d'ardeur à soutenir une cause, qui se tient sur la réserve.
■
En est dérivé DÉFENSIVEMENT adv. (1834) qui s'oppose à offensivement.
◈
DÉFENSEUR n. m. est emprunté (1213) au dérivé latin
defensor « celui qui repousse le danger » et concrètement « moyen de défense ». Le mot a mis longtemps à s'imposer en raison de la présence concurrente de
défendeur (→ défendre) utilisé du
XIIe au
XVIe siècle. Il est employé spécialement en parlant de la personne qui soutient une cause, une idée (1588, Montaigne) et, en droit, de l'avocat qui assure la défense d'un accusé devant la justice (1817).
DÉFÉQUER v. est emprunté (1583) au latin defaecare, employé à l'époque classique au sens abstrait de « purifier, clarifier », puis en latin impérial au sens concret de « purifier un liquide ». Ce verbe est dérivé au moyen de la particule de- (→ 2 dé-) de faex, faecis « lie de vin, d'huile », par suite « dépôt, résidu, tartre » et, au figuré, « lie, rebut », mot dont le pluriel a donné fèces*.
❏
Le verbe a d'abord été employé avec le sens transitif de « clarifier », réservé de nos jours à des emplois spéciaux et rares en chimie. L'usage moderne est attesté tardivement, d'abord par le sens transitif figuré de « rejeter » (comme on rejette les matières fécales) dans l'expression déféquer qqn (1886) qu'affectionne Léon Bloy, l'emploi intransitif du verbe au sens d'« expulser les matières fécales » n'apparaissant qu'en 1910 dans un ouvrage de parasitologie ; ces deux emplois sont postérieurs au sens correspondant de défécation (ci-dessous).
❏
Le radical latin a servi à former
DÉFÉCATEUR adj. et n. m., attesté depuis 1877 comme nom en chimie et depuis 1946 comme adjectif en physiologie.
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Le participe présent DÉFÉQUANT est substantivé au masculin pour désigner la substance destinée à déféquer un liquide (1922, en sucrerie).
■
Le nom correspondant, DÉFÉCATION n. f., a suivi la même évolution que le verbe : emprunté comme terme de chimie, sous la forme defaecation (de l'huile) [1660], au dérivé bas latin defaecatio « action de nettoyer, de purifier », il désigne aujourd'hui l'expulsion des matières fécales (1814).
DÉFÉRER v., d'abord deferrier (1282), est emprunté au latin deferre « porter de haut en bas », au figuré « présenter, accorder » et en particulier « dénoncer, porter plainte en justice ». Deferre est composé de de (→ 2 dé-) et ferre « porter » (→ -fère).
❏
L'ancienne construction deferrier de qqch. à qqn, « s'en remettre à qqn pour qqch. », n'est plus en usage. Le verbe a développé ses sens modernes au XVIe et au XVIIe s. ; construit transitivement, c'est un terme de droit signifiant « attribuer (une cause) à une juridiction » (1541) ; ses sens extensifs, « dénoncer à une autorité » (1559) et « conférer un honneur à » (1541), ne se sont pas maintenus.
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C'est cependant cette même idée d'honneur, de dignité, qui est réalisée dans l'emploi intransitif de déférer à (1559) « avoir du respect, des égards envers ».
❏
Le participe présent
déférant, ante a été adjectivé au sens de « qui montre du respect à l'égard de » en parlant d'une personne (1694), et, par métonymie, de son comportement (av. 1715). Ce mot l'a cédé à
2 DÉFÉRENT, ENTE adj. (1690), influencé par la forme de
1 DÉFÉRENT, ENTE adj., lui-même emprunté en anatomie (1520), à propos du canal reliant l'épididyme à l'urètre postérieur, au latin
deferens « qui porte de haut en bas », participe présent de
deferre.
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Le nom correspondant, DÉFÉRENCE n. f. (XIVe s., selon Bloch et Wartburg), est le dérivé savant du latin deferens avec le suffixe -ence. Attesté isolément au sens d'« action de déférer, d'attribuer », il est repris (1628) au sens moderne d'« égards, respect envers qqn » pour correspondre à déférent (déférant).
DÉFERLER v. est composé (1616) de dé-*, indiquant le renversement de l'action, et ferler v. tr., terme technique de marine pour « relever (une voile) pli par pli et la fixer sur la vergue » (1553). Ce verbe, d'origine problématique, se rattache peut-être au latin ferula « baguette » (→ férule), par l'intermédiaire d'un ancien français hypothétique °ferle, la voile se pliant le long de la vergue. L'existence de ce °ferle est postulée également par le terme technique ferlet n. m. (1723), désignant un instrument de bois en forme de T.
❏
Le verbe, qui signifie proprement « déployer les voiles », a connu une expansion bien plus grande que celle du simple ferler. Intransitivement, il se dit d'une vague qui se brise en écumant (1773) ; au XIXe s., il a reçu le sens figuré de « surgir, faire irruption rapidement » en parlant des passions, etc. (1859), et de « se répandre en grande quantité » (1866, de la lumière).
❏
Le dérivé DÉFERLAGE n. m. (XVIIIe s.) procède du sens maritime technique, tandis que DÉFERLEMENT n. m. (1883) réalise l'idée de ce qui se répand avec abondance, en parlant du flot qui déferle et, au figuré, d'un objet concret ou abstrait.
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Le féminin du participe passé adjectivé, DÉFERLANTE, est quelquefois substantivé pour une grande lame déferlant en plein océan (mil. XXe s.).