DÉMODER → MODE
DÉMOGRAPHIE n. f. est composé (1855) des éléments d'origine grecque démo- « peuple » (→ démocratie) et -graphie*.
❏  Le mot qui apparaît dans le titre de A. Guillard, Éléments de statistique humaine ou démographie comparée, désigne la science dont l'objet est l'étude statistique des collectivités humaines.
❏  DÉMOGRAPHE n. « scientifique spécialiste de démographie » et DÉMOGRAPHIQUE adj. « relatif à cette science, à l'évolution quantitative des populations » sont attestés tous deux en 1861.
L DEMOISELLE n. f., attesté dès 881 (Eulalie), est issu du latin tardif °domnicella, contraction de °dominicella, diminutif du latin classique domina (→ dame). Il s'agit d'un terme uniquement gallo-roman, à côté de la forme plus contractée que représentent l'ancien provençal donsela (→ donzelle), l'italien donzella et l'espagnol doncella. En ancien français, le mot est écrit domnizelle puis damisele (1080) avant de prendre sa forme actuelle.
❏  Jusqu'à la fin du XVIIIe s., le mot a désigné une jeune fille noble ou une femme mariée de la petite noblesse (une femme demoiselle, écrit Molière dans G. Dandin), s'étendant à une femme de la bourgeoisie. Supplanté progressivement par dame et madame (« aujourd'hui », note Furetière, « une femme d'avocat préfère se faire appeler madame »), il prend son sens moderne de « femme non mariée » (1690), d'abord réservé aux femmes d'une certaine distinction (« pourvu qu'elles ne soient pas de la lie du peuple ou nées d'artisans », ibid., 1690), tout en se disant ironiquement et en mauvaise part des femmes de mauvaise vie. ◆  À l'époque classique il s'applique également à une fille qui est au service d'une dame (demoiselle suivante), à une fille attachée à la personne d'une souveraine puis, par analogie, à une fille attachée à une mariée (demoiselle d'honneur, XIXe s.). ◆  Au XIXe s., demoiselle commence d'être appliqué à une femme (mariée ou pas) attachée à un établissement (1825, demoiselle de boutique), spécialement dans le syntagme, aujourd'hui très daté, demoiselle du téléphone (1905).
À partir du XVIIe s., le mot a développé quelques sens techniques, désignant un outil du paveur (1630) et, anciennement, un ustensile servant à réchauffer le lit (1690). Il est employé régionalement pour désigner une bouteille de vin (1855 en Normandie), comme fillette.
■  Par analogie d'aspect général, il sert à désigner une grue, dite demoiselle de Numidie (1680) et la libellule (1680). Dans le sud-ouest de la France, il se dit (1928) de la carcasse d'oie ou de canard.
MADEMOISELLE n. f., formé avec le possessif (comme madame, → dame), apparaît au XVe siècle C'est d'abord un titre donné à des femmes de haute condition, par exemple la fille aînée des frères ou des oncles du roi (la grande Mademoiselle). Depuis le XVIe s. (1564), il s'applique à des femmes nobles non titrées (alors que madame se disait déjà des bourgeoises), puis à des bourgeoises. L'opposition entre mademoiselle appliqué aux filles (non mariées) et madame date du XVIIe s. ; elle est devenue dominante. ◆  Une contraction populaire est mamzelle (1680).
❏ voir DAMOISELLE (art. DAMOISEAU).
DÉMOLIR v. tr., attesté depuis 1458, peut-être dès 1383 par un ancien participe présent démoliant, est emprunté au latin demoliri « mettre à bas, faire descendre », au figuré « détruire, renverser » et « éloigner, rejeter ». Ce verbe est formé de la préposition de et de moliri, dérivé de moles « masse » (→ môle), qui signifie « faire effort pour remuer (un objet lourd et encombrant) », d'où « faire effort, peiner en vue de qqch., exécuter avec peine » et, par affaiblissement de sens, « exécuter, préparer » (un acte qui demande un effort ou non).
❏  Démolir a d'emblée le sens de « défaire une construction pièce par pièce » et, dès le XVe s., s'emploie aussi au figuré. Au cours du XIXe s., se sont développés à la fois la valeur abstraite de « ruiner » (1826) et, dans l'usage familier, celles de « terrasser, mettre hors de combat » (1801) et « tuer » (1833, Mérimée).
❏  De démolir est dérivé DÉMOLISSEUR, EUSE n. et adj. (1547), formé sur le radical du participe présent, rare avant 1770 (Voltaire).
■  DÉMOLITION n. f. est emprunté (XIVe s.) au latin demolitio « action de mettre à bas », au figuré « ruine, destruction », de demolitum, supin de demoliri. Repris au sens ancien de « défaite, déroute », le mot a rapidement rejoint le verbe au sens moderne d'« action de démolir, destruction » (1367). Par métonymie, le pluriel désigne les matériaux provenant de bâtiments démolis (1676).
■  Démolition est quelquefois concurrencé par un nom d'action plus récent, DÉMOLISSAGE n. m. fait (1882) sur le radical du participe présent.
DÉMON n. m., d'abord sous la forme demoygne (déb. XIVe s.), puis daemon (XVIe s.) et démon, est emprunté au latin impérial daemon « esprit, génie », surtout fréquent dans la langue de l'Église où il a pris le sens spécial d'« esprit infernal, mauvais ange, diable » et aussi « idole ». Saint Augustin crée ainsi daemonicola et saint Jérôme daemonarius. Le mot latin, emprunté au grec daimôn, -onos, est déjà employé par Varron au Ier s. avant J.-C., mais n'est latinisé que depuis Apulée au IIe s. après J.-C. Daimôn désigne une puissance divine, que souvent on ne peut ou on ne veut nommer, d'où le double sens de « destin » (heureux ou malheureux) et de « divinité ». Le daimôn n'est pas l'objet d'un culte dans la religion grecque. Le terme a aussi le sens de « génie attaché à chaque homme ou à une cité », d'où son emploi à propos de Socrate, qui sera repris en français (ci-dessous). Enfin, il s'emploie en mauvaise part, fournissant au vocabulaire chrétien le mot désignant l'esprit malin. Il s'agit d'un dérivé de daiesthai « diviser, partager » qui appartient à une racine indoeuropéenne °da- « partager » et qui a pour dérivé dêmos (→ démagogue) : étymologiquement, daimôn désigne donc la puissance qui attribue, donne en partage. Des parallèles sont établis avec le vieux perse baga-, le vieux slave bogŭ « dieu » (russe bog) à côté de l'avestique baga- « part, destin » et du sanskrit bhāgā- « part, destin, maître ».
❏  En français, le mot désigne une divinité, une idole, spécialement dans la tradition chrétienne, l'ange déchu et, par analogie, un être qui incarne le mal (1663). L'expression démon de midi traduit le latin de la Vulgate daemonius meridianus, d'ailleurs rendu en ancien français par diable méridien (Cf. méridien). La répartition des emplois de démon et diable est plus sociologique que sémantique, le second étant familier et populaire. Le XVIe s. a fait de démon un terme de mythologie, Rabelais employant le syntagme bons Daemons pour désigner les êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes (1546) et Daemon de Socrate (1552) pour le génie inspirateur de Socrate, par emprunt au grec. Depuis 1652, le mot désigne aussi le génie présidant aux destinées d'une collectivité, puis d'un individu. ◆  Son sens figuré de « personnification d'un défaut » (1694, le démon du jeu) se situe à l'intersection du sens mythologique et du sens chrétien.
❏  DÉMONIAQUE n. (1230) et adj. (1275) est emprunté au latin chrétien daemoniacus, lui-même repris au dérivé grec tardif daimonikos « possédé d'un dieu », et spécialement, dans le grec d'Église, « possédé du malin ».
■  Le XIIIe s. a aussi produit le terme de théologie DÉMONIAL, ALE, AUX adj. (1279), DÉMONIALITÉ n. f. (1876) étant la traduction du latin théologique daemonialitas « commerce charnel avec le démon », attesté (av. 1682) chez un bénédictin espagnol.
■  On rencontre ensuite DÉMONIQUE adj. (1422) peut-être fait sous l'influence du grec daimonikos « possédé d'un dieu », puis DÉMONOMANIE n. f. (1580), dont le sens moderne est attesté en 1625, DÉMONOLOGIE n. f. (1600, d'Aubigné) et DÉMONOGRAPHE n. (1625). ◆  La seconde vague de dérivés, annoncée par DÉMONISME n. m. (av. 1784), a lieu au XIXe s. avec DÉMONE n. f. (déb. XIXe s.) peu usité, DÉMONOGRAPHIE n. f. (1829), DÉMONOLOGUE n. (1832), DÉMONOLÂTRE adj. et n. et DÉMONOLÂTRIE n. f. (1838), DÉMONICOLE adj. (1846), DÉMONOMANE n. et adj. (1863) et DÉMONOPATHIE n. f. (1898), terme de psychiatrie.
DÉMONTER → MONTER
L DÉMONTRER v. tr., d'abord sous la forme conjuguée demonstrat (v. 980), puis demustrer (v. 1175), est issu du latin demonstrare, de de et monstrare (→ montrer) « montrer, faire voir, indiquer, désigner » et abstraitement « exposer, décrire ».
❏  Le verbe a longtemps eu le sens de « montrer, indiquer » (→ démonstratif). La valeur abstraite, intellectuelle « donner des preuves de (qqch.) » apparaît dès l'ancien français (v. 1175) et s'est surtout répandue à partir du XVe s., éliminant le sens concret et demeurant usuelle.
❏  Démontrer a produit DÉMONTRABLE adj. (v. 1273) sur lequel on a fait DÉMONTRABILITÉ n. f. (1863) et les antonymes INDÉMONTRABLE adj. (une fois en 1582, repris 1722) et INDÉMONTRABILITÉ n. f., mots didactiques, essentiels en mathématique, en logique, en épistémologie, à côté de indécidable (→ décider). ◆  Le participe passé adjectivé DÉMONTRÉ, ÉE a lui aussi donné un antonyme préfixé en in-, INDÉMONTRÉ, ÉE (1846).
DÉMONSTRATION n. f. est un emprunt savant (v. 1225) au dérivé latin demonstratio « action de montrer, description », employé spécialement en rhétorique pour le genre démonstratif, et en droit au sens d'« expression claire d'une volonté ». Démonstration, qui a remplacé l'ancien français demostraison (v. 1120), correspond aux valeurs du verbe et prend avec lui une valeur très précise en mathématiques et en logique, supposant des prémisses affectées d'une valeur de vérité, et un raisonnement déductif strict aboutissant à établir la vérité d'une proposition. ◆  Surtout au pluriel, démonstrations pour « manifestations des sentiments » correspond à une valeur de démonstratif. ◆  L'abréviation familière DÉMO n. f., correspond aux emplois concrets de démonstration, « exposition pédagogique d'un processus ».
DÉMONSTRATIF, IVE adj. est emprunté (v. 1370) au latin demonstrativus « qui sert à montrer », employé spécialement en rhétorique, dérivé du supin de demonstrare. L'adjectif est d'abord employé dans le domaine de la pensée pour « qui établit d'une manière évidente » ; il assume également le sens aujourd'hui vieilli de « qui sert à montrer » (1393), d'abord dans l'expression le doit [doigt] démonstratif (1393) « l'index ». Ce sens, devenu archaïque, ne se maintient que dans le domaine de la terminologie grammaticale (1541, Calvin) et dans celui de la rhétorique (1690). ◆  Depuis 1789, le mot qualifie une personne qui manifeste ouvertement ses sentiments.
■  Il est à l'origine de DÉMONSTRATIVEMENT adv. (1282) et de DÉMONSTRATIVITÉ n. f. (1946) appliqué à une personne.
■  DÉMONSTRATEUR, TRICE n. et adj. est un emprunt savant (1606) au latin demonstrator « celui qui montre, qui démontre », autre dérivé du supin de demonstrare, déjà à l'origine de l'ancien français demostrëor ou demonstrëor (fin XIIIe s.). Le mot désigne la personne qui démontre, notamment celle qui présente et vend un article en expliquant son usage. Il a eu le sens spécial, aujourd'hui sorti d'usage, de « personne qui fait des expériences scientifiques sous les yeux d'une assistance » (1752).
DÉMORALISER → MORAL
DÉMORDRE → MORDRE
DÉNATURER → NATURE
DÉNÉGATION, DÉNI → DÉNIER
DENGUE n. f. est emprunté (1829) par l'intermédiaire de l'anglais dengue (Charleston Courier, 15 juillet 1828) au swahili dinga, denga « attaque subite semblable à une crampe ». Le mot est passé d'Afrique orientale (Zanzibar) aux Indes Occidentales puis en Amérique. Le mot de Zanzibar, denga, a été mis en rapport avec le mot espagnol dengue « manières affectées » (d'origine onomatopéique) en raison de la démarche raide de ceux qui sont atteints par cette maladie. L'espagnol connaît à son tour le sens de « maladie tropicale », par emprunt, depuis 1901.
❏  Le mot désigne une maladie infectieuse des régions tropicales.
❏ voir DINGUE (sous DINGUER), DIG-DIG.
DÉNICHER → NID
L + DENIER n. m., anciennement dener (v. 980), forme à l'origine de denrée (ci-dessous), puis denier (v. 1175), est issu du latin denarius « pièce d'argent valant dix as » et, à l'époque du Bas-Empire, « petite monnaie de cuivre ». Le mot est la substantivation de l'adjectif denarius « qui contient le nombre dix » dérivé de deni « dix par dix », distributif correspondant à decem (→ dix).
❏  En français, le mot désigne une monnaie romaine avant de s'appliquer aussi à une monnaie française (1080) et, jusqu'au XIXe s., à des monnaies de valeurs diverses, même en argent et en or. De là l'emploi du pluriel deniers au sens de « somme d'argent indéterminée » (1168). Dans des locutions comme li deniers Saint Piere (1175) et le denier Dieu (1283), aujourd'hui ... de saint Pierre, de Dieu, il désigne une somme versée volontairement comme obole ou contribution. Ainsi, le denier Dieu désignait une contribution qui se versait sur tous les marchés et engagements, puis le denier à Dieu (1648) s'appliquait aux arrhes versées pour un marché, une location. Les expressions denier de la veuve (1689) et surtout denier du culte (1906) sont postérieures ; seule la dernière est restée en usage. ◆  Dès l'ancien français, denier a développé des emplois techniques désignant une mesure de poids (1256) d'où, beaucoup plus tard en technique, une mesure du poids des fils de soie (1870). En finances, il a désigné (1349) le taux d'intérêt d'une somme.
❏  Son unique dérivé ne lui est plus spontanément rattaché. DENRÉE n. f., d'abord écrit danree (v. 1260), résulte de la contraction de l'ancien français denerée (v. 1160) dérivé de la forme archaïque dener au moyen du suffixe -ée. ◆  Le mot, à partir de son sens propre, « valeur d'un denier », a pris par métonymie le sens général de « marchandise » (1260), aujourd'hui vieilli, et spécialement, de « produit comestible servant à l'alimentation » (surtout au pluriel). Dans l'usage classique, il évoquait surtout, péjorativement, un rebut, une mauvaise marchandise, par exemple dans une expression figurée mentionnée par Furetière : être payé en denrées. Le singulier assume parfois, inversement, une idée figurée de « valeur », dans des locutions archaïques comme c'est chère denrée puis c'est denrée rare. Aujourd'hui, le mot, sauf dans denrées alimentaires usuel, appartient surtout à l'usage économique, commercial et administratif.
DÉNAIRE adj. est emprunté (1505) au latin denarius, la finale étant francisée ; il est rare et didactique pour « qui a pour base le nombre dix ».
DÉNIER v. tr., attesté en 1160, est soit composé en français de dé-* et nier*, soit emprunté, avec adaptation, au latin denegare « nier fortement, dire que non », « refuser », formé de la particule de intensive et de negare (→ nier).
❏  Le verbe français a eu un développement parallèle à celui de nier, sa composition ayant toujours été sentie. Le sens général, « refuser d'admettre, démentir » (1160), est aujourd'hui moins courant que celui de « refuser qqch. à qqn », attesté à la même époque, et resté en usage.
❏  Le déverbal DÉNI n. m. (v. 1250) signifie d'abord « action de dénier », sens aujourd'hui littéraire et rare. Il entre dans l'expression juridique déni de justice (1667), désignant le refus d'un juge de remplir un acte de sa fonction malgré deux réquisitions successives. Le sens courant du syntagme, « refus de rendre justice à qqn, d'être juste envers lui », est attesté depuis 1823. Déni est passé dans le vocabulaire de la psychanalyse (1967, Laplanche et Pontalis) pour traduire l'allemand Verleugnung, par lequel Freud désigne le refus de reconnaître une réalité dont la perception est traumatisante pour le sujet (Cf. ci-dessous dénégation).
■  Alors qu'il n'existe pas d'adjectif en -able formé sur dénier, on a formé le composé INDÉNIABLE adj. (1789, Mirabeau peint par lui-même) dont le sens logique, « impossible à nier », reste théorique, ce mot s'employant pour « certain, assuré, évident ». ◆  On en a dérivé l'adverbe INDÉNIABLEMENT (1874, Mallarmé).
DÉNÉGATION n. f. est emprunté (v. 1390) au latin chrétien denegatio « reniement », formé sur le supin denegatum de denegare. Introduit en droit pour désigner le refus d'admettre une affirmation de l'adversaire au cours d'une instance, le mot, senti comme un préfixé de négation, est passé dans l'usage courant à la fin du XVIIIe s. comme nom d'action du verbe dénier, « action de dénier, son résultat » (1796, Restif). Avant déni (ci-dessus), il est passé en psychanalyse pour le refus de connaître comme sien un désir jusque-là refoulé, mais exprimé sur le mode du refus. ◆  Du radical de dénégation est issu DÉNÉGATOIRE adj. (1846), d'usage juridique.
■  Le nom d'agent DÉNÉGATEUR, TRICE, également employé comme adjectif, est emprunté (1787) au latin denegator « qui dénie » autre dérivé du supin de denegare.
DÉNIGRER v. tr. est emprunté (1330-1332) au latin denigrare, employé en latin impérial au sens propre de « noircir, teindre en noir » et à basse époque au figuré, dans l'expression denigrare famam « noircir la réputation (de qqn) ». Denigrare est composé de de intensif et de nigrare, lui-même dérivé de niger (→ noir).
❏  Le verbe, d'abord attesté au participe passé denigrees, a eu le sens propre de « noircies (en parlant de cordes) ». L'usage moderne a seulement conservé le sens figuré bas latin de « dire du mal de qqn » (1358) et le verbe, considéré comme « bas » par Furetière (1690), semble être rentré en grâce au XVIIIe s., restant usuel en français moderne.
❏  Dénigrer a produit l'adjectif DÉNIGRANT, ANTE (1747), à partir de son participe présent, et le dérivé DÉNIGREUR, EUSE adj. et n. (1773).
■  Le nom d'action correspondant a d'abord été DÉNIGRATION n. f. emprunté au dérivé bas latin denigratio « action de teindre en noir » ; ce mot, apparu en médecine (1314) en parlant d'un processus gangréneux, a pris (1399) le sens figuré du verbe.
■  Il a été concurrencé, puis évincé par DÉNIGREMENT n. m. (1527), formé directement sur le verbe français.
DÉNOMMER v. tr., d'abord écrit denonmer (1170), est emprunté, avec adaptation d'après nommer, au latin impérial denominare « nommer, donner un nom », de de- et nominare (→ nommer).
❏  Le verbe a d'abord été employé avec le sens de « désigner, fixer (un jour) », avant de se fixer au sens actuel, « attribuer un nom à » (v. 1250). Son participe passé est substantivé et employé en langage administratif et dans l'usage familier (le dénommé Paul).
❏  La dérivation directe se limite à l'adjectif rare DÉNOMMABLE.
■  Le nom correspondant, DÉNOMINATION n. f., emprunté (1375) au bas latin denominatio « désignation », assume surtout le sens métonymique de « nom attribué ». Il a inspiré la création du verbe rare DÉNOMINER v. tr. employé par Valéry (1891).
■  DÉNOMINATIF, IVE adj. et n. a été emprunté (1464) par les grammairiens au bas latin denominativus « dérivé », formé sur le supin de denominare ; il qualifie ou désigne tout mot qui tire son origine d'un nom (1838).
■  C'est aux mathématiciens que revient l'emprunt de DÉNOMINATEUR n. m. (1484, dénominateur commun) au bas latin denominator, « celui qui nomme », spécialisé en arithmétique (XVe s.) parce que ce terme « dénomme », détermine les unités considérées. L'expression est passée dans l'usage courant (aussi : commun dénominateur).
L DÉNONCER v. tr., d'abord denuntier (1174) puis denoncier (1260), est, soit emprunté, soit issu du latin denuntiare « faire savoir, notifier, annoncer, déclarer », formé de de intensif et de nuntiare « apprendre » (→ nonce). L'italien dinunziare, l'espagnol denunciar laissent penser qu'il peut s'agir d'un verbe hérité.
❏  Le sens neutre d'« annoncer » est aujourd'hui sorti de l'usage, sauf dans un contexte officiel et juridique. Dès le XIIIe s., le mot est spécialisé au sens péjoratif de « signaler comme coupable (un acte, une personne) » (1260). Un emploi littéraire du verbe, avec un nom de chose pour sujet, s'ordonne au premier sens de « faire connaître », avec la valeur dépréciative du second.
❏  DÉNONCIATION n. f. est emprunté (1268) au dérivé latin denunciatio « annonce, déclaration ». Du XIIIe au XVIe s., il a gardé ce sens, conservé par le langage juridique, mais, dès les premiers textes, il signifie « accusation, plainte », d'abord dans un contexte juridique, puis général et cette valeur est restée vivante.
■  DÉNONCIATEUR, TRICE n. et adj., emprunté (1328) au dérivé bas latin denuntiator, proprement « celui qui annonce », a remplacé l'ancien français denunceer (1265), denunceor (dénonceur), en usage jusqu'à la fin du XVe siècle.
DÉNOTER v. tr. est emprunté (v. 1160) au latin denotare « faire connaître », de de- et notare (→ noter).
❏  D'abord attesté au sens ancien de « remarquer », le mot a pris la valeur de « désigner, dénoncer » (1350). Il s'est spécialisé en logique (1375) où, par opposition à connoter, il désigne le fait de renvoyer à l'extension d'un terme. Cette opposition a été reprise au XIXe s. (d'abord en anglais, J. Stuart Mill) puis au XXe s. par les linguistes contemporains (v. 1960).
❏  Le nom correspondant, DÉNOTATION n. f., est emprunté (v. 1420) au dérivé latin impérial denotatio « indication ». Il a suivi une évolution parallèle à celle du verbe.
■  On rencontre dans les textes des linguistes contemporains (1972, in Ducrot-Todorov) l'adjectif DÉNOTATIF, IVE qualifiant ce qui a rapport à la dénotation (dans son opposition à connotatif).
DÉNOUEMENT, DÉNOUER → NOUER