DERRICK n. m. est emprunté (1861) à l'anglais derrick (1727) dans sa spécialisation américaine de « bâti en bois supportant le trépan servant à forer les puits de pétrole ». En anglais, le mot signifiait « bourreau affecté à une potence » (XVIIe s., glosé hanger « celui qui pend »), d'après le nom d'un bourreau de Tyburn en 1600. Par le sens métonymique de « potence », il est devenu synonyme de « grue, pylône », emploi à l'origine de sa spécialisation aux États-Unis. Les premiers derricks ont été construits aux États-Unis, avec la découverte des gisements de pétrole dans le Kentucky en 1830 (Cf. histoire de naphte et de pétrole).
❏
En français, le mot a conservé le sens du terme américain.
L
DERRIÈRE prép., adv. et n. m. est issu (1080) du bas latin deretro, forme soudée de de retro, formé avec la particule de marquant le point de départ et retro adverbe employé comme préposition à basse époque et quelquefois comme nom pour « en arrière, derrière » (→ rétro-). Deretro a supplanté le latin classique post qui n'a survécu que comme adverbe de temps et a donné au français un élément savant (→ post-).
❏
Le mot, d'abord écrit
derere puis
derière et enfin
derrière sous l'influence de
derrain (→ dernier), a supplanté la forme simple empruntée
retro ou la forme populaire
rière, usuelles jusqu'au
XVe siècle. Aujourd'hui, outre le type
derrière, de nombreux parlers gallo-romans ont des formes dont la syllabe finale est tombée, l'ancien français ayant lui-même
derrier, deriers (v. 1278).
Derrière, en emploi prépositionnel, signifie d'abord « en arrière de, au dos de » ; il n'a développé qu'à l'époque classique le sens figuré de « à l'abri » (1625) et, au
XIXe s., la nuance temporelle d'« après » (Hugo, 1823,
« derrière la mort », encore métaphorique).
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L'emploi adverbial remonte aux premières attestations (1080), tandis que la locution adverbiale par derrière apparaît au XIIe s. (1174-1187) ; elle est écrite par-derrière dans la huitième édition du dictionnaire de l'Académie contrairement à l'usage enregistré par Littré ; elle signifie « par l'arrière » et, au figuré, « de façon sournoise » (v. 1278).
■
La substantivation de derrière (v. 1230) s'est faite dans un contexte militaire, le pluriel les derrières désignant, depuis le XVIIIe s., la zone de terrain ou le corps de troupe en arrière d'une armée (1734) avant de subir la concurrence de arrières, qui l'a éliminé. Le nom correspond couramment à la partie arrière d'une maison (1539) et, au pluriel (av. 1714), d'un bâtiment, mais ces emplois sont rendus difficiles par la diffusion d'un autre sens.
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En effet, depuis 1230, le derrière s'emploie aussi en parlant du postérieur d'un animal et, familièrement, de l'homme ; de par sa généralité, il fournit un euphémisme usuel par rapport à cul avec de nombreux emplois en locutions (souvent, avec variante plus grossière, avec cul : coup de pied au derrière, etc.).
❏
Derrière, abrégé en der et suffixé en argot avec l'élément jo a donné DERJO, d'où DERGE et DERCH n. m. (1906), synonyme très familier de cul. Au figuré, faux derche (1910), comme faux cul signifie « hypocrite ». La prononciation populaire parisienne darrière a produit les variantes DARGEOT (aussi DARJO) et DARGIF n. m. demeurées argotiques.
DERVICHE n. m. est emprunté (1542) au persan darwīš, adj. et n., « pauvre ». Le mot, passé en turc (derviş), a pénétré en français au XVIe s. sous la forme deruiz par l'intermédiaire de l'italien dervis (déb. XVIe s., Machiavel). Ce type, encore en usage au milieu du XVIIe s., a été remplacé par deruich (1622), deruiche (1653), puis derviche, directement emprunté au mot turc.
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Le mot, d'abord employé en référence à la Turquie, désigne un religieux musulman faisant partie d'une confrérie. Le syntagme derviche tourneur a été acclimaté par les voyageurs (1851, Nerval). Certains emplois métaphoriques mettent l'accent, non sans péjoration, sur des comportements exaltés, par allusion aux exercices des derviches permettant d'atteindre la transe (1908, Barrès).
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Le féminin DERVICHESSE n. f. est à peu près inusité. Barrès a aussi introduit le sens de DERVICHERIE n. f. « couvent de derviches » (1908), le mot existant depuis 1850 (Flaubert) au sens de « rites, pratiques des derviches ».
DÈS prép. est probablement issu (v. 980) du latin tardif de ex, juxtaposition à des fins intensives des deux prépositions de (→ de) et ex (→ ex-) marquant le point de départ dans le temps. L'existence de de ex écarte l'hypothèse de de ipso, formé avec l'ablatif de ipse « même », qui, de plus, explique moins bien les formes romanes (ancien provençal des et espagnol desde).
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Le mot indique un point de départ dans le temps et, moins souvent, dans un lieu (1080). L'usage ancien et classique l'employait là où l'usage moderne lui préfère depuis. Il a servi à former des locutions : les plus anciennes dès que (v. 980) et dès lors que (v. 1150) sont encore usuelles, mais la première a perdu son sens premier « depuis que », et a vieilli dans son emploi causal, lui aussi très ancien (1160-1174) ; seule la valeur correspondant à « aussitôt que », d'ailleurs plus ancienne (début XIIe s.), est restée vivante.
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En revanche, les locutions apparues du XIVe au XVIIe s. sont toutes sorties d'usage : dès là (1309), de sens d'abord spatial « à partir de là », avait pris une valeur consécutive (1659) ; on le rencontre encore chez certains écrivains archaïsants avec la valeur temporelle « dès que » et la valeur temporelle-causale « puisque ». Dès aussitôt que (1409) a été senti comme redondant par rapport à dès que ou à aussitôt que ; dès longtemps, que l'on rencontre chez Racine (1669), a décliné au profit de depuis longtemps.
❏
DÉSORMAIS adv. résulte de la soudure de la locution antérieurement attestée des ore mais (1130-1140), formée de dès*, ore « maintenant » et mais* « plus ». Le vieillissement de ore et de mais dans son sens primitif n'en pouvoir mais fait que le mot, toujours usuel, n'est plus analysé. Il a supplanté les anciens adverbes huimais, maishui « dès maintenant » et maisouan « dès aujourd'hui », mais non dorénavant.
DÉSASTRE n. m. est un emprunt du XVIe s. (1537) à l'italien disastro (av. 1450) « événement funeste, malheur d'une grande ampleur ». Ce mot est dérivé de astro (→ français astre) au moyen du préfixe péjoratif dis- adapté en dés- en français (→ dé-) ; il signifie proprement « mauvais astre » (disastrato en astrologie qualifiant celui qui est né sous une mauvaise étoile, Cf. en français malotru). L'ancien provençal a de même dezastrat, dezastre, mais l'origine italienne du mot français est appuyée par la date d'apparition et la nature des premiers textes.
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Le mot, introduit en parlant d'un événement funeste d'une grande ampleur, a pris par atténuation le sens de « gros échec », donnant lieu au même type d'emploi que catastrophe.
❏
L'adjectif correspondant, DÉSASTREUX, EUSE, est emprunté (1557) à l'italien disastroso, dérivé de disastro. Le mot était employé au XVIe s. et dans l'usage classique pour qualifier la personne qui subit ou (1571) cause un désastre. Seul le sens actif a été retenu, surtout en parlant d'une chose.
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Il a pour dérivé DÉSASTREUSEMENT adv. (1583-1590, Brantôme).
DESCENDRE v. est emprunté (v. 980) au latin descendere « aller vers le bas, venir d'en haut », également au figuré « s'engager dans », « tirer son origine de » et « pénétrer dans, se rapprocher de ». Ce verbe est formé avec de, exprimant concrètement un mouvement vers le bas, et scandere « monter, gravir » (→ scander).
❏
Le verbe exprime comme en latin le mouvement de haut en bas, au propre et au figuré, intransitivement et transitivement. Dès ses premières attestations, il est employé à propos d'un être animé au sens de « quitter un endroit élevé » et signifie plus généralement « aller vers le bas » (1080). Il se dit spécialement d'un cavalier qui met pied à terre (1080) et, par extension, du voyageur qui s'arrête devant une maison pour y faire étape (v. 1375), sens étendu à tout type de déplacement. Évoquant une irruption plus ou moins violente, il a pris le sens de « pénétrer en force dans un lieu » (1559, dans le cadre d'une attaque de navire), sens développé par
descente. En dehors du contexte militaire, le verbe s'emploie pour « aller manifester »
(descendre dans la rue) ou « aller surveiller, inspecter »
(voir ci-dessous descente).
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Dès le XIIe s., descendre est employé au figuré avec le sens d'« être issu de » (1165-1173) en relation avec descendant et descendance.
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Ses autres sens figurés sont postérieurs au XVIe s. : on le rencontre à partir du XVIIe s. (1665, Corneille) avec le sens dépréciatif de « déchoir, passer dans un rang inférieur ». Depuis le XVIe s. (1574), il a sa spécialisation musicale de « passer de l'aigu au grave ».
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Enfin, il se dit spatialement de l'action d'aller vers le sud, dans une région représentée en bas sur la plupart des cartes (1823) et en général « aller (quelque part) » dans plusieurs usages régionaux français, au Québec (descendre à..., en ville).
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En français d'Afrique subsaharienne, sans complément « finir une journée, une demi-journée de travail ».
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L'usage transitif de descendre remonte lui aussi au XIIe s. ; il signifie alors « faire descendre (qqn) de cheval », sens caduc. Appliqué à une personne, l'idée devient « abattre, faire tomber » (1830) dans l'usage familier, et aussi « tuer » (1830) avec une idée supplémentaire de violence. Cette acception est plus fortement motivée s'agissant d'un avion qu'on abat. D'autres sens sont demeurés argotiques : « voler », « dépenser sans compter » (après 1870).
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L'évolution est très comparable pour l'intransitif avec un nom d'objet pour sujet : « aller vers le bas » (1080) puis, par extension, « s'étendre de haut en bas » (1671) et « être en pente » (1690). Les extensions les plus récentes se sont modelées sur baisser : « baisser de niveau (de la marée) » (1796), « baisser, en parlant des prix » (1838). L'expression ironique descendez, on vous demande, s'adresse à une personne qui trébuche ou tombe.
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Le participe présent
DESCENDANT, ANTE adj. est substantivé aux deux genres (1260) pour désigner une personne considérée par rapport à celle dont elle est issue et, par extension, une personne liée à une autre par un lien de nature spirituelle.
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Descendant a servi à former DESCENDANCE n. f. (1283), à la fois au sens collectif « ensemble des descendants » et au sens actif de « filiation ».
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Sur le modèle des noms en
-ente correspondant à certains verbes en
-endre (pente, rente, vente...), descendre a produit
DESCENTE n. f. (1304), dont le sens juridique de « succession » est sorti d'usage au profit du sens physique « fait d'aller de haut en bas » (1372-1382), réservé à des acceptions concrètes, en médecine (1585), en termes de guerre, pour l'action de faire irruption (1559), et en marine, pour l'action de débarquer d'un navire (1574,
faire descente).
Descente de police (1789) a été précédé par l'expression
descente de commissaire (1769). Par extension,
descente s'emploie pour « visite d'inspection » (école, prison), en français de Madagascar. Absolument,
descente est dans Balzac (1847), et prend la valeur de « perquisition » en 1901.
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En français d'Afrique,
la descente est la sortie du travail (la valeur est alors « fait d'aller ailleurs »).
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Descente a aussi des emplois plus généraux : « mettre pied à bas d'un cheval » (1690), « porter qqch. de haut en bas » (1690 dans
descente de croix).
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Par métonymie, le mot indique l'endroit par lequel on descend, la pente (1594) et, techniquement, le tuyau d'écoulement des eaux (1676). Le syntagme lexicalisé
descente de lit sert à nommer un petit tapis sur lequel on pose les pieds, au bas du lit (1837) et, au figuré, une personne veule.
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DESCENSION n. f. (1857), mot didactique et rare, est formé sur l'antonyme ascension, de même que l'adjectif DESCENSIONNEL, ELLE (1874) et le nom d'agent DESCENSEUR n. m. (1876), tous deux d'usage didactique ou technique, alors que ascensionnel et surtout ascenseur sont usuels.
❏
Au sens concret, notamment en ski,
descendre a pour dérivé
DESCENDEUR, EUSE n. (1959).
Descendre a produit un préfixé verbal REDESCENDRE v. (v. 1220) en construction intransitive puis transitive et spécialisé en alpinisme (1769).
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REDESCENTE n. f. (1796) en est dérivé, d'après descente.
DÉSEMPARER v. tr. est le composé aujourd'hui démotivé, attesté au XIVe s. (1364), de l'ancien français emparer au sens de « fortifier » (→ emparer).
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Le verbe apparaît au sens de « démolir, démanteler (→ manteau) une forteresse », spécialisé en marine (1497) où il reste en usage. Un figuré (1418) pour « abandonner (un lieu) » s'est employé jusqu'au XIXe s.
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Le seul emploi vivant et courant est l'expression sans désemparer (1792) « sans quitter la place ; sans s'interrompre ».
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Le participe passé DÉSEMPARÉ, ÉE adj. s'emploie en marine pour « qui ne peut plus manœuvrer par suite d'avaries » et en parlant des personnes, au figuré, pour « déconcerté, décontenancé », emploi attesté au XXe siècle.
DÉSERT, ERTE adj. est emprunté (1080) au latin desertus « abandonné », d'où « inculte », participe passé adjectivé de deserere, verbe de la langue militaire au sens de « déserter » et par extension « se séparer de », au figuré « négliger, manquer à ». Deserere est l'antonyme en de de serere « attacher en file, en enfilade », « tresser, lier ensemble, attacher » et « engager », opposé aussi à conserere (→ série, sermon, et les composés assertion, insérer...).
❏
Le mot qualifie d'abord un endroit inculte, vidé de ses habitants.
En ancien français, il se disait également d'une personne ruinée, dépouillée ou abandonnée et, dans la langue juridique, d'un acte vain, sans effet. Son sémantisme s'est restreint aux lieux.
❏
DÉSERTER v. tr. (1080) est emprunté au bas latin
desertare, verbe formé sur le participe passé qui a évincé le type
deserere, « abandonner, négliger qqn », « abandonner un lieu, rendre inculte, dévaster » (déb.
IXe s.). Le verbe français a signifié « dévaster, rendre un lieu inhabité » ; depuis la fin du
XIIIe s., il a son sens moderne « abandonner, délaisser (qqch., un lieu) » et se dit dans un contexte militaire pour « abandonner son armée » (1680), d'où au figuré « délaisser (une cause) ».
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Formé sur le radical du verbe, DÉSERTEUR n. m. (1243) a d'abord le sens général de « celui qui abandonne » ; le sens spécial moderne, « celui qui quitte son armée », est apparu en même temps que le sens correspondant du verbe (1680). Le féminin, rare, est double : DÉSERTRICE comme nom et DÉSERTEUSE comme adjectif.
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DÉSERTION n. f. est emprunté (v. 1361, Oresme, selon Bloch et Wartburg) au latin juridique
desertio « abandon, manquement », dérivé du radical du supin
(desertum) de
deserere. Le développement du mot a été parallèle à celui de
déserter*, dont il est devenu le substantif d'action, se spécialisant (1680) dans sa valeur militaire et servant à désigner l'action de déserter, considérée comme un crime en temps de guerre.
◈
DÉSERT n. m. est emprunté à même époque que l'adjectif (1080) au latin impérial
desertum « endroit vide, solitude » (surtout au pluriel
deserta en langue classique), neutre substantivé de l'adjectif
desertus (voir ci-dessus). En français, le mot, apparaît avec un sens indécis dans le syntagme
les deserz e les tertres (Roland) puis avec la valeur plus précise de « zone aride et inhabitée » (1135) encore précisée en géographie au cours du
XIXe siècle. Souvent employé au moyen âge dans le contexte religieux de la retraite des ermites et cénobites, il acquiert bientôt des sens métaphoriques (v. 1278,
ce mondain désert), fréquents dans la rhétorique religieuse où le
désert s'oppose au
monde. Sans connotation religieuse, il se dit d'un endroit vide, où l'on ne rencontre personne de façon temporaire ou occasionnelle (1618 avec l'idée de « retraite solitaire »). Par abstraction, il exprime (1788), l'absence, le manque (souvent suivi d'un complément de détermination).
◆
La valeur moderne, en géographie, liée à l'absence de végétation, s'établit au
XIXe siècle.
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Son dérivé DÉSERTIQUE adj. (1877, Littré, Suppl.), « relatif au désert », a trait à sa valeur géographique précise (zones désertiques).
■
L'autre dérivé, DÉSERTIFICATION n. f., est attesté depuis 1910 (une variante synonymique, DÉSERTISATION, attestée dans les dictionnaires en 1973, semble peu usitée).
DÉSESPÉRER, DÉSESPOIR → ESPÉRER
DESIGN n. m. est un emprunt (1959) à l'anglais design, d'abord « plan d'un ouvrage d'art » (XVIIe s.), employé aux États-Unis avec le sens de « conception décorative étendue aux objets utilitaires ». L'origine du mot anglais est le français dessein* (→ dessiner) qui signifiait à la fois « dessin » et « but » jusqu'au XVIIe siècle.
❏
Le mot, riche de la double motivation « dessein » et « dessin », implique d'une part le propre de l'objet industriel où tout se décide au moment du projet (par opposition à l'objet ancien fait à la main, dont le projet se différenciait en cours d'exécution) ; d'autre part, il précise que, dans ce projet, le créateur ne doit se préoccuper que de la disposition et de la forme des organes dans l'espace (par opposition à l'ingénieur qui prend en charge les fonctionnements). Design marque ainsi un avantage conceptuel sur l'allemand Gestaltung qui marque seulement le « dessin » et sur l'italien progettazione qui marque seulement le « dessein » ou projet. La conception du design est née vers 1925, à la fois en Allemagne (W. Gropius et le Bauhaus), aux États-Unis (Frank Lloyd Wright) et en France (Le Corbusier). Design, ou industrial design, s'est imposé partout, quitte à se latiniser (italien disegno industriale, espagnol designio industrial). En France même, le mot ne s'est répandu que vers 1965 (selon Gilbert) mais avec une grande force de diffusion et malgré les difficultés phonétiques ; une francisation en dessin ou designe n'a pas eu de succès.
❏
1 DESIGNER n. (1969) a pénétré en français en même temps que
design. Le mot signifie proprement « dessinateur » en anglais, et a développé aux États-Unis le sens spécial de « personne qui crée les formes nouvelles du design ».
■
Dernier-né de la série en français, le verbe 2 DESIGNER v. tr. (1971), « concevoir selon le design », est emprunté à l'anglais to design « dessiner, faire le plan d'un ouvrage d'art », spécialisé dans le domaine du design aux États-Unis. Difficile à prononcer, il semble réservé à l'usage écrit.
❏ voir
DESSINER.
DÉSIGNER v. tr. est emprunté (1377) au latin designare « marquer d'un signe » et « représenter, dessiner » (→ dessiner), d'où « signaler à l'attention, indiquer » et « choisir, nommer à une fonction ». Ce verbe est le composé en de- de signare « marquer d'un signe », de signum (→ signe, signer).
❏
Désigner correspond d'abord à « déterminer par un ou plusieurs traits distinctifs » ; et en particulier, depuis la fin du XVIIe s. (La Bruyère) à « signaler à l'attention de », le sujet étant un trait caractéristique. Le sens de « signifier, être le symbole de » est employé à partir du XVIe s. (1539, Rabelais). Celui de « nommer qqn à une fonction » est enregistré par Furetière en 1690.
❏
Le nom correspondant, DÉSIGNATION n. f., est emprunté, lui aussi au XIVe s., sous la forme desinacion (1355), au dérivé latin designatio « forme, figure, indication » et « action de nommer qqn pour une charge ». Le développement des sens s'est modelé sur celui du verbe, le sens de « nomination à une fonction » (1690) correspondant à l'époque de sa diffusion dans l'usage.
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En sémantique, il s'oppose à signification, et concerne l'acte par lequel un signe (souvent un signe du langage, un mot, une expression) est affecté à une classe d'objets ou à un objet unique : la désignation relie un signe et un référent (une « chose »).
DÉSINENCE n. f. a été dérivé savamment (1548 ; dès le XIVe s. d'après Bloch et Wartburg) du radical du latin desinens, participe présent de desinere. Ce verbe signifie proprement « laisser là », d'où au figuré « mettre un terme, cesser », spécialement en rhétorique « finir, se terminer (pour un mot) ». Il est composé de de et de sinere « placer, laisser » (→ site, situer).
❏
Le mot a été formé par les grammairiens d'après le latin des rhétoriciens à propos de l'élément variable, à la fin d'un mot, qui marque chacune des formes verbales ou nominales.
❏
DÉSINENTIEL, ELLE adj. a été formé ultérieurement (1803) par la terminologie grammaticale.
DÉSINVOLTE adj. est emprunté dans la première moitié du XVIIIe s. (1740-1755, Mémoires de Saint-Simon) à l'italien disinvolto (1618), et lui-même emprunté à l'espagnol desenvuelto (1495 sous la forme desembuelto). Celui-ci est le participe passé adjectivé de desenvolver, proprement « développer, désenvelopper » d'où, sur le plan psychologique, « être dégagé dans ses manières ». Ce verbe, comparable à développer*, est un préfixé de volver, lequel représente le latin volvere « faire rouler, dérouler » présent en français par de nombreux dérivés (→ dévolu, évoluer, révolution, etc.).
❏
Avant l'attestation francisée du mot, on rencontre chez Mme de Sévigné (1677) la forme espagnole avec le commentaire suivant : « les Espagnols appellent cela desembuelto, ce mot me plaît ». Le mot qualifie la personne qui est très dégagée dans ses mouvements, et, plus souvent avec une valeur psychologique péjorative, qui est d'une liberté inconvenante.
❏
DÉSINVOLTURE n. f. est l'adaptation (1794) de l'italien disinvoltura (av. 1508), emprunt à l'espagnol desenvoltura, dérivé (1492) de desenvuelto (ou desembuelto). Avant que n'apparaisse la forme francisée, on rencontre à deux reprises le mot sous des formes étrangères : en 1619 la forme espagnole desenvoltura dans une traduction des Essais de Bacon et la forme italienne disinvoltura dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau (1761). Stendhal a encore recours à la forme italienne, en 1830, ce qui suggère que le mot n'était pas encore très répandu en français. La valeur péjorative l'emporte sur la valeur neutre, plus littéraire.