DESSINER v. tr. est la réfection, au XVIIe s., d'un emprunt plus ancien, désigner (1529), à l'italien disegnare, proprement « tracer les contours de (qqch.) » (XIIIe s.), au figuré « former le plan, le projet de » (XIVe s.). Ce verbe est emprunté au latin designare (→ 1 désigner) avec son sens propre de « représenter concrètement ». En français, le mot a subi plusieurs transformations : la première forme attestée est désigner, qui représente une altération (comme dessigner, 1556) de desseigner (attesté 1552 mais antérieur ; voir ci-dessous dessein), adaptation de l'italien sur le modèle d'enseigner*. Desseigner et dessigner, encore répertoriés par les dictionnaires de Trévoux (jusqu'en 1771), sont sortis d'usage au profit de dessiner (1664) : cette forme est due, d'une part à sa réfection d'après dessin sur le modèle de couples nom-verbe en in / -iner (chagrin / -iner, voisin / -iner), d'autre part au changement de prononciation du groupe -gn- en -n- : en effet, au XVIIe s., digne, signe, cygne riment souvent avec des mots en -ine, et Littré donne encore à signet la prononciation sinet.
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Le verbe signifie « tracer les contours de ». Durant tout le XVIe s., il a aussi le sens figuré, repris à l'italien, de « former le projet de », uniquement conservé dans dessein (ci-dessous). D'autres emplois métaphoriques ou figurés du premier sens ont suivi. Le double sémantisme ancien du verbe se retrouve à l'origine dans ses deux déverbaux, dessin et dessein (→ aussi design). Le pronominal se dessiner a une valeur figurée « prendre tournure », « devenir plus net ».
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DESSEIN n. m., attesté dès le
XVe s. sous la forme
desseing (il faut écarter une attestation de 1265, provenant d'une copie du
XVIIIe s. au « style rajeuni ») a été formé sur l'ancienne forme
desseigner. Il a été, plus que
dessin, usuel jusqu'à la fin du
XVIIIe s. aux deux sens de « projet » et de « représentation graphique », ne conservant ensuite que le premier, employé surtout au pluriel et dans un registre soutenu.
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La locution
à dessein sert d'adverbe,
à dessein de (attesté
XVIIe s.) de préposition. Littré recommandait
à ce dessein pour remplacer
dans ce but.
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Des emplois régionaux du mot insistent sur la réflexion nécessaire pour construire un projet.
SANS-DESSEIN adj. et n., formé sur un emploi régional de
dessein en français de l'Ouest (Normandie) « intelligence, réflexion », passé en français du Québec, s'emploie pour « idiot, imbécile », ou « personne irréfléchie ».
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DESSIN, quant à lui, est tiré (1549, desing) de des(s)signer avec influence de l'italien disegno « représentation graphique » (1444). Il ne s'est pas imposé immédiatement et est encore condamné par Richelet en 1680 : « Quelques modernes écrivent le mot de dessein terme de peinture sans e apprès les deux s, mais on ne les doit pas imiter en cela ». Dessin n'est admis par l'Académie que dans l'édition libérale de son dictionnaire, en 1798. La séparation sémantique stable des deux termes date de la fin du XVIIIe siècle. Dessin devient alors un mot clé des arts de la représentation, désignant non seulement une œuvre graphique, mais l'art du trait, y compris en peinture (opposé à couleur).
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Au XXe s., il est entré dans le syntagme dessin(s) animé(s) (1916) désignant l'œuvre de cinéma d'animation, image par image.
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Le sens général entraîne plusieurs locutions, dont faire un dessin à qqn (1951) « montrer clairement », dans quelques contextes (je ne vais pas te faire un dessin, etc.).
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Du radical du verbe est tiré le nom d'agent
DESSINATEUR, TRICE n. (1667), probablement sous l'influence de l'italien
disegnatore dérivé de
disegnare attesté depuis le
XIIIe siècle.
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REDESSINER v. tr. est attesté depuis 1762.
❏ voir
DESIGN.
L
DESSUS prép. et adv., d'abord desuz, desus (1119) puis dessus (1165), est issu du latin desursum, composé de de et sursum « en haut, vers le haut », mot formé de sub (→ sub) et versum (→ vers). Desursum, littéralement « du haut », est en usage dans la langue vulgaire à l'époque impériale où Quintilien le signale comme « barbarisme » ; à l'époque chrétienne, il est attesté dans la langue littéraire comme préposition et adverbe, la plupart du temps sous la forme altérée desusum. Comme desubtus (→ dessous, art. sous), il a dû être formé sur le modèle de la locution plus ancienne desuper (de super) et il est entré en concurrence avec elle (d'où, en ancien français, les formes parallèles desus et desor, desur), avant de l'emporter.
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Dès les premiers textes, le mot est employé adverbialement dans la locution là-dessus (la desus), d'abord avec le sens figuré de « sur ce sujet », et au sens propre (1220) de « sur cela ». Les autres emplois adverbiaux sont attestés avant la fin du XIIe s., à la fois absolument au sens de « dans une position plus élevée » (1155), « par dessus » (1170), et en composition dans les locutions par-dessus (1176), en dessus (1195), cette dernière n'étant plus retrouvée avant 1660. C'est également en ancien français que dessus a développé ses emplois prépositionnels, d'abord seul (1150), avant de le céder à sur (de super) au XVIIe s., et en composition dans les locutions prépositionnelles par-dessus qqch. (1150, par desus) [→ pardessus], de dessus (1165, dedessus).
❏
DESSUS est substantivé dès le
XIIe s., dans la locution usuelle
avoir le dessus (1155) « l'avantage ». Il a produit la série des locutions adverbiales et prépositionnelles
au-dessus, avec un sens figuré (1155) et spatial (
XIIIe s.),
au-dessus de, de sens spatial (1375), indiquant aussi un ordre de grandeur (1568).
◆
Parallèlement à
dessous, il sert à désigner la partie supérieure d'un objet, d'abord dans l'expression archaïque
ce dessus dessoubs (1342)
[→ dessous] et aussi seul (1393).
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Le substantif a développé quelques sens particuliers en musique (1458), où le, un dessus désigne la partie vocale ou instrumentale la plus aiguë dans un ensemble, et en architecture, où il désigne un objet placé au-dessus d'un autre (1653, dessus-de-porte), ainsi que l'étage supérieur (1694). Les dessus, dans les régions alpines, désigne une partie montagneuse.
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Il a servi à former les désignations composées DESSUS-DE-LIT n. m. (1870), DESSUS-DE-TABLE n. m. (1846 à Québec), et DESSUS-DE-PLAT n. m. (XXe s.).
❏ voir
PARDESSUS.
DESTINER v. tr., est emprunté (1155) au latin destinare « fixer, assujettir, attacher », au figuré « décider, affecter à », en particulier « fixer son dévolu sur » d'où « acquérir » et absolument « se proposer fermement ». Ce verbe est le composé en de- de °stanare, forme à suffixe nasal correspondant à stare « être (debout, immobile) » (→ être, station), uniquement attestée en composition (→ obstiner).
❏
Tous les sens du mot sont fixés avant la fin du XIIe s. ; certains sont sortis d'usage à la fin du moyen âge, tels « annoncer » (1155) et « souhaiter ». Depuis 1170, le verbe signifie « réserver tel ou tel sort à (qqn) », et aussi « fixer comme devant être à qqn ou comme devant être employé à qqch. » (1160). L'usage du pronominal se destiner « se fixer pour but, pour tâche de », est attesté depuis 1168-1190 (soi destiner).
❏
Les principaux mots de la famille existent en français dès le
XIIe s., qu'ils soient empruntés au latin ou dérivés en français. Les sens les plus proches du latin se sont souvent effacés à la fin du moyen âge : ainsi,
DESTINÉE n. f., participe passé féminin de
destiner, a été substantivé (v. 1130) avec son sens de « sort », soit comme puissance abstraite
(Cf. destin), soit comme situation individuelle réglée par le destin, concept ultérieurement affaibli en « existence humaine » (1640, Corneille). Il n'a pas gardé l'ancien sens, correspondant au latin
destinare « décider », « résolution, énergie ».
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Le déverbal DESTIN n. m. a lui aussi eu le sens de « détermination » (1165). Il l'a perdu avec d'autres valeurs propres à l'ancien français, comme « chose décidée », par métonymie du premier sens « manière d'être, commandement », et n'a conservé que le sens de « sort » (1170) faisant de lui un quasi-synonyme de destinée et de fatalité, sort.
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Selon les points de vue, le mot concerne une puissance réglant le cours des événements (Cf. latin fas, et fatal, fatalité), l'ensemble des événements, qu'ils soient considérés comme décidés d'avance ou non, la puissance alors évoquée étant la chance, le hasard et enfin, en français moderne, le cours de la vie humaine considéré comme pouvant être modifié, n'excluant dès lors plus l'idée de liberté (décider de son destin, etc.), les premiers emplois restant actifs.
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Quant à DESTINATION n. f., emprunté (fin XIIe s.) au dérivé du latin impérial destinatio « fixation, détermination », il a au contraire cédé son sens premier de « choix prédestiné de Dieu » à prédestination* et partiellement à destin, destinée, se maintenant aux sens d'« emploi auquel une chose est destinée » (1690) et, sur un plan spatial, « lieu où l'on doit se rendre » (1770).
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De destination procède par changement de suffixe DESTINATAIRE n. (1829) « personne à qui une chose (lettre, envoi...) est destinée ».
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Plus tard a été formé sur destin le didactique DESTINAL, ALE, AUX adj. relevé chez Baudelaire (1867) au sens de « qui caractérise le destin, s'y rapporte ».
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Plus près de nous, Malraux a forgé ANTI-DESTIN n. m. (1951) qui fait référence aux sens premiers de destin.
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Quant à DESTINATEUR, TRICE n. (milieu XXe s.), il comble une lacune pour décrire, dans l'échange de messages, la source ; il s'oppose à destinataire, sur lequel il est formé, mais n'est pas entré dans l'usage courant, où l'on emploie expéditeur.
DESTITUER v. tr. est emprunté (1322) au latin destituere « placer debout à part, isolément », au figuré « abandonner (qqn) », « mettre à part, supprimer » et « décevoir, tromper ». Ce verbe est formé de de et statuere « établir, poser » (→ statuer).
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Le mot s'est d'abord employé pour « déprécier (des monnaies) » et au sens psychologique de « priver (qqn) d'un soutien, d'une ressource » (1322), usuel jusqu'au XVIIe siècle. Il a aussi eu le sens latin de « révoquer, supprimer (un office) » (1350) avant de prendre sa valeur moderne, « démettre (qqn) d'une charge, d'une fonction » (1482, peut-être antérieur, Cf. destitution), innovation propre au français.
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En est issu
DESTITUABLE adj. (1560).
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DESTITUTION n. f. a été emprunté (1316) au latin destitutio « abandon », également « manque de parole, trahison (d'un débiteur) », de destitutum, supin de destituere. Le mot a son sens moderne en relation avec destituer (attesté plus tard) depuis 1418.
DESTRIER n. m., d'abord destrer (1080), est dérivé de l'ancien français destre « main droite », substantivation de destre « droit » (→ dextre). Le développement sémantique vient de ce que l'écuyer, tout en tenant de la main gauche son cheval ou une bête de somme, devait mener de la main droite le destrier du chevalier, quand ce dernier ne le montait pas pour combattre.
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Le mot désigne le cheval de bataille, par opposition au palefroi, cheval de parade. Il est encore connu comme terme d'histoire ou dans l'évocation du moyen âge féodal.
DESTROY adj. est emprunté (années 1980) à l'anglais to destroy « détruire ».
❏
Prononcé en partie à l'anglaise, destroille, le mot s'applique au comportement des punks, qui se veut destructeur et lui-même dévasté (notamment dans le look destroy).
DESTROYER n. m. est emprunté (1893, Rev. générale des sciences) à l'anglais destroyer, proprement « destructeur » (XIXe s.), nom d'agent dérivé de to destroy « détruire », lui-même emprunté à l'ancien français destruire (→ détruire). Destroyer est spécialement l'abréviation (1894) de torpedo-boat destroyer (1893) « destructeur de torpilleurs » (également torpedo-boat catcher). À l'origine, ce fut le nom propre donné à un torpilleur américain (1882) qui se serait donc appelé « le Destructeur », avant de caractériser certains torpilleurs, puis de leur servir de nom générique.
❏
Le mot est aussitôt passé en français où sa prononciation est demi-francisée ; son équivalent
contre-torpilleur n'a été créé que plus tard
(Cf. torpiller).
Par ailleurs, l'anglais to destroy donne lieu à un emprunt récent d'adjectif, DESTROY (1982), caractérisant une attitude destructrice plus ou moins liée au mouvement punk (le look destroy, etc.), puis une apparence évoquant la destruction.
DESTRUCTEUR, DESTRUCTION → DÉTRUIRE
DÉSUÉTUDE n. f. est emprunté (1596) au latin desuetudo « perte d'une habitude, désaccoutumance », employé à basse époque au sens d'« état d'abandon où se trouve une chose ». C'est un dérivé de desuetus, participe passé de desuescere « perdre l'habitude de », de de- et suescere « s'accoutumer à » ; ce verbe est dérivé du groupe du réfléchi sui qui indique ce qui est propre à un individu, à un groupe d'hommes (→ suicide).
❏
Le mot, repris avec le sens du bas latin et rare avant le XVIIIe s. (1762), compte quelques emplois spécialisés en droit ; il est employé également dans le domaine de l'expression langagière. Un sens isolé, « fait pour qqn de ne plus connaître les usages de la société, méconnaissance des habitudes sociales », employé par Balzac (Illusions perdues), peut être interprété comme un latinisme.
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Quelques emplois récents en sciences le rapportent au non-fonctionnement d'un organe et, en industrie, à la méthode en vertu de laquelle les producteurs fabriquent des articles de moins en moins durables.
❏
DÉSUET, ÈTE adj. a été repris tardivement (1891, Huysmans), d'après désuétude, au latin desuetus. C'est un synonyme assez littéraire mais répandu de « vieilli, suranné ».
1 DÉTACHER v. tr., d'abord destachier (1165), a été formé avec le préfixe dés- (dé-*) pour servir d'antonyme à attacher*. À la même époque, on relève également le type désatachier au sens de « dégager de ce qui attachait » (1165).
❏
Détacher reprend cette acception dès ses premières attestations. Au XVIIe s., il a reçu diverses valeurs figurées, dont le sens moral de « dégager d'attaches affectives » (1640), réalisé notamment à la forme pronominale et au participe passé. Au sens de « séparer (un élément) d'un ensemble » (1616-1620), il est passé dans le langage militaire pour « envoyer au loin (des personnes) pour une activité » (av. 1696) puis « affecter provisoirement », aussi dans l'administration. Dans un contexte artistique, puis général, détacher signifie aussi « faire ressortir les contours d'un objet, faire apparaître sur un fond » (1676, Félibien), souvent au pronominal. Se détacher s'est aussi spécialisé en sports à propos d'un sportif qui, allant au plus vite, se dégage du peloton (1858).
❏
Le participe passé
DÉTACHÉ, ÉE est adjectivé, surtout au sens moral du verbe, pour « dégagé des passions, des sentiments » (1640,
d'un œil si détaché, Corneille).
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Le dérivé DÉTACHEMENT n. m., d'abord destachement (1606) « action de séparer une chose d'une autre », « état de ce qui se détache », a pris au XVIIe s. d'après la nouvelle acception du verbe, un sens figuré psychologique (1651-1652, Corneille) et est devenu un terme militaire (av. 1679) avec une métonymie pour « groupe détaché d'une troupe », puis (XXe s.) comme nom d'action et de situation pour « fait d'être détaché » (de militaires, de fonctionnaires).
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Un autre nom d'action, 1 DÉTACHAGE n. m. a été formé plus récemment (XXe s.) ; gêné par l'homonymie avec le dérivé de détacher « enlever les taches » (→ tache), il est resté très technique.
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Le radical de détacher a permis de former l'adjectif DÉTACHABLE (1845) et son antonyme INDÉTACHABLE (déb. XXe s., proposé en 1845 par Richard de Radonvilliers), eux aussi compromis par les dérivés de détacher, de tache.
DÉTAIL, DÉTAILLER → TAILLER
DÉTECTEUR n. m. est emprunté (1870) à l'anglais detector, employé depuis 1541 pour désigner une personne puis (1833) un appareil, lui-même dérivé de to detect (voir ci-dessous, détecter, plus tardif en français).
❏
Le mot a été introduit en parlant d'une serrure de sécurité et aussi d'une personne qui découvre qqch. de caché. De nos jours, il s'applique (1890) à un appareil chargé de déceler la présence d'un corps ou d'un phénomène caché.
❏
DÉTECTER v. tr. est la francisation (1929, dans les dictionnaires) de l'anglais
to detect, du latin
detectus formé à partir du participe passé de
detegere « découvrir ». Ce verbe est formé de
de (→ de) et
tegere « couvrir », « recouvrir », « cacher », dont le dérivé
tectum a donné
toit*. Le verbe anglais signifie « découvrir », au propre (
XVe s.) comme au figuré (1591) ; il a pris au
XVIIIe s. le sens particulier de « déceler l'existence de », qui est le seul à être passé en français.
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Le mot s'est bien implanté, soutenu par l'existence plus ancienne de détecteur* et de détective. Les autres emprunts à l'anglais ont permis la constitution d'une famille complète, détecteur et détection étant dès lors sentis comme dérivés du verbe, tandis que détecter produisait effectivement DÉTECTABLE adj. et INDÉTECTABLE adj. (v. 1950) « impossible à détecter ».
◈
DÉTECTION n. f. est emprunté à la même époque que
détecter (1929, dans les dictionnaires) à l'anglais
detection (
XVe s.), de
to detect (ci-dessus). Le mot anglais a désigné (1619) le fait de découvrir ce qui est dissimulé, voilé, par exemple une tricherie, un crime, une erreur, de légers symptômes d'une maladie, des traces d'une substance, des causes cachées, etc.
■
Détection, francisé entre les deux guerres, s'emploie surtout à propos d'un objet matériel, d'un symptôme sensible. Il sert de nom d'action à détecter.
DÉTECTIVE n. m. est emprunté (1867) à l'anglais detective n. (attesté 1856 mais déb. XIXe s.), substantivation de l'adjectif detective « qui détecte », de to detect (→ détecter, art. détecteur).
❏
Le mot a pénétré en français sous une forme à demi francisée, détectif (Gaboriau), qui a rapidement disparu. Il s'est surtout répandu au début du XXe s. avec la traduction des romans policiers anglais (Conan Doyle écrit sa série des Sherlock Holmes de 1887 à 1905), puis des films d'enquête policière. Il s'est bien acclimaté, soutenu par la série des anglicismes détecteur*, détection*, détecter* mais tend à vieillir, au profit de synonymes, tel privé n. m. Cependant sa morphologie ne convient pas au système français, où l'on attendrait, avec un autre suffixe, °détectiste, °détectier ou détecteur. Le roman policier est quelquefois désigné au moyen de l'anglicisme detective story.
DÉTENDRE v. tr. est formé (déb. XIIe s.) de 1 dé- et du verbe tendre*.
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Il a une valeur concrète correspondant à celle de tendre (détendre un arc) et une valeur psychologique qui semble propre au français moderne, « faire cesser un état de tension chez (qqn) », avec des emplois pronominaux et un participe passé adjectivé, DÉTENDU, UE, attesté dans la seconde moitié du XIXe s.
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Un autre sens de détendre (1501) est « détacher (une tenture) ». Il est archaïque.
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DÉTENTE n. f., déverbal de détendre, signifie « relâchement (de ce qui était tendu) », avec une spécialisation en physiologie, courante en sports (depuis 1906).
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Par métonymie, le nom désigne la pièce d'une arme à feu qui, en se détendant, fait partir le coup. De là l'expression figurée dur, dure à la détente (1826) « qui ne laisse pas partir l'argent ; avare, mesquin(e) ».
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Une autre spécialisation concerne l'expansion d'un gaz qui était sous pression.
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D'après se détendre, détente s'applique au figuré au relâchement d'une tension, à l'absence ou à l'arrêt de la tension due au travail, aux activités obligées (un moment de détente) et, employé absolument (après 1945), à la diminution de la tension internationale.