DIACRE n. m. est la réfection (1561) de l'ancien français diacne ou diacene (v. 1170 ; jusqu'à la fin du XIVe s.), dont le type correspond à l'italien diacono, à l'ancien provençal diague, à l'anglais deacon. Le mot est emprunté au bas latin diaconus désignant le fidèle chargé de la distribution des aumônes. Celui-ci est emprunté au grec diakonos « serviteur », spécialement « serviteur d'un temple » dans l'épigraphie hellénistique, d'où le sens de « diacre » en grec d'Église, que le mot conserve en grec moderne. Il peut représenter un nom d'agent tiré d'un thème verbal °ken, dia- (→ dia-) correspondant à « de tous côtés » ou à « complètement ».
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Ce terme de religion figure d'abord dans les traductions de l'Ancien Testament, pour désigner le serviteur dans les synagogues juives ; il désigne spécialement (fin XIIe s.) un ordre dans la hiérarchie catholique. Au XVIe s., diacre désigne le laïc qui distribuait les aumônes dans l'Église primitive (Calvin, 1561). Par analogie, il est employé dans l'Église protestante à propos du laïc qui assure bénévolement des fonctions dans le culte, les œuvres de charité (1877, Littré, Suppl.).
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Le féminin
DIACONESSE n. f. est emprunté, sous la forme primitive
dyaconisse (
XIVe s.), au bas latin
diaconissa, du grec ecclésiastique
diakonissa « femme qui sert », spécialement dans l'Église. En français, le mot est d'abord un terme d'histoire religieuse qui se réfère à l'Église primitive ; depuis 1842, il est employé dans le contexte de l'Église protestante à propos d'une religieuse qui se consacre à des activités caritatives.
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DIACONAT n. m. est emprunté (1577 ; dès 1495 selon Bloch et Wartburg) au latin chrétien diaconatus, formé comme nom de fonction sur diaconus.
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La série se complète avec l'adjectif DIACONAL, ALE, AUX emprunté (1495) au dérivé latin chrétien diaconalis.
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Le français a forgé ou repris au latin quelques composés désignant des degrés dans la hiérarchie ecclésiastique :
ARCHIDIACRE n. m. (1532), réfection de
arcediacne (1174),
ARCHIDIACONAT n. m. (1558) et
ARCHIDIACONÉ n. m. (1174, sous la forme
arcediachené) sont des emprunts au latin.
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SOUS-DIACRE n. m. (v. 1225 ; v. 1190, sous la forme subdiacne) et SOUS-DIACONAT n. m. (1668 écrit soudiaconat ; 1610 subdiaconat) sont formées sur le modèle du latin ecclésiastique subdiaconus, subdiaconatus.
DIADÈME n. m. est emprunté (XIIIe s. ; 1180 selon Bloch et Wartburg) au latin diadema lequel est emprunté au grec diadêma « bandeau qui entourait la tiare des rois de Perse » et, par extension, « bandeau, couronne royale ». Ce mot est formé de dia- (→ dia-) et de -dêma (de deîn « lier »), qui trouve des correspondants dans les langues indoeuropéennes, notamment le sanskrit dā̇man « lien » (→ déontologie).
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Le mot désigne d'abord le bandeau porté comme signe de la royauté, d'où, par métonymie, la royauté elle-même (av. 1505). Un emploi métaphorique (1489) met l'accent sur l'idée de gloire, de supériorité. Par extension, il désigne une coiffure (XVe s.) d'où, à partir du XIXe s., une parure féminine en forme de couronne (1830, Balzac). Il est quelquefois employé en apposition, comme dans épeire diadème (1864), allusion à la triple croix que l'on voit sur le corps de cette araignée.
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Diadème a servi à former DIADÉMER v. tr. (1845), littéraire et rare, dont le participe passé DIADÉMÉ, ÉE est adjectivé (1863) au sens d'« orné d'un diadème » ; le moyen français possédait déjà diadesmé adj. (1521), fait sur le modèle du latin impérial diadematus.
DIAGNOSTIQUE adj. est emprunté (1584) au grec tardif diagnôstikôs, « capable de discerner », spécialisé comme terme de médecine, et dérivé du verbe diagignôskein « discerner, reconnaître », composé de dia- (→ dia-) et de gignôskein « apprendre à connaître » et, à l'aoriste, « connaître, comprendre » (→ gnose), mot ayant des correspondants dans d'autres langues du groupe indoeuropéen, tels le latin noscere (→ connaître) et le vieux slave znajǫ, znati « reconnaître ».
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Introduit dans sa spécialisation médicale comme adjectif (signes diagnostiques) et comme nom (1669), le mot a partiellement subi la concurrence de son dérivé diagnostic (→ ci-dessous), plus usuel pour l'art d'identifier une maladie d'après ses symptômes.
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DIAGNOSTIC n. m. (1732) l'a emporté sur l'emploi substantivé du féminin
la diagnostique en médecine. Par extension, il indique une conclusion prospective résultant de l'examen approfondi d'une situation critique (1899) ; ce sens s'est bien implanté en économie, psychologie, informatique. Le sens particulier de « symptôme », avec lequel il avait évincé
le diagnostique, a vieilli.
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Le XIXe s. a vu la formation de DIAGNOSTIQUER v. tr. (1832) « prévoir par diagnostic », avec ses dérivés DIAGNOSTIQUEUR, EUSE n. (1870), DIAGNOSTIQUABLE ou DIAGNOSTICABLE adj. (1880-1884) et de DIAGNOSTICIEN n. m. (1886), dont le féminin en -ienne semble récent.
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Le XXe s. voit l'apparition de composés en -diagnostic précisant la technique de l'établissement du diagnostic : électrodiagnostic, cytodiagnostic, sérodiagnostic, radiodiagnostic.
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RADIODIAGNOSTIC n. m. a désigné (1907) un diagnostic médical établi grâce à un examen aux rayons X
(Cf. radiographie).
DIAGONAL, ALE, AUX adj., d'abord écrit dyagonal (v. 1275), est emprunté au latin impérial diagonalis, terme de géométrie qualifiant ce qui va d'un angle à l'angle opposé. Ce mot est dérivé de diagonus, emprunté au grec diagônios de même sens, de dia- (→ dia-) et gônia « angle » (→ -gone).
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Repris en géométrie, le mot est employé par extension au sens d'« oblique, transversal ».
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DIAGONALEMENT adv., d'abord écrit
dyagonellement (1503), correspond aux deux types d'emploi de l'adjectif.
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DIAGONALE n. f. (1546), issu par ellipse de ligne diagonale, est devenu usuel et entre dans l'expression lire en diagonale, avec la valeur temporelle de « rapidement ».
DIAGRAMME n. m. est emprunté (1584) au latin diagramma, attesté à l'époque impériale au sens d'« échelle des tons » en musique et à basse époque au sens étendu de « tracé, dessin ». Il est emprunté au grec diagramma désignant toute chose décrite en détail par le dessin ou l'écriture : dessin, figure de géométrie, tablature de musicien, tardivement, tracé d'une carte de géographie, etc. Diagramma est le déverbal de diagraphein, de dia (→ dia-) et graphein « écrire » (→ graphe, graphie).
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Introduit en musique à propos d'un tableau représentant tous les sons d'un système (modal ou tonal), le mot est rare avant le XVIIIe s. (1767, Dictionnaire de musique de J.-J. Rousseau). Repris, il s'applique à toute représentation graphique, en sciences, en économie, en concurrence avec graphique.
DIALECTE n. m. est emprunté (1550) au latin impérial dialectus « langage particulier d'un pays, modification de la langue générale », lui-même emprunté au grec dialektos « discussion, conversation » et « langage », particulièrement « langage propre à un pays » d'où « dialecte » en grec tardif. Ce mot est dérivé de dialegein (→ dialectique, dialogue).
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Le mot est relevé pour le première fois dans le Suravertissement au lecteur des Odes de Ronsard, parlant du naïf dialecte de Vandomois. On le trouve au féminin jusqu'au XVIIIe siècle. Du sens initial assez vague, on passe au XIXe s., puis au XXe s. à une notion de la sociolinguistique où dialecte désigne toute forme géographique distinguable prise par une langue (patois, notamment) à condition qu'elle corresponde à un système fonctionnel autonome (par opposition aux formes régionales d'une langue : français de Provence, du Québec, etc. ; espagnol d'Amérique latine...). Dans l'usage courant, le mot correspond erronément à « système linguistique qui n'a pas droit au nom de langue », mais il n'a pas les connotations, souvent péjoratives, de patois*. Dans certaines situations linguistiques, en pays francophone (langue officielle) dialecte s'emploie absolument pour celui qui est en usage là où on s'exprime. Ainsi, en français d'Alsace, le dialecte désigne la langue alsacienne (alémanique d'Alsace) relativement au français.
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La date tardive des dérivés correspond à la constitution du dialecte en objet d'étude : dans l'ordre d'apparition,
DIALECTAL, ALE, AUX adj. (1870) « propre au dialecte, à un dialecte »
(formes dialectales) et « qui concerne le ou les dialectes »
(études dialectales), qui a produit
DIALECTALEMENT adv. (1908).
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DIALECTOLOGIE n. f. (1881, date de la création en France de la chaire de dialectologie à l'École pratique des hautes études, occupée d'abord par J. Gilliéron) désigne une discipline linguistique qui s'attache à décrire les dialectes et patois.
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Le mot a pour dérivé DIALECTOLOGIQUE adj. (1882) et DIALECTOLOGUE n. (av. 1898).
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DIALECTALISME n. m. « fait de langue propre à un dialecte ou aux dialectes d'une langue », notamment par rapport à l'usage ou à la norme de cette langue et DIALECTALISER v. tr. (v. 1950) « donner un caractère dialectal à (la parole, le discours) » sont plus rares et tout aussi didactiques.
DIALECTIQUE n. f. et adj., d'abord écrit dyalectique (v. 1150) est emprunté au latin dialectica « art de raisonner avec méthode ». Celui-ci est emprunté au grec dialektikê (sous-entendu tekhnê) proprement « discussion par voie de dialogue, art de la discussion » dérivé de dialegein « parler, discourir, raisonner » (→ dialecte, dialogue), formé de dia- (→ dia-) et de legein, correspondant au latin legere (→ élire, lire).
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En français où il désigne l'art de raisonner en général, le mot a pris diverses acceptions en fonction des différents systèmes philosophiques qui ont employé, dans diverses langues, notamment le grec ancien et l'allemand, un équivalent du terme (Platon, Aristote, Kant, Hegel, Marx et Engels...).
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Alors que chez les Anciens (Platon, notamment) ce que l'on nomme
dialectique correspond à la rhétorique du dialogue et à ses effets, chez Kant et surtout chez Hegel, la notion concerne la genèse du réel par intégration (synthèse) d'une thèse et de son opposé (antithèse). Ce réel de nature spirituelle est « remis sur ses pieds », c'est-à-dire considéré comme matériel chez Marx et Engels, créateurs du
matérialisme dialectique, l'adjectif s'opposant alors à
mécaniste. Par référence au sens hégéliano-marxiste, dans les sciences humaines, le nom recouvre toute méthode d'investigation qui repose sur le principe d'antinomie et de dépassement de l'antinomie.
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L'adjectif a été emprunté beaucoup plus tard (1802, Bonald) au latin classique dialecticus de même sens, lui-même emprunté au grec dialektikos, de dialegein. Il a qualifié ce qui appartient à l'art du raisonnement avant de modeler son évolution sur celle du nom.
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Les dérivés
DIALECTIQUEMENT adv. (1549),
DIALECTICIEN, IENNE n. (v. 1175,
dialeticien) et
adj. (1580) ont suivi l'évolution de sens de
dialectique, s'appliquant d'abord à la dialectique ancienne, puis (
XXe s.) à la dialectique marxiste.
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Plus récent, DIALECTISER v. tr. (1949, au p. p. 1938, aussi pronominal) qui a donné DIALECTISATION n. f. (1967), réfection de dialectication (1962, formé sur dialectique), fait référence à la notion dégagée par Hegel et Marx.
DIALOGUE n. m., d'abord dialoge (v. 1200), est emprunté au latin dialogus « entretien philosophique à la manière des dialogues de Platon », emprunt au grec dialogos « entretien, discussion », terme d'abord employé par les philosophes (Aristote, Platon) et dérivé de dialegein « discuter » (→ dialecte, dialectique).
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Passé en français avec le sens usuel, « entretien entre deux ou plusieurs personnes », le mot est rare avant la fin du XVIe siècle. Il a reçu des spécialisations techniques en philosophie, en littérature (Dialogues des morts, etc.). Il s'emploie spécialement pour l'échange verbal des personnages de théâtre (XVIIIe s., in Encyclopédie, 1754), cette acception se dégageant du sens littéraire plus général, puis de cinéma, radio, télévision.
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Au XXe s., il a développé le sens de « discussion, négociation », dans le vocabulaire politique et syndical (dialogue social ; absolument pratiquer le dialogue, mil. XXe s.). En contraste avec monologue, le mot est souvent mal interprété comme « échange verbal, échange d'idées à deux ».
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Le dérivé
DIALOGUER v. intr. (1717) « écrire sous forme de dialogue » et, couramment, « converser avec qqn » (1763), a remplacé
dialogiser v. intr. formé au
XVIe s. et encore employé au
XVIIIe s. comme terme didactique. Le verbe et son participe passé s'appliquent à la mise en dialogues pour le théâtre (
XVIIIe s., Voltaire), le cinéma, la télévision.
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Le radical du verbe a servi à former DIALOGUEUR, EUSE n. (1783) qui désigne l'interlocuteur dans un dialogue au théâtre, et (1824) l'auteur d'un dialogue littéraire.
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Avec ce dernier sens, il a été éliminé par DIALOGUISTE n. formé (1898) sur dialogue, employé au théâtre (1898), puis au cinéma (1934).
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L'adjectif didactique DIALOGIQUE a été emprunté (1512) au grec dialogikos, lui-même de dialogos. Tombé dans l'oubli, ce mot a retrouvé une nouvelle vitalité en linguistique, à la suite des travaux du sémioticien soviétique M. Bakhtine (traduits en français à partir de 1970) qui ont également relancé DIALOGISME n. m.
❏ voir
MONOLOGUE.
DIALYSE n. f. recouvre deux emprunts distincts, du XVIIIe et du XIXe s., au grec dialusis « dissolution, séparation », également « cessation, fin », composé de dia (→ dia-) et de lusis « action de délier », base de nombreux suffixés (→ analyse).
❏
Le mot a été repris directement au grec en grammaire (1750) où il a été évincé par
diérèse. Il a été repris en médecine, à la fois pour un état pathologique de langueur et d'épuisement (1811) et pour une solution de continuité aisément repérable par la vue et le toucher (1823).
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Il a été réintroduit et largement diffusé en chimie (1863) par un emprunt, d'abord écrit par erreur dyalise, à l'anglais dialysis. Ce dernier signifie « méthode de séparation et de purification de deux substances en dissolution » (1861), le mot étant très antérieur en rhétorique (1586), en grammaire (1727-1751) et en médecine (1811) ; il est lui-même emprunté au grec dialusis. Dialyse a acquis ensuite de nouvelles spécialisations techniques, à propos de méthodes de séparation et d'épuration en brasserie, en laiterie, et en thérapeutique pour une méthode d'épuration extra-rénale (XXe s.).
❏
Il a produit
DIALYSER v. (1864) peut-être d'après le verbe anglais
to dialyse (1861), employé transitivement et intransitivement en chimie et dont s'est dégagé un emploi métaphorique pour « clarifier, purifier » (1914).
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Du verbe ont été tirés immédiatement DIALYSEUR n. m. (1864), nom d'appareil, peut-être fait à l'exemple de l'anglais dialyser (1861), puis des adjectifs issus des participes dialysé et dialysant.
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ÉLECTRODIALYSE n. f. (1905) désigne un procédé électrochimique pour extraire les ions d'une solution.
DIAMANT n. m. est issu (fin XIIe s.) du bas latin diamas, antis, type attesté dans des tablettes d'exécration (M. Niedermann), altération probable par métathèse de °adimas, antis (qui a donné aimant*, aussi adamantin) sous l'influence des mots grecs en dia- (→ dia-).
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Le mot désigne un cristal de carbone pur, la plus pure et la plus coûteuse des pierres précieuses. Par métonymie, il s'applique à un instrument de vitrier au bout duquel est enchâssée une pointe de diamant (1676, par ellipse de pointe de diamant [1549]). Des emplois métaphoriques font référence à la pureté et à l'éclat de la pierre (Cf. aussi blanc bleu) ; d'autres à son très grand prix, par exemple croqueuse de diamants « femme qui dépense énormément ».
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En français de Nouvelle-Calédonie et en ornithologie, on appelle par métaphore diamant de Nouméa un oiseau d'un vert brillant, à tête et poitrine rouges.
❏
Le dérivé
DIAMANTIN, INE adj. (v. 1540) « qui a l'éclat, la dureté du diamant », est un mot littéraire comme son synonyme
adamantin*.
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DIAMANTAIRE n. m., enregistré par Richelet (1680), concerne la personne qui taille des diamants, et d'abord (1482) celle qui fait le commerce des diamants.
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DIAMANTÉ, ÉE adj. (1782) « orné de diamants » et « qui a l'éclat du diamant » (1830), a favorisé la création de DIAMANTER v. tr. (1801), mot littéraire pour « faire briller comme un diamant ».
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Littré est le premier lexicographe à enregistrer DIAMANTIFÈRE adj. (1856), mot didactique en -fère* qualifiant une roche, un minerai.
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L'abréviation familière
DIAM n. m. est attestée depuis 1877.
DIAMÈTRE n. m. est emprunté (v. 1275) au latin impérial diametros, également diametrus « corde d'un cercle passant par le centre ». Ce mot est emprunté au grec diametros « diagonale » et par extension « diamètre », de dia (→ dia-) et metron (→ mètre).
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Le mot a été introduit en géométrie, à propos du cercle, puis de la sphère (au XVIIe s., par exemple chez Furetière). Par extension, il s'est répandu avec une valeur approximative, exprimant la largeur d'une chose plus ou moins circulaire ou sphérique.
❏
L'adjectif correspondant, DIAMÉTRAL, ALE, AUX a été emprunté vers la même époque que diamètre (1282, dyametral) au dérivé bas latin diametralis. Employé strictement pour qualifier la ligne qui passe par le diamètre, il est chez Oresme (1377) avec le sens isolé de « diagonal » par figure étymologique.
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Son sens figuré (1846, Proudhon) vient de celui qu'a développé dès le XVIe s. (1585) le dérivé DIAMÉTRALEMENT adv. (1380-1390), rare au sens propre et usuel pour « de manière absolue, totale », notamment dans diamétralement opposé.
DIANE n. f. est emprunté (1555, Ronsard) à l'italien diana « roulement de tambour servant à réveiller la troupe » (attesté seulement en 1561). Ce sens procède par métonymie de celui de « première heure du jour » (également « étoile qui apparaît le matin ») avec lequel le mot italien est emprunté au latin Diana, nom de Diane, déesse nocturne, proprement « la lumineuse ». Diana est probablement dérivé de dies « jour » (→ diurne, jour), peut-être par un intermédiaire °divius. L'espagnol diana n'est pas attesté avant 1605.
❏
Le mot désigne une batterie de tambour et, par extension, une sonnerie de clairon, exécutée à la pointe du jour pour réveiller les soldats, les marins. Il vieillit.
DIAPASON n. m., d'abord dijapason (v. 1150), est emprunté au bas latin diapason « octave ». Lui-même est emprunté au grec diapasôn, formé de la locution (ê) dia pasôn (sous-entendu khordôn sumphonia) « échelle de toutes les notes » d'où « octave ». Pasôn y est le génitif féminin pluriel de pas, pantos « tout » (→ pan-).
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Le mot a été repris à propos de l'étendue de sons qu'une voix peut parcourir, de la note la plus grave à la plus aiguë. Il est rare jusqu'au XVIIe s., époque à laquelle il commence à désigner, par référence à un élément de l'échelle des sons, la hauteur relative d'un son dans une échelle sonore (1690), spécialement le son de fréquence donnée servant de la, d'où, par métonymie, l'instrument qui donne le la (1803, Boiste). Son emploi figuré (1691) évoque une disposition en harmonie avec celle des circonstances ou d'une autre personne.
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Le dérivé DIAPASONNER v. tr. (1870), « mettre au diapason », est rare.
DIAPHANE adj. est emprunté (v. 1377, dyaphane) au grec diaphanês, proprement « que l'on discerne, distinct » (dia pris au sens de « en séparant ») et « transparent, limpide » (dia au sens d'« à travers »), également « qui brille d'un vif éclat ». Le mot est dérivé du verbe diaphainein, composé de dia- (→ dia-) et de phainein « montrer, mettre en lumière » et, intransitivement, « devenir visible » et « montrer, apparaître » (→ phase).
❏
Le mot, introduit en physique pour qualifier un corps laissant passer les rayons lumineux, s'est progressivement différencié de transparent, qualifiant ce qui laisse filtrer les rayons lumineux sans être transparent (Cf. translucide). À ce titre, il est surtout fréquent dans un style littéraire, avec des connotations de délicatesse et de légèreté. Par extension, il qualifie une chair, un teint auxquels l'extrême maigreur ou la finesse donne une sorte de semi-transparence (av. 1709).
❏
DIAPHANÉITÉ n. f. (1552), d'abord
diaphanité (1507-1511), a suivi la même évolution, ancien terme de physique synonyme de
transparence, passé dans l'usage en dénotant l'état de ce qui est presque translucide, surtout dans des contextes littéraires (1862).
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Le verbe DIAPHANÉISER v. tr., d'abord diaphaniser (1857), appartient plus nettement encore à un style littéraire. En revanche, l'élément scientifique diaphano- (DIAPHANOSCOPIE n. f. 1908, DIAPHANOSCOPE n. m. 1908) redonne au groupe une certaine vitalité dans l'usage didactique.
DIAPHRAGME n. m. est emprunté (1314) au bas latin diaphragma, lui-même pris au grec diaphragma « séparation, cloison », employé en médecine en parlant du muscle qui sépare la poitrine de l'abdomen. Le mot est dérivé de diaphrattein « séparer par une cloison », de dia « en séparant » (→ dia-) et phrattein « enclore, barricader », verbe dérivé de phrassein « fermer au moyen d'une barrière », mot d'origine inconnue.
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Introduit en médecine pour le muscle séparant le thorax de l'abdomen, le mot est passé (1690) dans le vocabulaire de l'optique, au sens que lui rapporte Furetière : « espèces de planchers qui traversent les tuyaux des grandes lunettes et qui sont percez par le milieu ».
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Au milieu du XIXe s., il est passé en photographie (1857) se répandant avec cette technique (ouverture, fermeture de diaphragme).
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De l'idée de « membrane séparatrice » procèdent quelques autres spécialisations, en électro-acoustique (1878), en mécanique et en médecine (nom d'un système de contraception mécanique). Il est quelquefois employé en apposition avec une valeur d'adjectif en architecture et en anatomie.
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En sont dérivés DIAPHRAGMATIQUE adj. (1560), en anatomie, et le verbe DIAPHRAGMER v. tr. (1877), terme d'optique et de photographie, dont est dérivé DIAPHRAGMATION n. f. (attesté 1960).
DIAPOSITIVE n. f. est issu par ellipse (1892) des syntagmes cliché diapositif, plaque diapositive dans lesquels le mot est un adjectif formé savamment avec le préfixe dia-* sur positif*. L'italien diapositiva est attesté en 1892 et provient du français (D. E. L. I.).
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Le mot est usuel pour désigner une épreuve « diapositive », destinée à être vue par transparence ou projetée, quelquefois abrégé familièrement en DIAPO (av. 1950, selon D. D. L.). Le féminin a évincé le masculin diapositif, répertorié par de rares dictionnaires (v. 1960-1965).
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En français de Belgique, du Luxembourg, c'est l'abréviation DIA n. f., qui a cours.
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Répandu dans les années 1950, diapositive a produit DIAPORAMA n. m. (v. 1965) avec le suffixe -rama*, et DIATHÈQUE n. f. (1971) ou DIAPOTHÈQUE n. f., avec l'élément -thèque*.