1 DIÈTE n. f. est emprunté (1256) au bas latin diaeta « régime, abstinence alimentaire » et aussi « corps de logis, pièce, appartement », emprunté au grec diaita, qui a les deux acceptions. C'est le dérivé de diaitasthai « suivre tel ou tel régime », au sens large « vivre de telle ou telle façon ». Ce verbe appartient à un groupe de mots au développement complexe, car ils se sont appliqués à des notions et à des techniques diverses. Leur origine est discutée, et Chantraine choisit l'hypothèse d'une formation avec le préverbe dia- (→ dia-) et aitan, -aitasthai « répartir », appliqué d'une part à la nourriture, à la manière de vivre, et de l'autre à l'arbitrage. C'est ainsi que diaita désigne d'une part un mode de vie et, au sens restreint, un régime alimentaire ainsi que le lieu où l'on vit, le séjour, la salle de séjour, le logement et, d'autre part, en politique, l'arbitrage.
❏  Le sens large de « manière de vivre » s'est spécialisé en médecine (1575), restreint au régime alimentaire prescrit à titre hygiénique, prophylactique ou thérapeutique. L'usage courant, qui réserve régime à ce sens, l'emploie comme un quasi-synonyme de jeûne.
❏  Récemment, diète est entré en composition dans DIÉTOTOXIQUE adj. (v. 1950) qui qualifie une substance alimentaire pouvant devenir toxique dans certains troubles du métabolisme.
DIÉTÉTIQUE adj. et n. est emprunté (1549) au latin impérial diaeteticus adj. « relatif à un régime alimentaire », substantivé au féminin diaetetica n. f. « ensemble des règles à suivre pour un régime équilibré ». Les mots latins calquent le grec diaitêtikos adj., substantivé au féminin diaitêtikê « la diététique », dérivé de diaitan « soumettre à un régime ». Repris comme adjectif, le mot est également substantivé au féminin (1575).
■  En sont dérivés tardivement DIÉTÉTICIEN, IENNE n. attesté depuis 1891, et répandu au XXe s., ainsi que DIÉTÉTISTE n., appliqué au médecin qui préconise de traiter les malades uniquement par des moyens diététiques (1966), et parfois confondu avec diététicien ; c'est au Québec le terme normalisé pour un spécialiste de la nutrition titulaire d'un diplôme universitaire.
2 DIÈTE n. f., terme politique, est emprunté sous la forme diette (1509), puis diète (1512), au latin médiéval dieta « journée de travail, journée de marche » (déb. XIIe s.), dérivé de dies « jour » (→ diurne) pour traduire l'allemand Tag « jour » et, par extension, « session » (dans Landstag, Reichstag*).
❏  Le mot, d'abord appliqué à une réunion politique tenue à Cambrai, concerne essentiellement les assemblées politiques des pays germaniques (Allemagne) puis également de pays de l'est de l'Europe.
L DIEU n. m., d'abord Deo et Deus (842) puis Deu et Dieu (XIe-XIIe s.), est issu du latin Deus, aboutissement phonétique d'un °deiuos contracté en °deios, puis deus, forme dotée d'une déclinaison normalisée et d'un féminin dea (en remplacement de diva, → diva). Deus contient une racine indoeuropéenne °dei- « briller » qui, élargie en °deiwo- et en °dyew- a servi à désigner le ciel lumineux considéré comme divinité et les êtres célestes par opposition aux hommes, terrestres de nature. C'est la plus ancienne dénomination indoeuropéenne de la divinité, liée à la notion de lumière et on la retrouve en grec dans le nom de Zeus (génitif Dios) et dans dios « brillant ». La même racine a servi d'autre part à désigner la lumière du jour et le jour (→ diurne, jour). Voir aussi le schéma pages suivantes.
❏  Attesté dans le tout premier texte français, le mot désigne (avec majuscule) la divinité du monothéisme chrétien et aussi, à partir du XIIe s., une divinité du polythéisme. Il a donné lieu à divers emplois interjectifs (1080) et à d'innombrables formules de jurement (→ aussi corbleu, morbleu, parbleu, dans lesquels le vocable dieu est altéré par euphémisme). Les formules et sacres (au Québec) où intervient le mot dieu sont nombreux (vingt dieux !, milledieu [millidious en occitan], tonnerre de Dieu, bordel Dieu...). Le mot est entré dans un grand nombre de locutions par lesquelles le locuteur fait intervenir Dieu ou souhaite son intervention. L'une d'elles, Dieu merci, interprétée aujourd'hui comme « remerciement en soit fait à Dieu », vient de l'ancienne formule par la merci Dieu (XIVe s.) « par la grâce de Dieu » (Cf. merci).
■  À dieu vat, formule employée en marine (1684) est formée de à, Dieu et de l'impératif de aller. Ancien souhait de bonne navigation, l'expression s'est employée pour « virez de bord » (remplacée par envoyez !) ; elle est devenue au XIXe s., synonyme de « à la grâce de Dieu ! », d'abord (milieu XIXe s.) en contexte marin, puis général.
■  En français d'Europe, les emplois anciens et même récents de dieu concernent le contexte chrétien. La diffusion du français en terres musulmanes et la présence de croyants d'autres religions que le christianisme dans les pays francophones de tradition chrétienne font entrer le mot dans d'autres contextes. Ainsi, traduit de l'arabe allah akbar, l'expression Dieu est grand, dans le français des musulmans francophones, notamment en Afrique, peut correspondre à « merci mon Dieu » du christianisme et à grâce à Dieu ! On peut ajouter que le parallélisme est grand entre inch'allah et s'il plaît à Dieu, si Dieu le veut, d'usage aujourd'hui limité.
❏  ADIEU interj. et n. m. provient d'une formule de recommandation à Dieu et apparaît dès le XIIe s. (adeu) comme formule de séparation et, régionalement, comme formule de rencontre (équivalant à bonjour, lui-même employé régionalement comme adieu). Dire adieu, qui suppose déjà la substantivation, doit avoir précédé l'emploi du mot comme nom (dist le gracieux adieu..., 1458), entièrement lexicalisé au XVIe s. (les adieux, faire ses adieux, etc.), aussi dans d'adieu (discours, dîner, visite d'adieu). L'emploi substantif existe aussi au figuré, pour « départ, séparation définitive » (l'adieu au bonheur, à la vie). La distinction entre adieu et au revoir s'instaure au début du XIXe s. ; auparavant, on pouvait dire adieu, jusqu'au revoir (XVIIe s.). Sans adieu, s'est dit au XIXe s. pour « à bientôt ». ◆  Régionalement, des Charentes au Jura et au sud de cette ligne, adieu peut correspondre à « bonjour, salut ».
■  La dénomination familière bon Dieu, qui est attestée chez Rabelais, ne s'emploie que dans le contexte catholique (le bon dieu : Dieu). L'expression a donné un emploi interjectif, parfois renforcé (bon dieu de...) et est à l'origine des dérivés péjoratifs BONDIEUSERIE n. f. (1861), notamment appliqué aux objets de piété, BONDIEUSARD adj. et n. (1865) et BONDIEUSER v. intr. (1872). Apparus dans la seconde moitié du XIXe s. et dans un contexte anticlérical, ces mots se rencontrent chez les écrivains (Goncourt) et les artistes ; Courbet se sert de bondieusard pour désigner un peintre traitant de sujets religieux.
BOUDIOU interj., est emprunté à l'occitan boun diou « bon Dieu », et sert à exprimer la surprise, l'admiration ou des sentiments négatifs, comme bon Dieu !, bon sang !, en français central. Il peut être renforcé (boudiou brave !) ou abrégé en BOUDI.
Dieu entre dans le composé DEMI-DIEU n. m. (XIIIe s.) calqué sur le latin semideus de semi et deus, lui-même traduisant le grec hêmitheos (→ hémi-, théo-).
■  SANS-DIEU n. m. est formé récemment (1927), à propos de la Russie bolchevique et athée.
DÉESSE n. f., d'abord duesces, diesce (v. 1155) puis déesse (v. 1160), est dérivé savamment du latin dea, féminin de deus, avec le suffixe -esse. Nom donné à une divinité féminine, le mot correspond, symétriquement au masculin, à la personnification d'un être divin féminin (1671) et, au figuré, à une femme remarquable de beauté et de majesté (v. 1330).
❏ voir PARDI, les formes savantes : DÉICIDE, DÉIFIER, DÉISME, DÉISTE, DÉITÉ, ainsi que les mots de la famille de divus : DEVIN, DEVINER, DIVE, DIVIN, DIVINATOIRE, DIVINISATION, DIVINISER, DIVINITÉ.
⇒ tableau : Dieu
DIFFAMER v. tr. est emprunté (v. 1160) au latin impérial diffamare « divulguer » et en mauvaise part « répandre le mauvais bruit que » (avec infinitive). Ce verbe est composé de dis- (→ dé-) et fama « rumeur, bruit » (→ fameux, infâme).
❏  Le mot, repris avec la spécialisation du verbe latin, n'a pas reçu d'extension.
❏  Son participe passé adjectivé, DIFFAMÉ, ÉE, connaît un sens spécial en héraldique (attesté 1690) qualifiant les armes privées de certaines pièces honorables et les animaux représentés sans queue, dérivé d'un ancien sens concret de diffamer « salir » et « défigurer » (XVIe-XVIIIe s.).
Les autres mots du groupe sont apparus en moyen français : DIFFAMATION n. f. a été emprunté (1320) au dérivé bas latin diffamatio « action de divulguer, de répandre » (saint Augustin). Le mot a subi l'influence sémantique de diffamer, évinçant le type antérieur difame (XIIIe s.), déverbal de diffamer.
■  DIFFAMATOIRE adj. (1380) et DIFFAMATEUR, TRICE adj. (v. 1450) et n. (1495) ont été faits sur le radical du latin diffamatum, supin de diffamare.
■  Le premier est quelquefois concurrencé par le participe présent adjectivé du verbe, DIFFAMANT, ANTE (1690).
+ DIFFÉRENCE n. f., d'abord diferance (v. 1160), est emprunté au latin differentia « caractère qui distingue une chose d'une autre » employé au pluriel differentiae pour désigner des objets distincts, des espèces d'un genre. Ce mot est issu de differre, composé de dis- (→ dé-) et de ferre « porter » (→ -fère), proprement « porter en sens divers » d'où « disperser » et par suite « remettre (dans le temps) », au passif « être tourmenté, tiraillé » et enfin « être distinct ».
❏  Le mot désigne le caractère par lequel une chose se distingue d'une autre et, spécialement en logique, l'attribut essentiel qui distingue une espèce d'une autre (1680). Au XVIIe s., il désigne concrètement un écart, d'abord en géométrie (1611) puis également en économie et au jeu. Dans la seconde moitié du XXe s., le philosophe J. Derrida écrit et propose la graphie DIFFÉRANCE d'après le participe présent de différer (ci-dessous), pour désigner le dynamisme, l'action séparatrice qui crée l'écart, « la production de différences ». Le concept de dissémination propre à J. Derrida est étymologiquement proche.
❏  L'adjectif didactique DIFFÉRENTIEL, ELLE (1732) est emprunté au bas latin differentialis ; le moyen français avait differential (XVIe s.) au sens de « relatif à un différend ». Le mot a été introduit en mathématiques dans le syntagme calcul différentiel (1732, peut-être déjà en 1696 chez le marquis de L'Hôpital dans son Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes). Ultérieurement, l'adjectif a été employé en droit fiscal (1849), en psychologie (1851) et en technique (1860).
■  Il est substantivé dans ce dernier domaine (1895) par ellipse pour engrenage différentiel à propos de ce type d'engrenage qui réunit les deux moitiés d'essieu d'un véhicule en transmettant un mouvement composé.
■  Une DIFFÉRENTIELLE n. f. s'emploie en mathématiques et concerne l'accroissement d'une fonction par un accroissement infiniment petit de la variable.
■  Le verbe DIFFÉRER est emprunté une première fois (fin XIIIe s.) au latin differre avec le sens transitif de « remettre à plus tard ». Contrairement à l'usage moderne, la langue classique admettait aussi un nom de personne pour complément et construisait également le verbe avec la préposition de ou à, usage aujourd'hui archaïque.
■  Son participe passé, DIFFÉRÉ, ÉE, adjectivé (XVe s.) et substantivé, s'emploie dans la locution en différé (v. 1945) à propos d'une émission. Le verbe a été emprunté aussi au latin, avec une valeur intransitive pour « être distinct » (1314) ; depuis 1791 (Volney), il s'emploie aussi, avec un nom de personne pour sujet, au sens d'« avoir un avis différent ».
DIFFÉRENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1360) au latin differens, participe présent de differre. D'abord employé comme nom (un, le différent) au sens de « différence », il n'a plus qu'un rôle d'adjectif (1393), spécialement la valeur d'un adjectif indéfini devant un nom pluriel (1669) : différentes personnes pensent que « certaines ». Une variante graphique, différens (1640), puis DIFFÉREND n. m. (1680) désigne un désaccord entre personnes. ◆  Différent a produit DIFFÉREMMENT adv. (XIVe s.).
■  Avant la fin du XIVe s., le français a emprunté DIFFÉRENCIER v. tr. « envisager comme différent, distinguer » au latin scolastique differentiare (1360), dérivé de differentia. Ce verbe est rare avant le XVIIe s., époque où son participe passé DIFFÉRENCIÉ, ÉE est adjectivé (1611), et acquiert des valeurs nouvelles en biologie, au XIXe siècle. ◆  Le sens mathématique de « calculer la différentielle de » (1754, Encyclopédie) est généralement assumé par la variante DIFFÉRENTIER, laquelle a produit le terme didactique DIFFÉRENTIATION n. f. (1839) employé en mathématiques à côté du nom d'action général DIFFÉRENCIATION n. f. (1808) « action de différencier » et processus par lequel une cellule, un tissu vivant acquièrent des caractères spécifiques.
■  Au XXe s., le radical de celui-ci a permis de former DIFFÉRENCIATEUR, TRICE adj. (1916, Saussure) et le quasi-synonyme DIFFÉRENCIATIF, IVE adj. (v. 1953).
■  Le préfixe privatif in- a servi à former la série antonymique INDIFFÉRENCIÉ adj. (1843, Proudhon), INDIFFÉRENCIATION n. f. (1843, Proudhon) et INDIFFÉRENCIER v. tr., plus rare (v. 1950). ◆  Avec dé-, la biologie a formé DÉDIFFÉRENCIER v. tr. (au pronominal et participe passé) et DÉDIFFÉRENCIATION n. f. à propos des cellules et tissus vivants qui perdent en tout ou en partie leurs caractères propres.
INDIFFÉRENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1300) au latin indifferens, préfixé en in-, employé en philosophie pour ce qui n'est ni bon ni mauvais, substantivé en grammaire pour une syllabe ni longue ni brève, et, chez Suétone, pour une personne qui ne se préoccupe pas de qqch.
■  Le mot, d'abord répertorié dans un glossaire roman pour « sans distinction », s'est répandu au XVIe s., après un emploi isolé au XVe s. au sens d'« indécis ». Il qualifie alors une conduite morale qui ne penche ni vers le bien ni vers le mal (1529), une chose n'ayant aucune raison pour incliner qqn à en faire le choix (v. 1580). La quasi-totalité des sens est attestée avant la fin du XVIIe s., de la valeur didactique de « qui ne se porte pas d'un côté plus que d'un autre » (1641, Descartes) à l'ensemble des sens psychologiques et affectifs, spécialement dans le domaine des sentiments amoureux (1643) et en religion (1694), comme adjectif et comme nom.
■  Indifférent a produit INDIFFÉREMMENT adv. (1314) « sans faire de différence » et (1520) « avec indifférence », puis le terme de doctrine INDIFFÉRENTISME n. m. (1750), d'où INDIFFÉRENTISTE adj. et n., dans le domaine religieux ou politique.
■  Le verbe INDIFFÉRER (1891) d'abord « familier » signifie « être indifférent (à qqn) » (cela m'indiffère).
■  Le nom correspondant INDIFFÉRENCE n. f., emprunté (1372) au bas latin indifferentia avec le sens de ce dernier, « état physique qui ne présente rien de particulier », a développé ses acceptions modernes au XVIIe s. en relation avec indifférent. En matière religieuse, il s'est répandu au XIXe s., notamment à la suite de l'ouvrage retentissant de Lamennais, Essai sur l'indifférence en matière de religion (1817).
DIFFÉREND, DIFFÉRER → DIFFÉRENCE
DIFFICILE adj. est emprunté (1330 in F. e. w.) au latin difficilis « malaisé, pénible » et, à propos d'une personne, « peu traitable, morose », adjectif formé avec le préfixe privatif dis- (→ dé-) comme antonyme de facilis (→ facile).
❏  Le mot qualifie d'abord une chose malaisée, un lieu incommode ou d'accès malaisé (av. 1380). Ultérieurement, il qualifie une personne qu'on a peine à contenter et à fréquenter (1587, faire le difficile).
❏  Le dérivé DIFFICILEMENT adv. (1455) réalise seulement l'idée de « malaisément ».
■  Le substantif DIFFICULTÉ n. f. est emprunté (1239) au dérivé latin difficultas « obstacle, embarras » et « caractère insupportable ». Le français, qui ne lui a repris que le premier type d'emplois, exprime une idée d'opposition (dans la locution se rendre sans difficulté) et surtout le caractère de ce qui est malaisé. La difficulté de... se dit de ce qui est difficile dans qqch. (1611), et une, des difficultés d'une chose difficile ou problématique.
■  À son tour, le nom a produit DIFFICULTUEUX, EUSE adj. (1584) sur le modèle de volupté-voluptueux, majesté-majestueux. Cet adjectif se rencontre plus souvent pour qualifier une chose qu'une personne (1690), comme une sorte de forme marquée de difficile, le signifié étant motivé par la relative complexité du signifiant. ◆  De même, le dérivé DIFFICULTUEUSEMENT adv. (1823) remplit un rôle d'intensif par rapport à difficilement.
DIFFORME adj. est emprunté (1495, XIIIe s. selon Bloch et Wartburg) au latin médiéval difformis (1267), altération par changement de préfixe du latin classique deformis « laid, informe ». Ce dernier est formé avec le préfixe privatif de- et le suffixe -is sur forma (→ forme).
❏  Le mot s'applique surtout aux réalités humaines caractérisées par l'irrégularité de leurs formes ou de leurs proportions ; il est plus fort et plus péjoratif que déformé.
❏  DIFFORMER v. tr. (1316-1328), aujourd'hui à peu près inusité, a été emprunté au latin médiéval difformare (XIVe s.), issu par substitution de suffixe du classique deformare (→ déformer). Rare au sens de « défigurer en rendant difforme », le mot s'est spécialisé aux XVIIe et XVIIIe s. pour « dénaturer une monnaie » (1690, Furetière précisant qu'il ne se dit guère qu'« en termes de palais »).
■  Le nom d'état correspondant, DIFFORMITÉ n. f., est emprunté (XIVe s.) au latin médiéval difformitas (1250), altération du classique deformitas, dérivé de deformis et emprunté en moyen français sous la forme defformiteit (XIVe s.). Il s'emploie surtout à propos du corps humain.
DIFFRACTION n. f. est un dérivé savant (1666, Journal des savants), sur le modèle de réfraction, du supin diffractum du latin classique diffringere « briser, mettre en pièces ». Celui-ci est formé de dis- exprimant la dispersion (→ dé-) et de frangere « briser » (→ fraction).
❏  Le mot français, d'usage technique, désigne un phénomène optique de déviation des rayons lumineux au contact du bord d'un corps opaque.
❏  Ultérieurement, les physiciens ont emprunté DIFFRINGENT, ENTE adj. (1738) au participe présent (diffringens) de diffringere. ◆  En outre, ils ont dérivé de diffraction DIFFRACTER v. tr. (1838), sur le modèle de réfracter, et DIFFRACTIF, IVE adj. (1846).
■  Au XXe s., DIFFRACTOMÈTRE n. m. (v. 1950), formé à l'aide de l'élément -mètre*, désigne l'appareil mesurant la diffraction.
DIFFUS, USE adj. est emprunté (1314) au latin diffusus, participe passé de diffundere « étendre en versant, répandre », au figuré « porter au loin », « dilater, épanouir ». Le verbe est le composé en dis- (→ dé-) de fundere (→ fondre).
❏  L'adjectif, repris avec le sens figuré de « disséminé », a reçu le sens physique de « répandu » (v. 1575, Paré, à propos de la chaleur dans le corps), avant de s'appliquer aussi à un objet abstrait (la pensée, le langage) et à une personne qui délaye trop sa pensée (1680).
❏  L'adverbe dérivé DIFFUSÉMENT (1371, Oresme) est peu employé.
■  En revanche DIFFUSER v. tr. (déb. XVe s.), d'abord peu usité, a pris au XIXe s. de nouvelles acceptions en relation avec les spécialisations nouvelles du dérivé diffusion et des préfixes en radio-. Employé en chimie pour « provoquer la diffusion de (qqch.) » (1861), il s'emploie dans le cadre de la technique des ondes sonores (1933), et de la distribution dans le public d'un ouvrage de librairie (1947). Plus généralement, il correspond à « propager une nouvelle » (XXe s.).
■  Ses dérivés ont été formés au XIXe s., à l'exception de DIFFUSIF, IVE adj. (déb. XVIe s.), d'usage didactique, qui a cependant donné DIFFUSIVITÉ n. f. bien plus tard (v. 1950).
■  On rencontre ainsi DIFFUSEUR n. m. (1890) pour un appareil, et spécialement (1921) pour un élément du carburateur, ainsi qu'un organe qui diffuse dans le public l'information et, spécialement, une entreprise de diffusion des livres, DIFFUSIBLE adj. (attesté 1834) et le dérivé de ce dernier, DIFFUSIBILITÉ n. f., dès 1787.
Le nom d'action DIFFUSION n. f. a été emprunté (1587) au latin diffusio « action de répandre », du supin (diffusum) de diffundere. D'abord employé pour « action de répandre » (à propos de la bonté de Dieu envers les créatures), il a suivi ou accompagné l'évolution du verbe avec des acceptions nouvelles au XIXe s. (physique) et au XXe s., notamment pour les émissions de radio et de télévision et le commerce des livres, la diffusion devenant une branche de l'édition.
■  Le mot entre en composition dans radiodiffusion (→ radio) et télédiffusion (→ télé).
■  Le préverbe re- a servi à former REDIFFUSER v. tr. (v. 1965) et REDIFFUSION n. f. (v. 1965), surtout employés pour les retransmissions radiophoniques ou télévisées.
+ DIGÉRER v. tr. est emprunté (av. 1288) au latin digerere, composé de dis- (→ dé-) et de gerere (→ gérer), proprement « porter de côté et d'autre ». De là, on est passé à l'idée de « répandre » et, avec une notion de classement, de « distribuer » ; le verbe s'est spécialisé dans le langage médical pour « répartir les aliments dans l'organisme », entrant en concurrence avec concoquere (→ concoction).
❏  Digérer s'emploie dès l'ancien français avec la spécialisation « assimiler les aliments ingérés », son sens le plus courant. Par métaphore du sens médical, il a pris les valeurs abstraites d'« assimiler mentalement » et « supporter (qqch.), se résigner à » (tous deux dep. 1468), par exemple dans c'est dur à digérer, et familièrement, « croire » (1664, Molière). Le sens de « classer, mettre en ordre » (1527) a disparu au XVIIe siècle.
❏  Les dérivés du français sont peu nombreux : le préfixé INDIGÉRÉ, ÉE adj. (1380), antonyme de DIGÉRÉ, ÉE (participe passé adjectivé), est peu usité, de même que DIGÉRABLE adj. (1843, après une première attestation en 1516) qui a lui-même produit le terme didactique DIGÉRABILITÉ n. f. (XXe s.).
PRÉDIGÉRÉ, ÉE adj. se dit (années 1940) d'un aliment qui a été soumis à une digestion chimique préalable, avant ingestion (lait prédigéré).
Les autres mots du groupe sont empruntés au latin ou formés sur le supin digestum de digerere.
■  DIGESTE adj., emprunté (déb. XIIIe s.) au participe passé latin digestus, a longtemps eu le sens résultatif de « qui a été digéré » (1515) ; son sens moderne, « facile à digérer », tardif (1880, Flaubert), s'est développé sous l'influence de l'antonyme.
■  Ce dernier, INDIGESTE adj., emprunté (1314) au latin indigestus avec le sens de « mal digéré », a reçu dès le XVIe s. le sens moderne de « difficile à digérer » (1505).
■  DIGESTION n. f. est emprunté (v. 1278) au latin digestio « classement, arrangement » et, dans la langue médicale, « répartition de la nourriture dans le corps », du supin de digerere. La première attestation en français présente le sens de « transformation », dans un contexte alchimique, mais le mot est bientôt employé (1282) avec son sens médical courant, qui correspond à digérer. Ses acceptions figurées (1399-1402, 1867) sont moins répandues que celles du verbe.
■  L'antonyme INDIGESTION n. f., emprunté (XIIIe s.) au latin indigestio, a développé la valeur figurée de « fait d'avoir qqch. en excès et d'en être dégoûté ».
■  Autre emprunt du XIIIe s., DIGESTIF, IVE adj. représente (1262-1268) le latin impérial digestivus « relatif à la digestion », formé sur le supin de digerere. De façon symétrique à apéritif, le mot a été substantivé (par ellipse pour alcool digestif), en parlant d'un alcool favorisant la digestion (fin XVIe s.).
■  DIGESTIBLE adj., emprunté une première fois (1314) au dérivé latin digestibilis avec son sens de « facile à digérer », a été repris au XVIIIe siècle. ◆  Avec son antonyme INDIGESTIBLE adj. (1380), représentant du latin indigestibilis, il subit la double concurrence de digeste-indigeste et de digérable. ◆  Digestible a servi à former DIGESTIBILITÉ n. f., noté pour la première fois en 1805 chez Cuvier et concurrencé par digérabilité.
À l'écart du groupe, le terme de droit romain DIGESTE n. m., « recueil de lois romaines », est emprunté (v. 1230) au latin digesta. Celui-ci, participe passé neutre pluriel substantivé de digerere, désignait toute espèce d'œuvre distribuée en chapitres, spécialement en parlant de la compilation des grands traités des jurisconsultes romains effectuée par ordre de l'empereur Justinien, qui donna force de loi à ce recueil. Le mot français s'est également dit d'un livre, d'un recueil ordonné.
DIGEST n. m. est un emprunt (1930) à l'anglais digest n., emprunt parallèle au français digeste (latin digesta) d'abord employé (XIVe s.) pour désigner le recueil de lois de Justinien puis pour tout recueil de matières classées méthodiquement et résumées (1555). Comme en latin, c'est l'idée d'une répartition, d'une classification destinée à l'assimilation qui est ici exprimée, et non pas le sens physiologique dominant dans digérer. Digest apparaît comme citation d'un terme américain dans New York de Paul Morand. Il s'est répandu en France (1949) avec la diffusion massive de Sélection du Reader's Digest, traduction d'un périodique américain à grand tirage, qui provoqua souvent en Europe l'irritation des intellectuels, tant à cause de sa formule, où des textes célèbres étaient condensés, que de son contenu idéologique. Le mot digest, l'un des symboles du franglais, a gardé de ce contexte une valeur péjorative. Son remplacement par condensé (1976, Journal officiel) n'est pas usuel, mais le mot semble en recul.
DIG-DIG n. m., aussi écrit DIGUE-DIGUE est une onomatopée redoublée évoquant le son des cloches, sans doute influencée par une altération de dengue, dingue-dingue (1918, « fièvre du paludisme »).
❏  Ce mot argotique désignant l'épilepsie (Vidocq, 1836, dans batteur de dig-dig) a donné lieu à la locution en digue-digue (1901) « en mauvais état », et à tomber en digue-digue « s'évanouir, perdre connaissance » (1901).
1 DIGITAL, ALE, AUX adj. et n. est emprunté (1732) au latin impérial digitalis « de la grosseur d'un doigt », dérivé de digitus qui a donné en français doigt*.
❏  Le mot signifie « relatif au doigt », plus rarement « qui a la grosseur du doigt ». Ce sens est didactique.
❏  Le latin digitus a suscité en français de nombreux mots scientifiques : dérivés savants comme DIGITÉ, ÉE adj. (1771), DIGITATION n. f. (1754) « forme en doigts écartés » ; composés comme DIGITIFORME adj. (1842), DIGITIGRADE adj. (1805), etc., dont se dégage un élément de formation digit(i)-.
En tant que terme de numération, 2 DIGITAL adj. est un autre mot, emprunt récent (v. 1960) à l'anglo-américain digital « qui opère sur des données discrètes, numériques et non pas continues », sens attesté depuis 1938 et répandu vers 1945. Le mot vient de digit, ancien terme anglais d'arithmétique (1398) désignant d'abord les nombres inférieurs à dix (soit les nombres que l'on peut compter sur les doigts, du latin digitus), puis employé comme attribut (digite number, 1613). ◆  Le mot, spécialisé aux États-Unis en parlant des machines à compter (1921), s'est répandu avec l'informatique. L'anglais possédait déjà digital, emprunt au français et au latin, qui s'était employé comme nom au sens de digit au XVe s., mais qui n'était plus employé que comme adjectif, au sens de « relatif au doigt » (1656).
L'emprunt de digital, terme de numérotation, a entraîné celui de DIGIT n. m. (1968) et surtout celui de DIGITALISER v. tr. (1970), pris au dérivé anglais to digitalize (1962).
■  En revanche, 1 DIGITALISATION n. f. (v. 1970) est une création française : les dictionnaires anglais connaissent seulement digitalization « administration de digitaline ». Le Journal officiel a prescrit (12 janvier 1974) numérique pour remplacer digital, mais reste muet quant aux remplaçants possibles de digitaliser. On relève aussi DIGITISER v. tr. (v. 1979).
DIGITALE n. f., terme de botanique, est emprunté (1545) au latin médiéval botanique digitale. La plante doit son nom à la forme de la corolle tubuleuse de ses fleurs qui évoque un doigt de gant ou un dé à coudre. Par métonymie, le mot désigne le produit très toxique qu'on extrait de la plante, utilisé en pharmacie.
■  Il a produit DIGITALINE n. f. (1827), dénomination, en pharmacie, du principe actif initialement extrait (un glucoside) de la digitale pourprée.
■  La médecine connaît 2 DIGITALISATION n. f. (XXe s.), emprunt à l'anglais digitalization, de to digitalize, de digitaline.
DIGNE adj. est un emprunt ancien (1050) au latin classique dignus « qui convient à », « qui mérite qqch. (en bonne ou mauvaise part) » et « méritant ». Cet adjectif est issu, par un intermédiaire supposé °decnos, de l'impersonnel decet « il convient » (→ décent).
❏  Digne s'emploie suivi d'un complément en de au sens de « qui mérite », et absolument au sens de « qui mérite l'estime » (1240). Il exprime aussi (1560-1561) une notion d'accord, de conformité (avec qqch., qqn). La valeur morale « estimable, respectable », encore vivante au XIXe s. (c'est l'un des mots favoris du philosophe Auguste Comte) a été progressivement évincée par le sens de « grave, réservé, d'apparence respectable » (1807, Mme de Staël), de nos jours fréquemment ironique.
❏  De digne sont dérivés DIGNEMENT adv. (1180), avec la même évolution que l'adjectif, et DIGNIFIER v. tr. (fin XIIIe-déb. XIVe s.), ce dernier pouvant aussi être emprunté au bas latin dignificare, de dignus et -ficare (→ faire).
■  Ce verbe, rare, a produit ses dérivés au XXe siècle : DIGNIFIANT, ANTE adj. (1921) et DIGNIFICATION n. f. (1930).
DIGNITÉ n. f. (v. 1155) est emprunté au dérivé latin dignitas « fait de mériter, mérite », également employé pour désigner les qualités qui font qu'on est digne (estime, considération, prestige), et, avec un glissement vers l'apparence, l'honorabilité, la beauté majestueuse. L'emprunt a supplanté l'ancien type populaire deintié remontant à l'accusatif latin dignitatem « bien », « seigneurie, puissance », en particulier « morceau d'honneur, de choix, friandise ». Ce mot est encore mentionné par certains dictionnaires du XIXe s. (Littré) sous la forme du pluriel daintiers (dès 1080) avec changement de suffixe, comme terme de vénerie désignant les testicules du cerf.
■  Dignité désigne aussi la charge qui donne à qqn un rang éminent et (v. 1155) la grandeur, la situation éminente d'une chose. Plus généralement, il correspond à la valeur intrinsèque d'une chose (1265) ou d'une personne (v. 1370). Par métonymie quant à l'apparence, au comportement, il correspond à « fierté, manières hautaines » (1690).
■  Son dérivé DIGNITAIRE n. (1718) désigne une personne revêtue d'une prérogative forçant le respect et lui conférant un rang élevé dans la société.
INDIGNE adj. (v. 1200) est emprunté au latin indignus « qui ne mérite pas », « qu'on ne mérite pas », « qui ne convient pas ». Le mot s'est dit en bonne part d'une chose bonne qu'on ne mérite pas et, dans l'usage classique, d'une personne qui ne mérite pas son sort, fut-il fâcheux (1636, Corneille). L'usage moderne, qui s'est répandu à partir du XVIe s. (après un emploi isolé pour « absurde » au XVe s.), l'entend en mauvaise part d'une personne qui ne mérite pas une bonne chose (1458), d'une personne ou d'une chose qui n'est pas en rapport de convenance (1588, bêtises indignes d'un enfant), et, absolument, d'une chose infamante (av. 1589), ou d'une personne méprisable (1665). La substantivation du mot (1688) concerne spécialement, en droit, la personne exclue d'une succession par la loi (1732).
■  INDIGNEMENT adv. (v. 1200) est dérivé d'indigne.
■  INDIGNATION n. f. (v. 1120), emprunté au latin indignatio, lui a repris son sens moderne.
■  INDIGNITÉ n. f. (XIIIe s.), repris du latin indignitas, a également pénétré en français avec son sens actuel en parlant du caractère indigne d'une chose et (1402) d'une personne ; par métonymie, une ou des indignités se rapporte (1530) à une action indigne, quelquefois en emploi exclamatif.
■  INDIGNER v. tr. est emprunté (v. 1330) au latin indignari « s'indigner », lequel était passé par voie populaire dans l'ancien français soi endeignier (1130-1140). Il est surtout usuel à la forme pronominale et à la voie passive, le sens transitif étant répertorié relativement tard (1611).
DIGRESSION n. f. est emprunté (1174-1176) au latin digressio proprement « action de s'éloigner », spécialisé abstraitement comme terme de rhétorique pour désigner le fait de s'écarter de son sujet. Le mot est dérivé du supin (digressum) de digredi « s'éloigner du sujet », de dis- (→ dé-) et gradi « marcher, s'avancer » qui a fourni par ses composés plusieurs mots français (progrès, progression, régression, etc.).
❏  Le mot correspond à un développement qui s'écarte du sujet. Ultérieurement, il s'est spécialisé en astronomie (1752) à propos de l'écart angulaire d'un astre par rapport à un système de référence.
❏  Le radical digress- a servi de base à DIGRESSER v. intr., rare, et DIGRESSIF, IVE adj., formés d'après progresser, progressif, et tous deux enregistrés dans le dictionnaire de l'Académie en 1838.
DIGUE n. f., d'abord sous la forme diic (1293), puis dike (1373), est emprunté au moyen néerlandais dijc (dijk en néerlandais moderne), mot qui se rattache à la racine du latin figere « ficher, enfoncer, planter » (→ fixe).
❏  D'abord masculin, puis (1373) féminin, le mot désigne une longue construction destinée à faire obstacle aux eaux ; ses extensions se limitent à quelques emplois analogiques et au sens figuré de « ce qui empêche, retient » (1637).
❏  Le verbe correspondant, DIGUER v. tr., a été emprunté sous l'ancienne forme dikier (1285) au moyen néerlandais diken, dijcken, dérivé de dijc. Rare avant le XIXe s. (1836), il s'est écrit successivement dicquier (1436), dieguer (1460) et enfin diguer (1470) au XVe siècle.
■  Sa rareté vient de la concurrence du préfixé ENDIGUER v. tr. (1827) employé au propre et au figuré « retenir, empêcher de se répandre » (av. 1870). Ce dernier a donné ENDIGUEMENT n. m. (1827), également employé au figuré (1901).
■  Le diminutif DIGUETTE n. f. est attesté au XXe siècle pour « petite levée de terre maintenant l'eau sur un terrain cultivé ».
DIKTAT, DICTAT n. m. est un emprunt moderne (1932) à l'allemand Diktat (XVIIIe s.), littéralement « chose dictée », lui-même dérivé du radical du latin dictare (→ dicter).
❏  Le mot a été emprunté comme terme de politique internationale pour désigner un traité imposé à une nation par une autre, en référence au traité de paix de 1919 appelé diktat par la partie allemande. Par extension, il se dit familièrement d'une chose imposée par la force (1936), notamment dans le contexte international de la montée du nazisme.
DILACÉRER → LACÉRER
DILAPIDER v. tr. est emprunté (1223) au latin dilapidare « cribler de pierres (ou comme à coups de pierres) » et « jeter de côté et d'autre comme des pierres », d'où « dissiper, gaspiller ». Ce mot est formé de dis- (→ dé-) exprimant la dispersion, et de lapidare « attaquer à coups de pierres » (→ lapider).
❏  Laissant le sens propre au verbe simple lapider*, le français n'emploie dilapider qu'avec le sens figuré de « gaspiller ».
❏  Au XVe s., apparaît le nom d'action DILAPIDATION n. f. (1465), rare avant le XVIIIe s. (1762), emprunt au bas latin dilapidatio, et, formé sur le radical du verbe français, DILAPIDATEUR, TRICE adj. et n. (1433).