DILATER v. tr. est emprunté (1377) au latin dilatare « élargir, étendre » au figuré « développer », pronominalement « s'enfler ». Ce verbe est formé de dis- (→ dé-) et de latus « large » (→ lé).
❏  Le mot a été introduit par les clercs (Oresme) à la fois avec son sens propre — en emploi pronominal à valeur passive les corps se dilatent — et son sens figuré.
❏  Son participe présent DILATANT, ANTE est substantivé (1754, Encyclopédie) en chirurgie.
■  Les autres dérivés de dilater sont apparus à partir du XVIe s. : DILATABLE adj. (XVIe s.) et DILATABILITÉ n. f. (1731), mots de physique (la dilatabilité des gaz), DILATATEUR, TRICE adj. (1611), terme d'anatomie (muscles dilatateurs) substantivé en chirurgie comme nom d'instrument au même sens que dilatant, DILATEMENT n. m. (1895, Huysmans), d'usage rare, et DILATANCE n. f. (v. 1970), employé en sismologie.
■  DILATATION n. f. a été emprunté par les médecins (1314) au bas latin dilatatio « largeur, espace, extension » et « exultation », dérivé de sens propre et figuré de dilatum, supin de dilatare. Le mot a développé d'autres spécialisations en physique (2e moitié du XVIIIe s., Buffon), en physiologie et en médecine. Il compte également des emplois métaphoriques ou figurés (v. 1355).
DILATOIRE adj. est emprunté (1283) au bas latin juridique dilatorius « qui tend à différer », formé sur dilatum, supin de differre pris avec son sens de « retarder » (→ différer).
❏  Le mot est d'abord employé dans son acception juridique (dans exceptions dilatoires chez Ph. de Beaumanoir, Coutumes du Beauvaisis). Il s'est répandu à propos d'un moyen visant à gagner du temps (procédé, moyen dilatoire), subissant probablement l'influence de délai*.
❏  Le nom correspondant DILATION n. f. (1283), emprunté au latin dilatio, s'est employé jusqu'au XVIIe s. (Pascal) avec le sens de « retard, remise ». Il a été repris en phonétique (v. 1930) à propos d'un phénomène d'assimilation à distance, comme l'harmonisation vocalique.
DILECTION n. f. est emprunté (v. 1170) au latin chrétien dilectio « amour », dérivé de diligere « choisir » (→ diligent), d'où « aimer, affectionner ».
❏  Le mot désigne l'amour spirituel que l'on porte à l'être choisi ou préféré. Il est demeuré rare.
❏  En revanche, son composé PRÉDILECTION n. f., formé avec pré-* (v. 1460) au sens de « préférence pour qqn, qqch. », est devenu courant. Il est employé avec une valeur particulière (une / des prédilections) [XIXe s.] et dans la locution relativement usuelle de prédilection (XVIe s.).
■  Son dérivé PRÉDILECTIONNER v. tr. (1774), « préférer ouvertement », est littéraire et rare (on en relève des emplois chez Gide).
DILEMME n. m. est emprunté (1555) au bas latin dilemma, lui-même pris au grec tardif dilêmma « argument par lequel on pose une alternative entre deux arguments contraires ». Ce mot est composé de di- « deux », élément correspondant à duo, numéral répondant au latin duo (→ deux), et de lêmma, -atos « ce que l'on prend », soit, en logique, une des prémisses d'un syllogisme, généralement la majeure. Lêmma est apparenté à lambanein « prendre » qui repose sur une racine indoeuropéenne attestée par l'existence du sanskrit labhate « saisir » (→ catalepsie, épileptique, prolepse, syllabe).
❏  Ce terme de logique s'est répandu à propos d'une alternative à des termes également insatisfaisants (1662, Pascal). Il est devenu courant pour « choix difficile entre deux possibilités » (v. 1940).
❏  Son dérivé DILEMMATIQUE adj. (1842) est strictement didactique.
DILETTANTE n. est un emprunt (1740) à l'italien dilettante, attesté comme adjectif dès 1427 au sens de « celui qui trouve plaisir à qqch. » spécialement « amateur d'art ». C'est le participe présent substantivé de dilettare, correspondant au français délecter*.
❏  Le mot a pénétré en français avec un sens restreint, « amateur de musique italienne », parfois élargi à « amateur de musique », puis à « amateur d'art, en général » (une fois en 1760 chez Voltaire, de nouveau en 1837 chez Barbey). L'usage moderne l'emploie surtout à propos d'une personne qui exerce une activité comme un passe-temps, quelquefois avec la même nuance péjorative qu'amateur (travailler en dilettante). Plus rarement, il s'applique péjorativement à un esthète qui vit au gré de sa fantaisie.
❏  Le dérivé DILETTANTISME n. m. (1821) a suivi une évolution analogue, du sens de « passion pour la musique italienne » au sens moderne « attitude du dilettante » (1838, Barbey). Plus encore que dilettante, il occupe une place voisine de celle de dandysme dans la terminologie des attitudes sociales.
■  Par substitution de suffixe, a été formé DILETTANTISTE adj. et n. (1860, Baudelaire), souvent péjoratif, aujourd'hui passé d'usage.
DILIGENT, ENTE adj. est emprunté (apr. 1250) au latin diligens « qui dénote un soin empressé, attentif, scrupuleux ». Ce mot est le participe présent adjectivé de diligere, formé de dis- (→ dé-) et legere (→ lire) et signifiant proprement « prendre de côté et d'autre, choisir » d'où « estimer, aimer, honorer, par un sentiment fondé sur le choix et la réflexion » (→ dilection).
❏  L'adjectif qualifie la personne qui met toute l'application nécessaire à exécuter une tache et, par métonymie (1678, soins diligents), ce qui témoigne d'une grande application d'exécution. L'accent est quelquefois mis sur l'idée de rapidité à accomplir un travail.
❏  Il a pour dérivé DILIGEMMENT adv., attesté sous plusieurs autres formes au moyen âge, comme diligentement (1200) formé sur le féminin, dilyguanment (v. 1250) ou diligenment (v. 1278) Il répond à un double sémantisme : « avec zèle » et « avec promptitude » (v. 1375).
■  L'autre dérivé de diligent, DILIGENTER v. tr. (1413-1469), s'est d'abord construit avec la préposition de introduisant une infinitive pour « presser qqn de faire qqch. ». Il est également pronominal depuis le XVIe s. (av. 1549). Dans les deux emplois, il ne s'est maintenu que dans le style administratif et juridique surtout comme transitif direct (diligenter une action).
Le nom d'état correspondant, 1 DILIGENCE n. f., est emprunté (fin XIIe-déb. XIIIe s.) au dérivé latin diligentia « soin scrupuleux ». D'abord synonyme de « soin, minutie », il a développé parallèlement aux mots du même groupe, le sens de « hâte, empressement » (1489-1491) et il est passé dans le langage de la procédure pour y désigner une poursuite, une requête (1690), et dans l'expression à la diligence de « â la requête de » (1804, Code civil).
Son emploi spécialisé dans carrosse de diligence (déb. XVIIe s.) « carrosse rapide », est à l'origine du sens de « voiture hippomobile assurant un service régulier de transport de voyageurs » (1680), qui correspond à un mot senti comme différent, 2 DILIGENCE. Employé pour décrire les transports du XVIIe au XIXe s., le mot connaît un regain de vitalité avec les récits de l'Ouest américain, où ce moyen de transport en commun s'est employé assez tard et a été souvent évoqué au cinéma : l'attaque de la diligence est l'un des thèmes populaires des westerns. Le même mot a désigné au XIXe s. une voiture sur les chemins de fer (1830-1870 environ), mais cette acception a disparu.
DILUER v. tr. est emprunté (XVe s.) au latin diluere « détremper, désagréger », « dissoudre » et, au figuré, « dissiper, éclaircir, débrouiller », verbe formé de dis- (→ dé-) et luere « laver, baigner », surtout attesté en composition et appartenant au groupe de lavare (→ laver).
❏  Emprunté une première fois au XVe s., il a été réemprunté (1824) au sens de « délayer une substance dans un liquide ». Il prend aussi celui d'« étendre d'eau un liquide » (1834) et une acception figurée : « amoindrir, diminuer » (1885).
❏  Son participe présent DILUANT, ANTE est substantivé (1924) pour un produit qui a la propriété de diluer.
■  Le nom d'action correspondant, DILUTION n. f., a été dérivé (1833) du radical de diluer avec le suffixe -tion, plutôt qu'emprunté au dérivé bas latin dilutio qui signifie seulement « action de laver » et au figuré « de se justifier ». Dilution s'est d'abord employé en médecine homéopathique, à propos de l'opération assurant la dispersion croissante d'une substance dans un solvant, puis (1836) avec l'acception générale correspondant au verbe.
DILUVIEN, IENNE adj. est une formation savante (1781, 1764 selon Bloch et Wartburg) sur le radical du latin diluvium qui a donné déluge*, pour servir d'adjectif à ce dernier.
❏  Le mot est à la fois d'usage didactique et littéraire au sens temporel de « très ancien », et courant pour qualifier une pluie torrentielle.
❏  En outre, il a été employé comme synonyme de DILUVIAL, ALE, AUX, autre adjectif formé (1826, Hugo) sur le latin diluvium et employé par les géologues pour servir d'adjectif à DILUVIUM n. m. (attesté 1834), mot d'emprunt désignant l'ensemble des dépôts alluviaux du quaternaire, jadis attribués au déluge. Le mot latin a été adopté par l'Anglais W. Buckland (1819) et francisé en diluvion (1846), forme qui n'a pas vécu.
■  Diluvien est entré dans la composition d'ANTÉDILUVIEN, IENNE adj. (1750), mot probablement emprunté à l'anglais antediluvian (1646), proprement « antérieur au déluge », surtout répandu avec la valeur vague de « très ancien », en concurrence avec préhistorique.
L DIMANCHE n. m., d'abord dïenenche (1131), puis dymanche (déb. XIVe s.), est issu du latin chrétien dies dominicus, proprement « jour du Seigneur », devenu °didominicu puis, par dissimilation consonantique, °diominicu. L'expression, constituée de dies (→ diurne, jour) et de dominicus « du maître, du seigneur », dérivé de dominus « maître », s'est substituée à dies solis, « jour du soleil », que la Gaule romaine a communiqué aux langues voisines : breton disul, anglais sunday, allemand Sonntag. Le type dimanche a aussi évincé l'ancien français dïemeine, formé sur l'adjectif ancien français demaine (du latin dominicus) : « seigneurial, principal, propre » (v. 1119 : « diemeine, le Jurn Jesu demaine [le jour du seigneur Jésus] »).
❏  Le mot est entré dans quelques syntagmes du type habits du dimanche (1690) avec une valeur de « jour de fête, de repos », quelquefois péjorativement, dans peintre du dimanche « amateur, peu expérimenté ».
❏  Le préfixé verbal ENDIMANCHER v. tr. (1572) « revêtir les habits du dimanche » se dit par extension pour « parer un lieu comme pour un dimanche » (1831). ◆  Le participe passé ENDIMANCHÉ, ÉE est adjectivé (1611), souvent avec la nuance péjorative liée au jugement social porté sur les classes modestes qui, le dimanche, s'efforcent de s'habiller bourgeoisement, avec quelque gaucherie (1818, Stendhal). ◆  Nom d'action et d'état correspondant, ENDIMANCHEMENT n. m. (1843), est rare.
❏ voir DOMINICAL.
L DÎME n. f., d'abord disme (v. 1135) et diesme (1160-1174), est issu du latin decima (sous-entendu pars), « la dixième partie », « le dixième », mot qui a donné décime* par voie d'emprunt.
❏  L'ancien français connaît déjà l'adjectif disme « dixième » (1080, jusqu'au XIVe s.). Le substantif, d'abord masculin, puis (1160-1174) féminin, a désigné en général la dixième partie d'une chose. Il s'est rapidement spécialisé en droit médiéval à propos de la dixième partie des récoltes versées à l'Église ou au seigneur (1174-1176). La tradition qui aboutit en français de France au denier du culte est appelée dîme en français québécois.
■  Depuis le XVe s. (1450), c'est aussi un terme biblique, s'appliquant au dixième de la récolte qui, chez les Juifs, était offert à Dieu ou donné aux lévites, l'impôt moderne acquérant ainsi un fondement antique. Après abolition de la dîme en 1789, le mot est entré dans la locution figurée lever la, une dîme sur... (1836) « faire un prélèvement non permis ».
❏  Dîme a produit en ancien français le verbe DÎMER v. tr. (XIIe s., dismer) « lever la dîme » et le nom d'agent DÎMEUR n. m., d'abord desmëor (1174-1178) puis dismeur (1345), dénomination de la personne préposée à la collecte de la dîme. Ces mots sont aujourd'hui des termes d'histoire, le sens figuré de dîmer, « prélever », étant sorti d'usage.
DIMENSION n. f. est emprunté (1372) au latin dimensio « action de mesurer » et à basse époque « grandeur mesurable », mot formé sur le supin dimensum de dimetiri « mesurer en tous sens », au figuré « calculer », de dis- (→ dé-) et metiri « mesurer », « juger, estimer » (→ mesure).
❏  Le mot désigne la grandeur mesurable d'un corps dans toutes les directions ou selon une direction par rapport aux autres grandeurs significatives. Il n'a pris qu'au XIXe s. son sens figuré d'« ampleur, importance » (1835) ; cependant, dès 1614, on relève certains emplois métaphoriques et le XVIIIe s. employait prendre les dimensions de qqn pour le fait de le juger d'après ses attitudes, son comportement. De nos jours, prendre les dimensions d'une chose correspond à un sens abstrait récent (1951), « aspect significatif » (les dimensions du problème).
❏  Le mot a produit ses dérivés aux XIXe et XXe s. : DIMENSIONNEL, ELLE adj. (1875) est didactique et technique ; il a entraîné UNIDIMENSIONNEL, ELLE adj. (v. 1968, Marcuse), BIDIMENSIONNEL, ELLE adj. (déb. XXe s.), TRIDIMENSIONNEL, ELLE adj. (1953) et les noms didactiques correspondants, sur le modèle de DIMENSIONNALITÉ n. f. (v. 1960).
■  DIMENSIONNER v. tr. est employé depuis 1927 dans un usage technique, de même que son dérivé DIMENSIONNEMENT n. m. (1948) : tous deux sont critiqués par les puristes qui recommandent de remplacer le verbe par proportionner.
■  Deux composés en sur-*, SURDIMENSION n. f. et SURDIMENSIONNER v. tr., ont été formés récemment (v. 1980), attestant la vitalité de dimensionner, courant au participe passé.
DIMINUER v. est emprunté (1308) au latin diminuere, altération par substitution de préfixe (dis- → dé- pour de-) de deminuere. Celui-ci signifie « enlever, retrancher », « amoindrir, affaiblir » et, grammaticalement, « former un diminutif » ; c'est un composé en de- de minuere « rendre plus petit », « amoindrir, réduire », de minus (→ moins).
❏  Le verbe a d'abord le sens transitif de « rendre moindre, réduire en quantité », spécialement en musique (1732) et en marine à propos des voiles (1797). Depuis la fin du XVe s. (1489-1491), il a également le sens figuré de « rendre moins fort, affaiblir », d'où moralement « déprécier, humilier » (1842). Il s'emploie intransitivement (1588) avec les sens correspondants.
❏  Son participe présent DIMINUANT, ANTE se prête à quelques rares emplois adjectivés (attestés au XXe s.).
Le nom d'action DIMINUTION n. f. est emprunté (1260-1265) au latin diminutio, lui-même altération de deminutio « action de rendre moindre, d'affaiblir », du supin de deminuere. Comme le verbe, le nom est employé au propre et (av. 1640) au figuré.
■  DIMINUTIF, IVE adj. est un emprunt postérieur (XVe s.) au bas latin diminutivus, terme grammatical forgé sur le supin de diminuere. Le sens de « qui manque de qqch., est amoindri par retranchement » a disparu, partiellement remplacé par le participe passé adjectivé diminué (v. 1370). Dans la langue classique, diminutif s'est employé pour « qui représente en petit » (1595), aussi comme substantif (1637), là où le français moderne utilise miniature, réduction. Le mot s'est aussi spécialisé en grammaire (1579) comme n. et adj. (suffixe diminutif) trouvant là son emploi le plus vivant.
DIMINUENDO adv. et n. m., terme de musique, est l'emprunt (1821) de l'italien diminuendo, proprement « en diminuant », gérondif de diminuire lui-même issu du latin diminuere. Le mot, antonyme de crescendo, n'est attesté en italien même qu'en 1830, mais il existait en allemand dès 1774 ; il a pu être pris à l'allemand ou formé à partir de crescendo.
DINANDIER n. m., réfection (1576) de dignandier (XIIIe-XIVe s.), dynandier, est dérivé du nom de la ville de Dinant, située sur la Meuse, en Belgique, et qui était renommée pour la fabrication d'ustensiles de cuivre : Ph. de Commynes la décrit dans ses Mémoires (1489-1491) comme une « ville très forte de sa grandeur et très riche à cause d'une marchandise qu'ils faisoient de ces ouvraiges de cuyvre qu'on appelle dynanderie ». Le mot doit son suffixe à divers noms de métiers comme lavandier*, taillandier*.
❏  Le mot dénomme le fabricant et marchand d'ustensiles de cuivre jaune. Il a vieilli.
❏  DINANDERIE n. f. (1387) est soit dérivé de dinandier, soit formé sur le nom de la ville.
DINAR n. m. est emprunté (1697) à l'arabe dīnār, mot désignant une monnaie d'or et venant lui-même du latin denarius (→ denier), probablement par l'intermédiaire du grec tardif dênarion.
❏  Apparu en histoire pour désigner une monnaie d'or frappée à la fin du VIIe s. par les califes arabes, le mot désigne aujourd'hui l'unité monétaire de divers pays arabes (Irak, Jordanie, Algérie, Tunisie) et de la Yougoslavie.
DINDE n. f. est issu (1600) des syntagmes antérieurement attestés poulle d'Inde (1542 dans Gargantua), coq, poulle, poullet d'Inde, également relevés chez Rabelais (1552) pour le dindon, la dinde et le dindonneau. Ces dénominations existaient déjà au moyen âge (1380, poulle d'Ynde), mais elles servaient à désigner la pintade (on relève aussi dans ce sens geline d'Inde, 1385 ; coq d'Inde, 1465 et poule dainde, 1508). Le syntagme calque le latin médiéval gallina de India (XIIIe s.) dans lequel India désignait l'Abyssinie, où la pintade vivait à l'état sauvage. Le changement de sens a eu lieu après que les Espagnols aient conquis le Mexique (premier quart XVIe s.) et qu'ils y aient découvert le dindon, importé peu après en Europe (en France v. 1532). L'italien a gallo et gallina d'India, l'allemand indianischer Hahn, l'anglais cock et hen of India.
❏  Dinde, qui désigne la femelle de l'oiseau nommé dindon (ci-dessous), est appliqué familièrement à une femme sotte et prétentieuse (1752).
❏  Le mot a servi à former le masculin DINDON n. m., d'abord écrit d'Indon et désignant le petit de l'animal chez O. de Serres (1605), lequel employait pour le dindon adulte le mot d'Indart. ◆  Par la suite, dindon est réservé à l'oiseau adulte (1668), tandis que le dérivé DINDONNEAU n. m. (1651) s'applique au petit. ◆  Parallèlement à dinde, dindon se dit au figuré d'un homme vaniteux et niais (1793), notamment dans la locution proverbiale être le dindon de la farce qui se rapporte au sémantisme de la duperie (Cf. dupe, pigeon...) ; ce sens a été popularisé par la pièce de Feydeau intitulée Le Dindon (1896).
■  De dindon sont dérivés DINDONNIER, IÈRE n. (av. 1660), « gardeur, euse de dindons », et adj. (1678, la dindonnière gent, La Fontaine), également au figuré (1897) et DINDONNER v. (1828), mot familier pour « duper facilement », aujourd'hui vieilli.
L DÎNER v. intr. est issu, sous la forme disner (v. 1131), du bas latin disjejunare « rompre le jeûne », devenu par haplologie (réduction de deux syllabes -je, ju- à une) disjunare ; le même verbe latin a donné déjeuner*, dîner correspondant aux formes en disn- non accentuées sur le radical : on relève disnare en latin médiéval au IXe siècle.
❏  Les deux verbes signifient d'abord « prendre le premier repas de la journée, le matin ». Avec la modification des mœurs, le premier des deux principaux repas s'est pris en milieu de journée, celui du matin (le déjeuner) devenant une simple collation, et dîner s'est dit pour « prendre le repas de midi » (1532). Le verbe dîner a commencé à s'appliquer au repas du soir (av. 1747), usage répandu au cours du XIXe s. au détriment du verbe souper, lui-même réservé à un repas pris tardivement.
❏  L'infinitif substantivé DÎNER n. m. (av. 1150) a suivi la même évolution, de « premier repas de la journée » à « repas de midi », puis au sens actuel de « repas du soir » (1814), remplaçant dès lors souper. Cette évolution n'a pas eu lieu dans toute la francophonie ; ainsi, en Belgique, en Suisse romande, au Québec, dîner, verbe et nom, s'applique au repas du milieu de la journée.
■  Par métonymie, dîner sert aussi à désigner les mets qui composent ce repas (v. 1170) et le temps où il a lieu (différent : milieu ou fin de la journée selon les régions francophones, voir ci-dessus).
Le nom a servi à former les composés AVANT-DÎNER n. m. (1836, antérieurement « fin de matinée » en 1502), APRÈS-DÎNER n. m. (1362), dont la valeur a suivi celle de dîner, ainsi que le diminutif DÎNETTE n. f. (XVIIe s. : faire la dînette 1650 ; XVIe s. selon Bloch et Wartburg) lequel désigne un repas léger dans un usage familier et un petit repas d'enfants simulant un repas d'adultes (1839). Par métonymie de ce dernier sens, le mot sert à désigner un petit service de vaisselle servant de jouet (1852). ◆  En français québécois, dînette se dit de ce qu'on appelle en France le « coin repas » dans une cuisine, ou encore une petite cuisine (parfois appelée kitchenette en français de France).
■  Le verbe lui-même a produit DÎNÉE n. f. (XIIe s.), substantivation de son participe passé féminin, pour désigner le temps du dîner, mot employé dans la langue classique pour désigner les frais de nourriture des chevaux et des personnes durant un voyage et l'auberge où l'on s'arrêtait manger (1689, Mme de Sévigné).
■  Sont ensuite apparus DÎNATOIRE adj. (XVIe s.), mot familier surtout vivant dans déjeuner dînatoire « tenant lieu de dîner » (d'abord « petit déjeuner » servant de dîner [repas de midi] au Canada [1743]) et DÎNEUR, EUSE adj. et n. (1609).
■  Enfin, la langue populaire a produit le déverbal DÎNE n. f. (1905, à la suite de la dînée, 1844) au sens de « repas ». Ce mot ne semble plus employé.
❏ voir MIDINETTE.
DINGHY n. m., d'abord dingui (1836), puis dinghi (1870) et dinghy (1870), est emprunté à l'anglais dinghy, dingey, attesté sous la forme dinga en 1794 et dingy en 1810. L'anglais l'a emprunté à l'hindi dingi « petit bateau ».
❏  Introduit par les voyageurs, le mot désigne un petit bateau plat à arrière pointu, en usage au Bengale. Il a été acclimaté pour dénommer un petit bateau de plaisance à moteur hors-bord et (1950) un canot pneumatique de sauvetage.
1 DINGO n. m. est emprunté (1789) à l'anglais dingo, lui-même emprunté à une langue d'Australie.
❏  Le mot est relevé dans une traduction de W. Tench (1789) qui cite le mot comme aborigène, et de nouveau chez Dumont d'Urville (1834-1835). Il désigne un chien sauvage d'Australie.
DINGUER v. intr. est dérivé (1540) du radical onomatopéique din-, ding- exprimant le balancement d'une cloche. Celui-ci est probablement la forme dissimilée de dind-, variante de dand- qu'on retrouve avec dandiner*.
❏  La forme dinguer est relevée une première fois en 1540 avec un sens mal élucidé (« vaguer » ?). Il est repris et répandu au XIXe s. dans l'usage populaire avec le sens de « tomber, s'effondrer » et dans la locution factitive envoyer dinguer (1833) « repousser violemment ».
❏  Dinguer entre dans la formation du composé tautologique VALDINGUER v. intr. (1894) dont le premier élément représente valser*. De valdinguer est issu le déverbal VALDINGUE n. m. (v. 1940), équivalent argotique de valise, fait sous l'influence de ce dernier et de l'équivalence sémantique faire sa valise « partir ».
Quant à DINGUE adj. et n., attesté depuis 1916 chez Barbusse, il s'agit peut-être du dérivé régressif de dinguer : on a proposé une évolution sémantique menant de l'idée d'« aller de-ci, de-là » à celle de « divaguer, être fou » ou encore, selon P. Guiraud, un développement à partir de l'idée originelle de « sonner les cloches » (Cf. développement analogue de timbré, piqué, sonné). Un rapport avec dengue* n. f., emprunt au swahili denga par l'anglais, désignant une forme fébrile de paludisme, n'est pas à exclure, dengue « paludisme » étant attesté en 1890. ◆  Dingue est passé dans le langage à la mode (v. 1970-1980) avec la valeur purement intensive d'extraordinaire, fabuleux. En parlant des personnes, il continue à signifier « fou, cinglé », et a pour dérivé DINGUERIE n. f. (1960). Le composé FRAPPADINGUE adj. est un intensif plaisant ; il vieillit.
2 DINGO adj. et n., attesté en 1907 sous la forme suffixée dingot, est généralement considéré comme un dérivé de dingue mais son apparente antériorité pose problème. Il a vieilli par rapport à dingue.
■  Plus récemment, dingue a donné DINGUERIE n. f. (attesté chez A. Sarrazin, 1966) employé à propos d'un caractère, d'une action dingue.
DINH n. m., emprunt d'un mot vietnamien en français du Viêtnam, désigne une maison communale pour plusieurs villages, temple, lieu de réunion, salle des fêtes, parfois réservée aux notables pour discuter des intérêts communaux.