DIURÉTIQUE adj. et n. m. est emprunté au bas latin médical diureticus, emprunt au grec tardif diourêtikos « qui fait uriner », de diourein, de di(a)- et ourein « uriner ». Ce verbe, pour lequel on pose un itératif °ϝorsein répondant au sanskrit varṣati « pleuvoir », serait à l'origine un euphémisme.
❏  Le mot est substantivé pour désigner une substance qui augmente l'excrétion d'urine.
❏  Au même groupe se rattache DIURÈSE n. f., emprunté (1750) au latin médical diuresis, lui-même emprunté au grec diourêsis « excrétion d'urine », de diourein. Le mot français concerne l'excrétion urinaire considérée du point de vue de son volume ou de sa nature.
DIURNE adj. est emprunté (1425) au latin diurnus « de jour » (par opposition à nocturnus → nocturne) et « de chaque jour, quotidien ». L'adjectif est issu, par une forme intermédiaire °diusnus, de dies (→ jour).
❏  Le mot a d'abord le sens didactique de « qui s'accomplit en vingt-quatre heures » réalisé en astronomie, puis la valeur usuelle de « qui a lieu pendant le jour » (par opposition à nocturne). L'adjectif semble avoir été rare jusqu'au XVIIIe siècle.
❏  On relève, dans l'usage didactique, l'adjectif DIURNAL, ALE, AUX (1525), emprunté au bas latin diurnalis de diurnus, et qui a repris le sens de « de chaque jour, journalier » que diurne n'a pas assumé, spécialement dans l'expression actes diurnaux (1864, Littré), employée par les historiens de l'Antiquité pour désigner une sorte de journal officiel institué par César. Diurnal est substantivé (1671) comme terme de liturgie pour désigner le livre de prières renfermant l'office du jour.
DIVA n. f. est un emprunt, attesté pour la première fois en 1831 (et chez Gautier, 1832), à l'italien diva « cantatrice » (XIXe s.), proprement « déesse » (1317-1321, Dante). Ce nom est emprunté au latin classique diva (→ déesse à dieu).
❏  Diva, par extension, a été employé (v. 1920) pour désigner une grande et célèbre vedette féminine du cinéma (on a aussi employé le masculin divo, en ce sens).
❏  Un diminutif aujourd'hui vieilli, DIVETTE n. f. (1890), emprunté au diminutif italien divetta, a servi à désigner une chanteuse en renom de café-concert, d'opérette ; le rapport à diva est le même que celui de starlette à star.
DIVAGUER v. intr. est emprunté (1534) au bas latin divagari « errer çà et là, flotter », verbe formé de dis- (→ dé-) et de vagari « aller çà et là, errer », également employé au figuré (→ vaguer).
❏  Le verbe signifie « errer en s'éloignant » et, figurément, « s'écarter de son sujet en parlant » (1554). Il a perdu le sens concret, « errer çà et là », usuel en langue classique, mais on parle encore d'une rivière ou d'un chemin qui divague. L'emploi du pronominal pour « se laisser aller à la rêverie » appartient à l'usage classique.
❏  De divaguer est dérivé DIVAGATION n. f. (1577) qui a connu le même développement.
■  Deux autres dérivés sont apparus au XIXe s. : le participe présent adjectivé DIVAGANT, ANTE (1845) et DIVAGATEUR, TRICE n. et adj. (1842), d'usage restreint, désignant une personne qui divague.
DIVAN n. m. est emprunté (1519 puis 1559), peut-être par l'italien divano (1503) au turc divān qui possède à la fois le sens de « conseil politique » et de « salle de conseil, garnie de coussins ». C'est en turc un emprunt au persan dīwān (dérivé de dibir « écrivain, scribe »), mot qui désigne un registre, une liste — sens emprunté par l'arabe au VIIe s., pour « liste de contrôle d'une armée », « registre » puis « bureau, administration qui établit ces listes », sens emprunté par le turc. Par ailleurs, le persan dīwān s'employait pour « recueil de poèmes », emploi passé directement en français (voir ci-dessous).
❏  Le mot a été employé une première fois en français par un auteur italien au sens métonymique de « jour d'audience par le Grand Turc [le Sultan] », puis repris (1555, G. Postel) pour « salle de conseil du Sultan » et « conseil ». Cette valeur politique s'étend au XVIIIe s. (1759, Voltaire) à « gouvernement turc ». Par ailleurs, probablement par réemprunt au turc, le mot s'applique plus généralement à une salle de réception en Orient (v. 1660 dans un ouvrage sur la Perse). ◆  À partir de la valeur de « salle garnie de coussins », le mot s'applique au XVIIIe s. (1742) à un siège long, confortable, sans bras, sur lequel on peut s'étendre. Ce sens deviendra rapidement le plus usuel, avec, en français québécois, une valeur plus large (englobant le « canapé » français). ◆  Divan s'est dit au XIXe s. (1832) d'un café* de style oriental (au départ), sens disparu avant la fin du siècle (en 1872, Gautier en parle à l'imparfait). ◆  Par ailleurs, la valeur littéraire de « recueil poétique », reprise au persan, dans des titres d'œuvres (1697) est demeuré didactique et rare ; cet emploi est notamment repris à l'allemand à propos d'une œuvre de Goethe.
DIVERGER v. intr. est un emprunt tardif (1785 ; 1720 selon Bloch et Wartburg) au bas latin divergere « pencher, incliner », formé avec dis- (→ dé-) sur vergere « être tourné vers, incliner, pencher », verbe existant en langue classique mais peu usuel. La langue parlée employait plutôt des composés de -clinare : inclinare, declinare ou le dérivé de pendere, °pendicare, formes continuées dans les langues romanes par des formes comme incliner, décliner, pencher. Vergere lui-même est représenté par ses composés (→ converger). On a proposé sans assurance de le rapprocher du sanskrit vr̥ṇákti « il plie, il incline ».
❏  En 1785, Rousseau emploie diverger en musique, au sens de « s'écarter le plus l'un de l'autre ». Le verbe, qui fonctionne comme l'antonyme de converger, est employé dans plusieurs domaines techniques, dont la physique (1788), où son emploi dépend de celui de divergence et divergent (ci-dessous). Il a développé un sens figuré, « être en désaccord » (1830, Lamartine, Harmonies).
❏  Les deux autres mots du groupe ont été empruntés au latin dès le XVIIe siècle.
■  DIVERGENT, ENTE adj. a été emprunté en physique (1626) au latin divergens, participe présent de divergere employé en latin scientifique moderne en 1611 par Kepler (radii divergentes « rayons divergents »). Par la suite, le mot est passé dans d'autres domaines scientifiques, notamment la botanique (1778). Il a pris le sens figuré de « qui ne s'accorde pas, va en sens contraire » (1823).
■  DIVERGENCE n. f. est lui aussi un terme de physique classique (1671) emprunté au latin scientifique divergentia, employé par Kepler en 1611 et fait sur le participe latin divergens. Le mot a suivi le même développement que divergent, entrant dans les vocabulaires de la botanique, des mathématiques et, ultérieurement, de la physique nucléaire (1959). Il a pris le sens figuré d'« opposition de points de vue » au début du XIXe s. (1801). Les deux mots sont associés à leurs contraires convergent et convergence.
DIVERS, ERSE adj. est emprunté (v. 1119) au latin diversus, participe passé adjectivé de divertere (→ divertir). Diversus, à partir de son sens propre, « qui va dans des directions opposées », a développé d'autres valeurs : « opposé, éloigné, contraire », « hésitant » et en bas latin « plusieurs » (au pluriel). En outre, il a dû prendre en latin populaire le sens de « méchant », car celui-ci est très bien attesté en ancien et moyen français où divers signifie « cruel », « mauvais », « sauvage ». Les formes gallo-romanes issues de diversus ont également eu le sens fort de « singulier, bizarre », conservé dans certains dialectes : Guernesey (« extraordinaire »), Haute-Normandie (« capricieux, fantasque »), Dijon (« remuant, tapageur »), Morvan (divarse « étourdi, capricieux, folâtre, d'humeur difficile »), Saintonge (divar « réjouissant par la bizarrerie »).
❏  Le français moderne n'a retenu que les sens du latin classique : « différent » (1119) et « changeant, inconstant » (v. 1278) ; au XVIIe s., le mot était encore courant avec le sens de « contraire, opposé ». ◆  Il entre aujourd'hui dans le syntagme lexicalisé faits divers (1838) qui vient de la presse et désigne des faits de la vie quotidienne, souvent de nature criminelle.
■  Placé avant le nom, il est employé au pluriel comme adjectif indéfini au sens de « plusieurs, différents ».
❏  En est dérivé DIVERSEMENT adv. (v. 1119) qui, de la même façon que divers, n'a gardé que le sens de « différemment », perdant ses sens anciens de « bizarrement », « méchamment », « extraordinairement, beaucoup » (dialectal).
DIVERSITÉ n. f. est emprunté (v. 1165) au latin diversitas « divergence, contradiction » et « variété, différence », dérivé de diversus. En ancien français, le mot a non seulement les sens du latin mais une, des diversité(s) a aussi la valeur métonymique de « chose diverse ». En relation avec divers, il a exprimé une notion de bizarrerie, de méchanceté, jusqu'à la fin du moyen âge. La notion de « divergence, opposition » s'est maintenue plus longtemps mais elle est sentie aujourd'hui comme vieille, l'unique sens courant étant « variété ».
DIVERSIFIER v. tr., d'abord diversefier (v. 1256), est emprunté au latin médiéval diversificare, de diversus et -ficare pour facere (→ faire), plutôt que dérivé en français de divers* avec le suffixe -ifier. Comme tout le groupe, le verbe a exprimé en ancien français la notion de « tourmenter », tandis que se diversifier signifiait « se diviser », concurrençant l'ancien verbe diverser, dérivé de divers, « varier, changer » (en construction transitive ou pronominale), « se diviser », dont le participe présent diversant avait le sens de « repoussant ». Diversifier a seulement conservé l'idée de « rendre divers », « différencier ».
■  Son radical a servi à former DIVERSIFICATION n. f. (1286-1290), employé avec le sens de « différence » jusqu'au XVIe s., avant que ne l'emporte le sens moderne « action de diversifier » (1365), rare entre le XVIe s. et la seconde moitié du XIXe s. (Littré), aujourd'hui usuel en économie.
■  Au XXe s., diversifier a donné DIVERSIFIANT, ANTE adj., tiré de son participe présent (1916), et DIVERSIFICATEUR, TRICE adj., synonyme didactique du précédent.
DIVERSION n. f. est emprunté (1314) au bas latin diversio « action de détourner », spécialement « digression », nom d'action fait sur le supin (diversum) de divertere (→ divertir).
❏  Le mot a été introduit par les médecins avec le sens concret d'« action de détourner ». Son usage moderne date du XVIe s., lorsqu'il passe dans le langage de la stratégie militaire (1587, faire diversion) et prend son sens figuré de « distraction, détournement » (1588, Montaigne), avec ou sans connotation péjorative.
DIVERTIR v. tr. est emprunté (1370-1380) au bas latin divertere « se détourner, se séparer de, être différent », de dis- (→ dé-) et vertere « tourner » et, intransitivement, « se tourner, se diriger », « changer » (→ verser).
❏  Le verbe a connu le même type de développement que distraire : il a d'abord réalisé le sens de « détourner (qqn) de qqch. », encore usuel en langue classique, et au figuré celui de « dissiper ». Par extension, il a été employé dans le domaine de la pensée pour « amener (qqn) à d'autres idées (sans nuance particulière de gaieté) » (1608). ◆  Ce sens a décliné au profit de distraire, le mot ne conservant que le sens d'« amuser, distraire en récréant » (1633, se divertir).
❏  Le participe présent adjectivé DIVERTISSANT, ANTE (1637) est propre au style soutenu ou comporte une nuance ironique.
■  Le nom produit par divertir est DIVERTISSEMENT n. m. (1494), d'abord employé au sens propre « action de détourner (qqch., de l'argent) au profit de qqn ». Il a pris ensuite une valeur psychologique, « action de détourner de ce qui occupe » (1580), rendue célèbre par Pascal dans un contexte de philosophie morale, puis, dans un second temps, le sens moderne « action de se distraire, de s'amuser » (1633) et, par métonymie, « moyen de se distraire » (un divertissement).
■  Il désigne spécialement une suite de courtes pièces instrumentales destinées à être exécutées en plein air, au cours d'un repas, en vogue au XVIIIe s. (1790). ◆  En ce sens, il est concurrencé par l'italianisme DIVERTIMENTO n. m. (1951).
❏ voir DIVERS, DIVERSION, DIVORCE.
DIVIDENDE n. m. est emprunté (1555) au bas latin dividendus « nombre à diviser par un autre », substantivation de l'adjectif verbal dividendus « qui doit être divisé » de dividere (→ diviser).
❏  Le mot, introduit en arithmétique, est passé dans le langage des finances, d'abord sous la forme dividend, qui semble empruntée à l'anglais (1716), puis dividende (1719), avec une variante dividente (1735). Il désigne alors, au pluriel, la quote-part des bénéfices réalisés par une entreprise qui est attribuée à chaque associé lors de la répartition.
DIVIN, INE adj. et n. m. est emprunté (1050) au latin divinus « de dieu, des dieux », « qui devine, prophétique » (→ devin) et « merveilleux, excellent », dérivé de divus « dieu », forme supplantée, avec son féminin diva (→ diva), par deus, dea, et réservée à la désignation des personnages divinisés, notamment les empereurs.
❏  L'adjectif qualifie ce qui est propre à Dieu (dans un contexte chrétien), puis également, aux dieux. Son sens extensif, « beau, excellent, parfait », est relevé pour la première fois chez Ronsard qui, dans ses Amours (1552), qualifie Du Bellay de divin. C'est aussi chez le poète des Amours que le divin est attesté pour la première fois comme nom. Le féminin divine sert quelquefois à désigner une femme d'une beauté exceptionnelle (ce fut le surnom donné à Greta Garbo).
❏  De divin sont dérivés DIVINEMENT adv. (1327), « par l'action de Dieu » et « merveilleusement » (1540), ainsi que DIVINISER v. tr. (1581) « mettre au rang des dieux, de Dieu », également, par une extension hyperbolique, « exalter » (av. 1660)
■  Le nom d'action correspondant, DIVINISATION n. f., est attesté pour la première fois en 1719 dans une traduction du latin (Plaute).
DIVE adj., synonyme littéraire de divin, est emprunté (1291) au latin divus « divin », mot supplanté par divinus, qui a donné divin. Le mot est d'abord attesté dans le composé diviadrien « du divin Adrien » et dans dive Adrien (1357) ; une attestation de 1200 pourrait provenir d'une erreur de lecture pour dine, ancienne forme de digne. L'adjectif est encore connu pour l'usage qu'en a fait Rabelais dans la dive bouteille (1546).
DIVINITÉ n. f. est emprunté (1119) au latin divinitas « nature divine, être divin », employé parallèlement à divinus (→ divin) dont il est dérivé, au sens hyperbolique d'« excellence » ; le mot s'est spécialisé en latin chrétien au sens de « Dieu ». Divinité a d'abord le sens de « théologie », puis désigne l'essence, la nature divine (XIIIe s.) et l'être divin, Dieu (1501). Au XVIe s., par extension, il se dit d'une femme très belle (1560) et, plus généralement (Corneille, 1642), de toute chose ou personne adorée.
❏ voir DEVINER, DIVINATION.
DIVINATION n. f. est emprunté (1206) au latin divinatio « art de deviner, de prédire », employé dans un contexte judiciaire pour désigner un débat en vue de déterminer qui sera l'accusateur. Divinatio est le nom d'action formé sur le supin de divinare « présager, prévoir » (→ deviner). En ancien et moyen français, il y a eu une certaine concurrence entre les formes influencées par deviner*, devinoison (1206) et surtout devination (1214-1585, encore en 1768) et les formes en di-, divination (XIIIe s.), divignacion (déb. XVe s.).
❏  Le mot exprime l'action de découvrir les choses cachées par des moyens occultes et, par extension, l'action de deviner, de connaître instinctivement (av. 1770).
❏  Son radical a servi à former DIVINATOIRE adj. (1390) « relatif à l'art, à la pratique de la divination ».
■  DIVINATEUR, TRICE adj. et n. est un emprunt (1450) au bas latin divinator n. « devin », de divinatum, supin de divinare. Le mot a été éclipsé par devin* ; il a subsisté comme adjectif avec le sens de « qui devine, pressent ce qui doit arriver » (1806).
DIVISER v. tr. est la réfection (1377) de l'ancien français deviser* d'après l'étymon latin de celui-ci, dividere « partager, répartir ».
❏  Le mot est rare avant le XVIe s., lorsqu'a lieu la répartition définitive des sens de deviser et diviser, diviser gardant le sens de « séparer un ensemble en plusieurs unités ». À la fin du moyen âge (v. 1500), il a pris le sens figuré de « brouiller, semer la discorde », avec un emploi absolu, par exemple dans diviser pour régner. Certains emplois (diviser qqn de soi, se diviser de), usuels en langue classique, ont disparu au profit de séparer. Le pronominal se diviser à « se partager entre » appartient lui aussi à la langue classique. Les emplois spéciaux, par exemple en arithmétique, sont liés à ceux de division (ci-dessous).
❏  À côté du participe passé adjectivé DIVISÉ, ÉE, qui assume les sens correspondant à ceux du verbe, existe toujours la forme DIVIS, ISE adj. et n. m., d'abord devis (Xe s.), issu du latin divisus, participe passé de dividere. Divis a été employé jusqu'au XVIe s. avec le sens de « divisé » et le sens figuré de « désuni » ; il a été repris au XIXe s. comme terme de droit, par opposition à INDIVIS, ISE adj. (1332). Ce dernier, emprunté au latin juridique indivisus, signifie d'abord en général « non partagé », se spécialisant en droit de la propriété au XVIe s. (1562). Voir ci-dessous indivision. ◆  Dès 1278, divis est substantivé au masculin à propos du partage d'un bien entre plusieurs propriétaires, là encore sous la forme devis refaite en dyvis (1374), divis (→ devis).
DIVISEUR n. m. et adj. est emprunté (v. 1175) au latin divisor « celui qui partage, répartit, sépare », nom d'agent fait sur le supin (divisum) de dividere. Le mot a désigné celui qui règle, ordonne, sens sorti d'usage avant le XVIe s., puis celui qui opère un partage, une séparation, qui établit un bornage (av. 1270). En mathématiques, il désigne le nombre par lequel on en divise un autre, appelé dividende* (XVe s.). ◆  Ultérieurement, il a pris, en relation avec le sens figuré de diviser et de division, le sens de « personne qui sème la discorde » (1794). Enfin, il est employé techniquement (av. 1974) pour un dispositif qui déplace une pièce en cours d'usinage afin de la faire traiter par diverses unités de travail.
DIVISIBLE adj. est emprunté (1335) au dérivé bas latin divisibilis.
■  Il a entraîné la création de DIVISIBILITÉ n. f. (fin XIVe s.), tandis que son antonyme préfixé INDIVISIBLE adj. a été emprunté (1314) au latin indivisibilis et a entraîné INDIVISIBLEMENT adv. (1470) et INDIVISIBILITÉ n. f. (v. 1380).
Le nom d'action DIVISION n. f. a été emprunté (v. 1119) au latin divisio « partage, séparation, répartition, distribution », dérivé du supin de dividere. De sens général, le mot se spécialise en arithmétique (v. 1275) et en droit (1283, division... des biens). ◆  Son emploi dans division du travail remonte à la traduction des œuvres de l'économiste anglais Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1778), mais l'expression ne s'est répandue qu'au XXe s. avec le taylorisme.
■  Parallèlement, le mot désigne depuis la première moitié du XIIe s. ce qui divise (par exemple le tiret ou trait d'union, appelé en typographie petite div.) et, par métonymie, la partie divisée d'un tout. ◆  Dans le domaine militaire (1690), il dénomme une grande unité dans une armée, avant de s'appliquer dans l'administration et récemment dans les entreprises. ◆  Le sens figuré correspondant à celui du verbe, « dissension », est attesté depuis 1436.
■  Division a produit quelques dérivés et composés : l'adjectif DIVISIONNAIRE adj. (1793), spécialisé en administration militaire et policière (commissaire divisionnaire), les termes de technique picturale DIVISIONNISME n. m. (1919) et DIVISIONNISTE adj. et n. (1908).
■  L'antonyme INDIVISION n. f. (XVe s.) est surtout employé en droit pour « état d'un bien indivis » (être, rester dans l'indivision).
■  Quant au terme militaire ENDIVISIONNER v. tr. (1871), antérieur à 1850 si l'on en juge par le dérivé ENDIVISIONNEMENT n. m. (1838), il provient de division au sens militaire et semble sorti d'usage.
■  Avec le préfixe sub-, on a formé la série SUBDIVISER v. tr. (1377 ; antérieurement sous-diviser, 1314). SUBDIVISION n. f. (1314) est emprunté au latin subdivisio et SUBDIVISIBLE adj. (1877) est dérivé de subdiviser. Les deux premiers sont usuels, notamment en parlant d'un texte, d'un programme, d'une classification.
DIVORCE n. m. est emprunté (1320) au latin divortium « séparation » et spécialement « séparation des époux », dérivé de divortere, variante de divertere (→ divertir).
❏  Le mot est attesté isolément avec un sens douteux (« délai, atermoiement » ?) puis (1395) avec sa valeur moderne de « rupture légale du mariage civil », dans un contexte antique. L'emploi dans un contexte moderne est fonction des institutions : interdit par l'Église catholique mais autorisé par les protestants (XVIe s.), le divorce, en France, est légal de 1790 à 1815, puis de nouveau interdit. Il ne redevient légal qu'en 1884. Mais le mot lui-même s'était diffusé dès le XVIIIe s., prenant par extension le sens figuré de « rupture, dissension ».
❏  Le dérivé DIVORCER v. intr. (1395) est d'abord attesté par le participe passé, dans mariage divorcé, sorti d'usage, le participe adjectivé puis substantivé ne s'appliquant plus qu'aux personnes, puis en construction intransitive (1434). La forme pronominale se divorcer de, vivante au XVIe et au XVIIe s., n'est plus usitée. Le moyen français avait un adjectif divorce (déb. XIVe s.) « séparé », issu du latin divorsus, participe passé de divortere.
■  Le terme didactique DIVORTIALITÉ n. f. (v. 1950) est formé sur le radical du latin divortium d'après nuptialité*, mortalité*.
DIVULGUER v. tr. est emprunté (v. 1355) au latin divulgare « rendre public » et, avec une proposition infinitive complément, « répandre le bruit que ». Ce mot est formé de dis- et vulgare « répandre dans le public, propager », « offrir à tout le monde » et en particulier « prostituer », dérivé de vulgus « commun » (→ vulgaire, vulgate).
❏  Le mot, repris avec le sens de « faire connaître, répandre », n'a pas eu d'extension.
❏  DIVULGATION n. f. (1510) est emprunté au latin divulgatio « action de répandre, révéler » et DIVULGATEUR, TRICE n. et adj. (1552) au latin divulgator « celui qui propage », deux dérivés tardifs de divulgare.
L DIX adj. et n. inv., d'abord dis et diz, est issu (v. 1050) du latin decem « dix », qui contient la racine indoeuropéenne °dekm̥ servant à exprimer la notion de « dizaine », et représentée dans le grec deka (→ déca-) et ses composés (→ dodéca-).
❏  Dix, adjectif numéral cardinal, a développé un sens indéterminé existant déjà en latin, et exprimant une petite quantité (1771, en dix lignes) ou un grand nombre de fois, selon le contexte. À partir du XVIe s., le mot est également employé comme ordinal. Il est substantivé dès le XIIe s. pour désigner le nombre dix, emploi réalisé dans des expressions comme dix pour cent (1585) et dans le vocabulaire des jeux de cartes, des dominos et dés (1680) : un dix de cœur, un double dix...
❏  Dix, en composition, forme les noms des adjectifs numéraux de la fin de la première dizaine : DIX-SEPT adj. et n. (XVIe s.), contraction de dis e set (XIIe s.), DIX-HUIT adj. et n. (XVIe s.), contraction de dis e uit (XIIe s.), et DIX-NEUF adj. et n., contraction de dis e neuf (XIIe s.).
■  DIX-HEURES n. inv. est employé en Belgique par métonymie pour désigner la pause du milieu de la matinée et une petite collation prise à ce moment (préparer le dix-heures des enfants). En Suisse, on dit : les dix-heures.
■  Le dérivé ordinal DIXIÈME adj. et n., d'abord diseme, disime (XIIe s.), a supplanté dans ses emplois généraux le plus ancien disme (1080), représentant du latin decimus (→ dîme). Dixième a lui-même produit DIXIÈMEMENT adv. (1503).
■  Parallèlement, les composés de dix produisaient les ordinaux DIX-SEPTIÈME adj. et n. (XIIe s. sous la forme dis e setime), DIX-HUITIÈME adj. et n. (v. 1170, dis e uitme) et DIX-NEUVIÈME adj. et n. (XIIe s., dis e nuef, dis e novain), les adverbes en -ment correspondants étant attestés au XVIe siècle.
Dès l'ancien français, dix a donné DIZAIN n. m., d'abord dezen (fin Xe s.), signifiant « dixième » jusqu'au XVe siècle. Le sens moderne de « strophe ou poème de dix vers » remonte au XVe s. ; l'acception « ensemble de dix grains de chapelet » (1561) est sorti d'usage au profit du féminin.
■  DIZAINE n. f. (1360-1370) sert à désigner un groupe de dix unités, en particulier la succession de dix grains d'un chapelet (1690) et, par métonymie, l'ensemble des dix prières récitées en comptant les grains. Son dérivé, DIZENIER ou DIZAINIER n. m. (XIVe s.) désignait le chef d'une dizaine d'hommes dans la garde bourgeoise.
■  Autre dérivé de dix, DIZEAU n. m. est le nom donné régionalement à un groupe de dix gerbes dressées et appuyées les unes contre les autres (1539).
DJEBEL n. m. est un emprunt (1870) à l'arabe, où le mot signifie « montagne ».
❏  Montagne, terrain montagneux au Maghreb (vocabulaire géographique et militaire).
DJELLABA n. f. est emprunté, sous des formes variées, jilleba (1743, dans une traduction de l'anglais), gélabia (1832), dgilabab (1836), djellâba (1844), enfin djellaba (1849) et djellabah, au mot arabe du Maroc ǧallāba, ǧallābiyya (XIIIe s.) d'où gelibîa en moyen français (1505). Le mot arabe désignerait à l'origine (Dozy) soit un vêtement porté par les ǧallāb, marchands d'esclaves, soit le vêtement des esclaves.
❏  Le mot désigne une longue robe à manches et capuchon portée par les hommes et les femmes au Maroc.
DJEMAA n. f., emprunt à l'arabe d'Algérie, désignait, durant la période française, l'assemblée des représentants d'un douar.
DJIHAD n. f. est un emprunt (1870 ; écrit djehad, 1846) à l'arabe djihad (gihād), signifiant « effort suprême » et appliqué à la guerre sainte.
❏  Le mot, diffusé en français dans les années 1980, avec les mouvements intégristes, désigne la guerre sainte pour défendre et propager l'islam. Le sens du mot s'est perverti avec les idéologies terroristes de certains intégristes, où il recouvre l'idée de terrorisme anti-occidental.
❏  Le dérivé DJIHADISTE n. et adj. (années 1990) s'applique à la djihad authentique et s'emploie comme euphémisme pour « terroriste anti-occidental se réclamant de l'islam ».
❏ voir MOUDJAHIDDIN.