DOLÉANCE n. f., sous son ancienne forme douliance (XIIIe s. selon Bloch et Wartburg ; 1321-1327 in T. L. F.), est dérivé, avec le suffixe -ance, de l'ancien français douloir (Xe s.) « souffrir », du latin dolere (→ deuil, douleur). Ce participe est attesté sous les formes doliants (Xe s.), doillanz, deuillant (1170), l'l mouillée étant due aux formes du subjonctif dueille, doille (remontant au latin doleam). L'-é- de la forme actuelle, doléance (1429), est d'origine obscure : douliance a pu être refait en °douloyance, d'après le verbe douloyer (XVIe s.), puis en doléance sur le modèle de croyance / créance. Quant à l'-o- de la première syllabe, à côté de douleur*, douloir, il résulte d'une prononciation qui se retrouve aussi dans soleil.
❏  Le mot, d'abord solidaire de deuil et de douleur, a exprimé une idée de tristesse jusqu'au XVIIe siècle. Par métonymie, il a désigné une plainte, une lamentation (1373). De là, il s'est spécialisé, généralement au pluriel doléances (1429), au sens de « plainte pour réclamer au sujet d'un grief » et, dans le contexte politique, de « réclamations présentées au roi et consignées dans les cahiers des États » sous l'Ancien Régime (1690).
❏ voir CONDOLÉANCE, DOLENT.
DOLENT, ENTE adj., d'abord doliants (av. 950), puis dolente au féminin (1050), est soit un emprunt très ancien au latin dolens, participe présent de dolere adjectivé au sens de « qui fait souffrir », soit (Bloch et Wartburg) issu d'une forme °dolentus, réfection de dolens dans le latin populaire de la Gaule septentrionale. Dolere, employé intransitivement pour « éprouver de la douleur » (au physique comme au moral) et transitivement au sens de « s'affliger de, déplorer », est parfois rapproché, sans certitude, de dolare (→ doloire), et signifierait originellement « recevoir des coups, être battu ».
❏  Le mot, usuel en ancien et moyen français avec les sens de « triste, affligé » et « qui souffre », appartient aujourd'hui à l'usage littéraire. Il est plus courant pour qualifier la personne qui exprime plaintivement une souffrance, parfois avec la valeur péjorative de « geignard ».
❏  Les dérivés adverbiaux DOLENTEMENT (déb. XIIIe s., dolantement), fait sur le féminin analogique dolente, et DOLEMMENT, formé (1599) sur dolent, sont archaïques et littéraires, de même que se DOLENTER v. pron. (1819) et DOLENCE n. f. (av. 1589, dolance), repris sous sa forme actuelle par Huysmans (1891).
INDOLENT, ENTE adj. a été emprunté beaucoup plus tard (av. 1636) au bas latin indolens « qui ne souffre pas ». En moins d'un siècle, il a perdu le sens initial, « insensible à la douleur », sauf en médecine, en concurrence avec indolore. Il a dérivé vers le sens actuel de « qui évite de se donner de la peine, nonchalant », apparu vers le milieu du XVIIe s. (av. 1660), évoquant lenteur, mollesse et inactivité. ◆  Cette acception s'est répandue au XVIIIe s., produisant à son tour INDOLEMMENT adv. (av. 1742).
■  INDOLENCE n. f., repris antérieurement (XIVe s.) au latin indolentia « absence de douleur », a connu une évolution analogue. Le moyen français l'a employé dans un sens douteux, peut-être « nature, constitution physique » par confusion avec un autre mot latin, paronyme de indolentia. Le sens d'« insensibilité », au physique (1557) et au moral (av. 1593), l'a cédé au cours du XVIIe s. à l'idée de « nonchalance » (av. 1660).
DOLLAR n. m. est l'emprunt (1776) du mot anglo-américain dollar désignant l'unité monétaire des États-Unis vers 1750 (le congrès décida d'adopter une monnaie à système décimal en 1785). Dollar existait antérieurement en anglais, d'abord sous les formes daller, doller (XVIe s.) « thaler ». Il est issu du bas allemand daler (1553), correspondant à l'allemand taler, thaler « monnaie d'argent » (frappée en 1519) [→ thaler]. Le mot sert ensuite à désigner l'unité monétaire de divers pays, dont l'unité monétaire canadienne, (1853), appelée familièrement piastre au Québec.
❏  Le mot, sans qualification, désigne le dollar des États-Unis, à côté de dollar canadien (1853), dollar de Hong-Kong, etc. Dans son contexte le plus courant en français de France, il connote le « billet vert », l'argent aux États-Unis.
❏  L'impérialisme de la monnaie américaine a suscité les composés EURODOLLAR n. m., emprunt à l'anglais (1962, euro-dollar), PÉTRODOLLAR n. m. (1974 ; aussi pétro-dollar), etc.
❏ voir THALER.
DOLMAN n. m. est emprunté (1763) au turc dolama « manteau de parade rouge, porté par les janissaires », probablement par l'intermédiaire de l'allemand Dolman (1500) et du hongrois dolmany.
❏  Le mot, introduit avec le sens de « robe de dessous des Arméniens » (emploi isolé chez Rousseau), désigne (1812) la veste à brandebourgs portée autrefois par les hussards et les chasseurs à cheval. Par analogie, il se dit d'un vêtement masculin ou féminin de même type. Le mot turc dolama avait déjà fait l'objet d'un emprunt direct (1519) avec le sens de « longue robe ouverte, en usage en Turquie ». Dolman, employé par les écrivains romantiques (Hugo, Chateaubriand) pendant la vogue de l'orientalisme, a vieilli, sauf en histoire de l'habillement militaire.
DOLMEN n. m. est probablement la transcription inexacte, sous la forme dolmin (1796, La Tour d'Auvergne) du cornique (gaélique de Cornouailles) tolmen (1754), cette erreur étant reprise par les autres archéologues français. L'hypothèse invitant à y voir une formation directe à partir des deux mots bretons taol, tol « table » (du latin tabula, → table) et mean, men « pierre » (du latin moenia « muraille »), est moins convaincante : la composition normale en breton aurait dû donner taolvean, tolven. Le français a gardé dolmin jusqu'en 1810 (Chateaubriand) ; la forme dolmen (1805) l'a remplacé depuis.
❏  Le mot désigne un monument mégalithique constitué par une dalle de pierre reposant sur des piliers. Il est souvent associé à menhir.
❏  En est dérivé l'adjectif didactique DOLMÉNIQUE (1876), peut-être d'après l'anglais dolmenic (1822).
L DOLOIRE n. f. est issu sous la forme doleoire (v. 1150) du latin tardif dolatura (VIIIe s.), dolatoria « hache » (IXe s.), formé sur le supin dolatum de dolare « dégrossir à la hache, façonner, équarrir (le bois puis la pierre) ». Comme cette hache s'utilisait par coups répétés, le verbe a pris les sens de « battre (qqn) » et de « forniquer ». La racine du mot se retrouve dans plusieurs langues indoeuropéennes, dans le grec daidalos « travaillé avec art » (→ dédale), le vieux russe dolĭ « part », le celtique (irlandais) et le sanskrit (dalam « part, morceau », dálati « il éclate »).
❏  Le mot désigne une hache de charpentier, (1481) un outil de tonnelier et (1818) de maçon et, en héraldique, une hache d'armes sans manche (fin XIVe s.). Par figure, il s'applique à un type de bandage rappelant l'obliquité du tranchant de la doloire (1680) et une forme de feuille dite en doloire (1778, Lamarck).
❏  Le verbe latin dolare a donné par emprunt le verbe technique DOLER v. tr. (v. 1170).
■  DOLABRE n. f. (1503) est emprunté au latin dolabra « outil à tête double, hache et pic », autre dérivé de dolare.
■  DOLEAU n. m., attesté au XVIIIe siècle, est le nom d'une hachette pour équarrir des ardoises.
DOLICHO-, premier élément de mots didactiques, vient du grec dolikhos « long ».
❏  DOLICHOCÉPHALE adj. et n. (1842), terme d'anthropologie physique, qualifie et désigne un être humain à la boîte crânienne relativement allongée. Il s'oppose à brachycéphale (→ brachy-).
DOLICHOCÔLON n. m., terme d'anatomie, s'applique (1931) à un côlon plus long que la normale.
DOLOMIE, DOLOMITE n. f., terme de minéralogie, a été créé par H. B. de Saussure sous la forme dolomie (1792) à partir du nom du naturaliste français Déodat de Dolomieu (1750-1801) qui découvrit cette roche. Au moyen du suffixe -ite, on a formé dolomite (1838, Académie.).
❏  Les deux mots interfèrent : dolomie s'applique à la fois au minéral et à la roche. Dolomite, qui désigne le carbonate soluble de calcium et de magnésium entrant dans la composition de ces roches calcaires, désigne, au pluriel, le massif italien des Alpes, formé de dolomite.
❏  Dolomite a produit DOLOMITIQUE adj. (1834) et DOLOMITISATION n. f. (XXe s.), peut-être par l'intermédiaire du verbe rare se DOLOMITISER.
■  Du nom géographique les Dolomites, on a tiré DOLOMITISME n. m. (v. 1960), nom d'une technique d'alpinisme pratiquée dans ce massif.
DOLOR... → DOULEUR
DOM n. m., d'abord don (1527), est emprunté à l'italien don, anciennement dom (XIIIe-XIVe s.), titre donné à certains ecclésiastiques, forme abrégée tirée du latin dominus « maître de maison », dérivé de domus « maison » (→ dôme), et employé spécialement dans la langue de l'Église pour traduire le grec kurios « le Seigneur » (→ kyrie). Dom, titre de noblesse portugais, est emprunté ultérieurement au portugais dom (994), de même origine que l'italien et que l'espagnol don (→ domino ; donjon, don Juan, don Quichotte).
❏  Le mot, écrit dom depuis le début du XVIIe s., est employé comme titre des membres de certains ordres religieux (chartreux, bénédictins). Le titre espagnol (→ don Juan) s'est aussi écrit dom au XVIIe s. par latinisation (Cf. le dom Juan de Molière). Il traduit aussi (1800) le titre portugais donné aux nobles.
DOMAINE n. m. est probablement un emprunt adapté (av. 1150) au bas latin dominium « pouvoir, autorité », juridiquement « droit de propriété, propriété », également « festin, repas ». Ce mot est dérivé soit de dominus « maître » (→ dom), soit de dominari (→ dominer). Une autre hypothèse, moins probable, en fait le dérivé de l'ancien français demaine adj. « qui appartient en propre » (1080, demenie), lui-même issu du latin dominicus « relatif au maître » (→ dimanche).
❏  Le mot a d'abord la forme demeine, attestée jusqu'en 1636 à côté de domaine (1175), donmaine (1294) et demaine (1364) ; seule la seconde forme s'est maintenue. Dans les premiers textes, il est employé avec l'acception juridique de « biens, terres dont on a la propriété », d'où couramment « terre possédée ». Dans le centre de la France (1804 dans l'Indre), domaine se dit d'une grande exploitation agricole isolée et maison de domaine, de l'habitation d'une telle ferme. ◆  Le mot est entré dans l'expression domaine du royaume (1364), qui désignait sous les Capétiens les possessions familiales du roi de France et, après Philippe Auguste, l'ensemble des provinces où le roi se substituait aux grands vassaux. On a aussi parlé de domaine du roi (1539), de domaine de la Couronne (1606). ◆  Le terme (1803), pris elliptiquement pour domaine de l'État, désigne ensuite les biens nationaux (voir domanial, ci-dessous), divisés en domaine public (1832) et en domaine privé. La locution tomber dans le domaine public (1835) se dit d'œuvres littéraires qui ne font plus l'objet de droits d'auteur, et, par extension, d'une chose qui appartient à tous.
■  À côté de ce développement juridique, domaine a pris le sens figuré de « ce qui appartient (à qqn, qqch.) » (1670), avec des acceptions spécialisées (en mathématiques, linguistique).
■  Les sens anciens, repris au latin, de « propriété, droit de propriété » (v. 1155) et « pouvoir, autorité » (v. 1175), ce dernier encore usuel en langue classique, sont sortis d'usage.
❏  Domaine n'a produit aucun dérivé si l'on excepte DOMANIAIRE adj. employé par Hugo dans Les Misérables (1865).
■  L'adjectif DOMANIAL, ALE, AUX est emprunté (XVIe s.) au latin médiéval domanialis « qui appartient au seigneur » (1387), fait sur le bas latin dominium. L'adjectif s'emploie surtout avec la valeur juridique de domaine (forêt domaniale « du domaine de l'État »). ◆  La langue juridique a forgé DOMANIALITÉ n. f. (1819) et DOMANIALISER v. tr. (XXe s.).
1 DÔME n. m. est emprunté (dosme, 1600) à l'ancien provençal doma « toit en coupole », dont l'existence paraît établie bien que l'unique attestation soit peu claire ; on relève notamment Dome (1227) en latin médiéval. Doma est lui-même emprunté, peut-être par l'intermédiaire du bas latin doma, -atis « toit en terrasse », au grec dôma, -atos « maison » (correspondant au latin domus, → 2 dôme) qui a désigné tardivement un toit ou une terrasse, sens que le mot conserve en grec moderne.
❏  Le mot, repris avec le sens de « coupole », a développé de nombreux emplois fondés sur une analogie de forme avec une coupole (spécialement en anatomie, vulcanologie, technique, marine).
2 DÔME n. m. est emprunté au début du XVIe s. (domme, 1502) à l'italien duomo « église cathédrale » (XIIIe s.), mot probablement issu du latin médiéval domus episcopi (domus episcoporum en 766 désigne la cathédrale de Lucques), de domus « maison » et episcopus (→ évêque). Dôme est ainsi le représentant le plus direct en français de domus (éclipsé par mansio, -onis → maison), terme usuel qui contient une racine indoeuropéenne °dem- « maison », également représentée en grec (→ despote, 1 dôme).
❏  Le mot désigne l'église principale d'une ville, en Italie et en Allemagne.
DOMESTIQUE adj. et n. est emprunté (v. 1393) au latin domesticus « de la maison, de la famille », « familier », d'où « qui est de la patrie, du pays », dérivé de domus « maison » (→ 2 dôme). Le type emprunté a supplanté l'ancienne forme domesche (v. 1220) « apprivoisé, cultivé », issue par évolution phonétique du même domesticus.
❏  D'abord employé comme adjectif dans l'expression serviteurs domestiques « de la maison », le mot avait dans l'usage ancien et classique un champ d'emploi plus large que de nos jours — où il s'oppose à sauvage à propos des animaux* —, qualifiant aussi un végétal, une chose de la maison ou concernant la vie privée d'un pays, d'un peuple. Certains de ces emplois sont revenus en français par l'anglais domestic qui a gardé ces valeurs : « intérieur » et « national » (vols « domestiques » et internationaux).
■  Depuis le XVIe s., domestique est substantivé, désignant d'abord le familier, l'ami intime (1520) et la personne attachée à la maison de qqn dans des fonctions importantes (intendant, etc.). L'usage moderne en a restreint l'emploi au serviteur employé pour le service, l'entretien de la maison ; dans cet emploi même, le mot a disparu de tout usage officiel, au bénéfice d'employé de maison. Seuls les emplois figurés et métaphoriques restent vivants, à propos de la personne qui est soumise à une personne, à un groupe, à un dogme (1541, les domestiques de la foi, Calvin). ◆  Cette évolution a entraîné la disparition du sens collectif d'« ensemble des gens vivant dans la maison » (av. 1594), et en « ensemble des domestiques d'une maison » (1732), remplacé par domesticité.
❏  De domestique sont dérivés DOMESTIQUEMENT adv. (1534) « en qualité de domestique », mot peu usité, et DOMESTIQUER v. tr. (XVe s.). Celui-ci, qui s'emploie pour « rendre (un animal, une espèce animale) domestique » et, au figuré, « assujettir », « maîtriser », a entraîné à son tour la formation de DOMESTICABLE adj. (1860) et de DOMESTICATION n. f. (1832).
■  DOMESTICITÉ n. f. est emprunté (1583) au dérivé latin domesticitas « relations, vie commune ». Il a perdu son sens initial, « fait de vivre sous le même toit, familiarité », pour s'appliquer d'une part à l'état d'un animal domestique (1612), de l'autre à celui d'un serviteur (1690). L'acception métonymique d'« ensemble des domestiques » (1792) est la plus vivante, et a éliminé le domestique (fin XVIe s.-déb. XIXe s.).
DOMICILE n. m. est emprunté (1326) au latin domicilium « habitation, demeure » au propre et au figuré, de domus « maison » (→ 2 dôme).
❏  Le mot français conserve le sens du latin à la fois dans l'usage juridique et courant (il entre dans divers syntagmes). L'expression administrative sans domicile fixe est entrée dans l'usage courant, concurrençant sans-abri (→ abri), sans-logislogis, → loge) et dans une certaine mesure, clochard. ◆  Sous la forme du sigle S.D.F. n. m. et f. (1983), l'expression est devenue un symbole de l'exclusion sociale et de pauvreté extrême, l'image sociale étant autre que celle du clochard.
❏  DOMICILIER v. tr. (1521) s'est spécialisé au sens juridique de « fixer, assigner un domicile à qqn », perdant le sens courant de « loger » (1556) qu'il avait aussi au XVIe siècle. ◆  Il a produit tardivement DOMICILIATION n. f. (1906), lequel a servi à former le terme de droit financier DOMICILIATAIRE adj. (1900).
■  DOMICILIAIRE adj. (1604), lui aussi juridique, a évincé l'ancien adjectif domicilier, synonyme partiel de domestique, employé aussi au sens d'« intrinsèque » au XVIe siècle.
DOMINER v. tr. est un emprunt très ancien (v. 980) au latin dominari « être maître, commander, régner » (au propre et au figuré), de dominus « maître » (→ dom).
❏  Le verbe français exprime la même idée que le latin, d'abord en construction transitive avec le sens figuré de « maîtriser, surmonter ». À partir du milieu du XVIe s., il se construit aussi intransitivement, avec les prépositions dans, sur, exprimant l'idée de « régner » et, par extension, de « prévaloir », « être le plus apparent ». Le sens physique spatial, « être plus haut (que les objets environnants) » (1680), est aujourd'hui réservé à la construction transitive.
❏  En français, dominer a produit quelques dérivés : son participe présent DOMINANT, ANTE a été adjectivé (v. 1282) avec les divers sens correspondant au verbe, mais il a vieilli pour « qui exerce un ascendant psychique sur (qqn) ». Il assume quelques emplois spéciaux en droit féodal, en météorologie et en génétique (alors opposé à récessif).
■  Son féminin DOMINANTE est substantivé (1732), spécialement comme terme de musique, et pour désigner l'élément dominant d'un ensemble (notamment en parlant d'une couleur, d'une discipline). ◆  Il a produit les préfixés SOUS-DOMINANTE n. f. (1737) et SUS-DOMINANTE n. f. (1812).
■  Le nom formé sur le radical de dominant, DOMINANCE n. f., est d'abord attesté (1467) avec le sens restreint de « fief », aujourd'hui sorti d'usage ; rare avant le XVIIIe s. et supplanté par prédominance et domination avec son sens général, il s'est maintenu en sciences (spécialement en génétique).
■  Dominer a aussi produit l'adjectif verbal DOMINABLE (1568, alors comme nom).
■  Surtout, il a servi à former les préfixés PRÉDOMINER v. intr. (XVe s.), PRÉDOMINANT, ANTE adj. (dès v. 1370), PRÉDOMINANCE n. f. (1595), qui expriment la notion de « fait d'être dominant, prépondérant », au sens concret comme à l'abstrait.
Le nom d'action correspondant, DOMINATION n. f., est emprunté (v. 1120) au latin dominatio « fait de commander, souveraineté », spécialement employé en latin chrétien au pluriel pour désigner un ordre d'anges, lui-même fait sur le supin de dominari. Introduit comme nom d'action correspondant au verbe (au propre et au figuré), le mot est répertorié chez Furetière (1690) dans son acception théologique, « être angélique d'un ordre supérieur aux archanges et aux “trônes” ».
■  Le français a aussi emprunté DOMINATEUR, TRICE adj. et n. (1380) au latin dominator, nom d'agent formé sur le radical du supin de dominare.
1 DOMINICAIN, AINE n. est dérivé (1546, dominican) du radical du nom latin Dominicus « Dominique », ce saint étant le fondateur de l'ordre des Frères Prêcheurs en 1215 à Toulouse, avec le suffixe -ain.
❏  Le mot désigne un religieux de cet ordre mendiant destiné à la prédication. Il s'emploie adjectivement pour qualifier ce qui s'y rapporte (1690).
2 DOMINICAIN, AINE adj. et n., par emprunt à l'espagnol, qualifie et désigne ce qui a rapport avec la République dominicaine, anciennement Saint-Domingue, comprenant Haïti et la Dominique, de l'espagnol Santo Domingo « saint Dominique ».
DOMINICAL, ALE, AUX adj. est emprunté, d'abord sous la forme dominicaul (1417), au bas latin dominicalis, dérivé de dominicus (→ dimanche).
❏  L'adjectif qualifie ce qui est relatif au Seigneur et, spécialement, qui se rapporte au dimanche, jour du Seigneur (1493). On a employé le féminin substantivé pour désigner le sermon prêché le dimanche en dehors des périodes d'Avent et de Carême.
DOMINION n. m. est un emprunt (1869) à l'anglais britannique dominion, mot ancien signifiant « domination, puissance », et emprunté au latin dominium (→ domaine). Ce mot a été appliqué par le Parlement britannique au Canada en 1867.
❏  Le mot désigne comme en anglais chacun des États, aujourd'hui indépendant, constituant le Commonwealth (ou Union) britannique. Leur lien constitutionnel avec la Grande-Bretagne est uniquement la Couronne, le roi ou la reine d'Angleterre étant le souverain de chaque dominion.