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DOMINO n. m., attesté depuis 1401, est d'origine incertaine. Apparu au sens de « camail noir à capuchon porté par les prêtres en hiver », il paraît représenter le latin domino, ablatif de dominus « maître, seigneur » (→ dom), extrait d'une formule de prière telle que benedicamus domino « bénissons le Seigneur », qui a pu être prononcée en revêtant ce camail. Cette hypothèse n'est pas établie de manière certaine.
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Le sens de « camail noir des prêtres » est sorti d'usage. Le mot, par extension, a désigné un costume de bal masqué consistant en une robe flottante à capuchon (1665). Les autres sens s'expliquent moins bien : celui de « papier peint imprimé de diverses couleurs » (1514), dont les figures étaient appelées
figures de domino, domino, pourrait être d'origine italienne.
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La spécialisation au jeu (1771), pour désigner les pièces noires et blanches marquées de points et le jeu qui s'en sert, s'explique mieux : elle se référerait au sens de « capuchon noir des moines » en raison du fond de bois noir des parallélépipèdes.
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Le sens politique moderne de « zone menacée de subir par contagion la situation politique des zones environnantes », surtout dans théorie des dominos (1967), est un anglicisme. Il découle de l'idée du domino entraîné par la chute des autres dominos avec lesquels il est rangé verticalement.
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Le sens technique de « dispositif de raccordement électrique » et le sens argotique ancien de « dent » sont fondés sur une analogie de forme avec la pièce du jeu.
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En argot, par allusion aux dominos blancs, dominos a désigné les dents (1829).
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En français d'Afrique, couple domino désigne un couple mixte (Noire et Blanc ou Noir et Blanche).
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Le sens ancien de domino, « papier peint imprimé », a laissé le dérivé DOMINOTIER, IÈRE n. (1540), mot technique désignant l'artisan qui travaille le papier et le carton pour en faire des plats de reliure et des boîtes, qui peint et imprime des feuilles décoratives, des images et des cartes à jouer.
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Le mot et son dérivé DOMINOTERIE n. f. (1640) concernent une activité que les édits de la fin du XVIe s. associaient à la tapisserie ; elle s'est développée au XVIIIe s., et s'est éteinte au XIXe s. avec l'avènement de l'ère industrielle. Les mots sont alors tombés dans l'attraction du terme de jeu.
L
DOMPTER v. tr. est issu, sous les formes danter (v. 1155), donter (1160), du latin domitare, forme fréquentative de domare « apprivoiser », « soumettre » (au propre en parlant d'un animal sauvage, au figuré d'une personne). Ce verbe est issu d'une racine °demə-, °domə-, dimā- « dompter, soumettre par contrainte », bien connue dans diverses langues indoeuropéennes : elle est représentée dans les langues celtiques et germaniques, le grec damazein, le sanskrit dāntạ́h « dompté », damita « celui qui apprivoise », le hittite damašzi « il fait violence », etc. É. Benveniste a montré qu'il ne fallait pas chercher à rapprocher le groupe de domare de celui de domus « maison » (→ dôme). En français, le mot a pris la forme graphique dompter (XIVe s.), soit sous l'influence de compter*, soit d'après les formes dampnare, temptare, variantes de damnare « damner », tentare « tenter ». On relève encore domter dans l'édition de 1718 du dictionnaire de l'Académie. La prononciation donter est donc étymologique, et le p est parasitaire : on devrait écrire donter ou domter. Mais l'orthographe scolaire demeure dompter et le p est devenu présent aussi à l'oral, ce qui afflige les tenants du bel usage.
❏
Dès l'ancien français, le mot est employé au propre et au figuré, dans un contexte moral, spécialement dans la rhétorique du langage amoureux. Sa spécialisation en politique pour « subjuguer, se rendre maître de (un peuple) », usuelle en langue classique, est sortie d'usage. Dompter, en français du Québec, s'emploie là où on dit aussi dresser en français de France.
❏
DOMPTABLE adj. (
XIIe s.) est rare par rapport à son antonyme préfixé en
in-, INDOMPTABLE adj. (1420), surtout employé au figuré pour « qu'on ne peut réduire »
(une énergie indomptable), qui a lui-même produit
INDOMPTABLEMENT adv. et
INDOMPTABILITÉ n. f., tous deux rares.
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DOMPTEUR adj. et n. a d'abord été écrit donterre (XIIIe s.), donteur (d'où le féminin donteuse, av. 1599), avant de se fixer sous sa forme actuelle (1544). Le mot a d'abord désigné celui ou celle qui soumet à son pouvoir (d'autres pays, un peuple) avant de prendre le sens moderne de « personne qui dompte des animaux », vers le milieu du XIXe siècle.
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L'ancien nom d'action, DOMPTEMENT n. m. (XVIe s.), a disparu au bénéfice DE DOMPTAGE n. m. (1860).
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Le participe passé adjectivé de dompter, DOMPTÉ, ÉE, a donné le préfixé INDOMPTÉ, ÉE adj. (1525), littéraire mais relativement fréquent.
❏ voir
DOMPTE-VENIN*.
L
1 DON n. m. est issu (v. 980) du latin donum « action de donner » et par métonymie « présent, offrande », dérivé de dare (→ date, datif, dation).
❏
Dès sa première attestation, le mot, employé dans la locution usuelle
faire don, désigne l'action d'abandonner gratuitement qqch. à qqn. Par métonymie, il s'applique à ce qui est donné (1080), d'abord concrètement, puis abstraitement (1130) à ce qui est échu, en mal ou, plus souvent, dans la perspective heureuse d'un bienfait (1370-1372).
■
Ultérieurement, il a pris le sens de « disposition innée » (XVIe s., don de prophétie), spécialement dans le contexte religieux et dans celui des contes de fées ; il correspond alors pour le sens à doué* (du latin dotare, étymologiquement lié à dare).
■
Don fonctionne en général comme un déverbal de donner.
❏
Il entre dans SURDON n. m. (1866), terme de commerce.
❏ voir
DONATAIRE (et DONATEUR).
2 DON → DOM, DON JUAN, DON QUICHOTTE
DONATAIRE n., d'abord donnataire (1501), est dérivé savamment du radical du latin donatum, supin de donare « faire donation de » (→ donner), avec le suffixe -aire, indiquant celui à qui profite l'action. Certains posent un intermédiaire bas latin donatarius, fait sur donatum.
❏
Le mot, d'usage juridique, s'oppose à donateur (ci-dessous). Il en est cependant synonyme dans le domaine de l'art religieux, par référence au fait que celui qui donne reçoit en échange la protection divine.
❏
Le mot a un préfixé,
CODONATAIRE n. (1762).
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DONATEUR, TRICE n., d'abord écrit avec deux
-n- (1320), est emprunté au latin impérial
donator de même sens, nom d'agent fait sur le supin de
donare. Il est quelquefois employé comme adjectif en apposition.
■
DONATION n. f. (1264 ; 1235 selon Bloch et Wartburg) est emprunté à un autre dérivé latin donatio « action de donner, don », qui a développé à basse époque le sens juridique de « contrat par lequel on cède un bien en faveur de qqn ». Donation a supplanté l'ancien français donnaison (1264), issu de donatio avec traitement semi-populaire du suffixe, sur le verbe donner ; il appartient lui aussi au langage juridique.
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DONC conj., d'abord dunc (980) puis donc et donques (jusqu'au XVIIe s.), est d'origine discutée. L'hypothèse qui en fait le représentant du latin donique, forme élargie de donec « jusqu'au moment où », puis « tant que, aussi longtemps que », est peu probable. On s'accorde plutôt à y voir le représentant du latin dum (synonyme de donec), particule temporelle marquant la simultanéité de deux actions qui se déroulent. Dum, avec ou sans valeur déterminante, s'emploie souvent, dans le second cas, comme enclitique, joint comme particule de renforcement à des adverbes ou à des mots exclamatifs, des impératifs. Le français fait un usage analogue de donc dans donne-le lui donc ! etc. Dum, dans lequel la notion de durée est essentielle, serait peut-être à rattacher à la racine qui indique la durée dans durare (→ durer). La forme donc remonterait dans ce cas, soit à dum-que, soit au latin dunc, forme de dum influencée par tum, tunc « alors », et attestée à basse époque avec le sens de « pendant que ».
❏
Le mot a eu le sens temporel de « alors », souvent glosé par le latin tunc, et sorti d'usage ; dès 1175, il sert à exprimer une conséquence, une conclusion ; il est aussi (1172-1175) employé comme particule de renforcement (comme dum en latin), notamment avec un impératif, un adverbe ou un nom employé en exclamatif.
❏
Son ancienne forme renforcée ADONC, adonques (v. 1170) « alors, puis » est sortie d'usage au XVIIe s., où elle est réservée au style burlesque ou archaïsant.
DONDON n. f. est dérivé (1579 écrit domdom) de la racine onomatopéique dond- exprimant le balancement et le gonflement (→ dandiner, dodeliner, dodu), avec le suffixe -on. Le redoublement expressif de la voyelle est probablement dû à l'influence de dondaine, mot désignant une machine de guerre grosse et courte, pour lancer des traits et des pierres : la première attestation mentionne domdaine dans le voisinage de dondon. En outre, dondon, dondaine sont employés en liaison comme onomatopées dans les refrains de chansons (1564, Rabelais). L'ancien français attestait déjà triquedondela dans un refrain (→ aussi faridondaine). Rabelais emploie également dondon (1564) pour imiter un bruit de cloches, là où nous employons ding, dong.
❏
Le mot, enregistré en 1579 dans un ouvrage sur la langue signalant l'expression grosse dondon, encore usuelle aujourd'hui, désigne familièrement et péjorativement une femme qui a beaucoup d'embonpoint.
L
DONJON n. m. est issu (v. 1160) par évolution phonétique d'un latin tardif °dominionem, accusatif de °dominio n. m. attesté au XIe s. au sens de « tour maîtresse » sous les formes domnionus, donnant donjo, dangio, etc. Ce nom est probablement dérivé de dominus « maître », « seigneur » (→ dom), hypothèse bien préférable à celle qui interprète la forme latine au sens de « maison du seigneur », et à celle qui y voit un dérivé du francique °dungjo « lieu où travaillent des femmes », lequel ne convient guère pour le sens.
❏
Donjon, « tour maîtresse d'un château fort », désigne spécialement cette tour dans son office de prison. Il donne lieu au sens figuré de « lieu protégé dans lequel on effectue une retraite volontaire ». Par analogie, il a servi à désigner un petit belvédère situé sur le comble d'une maison (1676, Félibien) et se dit techniquement de la chambre principale d'un terrier.
❏
Le mot a pour dérivés DONJONNÉ, ÉE adj. (déb. XVIIe s.), terme de blason, et DONJONNIER n. m. « gardien du donjon », mot employé par Las Cases (1823) et d'usage rarissime.
DON JUAN n. m. est tiré (1814) du nom propre Don Juan, héros de théâtre d'origine espagnole, qui apparaît sous le nom de don Juan Tenorio dans El burlador (le trompeur) de Sevilla (1630), pièce de Tirso de Molina. Ce nom est devenu le type du séducteur, introduit dans le théâtre français par Dorimond en 1659 (Le Festin de pierre ou le Fils criminel) et popularisé par Molière en 1665 (Dom Juan ou Le Festin de pierre).
❏
L'hésitation portant sur la graphie dom ou don dépend de la référence faite, dans le premier cas au titre Dom* et, dans le second, au titre des nobles d'Espagne écrit Don (v. 1501). Cependant, le choix de dom est propre au XVIIe s. : on écrit le Dom Juan de Molière, mais le Don Juan de Mozart (italien Don Giovanni). Ce n'est qu'au début du XIXe s., notamment depuis Stendhal, qu'on emploie, don Juan sans référence au modèle littéraire, pour « séducteur, homme à femmes ».
❏
Don Juan a entraîné au XIXe s. la formation de quelques dérivés : DONJUANERIE n. f., DONJUANISER v. tr. (ou don juaniser) [1837, Balzac], vieillis, et, encore en usage, DONJUANESQUE adj. (1841, don juanesque, Nerval), DONJUANISME ou DON JUANISME n. m. (1864, Sainte-Beuve).
❏ voir
aussi DON QUICHOTTE.
L
DONNER v., l'un des premiers mots attestés en « vulgaire roman » dans les Serments de Strasbourg (842), est issu du latin donare « faire don », également avec les valeurs figurées de « sacrifier », « tenir quitte de », « gratifier de ». Il s'agit du dénominatif de donum (→ don), lui-même dérivé de dare, entré en concurrence à basse époque, du fait de la régularité et de la plénitude de ses formes, avec le verbe classique dare « faire don », de la même famille, qui contient la racine indoeuropéenne °dō- de même sens. Cette racine existe dans le sanskrit dádāmi « je donne », le grec ancien didomai, le slave (→ datcha) ; elle a disparu en germanique et en celtique. Par ailleurs, dare a donné dos, dotis (→ dot) d'où dotare (→ doter et douer). Dare n'a laissé que quelques traces en gallo-roman, mais se retrouve dans l'italien dare (à côté de donare), l'espagnol dar (à côté de donar). En revanche, en gallo-roman, donner a subi la concurrence de bailler*, qu'il a éliminé.
❏
Entré de bonne heure en français au sens d'« attribuer, conférer (le pouvoir, la puissance) »,
donner a développé la plupart de ses valeurs usuelles avant le
XIIIe siècle. L'idée d'« attribuer » est réalisée à propos d'un nom dès 1080, mais seulement depuis la première moitié du
XVIe s. en parlant d'une qualité, d'un caractère. Le sens de « faire don » (2
e moitié du
Xe s.) est spécialement réalisé dans la locution
donner l'aumône (1050) et, absolument, dans le contexte de la charité chrétienne (1160-1174).
■
Donner compte bientôt les valeurs de « remettre, mettre à la disposition de » (v. 980), « procurer, accorder » (1050), « communiquer un conseil (1050), un congé (1080), sa foi, une promesse (1080) ».
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Glissant vers l'idée d'« indiquer, informer » (v. 1250), il en est arrivé à prendre, avec un complément désignant une personne, le sens argotique de « dénoncer, indiquer à la police » (1828).
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Selon les compléments qu'il introduit, il correspond aussi bien à « faire sentir, appliquer (un baiser) » (v. 980) qu'à « asséner (des coups) » (1080) ; selon le contexte, il signifie « faire que », comme dans donner à entendre (v. 1278) et, s'éloignant de l'idée essentielle de « don », il induit l'idée d'un rapport monnayé, recevant de nouvelles acceptions, comme « acheter » (1050), « évaluer à » (1130), « rapporter, faire gagner » (1160-1170).
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Dans les rapports humains, il est synonyme de « mettre à la disposition de » (1130-1140, donner [une fille] en mariage), sens réalisé par la forme pronominale se donner avec toute une palette de nuances (d'une femme, « accepter des relations sexuelles »).
■
Le verbe exprime aussi l'idée de « faire, participer à » (1080, dans l'expression donner bataille, remplacée par livrer bataille) et, à propos d'un spectacle, « exécuter » (déb. XVIe s., faire donner des aubades) ; dans le domaine des sentiments, il correspond à « provoquer, engendrer » (1160) et à « exprimer, manifester » (1170). Dans la langue familière, s'en donner (1808) signifie « s'amuser ».
❏
Les dérivés français coexistent avec des emprunts au latin
(→ don, donateur).
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Le nom d'agent DONNEUR, EUSE n. (av. 1150), « celui qui donne », a développé l'acception spéciale de « dénonciateur » en argot moderne (1901), la péjoration étant accrue par le féminin DONNEUSE n. f.
■
Le participe passé féminin substantivé DONNÉE (1200) a d'abord eu le sens ancien d'« aumône, distribution » et s'est limité à quelques sens spécialisés, en mathématiques (1755), statistiques, psychologie, informatique (où il traduit l'anglais data, autre dérivé du latin dare, datum), désignant par extension l'élément fondamental servant de point de départ (à un raisonnement, un développement).
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Quant au déverbal DONNE n. f. (1718), il est resté cantonné dès sa création au sens d'« action de donner les cartes aux joueurs » et par métonymie « ensemble des cartes distribuées ».
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On lui oppose le préfixé MALDONNE n. f. (1827) qui a développé par métaphore le sens d'« erreur de partage » (1903, dans il y a eu maldonne, puis v. 1920).
■
Relativement tard, donner a produit des adjectifs tirés de ses participes, DONNÉ, ÉE, au fig. « bon marché » (1780, c'est donné), et DONNANT, ANTE (déb. XVIIIe s.), ce dernier entrant, sous sa forme participiale, dans l'expression donnant donnant (1864), et DONNABLE adj. (1908).
■
Donner a produit quelques composés verbaux : s'adonner*, pardonner* ont acquis leur autonomie mais S'ENTRE-DONNER v. pron. (1823), aujourd'hui vieilli, et REDONNER v. (v. 1130 au sens figuré ancien de « faire du bien à ») sont restés très proches du sens fondamental de donner « faire don » (au propre et au figuré).
❏ voir
ADONNER (S').
DON QUICHOTTE n. m. est l'emploi comme nom commun (mais semble-t-il toujours avec majuscule) [1631] du nom propre du héros du roman de Cervantes, Don Quijote (ou Quixote) de la Mancha (1605), dont la première traduction par César Oudin parut en France en 1614. L'adaptation du nom espagnol a donné lieu successivement aux formes Dom Quichot (1631), Dom Quichote (1727) et enfin Don Quichotte (Saint-Simon). Le roman de Cervantes a aussi fourni au français le mot dulcinée*.
❏
Le mot se rapporte à une personne généreuse qui agit sans espoir de succès et est dépourvue de réalisme.
❏
Les dérivés DONQUICHOTISME n. m. (1787) puis DONQUICHOTTISME et DONQUICHOTTESQUE ou don quichottesque adj. (1887, J. Laforgue) attestent la lexicalisation du mot.
❏ voir
aussi DOM, DON JUAN.
L
DONT pron. relatif est issu (v. 980) du latin populaire de unde, proprement « d'où », renforcement, au moyen de la préposition de (→ de), du relatif-interrogatif de lieu unde « à l'endroit d'où », « d'où ? ». Ce mot, dès l'époque classique, a joué le rôle du pronom relatif équivalant à a, ex, de employé avec quo, qua, quibus, emploi qui s'est étendu à basse époque et qui annonce le rôle de dont en français. Étymologiquement, unde a dû s'écrire primitivement cunde, se rattachant à une série d'adverbes et d'adjectifs où le °kw- initial de la base indoeuropéenne des relatifs, interrogatifs, indéfinis (que, qui, quoi, quand, quel..., en français), a disparu devant -u- (→ jusque, neutre, où).
❏
En français, l'usage moderne de dont n'est pas encore fixé à l'époque classique : ce pronom y était à peu près confondu (y compris dans la prononciation) avec d'où ; cet emploi, condamné par Vaugelas, Malherbe et les grammairiens en général, était cependant en usage chez les meilleurs écrivains du XVIIe s. ; il continue de l'être assez fréquemment chez les modernes avec les verbes appelant la préposition de.
◆
Dont s'employait comme complément de moyen, de manière, de cause avec des verbes qui commandaient autrefois la préposition de, là où l'usage moderne emploie à l'aide duquel, avec lequel, à cause duquel, par lequel. La préposition relative qu'il introduisait pouvait aussi exprimer la conséquence en soulignant le caractère causal de la préposition antécédente, là où nous employons à cause de quoi, à la suite de quoi.
◆
Par ailleurs, dont était couramment repris par en dans la proposition relative, usage qui passerait aujourd'hui pour fautif. Enfin, il pouvait avoir comme antécédent une proposition entière, un indéfini, un neutre sans être précédé par ce.
L
DONZELLE n. f. est issu (1160) du latin populaire °domnicella, de °dominicella (→ demoiselle).
❏
Le mot a d'abord eu le sens neutre de « jeune fille, demoiselle », jusqu'au
XVIIe siècle. Puis il a pris une nuance péjorative (1643, Scarron), désignant une jeune fille ou une femme prétentieuse et ridicule, puis une fille ou femme de mœurs légères.
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Par analogie, il a désigné au XVIIIe s. (Académie, 1798) un poisson de mer aux couleurs très variées, par une métaphore qui fait penser à celle de maquereau.
DOPA n. f. est un emprunt (probablement des années 1920 ou 1930) à l'allemand Dopa (R. Bloch, 1917), sigle de dihydroxyphénylalanine. Ce terme chimique désigne un acide aminé, transformé en dopamine dans le sang, et dont un isomère est employé en médecine.
❏
Avec amine, dopa a produit DOPAMINE n. f. pour une amine précurseur de la noradrénaline, qui joue un grand rôle dans l'activité du cerveau.
DOPER v. tr. est la francisation (1903) de l'anglo-américain to dope « droguer », « stimuler », dérivé argotique de dope n. (1889) « drogue, narcotique » et d'abord « enduit », du néerlandais doop « sauce ». Celui-ci est dérivé de dooper « tremper », correspondant à l'anglais to dip et remontant à la même racine germanique que l'adjectif signifiant « profond » (néerlandais diep, anglais deep).
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Le mot s'est spécialisé en français dans le langage de la compétition sportive ; il a reçu un sens technique (1943), « renforcer l'action de (un produit) » par réemprunt à l'anglais, et un sens figuré (1953).
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Les dérivés, le participe présent adjectivé et substantivé
DOPANT, ANTE (1952) et le nom d'action
DOPAGE n. m. (1921), sont concurrencés par les anglicismes
DOPE n. f. (1943), de l'américain
dope, qui coïncide avec le déverbal virtuel de
doper, et
DOPING n. m. (1900), emprunt à l'américain
doping, participe présent substantivé de
to dope. Ceux-ci sont critiqués, dans la mesure où existent des dérivés français de même sens.
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Le français a toutefois formé le composé ANTIDOPING n. m. et adj. (qui n'existe pas en anglais) sur doping (v. 1960) ; on a parlé de loi antidoping pour un texte du 1er juin 1965 sur la répression des stimulants utilisés lors des compétitions sportives.