1 DOUDOU n. f. est formé en français des Antilles et en créole (1929 en français de France) du redoublement affectueux de doux*.
❏  Le mot sert d'appellation tendre pour une femme, aux Antilles.
Sur le radical de doux, DÉDOU, OUE adj. se dit en français de la Martinique d'un vêtement défraîchi, et à la Guadeloupe, d'une femme qui a perdu sa fraîcheur.
DOUDOUISME n. m., en français des Antilles, a désigné l'attitude qui consistait à favoriser un exotisme créole, mouvement plus tard répudié au nom de la créolité ou antillanité.
2 DOUDOU n. m. est aussi un redoublement enfantin de doux, attesté depuis 1984 et devenu usuel.
❏  Le mot désigne un objet souple et doux, souvent un morceau de tissu, auquel un jeune enfant s'attache. Par analogie, il se dit d'objets fabriqués, peluches ou autres, censés remplir les mêmes fonctions.
DOUDOUNE n. f. recouvre deux mots familiers d'introduction récente, probablement formés par redoublement enfantin de doux* (→ doudou). Esnault, cependant, préfère interpréter le pluriel doudounes « seins » (v. 1930) comme une apocope redoublée de bedoune « vache », mot régional de la Creuse (1935), en passant par le sens de « mamelles ». L'hypothèse semble inutilement compliquée.
❏  Le pluriel désigne les seins, dans la langue familière. ◆  Au singulier, le mot a été reformé pour dénommer (1969) une veste en duvet, usage répandu dans le langage du prêt-à-porter et de la mode des vêtements de sports d'hiver.
DOUÉ, dans MA DOUÉ interj., est emprunté au breton Doué « Dieu », lui-même emprunt au latin Dominus « Seigneur ». Courante en français de Bretagne, connue en France, l'expression manifeste la surprise, l'embarras, la peine. Ma doué béniguet « mon Dieu béni » ne s'emploie qu'en Bretagne, souvent ironiquement.
DOUELLE → DOUVE
L DOUER v. tr., d'abord doer, est issu par voie orale (fin XIIe s.) du latin dotare, proprement « former une dot » (également employé par métaphore), de dos, dotis (→ dot).
❏  Le mot a eu jusqu'au XVIIe s. (encore en 1662 chez Molière) le sens de « pourvoir d'un douaire » qu'il partageait avec le préfixé endouer et qu'il a perdu au profit de doter*, son doublet de formation savante. Il a gardé celui de « faire don (d'un bien, d'une qualité) » (v. 1210).
❏  Le sens moderne est surtout courant dans son participe passé adjectivé DOUÉ, ÉE (1262), surtout employé au sens de « qui a une disposition innée, un don ».
■  Il a servi à former le composé SURDOUÉ, ÉE adj. (1932 chez Léon Daudet, répandu à partir de 1969), aussi substantivé (v. 1980), d'usage courant (surtout d'un enfant, d'un élève). On a formé par plaisanterie le composé SOUS-DOUÉ, ÉE, comme euphémisme pour « peu intelligent ».
DOUANCE n. f. désigne en français québécois, le fait d'être doué, et spécialement, les aptitudes supérieures à la moyenne (d'un élève, d'un étudiant). Le mot est recommandé par l'Office de la langue française.
? 1 DOUILLE n. f., d'abord doelle (v. 1225) et doile (v. 1250), puis douille (v. 1393), est d'origine incertaine. On admet généralement qu'il est dérivé du francique °dulja « partie creuse d'un outil destiné à recevoir une tige », mot reconstitué par l'ancien et le moyen haut allemand tulli, tülle, désignant la partie où est ajustée la pointe d'une flèche, d'un épieu, et l'allemand Tülle « bec, tuyau d'écoulement d'un récipient ». La même racine germanique se retrouve dans l'anglais dell « trou profond, vallon », le néerlandais del. P. Guiraud, contestant cette hypothèse, propose l'étymon latin dolium « cuve pour le transport du moût », qui a donné le régional douil n. m. (attesté tardivement en 1858) et qui serait à rapprocher de l'irlandais delb « forme » et du moyen haut allemand zel « pièce de bois cylindrique, billot ».
❏  Le mot désigne la partie creuse d'un outil servant à adapter le manche. Par analogie de forme, après avoir désigné une enveloppe de traversin (XVIIIe-XIXe s.), il acquiert quelques sens techniques réalisant l'idée de « tube », désignant le tuyau placé sur le côté d'un appareil de distillation (1845), l'étui métallique contenant la charge explosive d'une cartouche (1864) et, en électricité, le tube cylindrique où se fixe le culot d'une lampe (1912).
❏  Le rattachement à douille de deux mots populaires soulève quelque difficulté : 2 DOUILLES n. f. pl. « cheveux » (1821), expliqué par certains comme un emploi métaphorique de douille par une allusion à la forme des boucles de cheveux, est plutôt le dérivé progressif de douillet, mot d'argot pour « cheveu » (1747), substantivation de l'adjectif douillet*.
■  3 DOUILLE n. f. « argent » (1827) est plus obscur ; une dérivation par aphérèse de guindouilles, argotique pour « vous » (v. 1813), ne résout pas le problème étymologique.
■  Son dérivé DOUILLER v. tr. « payer, casquer » (1858) est encore en usage.
L DOUILLET, ETTE adj., d'abord doillet (déb. XIVe s.) et duillet (1327), est dérivé avec le suffixe diminutif -et de l'adjectif ancien français doille, issu par évolution phonétique (1230) du latin ductilis « malléable », qui a donné ductile* par emprunt. Doille a été employé jusqu'au début du XVIe s. au sens physique de « mou » et au sens moral de « tendre ».
❏  Douillet a perdu son sens premier, « mou », pour qualifier de manière positive une chose moelleuse (1327). Il ne se dit plus guère d'une peau, d'une chair tendre et délicate (1555).
■  Il est en revanche péjoratif lorsqu'il qualifie psychologiquement une personne exagérément sensible aux petites douleurs physiques (1611), trop attachée au confort et au raffinement.
❏  En sont dérivés DOUILLETTEMENT adv. (XIVe s.), puis beaucoup plus tard, DOUILLETTE n. f. (1791), féminin substantivé qui désigne un vêtement chaud ouaté, au Québec, un gros édredon, une couette, et DOUILLETTERIE n. f. (1908) « caractère d'une personne douillette », d'usage rare.
■  Le mot régional DOUILLON ou DOILLON n. m. (1856), nom d'un fruit cuit dans une pâte, usuel en français de Normandie, est dérivé de l'ancien adjectif doille « mou », soit que la forme existe bien avant le XIXe s., soit que doille ait eu un usage régional en français moderne. On a aussi évoqué une motivation par 1 douille*, la pâte étant considérée comme la partie extérieure d'une douille par rapport au fruit.
L DOULEUR n. f., d'abord dolur (1050), est issu du latin dolorem, accusatif de dolor, -oris « souffrance physique ou morale », spécialement en rhétorique « émotion, faculté de pathétique ». Le nom est issu du verbe dolere « souffrir » (→ dolent) qui a donné l'ancien verbe se DOULOIR (Xe s.) dont on trouve des emplois archaïsants jusqu'à la fin du XIXe s. (Moréas).
❏  Le mot est passé en français avec son sens physique et moral ; il a fourni en moyen français un adverbe exprimant l'intensité ; son sémantisme a peu varié, mais les connotations, ainsi que le rapport à souffrance et à peine, ont évolué de l'époque classique à l'époque romantique. Il a donné de nombreux syntagmes et quelques expressions, par exemple (XXe s.) comprendre sa douleur « avoir une expérience très désagréable ».
❏  Le mot a donné les composés SOUFFRE-DOULEUR n. m. (1607) « victime de mauvais traitements, de tracasseries systématiques (de la part de qqn, d'un groupe) » et ANTI-DOULEUR adj. (1952, Science et Avenir).
ENDOLORIR v. tr. (1762) est la réfection d'après le latin dolor du moyen français endoulourir (1503), de en- et doulour, forme ancienne. Le mot, de sens physique, puis quelquefois moral (1862), est surtout vivant par ses temps composés et sa voix passive, ainsi que par son participe passé ENDOLORI, IE adj. ; il a entraîné ENDOLORISSEMENT n. m. (1833), littéraire et rare.
DOULOUREUX, EUSE adj. est issu (1050) du bas latin dolorosus, adjectif correspondant à dolor. D'abord attesté sous les formes dolerus, dulurus (1080), deloirous, etc., le mot a suivi le développement de douleur. L'ancien français l'employait également comme synonyme de « misérable, malheureux », acception sortie d'usage. Il est substantivé au féminin, la DOULOUREUSE n. f. désignant familièrement l'addition, la note (1830).
■  Il a produit DOULOUREUSEMENT adv. (1170, dolorosement).
❏ voir DEUIL, DOLÉANCE, DOLENT.
? DOULOS n. m. (1901) forme à suffixe populaire -os (s prononcé), est considéré comme venant du mot rural douil « cuveau à vendange », de la famille de l'ancien français dove (→ douve), mais l'évolution phonétique de douil à doul « chapeau » (1889) n'est pas claire.
❏  Le mot désigne en argot un chapeau d'homme. Porter le doule, le doulos, comme porter le chapeau s'est dit pour « être un indicateur de police ». Un roman de P. Lesou (1957), mis en film par J.-P. Melville (1962), a fait connaître le mot au-delà du milieu et de la police.
DOUM n. m. est un emprunt (1791) à l'arabe dum, dawm, et désigne un palmier d'Égypte, d'Arabie et de la zone sahélienne, à tronc ramifié, produisant un fruit (drupe) comestible et dont la graine fournit l'« ivoire végétal ». On dit aussi palmier doum. Ce palmier reste nain quand il pousse dans des zones tempérées.
L + DOUTER v. tr. est issu par évolution phonétique (1080) du latin dubitare « hésiter entre deux choses, être indécis », dérivé de dubius « hésitant, indécis » et, pour une chose, « incertain », dérivé de duo (→ deux).
❏  En ancien français, le verbe a exprimé d'abord l'idée de « craindre », transitivement (1080), à la forme pronominale et en emploi absolu. Ce sens, attesté aussi au participe passé adjectivé douté « craint », et encore dominant au XVIe s., est sorti d'usage au bénéfice de redouter*, mais s'est longtemps conservé dans les dialectes du Centre.
■  Douter s'est fixé avec son sens actuel, « être dans l'incertitude au sujet de qqch. » (1130-1140), avec ou sans complément introduit par de. Depuis le début du XIVe s., la forme pronominale se douter de signifie « soupçonner, deviner », valeur qui avait favorisé, au XVIe s., le sens de « penser, supposer sans certitude », sorti d'usage. L'emploi absolu du mot est attesté pour la première fois en 1580 chez Montaigne.
❏  Le déverbal DOUTE n. m. a suivi le même développement, perdant son sens initial de « crainte, peur » (1050), très fréquent au moyen âge, pour désigner l'hésitation, l'incertitude (v. 1155), quelquefois avec une nuance de soupçon ou de manque de confiance (fin XVe s.).
■  Il a produit la locution adverbiale sans doute « certainement » (XIIIe s.), « je vous l'accorde » (v. 1464) et seulement depuis le XVIIe s. (1665) « probablement ».
■  En relation avec douter, il est spécialement employé dans un contexte philosophique (1637, Descartes) et religieux.
■  C'est de doute que vient l'adjectif DOUTEUX, EUSE, d'abord dutus (av. 1150) avec le double sens de « redoutable, de nature à effrayer » et de « craintif, peureux » (encore vivant au XVIIe s.). Comme douter et doute, il a pris la valeur d'« incertain, ambigu » (1155), sans garder l'acception de « scrupuleux » (XVIe s.) s'appliquant ultérieurement à une personne suspecte, dont les qualités morales peuvent être mises en doute (av. 1704), ainsi que ses actes.
■  L'adverbe DOUTEUSEMENT (v. 1170, dotosement) signifie « d'une manière douteuse » et, quelquefois, dans le style littéraire, « en formulant des doutes ».
■  Douter a aussi produit DOUTEUR, EUSE adj. et n. (XIIIe s.), d'usage littéraire, aujourd'hui employé en psychiatrie pour désigner une personne atteinte de ce qu'on appelait anciennement folie du doute « doute perpétuel ».
REDOUTER v. tr. (v. 1050), intensif en re- de douter au sens ancien de « craindre », a éliminé douter dans ce sens, d'abord réalisé par l'ancien pronominal se redouter puis transitivement (v. 1130).
■  Les anciens noms dérivés REDOUTÉE et REDOUTANCE n. f. ayant disparu, il n'a produit aucun substantif.
■  Son dérivé REDOUTABLE adj. (fin XIIe s.), usuel, qualifie ce qui est à redouter et, par extension, qui est propre à inspirer la crainte (av. 1673). La langue parlée tend à en faire un usage hyperbolique pour « pénible, ennuyeux, mauvais ».
❏ voir DUBITATIF, INDUBITABLE.
L 1 DOUVE n. f., d'abord dove (v. 1180) puis douve (v. 1200), est issu, comme l'ancien français doue, du bas latin doga « récipient, vase ou mesure pour les liquides », lui-même emprunté au grec dokhê « récipient, réservoir ». Ce mot signifie proprement « action de recevoir » et vient de dekhesthai « recevoir », apparenté au latin decet (→ décent). Par deux types de développements métonymiques, il a pris les sens de « festin, réception » et, concrètement, « récipient ».
❏  Le mot désigne d'abord dans dove de fossé, puis en emploi isolé, un fossé destiné à être rempli d'eau et entourant un château. Depuis 1900 (Nouveau Larousse illustré), les dictionnaires l'enregistrent à propos du fossé plein d'eau précédé d'une barrière qui constitue un obstacle, dans les courses de chevaux.
■  Par métonymie et passage de l'idée de « contenant » à celle d'« élément de contenant », le mot avait pris dès l'ancien français le sens de « planche servant à la fabrication des tonneaux » (v. 1200), à comparer au sens de « paroi d'un fossé ».
❏  Le sens de « planche d'un baril », senti comme indépendant du premier, a donné le terme technique DOUVAIN n. m. (1491) « bois propre à faire des douves », et le diminutif DOUVELLE n. f. (1690), précédé par douelle.
DOUELLE n. f., dérivé plus ancien (1296) de l'ancien français doue (pour douve), a vieilli, mais reste connu en technique.
L 2 DOUVE n. f., d'abord dolve (fin XIe s.) et dauve (1379), au sens de « ver », est issu du bas latin dolva. C'est probablement un mot d'origine gauloise, relevé au Ve s. chez Eucherius, évêque de Lyon.
❏  Le mot désigne comme son étymon une sorte de ver qui se trouve dans le foie du mouton. Par métonymie, il désigne une renoncule des marécages (1379), cette plante passant autrefois pour engendrer ce ver.
L DOUX, DOUCE adj., adv. et n., d'abord dulz (1080), est issu du latin dulcis qualifiant des choses à la saveur agréable, non amère, et, au figuré, des choses et des êtres suaves, agréables. Le mot se rattacherait au grec glukus de même sens (→ glucose) qui remonterait à une forme antérieure °dlukus.
❏  Dès les premiers textes, le mot possède tout l'éventail de ses emplois comme adjectif, à l'exception du sens technique de « ductile, malléable » (1690) en parlant d'un métal, et de figurés, tel prix doux (1808) « modéré ». ◆  L'adverbe, attesté depuis 1531, entre dans les locutions filer doux (1583) et tout doux (milieu XVIe s.), qui se disait familièrement dans la langue classique pour inviter au calme, là où nous disons aujourd'hui doucement.
■  Le féminin a servi ultérieurement à former en douce (1884), locution adverbiale familière, « en se cachant, sans se faire remarquer ».
■  Substantivé (1669), doux prend une valeur de neutre (le doux et l'amer) et désigne (1864) une personne d'humeur douce, le mot servant quelquefois d'appellatif affectueux (ma douce).
❏  Les dérivés remontent au radical de la forme féminine douce, anciennement dulce, doulce.
■  L'adverbe DOUCEMENT, d'abord dulcement (v. 980) refait ensuite d'après doux, a les différentes valeurs de l'adjectif, mais surtout celles qui concernent l'intensité sonore (jouer, parler doucement, au figuré doucement les basses !) et la valeur morale, « avec douceur ». En français d'Afrique, faire doucement « agir plus calmement, avec modération ».
■  Au XIIe s., on relève dulçur (1119), puis dolçor (1170) et enfin DOUCEUR (1642) : le mot est la réfection, d'après douce, du bas latin dulcor « saveur douce » (→ édulcorer), de dulcis. Douceur, au singulier, exprime la qualité de ce qui est doux ; il est employé absolument au pluriel (des douceurs) pour désigner des aliments doux au goût (v. 1200), puis, de façon plus restrictive, des friandises, cet usage étant aujourd'hui marqué comme plaisant. Il a servi à former la locution adverbiale en douceur (1642) qui fournit dans certains emplois une variante familière à doucement.
■  Le radical de douceur a produit DOUCEREUX, EUSE adj. (1225-1230) qui a fonctionné comme synonyme de doux jusqu'au XVIe siècle. Au XVIIe s., le mot a développé une valeur particulière : « d'une douceur fade, peu agréable » (nuance contredite par la glose de Furetière : « doux et piquant », en parlant d'un vin), et qualifie (1648) une personne à la douceur affectée ; dans ce sens, il est aussi substantivé (1665), par exemple dans faire le doucereux. La nuance moderne, plus péjorative encore, en est issue.
■  L'adverbe correspondant, DOUCEREUSEMENT (1291-1328), a suivi la même évolution, sans être aussi courant.
De son côté, doux a produit deux autres adjectifs : le diminutif DOUCET, ETTE adj. (av. 1203), dont le féminin substantivé fournit le nom usuel dans de nombreuses régions de France (Est, Ouest, Centre, Sud) de la salade appelée aussi mâche (1680), et le péjoratif DOUCEÂTRE adj. (1539, doulcastre). Le premier a donné DOUCETTEMENT adv. (1230), d'usage familier et plus courant que doucet.
■  À ces adjectifs s'ajoutent les composés DOUX-AMER, DOUCE-AMÈRE adj. (v. 1550), Cf. amer, et AIGRE-DOUX, DOUCE adj. (1541), Cf. aigre.
■  Doux a aussi donné des noms techniques, DOUCIN n. m. (1680), « variété de pommier à fruits doux » et en Bourgogne, « manque de saveur du vin » déjà en 1611 comme nom régional de l'oursin (peut-être par antiphrase), DOUCINE n. f. (1520-1537) qui désigne une moulure en contrecourbe et le rabot servant à la faire (variante douzine, 1686 au Canada), et DOUÇAIN n. m. (XXe s.) de eau douce « maladie de l'huître en milieu trop peu salé ». ◆  Le dérivé verbal DOUCIR v. tr. (1694), est limité au sens technique de « polir » dans le domaine de la verrerie, de même que ses dérivés DOUCI n. m. (1765), DOUCISSEUR n. m. (1765) et DOUCISSAGE n. m. (1870).
L'idée générale de « rendre doux » est réalisée par le composé usuel ADOUCIR v. tr. (apr. 1170) « atténuer (un mets) au goût » puis « rendre doux », au propre et au figuré. En ancien et moyen français, le verbe a signifié également, au figuré « se réconcilier » (de deux peuples) et « se corriger » (en parlant d'un défaut). Le participe ADOUCI, IE adj. s'est dit d'un goût paraissant agréable (non amer) [XIIIe s.].
■  À partir du XVIIe s., adoucir a développé de nombreuses acceptions techniques, dans les beaux-arts (peinture, 1622 ; musique, 1627-1704), l'industrie (1690), la médecine (1698) et l'architecture (1845).
■  En sont dérivés le participe présent ADOUCISSANT, ANTE adj. et n. m., ainsi que les noms d'action ADOUCISSEMENT n. m. (déb. XVe s., d'abord au figuré) et ADOUCISSAGE n. m. (1723), ce dernier réservé à l'opération technique consistant à adoucir.
■  ADOUCISSEUR n. m., attesté début XVIe s. au sens figuré ancien d'« amadoueur », a été repris en technique (1838) pour désigner l'ouvrier chargé d'adoucir.
■  Le préfixé, RADOUCIR v. tr. (v. 1175), est surtout employé dans le domaine moral et en parlant du temps (XIIIe s.), fréquemment à la forme pronominale. Ce verbe a pour dérivé RADOUCISSEMENT n. m. (1657), qui a cessé de s'employer moralement pour un caractère et est réservé au temps.
On parle aussi de REDOUX n. m. (également radoux), déverbal régional (Alpes, Jura) répandu au XXe s. (1930) pour « adoucissement rapide de la température (entraînant dégel et fonte de la neige) ».
❏ voir DOUDOU, DOUDOUNE, DULCIFIER.
L DOUZE adj. et n. inv., d'abord duze (1080), est issu du latin populaire °dodeci, contraction du latin classique duodecim « douze », formé de duo (→ deux) et de decem (→ dix) à l'exemple du grec dôdeka (→ dodéca-).
❏  Le mot, adjectif numéral cardinal, est aussi employé comme ordinal (1690).
❏  Il entre dans IN-DOUZE (1666, Furetière in Bloch et Wartburg) adv. inv., terme technique pour un livre dont les feuilles sont pliées en douze feuillets.
■  Il a produit DOUZIÈME adv. et n., d'abord dudzime (fin XIe s.), qui a lui-même entraîné DOUZIÈMEMENT adv. (1690), ainsi que les noms DOUZAINE n. f. (fin XIIe s.), DEMI-DOUZAINE n. f. (1456), et DOUZAIN n. m. (1480, dozain), spécialisé pour « poème de douze vers ». ◆  Douzaine et demi-douzaine, entrés dans le vocabulaire commercial pour compter certains objets (œufs, huîtres...) achetés ou consommés par 12 ou par 6, donnent lieu à des expressions (treize à la douzaine). Douzaine a des emplois extensifs (« quantité moyenne proche de 12 »), en concurrence avec dizaine.
DOXA n. f. est un emprunt didactique au grec doxa « opinion », diffusé notamment par les écrits de Roland Barthes, dans les années 1970.
❏  Le mot désigne l'ensemble des opinions communément admises dans un groupe social, une société, et qui sont considérées comme « naturelles » ; il entre dans la critique des idéologies.
L DOYEN, ENNE n. est issu par évolution phonétique en deien (1174-1176) puis doïen (1349) et doyen (1576) du bas latin decanus n., dérivé de decem (→ dix) pour désigner le sous-officier commandant dix soldats. En latin chrétien, le mot a désigné le « dizenier », chargé de dix personnes dans un monastère ; en latin médiéval, il s'est appliqué au maître d'un groupe d'artisans domaniaux (1047-1053), perdant l'idée étymologique de « dix », puis à la personne dirigeant une gilde (1080) et, l'accent passant à la notion de « supérieur par l'ancienneté », au plus ancien des évêques (1261).
❏  Le mot est d'abord un titre de dignité ecclésiastique (on a dit aussi décan*, dizenier). Au moyen âge, doyen a désigné, comme le latin decanus, le chef élu d'un corps de métiers (1349), puis s'est spécialisé dans le domaine de l'université à propos de celui qui administre et dirige une faculté (1636, doien des langues en une Université). ◆  C'est au XVIIe s. qu'il a développé les acceptions dans lesquelles l'accent porte sur la supériorité en ancienneté et en âge, désignant par exemple le membre le plus ancien d'un corps par ordre de réception (1680), le membre le plus âgé (1636), d'abord dans l'administration (où l'on précise parfois doyen d'âge pour éviter l'ambiguïté), puis en général au sein d'une communauté (av. 1660). Il s'est quelquefois employé par métaphore, dans le style littéraire, en parlant d'une chose vieille et vénérable (notamment un arbre). ◆  En français d'Afrique, le mot s'emploie à propos d'un homme âgé et respectable, aussi comme terme d'adresse.
❏  Le mot a produit DOYENNÉ n. m. (1277), terme de l'administration ecclésiastique, qui est entré dans l'expression poire du doyenné (1640) « variété de poire très fondante », et DOYENNETÉ n. f. (1839) « qualité de doyen d'âge », terme rare.
DRACHE n. f., attesté en 1926, certainement bien antérieur, est un emprunt au néerlandais flamand drachen « pleuvoir fortement ». Le mot est usuel en français de Belgique pour « forte pluie, averse ».
❏  DRACHER v. impers. est dérivé de drache, en français de Belgique, pour « pleuvoir à verse ».
DRACHME n. f. est emprunté sous la forme dragme (1245) au latin drachma, lui-même emprunté au grec drakhmê qui désigne une « unité de poids d'environ 3,5 g » et par extension une monnaie. Le mot se rattache directement à la famille de drassesthai « saisir dans la main, empoigner », issu d'un thème °derk- ou °dergh-, sans étymologie claire (on a cependant rapproché l'arménien trc̣-ak « fagot » et le moyen irlandais dremm « troupe », mais les rapports sémantiques sont très hypothétiques). Drakhmê existe encore en grec moderne où il est un terme didactique.
❏  Le mot français a été introduit pour désigner une unité de poids ; depuis 1435, il sert également à désigner l'unité monétaire grecque.