DUIT n. m. est le dérivé ancien (XIIIe s. « conduite ») du verbe duire, usité en ancien français et issu du latin ducere → conduire.
❏  Le mot désigne un lit de cours d'eau artificiel, entre des digues, pour la navigation, et spécialt, en terme de pêche, une chaussée construite en travers d'un cours d'eau ou d'un bras de mer, destinée à arrêter le poisson quand la marée se retire.
❏  DUITE n. f. (1531) est un autre dérivé de duire, en technique de tissage, pour « longueur de trame insérée d'une lisière à l'autre », puis « portion de la chaîne qui s'élève et s'abaisse à chaque mouvement du métier à tisser ». En tapisserie, c'est le double fil consolidant une série horizontale de nœuds.
■  DUITER v. tr. (1611 « ajuster », 1870 en tissage) signifie passer la duite (fils de trame) entre les fils de chaîne, et compter les fils de trame. D'où DUITAGE n. m. (1877), spécialt « nombre de fils de trame par centimètre ».
DULCIFIER v. tr. est emprunté (1620) au bas latin dulcifiare « rendre doux », de dulcis (→ doux) et -ficare, facere (→ faire).
❏  Le mot a pénétré comme terme de chimie ; il n'est plus guère employé qu'au sens technique de « raffiner une première fois (du plomb) » (XIXe s.) et, rarement, au sens figuré pour « apaiser, adoucir » (1652, Scarron).
❏  Il a donné DULCIFICATION n. f. (1651), DULCIFIÉ, ÉE adj. et DULCIFIANT, ANTE adj., tous deux issus de ses participes. Tout le groupe est senti comme vieilli, y compris en métallurgie.
DULCINÉE n. f. est l'emploi comme nom commun (1718) du nom propre Dulcinée du Toboso (en espagnol Dulcinea del Toboso), nom donné par don Quichotte à la dame de ses pensées dans le roman de Cervantes, et dont le héros se fait une image très idéalisée. Le mot, est formé sur le représentant espagnol du latin dulcis (→ doux). Toboso est le nom d'un bourg de Nouvelle-Castille.
❏  Le mot, écrit avec une majuscule lorsqu'il fait allusion au Don Quichotte de Cervantes, désigne plaisamment une femme inspirant une passion romanesque.
DULIE n. f. est un emprunt (1372) au latin chrétien dulia, lui-même pris au grec douleia « servitude », de doulos « esclave », mot probablement emprunté (peut-être lydien), non indoeuropéen.
❏  Il désigne en théologie les honneurs rendus aux anges et aux saints, dans l'expression culte de dulie, et s'oppose à latrie*.
DUMPING n. m. est un emprunt (v. 1900, M. Mény, titre d'une thèse) à l'anglais dumping (1883), substantif verbal de to dump « décharger », spécialement, en économie, « exporter ou mettre sur le marché une grande quantité à bas prix » (1868). Ce verbe est peut-être d'origine nordique, à comparer au danois dumpe, norvégien dumpa, suédois dialectal dompa « tomber brutalement ».
❏  Le mot a été repris dans sa spécialisation économique, sans la valeur péjorative qu'il a en anglais de « chose dont on se débarrasse ».
❏  L'adjectif ANTIDUMPING, « contre le dumping », existe en français depuis 1958 au moins (loi du 20 décembre 1958) ; c'est probablement un emprunt à l'américain antidumping (Webster, 1934).
DUNDEE n. m. est l'altération (1901) de dandy (1877), emprunté à l'anglais dandy (1858), nom d'un petit voilier « élégant comme un dandy » (→ dandy). L'altération s'est faite d'après le nom d'un port d'Écosse, Dundee, lieu possible de la construction de ces bateaux.
DUNE n. f. est emprunté (v. 1195) à l'ancien néerlandais dûna (moyen néerlandais dûne, néerlandais duin) qui viendrait du gaulois °duno « hauteur » (ancien irlandais dún, gallois din) que l'on retrouve en toponymie française (Lugdunum « Lyon », Augustodunum « Autun », etc.).
❏  Le mot désigne une petite colline de sable.
❏  Le diminutif DUNETTE n. f. (1550) semble avoir d'abord servi à désigner une levée de terre fortifiée. Il est aussi attesté (1564) avec le sens propre de « petite dune », encore vivant en 1636.
■  L'usage moderne l'emploie comme terme de marine pour la superstructure à l'arrière d'un navire (1634), et spécialement sa partie supérieure formant pont. Dans ce sens, il n'est plus senti comme lié à dune.
■  DUNAL, ALE, AUX adj. (1959) « qui forme une dune » est un terme technique de géographie.
DUO n. m. est emprunté (1547) à l'italien duo (XIVe s.) « deux » (due en italien moderne), en musique (XVIe s.), de même origine que deux*.
❏  En français, le mot est d'abord employé au figuré, en référence à un sens musical « air pour deux voix » ; « fait de chanter à deux » (en duo) qui n'est attesté que plus tard (av. 1630).
❏  DUETTO n. m. (1817, Stendhal) est emprunté à l'italien duetto, diminutif attesté au début du XVIIIe s. de duo, pris dans son sens musical.
■  Son synonyme, DUETTINO n. m., autre emprunt à l'italien, se trouve également chez Stendhal (1830). Ces deux mots sont techniques et rares.
■  Depuis 1913, la série est complétée par DUETTISTE n., emprunt à l'italien duettisto (féminin duettista, av. 1916), de duetto, qui a aussi des emplois figurés et s'applique plus souvent aux deux membres d'un duo comique qu'à la musique.
DUODÉCIMAL, ALE, AUX adj., attesté à partir de 1801 dans un Traité de minéralogie, est dérivé du radical du latin duodecimus « douzième », de duodecim (→ douze) d'après décimal*. Dès 1727, le mot est employé dans le titre de l'ouvrage anglais de J. Jordaine, Duodecimal Arithmetick and Mensuration Improved.
❏  Le mot qualifie un système de numération à base douze.
❏  L'adverbe DUODECIMO (1846), fait sur le latin duodecimus, pour remplacer douzièmement, n'a pas eu de succès.
■  Il en va de même pour DUODÉCENNAL, ALE, AUX adj. « de douze ans » (1861, in Littré, Suppl.) formé sur le bas latin duodecennis, de duodecim et annus (→ année).
DUODÉNUM n. m. est emprunté (1478) au latin médiéval médical duodenum (1210), abréviation de duodenum digitorum (génitif pluriel), proprement « de douze doigts ». Il est formé de duodeni « chacun douze » de duodecim (→ douze) et digitus (→ doigt), cet organe étant décrit par les médecins comme ayant une longueur de douze travers de doigt.
❏  Duodénum a évincé la forme traduite ancienne dozenaire (1314) pour désigner la première section de l'intestin grêle.
❏  Il a pour dérivés DUODÉNAL, ALE, AUX adj. (1767) et DUODÉNITE n. f. (1825, Broussais) « inflammation du duodénum ».
DUPE n. f. et adj., d'abord duppe (1426), est un emploi plaisant, d'abord dans le jargon (argot) puis dans l'usage familier, de dupe « huppe » (XVIe s. ; depuis le XVe s. au sens de « plumage de huppe »), par allusion à la stupidité prêtée à cet oiseau (Cf. pigeon). Dupe est formé de huppe*, mot onomatopéique, avec un d- également expressif, à moins qu'il ne s'agisse (P. Guiraud) du déverbal d'un °dé-hupper « enlever la huppe » (symbole de prestige) comme on plume : le dupé est celui qui a été « plumé ».
❏  Dupe, d'abord dans l'argot des tricheurs et des soudards, est passé dans la langue littéraire ou soutenue sauf dans quelques locutions plus usuelles (marché de dupes, être dupe...). Depuis 1656 (Pascal), on le rencontre également comme adjectif attribut (être dupe).
❏  Son dénominatif courant DUPER v. tr. (av. 1489, dupé) est rare avant 1632. Comme dupe, ce verbe est d'usage soutenu.
■  Il a produit DUPERIE n. f. (1690, dupperie), d'usage littéraire, et DUPEUR, EUSE n. (1669) qui ne s'emploie plus guère.
DUPLEX adj. et n. m. est un emprunt moderne (1883) au latin duplex « double », « partagé en deux », au figuré « fourbe, rusé », synonyme de duplus (→ double) et formé de duo (→ deux) et plicare (→ plier).
❏  Le mot a été introduit pour désigner un système de transmission télégraphique ; il s'applique aujourd'hui aux télécommunications. Il a d'autres emplois spécialisés, en métallurgie, biologie, médecine et un sens courant, « appartement sur deux étages » (v. 1954), emprunté à l'anglo-américain (1922 en ce sens).
❏  Son dérivé DUPLEXER v. tr. (1939), les dérivés de celui-ci, DUPLEXAGE n. m. (v. 1950) et DUPLEXEUR n. m. (v. 1950) sont des termes de communication.
❏ voir DUPLICITÉ, TRIPLEX pour la finale.
DUPLICATA n. m. est emprunté (1511) au latin médiéval duplicata (sous-entendu littera) « copie » (1482), « lettre redoublée », terme que l'on inscrivait au bas des actes faits en double. C'est le participe passé féminin substantivé du latin duplicare, dérivé de duplex (→ duplex) : « doubler, accroître, augmenter » et en latin médiéval (1275) « copier en double ».
❏  Le mot, passé en français avec le sens de « double d'une pièce, d'un acte », est surtout d'usage administratif.
❏  Il a produit DUPLICATER v. tr. (mil. XXe s.), qui a entraîné DUPLICATAGE n. m. (v. 1950).
DUPLICATION n. f. est emprunté à date plus ancienne (XIIIe s.) au latin impérial duplicatio « action de doubler, redoubler », nom d'action fait sur le supin de duplicare. D'abord employé au sens de « réplique (de la défense) au tribunal », le mot a désigné ensuite (1564, Paré) le doublement, spécialement en biologie, dans l'industrie du disque et en télécommunication (où il est synonyme de duplexage*).
■  Son radical a servi à former DUPLICATIF, IVE adj. (1955) « qui double ».
Le groupe est complété par DUPLICATEUR n. m. emprunt (1834 en électricité) au dérivé latin duplicator « qui double » et par DUPLICATURE n. f. (1906), terme de biologie, fait sur le latin duplicatus avec le suffixe -ure, et qui désigne une membrane repliée sur elle-même.
DUPLICITÉ n. f. est emprunté (v. 1278) au bas latin duplicitas « état de ce qui est double » et moralement « fait d'être ambigu, fourbe », dérivé de duplex (→ duplex).
❏  Le mot est passé en français avec le sens moral péjoratif de « fourberie ». Sa valeur de « fait d'être double » et de « double nature » (1572) a vieilli au bénéfice de dualité.
❏  On rencontre au XXe s. le dérivé régressif DUPLICE adj. tant au sens de « double » qu'avec celui de « fourbe » (notamment chez Simone de Beauvoir) ; il peut être considéré comme un emprunt adapté au latin duplex.
L DUR, DURE adj. est issu (v. 980) du latin durus « qui résiste au toucher » (par opposition à dulcis, → doux), au figuré « âpre, pénible » (d'une chose) et « insensible de cœur, intraitable » (de qqn). L'étymologie du mot latin n'est pas établie : on a invoqué la dissimilation d'une forme initiale °druros, qui permettrait de rapprocher le sanskrit dāruṇáḥ « rude, fort », l'irlandais dron « solide », le lituanien drútas « fort, solide » et le grec drus « arbre » (→ druide, dryade). Cependant, le manque d'exemples de cette dissimilation rend l'hypothèse fragile.
❏  Dur a les mêmes sens que le latin, à commencer par la valeur abstraite, « pénible physiquement et moralement » (d'une chose) et par le sens concret (1176-1181 en parlant de la terre). Il est appliqué au figuré à une personne (1050) avec des nuances allant d'« insensible » à « stoïque » (XVe s.), « qui perçoit mal » (XVIe s.) comme dans être dur d'oreille, et « brutal, sans concession » (1775). Une acception très vivante est celle de « difficile », très fréquente négativement (c'est pas dur).
■  Récemment, la valeur « pénible » est exploitée (v. 1980) dans la répétition à la mode dur dur « la chose est désagréable », souvent ironique.
■  L'emploi adverbial (XIIe s. pour renforcer trempé, appliqué à un heaume) correspond à « fortement, avec intensité » (1273, dans taper dur), croire dur comme fer (1877).
Enfin, l'adjectif est substantivé (1350) pour désigner ce qui est dur puis une personne dure, valeur réalisée particulièrement dans la locution un dur à cuire (1808) et reprise au début du XXe s. en argot (vers 1910) pour désigner un homme réputé fort, résistant et agressif c'est un dur, d'où (1944) un dur de dur.
■  Parmi différents emplois argotiques, dur n. m. a servi à désigner les fers du détenu (au pluriel, 1800), le bagne (1800), le sol et, encore de nos jours, le train (1886). En dur, se dit, notamment en français d'Afrique, de Polynésie, de l'océan Indien, d'une construction en matériaux durables et non traditionnels. Dans le français des pays industrialisés, s'oppose aux baraques, baraquements provisoires.
■  Le féminin DURE (v. 1460), appliqué au sol et à une couche dure (coucher sur la dure) a donné la locution à la dure (av. 1850), qui s'est employé en argot pour « avec violence » (1875). Le pluriel dures s'applique, en locution, à des épreuves pénibles (en voir de dures). L'ensemble de ces emplois est du registre familier, alors que la dure pour « la terre », « la prison », est argotique. ◆  Le masculin pluriel les DURS a désigné en argot les fers d'un détenu (1800), puis le bagne (1833).
❏  DUREMENT adv. (1080) correspond à toutes les valeurs de l'adjectif, « d'une manière pénible, violente », « avec énergie » (XIIe s.), « sans indulgence » (fin XIIe s.), puis aussi, concrètement « d'une façon dure au toucher » (1690), plus rarement « avec austérité » (av. 1848).
DURCIR v. (v. 1180) exprime le fait de devenir dur, concrètement, et transitivement, de rendre dur, au propre (1690) et au figuré (1835). Le pronominal se durcir se rencontre depuis Montaigne (1580) avec la valeur morale et correspond également au sens concret (1690). Le verbe a produit plusieurs dérivés, DURCISSEMENT n. m. (1753), DURCISSEUR, EUSE adj. (1864) et un préfixé.
■  ENDURCIR v. tr. (déb. XIIe s.) est surtout employé avec un complément désignant une personne, au sens de « rendre résistant » et, moralement, de « rendre insensible », notamment à la forme pronominale s'endurcir (1636). Le sens physique est rare, tant en construction transitive (1690) qu'au pronominal (XVIIIe s.). ◆  Ce verbe a produit le nom d'action correspondant, ENDURCISSEMENT n. m. (1495), lui aussi rare au sens physique, attesté tard (1864), durcir et durcissement étant plus normaux en emploi concret, et l'adjectif ENDURCI, IE.
DURETÉ n. f., d'abord durté (v. 1200), graphie fréquente jusqu'au XVIe s., désigne (d'abord au pluriel avec une valeur concrète) le caractère de ce qui est difficile à supporter, physiquement et moralement, et (XIIIe s.) le manque de cœur. Le sens concret apparaît plus tard, avec les acceptions de « manque de mollesse » (XVIe s.), « propriété d'un corps dur » (1580). À la même époque, dureté désigne aussi le caractère de ce qui affecte violemment les sens (fin XVIe s.). Il concerne spécialement le début de surdité dans dureté d'oreille (1690). ◆  Il n'a gardé ni le sens de « durillon » (1314), ni les valeurs abstraites de « défaut de poli du style » et de « fermeté d'âme » (Corneille), vivantes à l'époque classique.
1 DURILLON n. m. (XIIIe s.) « durcissement de la peau » a aussi désigné la partie ligneuse du fenouil (1398).
■  Le dérivé d'origine argotique DURAILLE adj. reprend à dur les valeurs de « difficile » (1907) et, concrètement, « résistant, sans moelleux », dans la langue familière. Un second 2 DURILLON adj. est un synonyme de dur, par suffixation et jeu de mots (1889).
DURE-MÈRE n. f. est le calque (1314) du latin médiéval dura mater (v. 1210), proprement « mère dure », symétriquement à pie-mère n. f. (1314), calque de pia mater (v. 1210) « mère pieuse », termes d'anatomie imagés dénommant des membranes enveloppant le cerveau. L'origine de ces dénominations est un calque de l'arabe al᾿umm al-galīḑah et al᾿umm al raqīqah, ces membranes étant considérées comme les sources de toutes les autres.
■  Dure dans dure-mère, a servi, beaucoup plus tard à former DURAL, ALE, AUX adj. (1959), peut-être d'après l'anglais dural (1888). Cet adjectif se retrouve en composition dans ÉPIDURAL, ALE, AUX adj. (1912), autre emprunt à l'anglais (epidural, 1893), EXTRADURAL, ALE, AUX adj. (1959) et PÉRIDURAL, ALE, AUX adj. (1960), substantivé au féminin, terme courant en obstétrique. Ces adjectifs, formés avec les éléments savants épi-*, extra-* et péri-* sont des termes de localisation anatomique employés spécialement en médecine (anesthésie).
❏ voir DURIT(E).
DURALUMIN n. m. est un nom déposé, formé (1909) du nom de la ville allemande de Düren et de aluminium.
❏  Le mot désigne un alliage léger d'aluminium, de cuivre, manganèse et magnésium. ◆  Il a pour abréviation DURAL n. m.
L DURER v. intr. est issu (v. 1050) du latin durare « avoir une durée », « endurer », qui semble appartenir à la racine du- que l'on retrouve dans dudum « naguère, autrefois » et dum (→ donc). Cependant, la parenté entre les concepts de durée et de chose pénible à supporter (Cf. endurer), l'emploi fréquent de durare par opposition à des verbes indiquant la liquéfaction et la putréfaction, ont dû favoriser la confusion avec un autre durare « durcir, endurcir », dérivé verbal de durus (→ dur).
❏  Durer, « avoir un certain développement dans le temps » et « résister aux atteintes du temps », a eu d'autres valeurs jusqu'à l'époque classique. Il se construisait aussi avec un sujet désignant un être animé pour « vivre, se maintenir en vie » (XIIe s.), « demeurer en place » (fin XIIe s. encore en usage au XVIIe s.) et « tenir, résister à » (v. 1196), absolument et avec un complément prépositionnel (durer à). Certains de ces emplois sont encore vivants régionalement, dans le nord et l'ouest de la France, en Bourgogne (ne pas durer en place). En français d'Afrique, durer, comme rester (régional), correspond à « séjourner, habiter ».
❏  Le participe présent DURANT, à partir d'emplois comme verbe d'une proposition participiale, généralement placé après le mot auquel il se rapporte (un an durant), a été ressenti comme préposition dès lors qu'il lui était antéposé (durant un an), par calque (1260) de la construction latine avec ablatif absolu dans la langue juridique. Il a été employé comme locution conjonctive dans durant que « pendant que », celle-ci étant, aujourd'hui, très littéraire en français de France, mais non au Québec, où durant que... se dit là où on emploie pendant que... en français d'Europe.
■  Le nom correspondant à durer, DURÉE n. f. (1135) désigne une fraction du temps par rapport à une série d'événements, un processus qui y prennent place. Il a donné l'ancienne locution adverbiale de durée « qui dure », usuelle en langue classique. Depuis 1870, il est spécialement employé en musique.
DURABLE adj. est emprunté (1050) au latin impérial durabilis « qui dure », dérivé de durare. Il qualifie des réalités qui subsistent pendant longtemps, sont peu sujettes à changer ou à disparaître. Lorsqu'on a calqué en français l'expression anglaise sustainable development en développement durable, devenu très usuel, on n'a pas pris garde qu'on substituait à l'action de « soutenir » la notion plus passive de « apte à durer », qui est très insuffisante.
■  Durable a donné l'adverbe de manière correspondant au verbe, DURABLEMENT (v. 1160), ainsi que DURABILITÉ n. f. (fin XIIIe s.) d'usage didactique.
❏ voir ENDURER, PERDURER.
DURILLON → DUR
DURION ou DURIAN n. m., nom d'un arbre, est emprunté (1588) au malais par l'intermédiaire de l'espagnol et du portugais. Le mot est d'abord relevé dans une traduction de l'espagnol, puis (1602) dans la traduction d'une adaptation latine de textes espagnols et portugais. Parvenu en français par voie savante (la forme moderne est influencée par le latin), le mot a connu une certaine vulgarisation au XVIIe s. (Furetière n'a pas d'article durion, mais mentionne le mot à betel, en raison de la contrariété existant entre les deux choses).
❏  Le terme désigne un arbre de l'archipel indien et, par métonymie, son fruit comestible. Il est à peu près sorti d'usage.
DURIT ou DURITE n. f. est l'emploi comme nom commun (1917 durit dans un dict. français-anglais de termes militaires [D. D. L.]), d'une marque déposée, très probablement tirée — principalement ou par calembour, s'il s'agissait d'un nom propre — de dur.
❏  Le mot désigne une conduite en caoutchouc traité (durci) pour les raccords de canalisations, dans les moteurs à explosion.