DUVET n. m. est une réfection inexpliquée (2e moitié du XIIIe s., av. 1278) du moyen français dumet attesté seulement au XVe s. mais qui correspond au latin médiéval duma (1250). Dumet est le diminutif en -et de dum, dun, formes attestées vers le milieu du XIIIe et jusqu'au début du XIVe siècle. Le type dun a été emprunté, à l'occasion du commerce du duvet, à l'ancien nordique dunn « petites plumes des oisillons » (norvégien, suédois, danois dun, anglais down, allemand Daune) ; dum est probablement une altération de ce dun d'après plume*.
❏  Le mot, rare ou spécial, est passé dans l'usage courant pour désigner les petites plumes des jeunes oiseaux (1803, Chateaubriand). Par analogie, il désigne (1680) le poil très fin qui annonce la barbe sur le visage des adolescents. Il est aussi employé en botanique (1700) ainsi qu'en zoologie à propos de quadrupèdes (1760, Buffon). ◆  Par métonymie (1745), il désigne dans certaines régions un édredon (Suisse, Savoie, Lorraine, Belgique) et, récemment, en français général, un sac de couchage (1934), ces objets étant souvent garnis de duvet.
❏  Duvet a produit deux adjectifs dont les sens interfèrent en partie.
■  DUVETEUX, EUSE adj. (1573) « recouvert de duvet » est rare avant 1690 ; il qualifie aussi (1864) ce qui est de la nature du duvet.
■  DUVETÉ, ÉE adj. (1611), lui aussi rare avant le XVIIIe s., qualifie ce qui est couvert de duvet et en forme de duvet (1770).
Ultérieurement, duvet a donné DUVETER v. tr. (1875) « garnir de duvet », correspondant à duveté, et DUVETINE n. f. (1921) pour un tissu également appelé veloutine.
❏ voir ÉDREDON.
DUXELLES n. f. est dérivé de à la d'Uxelles (1755).
❏  Le mot désigne en cuisine un hachis de champignons de Paris, d'oignons et d'échalotes étuvés au beurre et servant de farce. L'expression à la duxelles désigne l'apprêt comportant une duxelles.
DVD n. m. invar., épelé à la française, est un emprunt au sigle anglais pour Digital Video Disc « disque numérique vidéo », qui aurait pu donner un sigle français.
❏  Ce sigle désigne un disque optique numérique à grande capacité, capable de reproduire images et sons, films, émissions, spectacles, etc. La recommandation de francisation en disque numérique polyvalent n'est pas suivie. Des DVD et des CD. ◆  Les DVD informatiques à mémoire morte sont appelés par anglicisme DVDRom.
DYADE n. f. est emprunté (1546) au bas latin dyas, dyadis « le nombre deux », calque du grec duas, duados « dualité », dérivé de duo « deux », correspondant exactement au latin duo (→ deux).
❏  Le mot apparaît une première fois chez Rabelais sous la forme du nominatif latin dyas, au sens du latin. Il est réintroduit au XIXe s. sous la forme actuelle, en philosophie (1838), où il s'applique à la réunion de deux principes qui se complètent, surtout pour traduire le mot grec dans son emploi philosophique (Platon, Aristote). En versification, il désigne un groupe harmonique de deux voyelles (1932). En biologie, dyade s'applique à un ensemble de deux chromosomes accouplés lors de la première mitose, et en informatique, à un groupe de deux nombres. Il fournit quelquefois un synonyme recherché de couple, paire, à propos de deux auteurs travaillant ensemble (1928).
❏  L'adjectif correspondant DYADIQUE a été emprunté (1701, Fontenelle) au dérivé grec duadikos « qui se rapporte au nombre deux ».
+ DYNAMIQUE adj. et n. f. est emprunté (1692) au grec dunamikos « puissant, efficace », dérivé tardif de dunamis « force » (au sens le plus général). Dunamis est employé avec de nombreux sens particuliers en médecine, mathématiques, et à propos de la signification d'un mot, de l'efficacité d'un remède ou de la valeur d'une monnaie. Ce nom se rattache à dunasthai « être capable de », en particulier « signifier » et « valoir », verbe que des étymologistes ont essayé de rapprocher du groupe de dêros « de longue durée », sans réussir à établir un lien sémantique satisfaisant.
❏  L'adjectif est relevé pour la première fois en mécanique, dans le Traité de la science dynamique de Leibniz ; il s'oppose à statique. Au milieu du XIXe s., il qualifie la sociologie (mot nouveau) qui étudie la vie en mouvement, le devenir, le progrès (1852, A. Comte).
■  C'est seulement au XXe s. (attesté 1934) qu'il est employé en parlant des personnes, au sens figuré de « plein de vie, d'entrain, d'activité » ; on note quelques emplois métaphoriques dans ce contexte dès le XIXe s., mais la référence au modèle mécanique y est encore sensible.
■  Le mot est substantivé au féminin pour désigner une partie de la mécanique (1752) ; il passe au XIXe s. en sociologie (A. Comte), puis en psychologie sous l'influence des théories de Kurt Lewin (v. 1940 en anglais). Au XXe s., par l'intermédiaire du sens figuré, « ensemble des forces en interaction et en opposition » dans le vocabulaire scientifique (géologie, démographie), il s'est répandu à propos de forces orientées vers un progrès (v. 1965) notamment en politique.
❏  Dynamique a produit DYNAMIQUEMENT adv. (1826), employé en mécanique, récemment (1961) au sens figuré « avec énergie », et DYNAMICIEN, IENNE n. (1968), nom donné au spécialiste de l'étude des relations psycho-sociales et de leurs effets.
■  Il a aussi servi à former une série de composés délimitant les différentes branches du domaine : ÉLECTRODYNAMIQUE adj. et n. f. (1823), THERMODYNAMIQUE (1862), emprunté à l'anglais thermodynamics (v. 1850), ISODYNAMIQUE (1837), MAGNÉTODYNAMIQUE (v. 1950).
Le nom correspondant, DYNAMISME n. m. (1834), a été formé sur le grec dunamis « force » avec le suffixe -isme. D'abord employé en philosophie en parlant de la doctrine leibnizienne, il s'est largement diffusé avec le sens psychologique de « qualité d'une personne dynamique » (1932). Il avait produit DYNAMISTE n. et adj. (1834), qui s'est dit en philosophie d'un partisan du dynamisme.
■  DYNAMISER v. tr., d'abord à la forme pronominale se dynamiser (1872), est probablement un emprunt à l'anglais to dynamize (1855), du grec dunamis « force », plutôt qu'un dérivé français de dynamique. En dehors de son acception technique en homéopathie (1891), le verbe est employé en économie et en politique, puis couramment, en relation avec le sens pris par dynamique et dynamisme, pour « communiquer de l'énergie à » (1949, répandu v. 1968).
■  DYNAMISATION n. f., emprunté plus récemment (v. 1955) à l'anglais dynamization, employé dans le domaine de l'homéopathie depuis 1855, est passé en français dans ce contexte, prenant ensuite (v. 1960) son sens courant, « action de dynamiser ».
DYNAMITE n. f. est emprunté (1868) à l'anglais dynamite, mot forgé sur le grec dunamis « force » par l'ingénieur-chimiste A. B. Nobel (1833-1896) qui déposa son brevet en 1867 en Angleterre, en 1868 aux États-Unis. Le mot, qui désigne une substance explosive, se dit familièrement au figuré de qqn, de qqch. qui semble avoir un pouvoir explosif. Dans l'argot des cyclistes, il est synonyme de « dopage » (v. 1929).
■  Il entre dans DYNAMITE-GOMME n. f. (1890, Larousse, 2e Suppl.) désignant une espèce de dynamite à consistance caoutchouteuse et a produit quelques dérivés dans le dernier tiers du XIXe siècle.
■  DYNAMITER v. tr., d'abord observé à la forme du participe passé DYNAMITÉ, ÉE (1890), elle-même précédée par dynamitisé (1882), est employé au propre comme au figuré (v. 1966). ◆  Ce verbe a entraîné DYNAMITEUR, EUSE n. (1871, J. O.), qui se dit surtout d'un auteur d'attentats à la dynamite (1882), et DYNAMITAGE n. m. (1917) qui a également pris le sens figuré du verbe (v. 1970).
■  Dynamite a aussi donné DYNAMITERIE n. f. (1875) et DYNAMITIER n. m. (XXe s.).
DYNAM-, DYNAMO- est l'élément préfixal tiré du grec dunamis « force », employé dans la formation de mots savants (physique, technique, électricité, physiologie) et productif à partir de l'extrême fin du XVIIIe siècle.
■  Le premier composé de -mètre* est DYNAMOMÈTRE n. m. (1798) « instrument de mesure de l'intensité des forces », qui a entraîné DYNAMOMÉTRIQUE adj. (1814) et DYNAMOMÉTRIE n. f. (1839, Boiste).
■  Les principales créations du XIXe s. sont DYNAMOGÈNE adj. (v. 1848) et DYNAMOGÉNIE n. f. (1888, antérieurement dynamo-génésie 1843), tous deux en physiologie, DYNAMOGRAPHE adj. (1870).
■  DYNAMO-ÉLECTRIQUE adj. (1867) est emprunté à l'allemand (voir ci-dessous). Cet adjectif, employé dans le syntagme machine dynamo-électrique, a été abrégé en DYNAMO n. f., d'abord masculin (1881), sous l'influence de l'anglais dynamo electric-machine (1875, brevet déposé par Clark), abrégé par la suite en dynamo-machine (1878) puis en dynamo (1882). L'appareil ainsi dénommé avait été mis au point en Allemagne par Werner Siemens (1816-1892) qui a proposé son appellation dans une communication faite en janvier 1867 à l'Académie de Berlin (on relève l'allemand dynamoelectrisches Prinzip en 1866).
Dynamo a servi à former le composé technique DYNAMOPHARE n. m. ou f. et le mot-valise DYNAMOTEUR (pour *dynamo-moteur) n. m. au XXe s., à propos de petits dispositifs électriques fonctionnant comme dynamo.
■  Le grec dunamis fournit aussi l'élément suffixal -dynamie, qui sert à former quelques mots savants tels ADYNAMIE n. f. (1782), d'où dérive ADYNAMIQUE adj. (1803).
DYNE n. f. est tiré (1881) du grec dunamis pour servir de nom à l'(ancienne) unité de mesure de force du système C. G. S.
DYNASTIE n. f., d'abord dinascie (1495), refait d'après le grec en dynastie (1508-1517), est emprunté au grec dunasteia « puissance, souveraineté », mot relatif à un pouvoir plus ou moins arbitraire, par opposition à isonomia « démocratie » et à politeia « gouvernement des citoyens par eux-mêmes, république ou démocratie », et distinct de oligarkhia (→ oligarchie). Dunasteia est dérivé de dunastês « celui qui a le pouvoir d'agir », notamment en parlant du pouvoir politique, employé à propos de Zeus, des chefs d'une cité, et parfois pour « prince, roi ». Lui-même est le nom d'agent (avec s non étymologique) correspondant à dunasthai « avoir en soi la capacité, être capable de » (→ dynamique), verbe d'un groupe important exprimant la notion du pouvoir sans contrainte.
❏  Le mot, rare avant 1767, désigne une suite de souverains appartenant à la même famille. Dans cet emploi, les contextes diffèrent selon qu'il s'agit de l'Antiquité (ainsi, l'histoire de l'Égypte est divisée en dynasties), de l'époque moderne, de l'histoire de l'Europe ou de celle de la Chine, d'autres pays d'Asie, ou encore de l'Afrique précoloniale. Par analogie, il s'applique (1862) à une suite de personnes de la même famille occupant les mêmes fonctions, les mêmes activités lorsqu'elles sont importantes (ou ironiquement). Par extension, il recouvre parfois le sens de « famille spirituelle ».
❏  Il a produit DYNASTIQUE adj. (1834) avec l'emploi, en français d'Afrique, de genre dynastique, à propos des poèmes oraux traditionnels du Rwanda, à la gloire des souverains.
■  DYNASTE n. m. est emprunté (av. 1520) au grec dunastês comme terme de l'histoire antique, à propos d'un souverain dirigeant un petit pays ou gouvernant sous la protection d'une grande puissance. Il s'est dit péjorativement d'un petit souverain absolu. En entomologie, le nom de dynaste a été donné à un gros scarabée d'Amérique centrale, dont le mâle porte deux longues cornes formant pince.
PRÉDYNASTIQUE adj. (mil. XXe s.) se dit en égyptologie de ce qui a précédé dans le temps les premières dynasties connues de l'Égypte antique, notamment de l'art de ces époques.
DYS- est le préfixe tiré du grec dus-, qui exprime l'idée de mal, ou de manque et finalement une notion privative. Il s'oppose à eu- qui exprime la perfection, l'achèvement (→ euphorie), et sert à renforcer le sens d'un terme défavorable ou à détruire celui d'une notion favorable. Il fonctionne ainsi en alternance avec la particule privative a- ou an- (→ a-). Durant toute l'histoire du grec ancien, ce préfixe a tenu une grande place, servant à former plus de mille mots dans tous les genres littéraires. C'est un élément de composition très ancien, également productif en indo-iranien (sanskrit duṣ-, dur-), en germanique (vieil haut allemand zur-), en celtique (vieil irlandais du-, do-), en arménien.
❏  En dehors des emprunts au grec comme dysenterie*, dyspepsie*, dys-, quelquefois écrit dis- (comme dans dissymétrie), a servi à faire un grand nombre de composés aux XIXe et XXe siècles. Son domaine d'emploi est cependant limité à la pathologie médicale (« mauvais fonctionnement », « mauvais état ») si l'on excepte quelques mots plus généraux comme dysharmonie, dysfonctionnement (voir les simples).
DYSLEXIE n. f. est composé (1907) de cet élément et de lexie n. f. qui représente le grec lexis « parole, élocution, mot » (→ lexique). L'anglais dyslexia, attesté depuis 1886-1888, a pu servir de modèle.
■  Sur le radical du mot, on a formé DYSLEXIQUE adj. (attesté 1959), aussi substantivé en parlant d'une personne atteinte de dyslexie.
DYSGRAPHIE n. f. d'abord « défaut de conformation d'un organe » (1878) désigne aujourd'hui (dep. 1902) un trouble de l'écriture, en général ; DYSORTHOGRAPHIE n. f. (v. 1968) concerne les défauts d'acquisition des règles de l'orthographe dans une langue.
DYSPHORIE n. f. (1811) est un emprunt au grec dusphoria « angoisse », de dusphoros « difficile à supporter » et désigne un état de malaise contraire à l'euphorie. ◆  Le dérivé DYSPHORIQUE adj. est relativement usuel.
De nombreux autres composés en dys- sont employés en pathologie humaine, tels DYSPHASIE n. f. « trouble de la parole », DYSPHONIE n. f. « trouble de la voix », etc. Certains, plus généraux, sont à demi entrés dans l'usage courant, comme DYSPLASIE n. f. (1938) « anomalie du développement (de tissus, d'organes, d'organismes) » ou DYSPRAXIE n. f. (1928) « troubles de la coordination des mouvements, troubles psychomoteurs ».
DYSENTERIE n. f. est la réfection graphique par l'étymologie (v. 1560) de dissenterie (1372), antérieurement dissintere (XIIIe s.), emprunté au latin dysenteria, lui-même repris du grec dusenteria « maladie des intestins ». Le mot recouvrait la plupart des affections des intestins. Celse le premier isola un état morbide distinct sous le nom latin de tormina « tranchées, coliques », de la famille de tarquere (→ tordre). Dusenteria est formé de dus- (→ dys-) et entera, pluriel neutre, « entrailles, intestins, boyaux », qui contient la préposition-préverbe en « dans » attestée dans diverses langues indoeuropéennes (latin in, vieil irlandais in, gotique in, vieux prussien en). Nom ancien des entrailles, le grec entera est en relation avec l'arménien ənder-kr̦ pl., le vieil islandais iðrar, mais il s'agit de l'emploi particulier d'un adjectif de sens plus général signifiant « intérieur » et qui se retrouve dans le sanskrit ántara- comme dans le latin interior (→ intérieur).
❏  Le mot désigne, d'abord d'après la médecine latine, puis plus précisément, une maladie infectieuse et contagieuse caractérisée par des diarrhées violentes avec pus, sang et mucus. Il est souvent pris pour dysenterie amibienne, maladie épidémique des pays chauds.
❏  Il a pour dérivé DYSENTÉRIQUE adj. (fin XIVe s.), d'usage rare.
DYSLEXIE → DYS-
DYSPEPSIE n. f. est emprunté (1550, dispepsie) au latin dyspepsia, lui-même repris au grec duspepsia « indigestion ». Ce mot est dérivé de duspeptos « difficile à digérer », de dus- (→ dys-) et peptos « cuit, digéré » (→ peptique) de pessein « mûrir, cuire », verbe à rattacher à la même racine indoeuropéenne que le verbe latin de même sens coquere (→ cuire).
❏  Le mot se rapporte à un trouble fonctionnel de la digestion.
❏  L'adjectif correspondant hésite entre DYSPEPSIQUE adj. (1845) et DISPEPTIQUE adj. (1845), selon que le radical de base est celui du français dyspepsie ou celui du grec duspeptos.
DYTIQUE n. m. est emprunté (1764) au grec dutikos « qui aime à plonger », substantivé pour désigner un genre d'insecte aquatique (Dioscoride). Le mot est dérivé de duein « s'enfoncer, plonger » et, par suite, « entrer dans », verbe rapproché du thème védique isolé upā-du- « vêtir ». Linné a créé le latin scientifique dysticus (1735), transcription altérée du grec, pour dénommer un genre de coléoptère.
❏  Le mot désigne un gros insecte aplati qui vit dans l'eau douce et dévore le frai, les alevins.