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Échelle désigne d'abord, comme en latin, un dispositif transportable composé de deux montants réunis par des barreaux servant de marches.
Échelle de potence était encore au
XVIIe s. le nom de l'escalier de l'échafaud ou du pilori, d'où par métonymie
échelle « potence » et la locution disparue
sentir l'échelle « être digne d'une punition exemplaire » (1668) analogue à
de sac et de corde. Par analogie on parle ensuite d'une
échelle de corde (1636), d'une
échelle double (1680), puis d'un dispositif ressemblant à une échelle, mais à un seul montant dit aussi
échelier (ci-dessous).
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Dans le langage maritime, on emploie encore
échelle pour un escalier fixe ou mobile.
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Au
XVIIe s., le mot entre dans la locution
après cela (après lui, etc.) on peut (il faut) tirer l'échelle (1657) « on ne peut rien faire (imaginer, etc.) de mieux, de plus », qu'on explique par : « on peut enlever l'échelle, il est inutile de monter faire le travail » ou par « il a enlevé l'échelle, personne ne pourra monter après lui ».
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La locution
faire la courte échelle (à qqn), « aider à franchir un obstacle, en formant un échelon avec les mains jointes », est attestée en 1835 ;
court évoque une échelle petite, expédiente, rapide à trouver ; la locution s'emploie aussi par métaphore (
XIXe s.), d'où
courte échelle « aide » (
XIXe s.).
Monter à l'échelle (milieu
XIXe s.) s'est dit pour « se mettre en colère pour peu de chose » et signifie aujourd'hui « se laisser prendre à une plaisanterie », un peu comme
être mené en bateau.
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Depuis le XVIIe s., échelle désigne aussi une place de commerce, une escale (1654) proprement « un lieu où l'on pose une échelle pour débarquer » (→ escale), d'où la locution disparue faire échelle « faire escale » et les emplois historiques, au pluriel, pour « escale, port », dans les Échelles de Barbarie (les ports d'Afrique du Nord), et, encore connu, les Échelles du Levant.
Le mot prend également le sens (1685) de « ligne graduée des cartes marines », indiquant le rapport des dimensions figurées avec les distances réelles, d'où par extension le sens de « rapport entre une dimension et sa représentation (sur une carte, dans les arts graphiques) ». Échelle désigne aussi (1751) une série de divisions sur un instrument de mesure. De ces emplois viennent les locutions à grande (à petite) échelle (d'une carte) et, au figuré, faire qqch. à grande échelle « en grand » à l'échelle (de) « selon un ordre de grandeur » (XIXe s.) avec une valeur proche de celle de « niveau ».
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Par figure échelle se dit (1690) d'une série continue ou progressive ; de ce sens abstrait sont issus plusieurs emplois : échelle des conditions (1794), remplacé ensuite par échelle sociale (1821), d'où être en haut (en bas) de l'échelle (sociale), échelle des êtres (1764), échelle des sons, en musique (1755), échelle des couleurs, en peinture, échelle des salaires, échelle mobile (1870), en économie.
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Le substantif a quatre dérivés directs.
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ÉCHELER v. tr. (1274, escheller), « monter par degrés, grimper », est archaïque ou régional.
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Son dérivé ÉCHEL(L)AGE n. m. (1509), terme juridique, se dit du droit de poser une échelle sur la propriété d'autrui pour réparer un mur, etc.
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ÉCHELETTE n. f. « petite échelle » (1316) désigne aussi (1555) un oiseau passereau grimpeur. Avec une valeur figurée qui s'explique par celles d'échelle, c'est également un terme de comptabilité (1755).
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ÉCHELON n. m. (fin XIe s., eschelon), du radical de échelle, désigne la traverse d'une échelle (Cf. barreau). Le mot a plusieurs emplois figurés : « ce par quoi on monte (descend) d'un rang à un autre » (1319, eschelon d'humilité), « chacun des degrés d'une série », d'où spécialement « position à l'intérieur d'un même grade ». La locution dernier échelon signifie « le plus élevé » ou « le plus bas ». Échelon, terme militaire (1823), signifie « élément d'une troupe fractionnée en profondeur ».
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Ce nom a pour dérivé ÉCHELONNER v. tr. (eschelonner, fin XIVe s.), repris comme terme militaire (1823) au sens de « disposer de distance en distance » (des troupes). S'échelonner signifie aussi « être distribué dans le temps » (1842) ; de ce sens dérive ÉCHELONNEMENT n. m. (1851).
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Enfin échelier v. tr. (1685) désigne un dispositif muni d'échelons fixés alternativement sur une pièce centrale.
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De là RÉÉCHELONNER v. tr., moins courant que RÉÉCHELONNEMENT n. m. (1980), par ex. dans le rééchelonnement de la dette.