ÉCRASER v. tr. est un emprunt (1560) au moyen anglais to crasen « briser, écraser » (v. 1440) avec adjonction du préfixe é-, es- (du latin ex-, intensif). Le verbe anglais, qui a abouti à to craze « broyer », vient probablement de l'ancien scandinave.
❏
Écraser entre en français avec le sens d'« aplatir et déformer (un corps) ». Le verbe signifie par extension (1680) « tuer ou chercher à tuer » (un être vivant) et écraser qqn se dit (déb. XVIIIe s.) d'un véhicule qui renverse et blesse ou tue qqn. S'écraser « s'aplatir en tombant » et « se tuer en s'écrasant » est attesté au XVIIe s. (1659, Corneille).
◆
De ce sens viennent des emplois figurés, « réduire totalement (un ennemi) », « dominer nettement » (1690, Furetière, écraser un adversaire) et « accabler sous l'action d'une force irrésistible » (XIXe s.), surtout courant au participe passé et au passif (être écrasé de travail). Par extension du sens de « réduire (qqn) », écraser s'emploie au sens d'« humilier » (XIXe s.) et de « dominer par sa masse » (déb. XIXe s.), en parlant d'une chose.
◆
Des emplois spéciaux correspondant au sens initial et concret : écraser le raisin, du poivre, écraser une cigarette et, par exagération, écraser le pied de qqn. Écraser une larme « l'essuyer » s'emploie au figuré pour « faire semblant d'avoir de la peine ». La locution figurée écraser qqch. dans l'œuf (XXe s.) signifie « anéantir au stade de la préparation ».
◆
En écraser (1908) s'emploie familièrement au sens de « dormir » ; l'image sous-jacente est attestée : écraser de la paille, des punaises, mais la métaphore s'explique aussi par écrasé de fatigue.
◆
Écraser s'emploie aussi familièrement (v. 1950) pour « renoncer (à poser une question, à protester, etc.) », c'est-à-dire supprimer ce que l'on s'apprêtait à formuler. Cette acception est surtout vivante au pronominal : s'écraser « se taire », « se soumettre », et à l'impératif : écrase ! « n'insiste pas ! ». Écraser le coup (1952 dans Esnault) vaut pour « ne plus prendre en compte ».
❏
Le participe passé
ÉCRASÉ, ÉE devient
adj. et n. au sens d'« aplati, broyé sous l'effet d'un choc violent » (v. 1570). Il se dit pour « court et ramassé » (1629,
nez écrasé)
[Cf. épaté], d'où à l'époque classique « petit » en parlant d'une personne (fin
XVIIe s.), puis
édifice écrasé (1811), et en typographie
lettre écrasée.
◆
Comme le verbe, il s'emploie spécialement (fin
XIXe s.,
adj. et n.) pour « qui a été renversé par une voiture, un train, etc. » et dans la locution (
XXe s.)
la rubrique des chiens écrasés ou
les chiens écrasés « les faits divers », dans un journal.
◆
Au figuré,
écrasé signifie « abattu moralement » comme adjectif (apr. 1750 ; rare comme nom, 1809, Stendhal).
■
ÉCRASEUR, EUSE est rare dans l'emploi adjectif (1571, escrazeur) ; comme nom, il désigne une personne qui écrase (1611), anciennement un mauvais cocher, un conducteur maladroit.
◆
Écraseur, n. m. est aussi un terme de chirurgie désignant un instrument (1857).
■
ÉCRASEMENT n. m. « action d'écraser » (1611) se dit au figuré pour le fait de succomber (av. 1719) au sens de « destruction complète (d'un adversaire) » (1871) et pour l'action de comprimer en réduisant les écarts (XXe s. ; écrasement de la hiérarchie ; le verbe a aussi cette acception).
■
ÉCRASANT, ANTE adj. s'emploie au propre (XVIIIe s.) et dans plusieurs sens figurés (1771, « pénible à supporter »), comme le verbe ; au sens de « qui tue en écrasant », l'adjectif est tombé en désuétude.
■
ÉCRASURE n. f. est un terme technique (1870).
■
ÉCRASIS n. m. (1883, Huysmans) est inusité.
◈
Le composé
ÉCRASE-MERDE n. m. « grosse chaussure » semble avoir été formé par Jarry (1896, écrit
écrase-merdre par plaisanterie) ; il est devenu assez usuel dans un usage familier.
❏ voir
ÉCRABOUILLER.
G
ÉCREVISSE n. f. est issu, sous la forme escreveice (1248), puis escrevise (v. 1265) du francique °krebitja (Cf. ancien haut allemand krebiz, allemand Krebs).
❏
Le mot français désigne comme son étymon un crustacé d'eau douce à la chair appréciée ; il entre dans les locutions
rouge comme une écrevisse « très rouge » (1690), comme les écrevisses après la cuisson
(Cf. homard), aller, avancer comme une écrevisse « à reculons », par allusion à la nage à reculons du crustacé (on a employé aussi
aller à pas d'écrevisse, 1611).
◆
En français d'Afrique, on appelle
écrevisse (des lagunes) une grande crevette d'eau douce.
◆
La locution argotique
écrevisse cuite, « cardinal », a été employée à Paris à la fin du
XVIIIe siècle.
◆
Éplucher des écrevisses « perdre son temps à des niaiseries » était en usage aux
XVIIe et
XVIIIe siècles.
■
Par analogie avec la forme de la queue de l'écrevisse, écrevisse se dit (1380) d'une ancienne armure, faite de lames horizontales et articulées ; par analogie avec les pinces, le mot désigne (1842) une sorte de grande tenaille, utilisée dans les forges.
L
ÉCRIN n. m. est issu (2e moitié du XIe s., escrin) du latin scrinium « coffret, cassette », terme technique d'origine incertaine.
❏
Écrin garde le sens de l'étymon, désignant spécialement un coffret où l'on garde des objets précieux (1504, escrain) puis, par métonymie, le contenu d'un écrin (1694). Le mot s'est employé (v. 1190) jusqu'au XVe s. pour « archives » (conservées dans un coffre).
L
ÉCRIRE v. tr. est issu (v. 1050, escrire) du latin scribere « tracer des caractères », « composer (une œuvre) », qui s'apparente à des termes indoeuropéens signifiant « gratter, inciser », ce qui rappelle l'origine matérielle de la plupart des écritures, gravées sur pierre ou incisées. Voir aussi le schéma.
❏
Le verbe apparaît au sens général de « tracer (pour dessiner, peindre) », « mettre par écrit », valeur qui donne lieu à divers usages. Il est employé intransitivement pour « rédiger une lettre » (apr. 1250), et dans
écrire à qqn (v. 1560).
◆
Il signifie ensuite « inscrire d'une manière durable » (1268) et, par extension, « tracer une inscription » (1395), puis « exprimer (qqch.) par l'écriture » (v. 1370), aussi absolument (1549) ; de là
écrire de qqch. (v. 1250),
écrire qqch. « écrire au sujet de » (v. 1650) et
écrire que « exposer dans un ouvrage ».
S'écrire a signifié « s'intituler (d'un ouvrage) » (fin
XIVe s.) et au
XVIe s. « écrire son nom ». Au
XVIe s. le verbe prend un sens métonymique : « employer telles lettres pour écrire (un mot) ».
◆
L'Académie relève au
XIXe s. le sens analogique de « composer en musique » (1835) ; au
XXe s.,
écrire s'emploie avec une valeur extensive pour « inscrire (des informations) dans une mémoire électronique » (apr. 1960).
La valeur générale a suscité plusieurs locutions : écrire sur l'onde (1672) « oublier qqch. » et « travailler sans résultat » a disparu ; ce qui est écrit est écrit (1694) « ce qui est convenu par écrit ne peut être changé », correspond aux paroles de Ponce Pilate aux Juifs qui voulaient modifier l'inscription sur la croix du Christ (Évangile selon saint Jean, XIX, 19) ; c'est (c'était) écrit « cela devait arriver », (XIXe s.), auparavant il est écrit « Dieu l'a décidé » apparaît au XVIe s. dans les premières traductions de la Bible (aussi cela était écrit au Ciel, 1694). Par comparaison, écrire comme un chat (XVIIIe s.) signifie « écrire très mal ».
L'importance de l'écriture dans la civilisation est marquée par toute une série d'emplois figurés anciens. Dès le XIIe s. on relève écrire a mal (a bonté) « imputer à » (v. 1175), écrire qqn a rei « le désigner comme roi » (v. 1190) ; ces emplois ont disparu en moyen français. Le verbe a eu aussi les sens de « dénombrer », « décrire », « présenter » (v. 1190), d'où « enregistrer » (fin XIVe s.), sens qui se maintient jusqu'au XIXe siècle.
◆
Écrire qqn a signifié « l'enrôler » (v. 1350) et « le commander » (fin XIVe s.). Enfin au XVIe s. le verbe prend le sens d'« enseigner (une doctrine) par écrit » (1549). Ces emplois ont disparu à partir du français classique.
❏
Le participe passé substantivé
ÉCRIT n. m. désigne d'abord ce qui est écrit (v. 1155) : mémoire, document, lettre
(Cf. 1626, une écrite « une lettre »), spécialement la tradition écrite et, autrefois, l'Écriture sainte
(→ écriture). Avec cette valeur il entre dans la locution adverbiale
en écrit (v. 1119), beaucoup plus rare que
par écrit (fin
XIIIe s.), d'où
coucher par écrit (1538).
◆
Écrit s'est spécialisé au sens d'« ouvrage de l'esprit » (v. 1190), aussi usité au pluriel (fin
XVIe s.).
◆
Par ailleurs le mot a eu le sens large d'« inscription » et au pluriel « affiche » et « manuscrit » (v. 1501), puis « notes dictées » (1690) jusqu'à la fin du
XIXe siècle.
◆
Écrit désigne aussi (1900) les épreuves écrites d'un examen, d'un concours
(l'écrit et l'oral).
◆
Le mot s'était spécialisé en ancien et moyen français pour désigner des écrits particuliers ayant une valeur juridique : « testament » (v. 1200), « acte, convention » (v. 1240), « ordre formel » (déb.
XIVe s.).
◈
ÉCRITEAU n. m. a désigné (mil.
XIVe s.) un petit écrit. Le mot se dit ensuite (v. 1375,
escriptel ; 1391,
escriptiau) d'une surface (de papier, bois, toile, etc.) portant une information en grosses lettres destinée au public. Il a désigné un écusson, un cartouche (1409), puis comme terme commercial une étiquette (1538). Ils'est employé spécialement (
XVIIIe s.) pour désigner une inscription indiquant le motif d'une condamnation, et qui accompagnait le condamné. La locution figurée et familière (mil.
XIXe s.)
mettre un écriteau à une femme « afficher ses relations intimes avec elle » est sortie d'usage.
■
Le participe présent ÉCRIVANT est anciennement devenu adjectif, d'abord au sens (v. 1120) de « qui s'exprime par écrit », il signifie ensuite « qui fait écrire » (1839, Stendhal), « qui écrit facilement des lettres » (XIXe s.). Le nom a désigné un scribe (v. 1180) puis un écrivain (XVIe s.) ; rare dans cet emploi, le mot est repris par Moréas (1896) ; il est aujourd'hui d'usage didactique et signifie « personne qui écrit » (déb. XXe s.), spécialement « personne qui écrit sans préoccupation littéraire », opposé alors à écrivain.
◈
ÉCRIVEUR, EUSE n., comme
écrivant, équivalait à « copiste, scribe » (déb.
XIVe s.) et à « écrivain » (
XVIe s.) ; il est dérivé du radical du verbe
écrire, d'après
écrivain ; le mot, d'emploi rare, désigne ensuite une personne qui aime écrire (apr. 1650,
adj. ; 1787,
n.).
◈
RÉCRIRE v. tr. est formé (v. 1263,
rescrire) de
re-, et
escrire, écrire, souvent remplacé par
RÉÉCRIRE au
XXe s. Il signifie « écrire de nouveau », puis (1754) « rédiger de nouveau ». La locution
récrire, réécrire l'histoire correspond à « raconter à sa façon, en déformant ».
❏ voir
DÉCRIRE, ÉCRITOIRE, ÉCRITURE, ÉCRIVAIN, INSCRIRE, MANUSCRIT, PRESCRIRE, PROSCRIRE, SCRIBE, SCRIPT, SOUSCRIRE.
L
ÉCRITOIRE n. f. est issu (1174-1176, escritorie) du bas latin scriptorium « stylet en métal pour écrire sur la cire », puis (IXe s.) « cabinet d'étude », du supin du verbe scribere « tracer des caractères » (→ écrire). La graphie escritoire apparaît au XIIIe siècle.
❏
Le mot apparaît en français avec le sens de « cabinet d'étude », c'est-à-dire « pièce où l'on écrit » ; il est attesté ensuite (1re moitié du XIIIe s.) au sens métonymique de « coffret de nécessaire à écrire », d'où « petit meuble qui contient le nécessaire à écrire » (XIIIe s.) et « pupitre, table de travail » (1391 ; 1572, table écritoire) ; écritoire a été employé abusivement (1616) pour encrier (qui n'en est qu'une partie).
◆
On relève jusqu'au XVIIe s. plusieurs emplois métaphoriques : porter l'écritoire (1381) s'est dit pour « être influent », écritoire pour « homme de lettres » (fin XVIe s.) et gens (ou nobles) d'écritoire (v. 1640) désignait la noblesse de robe, par opposition à la noblesse d'épée.
L
ÉCRITURE n. f. est issu (v. 1050, escriture) du latin scriptura « écriture », « écrit », « art d'écrire » et dans la langue de l'Église « Les Livres Saints », dérivé du supin de « scribere » (→ écrire).
❏
C'est le sens du latin chrétien qui est d'abord attesté en français :
L'Écriture, puis
L'Écriture sainte (1560),
les Saintes Écritures (
XVIIe s.),
les Écritures désignant les Livres Saints.
Écriture se dit ensuite de la tradition écrite (déb.
XIIe s.), puis (1121-1134,
escripture) de ce qui est écrit, des livres manuscrits.
◆
Plus largement, le mot s'emploie pour « inscription » (v. 1155) et se spécialise au sens de « document » (v. 1223), d'où « sauf-conduit » (
XVIe s.) ; il a désigné par métonymie le passage d'un livre (v. 1330).
Le sens actuel de « système de représentation de la parole et de la pensée par des signes » est relevé dans la première moitié du
XIIe s., d'où l'emploi (1311) pour « type de caractères adoptés par un système d'écriture »
(l'écriture grecque, romaine) et, par extension (1538), pour « ensemble de caractères manuscrits particuliers à un style d'écriture donnée »
(écriture cursive).
■
Au XVe s., écriture, en relation avec le verbe écrire, prend le sens (1465) de « fait, action de créer par le langage, art d'écrire ». Le mot devient ensuite un terme de droit (1549) au sens de « ce qui, étant écrit selon certaines normes, a valeur probatoire », d'où faux en écriture privée, publique et (n. f. pl.) écritures « actes de procédure nécessaires à la soutenance d'un procès » ; de là viennent des locutions anciennes : accorder les écritures « concilier des choses apparemment contradictoires » (1549 ; jusqu'au XIXe s.), allusion aux pièces d'un procès et sans doute aussi aux divergences entre les Évangiles ; entendre les écritures « être habile aux affaires » (XVIIe s.), locution disparue, qualifiée de « basse » en 1718 (dictionnaire de l'Académie).
◆
Au pluriel, le mot désigne (1723) l'ensemble des comptes, de la correspondance d'une entreprise, d'où commis, employé aux écritures (1835), jeu d'écritures, tenir les écritures.
◆
Par analogie, écriture désigne à partir du XIXe s. (1837, écriture des sons) tout système de représentation graphique.
■
Au XXe s., le mot acquiert d'autres acceptions. La locution écriture automatique (1920) désigne l'une des techniques du surréalisme, consistant à noter par écrit « un monologue de débit aussi rapide que possible » (André Breton), pour traduire la « pensée parlée ».
◆
Employé pour « manière d'écrire » et presque synonyme de « style » au XIXe s., le mot se dit (1953, R. Barthes) de la pratique de l'écrivain quant à l'usage social de la forme qu'il utilise, au-delà de la langue ; écriture devient quasi-synonyme de langage littéraire et s'oppose dans cet emploi à style. Par ailleurs, lié à l'idée de « style », le mot prend le sens de « manière dont une œuvre graphique est réalisée par son auteur ».
◆
Écriture s'emploie aussi pour toute création artistique qui utilise des signes spatiaux ou temporels (écriture filmique, chorégraphique, etc.).
RÉÉCRITURE n. f., de re- et écriture, qui correspond à réécrire, est attesté chez les Goncourt (1892). Le mot sert à remplacer l'anglicisme rewriting* et s'emploie en linguistique (règles de réécriture). La variante récriture est rare.
❏ voir
ÉCRIRE, ÉCRITOIRE, ÉCRIVAIN.
L
ÉCRIVAIN n. m. est issu (v. 1120, escrivein) d'un latin populaire °scribanem, accusatif refait du latin classique scriba « greffier, scribe » (→ scribe), dérivé de scribere « écrire » (→ écrire).
❏
Écrivain reprend d'abord du latin le sens de « scribe, copiste » aujourd'hui archaïque, sauf dans la locution
écrivain public « personne qui écrit des lettres, etc., pour ceux qui ne savent pas écrire » (1835) et dans des emplois spéciaux, en histoire : « agent comptable », sur les vaisseaux de l'État (1337 ; 1628,
l'écrivain d'un vaisseau),
écrivain juré « copiste » au moyen âge ;
écrivain apostolique « secrétaire à la chancellerie du pape » (1838).
■
Le mot désigne ensuite en particulier celui qui est le scribe de sa propre production (av. 1255), puis une personne qui compose des ouvrages littéraires (v. 1269-1278) et seulement au XVIIIe s. un auteur qui se distingue par les qualités de son style (1787). Écrivain a longtemps été sans féminin d'où la mise en apposition, une femme écrivain ; une écrivaine, relevé dès le XIVe s. (escripvaine ; 1639, écrivaine), a été repris à partir du XIXe s. le plus souvent par plaisanterie.
◆
Écrivain désigne en entomologie (1863) un parasite de la vigne, parce qu'il ronge les feuilles en formant des découpures qui ressemblent à des caractères écrits.
❏
Deux verbes d'emploi péjoratif dérivent de ce nom.
■
ÉCRIVAILLER v. intr. (1611) signifie « composer rapidement des ouvrages sans valeur » ; en dérivent ÉCRIVAILLEUR, EUSE n. (1580, Montaigne) ou ÉCRIVAILLON n. m. (1885, Maupassant).
■
ÉCRIVASSER v. intr. a le même sens (v. 1800) et a donné ÉCRIVASSIER, IÈRE n. et adj. (1745) et ÉCRIVASSERIE n. f. (1842).
■
On relève quelques néologismes d'auteurs, construits sur le radical d'écrivain : écrivard n. m. (1893, Verlaine), écriveux n. m. (1910, J. Renard), écriveron n. m. (1947, R. Queneau).
❏ voir
ÉCRIRE, ÉCRITURE.
G
1 ÉCROU n. m. est attesté d'abord comme nom féminin sous les formes escroe (1168-1175) et escroue (fin XIIe s.) ; au masculin, escrou apparaît en 1611. Le mot est issu du francique °skrôda « lambeau, morceau coupé » (Cf. moyen néerlandais schrode).
❏
Écrou a désigné dans son premier emploi une bande de parchemin, d'où (1611,
écroue)
écroues de la maison du roi « états de dépense », rare après le
XVIIIe s., maintenant terme d'histoire.
■
Il se dit ensuite (1499, escroue, f., 1611 ; escrou, m.) pour « registre de prisonniers » ; de cet emploi, disparu (aujourd'hui, registre d'écrou, 1564), vient en droit le sens (XVIIe s.) d'« acte constatant qu'un individu a été remis à un directeur de prison » ; le mot s'emploie dans les locutions ordre d'écrou « ordre d'incarcération » et levée d'écrou « élargissement d'un prisonnier », locution la plus courante.
❏
ÉCROUER v. tr. s'est d'abord employé au sens de « mettre en pièces (qqch.) » (XIIIe s., escroer).
◆
Terme de droit (1642) pour « inscrire sur le registre d'écrou », le verbe s'emploie par extension au sens d'« emprisonner » (1823).
L
2 ÉCROU n. m. sous la forme escroe, n. f., à la fin du XIIIe s., est rare jusqu'au XVIe s. : on relève acrous isolément (1409-1410) puis on trouve escroue (n. f., 1542), encore écroue en 1752 ; la forme écrou, n. m. est attestée en 1567. Le mot est issu du latin scrofa « truie » (→ écrouelles), qui a sans doute pris en bas latin, par une métaphore sur la vulve de la truie (Cf. porcelaine), le sens d'« écrou ».
❏
Le mot désigne une pièce de métal, de bois, etc., percée d'un trou fileté dans lequel s'engage une vis.
❏
Le composé CONTRE-ÉCROU n. m., terme technique, est attesté en 1870.
L
ÉCROUELLES n. f. pl. est issu (v. 1245, escroiele) du latin populaire °scrofellae (pl.), du bas latin scrofulae (→ scrofule) dérivé du classique scrofa « truie », probablement parce que les tumeurs ganglionnaires sont fréquentes chez le porc.
❏
Le mot désignait l'adénopathie cervicale chronique d'origine tuberculeuse et un abcès du cou provenant de cette maladie ; la locution herbe aux écrouelles est archaïque (Cf. scrofulaire). L'un des pouvoirs symboliques attribués au roi de France, sacré et oint, était son pouvoir de guérir les écrouelles en les touchant.
❏
ÉCROUELLEUX, EUSE adj. (1575, escrouelleux) est un terme de médecine ancienne.
❏ voir
2 ÉCROU.
ÉCROUIR v. tr., réfection (1704) de escrouir (1676), est probablement dérivé par préfixation é-, es- de crou, forme wallone de cru « qui n'a pas subi de préparation, brut » (→ cru).
❏
Le verbe signifie en métallurgie « traiter (un métal) en le travaillant à une température inférieure à sa température de recuit ».
❏
Il a fourni le nom d'action ÉCROUISSAGE n. m. (1797), plus usité que ÉCROUISSEMENT n. m. (1690).
ECTO-, élément tiré du grec ektos « au-dehors », de ex (→ ex-), sert à former des mots savants.
❏
ECTODERME n. m. a été formé (1855) comme contraire de
endoderme (→ derme) ; le mot désigne en biologie (1901) le feuillet externe du troisième stade de développement de l'embryon.
◆
L'usage scientifique moderne préfère le synonyme
ECTOBLASTE n. m. (attesté 1905 ;
ectoblast, 1864 en anglais).
■
ECTOPARASITE n. m. et adj. (1878 ; 1861 en anglais ; de parasite), terme de biologie, signifie « parasite externe ».
■
ECTOPLASME n. m. (1890) désigne en biologie la couche superficielle de la cellule animale (opposé à endoplasme).
◆
Le mot a pris en occultisme et dans l'usage courant le sens d'« émanation visible du corps d'un médium » (1922 dans les dictionnaires ; ectoplasm, 1901 en anglais), d'où par extension celui de « personne (ou chose) sans consistance » (Cf. zombie).
◆
En dérive ECTOPLASMIQUE adj. (1903).
◈
ECTOTROPHIQUE adj., qui s'oppose en botanique à
endotrophique, de
-trophique, est un emprunt à l'allemand
ectotrophisch (A. B. Frank, 1890).
1 ÉCU n. m. est issu (1080, escut) du latin scutum « bouclier (d'abord ovale) » qui correspond au grec skutos « peau travaillée », « cuir », mot dont l'origine n'est pas claire. La graphie moderne est relevée au XVIIe s. chez Malherbe.
❏
Le mot a d'abord en français le sens latin de « bouclier », d'où les emplois anciens pour « homme d'armes » (v. 1150), « protecteur » (v. 1170 ; encore au
XVIe s.) et les expressions
porter écu « combattre » (v. 1140),
rendre son écu « s'avouer vaincu » (
XIIIe s.). Par extension, en termes de blason (1254),
écu désigne, comme le latin médiéval, un champ en forme de bouclier, où sont représentées les pièces des armoiries, puis par métonymie les armoiries mêmes (
XIVe s.).
◆
Le mot a désigné (v. 1340) une ancienne monnaie qui portait à l'origine l'écu de France sur une face (1641,
écu blanc ou
petit écu « pièce d'argent de trois livres », auparavant l'écu était d'or).
◆
Écu entrait dans de très nombreuses locutions sorties d'usage comme la monnaie que le mot désignait, par exemple :
le reste de mon (notre) écu « ce qui arrive de désagréable après une série d'ennuis » (en usage du
XVIIe au
XIXe s.) ;
(n'avoir) pas un écu vaillant « être démuni d'argent »
(Cf. sou), d'abord
il n'a pas vaillant un quart d'écu « il n'a pas un quart d'écu qui vaille » (1680) ;
avoir des écus moisis « être riche et avare » (1690) ;
cela ne lui fait non plus de peur qu'un écu à un avocat « il n'en a aucune frayeur » (1690), à cause de la réputation d'avidité des avocats ;
remuer les écus à la pelle (fin
XVIIe s.,
avoir des écus à remuer à la pelle) « être très riche » ;
mettre écu sur écu « thésauriser » (déb.
XIXe s.).
■
Écu se dit ensuite (1794) d'un papier de petit format, ainsi nommé parce qu'il portait un écu (monnaie) en filigrane.
❏
Un dérivé démotivé d'
écu en
-on, avec
-ss- comme consonne d'appui, est
ÉCUSSON n. m. (v. 1274,
escuchon ; 1538,
escusson ; 1760,
écusson) qui désigne d'abord un écu armorial.
◆
Par analogie de forme, le mot s'emploie ensuite dans divers domaines : en arboriculture (1531) pour désigner un fragment d'écorce portant un œil ou un bourgeon
(Cf. greffe) ; en serrurerie (1660) où il se dit d'une plaque métallique protégeant l'ouverture d'une serrure. Il désigne également (
XVIIe s.) une plaque blasonnée décorative ou servant d'enseigne et, en zoologie (1760), la pièce dorsale du thorax de certains insectes.
◆
Par extension,
écusson se dit en marine (1732) de la pièce de la poupe qui porte le nom du navire, parfois un emblème, et s'emploie en architecture pour désigner un cartouche décoratif. Le mot désigne aussi (attesté déb.
XXe s.) un petit morceau d'étoffe, cousu sur le col d'un uniforme pour indiquer l'arme et l'unité d'un soldat.
■
Le dérivé ÉCUSSONNER v. tr. (1297, au participe passé, escucené ; 1600, escussonner) s'emploie au sens d'« orner d'un écusson » (1297 ; 1846 à l'infinitif) et en arboriculture (1600).
◆
De ce sens dérivent les termes techniques ÉCUSSONNOIR n. m. (1721) et ÉCUSSONNAGE n. m. (1870).
❏ voir
ÉCUYER.