ÉIDÉTIQUE adj. et n. est un emprunt (1925) à l'allemand eidetisch, adjectif, et Eidetik, substantif, mots créés par le philosophe Husserl en 1913 et repris par le psychologue Jaensch (1920). Ils sont formés d'après le grec tardif eidêtikos « qui concerne la connaissance, la représentation », de eidos « aspect extérieur, forme » (→ 1 -ide, idée).
❏  Le mot s'applique à une image d'une netteté hallucinatoire (1925) ; en phénoménologie, l'adjectif signifie (1936) « qui concerne les essences, abstraction faite de l'existence ».
❏  En dérive le terme didactique ÉIDÉTISME n. m. (1952), employé en psychologie.
ÉJACULER v. tr. est un emprunt savant (XVIe s., attestation isolée) au latin ejaculari « lancer avec force », composé de ex- et de jaculari « lancer », dérivé de jaculum « arme de jet, javelot », lui-même dérivé de jacere « lancer » (→ jaculatoire, jeter), qui se rattache à une racine indoeuropéenne °ye- exprimant l'idée de projection dans l'espace.
❏  Le verbe, au XVIe s., avait conservé le sens du latin. Repris au XIXe s. (1835) par référence à éjaculation et éjaculatoire, employés depuis longtemps (XVIe -XVIIe s.) en physiologie, il se spécialise au sens physiologique de « projeter hors de soi avec force » (un liquide secrété par l'organisme) et, en emploi absolu courant, d'« émettre le sperme » (1850 chez Flaubert). Dans un usage littéraire, le verbe s'est employé parfois au figuré pour « exprimer avec force (des propos) » (1872, Flaubert).
❏  ÉJACULATION n. f., rarement usité au sens général d'« action d'éjaculer » (1552, Rabelais), désigne couramment (1611) l'émission du sperme. Au sens figuré repris au latin (Cf. oraisons jaculatoires) de « prières brèves, dites avec ferveur » (1611), le mot est sorti d'usage.
■  ÉJACULATEUR, TRICE adj. est attesté en 1580 (Montaigne) et signifie alors « qui a vertu de lancer, d'émettre » (vertu éjaculatrice), calque de Pline (Histoire naturelle, IX, 20). L'adjectif d'après éjaculation est ensuite un terme de physiologie (1732), comme ÉJACULATOIRE (XVIe s., n. m., Paré, puis 1611, adj.).
ÉJECTER v. tr. est attesté une première fois en 1492 ; jusqu'au début du XVIIe s., les formes ejecter, esjetter apparaissent avec plusieurs sens ; le mot actuel est repris fin XIXe s. (1890, Suppl. Larousse XIXe s.) postérieurement à éjection et éjecteur. Il est emprunté au latin impérial ejectare « jeter hors », de ex- intensif et jactare, fréquentatif de jacere « jeter » qui est à rattacher à une racine indoeuropéenne °ye- « jeter ».
❏  Éjecter, qui a conservé le sens du mot latin, s'emploie aussi à la forme réfléchie, et se dit familièrement (sens attesté en 1947) pour « expulser, renvoyer », valeur qui retrouve celle du latin (voir ci-dessous éjection). Cet emploi est devenu courant par exemple dans se faire éjecter (de quelque part).
❏  ÉJECTIF, IVE adj., attesté une fois en 1649 (faculté éjective), est repris au début du XXe s. comme terme de géologie (v. 1917), de psychologie (1946) et de phonétique (1950 ; substantivé au féminin : une éjective).
■  ÉJECTEUR n. m. (1874) se dit d'un appareil ou d'un dispositif servant à éjecter (un objet, un fluide) ; siège éjecteur est un calque de l'anglo-américain ejector seat (1945).
■  ÉJECTABLE adj. (1948 dans un dict. Larousse) s'emploie en parlant d'un siège, d'une cabine.
ÉJECTION n. f. est un emprunt (2e tiers du XIVe s.) au latin classique ejectio « action de jeter dehors », « expulsion », de ejectum, supin de ejicere (de ex- et jacere). Il a conservé le sens latin d'« expulsion (d'une personne) » ; il a vieilli pour désigner l'évacuation des excréments (1610). L'idée générale de « projeter dehors » s'est réalisée à travers plusieurs emplois techniques (déb. XXe s., éjection d'une douille ; 1951, en phonétique).
ÉLABORER v. tr., d'abord au participe passé (elabouré, 1534, Rabelais), à l'infinitif élaborer avant 1650 (élabourer encore au XVIIIe s.), représente un emprunt au latin elaborare « travailler avec soin », « perfectionner », dérivé par préfixation de laborare « être à la peine, travailler », de labor « travail » (→ labeur).
❏  Le verbe signifie d'abord « façonner par un long travail », spécialement en physiologie (Cf. assimiler). Par extension, élaborer s'emploie au sens de « préparer par un lent travail de l'esprit » (1690, élaborer un projet), sens attesté antérieurement pour le pronominal (av. 1650).
❏  Le dérivé ÉLABORATEUR, TRICE adj. et n. « qui élabore », attesté en 1864, est rare.
ÉLABORATION n. f., emprunt au dérivé latin elaboratio « travail, application », s'emploie d'abord en physiologie (1478, elleboration ; 1503, ellaboration) puis dans un contexte abstrait (1845), spécialement en psychologie. En psychanalyse élaboration psychique traduit l'allemand psychische Verarbeitung et élaboration secondaire traduit sekundäre Bearbeitung.
ÉLAGUER v. tr. apparaît au XIVe s. sous les formes alaguer (1373), au participe passé alaguees (fin XIVe s.), puis eslaguees (XVe s.) ; le verbe est altéré en eslaver (1425) puis eslaguer se fixe en 1535. Il s'agit d'un mot probablement dérivé, à l'aide d'un préfixe a-, remplacé par e(s)-, de l'ancien nordique laga « arranger, mettre en ordre ».
❏  Le verbe signifie « dépouiller (un arbre, un arbuste) de ses branches superflues ». Il s'emploie au figuré (XVIIIe s.) avec le sens de « débarrasser (un discours, un article) des détails, des développements inutiles ».
❏  ÉLAGUEMENT n. m. (1722, Saint-Simon), qui n'est attesté que dans son sens figuré (élaguement d'un texte), n'est pas d'usage courant.
■  ÉLAGAGE n. m. (1755) « action d'élaguer », désigne aussi par métonymie les branches coupées en élaguant et s'emploie au figuré (XIXe s.) comme équivalent d'élaguement.
■  ÉLAGUEUR, EUSE n. (1756, Mirabeau) désigne un ouvrier spécialisé dans l'élagage et, au masculin (1845), un instrument servant à élaguer.
ÉLÆIS ou ÉLEIS n. m. est l'emploi en français (1829) du latin botanique, emprunt au grec elaiêieis « huileux », de elaia « olivier ».
❏  Le mot désigne un palmier à huile qui pousse en Afrique de l'Ouest, et qui produit des fruits dont la pulpe donne l'huile « de palme », et la graine l'huile « de palmiste ». C'est ce palmier dont la sève donne la boisson alcoolisée dite vin de palme.
1 ÉLAN, ÉLANCER → LANCER
2 ÉLAN n. m. apparaît sous la forme hele à la fin du XIIIe s., puis sous des graphies variées : hellent (1414), eslams (pluriel, 1519), ellend (1564), ellan en 1609. La forme la plus ancienne est sans doute empruntée directement aux langues baltiques (Cf. lituanien élnis), les formes suivantes le sont par l'intermédiaire du haut allemand elen, elend.
❏  Le mot français, comme l'étymon, désigne un grand cerf des pays du Nord. On appelle l'orignal élan du Canada.
❏  Il semble que ÉLAND n. m., nom d'une grande antilope aux cornes en spirale vivant en Afrique du Sud, vienne de la même origine, car ce mot, par l'anglais eland (1786), vient du néerlandais afrikaans elend, d'origine allemande. Il est employé en français à partir de 1961.
ÉLARGIR → LARGE
ÉLASTIQUE adj. et n. est emprunté (1674) au latin scientifique elasticus (1651, Pecquet), lui-même du grec elastos, variante tardive de elatos « étiré, ductile », adjectif verbal de elaunein « pousser en avant », mot sans étymologie établie.
❏  Élastique est d'abord employé (1674) comme adjectif pour qualifier, en physique, un corps qui peut reprendre sa forme initiale après déformation et, par extension (1864), ce qui est constitué d'une telle matière (en anatomie, fibres élastiques). Élastique, avec le sens de « souple », se dit en parlant d'une démarche, d'un pas (1857). ◆  L'emploi substantivé est attesté en 1783 (elastiq ; 1836, élastique), avec le sens de « matière élastique et particulièrement en caoutchouc ; fil, ruban de caoutchouc » ; dans cette acception, élastique a pour synonyme familier avec le suffixe argotique -oche (cinoche) élastoche n. m. (attesté en 1951, Montherlant). ◆  De ce sens vient la locution familière il les lâche avec un élastique « il ne donne son argent qu'avec regret » (dans une chanson en 1927).
■  L'emploi figuré de l'adjectif apparaît au début du XIXe s. (1814, Bernardin de Saint-Pierre, réflexion élastique « souple, flexible ») ; en termes militaires, défense élastique se dit d'un système consistant en replis successifs. ◆  Enfin courbe élastique ou une élastique n. f. (1865) s'emploie en géométrie.
❏  INÉLASTIQUE adj. (1738) est un terme didactique (physique), comme son dérivé INÉLASTICITÉ n. f. (1899).
■  ÉLASTIQUEMENT adv. (1860) est relativement courant.
ÉLASTINE n. f. est un emprunt (1901) à l'anglais elastine (1875), de elastic, de même origine que élastique. C'est un terme de chimie et de biologie désignant une protéine constitutive des fibres élastiques de l'organisme. On trouve aussi élasticine (1855).
ÉLASTICITÉ n. f. est un emprunt quasi contemporain d'élastique (1687) au latin scientifique moderne elasticitas, dérivé de elasticus (→ élastique).
■  Il se dit d'abord à la fin du XVIIe s., en termes de physique, de la propriété qu'ont certains corps de reprendre (au moins partiellement) leur forme ou leur volume primitifs après qu'a cessé la force qui s'exerçait sur eux. Cet emploi s'est étendu dans la langue courante (1798, l'élasticité de la peau), et à l'idée de souplesse, d'aisance (en parlant de l'allure, des mouvements). ◆  Le sens figuré d'« aptitude à réagir vivement, à se redresser » est employé par Voltaire dès 1767. Élasticité a aussi le sens figuré (1832) de « flexibilité », « souplesse », en parlant du caractère d'une personne, d'institutions (élasticité d'une loi, d'un règlement ; et spécialement élasticité d'un budget).
ÉLASTO-, premier élément tiré d'élastique, sert à former quelques termes didactiques, comme ÉLASTOBLASTE n. m. (1930), de -blaste « cellule-mère », en biologie, ou ÉLASTOMÈRE n. m. (1953) formé d'après polymère, en chimie.
ÉLATIF n. m. est un mot créé savamment (1933) à partir du latin elatus « élevé, relevé » (en parlant du ton, du style), participe passé passif de effere « porter hors de » et « élever, soulever », dérivé préfixé de ferre (→ -fère).
❏  Élatif désigne dans les langues finno-ougriennes (finnois, hongrois, etc.), le cas qui exprime le mouvement de l'intérieur vers l'extérieur. Le mot s'emploie ensuite (1951), d'après le second sens du verbe latin, pour désigner un procédé grammatical qui exprime la qualité à un degré intensif.
ELDORADO n. m., d'abord sous la forme Dorado (1579), puis eldorado (1640), est un emprunt à l'expression espagnole el (pais) dorado « le pays de l'or » proprement « doré » ; dorado est le participe passé de dorar, du latin impérial deaurare comme l'italien dorare et le français dorer*.
❏  Eldorado est le nom donné à la contrée imaginaire que les Espagnols situaient, au XVIe s., en Amérique du Sud, entre l'Orénoque et l'Amazone ; cette contrée fabuleuse, que l'on disait abonder en or et en pierres précieuses, aurait été découverte par Orellana, lieutenant de Pizarre. La légende de l'Eldorado fut popularisée, en France, par Voltaire qui en fit le séjour de Candide (1759). Le mot se dit ensuite au figuré (1835) d'un pays, d'un lieu d'abondance et de délices (Cf. pays de cocagne).
ÉLECTEUR, TRICE n. est emprunté (v. 1350 ; XIIIe s. eslictor) au bas latin elector « celui qui choisit », formé sur electum, supin de eligere (→ élire).
❏  Le mot a d'abord désigné la personne (prince, évêque) qui, dans le Saint Empire germanique, participait par voie de suffrage au choix de l'Empereur (l'Électeur de Bavière, l'Électrice de Saxe) ; ainsi le Grand Électeur fut le nom donné à Frédéric Guillaume, créateur de l'État prussien. Dans cet emploi le mot, souvent écrit avec une majuscule, est aujourd'hui un terme d'histoire ; au féminin, il pouvait désigner la femme d'un électeur de l'Empire.
■  C'est à la fin du XVIIIe s., avec la Révolution française, qu'apparaît l'emploi moderne d'électeur « personne qui participe aux élections politiques ou administratives » (1790, n. m.) ; le terme d'électrice, témoin d'un long combat politique pour obtenir l'égalité des droits de la femme, n'est attesté qu'à la fin du XIXe s. (v. 1890).
❏  ÉLECTORAL, ALE, AUX adj., formé savamment à partir du radical du latin elector, s'est d'abord appliqué (1571) à ce qui était relatif à l'Électeur du Saint Empire ; avec la Révolution française (1792), électoral qualifie ce qui est relatif à des électeurs (corps électoral ; liste électorale), et au droit d'élire, aux élections (droit électoral, réforme électorale, campagne électorale).
■  De l'adjectif dérivent ÉLECTORALEMENT adv. (av. 1850) peu usité, et les termes de politique ÉLECTORALISME n. m. (1921) « tendance d'un parti à subordonner sa politique à la recherche de succès électoraux » et ÉLECTORALISTE n. et adj. (milieu XXe s.).
■  Le préfixé PRÉ-ÉLECTORAL, ALE, AUX adj. (1951) caractérise ce qui précède de peu une élection politique (le climat pré-électoral ; les manœuvres pré-électorales).
ÉLECTORAT n. m. (1601) est formé lui aussi sur le radical du latin elector avec le suffixe -at ; le latin médiéval a connu electoratus « dignité d'un électeur impérial » (1414). Électorat s'est dit (1611) de la dignité d'Électeur dans l'ancien Empire allemand, attesté plus tôt (1601) pour parler du territoire relevant de l'autorité d'un Électeur (l'Électorat de Hanovre, par exemple).
■  À la fin du XVIIIe s., le mot désigne la qualité d'électeur, l'usage du droit d'électeur ; il est dans ce sens d'un emploi administratif ou didactique. Électorat désigne couramment (1847) l'ensemble des électeurs ou un sous-groupe de cet ensemble.
ÉLECTIF, IVE adj. est emprunté (1370) au bas latin electivus « qui choisit », formé sur electum, supin de eligere (→ élire).
❏  Le mot s'est d'abord employé (1370, Oresme) avec le sens du latin electivus. Le sens moderne de « qui est nommé par voie de suffrages » est attesté en 1404 (chef électif). Comme pour électeur et élection, le contexte est alors celui de la désignation d'un souverain par quelques électeurs* ; on parle de roi électif et aussi de couronne, royauté élective « qui peut être conférée par élection ».
■  Le sens moderne de « qui implique des élections », postérieur à la Révolution française, est demeuré didactique (système électif, etc.).
■  L'adjectif est employé dans la seconde moitié du XVIIIe s. dans attractions et affinités électives, calque du latin moderne de attractionibus electivis, employé par le naturalise suédois Tohern Olof Bergmann (mort en 1784) et traduit en allemand par Walhverwandschaften (1785), répandu par le dictionnaire de physique de F. Gehler et surtout par Goethe, qui en fait le titre d'un roman et commente ce choix en 1809. Le livre, traduit dès 1810 en français, assure le passage au sens métaphorique « attirance profonde et réciproque » (entre deux personnes, deux communautés). Sont attestés aussi, en physiologie, sensibilité élective et, en médecine, trouble électif.
❏  ÉLECTIVEMENT adv., attesté isolément au XVIe s. (1515, 1568), à nouveau en 1797, s'emploie aussi (v. 1960) comme terme de chimie et de biologie.
■  ÉLECTIVITÉ n. f. (1808 « qualité de ce qui est électif » ; 1877 en biologie) est un terme didactique.
ÉLECTION n. f. est un emprunt (v. 1135, eslection) au latin classique electio « choix », de electum, supin de eligere (→ élire).
❏  D'abord introduit avec le sens du mot latin, usuel jusqu'au XVIIe s. et aujourd'hui sorti d'usage, élection se dit (1155, electium) du choix, de la désignation d'une personne pour une fonction, par voie de suffrages. Le contexte est alors le choix d'un souverain par un petit nombre de princes, de grands, comme dans le Saint Empire germanique (→ électeur). ◆  Du sens étymologique « choix » en général vient la locution adjective d'élection, notamment employée avec une valeur religieuse : vase d'élection « créature choisie par Dieu pour l'accomplissement de ses desseins » calque le latin ecclésiastique vas electionis ; peuple d'élection « le peuple élu », c'est-à-dire les juifs ; signe d'élection. Cette locution s'utilise spécialement dans le vocabulaire scientifique et médical (lieu ou point d'élection ; médicament d'élection).
■  En droit ancien (1469, eslection), le mot désignait une subdivision administrée par des élus, sous l'Ancien Régime : les Pays d'élection, par opposition aux « pays d'État », étaient des circonscriptions financières ne possédant pas d'État (assemblée) provincial et directement imposées à la taille, et par extension une juridiction (XVIIIe s.). En termes de droit (1804), élection de domicile se dit du choix d'un domicile légal en vue d'un acte juridique déterminé.
■  L'emploi du mot dans le domaine politique à partir de la Révolution française et selon des concepts variables de régime en régime, au cours du XIXe et du XXe s., a donné lieu à de nombreux syntagmes : élections administratives, départementales, municipales, récemment élections européennes (d'où par ellipse n. f. pl. les européennes). En emploi absolu les élections désigne le plus souvent les élections législatives.
❏  À partir d'élection a été composé (1784) RÉÉLECTION n. f. « action de réélire, fait d'être réélu ».
+ ÉLECTRIQUE adj. est un emprunt (1678 ; 1660 selon Bloch et Wartburg) au latin scientifique moderne electricus, introduit par W. Gilbert (De Magneto, 1600) pour désigner les propriétés attractives de l'ambre. Le mot est forgé sur le latin electrum n. m. « ambre », pris au grec êlektron « alliage d'or avec de l'argent » et « ambre », dérivé de êlektôr « brillant », mot d'étymologie obscure. Le français de la Renaissance connaissait le mot électron (av. 1530) précédé par electres (v. 1200) et devenu ÉLECTRUM n. m. (1549), pris au latin electrum et au grec êlektron pour désigner l'alliage d'or et d'argent ayant la couleur de l'ambre jaune. Cependant, c'est une propriété de l'ambre remarquée depuis l'Antiquité qui fit la fortune du mot dans les langues modernes. Ce corps naturel, frotté, attire en effet à lui les corps légers et cette propriété n'a été mise en rapport avec d'autres phénomènes physiques, comme le magnétisme*, qu'à l'époque moderne, qui a étendu d'autre part la propriété électrique (attractive) à d'autres corps que l'ambre. Cet élargissement est attesté dans l'expression corps électriques (1678), calqué de l'anglais electrick bodies (1646), et plus encore dans attraction électrique (1720, Costes traduisant Newton).
❏  L'adjectif signifie d'abord « qui peut recevoir ou communiquer le “fluide”, appelé plus tard électricité » (l'anglais connaît ce sens dès 1646 : electrick et electricall), puis « relatif à l'électricité » (cet emploi apparaît aussi en anglais, chez Newton en 1675). C'est au XVIIIe s. et surtout à partir du début du XIXe s. qu'on observe les syntagmes devenus usuels : l'anglais a ainsi electrical machine (1746), electric fire (1747, Franklin), electric pile (1803, invention de Volta v. 1800) ; toutes ces associations ainsi que bien d'autres sont passées dans diverses langues, dont le français. Courant* électrique est attesté en 1806. Lumière électrique (1864) procède aussi de l'anglais electric light (1843 ; déjà de rares attestations au XVIIIe s.). Éclairage électrique se trouve dans un rapport de E. Becquerel, dès 1856 ; lampe électrique apparaît entre 1850 et 1880 (Du Moncel, l'Éclairage électrique) bien que l'invention soit de 1845 (Draper) avec des développements rapides.
Les syntagmes formés avec cet adjectif se sont multipliés. Ainsi on trouve bougie électrique avant 1880 (id., l'Éclairage électrique), brûleur électrique (1879, Jamin) et, à la fin du siècle, suspension, lustre, applique électrique et aussi traction, tramway, locomotive électrique (Almanach Hachette 1894), voiture électrique (id., 1896), installation électrique (d'une maison, dite maison électrique, ibid.). Ampoule électrique apparaît à la même époque (1898, P. Adam).
❏  ÉLECTRICITÉ n. f. n'est attesté en français qu'en 1720 dans la traduction de Newton par Costes, l'anglais connaissant le mot electricity depuis 1646 (sir Thomas Browne). Il s'agit donc d'un anglicisme, le latin moderne electricitas, dérivé de electricus, étant postérieur. La première valeur de ces mots est « propriété attractive de l'ambre (du verre, etc.) » ; le sens moderne « caractère commun aux phénomènes qualifiés électriques » apparaît au XVIIe s. quand Newton distingue les phénomènes d'attraction par gravité, magnétisme et électricité. On emploie ensuite électricité positive (1752), négative, d'après Franklin, électricité résineuse, vitrée (1833). Le concept est souvent identifié à la notion de « fluide » (1755, Franklin). ◆  D'autre part, le même mot désigne (1734, en anglais) la partie de la physique qui étudie les phénomènes électriques (incluant ou non, selon les théories, le magnétisme). L'emploi spécialisé usuel « lumière électrique » (allumer, éteindre l'électricité) et la valeur métonymique « appareillage électrique » semblent assez récents (v. 1930 ?).
Du radical d'électrique viennent de très nombreux mots.
■  ÉLECTRICIEN, IENNE n. désigne d'abord (1752) le physicien spécialiste du domaine ; là encore, l'anglais electrician est antérieur (1751, Franklin). ◆  La valeur moderne dépend des applications industrielles et domestiques du domaine ; elle apparaît dans la seconde moitié du XIXe s. (1861) et concerne un ouvrier, un technicien capable de monter, de réparer des installations électriques. Le féminin électricienne semble récent.
■  Le verbe transitif ÉLECTRISER apparaît d'abord au participe passé (1731, tube électrisé) et en emploi absolu (1749) ; il signifie « communiquer à un corps des propriétés électriques » ; le complément peut désigner une personne (mil. XVIIIe s.), d'où le sens figuré (1763) « produire une impression exaltante sur (qqn) », plus courant que les valeurs correspondantes d'électrique et électricité. ◆  Le verbe a des dérivés : ÉLECTRISATION n. f. (1738), ÉLECTRISABLE adj. (1746), ÉLECTRISEUR, EUSE n., employé (1749) à propos d'un médecin, les deux premiers étant souvent pris au figuré.
■  Un autre verbe, ÉLECTRIFIER (1914 à propos des chemins de fer ; probablement déjà v. 1900 ; Cf. le dérivé électrification), apparaît dans le domaine technique, alors que l'anglais to electrify (1747, Franklin) signifiait « charger d'électricité » ; le sens moderne « équiper avec l'énergie électrique » est relevé vers 1900 dans le domaine des usines, du chemin de fer ; c'est la valeur que prend le dérivé ÉLECTRIFICATION n. f. en 1907, le mot signifiant précédemment (1873) « électrisation ». On sait l'usage qu'en fit (en russe) Lénine (les soviets et l'électrification), soulignant la valeur symbolique de ce domaine.
Électrique a directement produit l'adverbe ÉLECTRIQUEMENT (1832), d'abord au figuré et en physique, puis (fin XIXe s.) en technique.
L'élément ÉLECTRO- sert à former depuis le milieu du XVIIIe s. des composés qui ont la même structure sémantique qu'un substantif avec l'épithète électrique, au sens moderne de « relatif à l'électricité », sens bien établi au milieu du XVIIIe siècle.
■  Les premiers composés de ce type sont ÉLECTROMÈTRE n. m. (1746, puis 1749, d'Arcy ; inventé en 1748 par Le Roy et d'Arcy) et ÉLECTROSCOPE n. m. (1753, Nollet) « instrument permettant de mesurer une charge électrique et d'en apprécier la nature », en dépendance des notions d'électricité positive et négative (d'abord résineuse et vitrée) ; les dérivés ÉLECTROSCOPIE n. f. et ÉLECTROSCOPIQUE adj. sont attestés postérieurement (1843 et 1846).
■  On voit encore apparaître au XVIIIe s. ÉLECTROMAGNÉTISME n. m. et ÉLECTROMAGNÉTIQUE adj. (1781) désignant ou qualifiant à la fois un objet d'étude et la science qui le traite. ◆  ÉLECTROFAIBLE adj. (1985) qualifie la théorie physique unifiée qui rend compte des interactions électromagnétiques et des interactions dites faibles.
■  ÉLECTROPHORE n. m. vient (1783) du latin scientifique electrophorus créé par Volta vers 1776.
■  Le début du XIXe s. voit l'apparition de composés concernant la théorie, comme ÉLECTRONÉGATIF, IVE adj. (1813, anglais electronegative ; Henry, 1810) et ÉLECTROPOSITIF, IVE adj. (1834), ÉLECTROSTATIQUE adj. (av. 1827, Ampère) et ÉLECTRODYNAMIQUE adj. (1823, Ampère), ÉLECTROCHIMIE n. f. (1826, Becquerel) précédé par ÉLECTROCHIMIQUE adj. (1813, Avogadro).
■  ÉLECTROMOTEUR, TRICE adj. apparaît dès 1801 (Volta) au sens de « qui développe de l'électricité » par un moyen mécanique (Volta avait construit l'appareil ainsi qualifié en 1799), l'adjectif prendra plus tard des valeurs plus précises, en théorie (force électromotrice, d'où CONTRE-ÉLECTROMOTRICE adj. (1841) ; Cf. anglais electromotive force, 1833) et en technique.
■  ÉLECTROGÈNE adj. apparaît avec le sens général « qui produit de l'électricité » (1834) ; il s'est spécialisé en technique dans groupe électrogène (1894).
ÉLECTRODE n. f. (1836) est emprunté au mot anglais electrode forgé par Faraday (1834) avec l'élément final d'anode et de cathode, du grec hodos « chemin » (→ méthode) ; l'application physiologique et médicale date de la fin du siècle (1890) ; voir ci-dessous.
Le même Faraday crée (1834) le verbe to electrolyse, et le substantif electrolysis, passés en français, d'où ÉLECTROLYSE n. f. (1856) qui succède à électrolysation (1837), et ÉLECTROLYSER v. tr. (1838). Comme ÉLECTROLYTE n. m. (1838 ; en anglais 1834, Faraday) et ÉLECTROLYTIQUE adj. (1836), ces mots viennent du grec lutos, adjectif verbal de luein « décomposer, dissoudre ». ◆  ÉLECTRODÉPOSITION n. f. (1950) désigne la technique qui permet de déposer une couche de métal par électrolyse.
Au milieu du siècle, la terminologie témoigne du développement des théories électriques dans les sciences, avec ÉLECTROBIOLOGIE n. f. (1845), ÉLECTROPHYSIOLOGIE n. f. (1852 ; Cf. électromusculaire, 1842) et leurs applications, notamment techniques, industrielles, mais aussi médicales. ◆  C'est le cas pour ÉLECTROTYPIE n. f. (1842), où apparaît pour la première fois l'élément -typie, ÉLECTROMÉTALLURGIE n. f. (1843), qui semble emprunté à l'anglais electro-metallurgy (1840) ; plus tard ÉLECTROTECHNIQUE adj. (1882). ◆  L'ÉLECTRO-AIMANT est désigné à la même époque (1832). ◆  En médecine, on emploie ÉLECTROTHÉRAPIE n. f. (1857).
Parmi les effets de l'électricité, certains sont dangereux pour l'organisme ; ces propriétés utilisées par la justice américaine dans une intention aussi « humanitaire » que la guillotine, ont fourni to electrocute, d'electro- et execute « exécuter » (1889) et electrocution, d'execution (1890), d'où en français ÉLECTROCUTER v. tr. (1891) et ÉLECTROCUTION n. f. (1890), rapidement étendus aux effets physiologiques dangereux de l'électricité, hors du contexte pénal américain de la chaise électrique (electric chair), la première électrocution pénale ayant eu lieu en 1889.
La productivité d'électro- reste intense au XXe s. : noms et adjectifs de sciences et de domaines ; ÉLECTROLUMINESCENCE n. f. (attesté 1930) est probablement emprunté à l'anglais (1900), langue où le mot est formé sur electrical luminescence (1896) ; ÉLECTRO-OPTIQUE n. f. (1881 ; adj. v. 1930 ; Cf. anglais electro-optic, 1879), ÉLECTRO-ACOUSTIQUE adj. (1904), mot appliqué spécialement après 1940 à l'enregistrement des sons, domaine où ÉLECTROPHONE n. m., mot créé (1890) pour désigner un récepteur téléphonique, s'applique à un appareil de reproduction de sons enregistrés (1929) avant d'être vieilli par l'apparition d'autres désignations (chaîne haute fidélité, etc.). ◆  ÉLECTROSIDÉRURGIE n. f. (1907) est une autre formation technique.
■  Un domaine particulier des applications de l'électricité est la médecine : après électrothérapie (ci-dessus) et ÉLECTROTHERMIE n. f. (1870 ; le mot passera en physique au XXe s.), on trouve ÉLECTROCARDIOGRAMME n. m. (1916 ; d'abord écrit avec un tiret, -cardiogramme, 1903), emprunté à l'allemand Elektrocardiogramm créé par W. Einthoven en 1894, qui a pour dérivés ÉLECTROCARDIOGRAPHIE n. f. (1912) ; ÉLECTROCARDIOGRAPHIQUE adj. (1919) ; ÉLECTROCARDIOGRAPHE n. m. (1930). On relève aussi ÉLECTROMYOGRAMME n. m. (Cf. anglais electromyogram, 1917), ÉLECTROCOAGULATION n. f. (1922), ÉLECTRO-ENCÉPHALOGRAMME n. m. (1929 ; créé en allemand par H. Berger la même année), ou encore ÉLECTROENCÉPHALOGRAPHIE n. f. (1929). L'ensemble des diagnostics médicaux par l'électricité a été nommé (1890) ÉLECTRODIAGNOSTIC n. m. ÉLECTROCHOC n. m. (1938, électro-choc) est devenu courant, pour une méthode de traitement psychiatrique consistant à provoquer un choc électrique dans la boîte crânienne, et, au figuré, pour un choc, une secousse psychique violente. ÉLECTRORADIOLOGIE n. f. (1945), ÉLECTRONARCOSE n. f. (anglais electronarcosis, 1949) sont plus techniques.
D'autres domaines de la vie quotidienne sont investis par l'électricité : ÉLECTROMÉNAGER, ÈRE adj. (1934) est devenu courant à propos des appareils ménagers à moteurs électriques ; il s'emploie aussi comme nom masculin (1965) et a produit ÉLECTROMÉNAGISTE n. (1958).
La production d'électricité par la fission nucléaire a engendré l'adj. et n. m. ÉLECTRONUCLÉAIRE (1962).
L'une des formations tirées du grec êlektron a connu une fortune particulière ; c'est ÉLECTRON n. m. emprunté au grec (1808) pour désigner une hypothétique matière électrique, alors qu'on cherchait la cause des phénomènes groupés sous le nom d'électricité. En 1891, le physicien anglais G. J. Stoney reprenait cette forme, probablement d'après electric et -on de cation, anion (→ ion) pour désigner une charge électrique élémentaire, concept provisoire (1894 en français). C'est Larmor vers 1902 qui donne à ce mot anglais sa valeur moderne de « particule électrique élémentaire ». On a parlé ensuite d'électron positif (v. 1932 ; anglais positive et negative electron, 1902), mais la terminologie actuelle préfère parler de positon, réservant à électron la valeur de particule légère négative. ◆  On parle au figuré (dep. les années 1980) d'électron libre, syntagme emprunté à la physique, pour « personne qui agit de manière indépendante de toute institution », notamment dans une activité professionnelle.
■  La théorie des particules électriques légères (opposées aux nucléons du noyau de l'atome : neutrons et protons) est nommée en 1902 electronic theory par J. A. Fleming, d'où par emprunt ÉLECTRONIQUE adj. (1903). ◆  Ce n'est que plus tard que ÉLECTRONIQUE n. f. (attesté 1922 en français, Cf. anglais electronics, 1910) désigne l'étude des phénomènes mettant en jeu des électrons à l'état libre. ◆  L'importance du domaine suscite un nouveau sens pour l'adjectif qui signifie alors « relatif aux techniques utilisant les électrons libres » avec des syntagmes presque aussi nombreux que pour électrique : instrument (electronic Musical Instrument, 1930 en anglais), microscope, tube, calculateur électronique puis jeu, monnaie électronique ; par extension, électronique prend la valeur de « qui se fait par l'électronique » (musique, annuaire électronique). Le mot est devenu un des symboles de la technoscience contemporaine, notamment après 1945, lorsque la technique électronique put s'appliquer au transfert d'information (→ informatique). ◆  Il est donc normal qu'il ait produit des dérivés comme ÉLECTRONIQUEMENT adv. (1936), ÉLECTRONICIEN, IENNE n. (1955, Larousse mensuel), ÉLECTRONISATION n. f. (1964) « équipement par l'électronique » et des syntagmes à l'image de l'anglais electronic brain (1945), computer (1946), cerveau électronique, calculateur électronique, etc.
RADIOÉLECTRIQUE adj. (1913) qualifie les phénomènes relatifs à la production et à l'utilisation des oscillations électriques de haute fréquence, les ondes électromagnétiques de longueur supérieure aux radiations visibles (ondes hertziennes*) qu'elles produisent, les techniques qui les utilisent (→ radio- : radiodiffusion, etc.). ◆  RADIOÉLECTRICITÉ n. f. (1920) désigne les phénomènes radioélectriques et leur étude physique. ◆  RADIOÉLECTRICIEN, IENNE n. (1932) dénomme le ou la spécialiste de radioélectricité (physicien ou technicien).
❏ voir HYDRO-.
ÉLECTRUM → ÉLECTRIQUE
ÉLECTUAIRE n. m., attesté sous cette forme vers 1300, s'est substitué aux variantes leituaire, lettuaire, usuelles en ancien français. C'est un emprunt au latin impérial electuarium, peut-être altération, sous l'influence de electus « choisi » participe passé passif de eligere (→ élire), du grec ekleikton « électuaire ». Ce dernier est l'adjectif verbal substantivé de ekleikhein « lécher » et « avaler (un remède mou, une pâte) », de ek et leikhein, à rattacher à une racine indoeuropéenne °leigh- « lécher ».
❏  Électuaire, terme didactique aujourd'hui vieilli, désigne une préparation pharmaceutique de consistance molle, composée de poudres incorporées à du miel, à un sirop.
ÉLÉGANT, ANTE adj. est un emprunt ancien (1150, mais rare avant le XVe s.) au latin elegans, -antis « qui sait choisir » et « distingué, de bon goût », « pur (style) », ancien participe présent devenu adjectif. Cette forme laisse supposer qu'a dû exister, à côté de legere « cueillir, choisir, rassembler » d'où « lire » (→ lire), un intensif et duratif °legare.
❏  Le mot, qui a conservé les principaux emplois du latin, qualifie d'abord une chose (œuvre d'art, monument, etc.) de bon goût, puis par extension (av. 1486) un style, un parler (d'où par extension, auteur élégant). Par référence initiale à la notion de choix, élégant s'applique au domaine intellectuel (par exemple dans solution, démonstration élégante). À partir du XVIIIe s., l'adjectif s'est employé en parlant de personnes, de la qualité ou du goût dans le choix de la mise et, par extension, de la distinction d'un comportement. ◆  De là vient l'emploi de un élégant, une élégante comme substantif (1771) pour désigner une personne élégante ou qui affecte de l'être. Cet emploi fut usuel à différentes époques, jusqu'au XXe s. avec des connotations variables et des terminologies spécifiques (Cf. mode et aussi incroyable, muscadin, dandy, fashion, lion, jusqu'à minet, etc.). Aujourd'hui élégant, nom masculin, a généralement une connotation péjorative et est moins usité que le substantif féminin.
❏  De l'adjectif dérivent ÉLÉGAMMENT adv. (1359-1377), usuel, et ÉLÉGANTISER v. tr. (1840) « rendre élégant », terme rare comme ÉLÉGANTIFIER v. tr. (1862, Goncourt).
INÉLÉGANT, ANTE adj. dérive par préfixation d'élégant ou est emprunté (av. 1520) au latin inelegans « sans distinction, sans goût, sans finesse », « grossier », « désagréable ».
■  L'adjectif signifie « dépourvu d'élégance », d'abord en parlant de la manière d'écrire, puis d'une personne ; il s'applique ensuite (1830, Stendhal) à un comportement inconvenant, ou indélicat moralement.
■  Il a fourni INÉLÉGANCE n. f. (1525), rare avant le XVIIIe s., qui s'emploie surtout dans le domaine moral (1845), et INÉLÉGAMMENT adv. (1546), plus rare et littéraire.
ÉLÉGANCE n. f. a été emprunté (fin XIVe , puis fin XVe s.) au latin elegantia « goût, délicatesse, distinction », dérivé de elegans.
■  Le mot a suivi la même évolution sémantique que élégant. À la fin du XVe s., le terme est appliqué au domaine de l'expression (1495, élégance de langage). Il est attesté, dès cette époque, avec la valeur de « courtoisie, qualité de distinction dans les manières », développé au XVIIIe s., en parlant notamment de l'habillement d'une personne et, par extension, d'une assemblée (Cf. aussi la locution être l'arbitre des élégances). En parlant du style, élégance (1690, surtout au pluriel) se dit de tournures recommandées pour leur distinction ; mais ce pluriel, dans des élégances inutiles et en emploi non qualifié, a souvent une valeur péjorative. ◆  Le mot s'utilise de façon méliorative au singulier au sens de « bon goût », dans l'ordre moral ou intellectuel. ◆  Pour le préfixé inélégance, voir ci-dessus.
ÉLÉGIE n. f. est un emprunt (1500) au latin elegia « élégie », lui-même pris au grec elegeia, de elegos « chant de deuil ». Les Anciens rattachaient elegos à un verbe elegein qu'ils analysaient en e e legein « dire hé ! ou hélas », de legein « dire » (→ lire), mais c'est une étymologie a posteriori. Le mot est plus vraisemblablement un emprunt à l'Asie Mineure, peut-être à la Phrygie.
❏  Élégie est le nom donné à un poème grec ou latin composé de distiques dont la tonalité est mélancolique. Par extension, le mot s'emploie à propos d'une œuvre littéraire moderne dont le thème est la plainte (av. 1850). Élégie, au pluriel, s'est dit au figuré pour « plaintes, lamentations » (XVIIIe s.). En musique, il correspond à un morceau en mineur (1854).
❏  ÉLÉGIAQUE adj. est un emprunt savant (1480) au bas latin elegiacus, du grec elegeiakos, de elegeia. C'est un terme littéraire qui qualifie ce qui est relatif à l'élégie d'où un élégiaque n. m. « un poète élégiaque ». Comme élégie, l'adjectif s'emploie au figuré (attesté 1862 ; accents élégiaques).