EMBRASER, EMBRASURE → BRAISE
EMBRAYER v. tr. représente probablement un dérivé (1858) de braie (→ braie) au sens de « pièce de bois mobile dans un moulin à vent, qui sert à soulager les meules » ; le verbe rembrayer « serrer la braie » existe au XVIIIe s. (1783).
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Le verbe s'emploie d'abord en mécanique au sens de « mettre en communication (une pièce mobile) avec l'arbre moteur ». Il signifie ensuite (1927, intr.) « prendre ou reprendre le travail », « commencer une action » d'où « commencer à discourir » et, par extension (v. 1948, embrayer sur), « mener à une action efficace » (on a la même image dans la locution de sens contraire tourner à vide).
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Les dérivés
EMBRAYAGE n. m. (1856) et
EMBRAYEUR n. m. (1878) sont des termes de mécanique.
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Embrayeur est introduit vers 1960 dans le vocabulaire de la linguistique, traduisant (mal) l'anglais
shifter (Jakobson) qui correspond à « changement de vitesse », pour désigner une classe de mots dont le sens varie avec la situation de communication.
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Le composé préfixé en dé-, désembrayer (1838), a été éliminé par DÉBRAYER v. tr., formé par substitution de préfixe (1865). Ce dernier s'emploie au figuré (v. intr., 1937) pour « arrêter le travail ».
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Le dérivé DÉBRAYAGE n. m. s'emploie au propre (1860) et au figuré (1952).
EMBRINGUER v. tr., mot familier récent (d'abord s'embringuer, 1915), est peut-être composé de em- et de bringue ou brigue « morceau » (→ bringue) ; on relève depuis le XVe s. plusieurs formes proches et de sens compatible, comme imbrinqué (XVe s.) « chargé », embriquer, embriguer (1586) « charger », embriguer (XVIe s.) « embarrasser », imbringuer (1754) « charger » et imbringue adj. (1838) « embarrassé, caché », mais leurs rapports avec le verbe moderne embringuer restent obscurs.
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Le mot s'emploie au sens d'« engager (qqn) de telle sorte qu'il soit embarrassé » (se laisser embringuer) ; être embringué signifie (1922) « être embarrassé par ce qu'on porte sur soi, avec soi ».
EMBROCATION n. f. est un emprunt (1377, embrocacion) au latin médiéval embrocatio (av. 1250) dérivé du bas latin embrocha « enveloppe humide », du grec tardif embrokhê « lotion », dérivé de embrekhein « mouiller, tremper », verbe d'origine obscure.
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Embrocation, terme de médecine, désigne l'action de verser sur une partie malade une préparation huileuse et calmante et, par extension (1690), le liquide lui-même (Cf. liniment). Dans ce sens, le mot s'est diffusé au XXe s. grâce au sport.
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Il a pour synonyme familier l'aphérèse EMBROC n. f., usuelle dans les années 1930.
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1 EMBRONCHER v. tr. attesté au XIXe s. (1845) est peut-être une variante ou une reprise de embruncher « recouvrir » (XVIe s., dans Rabelais) ou embroncher, de l'ancien français brunc « saillie », issu du latin populaire °bruncus « souche ».
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Ce verbe technique signifie « disposer les tuiles, les ardoises d'un toit en les emboîtant » et, en charpente, ajuster des poutres, des lattes.
2 EMBRONCHER v. tr. semble être un emprunt à l'occitan provençal embrounca, de brounca, qui correspond au français broncher*. Ce verbe d'usage régional, en Provence, en Languedoc, signifie « heurter, buter contre (un obstacle) ».
EMBROUSSAILLER → BROUSSAILLE
EMBRUN n. m. est emprunté une première fois au XVIe s. (déb. XVIe s., anbrun) et repris au XIXe s. (1828) au provençal embrun, déverbal de embruma « bruiner », de formation analogue à embrumer*.
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Le mot, surtout employé au pluriel (les embruns), désigne une poussière d'eau formée par l'eau de la mer emportée dans la direction du vent (Cf. bruine).
EMBRYON n. m. est un emprunt (1370-1372, Oresme, embrions) au grec embruon, proprement « ce qui croît à l'intérieur de », qui se dit de jeunes animaux (l'agneau qui vient de naître) et désigne, chez les médecins, l'embryon. Le mot, conservé en grec moderne, est un dérivé de bruein « se gonfler, croître », sans étymologie établie. En français, le mot s'est écrit embrion jusqu'au XIXe s., époque où le y s'impose.
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Embryon désigne d'abord l'œuf des animaux vivipares. Au figuré, le mot se dit de ce qui commence à paraître mais n'est pas achevé (1654).
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Il s'est employé au sens figuré (1690, Furetière) d'« homme insignifiant » (Cf. avorton).
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Par analogie, embryon est utilisé en botanique pour désigner l'ensemble des cellules issues de l'œuf (1808). Le concept moderne d'embryon se dégage au milieu du XIXe s. en même temps que celui d'embryologie.
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Le dérivé
EMBRYONNAIRE adj. s'emploie au propre (1834) et au figuré (1855).
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EMBRYOLOGIE n. f. est formé de l'élément
embryo-, tiré d'
embruon, et de
-logie ; le mot est attesté en 1762 au sens de « traité sur l'embryon humain », d'où « étude de l'embryon humain et de son développement » en tant qu'élément des études médicales.
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Il désigne aujourd'hui la science de l'ontogenèse des organismes animaux ; le concept moderne d'embryologie, comme celui d'embryon, se dégage au milieu du
XIXe s.
(Cf. l'emploi par Darwin de embryology en anglais, dès 1851). Il est primordial en biologie générale, à côté de celui de génétique.
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Les dérivés EMBRYOLOGIQUE adj. (1832) et EMBRYOLOGISTE n. (1846) et aussi EMBRYOLOGUE (1846), ont pris la valeur moderne d'embryologie.
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L'élément
embryo- entre dans la formation de termes didactiques, par exemple
EMBRYOTOMIE n. f. (1732), réfection d'
embruotomie (1707), de
-tomie*, EMBRYOME n. m. (attesté 1929) « tumeur qui résulte d'une malformation congénitale » et, plus récemment,
EMBRYOPATHIE n. f. (v. 1960), de
-pathie*, « maladie qui atteint l'embryon ».
EMBUSQUER v. tr. représente (XVe s.) une réfection de l'ancien français embuschier (→ embûche) d'après l'italien imboscare « se cacher » (XIIIe s.) et « tendre une embuscade » (XIVe s.), dérivé de bosco « bois », de même origine que bois*.
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Le verbe conserve le sens de « poster dans un lieu pour surprendre l'ennemi ». S'embusquer reprend au XVIIIe s. le sens de « se cacher » (1620) et signifie spécialement en argot militaire « se planquer » (1855), emploi largement répandu pendant la Première Guerre mondiale, de même que le participe passé substantivé EMBUSQUÉ, ÉE (1883, à propos d'un soldat exempté de corvée).
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De cet emploi vient aussi
EMBUSQUAGE n. m. (av. 1918) pour l'action et le fait de s'embusquer.
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EMBUSCADE n. f. est emprunté (1476-1477) avec des variantes
imboscade, emboscade au
XVIe s., à l'italien
imboscata (
XIVe s.), participe passé substantivé de
imboscare.
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Le nom désigne la manœuvre par laquelle on dissimule une troupe pour surprendre l'ennemi et, par métonymie, le lieu de la manœuvre, la troupe en embuscade (1636).
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Par figure (XXe s.), embuscade équivaut à embûche.
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Le dérivé S'EMBUSCADER, utilisé par Barrès (1888), est resté un mot d'auteur.
-ÈME, second élément de mots savants, tiré de phonème (→ phonème), est utilisé en linguistique et en sémiotique.
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Il sert à former des noms masculins désignant une unité minimale distinctive, dans le domaine exprimé par la base nominale. Cet élément est productif dans la terminologie sémiotique (Cf. dansème, mythème, pictème, etc.).