ÉMENDER v. tr. est un emprunt (v. 1200) au latin emendare « corriger, réformer », de ex- privatif et mendum « défaut physique », mot sans origine connue (→ amender, mendiant).
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Émender s'est employé en ancien français au sens d'« améliorer » ; au XVIe s., il signifie par spécialisation (1547) « corriger un texte », sens disparu aujourd'hui.
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Il s'est conservé comme terme de droit (1554) pour « réformer un jugement ».
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ÉMENDATION n. f., emprunt (XIIIe s.) au latin emendatio « action de corriger », de emendatum, supin de emendare, est un terme didactique. D'abord avec le sens étymologique dans le domaine moral, il désigne la correction faite à un texte (1549), spécialement la modification intentionnelle de l'orthographe d'un nom savant, en histoire naturelle.
ÉMERAUDE n. et adj. est un emprunt francisé (1121-1124, esmaragde), adapté en esmeraude (1176-1181) et écrit émeraude au XVIIe s., au latin smaragdus, du grec smaragdos « émeraude », d'origine orientale et à rattacher, probablement, à une racine sémitique signifiant « briller » ; on trouve l'italien smeraldo, l'espagnol esmeralda, à côté de l'anglais smaragd et de l'allemand Smaragd.
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Le mot, comme nom féminin, désigne d'abord une pierre précieuse ; cette pierre est généralement de couleur verte, d'où (milieu XVIIIe s.) le sens de « couleur verte de l'émeraude », aussi adjectivé.
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Repris comme nom masculin, émeraude désigne (XIXe s.) un oiseau paradisier (Nouvelle-Guinée) dont la gorge est verte.
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Le nom de couleur a suscité deux dérivés, ÉMERAUDINE n. f. (1762) « insecte du genre cétoine, de couleur verte », et ÉMERALDINE n. f. (1872) « matière colorante bleu-vert ».
ÉMERGER v. intr. est un emprunt (1495) au latin classique emergere « sortir de, s'élever, se montrer », de ex-, et mergere « plonger, s'enfoncer » au physique et au moral ; ce verbe est rattaché à une racine indoeuropéenne °mezg-, corroborée par des formes sanskrites et baltes.
❏
Le verbe, rare avant le XIXe s., s'est d'abord utilisé au figuré au sens de « se manifester, apparaître plus clairement », puis au sens propre (1826, Chateaubriand).
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Le dérivé
ÉMERGEMENT n. m. (1855) est rare, le substantif du verbe étant
émergence (ci-dessous).
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ÉMERGENT, ENTE adj. est emprunté au latin classique emergens, -entis, participe présent de emergere ; employé d'abord en droit (1476, emergeant) au sens disparu de « qui dépend », il s'utilise dans année émergente (1508-1517) « à partir de laquelle on compte les années d'une ère ». L'adjectif, employé en physique au sens de « qui sort d'un milieu après l'avoir traversé » (rayons émergents, en optique), est emprunté (1720) à l'anglais emergent (1676, Newton), de même origine. Le mot s'utilise rarement au sens concret (XIXe s.) de « qui émerge » (île émergente).
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Abstraitement, c'est aussi un terme de philosophie (XXe s.).
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Le dérivé ÉMERGENCE n. f. a d'abord été employé en droit (1498, « dépendance »).
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Comme terme de physique (1720), il est emprunté à l'anglais (emergence, 1704, Newton en optique). Il est ensuite employé en anatomie (1846, émergence d'un nerf), en géologie (émergence d'une source), en philosophie et en biologie (théorie de l'émergence, de G. H. Lewes, 1874).
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Au figuré, émergence signifie (apr. 1950) « apparition soudaine, dans une suite d'événements, d'idées » ; ce sens procède de l'emploi du verbe en philosophie.
❏ voir
ÉMERSION, IMMERGER, SUBMERGER.
ÉMERI n. m. qui succède au XVIIe s. aux formes esmerill (v. 1200), esmery (1440), emeril (XVIe -XVIIe s.) est probablement emprunté, comme l'italien smeriglio, le latin médiéval d'Italie smeriglum (1283) et le catalan esmerill (déb. XVe s.), au grec byzantin smerilion. Ce dernier est le diminutif de smeri, du grec classique smuris « émeri », d'origine obscure. On rapproche traditionnellement ce mot d'une racine germanique et celtique °smeru- « moelle », « graisse », hypothèse qui, d'après Chantraine, n'est satisfaisante ni pour la forme ni pour le sens.
❏
Émeri désigne comme son étymon une variété granulaire très dure du corindon ; le mot est utilisé couramment (1866) dans papier ou toile (d')émeri.
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Émeri entre dans la locution bouché à l'émeri, employée à propos d'un flacon (1818), dont le bouchon, poli à l'émeri, s'adapte parfaitement au goulot (Cf. hermétique) ; de cette expression technique vient le sens figuré et familier (1897) de « particulièrement fermé, borné » (Cf. bouché).
❏
ÉMERISER v. tr. est un terme technique (1868) d'où dérivent ÉMERISAGE n. m. (milieu XXe s.) et ÉMERISEUSE n. f. (mil. XXe s.).
ÉMERILLON n. m. est un dérivé suffixé en -on (v. 1165, esmerillon) de l'ancien français esmeril, qu'on suppose issu du francique °smiril (Cf. ancien haut allemand smiril).
❏
Le mot désigne (v. 1165) un oiseau rapace diurne, qu'on dressait autrefois pour la chasse.
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Au début du XVIe s., émerillon est attesté au sens de « petite pièce d'artillerie » ; ensuite le mot est employé dans divers sens techniques, dont celui (1680) de « croc ou anneau rivé par une petite tige dans une bague, de façon à pouvoir tourner librement ».
❏
À l'emploi ancien en fauconnerie se rattache le dérivé
ÉMERILLONNÉ, ÉE adj. (v. 1479) d'emploi littéraire, qui s'applique à un regard vif, par analogie avec le regard perçant de l'oiseau.
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S'ÉMERILLONNER v. pron. « prendre une humeur gaie » (1718), de l'adjectif, est sorti d'usage.
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Le sens technique d'émerillon a produit ÉMERILLONNER v. tr. (XXe s.).
ÉMÉRITE adj. relevé une première fois au XIVe s. (1355) et repris vers 1762, est un emprunt au latin emeritus, qui qualifiait un soldat ayant fait son temps. Emeritus est le participe passé de emereri « achever le service militaire », formé de ex- et mereri « recevoir comme prix », « gagner » (→ mérite).
❏
Émérite s'est dit d'une soldat qui avait accompli son temps, en parlant de l'Antiquité, et d'une personne qui, ayant exercé son emploi, jouissait des honneurs de son titre. Le mot subsiste en ce sens en Belgique (professeur, magistrat émérite), valeur reprise récemment en français de France et vivante aussi au Québec.
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Au figuré, émérite s'est employé (1830, Balzac) à propos de qqn qui a une longue habitude de qqch. ; il s'applique encore (depuis la fin du XIXe s.) à une personne qui a acquis par une longue pratique une grande compétence dans un domaine.
❏
Le dérivé ÉMÉRITAT n. m. (1824) s'emploie couramment en français de Belgique pour le statut de professeur, de magistrat émérite.
ÉMERSION n. f. est un emprunt savant (1671, Pomey), peut-être sous l'influence de l'anglais emersion (1633), au bas latin emersio « action d'émerger », du latin classique emersum, supin de emergere (→ émerger).
❏
Émersion est d'abord un terme d'astronomie désignant la brusque réapparition d'un astre qui s'était éclipsé.
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Ensuite le mot reprend le sens étymologique d'« action d'un corps qui émerge d'un milieu » (1752 ; ce sens existe en anglais depuis 1667).
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Le contraire immersion est plus courant.
ÉMÉTIQUE adj. et n. m. est un emprunt savant (1575, Paré) au bas latin emeticus, lui-même du grec emetikos, dérivé du verbe emein « vomir », mot d'origine indoeuropéenne à rapprocher du latin vomere (→ vomir).
❏
Le mot s'emploie comme nom masculin (1575) et comme adjectif (1667, vin émétique), désignant ce qui provoque le vomissement. Il est d'emploi didactique.
❏
ÉMÉTISER v. tr. (1760) est formé sur le radical de
émétique.
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Ce verbe a pour dérivé
ÉMÉTISANT, ANTE adj. (1835) devenu archaïque.
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ÉMÉTINE n. f. (1817), nom d'un alcaloïde extrait de l'ipéca, s'emploie en chimie et en médecine.
ÉMETTRE v. tr. est un emprunt (1477) au latin emittere « lancer hors de, produire », composé de ex- et de mittere « envoyer », qui n'a pas d'étymologie connue. Le verbe est modifié graphiquement d'après mettre*, verbe lui-même issu de mittere.
❏
Émettre, qui est postérieur à émission, a été un terme de droit (1477, attestation isolée, puis 1732) signifiant « interjeter » ; il est donné comme vieilli à la fin du XIXe siècle.
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Le verbe signifie depuis la seconde moitié du XVIIIe s., au moins depuis la Révolution, « mettre en circulation » (une monnaie, un titre, etc.) (1790), « faire sortir de soi (un son) » (1798, émettre son opinion, un appel).
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Il s'emploie ensuite (1800) avec le sens, proche de l'étymon, de « produire en envoyant hors de soi », spécialement, dans le domaine des télécommunications (1933, émettre un signal) et de la physique, alors en relation avec émission, émetteur.
❏
Le dérivé
ÉMETTEUR, TRICE n. et adj. s'est d'abord employé comme terme bancaire (1792,
émetteur de billets). Il s'utilise aujourd'hui dans divers domaines, par exemple en physique (
XXe s.) et surtout en télécommunications (1910,
poste émetteur d'ondes, puis
poste émetteur, station émettrice).
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Le masculin est aussi substantivé.
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Dans la théorie de la communication, l'
émetteur est celui qui émet un message par rapport à celui qui le reçoit, désigné par
récepteur.
■
Le préfixé RÉÉMETTRE v. tr. est un terme de physique (attesté 1964).
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RÉÉMETTEUR n. m., terme technique d'usage courant, désigne (v. 1960) un émetteur qui transmet les programmes de télévision diffusés par un émetteur principal.
❏ voir
ÉMISSAIRE, ÉMISSION.
ÉMEU ou ÉMOU n. m. apparaît sous la forme Eeme (1598) puis sous la graphie moderne en 1605.
❏
Ce mot des îles Moluques désigne un oiseau coureur de grande taille.
ÉMEUTE n. f., relevé sous la forme esmote au XIIe s., est formé sur l'ancien participe passé esmeu du verbe émouvoir (→ émouvoir), d'après meute « soulèvement, expédition » (→ meute). La finale du mot a varié : la forme esmuette est attestée en 1326 et on trouve aussi émute jusqu'au XVIIe siècle.
❏
Émeute a d'abord eu le sens de « mouvement, éclatement (d'une guerre) », d'où spécialement (1326) « soulèvement populaire », en concurrence pour ce sens avec émotion à l'époque classique.
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Émeute s'est employé au sens psychologique d'émoi qui l'a supplanté ; la locution faire émeute « émouvoir à l'extrême » se rattachait à ce sens.
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Seule la valeur de « soulèvement populaire », avec une idée de violence et sans celle de contenu politique (à la différence de révolution et même de révolte, voire d'insurrection) est restée vivante.
❏
Le dérivé ÉMEUTIER, IÈRE n. et adj. est relevé en 1834.
-ÉMIE, élément suffixal, est tiré du suffixe grec -aimia, de haima « sang ». Le mot, qui subsiste en grec moderne, n'a pas d'étymologie établie.
❏
-Émie entre dans la composition de mots savants indiquant la présence, normale ou anormale, de la substance désignée par le premier terme.
❏ voir
HÉMA-, HÉMORRAGIE, HÉMORROÏDE.
ÉMIGRER v. intr. est un emprunt (v. 1780) au latin emigrare « changer de demeure », de ex- et migrare (→ migrer) qui se rattache à une racine indoeuropéenne °mei- « changer, échanger », que l'on retrouve dans les mots latins mutare (→ muer), munus (→ commun) ainsi que dans le grec ameibein (→ amibe).
❏
Émigrer est introduit en français avec le sens de « quitter son pays pour aller s'établir dans un autre » ; le verbe s'emploie notamment à partir de 1791 pour parler des personnes qui, fuyant la Révolution, quittent la France. Au XXe s., les contextes sociaux de l'émigration se sont modifiés (Cf. ci-dessous émigré). Par analogie, émigrer s'utilise (1827) à propos de certaines espèces animales, puis, au XXe s., au figuré.
❏
Le participe présent substantivé
ÉMIGRANT, ANTE, relevé en 1770, ne s'emploie plus en zoologie, remplacé par
migrateur ; sous la Révolution, il était en concurrence avec le participe passé
ÉMIGRÉ (1791,
n. ; 1798,
adj.) qui l'emporta. En 1825, une indemnité fut votée pour dédommager ceux qui se réfugièrent hors de France entre 1791 et 1802
(le milliard des émigrés). Émigrant est aujourd'hui plus neutre que
émigré (Cf. réfugié) et s'emploie normalement pour ceux qui partent de leur pays,
émigré étant réservé à ceux qui sont établis hors de chez eux, en concurrence avec
immigré.
■
ÉMIGRATION n. f. est un emprunt, antérieur au verbe (1752), au latin classique emigratio (du supin de emigrare). Au sens général d'« action d'émigrer », il a suivi l'évolution d'émigrer et émigré. Il s'emploie aussi en zoologie (1778).
❏ voir
IMMIGRER, MIGRER.
ÉMINENT, ENTE adj. est un emprunt (1216) au latin eminens, participe présent de eminere « être saillant », « être en relief », « dominer », formé de ex- et de minere « s'élever, surplomber ». Minere se rattache à une racine indoeuropéenne °men- « être saillant » que l'on retrouve dans mons (→ mont, monter).
❏
Éminent, sorti d'usage, au sens concret et initial d'« élevé », encore usité à l'époque classique, ne s'emploie plus qu'au figuré. Le mot s'applique couramment à ce qui est au-dessus du niveau commun, qualité (1559) ou personne (1611).
◆
Chez Descartes (1647), par opposition à formel et objectif, il prend le sens scolastique de « fondamental, essentiel ».
❏
Le dérivé
ÉMINEMMENT adv. s'emploie pour « à un degré supérieur » (1587) et est un terme de la philosophie cartésienne (1647).
■
Le préfixé SURÉMINENT, ENTE adj. (1628) a remplacé SUPERÉMINENT (XIVe s.).
◆
SURÉMINENCE n. f. (1609) signifiait « situation très élevée », avant de s'appliquer (1875) à un caractère très éminent.
◈
ÉMINENCE n. f., emprunt (1314) au dérivé latin
eminentia, a le sens général de « qualité de ce qui est éminent ». Contrairement à l'adjectif, le nom garde un sens concret, désignant (1314) en anatomie une protubérance et, dans l'usage courant, une élévation de terrain (1690).
◆
Au
XVIe s., il a pris le sens figuré de « qualité supérieure » (1546, Rabelais) et de « supériorité sociale » (1570, Montaigne), sortis d'usage comme la locution adverbiale
par (en) éminence.
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Éminence s'est spécialisé au XVIIe s. (attesté 1690) comme titre d'honneur donné aux cardinaux (avec un É majuscule), d'où son emploi pour désigner une personne qui porte ce titre ; eminentia existait déjà comme titre dans le Bas-Empire. Éminence grise, surnom donné au père Joseph de Tremblay, conseiller du cardinal de Richelieu, a pris le sens (1752) de « conseiller qui manœuvre dans l'ombre ».
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ÉMINENTISSIME adj. reprend l'italien eminentissimo (XVe s.), superlatif de eminente, du latin eminentissimus, superlatif de eminens et titre honorifique dans le Bas-Empire.
◆
L'adjectif s'emploie en parlant d'un cardinal (1680) et du Grand Maître de l'ordre de Malte (1798).
❏ voir
IMMINENT, PRÉÉMINENT, PROÉMINENT.
ÉMIR n. m. est un emprunt ancien (XIIIe s.) à l'arabe ᾿āmir « prince, commandant » qui a par ailleurs donné amiral*.
❏
Émir est d'abord usité au sens de « chef de province », en parlant du monde musulman ; rare jusqu'au XVIe s., le mot s'emploie alors (1575) comme titre des descendants de Mahomet, en particulier pour désigner le chef du monde musulman au début de l'hégire.
◆
Émir s'emploie ensuite (XIXe s.) au sens de « prince, chef militaire », spécialement « chef d'un territoire » ; le mot s'est spécialisé au XXe s. pour désigner le chef d'un État musulman (Cf. ci-dessous émirat).
◆
En français d'Algérie, émir s'emploie à propos du chef d'un groupe islamiste armé.
❏
ÉMIRAT n. m. (dep. 1938) désigne un État musulman gouverné par un émir. Plusieurs émirats du Golfe arabique se sont unis politiquement (Émirats arabes unis). On dit absolument les Émirats pour cet ensemble géopolitique.
❏ voir
AMIRAL.
1 ÉMISSAIRE n. m. est un emprunt (1519) au latin classique emissarius « envoyé, espion », de emissum, du supin de emittere (→ émettre).
❏
Le mot désigne comme en latin un agent chargé d'une mission secrète.
■
Au sens technique de « canal d'évacuation », émissaire représente un autre emprunt (1611) au latin classique emissarium « déversoir » de même origine que emissarius, qui a pris en latin impérial un sens figuré en anatomie. Le mot conserve en français le sens technique du latin et entre dans le vocabulaire de l'anatomie au XIXe s. (n. m., 1814 ; 1870, veine émissaire).
❏
2 ÉMISSAIRE adj. m. est la traduction (1690) du latin de la Vulgate (caper) emissarius, traduction du grec apopompaios « qui écarte (les fléaux) », interprétation d'un mot hébreu signifiant « destiné à Azazel » qui se dit du bouc envoyé dans le désert le jour du Kippour (Lévitique, 16, 8).
❏ voir
BOUC (BOUC ÉMISSAIRE), ÉMISSION.
ÉMISSION n. f. est un emprunt (déb. XIVe s., Ovide moralisé) au latin emissio, « action de lâcher, de lancer », dérivé du supin emissum de emittere (→ émettre).
❏
Le mot, introduit avant le verbe
émettre, désigne concrètement la projection d'un liquide, par exemple d'un liquide organique ; il s'emploie depuis le moyen français (
XVe s.) à propos des sons de la voix. C'est au
XVIIe s. qu'il commence à désigner en physique les rayons visibles (
in Furetière, 1690) puis généralement un rayonnement (1720 d'après l'anglais
emission employé par Newton, 1704). D'Alembert le définit comme l'action « par laquelle un corps lance hors de lui des corpuscules ».
■
Vers la fin du XVIIIe s. le mot s'applique à la mise en circulation de papier monnaie (1789), cet emploi se généralisant aux XIXe et XXe s. en banque, en finances (émission de chèques, d'actions...) et aussi à propos des timbres-poste.
■
De l'usage en optique et en physique, à propos de rayonnement, vient l'emploi du mot dans divers contextes (chaleur, gaz, etc.), dont celui de la radiophonie (1917) avec émission d'ondes, des ondes hertziennes (Larousse mensuel, mars 1917). Cet emploi, d'abord technique, se généralise vers 1920 (1928, Malraux in T. L. F.).
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Par métonymie, on est passé de l'« action d'émettre » au contenu de ce qui est émis, c'est-à-dire à un programme (attesté 1936, Camus). De la radio, le mot est passé à la télévision, avec de nombreuses expressions (émission en direct, en différé, etc.).
❏
ÉMISSIF, IVE adj. est un dérivé savant de
emissum, supin de
emittere. Il signifie d'abord (1834) « qui a la faculté d'émettre (de la chaleur, de la lumière...) », puis « relatif à l'émission (d'ondes, de rayonnement) », notamment dans
pouvoir émissif (1903).
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De là ÉMISSIVITÉ n. f. (1905) qui caractérise le rapport entre le pouvoir émissif d'un corps incandescent et celui d'un « corps noir » analogue.