ENCHYMOSE n. f. est un emprunt (1752) au grec enkhumôsis « diffusion des sucs à travers le corps », composé de en « dans » et khumos « liquide, suc » (→ ecchymose).
❏
Ce terme de médecine ancienne désigne un afflux de sang d'origine émotive.
L
ENCLAVER v. tr. est issu (1283) du latin populaire °inclavare « fermer avec une clé », de in- marquant l'aboutissement et clavis « clé » (→ clé).
❏
Enclaver est d'abord attesté (1283) au sens, dominant aujourd'hui d'« enclore (une terre) dans une autre », d'où par extension (1409) « engager (une pièce dans une autre) » et « enclore ».
❏
Le participe passé
ENCLAVÉ, ÉE est adjectivé depuis le début du
XIVe s. (1312).
■
Le déverbal ENCLAVE n. f. désigne (1312, encleve) un territoire enfermé dans un autre. De là viennent par analogie des usages particuliers : le mot s'emploie (1611) en technologie pour « empiètement », en géologie (av. 1893), en physiologie (déb. XXe s.). Enclave se dit aussi, depuis le XIXe s., d'un territoire qui obéit à des lois morales ou sociales différentes de celles de régions alentour.
■
ENCLAVEMENT n. m. a eu le sens de « territoire enclavé » (av. 1453). Le mot désigne ensuite (1549) le fait d'être enclavé et est utilisé en particulier en médecine (enclavement d'un calcul, de l'utérus).
■
DÉSENCLAVER v. tr. « faire cesser d'être enclavé », est composé au XIXe s. (1870) et a pris spécialement (1935) le sens de « rompre l'isolement (d'une région, etc.) par l'amélioration des communications routières, téléphoniques, etc. », d'où DÉSENCLAVEMENT n. m. (XXe s.).
ENCLIN, INE adj. est dérivé (1080) de l'ancien verbe encliner « saluer (qqn) par une inclinaison profonde » (1080), issu du latin inclinare « infléchir » (→ incliner) comme l'italien inclinare et l'ancien provençal inclinar. Inclinare se rattache à la racine indoeuropéenne °klei- « pencher », de même que le grec klinein (→ climat, climique, enclitique).
❏
Enclin a d'abord signifié « baissé » (1080), sens encore relevé au
XVIIIe s. (Trévoux, 1771) mais qualifié alors de « vieux ». L'adjectif a signifié en ancien français « soumis, assujetti » (
XIIe s.).
◆
Il a pris (fin
XIIe s.) le sens de « porté, par un penchant naturel, à “faire qqch.” »
(Cf. inclination), où il est encore usuel.
■
Enclin a été substantivé (XIIe s., n. m.), désignant le fait d'incliner la tête, encore au XVIIIe s. dans le style burlesque, et s'est employé pour « inclination » (1554) à l'époque classique. Ces emplois ont disparu.
ENCLITIQUE adj. et n. est un emprunt (1583, particule encliticque) au bas latin encliticus, du grec tardif enklitikos « penché », dérivé de enklinein « incliner » et tardivement, comme terme de grammaire, « changer l'accent aigu en accent grave ». C'est un dérivé du verbe klinein « incliner », qui se rattache, comme le latin inclinare (→ enclin, incliner), à une racine indoeuropéenne °klei- « pencher ».
❏
Ce terme de grammaire, attesté sous la forme moderne à la fin du XVIIIe s. (1798), se dit d'un mot qui s'appuie sur le mot précédent et s'y intègre du point de vue phonétique. Le genre du nom a varié : masculin dans le dictionnaire de l'Académie en 1798, il y est ensuite féminin (1835), puis à nouveau masculin (1874, 1932).
❏
ENCLISE n. f., terme didactique, a été formé (1847) à partir du grec
enklisis « inclinaison » (de
enklinein), d'après
enclitique.
◈
À
enclitique correspond
PROCLITIQUE adj. et n. m. (1812) « mot qui, s'appuyant sur le mot suivant, est dépourvu d'accent tonique ». Il est tiré du verbe grec
proklinein « incliner en avant », de
klinein (→ clinique, incliner).
L
ENCLORE v. tr. est issu au XIe s. (v. 1050, [il] enclodet ; 1121-1134, à l'infinitif) du latin populaire °inclaudere, réfection d'après claudere (→ clore) du latin classique includere « enfermer » (→ inclure).
❏
Enclore signifie d'abord « enfermer », dans l'usage littéraire, puis (v. 1170) « entourer d'une clôture » et par extension (1690) « comprendre dans une enceinte » (Cf. enclaver, inclure).
❏
Le participe passé substantivé
ENCLOS n. m. désigne un espace de terrain entouré d'une clôture (1283), spécialement un espace enfermant un cimetière, (on parle aujourd'hui d'
enclos paroissial, en Bretagne) et par extension (2
e moitié du
XIIIe s.) une enceinte.
■
ENCLÔTURE n. f., usité en ancien français (1re moitié du XIIIe s., enclostrure), « action d'enclore (des parcelles de terrain) », est aujourd'hui un terme technique de géographie et d'agriculture.
■
ENCLOSURE n. f. est un emprunt à l'anglais enclosure « action d'enclore » (1538), lui-même emprunt au français (1270) où il est dérivé de enclos. Le mot a d'abord été utilisé comme terme de course (1804) ; il désigne aujourd'hui, en parlant de la Grande-Bretagne, une parcelle de terrain enclose.
❏ voir
ÉCLORE.
L
ENCLUME n. f. est issu (v. 1160, écrit anclume), peut-être sous l'influence de includere « enfermer » (→ inclure) qui aurait pris le sens de « fixer la pièce à travailler », du bas latin incudinem, altération du latin classique incudem, accusatif de incus, incudis « enclume ». Ce mot vient du verbe cudere « forger », « battre (les grains) », « battre le métal », dont on retrouve le radical dans quelques langues indoeuropéennes, comme le vieux slave kovǫ « je forge » et le serbe kùjēm de même sens.
❏
Enclume désigne comme en latin une masse de fer sur laquelle les métaux sont battus. Le mot est employé en anatomie (1611) pour nommer l'un des osselets de l'oreille, parce qu'il est en contact avec le marteau (sa forme est celle d'une molaire avec ses racines). Par analogie de fonction, enclume se dit (1676) d'un outil ou d'une pièce destinée à recevoir un choc.
◆
Le mot entre dans plusieurs locutions figurées : mettre (remettre) sur l'enclume « reprendre (un ouvrage intellectuel) » (1718), se trouver entre l'enclume et le marteau.
❏
Les dérivés ENCLUMEAU n. m. (fin XIVe s.) ou ENCLUMOT (1755) et ENCLUMETTE n. f. (1755) sont des termes techniques.
ENCOMBRER v. tr. est dérivé (v. 1050) de l'ancien français combre « barrage sur une rivière » ; combre n'est attesté qu'au XVe s. (région de la Loire), mais on relève la forme combrus en latin médiéval aux sens d'« abattis d'arbres » (VIe -VIIe s.) et de « barrage » (v. 1020). C'est un mot celtique qui se rattache à un gaulois °kombero (Cf. irlandais commar « rencontre de vallées », cymrique Kymmer « rencontre de cours d'eau »).
❏
Encombrer signifie « gêner, entraver » (v. 1050, dans le domaine moral) et « occuper à l'excès en gênant » (1080).
❏
ENCOMBRE n. m., déverbal d'
encombrer, a d'abord le sens de « malheur » (v. 1165), puis désigne (fin
XIIe s.) un empêchement, un embarras, jusqu'à l'époque classique : il est noté comme vieux et sorti d'usage par Furetière (1690).
◆
Le mot ne subsiste aujourd'hui que dans la locution adverbiale attestée au
XVIe s. (av. 1526)
sans encombre « sans ennui ».
■
Encombrer a produit aussi ENCOMBREMENT n. m. qui a eu comme encombre le sens figuré (1172-1174) de « difficulté, embarras » ; il signifie à la fin du XIIe s. « amas de choses qui encombrent », d'où spécialement « embouteillage de véhicules » (XVIIIe s.). Il est rare comme substantif d'action (valeur logiquement première) et attesté assez tard (1762) dans ce sens : « action d'encombrer ». Le mot est utilisé au figuré à partir du XIXe s. (l'encombrement d'une profession) puis (1930) au sens de « volume qui fait qu'un objet encombre plus ou moins ».
■
SURENCOMBREMENT n. m. est relevé en 1901 (Jarry) et SURENCOMBRÉ, ÉE adj., « très encombré », vers 1970.
■
ENCOMBRANT, ANTE adj. s'emploie au propre (1642), remplaçant encombreux (XIIIe s.), et au figuré (av. 1850) pour « importun ».
■
Le préfixé DÉSENCOMBRER v. tr. (fin XIIe s.) a remplacé l'ancien décombrer (→ décombre) ; en dérive DÉSENCOMBREMENT n. m. (1845).
ENCONTRE prép. et adv. est un emprunt (Xe s., encontra ; milieu XIIe s. sous la forme moderne) au bas latin incontra, adverbe et préposition exprimant le lieu, l'opposition, composé de in- et du classique contra (→ contre).
❏
Encontre s'est employé, en ancien français comme en latin, d'abord comme préposition (
Xe s.) au sens de « vers, au-devant de », puis pour « contre » avec une valeur spatiale (1080) et comme adverbe (1080) au sens de « en opposition ». Depuis la première moitié du
XIIe s., la préposition est utilisée pour marquer l'hostilité (v. 1120 ;
Cf. contre). Ces deux valeurs opposées ne se sont pas maintenues dans les locutions, seule la notion de « contraire » subsistant.
■
Le seul emploi moderne est sous la forme à l'encontre loc. adv. et prép. La locution prépositive à l'encontre de (XVe s. ; d'abord a l'encontre a, v. 1165) au sens de « à la rencontre de » est sortie d'usage ; elle était, comme l'adverbe et la préposition encontre, condamnée par Vaugelas (1647) et considérée comme vieillie par l'Académie en 1694. Elle a pris (1190-1200, a l'encontre de) le sens de « à l'opposé de », d'emploi soutenu en français moderne mais vivant, comme la locution adverbiale à l'encontre (av. 1270) « contre cela ».
ENCORBELLEMENT n. m. est composé (1394) de en- et de corbel, variante ancienne de corbeau* au sens de « pierre saillante ».
❏
Terme d'architecture, encorbellement se dit de la position d'une construction en saillie sur un mur et soutenue par des corbeaux (escalier en encorbellement).
❏
Le mot a produit au XIXe s. ENCORBELLER v. tr. (1870, au participe passé).
L
ENCORE adv., d'abord sous la forme uncor ou uncore (mil. XIe s.), modifiée au XIIe s. en encor, encore, est issu du latin populaire °hinc ad horam « d'ici jusqu'à l'heure » ou °hinc hac hora (1 or). La forme initiale uncore, oncore, est due à l'influence de onque (880), onc « jamais » (latin classique unquam). La graphie encor, interdite en prose par Vaugelas (1647), n'est utilisée aujourd'hui qu'en poésie, le plus souvent pour des raisons métriques.
❏
Encore est d'abord attesté comme adverbe de temps, marquant la persistance d'une action, d'un état au moment considéré ; puis il est utilisé (1080) pour marquer une idée de répétition (comme
de nouveau) ou de supplément. Employé avec un comparatif (1165-1170), l'adverbe indique le renchérissement, d'où les locutions
d'encore en encore « de plus en plus » (1665 ; sortie d'usage) et
mais encore ? pour demander des précisions complémentaires.
■
Encore s'emploie aussi (fin XIIe s.) devant un verbe au subjonctif pour exprimer une concession, puis dans la locution conjonctive encore que (1532), très usitée dans la langue classique, aujourd'hui littéraire (Cf. quoique, bien que).
◆
Le mot, employé comme particule, introduit une restriction (fin XIIIe s.), et encore corrigeant l'énoncé précédent.
◆
L'emploi comme adverbe de temps pour « jusqu'à présent », « dès à présent » dans une proposition affirmative, était courant à l'époque classique ; il est sorti d'usage, de même que la locution pour encore « pour l'instant » (fin XVIe s.), encore ne s'utilisant maintenant qu'en tour négatif (pas encore, etc.) pour marquer qu'un événement qui doit se produire ne s'est pas, pour le moment, produit.
L
1 ENCOURIR v. tr., réfection (déb. XIVe s.) de l'ancien français encorre (v. 1120) sur le modèle de courre (→ courir), est issu du latin incurrere « courir sur », « se jeter dans » et au figuré « s'exposer à », composé de currere par préfixation en in- qui marque l'aboutissement d'un mouvement (→ courir).
❏
Le verbe a eu en ancien français un sens concret, conservé du latin (v. 1120), « s'élancer, se ruer sur ». Il a signifié ensuite au figuré (1174-1176) « commettre une faute (envers qqn) » puis a repris (fin XIIe -début XIIIe s.) le sens figuré latin de « se mettre dans le cas de subir (qqch. de fâcheux) », emploi littéraire en français moderne.
2 ENCOURIR (S') v. pron. est composé (XIIe s.) de en- et courir*.
❏
Le verbe signifiait « aller en courant » ; employé encore au XIXe s., il est sorti d'usage.
L
ENCRE n. f., qui succède aux formes médiévales enca (mil. XIe s.), puis ancre (v. 1130), est issu du bas latin encaustum ou encautum « encre de pourpre » (réservée à l'empereur), d'où « encre rouge » puis « encre ». C'est le neutre substantivé de encaustus « peint à l'encaustique », emprunt au grec enkauston de même sens, proprement « peinture à l'encaustique ». Le mot grec, de la même famille que enkaustikê (→ encaustique), est à rattacher à kaiein « brûler ». L'accent grec a été conservé sur le e initial et un r est apparu ; en ancien provençal (encaust) et en italien (inchiostro), l'accent est passé sur la seconde syllabe de encaustum.
◆
Le latin classique désignait l'encre noire par atramentum, qui a donné l'ancien français airement, arrement, errement, usité jusqu'au XVIe s. ; tincta, du participe passé féminin de tingere (→ teindre), a abouti à l'espagnol tinta (l'allemand Tinte vient du latin médiéval).
❏
Encre désigne comme son étymon latin un liquide, noir ou coloré, utilisé pour écrire, d'où plusieurs locutions liées à la couleur habituellement noire de l'encre :
noir comme de l'encre, d'encre « très noir »,
se faire un sang d'encre « beaucoup de souci »,
c'est la bouteille à l'encre « une question obscure, insoluble ».
◆
Encre de la Chine (1721) a produit l'expression figée
encre de Chine (1836).
◆
Encre est devenu le symbole de l'écriture, et a pris le sens (1585) de « manière d'écrire » dans des locutions :
écrire de sa meilleure (bonne) encre, écrire de (la) même encre, faire couler beaucoup (des flots) d'encre. Il n'y a plus d'encre dans le cornet se dit (1656) d'un homme qui ne pouvait plus faire l'amour, le cornet à encre entraînant les valeurs symboliques de
corne.
■
Au XIXe s., par analogie, encre désigne (1870) le liquide noir émis par certains céphalopodes (Cf. sépia).
❏
Du nom dérive
ENCRER v. tr., d'abord « tacher d'encre » (1530), puis « enduire d'encre » (1765) en typographie.
■
Le verbe a pour dérivés ENCRAGE n. m. (1838) et ENCREUR n. m. (1856).
■
Un autre dérivé d'encre est ENCRIER n. m. (1380), aussi terme technique d'imprimerie (1864).
ENCRISTER v. tr. est une formation argotique attestée en 1884. Son origine est étrangère au nom de Jésus-Christ, et se trouve dans le mot romani (gitan) cristani « boîte », dont l'abréviation crist a désigné le poste de police.
❏
Le verbe signifie « incarcérer ».
❏
Le dérivé ENCRISTAGE n. m. se trouve chez A. Simonin (écrit enchristage).
ENCYCLIQUE adj. et n. f. est un emprunt savant (1798, lettre encyclique) au latin ecclésiastique (litterae) encyclicae, dérivé du latin classique encyclios « circulaire, total », emprunt au grec enkuklios de même sens (→ encyclopédie), composé de en « dans » et kuklos « cercle » (→ cycle).
❏
Encyclique n. f. (1832) désigne une lettre envoyée par le pape à tous les évêques.
ENCYCLOPÉDIE n. f. est un emprunt (1522, Guillaume Budé) au latin savant encyclopedia (1508), emprunt au grec enkuklopaideia. Le premier élément est une mauvaise lecture d'un manuscrit pour enkuklios « instruction circulaire », c'est-à-dire « embrassant le cercle des connaissances » ; enkuklios dérive de kuklos « cercle » (→ cycle). Le second élément correspond à paideia « éducation », qui vient de pais, paidos « enfant » (→ pédiatre).
❏
Au XVIe et au XVIIe s., le mot désigne des manuels et des traités et l'ensemble des connaissances. Encyclopédie se dit ensuite d'un ouvrage où l'on traite de connaissances à intention universelle, sens diffusé par le grand projet de Diderot et d'Alembert, à partir de 1750, plus ou moins d'après l'anglais Cyclopaedia, titre de l'ouvrage de Chambers qui est à l'origine de l'Encyclopédie. Par extension, il s'applique à un ouvrage qui traite de toutes les matières d'un domaine.
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Encyclopédie s'emploie aussi au figuré (av. 1850) dans une encyclopédie vivante.
❏
ENCYCLOPÉDISTE n. a désigné (1683) une personne qui possède des connaissances étendues dans tous les domaines, puis (1751) se dit du collaborateur d'une encyclopédie, spécialement, au pluriel, de ceux qui collaborèrent à l'
Encyclopédie de Diderot et d'Alembert et qui incarnent une attitude intellectuelle, et plus largement idéologique, typique des Lumières (voir aussi
philosophe). Le mot n'est employé comme adjectif qu'au
XIXe s. (1870).
■
ENCYCLOPÉDIQUE adj. signifie « qui recouvre l'ensemble des connaissances » (1565) et « qui concerne l'encyclopédie » (1754) ; le mot s'emploie (milieu XIXe s.) au figuré.
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ENCYCLOPÉDISME n. m., terme d'histoire au sens (1801) de « système des encyclopédistes », signifie en général (1864) « tendance à l'accumulation systématique des connaissances ».
ENDÉANS prép., attesté à Tournai à la fin du XIVe s., vient de l'ancien français enz « dans » — préfixé en dé-, et du latin intus « à l'intérieur ».
❏
En français de Belgique, s'emploie pour « jusqu'à telle limite de temps, dans tel délai » (endéans les vingt-quatre heures).