ENGOUFFRER → GOUFFRE
ENGOULEVENT → 1 GOULE
ENGRAIS → GRAISSE
ENGRAMME n. m. est un emprunt (1907) à l'allemand Engramm (1904), formé par le psychologue R. Semon à partir du grec en « dans » et gramma « caractère, trait » (→ -gramme).
❏  Le mot désigne la trace laissée dans le cerveau par un événement du passé individuel.
1 ENGRAVER → 2 GRAVE
2 ENGRAVER → GRAVER
ENGRENER, ENGRENAGE → GRAIN
ENGUIRLANDER → GUIRLANDE
ENGROSSER v. tr. est une altération (1130-1140), d'après gros, de l'ancien engroissier (1155), formé de en- et de groisse « grosseur », « épaisseur » (1155), issu d'un latin populaire °grossia, du bas latin grossus (→ gros).
❏  Engrosser apparaît comme intransitif et s'est employé en ancien français au sens de « devenir gros », d'abord en parlant d'une femme enceinte (1130-1140), d'où le sens de « devenir enceinte » (v. 1240, engroissier). ◆  Engrosser s'emploie transitivement au sens de « rendre (une femme) enceinte » (v. 1283), cet emploi étant le plus vivant. ◆  Le verbe n'a pas vécu avec la valeur étymologique générale de « être ou devenir gros » et de « s'enfler » (1155).
ÉNIGME n. f. est un emprunt (1529), d'abord (XIVe s.) sous la forme enigmat, au latin classique aenigma, -atis emprunté au grec ainigma « parole obscure ou équivoque », du verbe ainissesthai « dire à mots couverts », de ainos « parole, récit », mot d'origine incertaine.
Le mot, masculin au XVIe s. (le mot grec étant neutre), s'emploie à l'un ou à l'autre genre jusqu'à la fin du XVIIe s. ; il est féminin chez Furetière (1690) et dans l'Académie (1694).
❏  Énigme désigne comme son étymon un énoncé proposant un sens obscur ou ambigu, dont il faut trouver le sens intentionné ; par extension le mot se dit (XVIIe s.) d'une chose difficile à comprendre ou impossible à connaître.
❏  ÉNIGMATIQUE adj., emprunt au bas latin aenigmaticus « d'une manière énigmatique » (de aenigma), est rare avant le XVIe s. ; on trouve au XIVe s. l'expression songes œnigmatiques. Au sens de « qui renferme une énigme » (XVIe s.), l'adjectif est didactique ; par extension, il signifie (1864) « difficile à comprendre, à interpréter ». Le dérivé ÉNIGMATIQUEMENT adv. (1488) est d'emploi rare.
ENIVRER → IVRE
ENJAMBER → JAMBE
ENJEU → JEU
ENJOINDRE v. tr. est un emprunt (1168-1191), francisé d'après joindre*, au latin injungere « infliger, imposer », de in- et jungere « joindre, lier, assembler » (→ joindre), verbe dérivé de jugum « joug* ».
❏  Enjoindre est introduit avec le sens latin de « prescrire (qqch.) » et a signifié « imposer une amende à (qqn) » (1280). Le verbe est aujourd'hui d'emploi littéraire, et s'emploie surtout dans la construction enjoindre à (qqn) de, suivi de l'infinitif.
❏ voir INJONCTION.
ENJÔLER → GEÔLE
ENJOUÉ, ÉE → JEU
ENLACER → LACER
ENLEVER v. tr. est formé (1130-1160, écrit en lever en deux mots) de en, adverbe, et de lever*.
❏  Il s'emploie d'abord au sens de « déplacer vers le haut ». C'est l'idée de « déplacement » qui explique les valeurs que prend ensuite le verbe : il signifie « ôter, déplacer » (XIIIe s.) et « prendre avec soi, pour soi (qqch.) » (v. 1215). Au XVIe s. (1538), enlever s'emploie pour « emmener (qqn) avec soi en séparant de qqn » (enlever une femme), puis (1571) « prendre d'assaut » (enlever une place). ◆  Au XVIIe s., le verbe acquiert plusieurs autres acceptions ; il se dit, avec pour sujet la mort ou le nom d'une maladie, pour « emporter à jamais, faire mourir » (1635) ; il s'emploie au sens d'« emporter » avec un inanimé (1651), d'où la locution familière enlevez le bœuf ! « la chose est prête, vous pouvez l'emporter ». Il signifie aussi (1655) « priver de (qqch.) » (enlever un avantage sur qqn) avec un complément nom de personne, et aussi « enthousiasmer ». Il équivaut (1684) à « obtenir vite et aisément (ce qui fait l'objet d'une compétition) ». ◆  Concrètement, il signifie « ôter en supprimant » (1690, enlever une tache). ◆  Depuis le XVIIIe s., on relève enlever pour « emporter (une marchandise qui se vend facilement) », d'où s'enlever « se vendre vite » (1771). Enlever un cheval (1789) signifie « le faire partir à toute allure ». ◆  L'idée de déplacement vers le haut, quant à elle, rend compte de l'emploi de s'enlever pour « s'élever » (1835). Celle de déplacement rapide aboutit à des usages figurés en sports (1855, enlever la nage « accélérer la cadence des coups d'aviron » ; 1869, enlever une côte « l'escalader rapidement ») et en musique (1878, enlever un morceau), d'abord au participe passé adjectivé : un morceau enlevé (1838). ◆  C'est l'idée d'« emporter » qui est exprimée dans enlever une épreuve « la gagner » (1890), celle de « retirer » dans enlever un vêtement (déb. XXe s.), de « lever vers le haut » dans enlever un poids (1903).
❏  Le participe passé ENLEVÉ, ÉE adj. (1260) a d'abord eu le sens d'« en relief » en sculpture, comme ENLEVURE n. f. (v. 1160, enleveure), terme technique.
■  ENLÈVEMENT n. m. désigne d'abord (1531) l'action d'emporter qqch., et équivaut (1551) à « rapt, détournement » ; le mot s'emploie également (1596) comme terme militaire.
■  ENLEVEUR, EUSE n. et adj. (1460) est d'emploi rare et ENLEVAGE n. m. (1838) est un terme technique.
ENLISER v. tr. est attesté une première fois au XVe s. (1458-1466) et repris à la fin du XVIIIe s., souvent écrit enlizer, forme que l'on trouve au XIXe s. dans Hugo et chez Littré. Le verbe est dialectal (Normandie), formé de en- et de l'ancien français lise, lize « sable mouvant » (XIIe s.), d'origine incertaine. Bloch et Wartburg rattachent ce nom au dialectal liser « glisser », forme altérée de lisser ; P. Guiraud propose d'y voir une forme de glaise*.
❏  Enliser signifie « enfoncer (qqch., qqn) dans un sable mouvant, de la boue, etc. ». Depuis la fin du XIXe s., il s'emploie au figuré (1883, Villiers de l'Isle Adam) au sens de « mettre, maintenir dans un état d'impuissance » et souvent au pronominal s'enliser, qu'il s'agisse du sens propre ou du figuré.
❏  Le dérivé ENLISEMENT n. m. (1862, Hugo) s'emploie aussi au propre et au figuré.
ENLUMINER v. tr. est un emprunt (1080), avec changement de préfixe, au latin classique illuminare « rendre lumineux, éclairer », « embellir, orner », préfixé de lumen, -inis « lumière » qui se rattache à une racine indoeuropéenne °leuk- « être lumineux, éclairer » (→ lumière). L'ancien français a également emprunté le verbe latin sous la forme illuminer*, et une distribution des sens s'est opérée entre ces doublets.
❏  Enluminer a pris les sens d'« orner », « rendre la vue (à qqn) » (1080, Roland) et de « rendre lumineux » (v. 1120) Seule la première valeur se développe ; enluminer au XIIe s. signifie « colorer » (v. 1170) et spécialement « décorer (une estampe, un manuscrit) » (1176-1181), d'où l'emploi figuré enluminer son style. Le verbe a aussi signifié « mettre en relief la vertu (de qqn) » (apr. 1250). Au concret, il équivaut à « colorer vivement (les joues, etc.) » (XIVe s., puis 1496, repris 1694). Enfin, s'enluminer se disait pour « s'enivrer » (1640). ◆  ENLUMINÉE, ÉE adj. se dit aussi d'un visage rougi (1579).
❏  Le dérivé ENLUMINEUR, EUSE n. a désigné (déb. XIIIe s.) une personne qui éclaire, puis, seul emploi conservé (v. 1260), qui enlumine un manuscrit (Cf. miniaturiste).
■  ENLUMINURE n. f., autre dérivé du verbe (1302, enlumineure), désigne l'art d'enluminer. Au XVIIe s. (1648), le mot désigne aussi la coloration brillante du visage et au figuré (1656) le faux éclat du style ; ces deux acceptions sont devenues littéraires et archaïques. ◆  Enluminure, depuis le XVIIe s. (1676), désigne surtout une lettre peinte, une miniature* qui orne d'anciens manuscrits.