G ÉPARVIN n. m., réfection assez tardive (XVIIe s.) de esparvains, nom masculin pluriel (XIIIe s.), est probablement issu du francique °sparwun, accusatif de °sparo « passereau ».
❏  Il désigne une tumeur osseuse qui atteint le membre postérieur du cheval, soit parce que la démarche de l'animal malade peut rappeler celle de l'oiseau, soit parce que la forme de la tumeur ressemble au corps de l'oiseau (Cf. espagnol pajarilla « rate », proprement « passereau »).
ÉPATER v. tr., d'abord attesté en Belgique (spateis au XIIIe s.), puis sous la forme espateir (fin XIIIe s.), est formé par préfixation en é- sur patte*.
❏  Il est d'abord employé, et ceci jusqu'au début du XIXe s., avec des sens issus de l'étymon et qui ne se sont pas maintenus : il a signifié « écraser », et le participe passé épaté « aplati par élargissement de la base » (1529), aujourd'hui vieilli sauf dans le syntagme nez épaté « court et large » où épaté n'est plus verbal, mais adjectif. À la fin du XVIIe s., le verbe s'est employé pour « rompre la patte, le pied » en parlant d'un verre (jusqu'au XIXe s.). Épater un chien « lui rompre la patte », qui figure dans le dictionnaire de l'Académie en 1932, semble une réfection étymologique. ◆  Au début du XIXe s., s'épater, pronominal, signifie « tomber de tout son long » (comme sur ses quatre pattes) [1808], sens également vieilli.
■  Peu après apparaît le sens figuré et familier de « faire des esbroufes » (1835, intr.) puis, comme transitif, « étonner » qui utilise le sémantisme de « renverser », « faire tomber à la renverse » (1848), notamment dans la locution épater le bourgeois « choquer, scandaliser et faire impression » (XIXe s.). Dans ces emplois figurés, qui l'ont emporté sur le sens propre, le mot est devenu désuet.
❏  Du verbe dérivent plusieurs mots.
■  ÉPATEMENT n. m. (1564, espattement « surface d'un corps écrasé »), au figuré en 1859.
■  ÉPATEUR, EUSE adj. (1835) « qui cherche à épater » a vieilli, puis disparu.
■  Le déverbal ÉPATE n. f. (1846), surtout dans les locutions verbales faire de l'épate, faire des épates (1846), le faire à l'épate, est du même registre que le verbe, à peine familier. ◆  ÉPATAGE n. m. (1835) a disparu, de même que l'expression à l'épatage (1880) « avec menace, intimidation » (d'un vol).
■  ÉPATÉ, ÉE adj. s'applique surtout au nez (voir ci-dessus).
■  Enfin, ÉPATANT, ANTE adj. (1860), du participe présent, a été extrêmement courant. Vieilli au sens de « qui provoque un étonnement admiratif », il s'est dit (1885) de ce qui provoque l'admiration, donne un grand plaisir, emploi marqué comme désuet à partir des années 1950-1960.
■  En dérive ÉPATAMMENT adv. (1866) dont l'emploi est également marqué comme « rétro », mais qui, comme l'adjectif, est encore connu au XXIe siècle.
ÉPAULARD n. m., attesté en 1554 en Saintonge, est probablement issu d'un croisement de l'ancien français espaart, dont il garde le sens, et de épaule*. Espaart, nom d'un grand cétacé aussi nommé orque, est un dérivé de espee (épée*), en raison de l'aspect acéré de la nageoire dorsale de l'animal.
L ÉPAULE n. f., attesté en ancien français sous les formes espalle (1080) et espalde (v. 1120), puis espaule (v. 1155), est l'aboutissement du latin impérial spat(h)ula « battoir, spatule » (→ spatule), d'où « omoplate » (d'animal), dérivé du latin classique spat(h)a « épée », lui-même emprunté au grec spathê (→ épée).
❏  Épaule désigne la partie supérieure du bras, d'où à l'épaule, aux épaules « à la hauteur des épaules ». Le mot, comme tous les noms usuels des parties du corps, entre dans de nombreuses locutions et expressions. La locution hausser les épaules « les soulever en signe de doute méprisant » (1611) marque aussi l'impatience et Oudin (1640) l'opposait à baisser les épaules « supporter avec patience », qui a disparu ; on relève haulser les épaules a la mode de Lombars (v. 1500) et hausser les épaules à l'italienne (v. 1600), ce qui laisserait penser que ce geste symbolique vient de l'Italie du Nord. Faire qqch. par-dessus l'épaule signifie « le faire avec négligence » (XIXe s. ; 1611, « ne pas faire qqch. ») ; auparavant (XVIe s.) par-dessus l'épaule, locution adverbiale, s'employait avec la valeur d'une négation, jusqu'au XVIIIe siècle ; il est probable que par-dessous la jambe ait modifié le sens de cette expression. ◆  Le sens de « partie supérieure du corps », avec l'idée de force (coup d'épaule), explique la multiplication des locutions ; la plupart sont sorties d'usage : pousser le temps avec l'épaule « faire passer le temps », prêter l'épaule à qqn « l'aider » (1580), considérée comme vulgaire au XVIIIe s., remplacée par donner un coup d'épaule à qqn (Cf. épauler) ; jusqu'au XVIIe s., on employait en ce sens faire épaule, tenir épaule. Restent en usage, notamment, avoir la tête sur les épaules « être bien équilibré », changer son fusil d'épaule « changer d'opinion » (XIXe s.), rouler les épaules, autrefois marcher des épaules (fin XVIIe s.), employé au propre et au figuré pour « faire l'important, se donner des airs de force, d'énergie » (Cf. rouler les mécaniques, familier) ; faire toucher les épaules (à qqn), « le vaincre » en termes de lutte et au figuré.
■  Épaule, comme en latin, désigne la partie du membre antérieur qui se rattache au tronc et, par métonymie, cette partie découpée en boucherie pour la consommation. ◆  Par analogie de position, le mot s'emploie comme terme technique dans divers domaines : en charpenterie (1264), comme terme de fortification (fin XVIe s.), de marine (1678).
❏  Les dérivés demeurés en français moderne sont surtout épauler et épaulette.
■  ÉPAULER v. tr. a d'abord eu le sens (v. 1200, espauler) de « démettre l'épaule de (un animal) ». Le verbe s'emploie ensuite comme terme technique (1404) au sens figuré de « soutenir, appuyer » par exemple un mur. C'est cette idée de « soutien » que l'on retrouve dans plusieurs emplois ultérieurs : « aider (qqn) dans sa réussite » (1599), « soutenir par des renforts » (1671) et « protéger par un épaulement » (1690) dans le vocabulaire militaire. ◆  Épauler signifie aussi (1822) « appuyer (qqch., un fusil) contre l'épaule » et s'emploie comme intransitif, aux haltères (1903), pour « exécuter le mouvement consistant à amener la barre au niveau des épaules, en un seul temps ».
■  Ce mouvement est appelé ÉPAULÉ n. m. (déb. XXe s.), du participe passé, et le mouvement en deux temps ÉPAULÉ-JETÉ n. m. (1939), de jeté*.
■  ÉPAULEMENT n. m. désigne (1501) un mur de soutènement ; le mot s'emploie en fortifications, désignant un rempart construit pour se défendre du feu de l'ennemi (1671). ◆  Il désigne aussi un escarpement naturel (1837).
Le diminutif ÉPAULETTE n. f. a eu le sens (2e moitié du XIIIe s., espaulette) de « petite épaule » avant de désigner (1534) la partie de l'armure protégeant l'épaule, puis (1611) une pièce de vêtement couvrant l'épaule. Au XVIIIe s. le mot désigne un ornement militaire fait d'une patte boutonnée sur l'épaule (1773). Épaulette s'emploie ensuite pour désigner un ruban qui passe sur l'épaule et sert de bretelle pour soutenir un vêtement féminin (1903-1904), ainsi qu'un rembourrage cousu à l'épaule d'un vêtement (1945).
■  ÉPAULIÈRE n. f. était le nom de la partie d'un vêtement (1228) ou, dans une armure, d'une pièce ronde qui couvrait l'épaule.
■  ÉPAULÉE n. f. a désigné (v. 1382, espaulee) une charge de bois (portée sur l'épaule) puis l'effort fait de l'épaule pour pousser (1578), et est employé en boucherie (1690) pour le quartier de devant d'un mouton, dont on a enlevé l'épaule.
■  Le composé ÉPAULE-DE-MOUTON n. f. (1676), de épaule « omoplate » et mouton, désigne une hache dont le fer a la forme d'une omoplate de mouton.
❏ voir aussi ÉPAULARD, ESPADON, 1 ESPALIER.
L ÉPAVE n. f. représente la substantivation (1283, espave) de l'adjectif espave « qui est égaré » (1283), issu du latin expavidus « épouvanté » qui s'appliquait aux animaux effrayés, égarés. Cet adjectif latin est formé de ex- et de pavidus « effrayé », de pavere « avoir peur », de la famille de pavor (→ épouvanter, peur).
❏  L'adjectif s'appliquait aux animaux égarés ou dont le propriétaire était inconnu ; il est aujourd'hui sorti d'usage.
■  C'est aussi la première valeur du nom, aujourd'hui terme juridique (droit d'épaves).
■  En particulier le mot, d'abord dans épave de mer (1581), désigne un débris de navire ou un objet quelconque abandonné à la mer ou rejeté sur le rivage. L'emploi absolu resté courant n'est attesté qu'à la fin du XVIIe s. (1690). ◆  Par figure, le mot se dit de ce qui reste après une destruction (Cf. débris) et, spécialement (XXe s.), d'un véhicule accidenté considéré comme irrécupérable.
■  Enfin, épave désigne par extension une personne désemparée, qui ne trouve plus sa place dans la société (1881, Maupassant).
❏  Du sens de « véhicule accidenté » vient ÉPAVISTE n. (v. 1970) « personne qui fait le commerce des épaves » ; Cf. casseur.
ÉPEAUTRE n. m. est la réfection (fin XVIe s.) de espelte (fin XIe s.) puis espiaute, espiautre (1209), formes issues du bas latin spelta qui désignait une variété de blé dur. Spelta vient d'un mot germanique, restitué d'après l'ancien haut allemand spelta, spelza.
❏  Le mot garde en français le sens de l'étymon. Parallèlement on a employé la forme piautre, puis peautre, pour désigner par métonymie une paillasse (v. 1280), d'où la locution figurée envoyer au peautre « congédier brusquement » (v. 1485), sortie d'usage depuis le XIXe siècle.
L ÉPÉE n. f., forme graphique (1636) de espee (1080), d'abord sous la forme spede (v. 880), est issu du latin spatha, spata qui avait de nombreuses acceptions techniques liées par l'idée de lame de bois large et plate : « spatule », « battoir », « arme à deux tranchants » ; spatha est un emprunt au grec spathê de mêmes sens, conservé en grec moderne. On rapproche spathê de noms germaniques désignant la bêche (vieux saxon spado, allemand Spaten).
❏  Épée se dit comme en latin d'une arme blanche formée d'une lame à deux tranchants, emmanchée dans une poignée et munie d'une garde. Par métonymie, le mot désigne une personne qui manie bien l'épée (1565, une bonne, une fine épée), d'où l'expression brave comme une épée (1611), devenue archaïque. Ce sens est analogue à l'emploi argotique récent de épée « homme de grande valeur ». ◆  Par analogie, épée est devenu un terme technique, désignant des objets longs et pointus (épée de bourrelier, 1803 ; de pêcheur, 1864).
Dans une civilisation où l'épée était une arme de guerre et le symbole de l'état militaire (porter l'épée) et de l'appartenance à la noblesse, le mot s'est employé pour « courage, valeur » (1611) et a désigné le métier des armes (fin XVIe s.) ; il est entré dans de nombreuses expressions, dont beaucoup sont tombées en désuétude ou sont vieillies. ◆  Cette phraséologie concerne d'abord l'épée comme arme de combat et symbole d'un état dans épée à toutes mains (1593) « ce qui sert à toutes sortes d'usages » ; être aux épées et aux couteaux, équivalent archaïque (XVe -XVIIIe s.) de être à couteaux tirés ; mettre (qqn) à l'épée, au tranchant de l'épée « massacrer » (v. 1220 ; jusqu'au XVIIe s.) ou mettre au sac et à l'épée (1537), au feu et à l'épée (1552). Mourir d'une belle épée s'est employé au figuré (XVIIe et XVIIIe s.) pour « subir des dommages pour une belle cause ». ◆  L'épée est en outre le symbole de la force, de la violence, dans soldat de la courte épée (XVIe -XVIIIe s.) « voleur », courte épée se disant du poignard. À la pointe de l'épée (XVIIe s.), locution adverbiale, signifiait « de haute lutte » ; se faire blanc de son épée (1169-XVIIIe s.) « garantir une entreprise en ayant recours à ses qualités, à son courage ». Jeter son épée dans la balance « intervenir militairement dans un conflit » peut encore s'employer par figure, très littéraire, en parlant d'un État ; la locution fait référence à Brennus, chef gaulois vainqueur de Rome qui avait jeté son épée dans la balance pour augmenter le poids de la rançon exigée pour lever le siège de la ville. Trois locutions sont restées vivantes et usuelles : mettre à qqn l'épée dans les reins (1690) « harceler, menacer », un coup d'épée dans l'eau (1718) « un acte inutile, sans effet » et épée de Damoclès « péril imminent et constant » ; l'anecdote, rapportée par Horace et Cicéron, n'a abouti à une expression figée qu'au début du XIXe siècle : Denys, tyran de Syracuse, avait invité Damoclès et l'avait traité magnifiquement ; mais, pour lui montrer la situation réelle du souverain qu'il était, il avait suspendu au-dessus de son hôte une épée tenue par un mince support.
■  Une métonymie ancienne (1640, Oudin) donne à épée le sens d'« homme d'armes portant l'épée ». Elle a été reprise en argot où une épée (1955) vaut pour « personne exceptionnelle par sa valeur, son habileté ».
❏  Épée a fourni deux termes d'escrime, ÉPÉISME n. m. (fin XIXe s.) et ÉPÉISTE n. (1904). Épée fournit aussi quelques composés : PORTE-ÉPÉE n. m., qui a désigné un huissier portant l'épée (1552) puis, à l'époque classique, un officier de la maison du roi (1579), enfin (1581) une pièce attachée à la ceinture pour porter l'épée, CANNE-ÉPÉE n. f. (1867, canne à épée) et ÉPÉE-BAÏONNETTE n. f. (1888).
❏ voir ÉPAULE, ESPADON, ESPALIER.
G ÉPELER v. tr., réfection d'après appeler (v. 1145, espeler) de espialre, espelir (v. 1050, espelt), est issu du francique °spellôn « expliquer », attesté dans le composé gotspellôn « expliquer Dieu », « évangéliser » et qui a abouti au moyen néerlandais spellen « expliquer », « épeler », au gotique spillon « évangéliser » et à l'anglais to spell « épeler ». La première forme en -ir implique la forme speljan, attestée en anglo-saxon.
❏  Épeler a eu la valeur d'« expliquer » qui a disparu, puis (v. 1145) de « nommer successivement chacune des lettres qui composent un mot ». Par extension, le verbe s'emploie pour « lire lentement, avec difficulté » (XVIIe s.) et « commencer, apprendre à lire » (1784).
❏  Le dérivé ÉPELLATION n. f. (1732, d'après F. e. w.) est didactique.
ÉPENTHÈSE n. f. est un emprunt (1607) au bas latin epenthesis, lui-même emprunté au grec tardif epenthesis « intercalation (d'une lettre) » terme de grammaire, dérivé de epentithenai « intercaler », de tithenai « poser, placer », epi « en plus » et en « dans ». Tithenai, qui se rattache à une racine °dhe- « poser (qqch. destiné à durer) », appartient à une importante famille de mots dans les langues indoeuropéennes (→ thème, thèse).
❏  Ce terme didactique, aussi employé au masculin au XVIIe s. (1624), désigne l'apparition à l'intérieur d'un mot d'un phonème non étymologique.
❏  Il a un dérivé, ÉPENTHÉTIQUE adj. (1782).
ÉPERDU, UE adj. est le participe passé (v. 1130, esperdu) de l'ancien français esperdre (XIIe s.) « perdre complètement », au figuré s'esperdre « se troubler » (v. 1165, soi esperdre), dérivé préfixé de perdre*. Éperdre, employé jusqu'au XVIe s., a été repris au pronominal à la fin du XIXe s. (Huysmans) mais est resté très littéraire. La forme usuelle est éperdu « qui a l'esprit troublé » (v. 1130) ; l'adjectif s'applique à un sentiment très violent (v. 1550), d'où éperdu de « en proie à » (1580) et l'emploi à l'époque classique pour « fou d'amour » (1672). Il se dit en particulier de ce qui exprime l'affolement, le trouble, par sa vivacité (fin XIXe s., fuite éperdue).
❏  ÉPERDUMENT adv. est attesté au XVIe s. (v. 1520, eperduement) ; l'adverbe est courant, notamment dans le vocabulaire amoureux, mais son homonyme ÉPERDUMENT n. m., « fait de rendre éperdu », introduit par Barbey d'Aurevilly (1838), est demeuré rare et très littéraire.
ÉPERLAN n. m., sous les formes aspellens (v. 1300) puis espellens (XIVe s.), resuffixé en esperluz (1316) et esperlan (v. 1380), est un emprunt au moyen néerlandais spierlinc (Cf. allemand Spierling).
❏  Il désigne un poisson marin de petite taille.
G ÉPERON n. m., réfection (1428, esperon) de esperun (1080), est issu du francique °sporo qui désignait une pièce de métal, fixée au talon d'un cavalier, terminée par une roue à pointes et servant à aiguillonner un cheval en lui piquant les flancs ; °sporo, introduit très tôt par les soldats mercenaires (d'où le bas latin sporo, IXe s.), a donné l'allemand Sporn, l'anglais spur, l'italien sprone, l'espagnol espuela étant issu de la forme gotique °spora.
❏  Éperon conserve le sens de l'étymon ; par métonymie, le mot désigne la stimulation donnée par l'éperon. ◆  Par référence au sens de « pointe », le mot s'emploie ensuite pour désigner la pointe de la proue d'un navire (1428, attestation isolée, puis 1552), la partie proéminente d'une construction (1556-1560), l'ergot du coq (1605), l'avancée d'un relief montagneux (1801), etc. ◆  Jusqu'au XVIIIe s. le mot éperon symbolise l'allure rapide (en ancien français la locution a esperon signifie « très vite »), d'où des expressions comme donner un coup d'éperon à (un endroit) « y aller rapidement » (XVIIe -XVIIIe s.), chausser les éperons à qqn « le serrer de près » et donner de l'éperon, des éperons « accélérer l'allure » encore en usage, mais stylistique. Gagner ses éperons « obtenir une situation plus élevée » (XIXe s.) est une allusion romantique aux éperons donnés au nouveau chevalier. ◆  Éperon s'emploie (fin XVIe s.) au figuré pour « stimulation » (Cf. aiguillon). Au sens de « mets excitant l'appétit » (XIXe s.), le mot est sorti d'usage.
❏  Le dérivé ÉPERONNER v. tr. s'emploie au propre (1080, esperoner) et au figuré (v. 1550) pour « stimuler ». En marine (1890-1899) éperonner un navire signifie « l'attaquer avec l'éperon », par référence aux combats navals du passé, et « défoncer la coque » à propos de collisions involontaires.
■  Des termes techniques sont dérivés de éperon : ÉPERONNIER n. m. (1292, esperonnier) « fabricant d'éperons », qui désigne aussi (1771) un faisan dont le mâle porte deux éperons, et ÉPERONNERIE n. f. (XVIe s.), archaïque.
G ÉPERVIER n. m. est issu (v. 1135, espervier), esparvier (fin XIe s.), ainsi que les formes par métathèse esprever (1080), esprevier (1328), du francique °sparwari « oiseau rapace diurne de petite taille », restitué d'après l'ancien haut allemand sparwari et le moyen néerlandais sperware (allemand Sperber) ; on trouve aussi sparvarius en bas latin (VIe s.). La variante en -pr- par métathèse est indiquée jusqu'en 1740 par le dictionnaire de l'Académie.
❏  Épervier a d'abord le sens de l'étymon et, par l'idée de « prise soudaine », désigne (1328) un filet de pêche conique lancé à la main. Peut-être par référence à la position de l'épervier sur le poing du chasseur, le mot a désigné (1676) une palette sur laquelle le maçon posait le plâtre.
■  Il est utilisé au XXe s. au figuré dans le domaine politique au sens (1966) de « partisan d'une attitude intransigeante », par opposition à colombe dans une opposition métaphorique empruntée à l'anglo-américain (Cf. faucon).
❏  ÉPERVIÈRE n. f. (1778) désigne une plante herbacée commune ; les anciens supposaient que cette plante fortifiait la vue de l'épervier ; on trouve au XVIe s. (1587) herbe d'espervier et, déjà avec le même sens, le latin impérial hieracion, emprunté au grec hierakion, dérivé de hierax « faucon ». Chouette épervière (XXe s.) désigne une chouette dont la forme rappelle celle de l'épervier. Enfin, épervière, nom féminin, a été parfois utilisé comme féminin de épervier (1886, L. Bloy).
ÉPHÈBE n. m. est un emprunt savant (1544) au latin ephebus, du grec ephêbos « qui est arrivé à l'âge d'homme » (18 ans à Athènes), moment où le jeune homme devenait citoyen. Le mot est formé à partir de hêbê « jeunesse, vigueur », « puberté », que l'on rapproche de mots baltes exprimant la force, sans constituer une famille indoeuropéenne sûre.
❏  Éphèbe désigne d'abord, en parlant de l'Antiquité grecque, un jeune garçon arrivé à la puberté. À la fin du XIXe s., il désigne un très beau jeune homme, dans un emploi ironique ou péjoratif ; il s'était parfois utilisé (av. 1848, Chateaubriand) au sens de « très jeune fille ».
❏  Le dérivé ÉPHÉBIE n. f. (1875), terme didactique, s'emploie pour désigner le collège où les jeunes Athéniens recevaient leur éducation physique et militaire.
■  Sur le modèle de dyonisies on a formé ÉPHÉBIES n. f. pl. (1838) au sens de « fête familiale célébrée, dans la Grèce ancienne, lorsqu'un garçon arrivait à la puberté ».
ÉPHÉMÈRE adj. et n., qui reprend au XVIIe s. les formes anciennes efimere (v. 1256) puis ephimere (1544), est un emprunt au grec ephêmeros, adjectif, « soumis au destin de chaque jour », « qui ne dure qu'un jour » (notamment en parlant de la fièvre) et nom désignant un insecte, mot composé de epi « pendant » et de hêmera « jour ».
❏  Éphémère s'emploie au sens de « qui ne dure qu'un jour » en parlant de la fièvre (v. 1256, fievre efimere) ; par extension l'adjectif signifie (1544, peines ephimeres) « qui est de courte durée ».
■  Comme en grec, le nom désigne (1690) un insecte qui vit de quelques heures à quelques jours.
❏  Les dérivés ÉPHÉMÈREMENT adv. (XXe s.) et ÉPHÉMÉRITÉ n. f. (1946 ; 1870, éphéméréité) sont rares.
❏ voir ÉPHÉMÉRIDE.
ÉPHÉMÉRIDE n. f. est un emprunt (1537), par le latin ephemeris, au grec tardif ephêmeris, idos (sous-entendu biblos) « (journal) quotidien », « mémoires historiques ou militaires », composé de epi « pendant » et de hêmera « jour ».
❏  Éphéméride est introduit comme nom féminin pluriel au sens de « tables astronomiques, donnant pour chaque jour de l'année la position des astres ». ◆  À partir du XVIIIe s., le mot au singulier désigne (1761) un ouvrage groupant les événements qui se sont produits le même jour de l'année à différentes époques. Par extension, il se dit d'un journal dans lequel une personne consigne les faits remarquables de sa vie (1800) et, spécialement en parlant de l'Antiquité, de la relation quotidienne des événements de la vie d'un personnage (1865). ◆  Par extension, éphéméride désigne (1928) un calendrier dont on détache chaque jour une feuille.
L ÉPI n. m. est issu (v. 1170, espi) du latin classique spicum, variante de spica « pointe » et, par analogie de forme, « épi », « brique oblongue », etc., que l'on peut rapprocher du latin spina « épine* », mais qui n'a pas d'autre corrélat connu.
❏  Épi désigne comme le latin la partie terminale de la tige de certaines graminées, formées par la réunion des graines autour d'un axe lorsqu'elles sont serrées ; le concept botanique, qui correspond à « inflorescence dans laquelle les fleurs sont disposées le long d'un axe allongé », est attesté en 1701. Le mot est ensuite employé pour désigner des objets qui, par la forme ou la disposition, évoquent un épi : un ornement qui décore la crête d'un toit (1451), une mèche de cheveux dont la direction est contraire à celle des autres (1835 ; 1679 à propos du poil sur le front d'un cheval), la ramification latérale d'une voie de chemin de fer (1930). ◆  En épi signifie « selon une disposition oblique » (stationnement en épi).
❏  1 ÉPIER v. intr. (v. 1234), d'abord attesté au participe passé (1174-1177), est issu du dérivé latin impérial spicare « fournir un épi ». Terme rare d'agriculture, épier signifie « monter en épi ».
ÉPI- est un premier élément tiré du grec epi, préverbe et préposition dont les sens sont nombreux : « sur, vers », « pendant, au temps de », « après », « en plus » ; ce terme, conservé en grec moderne, est un vieux mot indoeuropéen, attesté en indo-iranien et en arménien.
❏  En français épi-, qui indique l'idée de superposition ou de recouvrement, entre dans la composition de mots didactiques, d'emprunt ou de formation savante.
❏  ÉPIGLOTTE n. f., terme d'anatomie, est un emprunt (1314) au latin médiéval epiglottis (v. 1210), repris au grec et signifiant littéralement « qui est sur la langue », de glôtta « langue » (→ glotte, glossaire).
■  ÉPICÈNE adj., terme de grammaire, est un emprunt (1464, epichene) au latin classique epicoenus « qui désigne le mâle ou la femelle », du grec epikoinos « possédé en commun », de koinos « commun ».
■  ÉPITOGE n. f., terme didactique, est un emprunt (1484) au latin impérial epitogium « casaque pour mettre par-dessus la toge », de toga (→ toge) ; le mot, d'abord masculin, est devenu féminin sous l'influence de toge.
■  ÉPIGASTRE n. m., terme d'anatomie, est un emprunt (1539) au grec epigastrios « qui est au-dessus du ventre », de gastêr « ventre, estomac » (→ gastro-) ; en dérive ÉPIGASTRIQUE adj. (1654).
■  ÉPIPHYSE n. f., terme d'anatomie, est emprunté (1541) au grec epiphusis « croissance », « excroissance », spécialement « excroissance cartilagineuse à l'extrémité d'un os », de epiphuein « croître sur ».
■  ÉPICYCLE n. m. est formé (1580 ; 1377, epiciele) du grec kuklos « cercle » ; en dérivent ÉPICYCLOÏDE n. f. (1687), d'où ÉPICYCLOÏDAL, ALE, AUX adj. (1741) et ÉPICYCLIQUE adj. (1898) d'après cycloïde et cyclique.
■  ÉPIGENÈSE n. f., terme d'histoire des sciences, est formé (1625) sur -genèse*, et ÉPIGÉNIE n. f., terme de géologie, (1801) sur -génie*.
■  ÉPIPHONÈME n. m. est un emprunt (1757) au latin impérial epiphonema, lui-même emprunté au grec tardif epiphônêma « exclamation », « interjection » et « sentence finale, morale ». Le mot est dérivé de epiphônein « invoquer, crier », de epi- et phônein « parler ». Terme de rhétorique, le mot désigne une exclamation sentencieuse qui termine une fable, un récit.
■  ÉPIPHYTE adj., terme de botanique, est formé (1817) à partir du grec phuton « plante ».
■  ÉPITHÉLIUM n. m., terme d'anatomie, est un emprunt (1832) au latin scientifique epithelium (déb. XVIIIe s.), composé à partir du grec thêlê « mamelon », le mot s'étant d'abord appliqué à la « pellicule qui recouvre le mamelon du sein », avant de prendre une valeur générale et terminologique en anatomie.
❏ voir ÉPIDÉMIE, ÉPIDERME, ÉPIGONE, ÉPIGRAMME, ÉPIGRAPHE, ÉPILOGUE, ÉPIPHANIE, ÉPISCOPAL, ÉPITAPHE, ÉPITHALAME, ÉPITHÈTE, ÉPIZOOTIE ; et aussi ÉPICENTRE (à CENTRE), ÉPIPHÉNOMÈNE (à PHÉNOMÈNE).
+ ÉPICE n. f. est un emprunt (v. 1140, espice, espiece) au latin classique species « vue », « aspect, apparence » ; dans la langue philosophique, le mot latin a traduit le grec eidos, d'où son emploi pour « espèce », qui est à l'origine, en bas latin, du sens de « marchandises classées par espèces », d'où en particulier « épices, drogues » (→ espèce).
❏  C'est le sens de « substance aromatique ou piquante, d'origine végétale » qui apparaît au XIIe s. (v. 1140 ; v. 1170 au pluriel) ; de cette valeur viennent pain d'épices (1530 ; 1372, pain d'espessez) et quatre-épices (1723) pour désigner en cuisine un mélange de girofle, muscade, poivre noir, cannelle ou gingembre. ◆  Épice a aussi désigné (v. 1175) une drogue médicinale venant d'Orient, les épices, dans ce sens, s'employant encore au pluriel à l'époque classique (1690) ; le mot s'appliquait aussi (1245) à des friandises sucrées, obtenues en faisant confire des fruits avec des aromates. De là vient qu'épices s'est dit (av. 1454) de dragées, confitures et en particulier d'un présent qu'on offrait aux juges pendant un procès (XVe s.) ; le présent fut ensuite considéré comme un droit et épice a désigné une taxe payable, pour chaque pièce de procédure, encore à l'époque classique. ◆  Au figuré une fine épice (1690) s'est dit d'un homme fin et rusé. Le mot reste pour qualifier ce qui ajoute du piquant à une situation.
❏  Le dérivé ÉPICER v. tr. a signifié (XIIIe s.) « faire le commerce des épices » et (mil. XIVe s.) « emmagasiner des épices » ; le sens moderne d'« assaisonner avec des épices » est attesté dès le moyen âge au participe passé (v. 1200). Épicer a eu le sens de « fixer les frais d'un procès ». ◆  Le verbe s'emploie aussi au figuré (1870) comme pimenter, relever pour « rendre mordant (un récit) ». ◆  Dès le XVIIe s. le participe passé ÉPICÉ, ÉE adj. qualifie un prix exagéré (1640) (Cf. aujourd'hui salé), puis un ton, une personne caustique (1752) et des propos lestes (1835).
ÉPICIER, IÈRE n. a d'abord désigné (1223, au féminin, espiciere ; 1241, espicier) une personne qui faisait le commerce des épices, des drogues, d'où en moyen français l'emploi pour « empoisonneur » (v. 1485), puis (XVIIe et XVIIIe s.) le commerce des cierges, bougies et produits de ménage.
■  Au XIXe s., en relation avec l'évolution de épicerie, le mot se dit d'une personne qui vend des produits alimentaires de consommation courante. ◆  Épicier désigne au figuré et péjorativement (1833 ; 1872, adj.) un homme à l'esprit étroit, dont les idées ne se haussent pas au-dessus du commerce. ◆  Au sens de « commerçant », le mot a une variante argotique, ÉPICEMAR n. m. (1833).
■  ÉPICERIE n. f., dérivé de épicier, désignait autrefois (1248, espicerie) collectivement les épices, puis (1249-1298) le lieu où on les vendait et leur commerce. ◆  De ce sens commercial, et selon l'évolution des habitudes de la profession, viennent les valeurs en français classique, correspondant à épicier, puis depuis le début du XIXe s. (1803) le sens moderne. ◆  Le mot désigne aussi (1870) les produits d'alimentation vendus par l'épicier, et notamment les produits qui se conservent. Au Québec, on dit parfois faire l'épicerie là où on emploie en France faire le marché.
ÉPICÉA n. m. est une altération (1765) avec la variante epicia (1796) de picea (1553, arbre de picea), emprunt au latin picea, littéralement « résineux », dérivé de pix, picis (→ poix). Picea a par ailleurs abouti à pesse (XVIe s., pece), qui a désigné l'épicéa puis, par analogie (1784), une plante aquatique.
❏  Épicéa désigne un conifère nommé aussi épinette (→ épine) au Canada et sapinette.