ET CAETERA ou ET CETERA loc. et n. m. inv. est emprunté (1458) au latin médiéval et cetera « et les autres choses », formule usuelle dans les textes juridiques médiévaux, composée du latin classique et « et » (→ et) et de cetera, neutre pluriel de ceteri « tous les autres », lui-même pluriel de ceterus « qui reste, restant ». Ce mot se rattache à un dérivé du thème du démonstratif indoeuropéen °e-, °i-, d'où viennent également iterum, idem, is, ipse, etc. (→ en, même, réitérer, y). Il se prononce, selon la manière catholique de dire le latin, etchétéra en français de Belgique, plutôt etsétéra en France et par plaisanterie et koëtéra.
❏
L'expression signifie en général « et le reste » ; elle est d'usage plus courant, à l'écrit, sous la forme abrégée etc. (1511).
◆
L'emploi substantivé du mot apparaît au XVIe s., avec la locution proverbiale aujourd'hui sortie d'usage : Dieu nous garde d'un et caetera de notaire.
L
ÉTÉ n. m. représente l'aboutissement, d'abord sous la forme ested (1080, Roland) puis esté (v. 1140), du latin aestatem, accusatif de aestas « été » (n. f.), qui semble issu par haplologie d'une forme °aestitas « été », et se rattache à une racine indoeuropéenne °aidh- « brûler » (→ édifier, édile, estival, estuaire, éther). Le genre masculin du mot en français est probablement dû à celui des autres noms de saisons.
❏
Le mot désigne usuellement la saison qui, succédant au printemps, précède l'automne. L'été de la Saint-Martin (1721 ; 1611, été Saint-Martin) désigne une période de beaux jours, en automne ; une période analogue s'appelle au Québec l'été des Indiens (attesté en 1924 à propos du Canada) ou l'été indien (autrefois, été des sauvages, 1878).
◆
Par analogie, le mot se dit au figuré (XVIe s., isolément ; puis XVIIIe s.), dans un usage très littéraire et quelque peu archaïque, de la vie humaine, avec le sens de « période de la maturité » (l'été de la vie, de l'âge).
L
ÉTEINDRE v. tr., sous la forme esteindre (1130-1140), représente l'aboutissement du latin populaire °extingere, du latin classique exstinguere « faire cesser de brûler » et « effacer, faire cesser » (→ extinction), d'origine obscure. Exstinguere, non soutenu par un verbe simple, a été supplanté par d'autres mots dès l'époque latine. Ainsi, par euphémisme, on disait ignem tutare « calmer, apaiser le feu » (→ tuer).
❏
Les principaux sens, repris du latin, apparaissent au XIIe siècle. Le verbe est d'abord attesté avec une valeur concrète « faire cesser de brûler ou d'éclairer » (1130-1140) puis abstraite « atténuer, faire cesser » (v. 1160), qui s'applique aux sens, aux sentiments (éteindre le désir, sa flamme). Dans un emploi littéraire, il s'applique aux couleurs et aux sons (comme effacer, étouffer), et enfin à des notions abstraites (éteindre l'enthousiasme). S'éteindre, « s'affaiblir, mourir doucement », est attesté en 1165 (Chrétien de Troyes) puis par euphémisme signifie « mourir ».
◆
Au figuré, éteindre s'emploie pour « faire se terminer les effets », notamment dans éteindre une dette (1690).
❏
Le nom d'action
ÉTEIGNEMENT n. m. (déb.
XIIIe s.,
estignement) est peu usité.
■
ÉTEIGNEUR, EUSE n. (d'abord esteingnour, v. 1306 ; repris en 1611, puis en 1834) a désigné une personne chargée d'éteindre les lumières (éteigneur de réverbères) ; il s'emploie aussi au figuré.
■
ÉTEINT, EINTE adj., du participe passé (fin XIIe s.), est d'abord attesté avec une valeur abstraite, s'appliquant à un sentiment qui a perdu sa vivacité, puis à ce qui est sans éclat, fané (v. 1460). Il qualifie aussi ce qui ne brûle plus (XIIIe s.), d'où par analogie chaux éteinte (1690), opposé à chaux vive.
◆
Enfin, il s'emploie pour parler d'une personne sans force (fin XVIIe s.).
■
ÉTEINTE n. f., d'abord estainte, a signifié « fait de s'éteindre (en parlant d'une famille) » (1408), puis s'est dit (1740) de l'état de ce qui s'éteint, cesse d'être entendu (éteinte de voix ; Cf. extinction) ; il est sorti d'usage.
■
ÉTEIGNOIR n. m. (1552) désigne un objet creux en forme de cône dont on se servait pour éteindre les bougies d'où, par comparaison, en éteignoir « en forme de cône, pointe en haut » et éteignoir « nez » en argot (1802), emploi disparu.
◆
Le mot s'emploie au figuré (XVIIIe s.) à propos de ce qui arrête l'élan de l'esprit, de la gaieté, et un éteignoir désigne un rabat-joie (Cf. dans le même registre bonnet de nuit).
❏ voir
EXTINCTION.
L
ÉTELLE n. f., mot en usage en ancien français (XIe -XIIe s.), est issu du bas latin stella « copeau de bois », variante de astella, qui a donné atelle. Sorti d'usage, il a réapparu au XVIIe s. (1650), puis au XVIIIe s. (1743), alors considéré comme un régionalisme du Languedoc, mais son usage technique, à partir du début du XIXe s., appartient à l'usage général, en France.
❏
Le mot s'applique à un déchet de bois, plus épais que le copeau, produit par le travail à la hache.
G
ÉTENDARD n. m. est issu (1080, estendart) du francique °standhard « stable, fixe », « inébranlable » (→ standard), composé de stand « action de se tenir debout » et de hard « dur, ferme » (Cf. l'allemand hart, l'anglais hard, de même sens) ; l'étendard d'une armée, au moyen âge, était en effet souvent fiché en terre pendant la bataille, en un lieu où tous les combattants pouvaient le voir. Bloch et Wartburg avancent l'hypothèse d'un étymon de même nature, mais composé de stand, impératif du verbe francique °standan « être debout », et de l'adverbe °hardo « ferme ». On a aussi rapproché le mot de étendre*, du latin extendere, de tendere (→ tendre).
❏
Étendard « signe de reconnaissance et de ralliement » s'emploie d'abord dans le contexte exclusif de la guerre, désignant aussi (v. 1160) par métonymie l'homme qui sert de signe de ralliement ; comme enseigne militaire, il sera concurrencé par drapeau. Cependant, le mot survit dans des citations historiques, tel ce passage de la Marseillaise, « l'étandard sanglant est levé » et dans les emplois figurés (voir ci-dessous). Au XVIIe s., le mot s'applique aussi à la marine (1678, estendart) ; il désigne alors le pavillon d'un navire (étendard des galères).
◆
C'est dans ses emplois figurés qu'il est en usage aujourd'hui ; il se dit (XIIe s.) pour « signe de ralliement », « symbole d'un parti, d'une cause » (l'étendard de la liberté) et entre dans les locutions lever, arborer, brandir l'étendard de (qqch.) « pratiquer ouvertement (qqch.) » (1676), lever l'étendard de la révolte « se révolter » (1798).
❏
Le composé PORTE-ÉTENDARD n. m. inv. (1680), du verbe porter, désignait la personne qui porte l'étendard (Cf. porte-drapeau, porte-enseigne, à drap, enseigne), puis (1718) une pièce de cuir attachée à la selle du cavalier pour soutenir la hampe de l'étendard.
L
ÉTENDRE v. tr. est issu (déb. XIIe s., estendre) du latin extendere « étendre, élargir », de ex- à valeur intensive et de tendere « tendre à », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °ten- « tendre, étirer » (→ tendre).
❏
Étendre a d'abord le sens de « déployer dans sa longueur, dans sa largeur », dans le temps (déb. XIIe s.) et dans l'espace (v. 1165), en parlant d'une partie du corps, d'une chose. Par extension, le verbe signifie (v. 1165) « coucher (qqn) de tout son long » et en particulier « renverser (qqn) à terre ».
◆
Il prend ensuite (1283) le sens de « rendre (qqch.) plus long, plus large », « donner plus d'importance (à qqch.) ».
◆
De l'idée de « renverser » proviennent des emplois familiers au sens de « tuer » (v. 1165), repris en langue populaire au XXe s. pour « jeter à terre », alors que étendre sur le carreau est ancien (1600), et aussi au XXe s. au sens d'« éliminer » (1929, se faire étendre à un examen).
❏
Le participe passé
ÉTENDU, UE (
XIIe s.) est adjectivé pour « qui a une étendue importante », au propre et au figuré
(un savoir étendu).
■
Le nom d'action ÉTENDAGE n. m. (1756) est un terme technique, comme les dérivés ÉTENDOIR n. m. (1687), ÉTENDEUR, EUSE n. (1765), d'emploi rare, et ÉTENDERIE n. f. (1870).
◈
ÉTENDUE n. f., participe passé féminin substantivé (1404,
estendue), a éliminé
estente, étente, employé du
XIIe au
XVIe s. et issu d'un participe passé féminin
°extendita du verbe latin.
■
Étendue désigne (1404) la portion d'espace qu'occupe un corps. Le mot s'emploie en philosophie (XVIIe s.) pour désigner le fait d'être situé dans l'espace et d'en occuper une partie, et (XVIIe s.) l'espace visible, occupé par qqch., sens aujourd'hui courant.
◆
Étendue s'emploie par analogie (1664) pour « durée » (l'étendue de la vie), et, dans l'ordre abstrait, équivaut (1656) à « ampleur, longueur » (l'étendue d'un discours, d'un phénomène).
◈
Le préfixé négatif
INÉTENDU, UE adj. (1752) est d'un usage didactique en philosophie et en géométrie pour « qui n'a pas d'étendue ». Il peut aussi s'employer au sens courant d'
étendu.
❏ voir
IN-EXTENSO.
ÉTERNEL, ELLE adj. et n. m., d'abord eternal (v. 1175) puis éternel (XIIIe s.), est un emprunt au latin chrétien aeternalis « qui est hors du temps, sans commencement ni fin », dérivé du latin classique aeternus, lui-même issu de la forme archaïque aeviternus « qui dure toute la vie », « éternel » (opposé à mortalis). Cet adjectif provient de aevus « temps » (→ âge) considéré dans sa durée, opposé d'abord à tempus qui se disait d'un aspect ponctuel de la durée.
❏
Éternel conserve le sens du latin, notamment dans le vocabulaire religieux et philosophique ; par extension, l'adjectif s'applique à ce qui tient à la nature de Dieu (les choses éternelles, opposé à temporelles). L'Éternel désigne Dieu (v. 1530 ; v. 1460, Père Éternel) et ce qui a valeur d'éternité ; la locution familière devant l'Éternel (pécheur, voyageur, etc. devant l'Éternel) vient de l'expression biblique Nemrod, grand chasseur devant l'Éternel (Genèse, 10,9).
◆
Par affaiblissement de sens, éternel s'applique couramment (v. 1550) à ce qui semble ne pas évoluer, d'où par exemple la locution l'éternel féminin, et à ce contre quoi le temps ne peut rien (v. 1650, le salut éternel). L'adjectif signifie aussi « qui dure très longtemps » (XVIIe s., douleur éternelle) ou « ne s'interrompt pas » (1835 ; v. 1550, au singulier) dans neiges éternelles. La ville éternelle (1734) désigne Rome.
◆
Par hyperbole, éternel signifie « qui ne semble pas devoir finir » (XVe s. ; Cf. interminable) et, en particulier, « ennuyeux par sa longueur » (XVIIe s.) ; souvent précédé d'un adjectif possessif, l'adjectif s'applique (1707) à ce qui se trouve continuellement associé à qqch., qqn (avec son éternel parapluie).
❏
ÉTERNELLEMENT adv., dérivé du féminin (v. 1175,
eternaument ; forme moderne, v. 1265), a suivi la même évolution sémantique que l'adjectif.
◈
ÉTERNITÉ n. f. est emprunté (v. 1175,
eternitez) au latin classique
aeternitas « ce qui n'a ni commencement ni fin », dérivé de
aeternus.
■
Avec le sens du latin, le mot s'emploie surtout dans un contexte religieux. Il désigne ensuite (1646) une durée illimitée dans l'avenir, une durée ayant un commencement mais pas de fin (1647) et, dans le vocabulaire religieux (1648), la vie future.
◆
Encore au XVIIe s., le mot équivaut à « gloire immortelle » (déb. XVIIe s.) dans un contexte profane et, par hyperbole, signifie « temps fort long », notamment dans les locutions de toute éternité « depuis toujours » (1671) et il y a une éternité « très longtemps » (XVIIIe s.).
◈
ÉTERNISER v. tr. est un dérivé savant (1544) du latin classique
aeternus, signifiant d'abord « rendre éternel » puis (v. 1550) par hyperbole pour « prolonger indéfiniment ».
◆
S'éterniser se dit pour « durer trop longtemps » (1764) puis « demeurer trop longtemps » (1801).
L
ÉTERNUER v. intr. est issu, d'abord (XIe s.) sous la forme esternuder puis (1176-1181) esternuer, du latin impérial sternutare « éternuer souvent » (→ sternutation), fréquentatif de sternuere « éternuer », mot d'origine expressive qui apparaît sous diverses formes dans les langues indoeuropéennes.
❏
Éternuer a conservé le sens du latin. Le verbe sert à former la locution argotique éternuer dans le sac (1791, Hébert), dans le son, dans la sciure, dans le panier « être exécuté en ayant la tête tranchée », métaphore horrible, née dans le discours populaire et gouailleur de la Révolution.
◆
Le verbe s'emploie par analogie, comme tousser, en parlant de ce qui fait un bruit semblable à un éternuement (par exemple un moteur).
❏
Du verbe dérive le nom d'action ÉTERNUEMENT n. m. (dernier tiers du XIIIe s., esternuement), beaucoup plus usuel que ÉTERNUEUR, EUSE n. (1839) « personne qui éternue fréquemment ».
ÉTÉSIEN adj. m. est un dérivé savant (1542) du latin etesiae, masculin pluriel, du grec etêsioi, sous-entendu anemoi, proprement « (vents) qui reviennent chaque année », de etos « année », mot d'origine indoeuropéenne. Un premier emprunt avait fourni (1531) vents étésies.
❏
Cet adjectif didactique, qui ne s'emploie qu'avec le mot vent, qualifie les vents du Nord qui soufflent dans la Méditerranée orientale pendant l'été.
?
ÉTEUF n. m. apparaît au début du XIIIe s. sous les formes estuef (1202), estue, estuet ; il s'écrit ensuite estueuf (v. 1380) puis esteuf chez Villon (v. 1460). Le mot est peut-être issu du francique °stôt « balle » ; mais le néerlandais stoet n'a pas d'équivalent dans les autres langues germaniques.
❏
Éteuf désigne une petite balle dont on se servait pour jouer au jeu de longue paume. Le mot a été employé dans des locutions comme renvoyer l'éteuf « renvoyer la balle » et, au figuré, « riposter » (1580), et courir après son éteuf « prendre beaucoup de peine pour recouvrer un bien qui vous échappe » (XVe s.). Le mot, par ailleurs archaïque, désigne par analogie (1907) la boule d'étoupe placée à la pointe d'un fleuret.
L
ÉTEULE n. f. représente (1202, esteule) une variante picarde de estoble (fin XIe s.) ou estuble, stuble (1120), issu du bas latin stupula, variante de la forme classique stipula « tige des céréales, chaume, paille » (d'où l'ancien provençal estobla, l'italien stoppia). Ce mot est à rapprocher de termes indoeuropéens signifiant « être raide, compact », comme le verbe stipare (→ constiper), le vieux slave stĭblĭc, le russe steblo « tige de plante ».
❏
Éteule et ses variantes ont conservé le sens technique du latin et désignent le chaume qui reste sur place après la moisson. Par extension, le mot peut désigner un champ moissonné chargé d'éteules.
Les formes étoule, étouble, régionales, sont des variantes du même sens.
❏ voir
ÉTIOLER.
1 ÉTHER n. m. est un emprunt ancien (v. 1120, ethere) au latin aether « air subtil ; milieu aérien » puis « ciel », lui-même emprunt au grec aithêr « région supérieure de l'air ». Le mot est sans doute une création faite par opposition à aêr (→ air), à partir du verbe aithein « brûler, être en feu ». Ce verbe peut être rattaché à une racine indoeuropéenne °aidh- exprimant la notion de « brûler », mais avec des applications très diverses (éclat du feu, clarté solaire, [→ été], etc.).
❏
Repris en français avec le sens du grec,
éther désigne poétiquement l'air le plus pur, les espaces célestes. En philosophie,
éther s'applique au fluide céleste que l'on pensait baigner la Terre et son atmosphère.
■
Au XVIIe s., le mot prend en physique (1668) une valeur théorique : il transmet l'hypothèse d'un milieu subtil imprégnant tous les corps et dont les vibrations, sous l'action d'une source lumineuse, seraient responsables des phénomènes optiques. Encore au début du XXe s., le mot s'emploie dans une théorie purement ondulatoire de la lumière, mais avec une valeur métaphorique, la théorie de l'éther correspondant à l'état de la physique aux XVIIe et XVIIIe s., puis au XIXe s. aux hypothèses de la théorie ondulatoire de la lumière ; les découvertes d'Einstein rendent après 1905 cette hypothèse inutile.
❏
Dans ce sens,
éther a des dérivés littéraires.
ÉTHÉRÉEN, ENNE est d'abord attesté comme substantif pour « habitant de l'éther » (1506) puis comme adjectif (1583,
plaine éthéréenne) ; le mot, didactique et littéraire, s'appliquait au monde des sentiments purs (chez Baudelaire,
régions éthéréennes ; L'Art romantique, 1867).
■
Il est aujourd'hui remplacé par 1 ÉTHÉRÉ, ÉE adj., emprunt savant (fin XVe s.) au latin aethereus (grec aithêrios), de aether ; l'adjectif qualifie d'abord ce qui est de la nature de l'éther (la voûte éthérée « le ciel ») et au figuré (voix éthérée, 1794) ce qui est pur, céleste.
◈
2 ÉTHER n. m. vient du même étymon que
1 éther. L'Allemand G. Frobenius emploie dès 1730 l'adjectif latin
aethereus dans
spiritus aethereus pour désigner un composé très volatil, un « esprit éthéré ».
Éther est la francisation (1734, Duhamel et Grosse), d'après
1 éther, de ce terme. Au
XIXe s., dans la chimie d'après Lavoisier, le mot désigne tout composé volatil résultant de la combinaison d'acides avec des alcools. Ce sens était apparu au
XVIIIe s. (1756). Puis on a distingué les
éthers-sels (qui seront appelés plus tard
esters*) et les
éthers-oxydes qui ont gardé le nom d'
éther.
◈
La plupart des dérivés du mot dans ce sens ont vieilli.
2 ÉTHÉRÉ, ÉE adj., dans
liqueur éthérée (1742), correspond au sens ancien de
éther (Frobenius) ; l'adjectif a au
XIXe s. le sens de « relatif à un éther ».
■
ÉTHÉRIFIER v. tr. (1823), d'où ÉTHÉRIFICATION n. f. (attesté plus tôt, 1815), a coexisté avec ÉTHÉRISER v. tr. (1838).
■
Seul un composé, éthyle*, s'intégrera à la chimie moderne avec ses propres dérivés.
◈
Cependant,
éther entre dans l'usage commun pour désigner ce que l'on appelait
éther sulfurique (c'est un
ester), liquide incolore très volatil à odeur forte, utilisé commercialement comme solvant et surtout en médecine et pharmacie pour ses propriétés antiseptiques, anesthésiques, etc.
■
Les dérivés de ce sens sont restés vivants, notamment ÉTHÉROLÉ n. m. (1831) [suffixes -ole et é] terme de pharmacie, ÉTHÉRISER v. tr. « faire inhaler des vapeurs d'éther » (1850), employé au figuré en 1852 (Nerval), et ÉTHÉRISATION n. f. (1855), ces deux mots ayant une autre valeur en chimie ancienne (ci-dessus).
■
ÉTHÉRISME n. m. (1850) désigne l'intoxication par l'éther.
■
À la fin du XIXe s. ont été formés ÉTHÉROMANE adj. et n. (1890, Larousse), de -mane, « (personne) qui fait usage de l'éther comme stupéfiant », et ÉTHÉROMANIE n. f. (1890) « accoutumance à l'éther ».
❏ voir
ÉTHYLE.
ÉTHIQUE n. f. et adj. est un emprunt savant, d'abord comme substantif (v. 1265), au latin impérial ethica « morale » (en tant que partie de la philosophie), lui-même emprunt au grec êthikon, neutre substantivé de êthikos « qui concerne les mœurs, moral ». Comme adjectif (1553), le mot est emprunté au latin ethicus « qui concerne les mœurs, moral », également du grec êthikos. Le terme grec est un dérivé de êthos « manière d'être habituelle, caractère » et « mœurs », mot conservé en grec moderne et qui, comme ethnique*, se rattache à une racine indoeuropéenne °swedh-, °swe-, °se- indiquant ce qui existe de manière autonome, ce qui a une existence propre (Cf. les pronoms se, sui...) [→ se, soi].
❏
Le mot est introduit comme terme de philosophie pour désigner la science de la morale et, par métonymie, un ouvrage traitant de cette science (L'Éthique, de Spinoza). L'adjectif est l'équivalent didactique et littéraire de moral.
❏ voir
ETHNIQUE, ÉTHOLOGIE ; BIO- (BIO-ÉTHIQUE).
ETHMOÏDE n. m. et adj. est un emprunt de la langue médicale (v. 1560, A. Paré) à un composé grec signifiant « en forme de crible », de êthmos « crible ».
❏
Il désigne et qualifie un os du crâne dont la partie supérieure criblée de petits orifices forme le plafond des fosses nasales.
+
ETHNIQUE adj. est un emprunt savant (XIIIe s., etnique, substantif) au latin chrétien ethnicus « païen », « gentil », lui-même emprunt au grec ethnikos « de la nation, de la race » et, à l'époque chrétienne, « païen ». Le mot a servi à désigner les Gentils, par opposition aux Hébreux. Ethnikos est dérivé de ethnos « groupe », « nation », « peuple », qui se rattache, comme éthique*, à la racine indoeuropéenne °swedh-, °swe-, °se- (→ se, soi), indiquant ce qui existe de manière autonome, ce qui a une existence propre, sémantisme réalisé par ethos*.
❏
Le mot, écrit depuis le XVIe s. avec le th- étymologique, est employé, du XIIIe au XVIIIe s., avec le sens latin de « païen ».
◆
Au milieu du XVIIIe s., reprenant un des emplois du grec comme terme linguistique, l'adjectif se dit de ce qui sert à désigner une population (1752, mot ethnique) ; de là vient le sens du substantif (1864) « dénomination d'un peuple ».
◆
Par extension, l'adjectif qualifie (1874) ce qui est relatif à l'ethnie (Cf. racial).
◆
Par anglicisme (ethnic) on parle parfois en français de restaurant, cuisine... ethnique, pour « de cuisine étrangère et de pays lointains » ou encore de bijoux ethniques.
◆
Avec l'usage « politiquement correct » de ethnie et ethnique pour remplacer des mots bannis, comme race et racial, tribu et tribal, on en est arrivé à des emplois terriblement non-corrects de ethnique, par exemple nettoyage ethnique « extermination ou expulsion des personnes d'une “ethnie” minoritaire ou exclue du pouvoir ».
❏
L'adjectif a pour dérivé
ETHNIQUEMENT adv. (1955).
◈
ETHNIE n. f. est un dérivé savant (1896) du grec
ethnos au sens de « classe d'êtres d'origine et de condition communes » ; le mot désigne un ensemble d'individus qui ont en partage un certain nombre de caractères de civilisation ; il tend à remplacer certains emplois abusifs de
race.
◈
ETHNO- est un élément entrant dans la composition de termes didactiques, notamment en sciences humaines. Il a servi à former deux noms de science.
■
ETHNOLOGIE n. f. est attesté en 1787 (A. C. Chavannes, Académie de Lausanne) pour désigner l'étude des « divers corps de communautés ». Le mot désigne aujourd'hui, et depuis l'emploi de ethnology par l'Américain Schoolcraft (1846), la science des groupes humains, notamment des groupes sociaux appartenant aux civilisations pré-industrielles ; cette valeur se dégage en français après 1870, avec les travaux de Durkheim et de M. Mauss.
◆
En dérivent ETHNOLOGIQUE adj. (1839), d'où ETHNOLOGIQUEMENT adv. (1874), et ETHNOLOGUE n. (1870).
◈
ETHNOGRAPHIE n. f., attesté en 1819 dans le dictionnaire de Boiste, est probablement emprunté à l'allemand (Niebuhr, 1810). Le mot est considéré comme rare par les recueils de la première moitié du
XIXe siècle. Le mot a d'abord désigné le classement des peuples d'après leurs langues ; au cours du
XIXe s., surtout après 1870, la répartition entre
ethnographie, étude descriptive des divers groupes humains, et
ethnologie (plus ancien) précise le sens des deux mots. Leur contenu, par rapport à
sociologie et à la valeur récente de
anthropologie*, n'est pas toujours clairement délimité.
■
En dérivent ETHNOGRAPHIQUE adj. (1823) et ETHNOGRAPHE n. (1827) qui, antérieurs à ethnologue et ethnologie, ont évolué après l'apparition de ces derniers.
◈
Le développement des sciences humaines au
XXe s. a conduit à étudier le rôle du groupe social dans divers domaines, d'où la composition de termes d'emploi didactique en
ETHNO-, comme
ethnobiologie, ethnobotanique, ethnohistoire, ethnolinguistique, ethnomédecine, ethnomusicologie, etc.
(→ ethnocentrique et ethnocentrisme à centre ; ethnopsychiatrie à psych[o]-).
■
Enfin, ETHNOCIDE n. m., formé (en 1958 par Condominas à propos du Viêtnam, puis par R. Jaulin à propos des Amérindiens) d'après génocide, concerne la destruction d'une civilisation propre à un groupe ethnique.
ÉTHOLOGIE n. f. est composé (1611) du grec êthos « mœurs » (→ éthique) et de -logie. En latin impérial, ethologia, emprunté au grec, avait le même sens que éthopée n. f., terme de rhétorique, emprunt savant (1671, ethopeie) au bas latin ethopoeia « portrait, caractère », lui-même du grec êthopoiia « description des mœurs ou du caractère », composé de êthos et de poiein « faire ».
❏
Éthologie est d'abord attesté avec le sens de « morale ; traité sur les mœurs », aujourd'hui remplacé par le terme didactique ÉTHOGRAPHIE n. f. (1819) « étude descriptive des mœurs ». Éthologie a eu, par emprunt à l'anglais ethology (1843, Stuart Mill), l'acception de « science des caractères et de leur formation » (Cf. caractérologie).
◆
Le mot se dit depuis Geoffroy Saint-Hilaire (1849) de la science des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel, seul sens aujourd'hui vivant.
❏
ÉTHOLOGIQUE adj. (1599) a été repris au XIXe s., avec le sens moderne de éthologie, comme ÉTHOLOGISTE n. (v. 1950), précédé par ÉTHOLOGUE (1829).
◆
Éthologie se dit aussi pour ÉCO-ÉTHOLOGIE n. f., composé (1970) à partir de éco(logie), après l'expression écologie éthologique (1969).
ÉTHOS n. m. est un mot transcrit du grec (XXe s.), « caractère propre » et « coutume », très employé par les philosophes de l'Antiquité, et d'où dérive ethnos (→ ethno). Le mot s'emploie en français dans le discours philosophique, pour « loi générale, norme », souvent associé à nomos. Il désigne le caractère unique de l'individu humain, et par ailleurs, l'ensemble des normes morales (notion utilisée, par exemple, par le sociologue Weber).
+
ÉTHYLE n. m. est composé (1840) du radical de éther*, servant à former des noms de produits chimiques, et du suffixe -yle, du grec hulê « bois », puis « matière », mot d'origine inconnue.
❏
Le mot désigne, en chimie, un radical monovalent formé de carbone et d'hydrogène (C2 H5), susceptible d'être isolé et entrant dans de nombreux composés organiques, par exemple l'alcool ordinaire. C'est ce dernier emploi spécial qui a donné naissance aux dérivés d'usage général (ci-dessous).
❏
Par ailleurs, le mot a des dérivés techniques.
1 ÉTHYLIQUE adj. (1850) signifie « qui contient le radical éthyle », notamment dans
alcool éthylique.
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ÉTHYLÈNE n. m. (1867), formé avec le suffixe -ène indicatif des carbures d'hydrogène, désigne un gaz incolore composé de carbone et d'hydrogène ; d'où ÉTHYLÉNIQUE adj. (1859), employé notamment dans carbures éthyléniques.
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POLYÉTHYLÈNE adj. et n. m., employé par Berthelot (1867), est tiré de polyéthylénique (Würtz, 1860) pour qualifier, puis désigner un polymère de l'éthylène (alcool, glycol). Le nom s'applique à la matière plastique isolante obtenue par polymérisation de l'éthylène. La forme contractée POLYTHÈNE n. m. est un nom déposé (mil. XXe s.).
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Éthyle entre comme élément de composition dans de nombreux termes de chimie, parmi lesquels :
ÉTHYLAMINE n. f. (1850 ; de
amine), désignant des corps reconnus plus tard comme des dérivés de l'éthane ;
ÉTHYLBENZÈNE n. m. (
XXe s.) ;
ÉTHYLCELLULOSE n. f. (mil.
XXe s.).
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Au sens d'« alcool »,
éthyle a servi à former deux dérivés passés dans l'usage général :
ÉTHYLISME n. m. (1890, Larousse), synonyme plus savant d'
alcoolisme, et
2 ÉTHYLIQUE adj. et n. (1890).
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Récemment, on a formé ÉTHYLOMÈTRE n. m. (1982), proposé pour remplacer alcootest ou alcooltest.
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De
éthyle au sens chimique provient, par substitution de suffixe,
ÉTHANE n. m. (1880) désignant un hydrocarbure saturé, gaz très combustible qui fournit l'éthylène et l'acétylène, d'où son importance technique et industrielle.
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Éthane a servi à former le mot ÉTHANOL n. m. (1910) « alcool éthylique », notamment lorsque cet alcool d'origine végétale est utilisé comme carburant.