EXPORTER v. tr., réfection (XVIe s.) de la forme ancienne esporter (v. 1245), représente un emprunt au latin exportare « porter hors de », composé de ex- « hors de » et de portare « faire passer, transporter, amener au port » (→ porter).
❏
Le sens de la première attestation reste obscur (v. 1245,
soi esporter « sortir » ?) ; dans le premier tiers du
XVIe s.,
exporter est repris avec le sens du latin, « porter (qqch., qqn) au-dehors ».
■
C'est au XVIIIe s. que le verbe entre dans le vocabulaire commercial (1756 ; mais réexporter se trouve déjà en 1734, d'après Bloch et Wartburg) sous l'influence de l'anglais to export (1665), lui-même emprunté au français. De nombreux termes de commerce construits sur la base import- et export-, apparus antérieurement en anglais, sont ainsi passés en français entre 1734 et la Révolution française.
◆
Au XIXe s., exporter s'emploie aussi au figuré pour « propager, répandre (qqch.) à l'étranger » (1831, Michelet, à propos d'idées).
❏
Des emplois commerciaux du verbe dérivent
EXPORTATEUR, TRICE n. et adj. (1756, Mirabeau) et
EXPORTABLE adj. (1768), avec le préfixé
INEXPORTABLE adj.
■
Le composé RÉEXPORTER v. tr., de ré- itératif, est attesté en 1734. Outre le sens itératif, rare, ce verbe désigne le fait d'exporter vers une autre destination des marchandises qui avaient été importées.
◈
EXPORTATION n. f., emprunt au latin
exportatio, du supin de
exportare, est relevé au
XVIe s. avec le sens originel, « action de porter au-dehors ».
◆
Le mot est repris en 1734 comme terme de commerce d'après l'anglais
exportation (1641), d'où par extension
exportation des capitaux (
XXe s.).
◆
Il est employé au figuré (1766, Voltaire) et désigne, par métonymie, ce qui est exporté (1865).
■
Le préfixé RÉEXPORTATION n. f. est attesté en 1755. Il a pris la même valeur que réexporter.
EXPOSER v. tr. est un emprunt (fin XIIe -déb. XIIIe s.), avec réfection d'après poser, au latin exponere « mettre à la vue de », « présenter, expliquer » et « mettre à la merci de ». Ce verbe est un préfixé en ex- de ponere « poser, placer », qui a abouti au français pondre*. Exponere a fourni, par évolution phonétique, l'ancien français espondre « exposer », « expliquer » (XIIe s.), qui survit jusqu'au XIVe siècle.
❏
Exposer s'introduit avec un sens du latin, « dire, présenter en expliquant », se spécialisant ensuite : « faire l'exposition de (un ouvrage dramatique) » et par analogie en musique.
◆
D'autres valeurs étymologiques sont reprises à partir du XIVe siècle ; le verbe signifie « disposer de manière à mettre en vue » (1345) en parlant de marchandises, puis en religion (1680, exposer le saint-sacrement) et en droit, avec un complément nom de personne (1690, exposer un criminel).
◆
Le pronominal s'exposer, « se montrer au regard d'autrui », est plus tardif (1870).
◆
Avec une valeur concrète, exposer un enfant signifie depuis le XIVe s. (1355) « l'abandonner dans un lieu écarté ou désert ». À l'époque classique, exposer à prend un sens plus général (1635) : « laisser sous la menace (d'un danger, etc.) ».
◆
Exposer reprend au XIVe s. un autre sens du latin, « mettre en danger » (1370, Oresme, exposer sa vie), également au pronominal (1370, s'exposer à qqch.), d'où s'exposer « exposer sa vie » (1390).
◆
À partir du XVIIe s., le verbe s'emploie dans la construction exposer qqn à (1636 ; 1640, exposer qqn).
◆
Exposer qqch. à, « placer dans la direction de », apparaît au XVIe s. au participe passé (1538) ; il est aujourd'hui usuel dans bien, mal exposé, puis à l'actif (1596).
◆
Enfin, comme transitif et comme intransitif, exposer s'applique au XIXe s., comme exposant, aux expositions de nature économique ou artistique.
❏
Le participe passé
EXPOSÉ, ÉE adj. s'est spécialisé en photographie (
XIXe s.), lié à des préfixés du verbe (ci-dessous).
◆
Le préfixé
INEXPOSÉ, ÉE adj. (1873) est littéraire. Il est substantivé au
XVIIe siècle.
■
EXPOSÉ n. m. désigne (1638, Richelieu) un développement écrit ou oral qui présente des idées, des faits ; plus tard (déb. XXe s.), le mot s'emploie pour un bref discours sur un sujet précis, en particulier en pédagogie.
■
EXPOSANT, ANTE n. n'a pas conservé son premier sens juridique (1389) de « personne qui expose ses prétentions dans une requête ».
◆
Le mot a été reformé en mathématiques (1620, n. m.) et désigne couramment (1688) une personne qui présente ses produits et, en relation avec le sens pris au XIXe s. par exposition, en particulier des œuvres d'art.
■
Le préfixé INEXPOSABLE adj. (1873), proposé auparavant par Radonvilliers (1845), est didactique.
■
Dans le vocabulaire de la photographie ont été formés (1894) les préfixés SOUS-EXPOSER v. tr. et SUREXPOSER v. tr. auxquels correspondent, formés sur exposition, les noms d'action SOUS-EXPOSITION n. f. (attesté 1904) et SUREXPOSITION n. f. (1894).
◈
Deux mots sont des emprunts à des dérivés du supin
expositum de
exponere.
■
EXPOSITION n. f. reprend (v. 1119, esposiciun) le latin expositio « explication, présentation » et « abandon (d'un enfant) ».
◆
Ce nom d'action s'introduit avec le premier sens du latin, spécialisé ensuite pour parler de la partie initiale d'une œuvre dramatique (1663), puis en musique.
◆
Il suit une évolution sémantique parallèle à celle du verbe : « action de présenter (des marchandises) » (1565), « abandon (d'un enfant) » (1636), « situation (d'un bâtiment) » (1676). S'agissant de produits commerciaux ou d'œuvres d'art, exposition s'emploie d'abord en tant que nom d'action (« l'exposition des produits de l'industrie française ; on fit, dans cette salle, l'exposition de plusieurs tableaux » [Dict. de l'Académie, 1835]). Dans ces deux contextes, l'emploi de une exposition, apparu dans la première moitié du XIXe s., se développe après 1848 dans deux directions : les présentations à objectifs économiques (exposition nationale, universelle [1855], coloniale, etc., d'où l'abréviation EXPO n. f. [fin XIXe s.]), et les présentations d'œuvres d'art, distinctes des musées* et des galeries*, en ce qu'elles sont temporaires (voir aussi salon).
◆
Un sens passif, « fait d'être exposé, situation de risque » (1690), est rare.
◆
Exposition est aussi un terme de photographie (attesté 1932).
■
EXPOSITEUR n. m., emprunt au bas latin expositor « celui qui expose un enfant », mais influencé par exposer, équivalait en ancien français (v. 1190) à « commentateur ». Il est repris en droit au XVIIIe s. (1704, expositeur de fausse monnaie).
◆
Il a été reformé avec le sens latin (1865). Ces acceptions ont disparu et l'emploi au sens de « personne qui expose (des faits, etc.) » (1851) est rare ; avec cette valeur Flaubert a utilisé le dérivé verbal exposeur (1853).
EXPRÈS, ESSE adj. est un emprunt savant (v. 1275) au latin expressus « mis en relief, exprimé clairement », participe passé passif de exprimere « faire sortir en pressant » (→ exprimer).
❏
D'abord relevé au sens étymologique de « clair, précis », sorti de l'usage courant mais conservé en droit en parlant d'un ordre, d'une loi, et dans les syntagmes (à la) demande, (à la) condition expresse, l'adjectif s'est employé au sens de « qui est chargé spécialement de transmettre la pensée, la volonté de qqn » (1664, Mme de Sévigné), emploi archaïque, un exprès désignant un messager (av. 1630).
◆
De ce sens est issu l'emploi moderne comme adjectif invariable et nom masculin dans lettre, colis exprès « remis rapidement au destinataire », et dans un exprès.
❏
EXPRÈS adv. de même origine est relevé en 1333 dans la construction disparue
par expres « de propos délibéré », puis en 1488 dans
tout exprès pour « dans le dessein de », enfin vers 1560 sous la forme simple. À
faire qqch.
exprès, correspond
faire par exprès en français québécois.
◆
L'adverbe s'emploie notamment dans la construction
faire exprès (
XVIe s.), d'où
fait exprès « parfaitement adapté (à une situation) » et
un fait exprès (1814), où l'expression est substantivée, et entre dans la locution
comme un fait exprès « une chose qui semble voulue ».
Tu le fais (l'a fait) exprès ! s'emploie en manière de reproche pour une « bêtise ». On dit aussi :
t'es bête (idiot, crétin, con...) ou tu le fais exprès ? (1990 dans Bernet et Rézeau).
◈
EXPRESSÉMENT adv., sous les formes
expressement à la fin du
XIIe s. et
espresseement en 1270 « en termes exprès », a pris au
XVIIe s. la valeur de « avec une volonté bien déterminée » (1655).
1 EXPRESS n. m. est un emprunt (1849) à l'anglais express, adj., adv. et n., qui signifie d'abord « exprimé, explicite » (XIVe s.) puis « destiné à un usage particulier, spécial » (XVe s.). Le mot anglais est lui-même emprunté au français exprès, esse (→ exprès). L'anglais express (train) désignait à l'origine un train « spécial » (dep. 1841) et notamment (v. 1845) un train rapide ne s'arrêtant pas à toutes les stations, d'où l'emploi de l'adjectif, en anglais, pour « rapide, immédiat » (en parlant d'un colis, d'une livraison, etc.).
❏
Express, en français, a été emprunté avec le sens de « train rapide » qu'il avait acquis en anglais, comme substantif (un express) puis (1856) comme adjectif (un train express).
◆
Par analogie, l'adjectif qualifie (XXe s.) d'autres substantifs, avec le sens de « qui assure un déplacement ou un service rapide », par exemple dans voie express (au Canada, route express), réseau express, etc.
◆
Par extension, il s'applique à ce qui s'exécute rapidement (coiffure express, ressemelage express ; Cf. minute), à ce qui a été fait à la hâte.
2 EXPRESS adj. et n. m. inv., relevé en 1950 puis en 1957 (chez M. Butor), est emprunté à l'italien (caffè) espresso, qui représente soit la substantivation du participe passé de exprimere « extraire en pressant » (→ exprès), soit une transposition du mot expresso « train express » (→ 1 express).
❏
Express s'emploie comme adjectif dans café express (fait à la vapeur, à l'aide d'un percolateur) et plus couramment comme nom masculin invariable (boire un express), concurremment avec EXPRESSO n. m. (1968) et avec la forme italienne ESPRESSO n. m., qui est aussi employée en français par emprunt.
EXPRIMER v. tr., réfection savante (XIVe s.) de formes comme espriemer (fin XIIe s.), est un emprunt au latin exprimere « faire sortir en pressant » et au figuré « représenter, exprimer » ; le verbe est formé de ex- (→ ex-) et de premere « serrer », « exercer une pression sur » (→ aussi comprimer, déprimer, imprimer...). Exprimer a supplanté le doublet espreindre, épreindre, aboutissement phonétique du latin, qui avait les mêmes sens en ancien français et s'est longtemps maintenu au sens de « presser ».
❏
Le verbe reprend d'abord le sens figuré latin et s'emploie pour « faire connaître par le langage » avec un pronominal s'exprimer, courant à partir du XVIe s. (1580, Montaigne), spécialement pour « signifier » (mil. XVIe s.) avec un sujet désignant les formes du langage et « faire connaître par le moyen de l'art » (XVIIe s., au théâtre).
◆
Le sens concret, « faire sortir par pression » (1580, Montaigne), est un latinisme vieilli, sauf en technique.
◆
L'acception abstraite générale de « rendre sensible (qqch.) en en dégageant le sens » se développe à partir du XVIIe siècle ; exprimer signifie alors « manifester par le comportement » (1645, Tristan, exprimer de l'audace), « servir à noter (une relation, une quantité) » (av. 1662). Il a eu le sens de « définir (une chose, un événement) » (1672, Molière) et de « représenter (qqn) » (1676, Racine), sortis d'usage après l'époque classique.
❏
Le verbe a fourni
EXPRIMABLE adj. (v. 1600), d'où
INEXPRIMABLE adj. (1579) « qui ne peut être exprimé », qui prend ensuite (1690) le sens de « au-delà de toute expression » avec pour dérivés
INEXPRIMABLEMENT adv. (1821).
INEXPRIMÉ, ÉE adj. (1836, Balzac), préfixé négatif de
exprimé, d'après
inexprimable, est plus littéraire.
◈
EXPRESSION n. f. est un emprunt (1314) au latin
expressio « action de faire sortir en pressant » et au figuré « expression de la pensée », en grammaire, et « description vivante », lui-même dérivé du supin de
exprimere. Le mot est employé en sémantique et en sémiotique pour désigner l'une des deux fonctions essentielles des signes, distinguée de
communication.
■
Expression a d'abord eu la valeur concrète du latin, en médecine. Sorti d'usage dans son emploi général, il est encore employé comme terme technique.
◆
Expression désigne ensuite l'action (v. 1360), la manière d'exprimer ou de s'exprimer (1547), dans des emplois parallèles à ceux du verbe, notamment (1656) pour parler d'un tour de la langue écrite ou orale.
◆
Le mot s'emploie spécialement en mathématiques (1674), désignant une formule par laquelle on exprime une valeur.
◆
Il développe, toujours à l'époque classique, d'autres emplois : « fait exprimant un contenu psychologique par l'art » (1669), « ce par quoi qqn ou qqch. se manifeste » (1694, Bossuet). La locution réduire à sa plus simple expression se trouve chez de Jouy (1812).
■
INEXPRESSION n. f., « absence d'expression » (1801), est rare, à la différence de inexpressif (ci-dessous).
◈
Du nom procède
EXPRESSIF, IVE adj., relevé en 1483 au sens de « signalé », qui s'applique (1680) à ce qui exprime bien (une pensée, etc.), puis à ce qui a beaucoup d'expression (1832, Balzac) ; en dérivent
EXPRESSIVEMENT adv. (1825) et
EXPRESSIVITÉ n. f. (1905), didactique mais courant.
■
INEXPRESSIF, IVE adj., attesté isolément (av. 1406), s'est appliqué à ce que l'on ne peut exprimer ; il qualifie depuis le XVIIIe s. ce qui n'est pas expressif (1781) et se dit aussi de ce qui manque d'expression (1849), par exemple un visage inexpressif.
◆
Son dérivé INEXPRESSIVITÉ n. f. (1919) est littéraire.
■
EXPRESSIONNISME n. m., attesté en 1921, est dérivé du nom ou emprunté à l'allemand Expressionismus (1911) ; l'anglais expressionism semble antérieur (1908). Le mot désigne un mouvement artistique qui, au début du XXe s., réunissait des peintres en réaction contre l'impressionnisme*, pour lesquels la valeur de la représentation tenait à l'intensité de l'expression ; le mouvement s'est ensuite étendu au cinéma, à la littérature, etc. Expressionnisme abstrait est un calque de l'allemand abstrakt expressionism (1919), employé en anglais vers 1929 à propos de Kandinsky et désignant depuis 1948 un style abstrait né aux États-Unis et développé en relation avec l'action painting.
◆
EXPRESSIONNISTE adj. et n. est attesté en 1904. Le mot s'était employé pour « artiste qui recherche et rend l'expression » (1895).
EXPROPRIER v. tr., relevé en 1611 au participe passé (avant l'infinitif, 1792), est dérivé, par changement de préfixe, de approprier ou composé savamment de ex- et du latin proprius (→ propre), d'après approprier*.
❏
Le verbe signifie « déposséder légalement (qqn) de la propriété d'un bien » ; il s'emploie, spécialement, en droit civil (1799), en droit administratif et dans l'usage courant (1835) et, par extension (1890), avec un complément nom de chose (exproprier des immeubles).
◆
Le participe passé est substantivé au XIXe s. (1865).
❏
EXPROPRIATION n. f. (1789), du radical du verbe, s'emploie en droit et couramment.
■
EXPROPRIANT, ANTE adj. (1935) est le participe présent du verbe ; c'est un terme de droit équivalant à EXPROPRIATEUR, TRICE adj. et n. (1874), moins courant.
EXPUGNABLE → INEXPUGNABLE
EXPULSER v. tr. est emprunté (1440-1475) au latin expulsare, formé de ex- (→ ex-) et de pulsare « pousser violemment » (→ pousser). Ce fréquentatif de expellere « pousser hors de », « faire sortir », est formé sur pulsum, supin de pellere « pousser », puis « chasser » et dans la langue militaire « repousser, mettre en déroute » (→ pulsion).
❏
Le verbe est d'abord employé avec un des sens du latin, pour « chasser (qqn) » ; il entre au XVIe s. dans le vocabulaire de la médecine avec le sens d'« évacuer (qqch.) de l'organisme » (1561, A. Paré).
◆
Au XVIIe s., par extension du premier sens et en conservant l'idée de violence, il signifie « exclure (qqn) d'une assemblée, d'un corps constitué » (1690, Furetière), puis « faire sortir (qqn) avec violence » (1870).
❏
Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés du latin
expellere.
■
EXPULSIF, IVE adj. (v. 1265), emprunt au bas latin expulsivus, est un terme de médecine, comme EXPULSEUR, EXPULTRICE adj., emprunt au latin expulsor (au masculin, 1470 ; au féminin, 1561).
■
En revanche EXPULSION n. f. (1309), emprunt au latin expulsio, a suivi un développement sémantique parallèle à celui de expulser et est aussi courant que lui, surtout au sens d'« exclusion par la force ».
◆
Le mot s'applique notamment aux reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière (immigrés « clandestins »). Avec cet emploi, il a suscité les dérivés EXPULSABLE adj. et NON-EXPULSABLE adj., selon le statut juridique des personnes.
■
Le participe passé EXPULSÉ, ÉE s'emploie comme adjectif pour « chassé par une expulsion » (1690) et est aussi substantivé (1759, Voltaire).
EXPURGER v. tr. est un emprunt savant (v. 1370) au latin expurgare « nettoyer, purger », puis « excuser, justifier », formé de ex- (→ ex-) et de purgare (→ purger) ; expurger a remplacé la forme populaire espurgier « purger, nettoyer » (Cf. l'italien spurgare, l'ancien provençal espurgar), attestée du XIIe au XIVe siècle.
❏
D'abord employé au sens concret latin, « purger », sorti d'usage, le verbe signifie ensuite par figure (1503) « épurer (un livre) en enlevant les passages trop libres ou contraires à la foi », aussi au participe adjectivé, expurgé (1839).
◆
Du sens propre d'expurger est issu l'emploi spécial en sylviculture, au sens d'« éclaircir une futaie trop touffue » (XIXe s.).
❏
EXPURGATION n. f. est attesté isolément (v. 1190,
espurgaciun) avec le sens du latin
expurgatio « justification, excuse », auquel il est emprunté. Il s'emploie ensuite en médecine (v. 1370) au sens de « purgation », sorti d'usage, et ne demeure que dans un emploi technique (1865) en sylviculture.
■
EXPURGATOIRE adj. (fin XVIe -déb. XVIIe s., d'Aubigné) est emprunté au latin ecclésiastique espurgatorius, dérivé du supin de expurgare ou est dérivé de expurger ; c'est un mot didactique (index expurgatoire).
EXQUIS, ISE adj. est une réfection (v. 1223) de l'ancien français esquis (XIIIe s.), participe passé adjectivé de l'ancien verbe esquerre « rechercher », issu du latin populaire °exquaerere. Cette forme est elle-même une réfection du latin classique exquirere « rechercher avec soin, enquêter », composé de ex- (→ ex-) et de quaerere « chercher, rechercher » puis « demander » (→ quérir). La forme exquis a été refaite d'après le latin exquisitus « recherché, raffiné, élégant », participe passé passif de exquirere.
❏
L'adjectif est d'abord employé avec la valeur latine de « qui est remarquable en son genre », aujourd'hui sortie d'usage.
Exquis, employé dans ce sens jusqu'au
XIXe s., pouvait aussi qualifier quelque chose de désagréable : des tourments (Calvin), une torture (d'Aubigné), des supplices (Bossuet), etc. ; en médecine
(douleur exquise), l'adjectif a conservé ce sens de « très intense, extrême ».
■
Dès le XVe s., l'idée d'impression agréable produite sur les sens domine dans l'emploi du mot. Exquis signifie « d'une délicatesse recherchée », vers 1450 (dame exquise), et depuis le XVIe s. « qui produit une impression agréable par sa délicatesse » (av. 1549, M. de Navarre), en parlant d'un mets, d'un aliment, d'un parfum, etc. ; l'adjectif, dès le XIIIe s., pouvait qualifier la nourriture (viande [nourriture] esquise, v. 1223), mais cet emploi n'était qu'une spécialisation de la valeur ancienne, plus générale. Exquis s'emploie aussi pour « précieux » (fin XVIe s.) en parlant d'objets matériels.
◆
L'adjectif s'applique aussi aux qualités du caractère et à leur expression (1859), et équivaut à « d'une compagnie agréable » en parlant d'une personne (1894, J. Renard). Cf. aussi cadavre* exquis.
❏
Les dérivés EXQUISÉMENT adv. (1507, exquisement) et EXQUISITÉ n. f. (1855, G. Sand) sont rares et littéraires.
EXSANGUE adj. est un emprunt savant (1549) au latin exsanguis « qui n'a pas de sang », « pâle, livide », « sans force », formé de ex- (→ ex-) et de sanguis (→ sang).
❏
Exsangue, qui a repris les différentes valeurs de l'étymon, est didactique au sens de « privé de sang » (1549) et littéraire au sens figuré de « vidé de sa substance » (1580, Montaigne). Il s'emploie à partir du XVIIe s. avec le sens plus courant de « très pâle » (1611).
❏
L'adjectif a fourni les termes de médecine EXSANGUINATION n. f. (mil. XXe s.) et EXSANGUINO-TRANSFUSION n. f. (attesté 1953) « transfusion où le sang, sorti de l'organisme, est remplacé ».
EXSUDER v. est emprunté (1575, Paré) au latin impérial exsudare « s'évaporer entièrement », « rendre par suintement », « dégoutter de », composé de ex- (→ ex-) et de sudare (→ suer).
❏
Exsuder, d'abord « sortir par exsudation » en emploi absolu, signifie aussi (1870) « émettre par transpiration, par suintement ». Au figuré (1869), pour « émettre, laisser s'exprimer », il est d'emploi littéraire.
❏
Du verbe dérive
EXSUDAT n. m. (1858 ; peut-être d'abord formé en allemand), terme de pathologie employé par analogie en botanique (1932) ; en procède
EXSUDATIF, IVE adj. (1858).
■
EXSUDATION n. f., emprunté au dérivé bas latin exsudatio « dégagement par la transpiration », reprend d'abord ce sens (1755), aujourd'hui sorti d'usage, et est employé ensuite en pathologie (1823).
EXTASE n. f., relevé en 1319 sous la forme extasie, est un emprunt au latin ecclésiastique extasis, ecstasis « fait d'être hors de soi », d'où « stupeur », « transe », lui-même emprunt au grec ekstasis « déplacement » et « égarement de l'esprit, ravissement ». Ce nom est dérivé du verbe existanai « faire sortir », « mettre hors de soi », formé de ex- « hors de » et de histanai « placer debout, dresser, fixer », à rattacher à une racine indoeuropéenne °sta- « être debout » (→ 1 ester, station).
❏
Extase est d'abord employé dans le vocabulaire religieux pour désigner l'état particulier d'une personne, transportée hors d'elle-même, en union intime avec la divinité (1319, ravi en estasie).
◆
Le mot s'emploie ensuite par analogie et couramment pour « état d'exaltation » (av. 1475), d'où les syntagmes (être) en extase, dans l'extase.
◆
Par analogie du sens religieux, le mot s'emploie en pathologie et en psychologie (1721, extase hystérique).
❏
Du nom dérive, d'après la forme
extasie, EXTASIER v. tr., d'abord usité au participe passé pour « en extase » (1556,
extazé), est attesté comme verbe actif au début du
XVIIe s. (1611). Il est employé aujourd'hui à la forme pronominale
s'extasier au sens de « manifester son admiration » depuis la fin du
XVIe s. (av. 1599,
s'extazer), aussi au participe passé (1585).
■
EXTATIQUE adj. et n., d'abord ecstatic (1546, Rabelais), est emprunté au grec ekstatikos « qui égare l'esprit », « qui a l'esprit égaré, qui est hors de soi », dérivé de ekstasis.
◆
Signifiant d'abord « qui est ravi en extase » (1546, adj. et n.) puis « qui a le caractère de l'extase » (1588, Montaigne), le mot est d'emploi didactique ou littéraire, comme son dérivé EXTATIQUEMENT adv. (1869, Hugo).
EXTEMPORANÉ, ÉE adj. est un emprunt du XVIe s. (1527) au bas latin des gloses extemporaneus « improvisé, qui n'est pas médité, qui se fait sans préparation », synonyme du classique extemporalis. Ce mot est formé de ex- (→ ex-) et du bas latin temporaneus « qui se fait à temps », lui-même dérivé de tempus (→ temps).
❏
D'abord employé au sens étymologique de « spontané » (1527, cause extemporanée et non préméditée), le mot a disparu, sauf en pharmacie (1764), à propos d'un médicament non préparé d'avance (par opposition à officinal) et en médecine où l'on parle (mil. XXe s.) d'analyse extemporanée, « faite au cours d'une opération ».
❏
De l'adjectif dérivent EXTEMPORANÉMENT adv. (1846) et EXTEMPORANÉITÉ n. f. (1857, Michelet), peu usités.
EXTENSION n. f., réfection savante (1377, Oresme) de la forme estension (fin XIIIe , déb. XIVe s.), est un emprunt au bas latin extensio « étendue, allongement, croissance », « amplification », formé sur extensum, supin de extendere (→ étendre), qui appartient à la famille de tenere (→ tenir).
❏
Le mot est d'abord employé pour désigner le mouvement par lequel on étend un membre (v. 1300, estension des membres), par opposition à flexion.
◆
Repris au sens étymologique de « fait de s'étendre, d'occuper de l'espace », « action de s'accroître », il se dit (v. 1560, Paré) du fait de se développer dans le sens de la longueur.
◆
À partir du XVIIe s., extension, au figuré, désigne l'action de donner une portée plus générale à quelque chose (1643, en parlant d'un contrat) ; il s'emploie ensuite, en linguistique, et couramment (1730, Dumarsais), pour « fait d'acquérir un plus grand champ de désignation ».
◆
Il passe aussi dans l'usage général pour « accroissement d'importance » (1770), en parlant du commerce, d'une institution (Cf. expansion).
◆
Il est employé plus précisément en logique (1801, D. de Tracy) et s'oppose alors à compréhension* ou intension* (définition par extension), à propos de la constitution d'une classe d'éléments définis par un caractère commun, valeur en rapport avec la désignation.
❏
EXTENSIBLE adj., du radical du nom, attesté isolément au
XVe s. et repris en 1611, est encore considéré comme rare dans Trévoux (1732) ; il s'emploie au propre et au figuré.
◆
Il a pour dérivé le terme didactique
EXTENSIBILITÉ n. f. (1752, Trévoux) et pour préfixé et antonyme
INEXTENSIBLE adj. (1777, Buffon), d'où
INEXTENSIBILITÉ n. f. (1858), terme didactique.
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EXTENSIF, IVE adj., attesté indirectement au XIVe s. par l'adverbe extensivement, est soit dérivé d'extension, soit emprunté au dérivé bas latin extensivus « capable d'extension » (au figuré), attesté en latin médiéval comme terme médical (v. 1270, humor extensivus).
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Relevé comme terme de médecine en 1520, extensif s'emploie ensuite en logique et en linguistique (1834), en rapport avec extension, puis en agriculture (1859) dans culture extensive (opposé à intensive).
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Il a pour dérivés EXTENSIVEMENT adv. (XIVe s.) et, en philosophie, EXTENSIVITÉ n. f. (XXe s.) et le préfixé INEXTENSIF, IVE adj. (1889, Bergson, qui l'emploie aussi comme nom masculin).
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EXTENSEUR adj. et n. m. est un terme d'anatomie (1654, muscle extenseur) et désigne en sports un dispositif élastique pour les exercices musculaires d'extension (1901, n. m.).
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EXTENSOMÈTRE n. m. est formé savamment (1903) sur le radical d'extension, avec -mètre, pour désigner en technique un instrument destiné à mesurer les déformations résultant de contraintes mécaniques.
❏ voir
RÉTENTION, TENSION ; IN EXTENSO.
EXTÉNUER v. tr. est un emprunt (1478, au p. p. ; 1495, à l'actif) au latin extenuare « rendre mince, ténu » et « affaiblir, diminuer », au propre et au figuré, « atténuer » ; ce verbe est composé de ex- (→ ex-) et de l'adjectif tenuis « mince, ténu », d'où « subtil, délicat » et « maigre » (→ ténu).
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Exténuer est d'abord attesté avec le sens d'« épuiser, réduire les forces de (qqn) », surtout aujourd'hui au passif, au participe passé (exténué) et au pronominal (1734).
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Au XVIe s., reprenant un des sens de l'étymon, il se dit au figuré pour « amoindrir, réduire beaucoup » (1541) et comme équivalent d'« atténuer », et au propre pour « rendre très maigre » (1552), sens à peu près sortis d'usage.
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Le participe présent
EXTÉNUANT, ANTE adj. (1845) procède du sens moderne du verbe.
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EXTÉNUATION n. f., réfection savante (v. 1560, Paré) de extenuacion (1398), est emprunté au dérivé latin extenuatio « action de rendre mince », « atténuation ». Le mot est d'emploi littéraire ; il s'est dit, en rhétorique, pour « litote ».
EXTÉRIEUR, EURE adj. et n. m. représente la resuffixation (1563) de exterior (1447), emprunt savant au latin classique exterior « plus en dehors », comparatif de l'adjectif exter « du dehors », « étranger », formé de ex- (→ ex-) et de l'élément -ter- « du côté de » ; en latin chrétien exterior signifie « ce qui est à l'extérieur ».
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L'adjectif s'emploie d'abord en parlant de ce qui est situé hors de quelque chose, de ce qui existe en dehors d'un individu (1447). Il s'applique depuis le XVIe s. à ce qui ne correspond pas à la nature profonde d'un individu (1541) et à ce qui se voit du dehors, à ce qui se trouve sur le pourtour (1563, Palissy).
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Le nom, attesté au XVe s. en parlant d'une chose, désigne surtout une partie en contact direct avec l'espace environnant (1636) ; par figure, il équivaut à « apparence (d'une personne, d'une chose) » (1669), par exemple dans l'expression à l'extérieur « en apparence » (1662, Pascal).
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L'adjectif s'oppose à psychologique, moral (av. 1696, La Bruyère ; formes extérieures).
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Comme nom et adjectif, par extension du sens de « dehors », le mot désigne les pays étrangers comme nom masculin (1849) et comme adjectif qualifie ce qui les concerne (1865 ; commerce extérieur).
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Au XXe s., dans le vocabulaire du cinéma, le nom se dit spécialement (1914) d'une prise de vue hors des studios.
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L'adjectif s'emploie au figuré pour « que l'on sent étranger » (1912, Gide).
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Extérieur s'applique enfin (XXe s.) à ce qui ne fait pas partie de (qqch.), dans un contexte abstrait.
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Extérieur a fourni plusieurs dérivés, parfois formés d'après le latin
exterior : EXTÉRIEUREMENT adv. (1501 ; 1470,
exteriorement) ;
EXTÉRIORITÉ n. f. (1541, Calvin), notamment employé en philosophie.
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EXTÉRIORISER v. tr. (1866, Amiel), didactique en psychologie, est assez courant au sens de « exprimer, manifester » (des sentiments, etc.) et notamment au pronominal s'extérioriser (1878) ; en dérivent EXTÉRIORISATION n. f. (1843) et EXTÉRIORISABLE adj. (1938, Valéry).
❏ voir
EXTERNE, 1 EXTRA-, EXTRÊME.
EXTERMINER v. tr. est un emprunt savant (v. 1120) au latin exterminare « chasser des frontières, bannir » qui a pris en latin ecclésiastique le sens de « détruire, dévaster », « faire périr ». Exterminare est composé de ex- (→ ex-) et de terminare « borner, finir » (→ terminer).
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Le verbe est employé en ancien français avec le sens de « faire disparaître, expulser » repris du latin classique, en parlant d'une religion, d'un défaut, etc., valeur encore courante à l'époque classique.
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Le sens moderne, « faire périr jusqu'au dernier », est également relevé au début du XIIe siècle. Il s'emploie par plaisanterie (1656, Molière) en parlant d'une seule personne et s'exterminer a pris au XIXe s. le sens familier de « se fatiguer à l'extrême » (1846, Balzac).
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Du verbe dérive
EXTERMINATOIRE adj. (1794) d'emploi rare.
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Aux dérivés du latin exterminare ont été empruntés : EXTERMINATION n. f., du latin ecclésiastique exterminatio « destruction, extermination (de personnes) », d'abord relevé dans l'expression faire extermination « s'exiler » (v. 1175), est repris au XVIe s. avec le sens du latin chrétien, au propre et au figuré.
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EXTERMINATEUR, TRICE adj. et n., d'emploi littéraire, est emprunté (déb. XIIIe s., l'angele exterminator) au latin ecclésiastique exterminator « celui qui chasse », notamment en parlant de l'ange du châtiment.
EXTERNE adj., réfection (1541) de la forme hesterne (1500), est emprunté au latin externus « extérieur », « du dehors », « étranger » ; cet adjectif dérive de exter, de même sens (la variante exterus s'est effacée devant externus), formé de ex- (→ ex-) et de l'élément -ter- « du côté de ».
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D'abord employé comme équivalent d'« extérieur » en parlant d'un pays, l'adjectif s'applique (1541) à ce qui est situé en dehors, est tourné vers l'extérieur et, par extension, à ce qui appartient au-dehors, vient de l'extérieur ; avec cette valeur, il s'emploie dans des domaines spécialisés, par exemple en anatomie (1809) et en mathématiques (1865).
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Par ailleurs, le mot est substantivé (dans Sorel, 1623) pour désigner l'élève d'un collège, non pensionnaire, et par la suite (1835) un étudiant en médecine qui assiste les internes dans le service des hôpitaux.
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De ces deux derniers emplois, où il s'oppose à interne, dérive EXTERNAT n. m. « établissement scolaire » (1829, Boiste) et « fonction d'externe dans les hôpitaux » (1833).
❏ voir
EXTÉRIEUR, 1 EXTRA-, EXTRÊME.