EXTINCTION n. f. est un emprunt savant (1374) au latin classique ex(s)tinctio « fin » et en bas latin « action d'éteindre le feu », formé sur le supin de ex(s)tinguere « éteindre » dont une altération populaire a donné éteindre*.
❏  Le mot est d'abord employé au sens concret (1374, en parlant des cierges) puis au XVIIe s., au figuré, pour « perte de l'existence, de l'efficacité » (1680), en particulier dans extinction de voix (1692), et pour désigner la cessation d'un droit (1690, Furetière). Extinction a eu aussi le sens de « coma » (1686, Mme de Sévigné), sorti d'usage.
❏  Plusieurs mots ont été empruntés à d'autres dérivés du latin ex(s)tinguere.
■  EXTINCTEUR, TRICE adj. et n., emprunté (déb. XVIIIe s.) au latin classique ex(s)tinctor, « celui qui met fin à (qqch.) » et « celui qui éteint le feu ». ◆  D'abord attesté au sens figuré de « celui qui éteint, détruit » (av. 1724), disparu, le mot qualifie un appareil qui sert à éteindre le feu (1862) puis est substantivé dans cet emploi (1867).
■  EXTINCTIF, IVE adj. (1839, Boiste), terme de droit, est un dérivé savant de exstinctum, supin de exstinguere.
■  EXTINGUIBLE adj. (1560, Paré), emprunt au bas latin ex(s)tinguibilis « que l'on peut éteindre, anéantir », se dit au propre et au figuré. ◆  Il est beaucoup moins usité que son contraire INEXTINGUIBLE adj. (1403), emprunté au bas latin inextinguibilis au sens propre « qu'il est impossible d'éteindre », puis au figuré (1534), spécialement (1669) en parlant d'un rire. ◆  Inextinguible a fourni l'adverbe littéraire et rare INEXTINGUIBLEMENT (1923, Maurois). ◆  À partir de extinguible a été composé le terme technique AUTO-EXTINGUIBLE adj. (1967). ◆  Toute la famille reste sémantiquement reliée au verbe éteindre dont les dérivés, sauf éteignoir, sont rares.
EXTIRPER v. tr. est un emprunt savant (v. 1220, estirper) au latin exstirpare « extirper », composé de ex- « hors de » (→ ex-) et de stirps, stirpis « racine, souche », sans étymologie connue. Extirper a supplanté l'ancien français esterper, de formation orale, attesté depuis le XIIe s. avec la variante estreper « arracher », d'où estraper au XIIIe s. (Cf. le dialectal étraper, terme d'agriculture).
❏  Le verbe est relevé dans un emploi figuré au sens de « faire disparaître complètement » (v. 1220, estirper [la racine du mal]). Il s'emploie ensuite (1336) concrètement pour « arracher, déraciner (une plante) », puis en médecine pour « enlever radicalement par une opération chirurgicale » (v. 1560, Paré) ; didactique dans ces emplois, extirper est familier au sens figuré de « faire sortir (qqn, qqch.) avec difficulté » à la fin du XIXe s. (Huysmans).
❏  Du verbe dérive EXTIRPABLE adj. (1870) ; son contraire INEXTIRPABLE adj., didactique ou littéraire (1508), est emprunté au latin impérial inextirpabilis, dérivé de exstirpare.
■  Au XVe s. ont été empruntés à des dérivés de exstirpare deux mots. ◆  EXTIRPATEUR, TRICE n., emprunt au latin chrétien extirpator « personne qui fait disparaître (une hérésie, etc.) », dont il reprend d'abord le sens. Au XIXe s., le mot désigne un outil agricole (1838, n. m.). ◆  EXTIRPATION n. f., emprunt (av. 1453) au latin impérial extirpatio « arrachage, déracinement », employé au figuré en latin chrétien, est d'abord employé en ce sens, puis au propre (v. 1560, Paré).
EXTORQUER v. tr. est emprunté (v. 1330) au latin extorquere « déboîter, disloquer » et « obtenir par la force, arracher », formé de ex- (→ ex-) et de torquere « imprimer un mouvement de rotation » (→ tordre). Une forme populaire estordre a eu, en ancien français, les sens de « extorquer », « tordre » (Cf. l'italien storcere « détourner », l'espagnol estorcer « tirer d'embarras »).
❏  Extorquer qqch. à qqn se dit pour « obtenir (qqch. de qqn) par la force, la menace ou la ruse ».
❏  En dérive EXTORQUEUR, EUSE n. (1390), littéraire.
■  EXTORSION n. f., emprunté (1290) au bas latin extorsio (du supin de extorquere), est didactique, surtout juridique.
❏ voir RÉTORQUER.
1 EXTRA- est un élément préfixal emprunté au latin extra, adverbe et préposition signifiant « dehors », « hors de », qui se rattache à l'adjectif exter (variante exterus) « du dehors », « étranger », formé sur ex- (→ ex-) à l'aide de l'élément -ter- « du côté de » (→ extérieur, externe, extrême).
❏  Extra- entre aujourd'hui dans la formation de nombreux mots (le plus souvent à partir d'adjectifs). Ils sont traités au second élément. L'utilisation de extra- se développe essentiellement à partir du XIXe s., surtout pour former des termes didactiques. Les composés s'écrivent avec trait d'union (surtout devant voyelle ou h) ou sans.
❏ voir CONJUGAL, GALAXIE (EXTRAGALACTIQUE), LÉGAL, PARLEMENT (EXTRAPARLEMENTAIRE), SYSTOLE, TEMPS (EXTRATEMPOREL), TERRE (EXTRATERRESTRE), TERRITOIRE (EXTRATERRITORIALITÉ), UTÉRUS (EXTRA-UTÉRIN).
2 EXTRA → EXTRAORDINAIRE
EXTRACE, EXTRACTEUR, EXTRACTION → EXTRAIRE
EXTRADITION n. f., attesté en 1763 (Voltaire), est formé de ex- « hors de » (→ ex-) et du latin traditio « action de livrer au-dehors », dérivé de traditum, supin de tradere « transmettre », « livrer » (→ trahir), qui est lui-même un composé de dare, datum (→ donner).
❏  Extradition se dit en droit d'une procédure permettant à un État de se faire livrer un individu poursuivi ou condamné, qui se trouve sur le territoire d'un autre État.
❏  Le nom est plus courant que son dérivé EXTRADER v. tr. (1777), mais le participe passé EXTRADÉ, ÉE adjectivé en droit est assez usuel.
EXTRAIRE v. tr. représente (v. 1360) une réfection de l'ancien français estraire « tirer, faire sortir » (XIe s.), sous l'influence de extraction et du latin. Estraire est issu d'un latin populaire °extragere, altération du latin classique extrahere « tirer de, retirer de », « prolonger », formé de ex- (→ 1 ex-) et de trahere « tirer » (→ traire).
❏  Extraire signifie d'abord « faire sortir (une personne) d'un lieu fermé où elle était retenue » ; il prend des valeurs extensives et figurées à partir du XVIe siècle. Il s'emploie en mathématiques (1520), par exemple dans extraire la racine carrée d'un nombre, et signifie (v. 1550) « tirer (un passage) d'un livre », et en littérature « dégager (les idées essentielles) d'une œuvre ». En chirurgie, il a le sens de « retirer (un corps étranger, un organe malade) par une opération » (v. 1560). Enfin, il signifie (1587) « séparer (une substance) du corps dont elle fait partie ». ◆  Ce n'est qu'au XIXe s. qu'est relevé le sens concret de « tirer (une chose d'un lieu) en dégageant ce qui entoure ou enferme » (1865). S'extraire de, « sortir à grand-peine d'un lieu étroit » en parlant de personnes, est plus récent (déb. XXe s.).
❏  EXTRAIT n. m. (XVe s.), réfection de estrait (1312), qui correspond au verbe estraire, désigne le résumé de ce qui est contenu dans un acte public ; il se dit ensuite de la partie d'un acte copiée littéralement (1593) puis d'un passage que l'on tire d'un livre (1690). De là la spécialisation du pluriel extraits, « morceaux choisis d'un auteur » (1762). ◆  Par ailleurs, extrait désigne (1531) un produit que l'on retire d'un corps par une opération physique ou chimique, par exemple dans extrait de viande (1868).
■  EXTRACTION n. f. est une réfection (1314) de la forme semi-savante estration (fin XIIe s.), dérivée de extractum, supin de extrahere, d'après le bas latin extractio « action de retirer, d'enlever ». ◆  Le mot a d'abord le sens particulier, « origine d'où une personne tire sa naissance », qui ne se maintient que dans des locutions comme de basse, de modeste extraction. ◆  Le mot s'emploie ensuite pour « action de retirer ou de séparer ». Il se dit (1314) en médecine de l'action de retirer de l'organisme un corps étranger ou nuisible, d'où extraction d'une dent ; il désigne (1398) l'action de séparer une substance du composé dont elle fait partie ; il s'emploie aussi en mathématiques (1484 ; 1520, extraction d'une racine) et dans la langue juridique (v. 1560, extraction d'un prisonnier). ◆  Le mot désigne enfin (v. 1560) l'action de sortir une chose du lieu où elle se trouve enfouie et, par analogie, signifie en technique « action de faire sortir d'un milieu (des déchets, etc.) » (XIXe s.).
EXTRACTIBLE adj., formé sur le radical du nom (1877), est didactique.
■  EXTRACE n. f. (XIIe s., aussi estrace), dérivé de estraire « faire sortir, tirer de » (→ extraire), est encore employé comme archaïsme plaisant au sens d'« origine, extraction » (être de noble extrace). Au sens général d'« origine », c'est peut-être une apocope de extraction.
■  EXTRACTEUR n. m. est un emprunt au latin médiéval extractor (v. 1250, dans le domaine anglais), dérivé de extractum, supin de extrahere. Le mot a eu le sens de « personne qui pratique des extractions » (1532, extracteur de dîme ; 1579, extracteur de quintessence, puis extracteur de dents, remplacé par arracheur). ◆  Il désigne aujourd'hui un dispositif ou un appareil destiné à l'extraction de quelque chose dans l'industrie (1816), en chirurgie (1839), en armurerie (1886), etc.
■  EXTRACTIF, IVE adj. est dérivé (1555) de extractum, comme extraction ; terme didactique, il signifie « qui sert à extraire », « qui est obtenu par extraction ». Il s'est employé spécialement en grammaire (XVIIIe s.) pour désigner l'emploi partitif de de (particule extractive) ; cette acception est archaïque.
EXTRA-MUROS adv. et adj. est composé des mots latins extra (→ 1 extra-) et muros accusatif pluriel de murus (→ mur), signifiant « hors des murs ».
❏  Attesté en 1817, il s'emploie au sens de « hors de la ville ».
❏ voir INTRA-MUROS.
EXTRANÉITÉ n. f. est un dérivé savant (1619) du latin classique extraneus « de l'extérieur, étranger » (→ étrange), sans doute par l'intermédiaire du latin médiéval extraneitas (XIIIe s. dans le domaine anglais).
❏  Le mot désigne en droit la qualité d'étranger ; par extension, il s'emploie (1913, Valéry) pour « caractère de ce qui est étranger ».
EXTRAORDINAIRE adj. et n. m. est un emprunt (v. 1265) au latin extraordinarius « inusité, exceptionnel » et « supplémentaire » (en parlant de troupes), composé de extra (→ 1 extra-) et de ordinarius (→ ordinaire), d'après extra ordinem « qui sort de l'ordre ».
❏  L'adjectif, senti comme composé de ordinaire, s'applique d'abord, comme en latin, à ce qui n'est pas selon l'ordre commun, par exemple dans la locution adverbiale par extraordinaire « par exception » (1865) et, à l'époque classique, d'extraordinaire « en surplus » (fin XVIe s.). Il s'employait spécialement en droit ancien dans torture extraordinaire « renforcée ». ◆  Avec cette valeur, le nom a désigné spécialement une dépense imprévue (1480) et, en particulier sous l'Ancien Régime, des fonds destinés à la guerre. ◆  L'adjectif s'emploie par extension au sens de « remarquable en son genre », « très grand » (1587), d'où « qui suscite l'étonnement, la surprise par sa rareté, sa singularité » (1666, Molière). Au XVIIe s., le nom a été aussi employé pour désigner ce qui est en dehors de l'usage commun (1666, Corneille) et ce qui étonne par ce caractère. ◆  L'adjectif s'est affaibli au XIXe s. pour devenir un intensif banal (« excellent, très bon »).
❏  EXTRAORDINAIREMENT adv. est relevé dès 1313.
■  EXTRA n. m. et adj. inv., formé par abréviation, est relevé en 1732 (Trévoux) au sens de « jour exceptionnel d'audience en période habituelle de fermeture du Palais », par ellipse de audience d'extra. ◆  Un extra s'emploie ensuite pour « supplément » (1788), spécialement en parlant de ce que l'on consomme ; en ce sens, d'extra (1838, Töpffer) est sorti d'usage. ◆  L'adjectif s'emploie familièrement (1825) pour « supérieur », en parlant de la qualité d'un produit. ◆  Extra désigne ensuite ce que l'on fait d'extraordinaire (1842), mais il est rare dans cet usage ; il s'emploie en particulier (1871) pour « service temporaire, à l'occasion d'une réception, etc. » et, par métonymie, pour « personne employée occasionnellement » (1877).
■  Extra au XXe s. s'emploie comme majoratif pour « excellent, très bien » ; répandu vers 1970, l'adjectif est dans cet emploi une variante de super*.
2 EXTRA-, élément servant de préfixe augmentatif avec le sens de « plus que, tout à fait », entre dans la composition de nombreux mots, spécialement dans le langage commercial (Cf. super-, ultra- pour des formations analogues) : EXTRA-FIN, FINE ou EXTRAFIN adj. (1828), extra-lucide (→ lucide) ; EXTRA-FORT, FORTE ou EXTRAFORT adj. (1870) et n. m. (1922) ; EXTRA-DRY adj. inv. (1878 ; de l'anglais dry « sec ») ; EXTRA-RAPIDE ou EXTRARAPIDE adj. (1878), moins courant que ultra-rapide ; EXTRALÉGER, ÈRE adj. (1906) ; EXTRACOURT, E adj. (XXe s.), EXTRAPLAT, E adj. (XXe s.). ◆  Dans l'usage courant, l'emploi de cet élément pour former des composés majoratifs est concurrencé par des préfixes plus vivants, comme super-, hyper-...
EXTRAPOLER v. intr. a été formé à la fin du XIXe s. d'après interpoler*, par substitution de extra- (→ 1 extra-) à inter*.
❏  Le verbe s'emploie d'abord en mathématiques, puis (déb. XXe s.) signifie dans la langue courante « appliquer une chose connue à un autre domaine pour en déduire des conséquences ».
❏  Le dérivé EXTRAPOLABLE adj. (XXe s.) est didactique.
■  EXTRAPOLATION n. f., formé comme le verbe sur le modèle d'interpolation* (1877), au sens d'« action d'extrapoler », désigne dans l'usage général une déduction hâtive (déb. XXe s.).
EXTRAVAGANT, ANTE adj., réfection (entre 1379 et 1389) de la forme extravacant (1374), est un emprunt au latin scolastique extravagans, qui qualifiait les constitutions pontificales ne faisant pas partie des décrétales. Le mot est composé de extra (→ 1 extra-) et de vagans, participe présent du latin classique vagari « s'écarter de la voie, errer » (→ vaguer).
❏  L'adjectif s'emploie d'abord en droit canon pour « non incorporé dans les textes canoniques », sens aujourd'hui sorti d'usage. ◆  Il qualifie ensuite ce qui est excessif (1379-1389, despense extravagante), puis (mil. XVIe s.) signifie « bizarre, excentrique » en parlant de personnes, d'idées, d'actions, etc., et recouvre certains emplois de fou ; le mot s'est appliqué (1663) à une personne dont la raison est déréglée.
❏  Le dérivé EXTRAVAGANCE n. f. a au XIVe s. le sens de « digression » (1560) aujourd'hui disparu ; il a suivi la même évolution sémantique que l'adjectif (1595, Montaigne, « excès »).
■  EXTRAVAGAMMENT adv. (1571) est d'usage littéraire.
■  EXTRAVAGUER v. intr., composé (1538) de extra et à partir du latin vagari, ou formé d'après l'adjectif pris pour un participe présent, a eu le sens de « s'écarter de la voie ». ◆  Il s'emploie (av. 1662) pour « penser, parler, agir sans raison » (Cf. divaguer), sens archaïque ; s'extravaguer, « s'écarter de son sujet » (fin XVIe s.), est sorti d'usage.
EXTRAVASER (S') v. pron. a été composé (1673) sur le modèle de transvaser*, de extra (→ 1 extra-) et du latin vas (→ 1 vase).
❏  D'emploi didactique, le verbe signifie « se répandre hors de son contenant naturel », en parlant d'un liquide organique (1673). L'emploi transitif (1803) est moins courant. S'extravaser s'emploie aussi par figure au sens de « passer et de se répandre dans » (1838, Lamartine).
❏  Le dérivé EXTRAVASATION n. f. (1695) est un terme de médecine ; on relève avec le même sens EXTRAVASEMENT n. m. (1867) et EXTRAVASION n. f. (1876), variantes rares.
EXTRAVERTI, IE ou EXTROVERTI, IE adj. et n. représente un emprunt (1921, dans une traduction de C. G. Jung) à l'allemand extravertiet, terme de psychologie signifiant « qui est tourné vers le monde extérieur ». Le mot est formé de extra (→ 1 extra-) et du latin vertere « tourner » (→ vers, version) ; on relève dès 1916 en anglais l'adjectif extraverted et le nom extravert.
❏  L'adjectif conserve le sens de l'allemand ; la forme extroverti vient de l'influence de l'antonyme introverti.
❏  EXTRAVERSION n. f., formé de extra- et de version*, a été un terme de chimie (1747). En psychologie, il a été emprunté (1913 dans un texte en français) à l'allemand Extraversion formé par Jung.
■  On dit aussi EXTROVERSION, forme qui s'est employée d'abord en médecine (1814) au sens de « renversement en dehors (d'un organe creux) ».
EXTRÊME adj. et n. m. est emprunté (1370-1372, Oresme, adj. et n. m.) à l'adjectif latin extremus, superlatif de exter, « le plus à l'extérieur », « le dernier », « le pire » (→ extérieur), également attesté comme substantif neutre (extremum).
❏  Dans ses premiers emplois, le mot s'applique, comme en latin, à ce qui est au dernier degré ou à un très haut degré. Comme nom il s'utilise en logique et s'est dit pour « parti violent, extrême », valeur qui ne subsiste que dans se porter aux extrêmes. ◆  Par figure, l'adjectif signifie, en parlant de choses (mil. XVIe s.), « qui est le plus éloigné de la moyenne, excessif » ; par extension, il s'applique à ce qui suppose des risques, est caractérisé par des risques.
■  Il reprend aussi au XVIe s. (1580) le sens latin de « qui termine (un espace, une durée) », aussi substantivé (un extrême), d'où la locution proverbiale les extrêmes se touchent. ◆  Depuis le XVIIe s., il est employé dans la locution adverbiale à l'extrême « au-delà de ce qui est normal » (1662) et pour « excessif », en parlant de personnes (1686). ◆  Au sens de « qui termine », extrême entre dans la désignation géographique Extrême-Orient, nom masculin, par opposition à Proche-Orient et à Moyen-Orient. Il s'emploie aussi, par figure, dans les syntagmes l'extrême droite (→ droit), l'extrême gauche (→ gauche) « les membres d'une assemblée politique qui siègent à droite, à gauche, et sont les plus éloignés du centre ».
❏  EXTRÊMEMENT adv., dérivé (1549), s'emploie couramment comme adverbe de manière, mais il est seulement d'usage littéraire comme adverbe de quantité pour « beaucoup ».
■  EXTRÉMISME n. m. désigne (1918) la tendance à défendre des opinions extrêmes, en particulier en politique ; le nom semble procéder de EXTRÉMISTE adj. (1915) substantivé rapidement (1917).
■  EXTRÉMITÉ n. f. a été emprunté (v. 1265, estremite) au dérivé latin classique extremitas « partie située le plus à l'extérieur » et, en latin impérial, « situation extrême ». ◆  Le nom, employé au propre (v. 1265) et au figuré (1269-1278), a eu une évolution sémantique analogue à celle de extrême ; il s'est employé en particulier au sens de « fin de la vie » (1541), acception qui ne s'est maintenue que dans à la dernière extrémité, et est littéraire pour désigner (au pluriel) un excès de violence (1679).
■  EXTRÊME-ONCTION n. f. est un emprunt (1549, extreme unctio) au latin ecclésiastique extrema unctio (VIIe s.) [→ onction] désignant un sacrement de l'Église, administré sous forme d'onction d'huiles saintes aux fidèles en péril de mort. ◆  De là viennent EXTRÉMISER v. tr. « donner l'extrême-onction », d'emploi rare (1842) et, employé par plaisanterie, EXTRÊME-ONCTIONNER v. tr. (1889, Goncourt).
EXTREMUM n. m., emprunt (1929) au latin extremum « l'extrême », d'après maximum et minimum, désigne le point qui correspond à la valeur maximale ou à la valeur minimale d'une fonction, lorsqu'elle n'admet aucun maximum supérieur ni aucun minimum inférieur.
❏ voir DROITE, GAUCHE ; 2 IN EXTREMIS ; ORIENTAL (EXTRÊME-ORIENTAL).
EXTRINSÈQUE adj. est un emprunt (1314) au latin extrinsecus adv. « du dehors », formé de °extrim, variante de extra « au-dehors », « hors de » et de secus adv. et prép. « le long de », « selon », fréquent comme second élément de composition (Cf. intrinsèque*). Secus est à rattacher à une racine indoeuropéenne °sekw - qui a fourni des formes adverbiales et prépositionnelles, diverses d'une langue à l'autre ; le mot a pour dérivé sequester (→ séquestre).
❏  Extrinsèque, terme didactique, s'applique à ce qui est extérieur à l'objet que l'on considère (Cf. extérieur) ; il s'emploie spécialement dans le vocabulaire économique, philosophique (1740, valeur extrinsèque) et en anatomie (muscles, nerfs extrinsèques ; 1805, Cuvier). Il s'oppose à intrinsèque*, plus courant.
❏  De l'adjectif dérivent les termes didactiques EXTRINSÈQUEMENT adv. (1541) et EXTRINSÉCISME n. m. (1907, comme terme de théologie), employé en philosophie.
EXTROSPECTION n. f. est un mot formé, à la fin du XIXe s. (A. Binet), d'après introspection* par substitution de extro-, variante de extra-*, à intro-.
❏  Ce terme de psychologie s'emploie par opposition à introspection, plus courant que lui, et se dit de l'observation psychologique objective, d'après les manifestations extérieures (comportement, expression, œuvre, etc.). Il est devenu rare.
❏  On rencontre le dérivé EXTROPECTIF, IVE adj. « qui appartient à l'extrospection » (1949, Vuillemin).
EXTRUSION n. f. est une formation savante (1905), par suffixation en -ion et d'après intrusion*, à partir du radical de extrusum, supin du latin extrudere « pousser dehors, chasser de » ; ce verbe est formé de ex- « hors de » (→ ex-) et de trudere « pousser », apparenté au gotique us- riutan « donner un coup » et au vieux slave trudŭ « coup ». On relève (fin XIXe -déb. XXe s.) l'emploi de l'anglais extrusion (attesté depuis le XVIe s.) dans les mêmes domaines que le mot français.
❏  Extrusion est d'abord attesté en géologie (1905) pour désigner une sortie de lave sans projection ni écoulement, formant aiguille ou dôme. ◆  Le mot s'emploie ensuite par analogie comme terme technique, en particulier (1922) pour désigner des procédés de fabrication de pièces (métalliques, en matière plastique) par écoulement.
❏  De cet emploi procède le préfixé COEXTRUSION n. f. (v. 1970).
■  Trois autres termes ont été formés savamment à partir du latin extrudere : EXTRUDAGE n. m. (1930), synonyme d'extrusion, EXTRUDÉ, ÉE adj. (v. 1960) et EXTRUDEUSE n. f. (v. 1960), équivalent de boudineuse.
EXUBÉRANT, ANTE adj. est emprunté (XVe s.) au latin exuberans, -antis, participe présent adjectivé de exuberare « regorger, abonder », formé de ex- intensif et de uberare « porter des fruits, être fécond » et « féconder ». Le verbe dérive de l'adjectif uber « fécond, fertile » (au propre et au figuré) puis « riche, copieux », en parlant du style, du langage. Ce mot s'employait aussi poétiquement pour « mamelle » et a alors des correspondants en sanskrit (ū̠́dhar), en grec (outhar) et en ancien haut allemand (ūtar).
❏  Exubérant est d'abord employé avec le sens étymologique de « abondant, très fécond, qui est en excès ». ◆  Au propre il s'applique notamment à la nature et, par analogie, aux lignes d'un corps (dans un emploi littéraire) ; au figuré, il qualifie l'expression et, spécialement, un style, une œuvre d'art. ◆  Exubérant s'emploie ensuite par extension (1840, Sainte-Beuve) en parlant d'une personne, de sentiments, au sens de « qui se manifeste beaucoup, expansif ».
❏  EXUBÉRER v. intr., emprunté (1545) au verbe latin, est rare aux sens propre et figuré de l'adjectif.
■  EXUBÉRANCE n. f., emprunté (1561) au dérivé bas latin exuberantia « abondance, débordement, excès », est attesté au XVIe s. avec le sens de « développement excessif (d'une partie du corps, d'un tissu, d'un organe) » (1561, A. Paré) puis au sens du latin, « abondance » (1578). Dans cet emploi, il est repris au XVIIIe s. et ne se répand qu'au XIXe siècle ; dès la fin du XVIIIe s. exubérance est utilisé par Rousseau pour désigner le trop-plein de vie qui se manifeste dans le comportement, les propos.